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[RP] Petite balade en eau trouble

Senese
[Aurillac et ses tavernes miteuses…]

Pirata : Celui qui tente la fortune.
Les dernières défaites n’ont pas entamé les motivations de l’italien. Il scrute tour à tour les regards de ses compagnons de route, tous affamés, comme lui. Sourire en coin, il plaque triomphant sur la table la carte de leurs secrets desseins. Le projet ultime, infaillible, la richesse garantie et à portée de pognes, le scénario machiavélique né d’un esprit supérieur et torturé, en un mot : LE plan.

"Voici chère compagnie de quoi remplir estomacs et bourses, et si la fortune nous sourit, nous évitera les travaux des champs tout l’été durant."

http://img27.imageshack.us/img27/7867/cartebrigandscopie2.jpg
Et pour animer la révélation, quelques incantations…

"Dans 5 jour à Murat tu te rendras.
Un pas en arrière, deux pas en avant,
Les poches pleines et le sourire béat,
Partout on te craindra, toi, ami brigand.

Au nœud du pendu nous allons marauder.
Porte sud d’Aurillac sur une route connue,
Trouvez la potence non loin de Rodez.
Là on sort les gourdins et on attaque à vue.

Puis on saute Aurillac, pour le Coup de pioche,
Histoire de pas traîner sur le nœud frontière.
On volera les mineurs (oui, je sais c’est moche).
Et en ville partagerons le butin, mes frères."

Sourires entendus, à eux la plaine…
Meden
[Entre Rouergue et Auvergne, le noeud du pendu]

Nouvelle aventure, nouvelle équipe hétéroclite...
Le noeud du pendu. Souvenir... Acte symbolique, fin d'une vie, la chimère tête coupée; dans le miroir, enfermée.

Ils avaient cheminé calmement, pensées éparses. Mêden glissa un regard en coin vers Senese. La soirée de la veille, le départ précipité. Des questions muettes, qui n'appellent pas de réponse. Serpentements de la route et vallonnements, métaphore bucolique des errances de la vie.

La rousse effleura le coude de son compagnon, lui adressa un demi-sourire. Elle allait tenter de lui soutirer LA carte: elle avait le plus grand mal à ornementer ses notes de voyage, cela devrait bien valoir une enluminure ou deux.

A l'écart, une blonde avait remplacé l'autre... la jeune femme afficha une mine embarrassée. Pas un mot encore d'échangé, il lui faudrait peut-être demander des nouvelles de l'épaule.

Attention déviée. Le noeud
Un arbre imposant... un chêne?
Une complainte


La pluye nous a débuez et lavez,
Et le soleil desséchez et noirciz:
Pies, corbeaulx nous ont les yeulx cavez
Et arraché la barbe et les sourciz.
Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis ça, puis la, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charie,
Plus becquetez d'oiseaulx que dez à couldre.
Ne soyez donc de nostre confrarie;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!*

Mêden frissonna. Puisse Hermès guider de ses pieds ailés leur entreprise.

*La ballade des pendus F. Villon
Cymoril
[Gascogne... sur la route d'Orthez]

On the road again…

Nous étions jeunes et larges d’épaules…
Mouais, jeunes, deux sur trois, large d’épaules un sur trois.
Et on espère que la mort nous frôlera, mais de loin, et pas de suite. Pas qu’on ait la trouille, mais là, franchement, ce serait pas le moment. C’est tout.

Une fourmi noire sur un étalon blanc, à ses côtés un p'tiot de tout juste six printemps, et derrière un spadassin aux commandes de la charrette version 38 tonnes. Silencieux et concentrés sur la route et réfléchissant à leurs occupations futures à l’arrivée à destination.

Orthez…

Mission livraison de bois et transaction de fer pour la conseillère municipale labritoise. La première étape du voyage s’est passée sans encombre. Pas un chat sur la route, même pas vu les défenseurs de Mont de Marsan…

Ils doivent tous être à leur sauterie d’auto congratulation, celle qui fait oublier à la plèbe que les élections pour les ducales sont pour bientôt et qu’on a vu personne proposer de programme ou de débat. Une façon subtile de noyer le poisson. Un classique du genre en Gascogne…

Pour l’instant, Cymoril est plus préoccupée par la seconde et dernière étape de leur périple. Après Dax la route est peu sûre parait-il… Pourtant ils n’y sont pas… Quelqu’un chasse sur leurs terres dans l’indifférence générale semble-t-il.
Visage tourné vers le p’tit, elle lui glisse quelques instructions de rigueur :


Tybalt…
Si jamais c’te nuit tu entends que ça bouge, ou que tu vois des gens qui essayent de nous bloquer le passage, tu sautes de ton âne et tu files te planquer dans la charrette…


Elle s’abstient de lui dire ce qui adviendrait ensuite. Le gamin en a déjà vu et vécu bien assez pour son âge.

La rencontre avec les deux pouilleuses elle l’espère plus qu’elle ne la craint. L’argent engagé est le sien, pas celui de la mairie à qui elle fait l’avance. Dans le pire des cas, elle se mordra les doigts d’avoir voulu rendre service… tant qu’il n’arrive rien au p’tit ni au taciturne.
Dans le meilleur des cas, ramasser la tronche à celles qui ont oser lever la main sur la Duchesse et son compagnon… ce sera avec plaisir. Si elles sont assez tarées pour s’y risquer.

La Fourmi et l’homme tranquille ne sont guère du genre à se laisser refaire sans riposter, et tuer ne leur posent pas plus de problème que ça. S’il le faut.

Sortant de ses pensées, elle adresse un sourire à Tybalt, rassurante :


Mais t’inquiète…
Tu verras la nuit sera calme… J’te promets…


Optimiste le myrmidon Cartel… En même temps, elle a annoncé clairement la couleur. Aux intéressées… Barrez-vous ou à vos risques et périls…
_________________
pnj
[Gascogne - avant Orthez]




Encore de la route, toujours de la route…

Il n’a fait que ça depuis des mois le p’tit du Tam… de la route… d’abord avec l’Ardath pour descendre en Gascogne, ensuite avec son père pour arriver jusqu’au gibet où il l’a vu se faire pendre. Et redescente pour atterrir une nouvelle fois dans les bras de la brunette.

Pas une vie ça pour un gosse de six ans. Surtout qu’il sent bien que le grand taciturne n’est pas jouasse de sa présence, pourtant si éthérée. C’est pour ça qu’il préfère rester sur le dos d’son âne plutôt que d’aller s’assoir dans la charrette.

Et puis la brunette il la connait, même si elle fait comme si de rien n’était, elle avait été gentille la première fois.
C’est pour ça qu’il la suivit sans faire d’histoire, sans trop rechigner ni autres facéties dont il a le secret.

Le Béarn alors… encore une nouvelle contrée pour lui. P’têt bien qu’ils y resteront un moment… mais il n’y croit pas trop, la demoiselle a l’air pressée, alors il suit.

Et c’est d’un œil tout juste inquiet qu’il la regarde quand elle lui parle d’attaque nocturne et de ce qu’il faudra faire si jamais… Il hausse même les épaules, désabusé. Plus de mère, plus de père, et il passe de bras en bras quand il devient gênant... Il commence à avoir l'habitude des aléas foireux de l'existence.

Pourtant, il apprécie pendant les haltes brèves et la nuit la chaleur de bras rassurants et de mots gentils susurrés à l’oreille pour qu’il s’endorme. Comme la façon dont elle le nourrit, craignant sans cesse qu’il ait encore faim, tout ça en ayant l’air de s’en foutre pour mieux tromper son monde.
Il dira pas ce qu’il sait de toute façon. C’est marrant d’avoir comme un secret à partager. Et puis personne ne lui parle en général, trop p’tit, trop encombrant, trop casse pied…

Lui adressant même un beau sourire quand elle lui promet que tout ira bien. Comme si elle pouvait en être sûre… Mais à six ans on a envie d’y croire, encore un peu.


Si c'est promis...


Alors, il avance, attendant l’arrivée et de pouvoir enfin cavaler, p’têt qu’il aura du bol et trouvera d’autres gosses pour jouer là-bas…

_________________
Cesaire_h
Dax/Orthez

Peu causant Césaire, le heaume planté sur la tête, armé jusqu'aux dents, au moins le gamin se fait discret, pas de réclamations incessantes. C'est pas qu'il aime pas les mômes, c'est que..Un gosse insignifiant, ça compte pas et en cas de grabuge c'est un souci en plus. Il sait le père mort pendu. Et Césaire n'a pas envie de briser la glace. Les chiards ils ont vite fait de s'attacher autant garder une prudente distance. Et l'indifférence qui n'est pas feinte. Faudra qu'il demande à Cymo si elle compte le trainer jusqu'à Genève...Avec sa mule dopée au plomb. Il sait pas pourquoi mais il se voit déjà avec un demi homme greffé sur sa selle...Après l'agrandissement de la baraque pour pouvoir accueillir les copines..Heureusement ils ont calté avant le débarquement massif. Ou la mission qui tombe à pic.

Il deteste voyager ainsi chargé, charette croulante sous le poid des marchandises. Parfois il a un tressaillement de machoires, tendu, attentif oscultant la route, l'horizon, les bruits. Parait que Staron et sa douce se sont fait rincer pile sur le même itinéraire. Ne serait l'urgence de la mission il resterait bien sur le noeud en question histoire de récupérer le bien dérobé.
Peu de haltes, déjà ils se trainent depuis Labrit, les cuisses rompues à calmer les ardeurs de sa monture qui voudrait s'emballer. Et pas de Fourmi à se mettre sous la dent. A cause du gosse qui l'accapare. Il sourit un instant fugace à la vision du duo qu'ils forment, reprenant vite sa surveillance.

Il ne dormira pas, préférant ne pas prendre le risque d'une traitresse attaque. Comme il évitera la conversation déjà qu'il est pas doué mais vu le contexte... Il intervient quand même à une entournure de dialogue. Occupé à vérifier la bonne attache des cordes. Manquerait plus qu'on sème des stères.


Nope.. Si ça chauffe vraiment tu sautes sur le bas côté de la route et tu te planques. Pas la charette, c'est là qu'on regarde en premier en général..

Il sait de quoi il cause..Remontant en selle.

Plus d'arrêt c'est comme ça qu'on s 'endurçit. A l'arrivée tu t'occuperas des chevaux... Tu crois pas que vas te tourner les pouces le môme.

Songeant que c'est pas la solution de le couver, l'orphelin qu'il est n'y est pas destiné. La vie est chienne. Il coupe court, talonnant sa monture, le poil soudain dressé. Deux silhouettes se découpe sur la route...Tout dans l'attitude lui parle...
Ils passent lentement, se croisant dans une tension palpable, regards peu amènes, silence grinçant à couper au couteau, Césaire attend la bascule des choses, un assaut peut être.
Il ne se detend que devant les portes d'Orthez.
Elles ont dû trouver le convoi trop consistant pour elles..Sagesse est mère de survie parfois. Elles se rattraperont sur moins affuté et moins fort. Il y retournera sous peu..



La donzelle a la dent dure dans le coin faut croire...Pour qu'elle ai mordu le Staron..héhé.
Cymoril
Retour en silence...

Portes d'Orthez passées à la tombée de la nuit, ils sont repartis.
Tant pis, elle n'aura l'occasion de creuser plus cette affaire avec l'ancienne proc du Béarn, celle qu'elle a reconnu sur l'affiche...
Espérant que Lucky et Staron arriveront à dépatouiller cette sordide histoire.
Ironique...

Légèrement agacée par une discussion inachevée avec l'archidiacre, elle fait néanmoins bonne figure.
Elle a fait ce qu'elle avait à faire, Zouz sera content, le précieux chargement de métal est bien au chaud dans la charrette, à l'abri sous les stères invendues et les fruits qu'ils ont acquis.

Son regard se pose sur Tybalt, attendri... Le courrier d'Eilith lui a confirmé que celui-ci retrouverait Ardath à leur arrivée. La boucle serait bouclée. Rien à dire, rien à ajouter. Certainement mieux ainsi, le môme risquait de s'attacher, comme l'avait dit le spadassin... A moins que ce ne soit l'inverse. Qu'importe, ainsi va la vie. Ne pas s'attacher, c'est encore ce qu'elle a de mieux à faire.

Le cri d'un rapace déchirant le silence lui arrache un frémissement. Elle a senti la dernière étincelle qui venait de s'éteindre. Les dés étaient jetés, depuis un moment, mais elle avait gardé cet infime espoir... Mais non! Encore un fil qui venait d'être tranché, irrémédiablement, un de ceux qui la rattachait à ce qu'elle avait été.
La colère qu'elle éprouvait à l'égard du geste déraisonné de Jenn cédait peu à peu à la douleur...

Une mort de plus...
Après tout qu'importe.
Elle gardera sa place intacte, ses souvenirs et tout ce qu'elles avaient partagé.

La route est calme, à peine une gueuse cul nu croisée en chemin.

A l'occasion d'une courte pause elle écrira à Arzock, pour lui dire qu'elle n'aura pas le temps de lui confectionner cet ouvrage qu'il attendait.
Un regard sur ceux qui l'accompagne assorti d'un sourire, empreints tous deux de tout ce qu'elle ne dit pas. Pas s'attacher... on va faire comme si alors...

Vivement demain, retrouver les filles à l'occasion de la pause, se soûler...
Comme elle avait failli le faire la veille, au grand étonnement d'un Staron peu habitué à la voir boire.
Mais elle était restée raisonnable... Demain, elle ne le serait pas.

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Cymoril
[Dôle]

Première nuit dans un vrai lit depuis des lustres.

La jeune labritoise s’était abandonnée au plaisir douillet et avait sombré dans un sommeil profond, gouffre noir sans fin, pour se réveiller quelques heures plus tard en sursaut. Etrange comme le confort engendre une baisse de la garde et ramène à toute allure certaines images que l’on voudrait rayer à jamais de sa mémoire. Fin du repos. Le corps aura bénéficié du moelleux de la couche, reposé ; la tête elle, ça va ça vient, rien de bien nouveau.

Assise au rebord de la fenêtre de cette auberge anonyme, elle avait regardé le soleil apparaitre, caressant de ses premiers rayons timides les toits de la ville. Au loin le vol d’un rapace l'avait fait sourire, déjà en chasse de pigeons hésitants. Ceux-là ne regagneraient jamais leur doux nid. Un peu comme elle qui s’en éloigne chaque jour un peu plus.

Tout en grappillant quelques bouchées de pain, elle repense avec certaine ironie à ces moments genevois. Ceux de l’after tournoi… A un échange fromage contre un sachet d’herbes… Juste là sous son nez, une quasi provocation… Un "Fais ce que j’dis, pas ce que j’fais !"... Agaçant.

Tout comme de se retrouver là sur les routes avec un paquetage aussi chargé. Certes, les armes devraient en dissuader quelques uns au croisement, mais l’œil exercé comprendrait bien vite que même une fourmi ne peut finalement user de deux épées et une hache en même temps… Elle voudrait bien ceci dit, mais bon. La nature ne l’a dotée que d’une constitution de brindille et de seulement deux bras, comme tout un chacun. Une fille normale...

Comme pour mieux chasser de plus sombres idées qui pourraient bien l’envahir, et autres images de blason qui flambe et de Châtaigne grillée, la brunette se concentre sur les gestes qu’elle effectue presque machinalement. Se saisir de ce broc d’eau posé là, le vider en partie dans la bassine d’étain sur la table, le reposer. Plonger les mains dans l’eau tiède et s’en asperger le visage et effacer les dernières traces de la trop courte nuitée. Ôter la chemise, et passer des vêtements propres. De voyages nocturnes.

Jeter un œil une nouvelle fois à la carte, à la connaitre par cœur, chaque patelin perdu sur la route en mémoire, avant de la ranger en sacoche. Itinéraire posé en région inconnue, route tracée plus au nord ainsi qu’elle l’a décidé voilà plusieurs jours. Espérant ne pas avoir trop tardé à se mettre en route.

La chambre est vidée, elle fait place nette, rien ne subsiste de son passage en ce lieu si ce n’est peut-être quelques miettes devant la fenêtre.
A Dôle il paraît qu’il y a un jardin, et une taverne très fréquentée voir huppée… Elle ira y faire un tour dans la journée, à un endroit ou à un autre, peut-être les deux ou peut-être aucun. Selon son humeur et au gré de son envie. Avant de reprendre la route le soir venu avant la fermeture des portes de la ville.

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Cymoril
[Luxeuil]

Nouvelle ville, nouvelle auberge.

Alternance de sommeil sur la route et de repos en lit douillet.
Sur la route depuis des jours, la jeune labritoise a balayé les sombres humeurs qui auraient pu l’envahir. Elle a chevauché en souriant au départ de Dôle, songeant à ce bourguignon qui lui avait proposé de l’accompagner en Bretagne. Sauf que c’était pas vraiment sur sa route à la Fourmi. Et puis, il avait passé la soirée à la faire rougir et à la mettre mal à l’aise, lui rappelant qu’elle était bel et bien une fille, et non pas une fourmi comme elle s’en défendait, qu’il avait souvenir du lac de Genève, puisqu’il était planqué dans son arbre lorsque les deux demoiselles s’étaient baignées.

Que nenni, elle est Fourmi un point c’est tout.

C’est donc dans de bonnes dispositions qu’elle a passé les portes de Luxeuil.
Dans cette auberge au charme franc-comtois, elle a même réclamé de pouvoir prendre un bain. Contre quelques écus. Bah oui, c’est comme ça, la brunette n’aime pas être sale.

Quand enfin elle se glisse dans le baquet d’eau chaude agrémenté de quelques parfums, un pli marque son front. Rattrapée par les pigeons. Saleté de bestioles…

Le courrier qu’elle lit et relit la laisse perplexe, dubitative, écoeurée…
Peut-être aurait-il mieux valut qu’il ne lui arrive jamais. Mais ses antennes captent trop de choses, tissu de relations bien à elle, non négligeable même si elle n’est pas une De machin… Pas née avec une petite cuillère en argent dans la bouche, chaque écu gagné à la sueur de son front, chaque morceau de tissu mérité… Mais loin d’être dépourvue et isolée comme certains pourraient le croire. Ca l’arrange d’ailleurs. Le masque de Fourmi est confortable, profondeur d’une huître et QI du bulot. Elle s’est toujours contrebalancée de ce que ceux QSLP peuvent penser d’elle et s’imaginer. Au mieux ils l’amusent, sinon ils la laissent d’une indifférence effrayante.

Mais revenons à la lettre.
Chaque phrase est comme une grande claque…


Citation:
Cartel….............pas gascon…...........aucun membre.......................… blablabla…




Rien que là… Elle en compte six, labritois, reniés… niés.
Où sont passés les grands phrases du Seigneur Cartel, sur la maisnie, le fait d’être libre d’être Cartel sans être collés les uns aux autres, de porter haut le blason… A croire que ça a bien changé… Semblerait qu’il faille faire moule accrochée au rocher pour rester Cartel. Perdue, désabusée la labritoise sur le coup.



Citation:
Condotta… Guyenne…... Gascogne............… intérêts de l'employeur.........




La maisnie Cartel devenue catin des routes, à se vendre au plus offrant.
Oubliée la cause, défendre la Gascogne, de l’extérieur ou de l’intérieur, quelles que soient les représailles, qu’on leur crache à la gueule ou pas…
Oublié l’honneur. A en devenir guère mieux qu’une bande de soudards, ou un jouet pour nobliots qui s’ennuient.
En passe de devenir pâle copie de Libertad.

Elle a beau tourner ça dans tous les sens, rien de bon ne sort de tout cela, rien que la nausée…



Citation:
......Que Labrit brûle.......… que l’enfer ravage…........ la guerre........nous sommes...



Amen, la messe est dite.
Il en est qui doivent bien se marrer. Pas le myrmidon Cartel labritois qu’elle est.
Cartel se voue à la destruction, bien loin de l’idéal d’amener la Gascogne à changer, à bâtir quelque chose de meilleur et de plus grand.


Le bras se tend pour déposer la lettre sur la table à portée. Cymoril soupire longuement, avant de se laisser couler dans l’eau maintenant refroidie.
Un long sous l’eau, les yeux ouverts à regarder le plafond qui se meut sous les remous translucides.
Elle pourrait décider de se prendre pour une bulle de savon et se dissoudre dans l’eau, se fondre à jamais.
Elle pourrait…
Mais elle est Fourmi.
Pas une donzelle qui pleurniche quand papa et maman se fâchent.

Elle ressort de l’eau, triomphante. Un sourire en coin accroché aux lèvres.
La pause est terminée, il est temps de reprendre la route, atteindre enfin le but fixé.
Le reste est remis à plus tard. Tout ce qu’elle a lu ne laisse que transparaître l’aigreur d’un vieux Sac d’Os, des mots mensongers…
Après tout, s’il les renie, qu’il ait le courage et l’honnêteté de le faire au grand jour et de vive voix.
Tout glisse… pas loin de l’indifférer, tant elle a de choses à faire, à penser…

Aucune trace de son passage, elle n’a même pas mis le nez en ville.
Sans intérêt.
Elle remonte en selle, un sourire équivoque quand son regard se pose sur le blason accroché à la hampe de sa guisarme.
Les portes de la ville sont passées avec une nonchalance affichée. Quelques lieues au petit trot avant de reprendre le galop engagé depuis Genève.

Avance, toujours, avance, dit la Voix…
Elle avance et elle sourit.

_________________
Cymoril
[Somewhere là où on passe avec des sabots normalement…^^]



Après des jours de traque, de recherche elle l’avait enfin localisé le sagouin. Ca fait même un moment qu’elle l’a retrouvé, mais les aléas ne sont pas négligeables sur les routes. Et puis c’est qu’il était assez bien caché… le moribond.






Premier soir de fouille sur ce coin de Lorraine, et elle avait été interrompue par un solide gaillard qui passait par là. Dans l’obscurité, le gars s’était senti menacé, sûrement l’ombre de la Fourmi agrandie par l’éclat de la lune qui l’avait effrayé.


Hum ! Z’êtes qui vous ?


Le gars n’avait rien dit, et avait continué d’avancer vers elle.

‘Tention, j’suis armée, j’ai un caillou dans la m…
Merdouille il est où ce foutu caillou….


Nan, parce qu’il faut remettre les choses dans leur contexte. Vu qu’elle cherche un mort, elle a laissé ses armes sur son canasson, y’avait pas de raison particulière de s’armer jusqu’aux dents. D’où le questionnement sur le caillou…
Sauf que le caillou est encore plus indisponible que l’épée. Tout enfermé dans ce petit coffre, dont elle a pris grand soin de laisser la clef en ville, histoire d’être bien certaine que personne ne mettrait la main sur le fer pour la mairie de Labrit ni sur son caillou. Donc elle a une jolie pierre de jais toute ronde, joliment polie, et foutrement inutile sur ce coup.
Inutile d’épiloguer cent ans sur la suite, ça donne en résumé quelque chose comme :



Nan mais c’est pas vous que j’chercheeeuuhhh…

PAFFF….

Aïeeeuuhhh !

SCHLOF…^^


A dégager, suite le lendemain pour la brunette qui s’est lamentablement fait étaler et a atterri dans le fossé. Foutu passant, toujours à passer quand on en veut pas… A croire que c’est fait exprès pour l’emmerder.
Ca commence bien…


..................


Second jour…


Le corps avait fini par lever le secret sur l’endroit où il se trouvait. Où plutôt la grande famille diptère s’en était chargée pour lui. Le bal de lucilies et autres calliphora vomitoria incessant donnait à la zone un côté irisé, coloré… L’homme couché là devenu un éphémère Belzébuth… grouillant de vers. Infect et répugnant. Le teint grisé des semaines passées à pourrir chaque jour un peu plus.
Bon bon bon…

On va attendre la fraicheur de la nuit et l’envol des nuées d’insectes pour aller visiter cette compagnie si dégoûtante. Sous l’astre lunaire la chaleur est moins grande et l’odeur sera peut-être moins envahissante.
Quelques épis de maïs sont grignotés dans la journée, mais c’est quand même un poil fatiguée qu’elle entame l’approche.

Décidemment les macchabées c’est pas son truc. Mais bon, celui là elle l’a cherché alors elle va pas renoncer maintenant sous prétexte que sa chair semble mouvoir tant il y a des points blancs qui s’agitent, mine d’or pour pêcheurs en mal d’appâts.

A portée.
Elle tâte du bout de la botte.
Et là, la nuit du mort-vivant commence.
La tête à demi putréfiée se tourne vers elle et laisse un regard mort et vitreux apparaître, fixe, apparenté à celui de la rascasse après une trop longue journée d’été sur un étal bordelais.



Gloups !

Cymoril tente quand même. Un coup de latte dans le corps ramolli.


Schploch !

Le pied s’enfonce comme dans du beurre.
Ca devrait aller.
Et puis la bourse est conséquente, suffisamment du moins pour prendre ce genre de risque.
Sauf que rien ne va.
Le mort entame dans une valse macabre et sordide l’action désarticulée de se lever…



HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


Bah quoi ! Z’en avez vu souvent des morts se lever vous ?
Voilà donc que l’olibriOs se meut et tente de l’attraper. A la vue de ce tas de chair informe et grouillant la labritoise recule jusqu’à sa monture, saisit sa guisarme et se lance à l'assaut gagnée par une espèce d’euphorie :



A l’attaque !!!!


On se motive comme on peut quand on est une fourmi face à un zombie. Elle charge donc.
La pointe s’enfonce sans rencontrer la moindre résistance, d’estoc. Sans effet aucun sur le mort qui en saisit la hampe pour soulever la brindille accrochée à l’autre bout et l’envoyer dans un mouvement ample en direction d’un buisson lointain.
Le temps du vol plané la brunette se dit, chouette un buisson, ça va amortir le choc toussa… Pensez donc. Maintenant elle se souvient des mûres qu’elle a picoré plus tôt dans la journée, cueillies sur ce même joli petit buisson de ronces aux épines acérées accroché à un tout aussi joli rocher.
Réflexe à la seconde ultime avant l’impact, les avant-bras en protection du visage. Manquerait plus qu’elle se crève un œil. Ce serait un haut fait d’arme ça…



SCHBONG !

Scratch… scrich


Et tout ce qu’on veut…en rajoutant bien sûr les AIE, ça pique, fait chier, bordel, et autres choses qui viennent à l’esprit dans ces moments de poisse, la bosse qui gonfle sur le front, en bon témoin de la rencontre.

La jeune labritoise retient son souffle, à l’écoute du moindre petit bruit, tend l’oreille. Plus rien. Elle ne tente même pas de s’extraire de là, et puis si c’est pour se retrouver nez à nez avec le prince des mouches, là tout de suite, ben ça lui dit trop rien.

Plus bouger, attendre l’aube. Elle s’endort, à dire vrai elle n’en était pas vraiment loin, ensuquée par le choc, sur une dernière pensée. C’est décidé, demain elle ira à la hache. Si elle arrive à la soulever, entre les multiples contusions, dégradés de bleu qui commencent à orner son corps de brindille, longues stries rouges laissées par les ronces carnivores et autres désagréments qui rendent sa vie si agréable ces derniers jours.

_________________
Cymoril
[Fourmi vs Zombie, dernière chance…]



A l’aube les premiers rayons l’avaient trouvée à l’endroit même où elle s’était laissée sombrer. Dans les ronces. D’où elle s’était arrachée en maudissant l’ami M. de lui avoir parlé de ce malandrin qui l’avait refait et en se maudissant elle-même de sa bêtise. J’t’en foutrai des justicières…
Cymoril avait nettoyé ses plaies, abandonnant pour la journée cape et vêtements trop insupportables pour les écorchures qui striaient sa peau. De toute façon, vu la gueule des fringues maintenant…

Ses dernières réserves de nourriture englouties, elle attendait son heure, étendue dans l’herbe verdoyante, faisait sécher ses meurtrissures sous la douce chaleur du soleil. Reprenant quelques forces avant cet ultime affrontement, consciente qu’il s’agissait de sa dernière chance. Si un passant venait à s’interposer elle mourrait. Si le zombie avait une fois de plus le dessus, elle mourrait aussi. LA Fourmi n’avait pas trente six options. Soit elle l’affrontait encore au risque d’y laisser sa maigre carcasse, soit elle abandonnait et quittait la place.



Devinez quoi.

Ben elle est restée. Evidemment, c’est la Fourmi. Plus têtue qu’une mule bretonne. Prête à faire face à son destin.









Pas grand monde sur cette route, mais suffisamment de passage pour être ennuyée au moment voulu. La brunette laisse passer un groupe qu’elle salue brièvement d’un signe de tête.
Au loin un gringalet s’avance… Tain, qu’il se bouge, elle va pas attendre toute la nuit pour retrouver son macchabée non plus…
Ca y’est ?

Ah ben nan… Une gueuse sans importance se ramène… Punaise, pas moyen d’être tranquille… Allez, on se remue ma p’tite dame…
Enfin, le moment est venu… de retrouver le prince des mouches. Elle passe son vieux gant de cuir usé par les serres de Hawk à sa main gauche, se saisit de la hache d’Eilith et part à la recherche de son adversaire.
A l’odeur…

Le corps est ainsi qu’elle l’avait trouvé la veille. Etalé, mou et sans souffle… Dégageant ces effluves infâmes de mort. Une légère nausée lui monte alors qu’elle se penche sur lui, lentement, attentive au moindre geste suspect, serrant un peu plus fort son arme dont le poids n’a de cesse de lui rappeler combien elle est faible.

Accroupie à côté du cadavre, la main droite se tend vers la bourse et entreprend de la défaire de la ceinture. Ca coince aux entournures, la dextre n’est pas douée mais elle s’obstine et parvient enfin à ses fins, se redressant avec un sourire triomphant.
Et là…
Elle sent quelque chose lui attraper la cheville, le zombie est réveillé et entend protéger son trésor si mal acquis. La jambe se secoue, tente de s’arracher à cette emprise putride, mais il ne lâche pas prise.



Grumpfff…


Cette chose dégoûtante a posé sa paluche putréfiée sur elle, provoquant un reflux de bile qu’elle laisse sans vergogne se déverser sur le visage informe. Avec en pensée un "Bien fait pour ta gueule"… C’est pas beau, mais ça défoule, et puis niveau odeur il n’est plus à ça près hein…
Elle lance la bourse dérobée au loin en direction de son cheval afin de pouvoir se servir de son arme à deux mains. Qu’il approche et l’on saurait enfin si deux cadavres orneraient ce coin de terrain au lendemain…
Ce qui ne manque pas d’arriver… Qu’il approche, pas qu’elle passe à l’état de cadavre, ‘fin, pas encore…


Il semble la regarder de son regard torve et vide, inexpressif et silencieux il avance, se déplaçant avec une lenteur engendrée certainement par tant de jours dans les limbes, qu’il ne semble malgré tout pas avoir quitté, rien n’indiquant son retour parmi les vivants… Heureusement qu’elle n’est pas superstitieuse sinon elle verrait là une créature du Sans Nom, comme certains l’appellent. Elle voit un disfonctionnement cosmique, une erreur de la nature, rien d’autre… Qu’elle espère bien corriger…


Allez, viens là tas d’vers !



Et quand le grisâtre essaye de l’empoigner, elle joue de sa petite taille, se tassant encore plus sur elle-même et frappe de la cognée dans les jambes du malotru. Il se ramasse, se penche un peu trop, offrant son dos à une seconde salve de coups qui s’abattent sans tarder. C’est beau l’énergie du désespoir, ça décuple un peu les forces d’une fourmi affaiblie.


T’étais prévenu…
Un peu ça va, mais faut pas trop m’titiller les antennes non plus…



La petite forgeronne labritoise contemple un instant le corps sans vie à ses pieds, retourné à son état d’inertie totale. Un demi-sourire satisfait se dessine sur ses lèvres pâles. Mission accomplie. Dans la douleur, mais quand même. Plus d’un millier d’écus gagnés durement, tête haute. Fait d’armes qui passera inaperçu, sans témoin, qu’importe…

Bagual est rejoint, la hache est remisée, la Fourmi monte en selle, lasse, très lasse, elle lui laissera le soin de la porter jusqu’à la prochaine ville. Son esprit se perd déjà en futilité, en vêtements à renouveler, en nourriture riche à consommer. Evitant soigneusement de penser au reste du voyage, vers chez elle, avec tant en bourse et des sacoches croulantes sous le poids des marchandises laissées par la Châtaigne entre autres choses… Tout comme elle ne s’attarde pas trop sur le fait que tout cela aurait été beaucoup rapide et sécurisant si elle n’avait pas été seule… Après tout, elle a l’habitude… On vit seul on meurt seul… S’il lui arrive parfois de l’oublier, la vie n’a de cesse de lui rappeler.

Le camarguais est lancée à vive allure sur la route, emportant plus loin le myrmidon harassé.




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pnj
(Merci de ne pas intervenir de façon inopinée et directe dans ce petit bout de RP concernant spécifiquement Nahysse. Rien de ce qui sera posté RP ne pourra changer l'IG survenu. Merci. Je précise que cette remarque s'adresse uniquement à ceux qui pourraient être tentés d'intervenir RP en cours d'histoire et non aux joueurs qui postent indépendament leur récits de voyage. Bien evidément. Rassurée madame Fourmi ? ^^)


[Poitou, un voyage périlleux ]

L'attelage allait bon train sur les routes du Poitou, le chateau de Salbart loin au Nord, passant cahots et ornières, des chevaux de belle race, le toit de la voiture lourdement chargée. Et dans l'habitacle la dernière née d'une grande famille, fraichement baptisée s'en allait rejoindre ses quartiers d'été. Une cure, la dernière selon les médicastres optimistes. Il lui suffisait de grand air, de fruits et légumes frais. L'humidité de Poitiers ne lui convenait pas, trop boisée selon eux et la Trémouille était plus à proximité du monastère où elle devrait faire de fréquents séjours durant la saison chaude.

Nahysse de Plantagenêt devisait joyeusement avec sa nourrice, posant mille questions sur le logis qui les attendait à destination. Le Comté étant fermé aux étrangers, le cocher armé servait aussi d'escorte, le voyage comptait une étape, une seule dans un de ces relais routiers de rase campagne. Voyager aussi lourdement chargé avait ses inconvénients en terme de diligence.

La petite regardait défiler le paysage vert qui avait toujours accompagné son enfance. Le Poitou qu'on appelait aussi la Venise verte à cause de ses forêts, de ses marais. C'était un bien beau pays que martyrisaient les roues du carrosse dans un fracas d'essieux bien huilés. On approchait de l'auberge puisque l'allure ralentissait et une tête blonde apparut à la fenêtre.


On arrive Nounou!! Regarde! Plus vite cocher! Regarde Nounou mon chapeau va s'envoler!


La gamine riait en retenant la coiffe, insousciente, pressée de se dégourdir les jambes après ce confinement où la nourrice avait épuisé sa patience et ses dons pour l'occuper sagement. Cette dernière bondit d'ailleurs en voyant sa protégée prendre des risques inconsidérés.

Mademoiselle!


La nounou de tirer la péronelle en arrière et de la faire rassoire sur la banquette, en levant les yeux au ciel.


Vous pourriez tomber voyons! Ou prendre une branche trop longue. Déjà que j'ai eu du mal à expliquer cette affaire de ponpons et de clochettes cousues à Madame votre mère. On m'a conseillé de me montrer plus stricte à l'avenir!


Si tu deviens sévère je t'aimerai plus pareil nounou. Tu as vu le joli caillou brillant que Maman m'a donné pour mon aniversaire ? Il vient du coeur d'un dragon même! Avant il était en pierre et c'est une nymphe qui...

La menotte présenta la pierre scintillante et de belle valeur sous l'oeil médusé de l'accorte femme qui voulut s'en saisir afin de le ranger. Nahysse renfrognée, interrompit brusquement son conte comme la nounou fondait sur elle.


Mais doux Christos ! C'est que c'est point une chose a emmener mademoiselle!


Nounou c'est un porte bonheur! Comment veux tu qu'il marche si je le prend pas avec moi!!


Nahysse profita de l'arrêt de la voiture pour sauter au dehors comme diablotin sortant de sa boîte, en parfaite synchronisation avec l'ouverture de la porte et en serrant farouchement son précieux cadeau.


C'est A MOI! A MOI! Tu me le prendras pas!


Laissant la nourrice et le cocher sur place avec leur temps de retard et courant vivement dans le balancement de ses jupons larges vers l'établissement d'où sortait déjà le personnel. Un si bel équipage qui faisait étape était une aubaine et promesse de gains pour des hotelliers installés trop près de la ville.

Mademoiselle! Attendez donc vous allez tomber!!

Et Nahysse de regarder l'aubergiste en levant le nez vers lui, les poings serrés contre sa robe, le sourire épanoui et son air chafouin. Elle lui dit comme en confidence, le ton apitoyé indulgent de circonstance...

Elle croit toujours que je vais fondre ou que le vent va m'emporter au pays de la fée des marais. C'est pas de sa faute vous savez, elle croit trop aux légendes poitevines. Moi c'est Nahysse!
Nahysse de Plantagenêt!
Et j'aime les crêpes!


La petite accompagna son dernier propos d'une mimique gourmande, au moins le tenancier était prévenu du menu à prévoir. Il valait mieux faire le point et faire passer le message sur ses préférences avant que nounou se charge de le faire.
Nahysse en avait marre de la soupe aux légumes. En plus elle avait fait pacte avec Eloy de ne jamais grandir alors la soupe...
Persona
[Sur une route de la région la plus pauvre du Royaume]

Ça fait mal, bien sûr. Des jours durant, avancer, le ventre noué par la faim, le corps affaibli, et cette douleur encore vive au visage. Il faudrait être cinglée pour dire qu'elle va très bien.

Le vagabond qui la croise sur le chemin le remarque, d'ailleurs :

Bonjour mam'zelle, tout va comme vous voulez ?
Oui, très bien, merci, et vous ?

Hum... oui, bon.. passons.

Des banalités échangées sur les routes, des missives qui lui parviennent dès qu'elle met un pied en ville. La routine. La voyageuse en sourirait presque. Peu importe les cris, les pleurs, les joies, le jour continuera à se lever tout autant. Et le Soleil continuera de les narguer, réchauffant la nature environnante, lui permettant de s'habiller de couleurs bucoliques. Contrastant avec les peines et les cadavres qui jalonnent les sentiers.

Quant à la jeune fille, c'est à peine si ça l'atteint. Les jours se ressemblent, monochromes à travers le voile posé sur son esprit. L'essentiel étant de ne pas tomber et de continuer à aller vers la destination qu'elle s'est fixée. La sensation de faim s'éloigne petit à petit, et les sentiments, et bien... peut-être qu'ils surgiront plus tard, qui sait. Le paysage devient familier, en revanche. Un air chargé de rancoeur et d'amertume, des maisons en ruine, des villages dans le même état... jusqu'au Duché.
Elle ramène les vestiges de sa cape sur son visage, et va se cacher derrière des bosquets. Pas envie de faire des rencontres qui pourraient s'avérer néfastes pour la vagabonde. Elle avancera de nuit.
En attendant, dans les teintes en clair-obscur des fourrés, les paupières se closent.

Et elle se voit en train de marcher. Décidément, c'est une manie, même quand la jouvencelle dort, elle ne sait pas se poser.
Sauf que là, c'est compliqué : devant elle, un chemin jalonné d'épingles. Derrière, le chemin est empli d'aiguilles.
A croire qu'elle est coincée, et qu'elle devra s'écorcher quoiqu'il arrive. Sont vraiment cinglés les gens. S'amuser à balancer des trucs aussi dangereux sur les routes. Sûrement des mauvais farceurs qui doivent rire de la pauvre personne qui essaierait de s'y engager.


J'le prends de quelle couleur celui-là ? Mets un ton un peu plus froid chérie, ça équilibrera. Du blanc ? Nan, avec le reste ça va déteindre rapidement.

Elle tourne la tête en direction des voix. Ah, un petit sentier planqué sous les mauvaises herbes. C'est que ça pousse très vite ces choses-là. Mais bon... même si c'est moche et ça gratte, contrairement aux deux chemins, ça lui fera pas mal. Hop, suffit de tout déblayer avec son épée. Arme qui se trouve dans ses mains on sait pas comment.

Du vert ? Mais t'as aucun goût ou quoi ?

Une clairière, un arbre, et trois femmes en dessous. Vue la ressemblance, elles sont sûrement sœurs. Toutes.
Bon, je vais prendre celui-là, il me semble une bonne couleur. Faudrait peut-être lui demander son avis, avant, non ? Puisqu'elle en est là de son plein gré.
La dernière ayant parlé désigne d'un mouvement de tête la rêveuse, et trois regards convergent vers elle.

Euh... bonjour. Trouver quoi répondre, vite, pas laisser le silence s'installer.
Elle regarde l'arbre, le fleuve en dessous... Ah tiens c'est marrant, si on ne faisait pas attention, on pouvait se dire que le bruissement des feuilles, ça faisait des voix. Comme un immense brouhaha. Heureusement qu'elle sait que c'est qu'un arbre, hein.
Avec des femmes qui tissent en dessous et semblent attendre sa réaction. Ah oui, c'est vrai.

Ah, euh.. Mon avis. Mais... sur quoi ?

Le sourire des trois commères s'élargit.

Et bien, sur ce que tu veux. Tiens, on va faire un jeu. Tu vois les objets que l'on tient dans nos mains ? Choisis en un, ou garde ton épée. De toute façon tu ne peux pas t'encombrer de plus d'un objet, dans ton état.
La plus jeune poursuit avec un sourire un tantinet ironique.
De plus, tu as bien vu que ton épée t'as fait autant de mal que tu en as infligé aux autres, petit valet.
Mais voyons, sœurette, elle n'est plus un valet! Regarde, elle a voulu grandir et s'est affranchie. Oh, oui, au temps pour moi. Elle est plus proche de la Dame, actuellement.

Ah non hein, je suis pas une Dame, moi.
Hinhinhin.. Et tu serais quoi ? Ma belle, tu sais, ce que tu as fait ne constitue pas une régression. Et puis...
La cadette, plus douce, lui soulève doucement une partie de la cape qui recouvrait son visage. Tu as suffisamment payé. Oh, c'est vrai qu'il te faut encore choisir, sommes-nous bêtes.
Vois.

Chacune tend un objet différent : la plus jeune, une bourse dont des deniers débordent. La cadette, un mécanisme fabriqué avec des bouts de bois, assemblage de bâtons. La dernière, un calice empli d'un breuvage à la robe vermeille.


Ben...euh... J'en sais trop rien, moi, hein.

Puis surtout, elle est pas sûre de tout piger. Vivement qu'elle parte d'ici et reprenne la route.
Désolée, tu es encore un peu perdue. On va t'aider à faire le tri.
Alors, les deniers, tu aurais pu les avoir, tu les a écartés par le passé. Et au final, tu n'as pas changée. Pas les deniers, donc. L'assemblage de bâtons... ça pourrait être intéressant. Mais tu seras vite bloquée, et tu t'y es essayée par le passé aussi. Pas très concluant, n'est-ce pas ? Il te reste le choix entre le calice et ton épée. Étancher ta soif avec les fruits que tu as récoltés, ou repartir comme tu es venue. Toi qui choisis.

Et le choix est vite fait. L'épée lui rappelle trop de souvenirs. Puis il fait soif. La jouvencelle lâche donc son arme pour prendre la coupe et se désaltérer.
Mais...
Aussitôt elle recrache ce qu'elle a bu. Seul lui reste ce goût âcre et métallique, un goût qu'elle connaît bien.

C'est pas du vin, c'est du sang, dans votre calice, là!

Huhuhu, que tu es naïve... vraiment, tu es... naïve. On n'a jamais dit que c'était du vin, ma chère. Mais les fruits de ton labeur. Tu as bien moissonné, tu sais. Regarde, tu en as encore plein les mains. Être libre, c'est aussi prendre ses responsabilités, et tu n'as pas le droit d'oublier ce goût-là, ni la manière dont tu y as goûté.

Horrifiée, elle regarde les trois bonnes femmes qui ricanent. Puis prend conscience du poids dans sa main. L'épée est à nouveau là.
Vous m'avez menti, y a jamais eu d'histoire de choix, en fait. Je peux pas renoncer à mon arme, et vous le saviez, elle veut pas se décoller.

La cadette a un sourire désolé puis s'avance.

Mais non, mais non, le prends pas mal. Mais tu es naïve, c'est vrai. Faire un choix ne signifie pas se débarrasser du reste. Prendre le calice est sage. Et puis, regarde.
Du doigt, la tisseuse désigne l'épée, rapetissée au point d'en devenir une simple dague effilée.
Voilà, il te suffit d'être plus fine. Tu la dissimules sous ta cape, ni vu ni connu. Et tu pourras repartir avec les deux. Crois-le ou non, on ne te veut p... ...e mal.

Le reste n'est plus que murmures, chuchotis.
Vous pourriez parler plus fort ? J'entends rien!
Un rire pour accueillir ses propos, et un cri : merci pour avoir indiqué la couleur!

Vue sur le ciel entre chien et loup quand elle ouvre les yeux. La voyageuse se relève, s'époussette, et reprend la route.
Pas le moment de s'attarder. Et dormir pendant la journée, c'est pas bon, ça rend toujours patraque. Elle s'est même mordu la langue à s'en faire saigner pendant son sommeil, cette andouille.
Cymoril
[Forêt de Luxeuil]


C’est une brunette épuisée qui arrive en bordure de cette forêt sombre. Les jours précédents n’ont pas été de tout repos et n’ont pas manqué de laisser des traces bien visibles sur sa peau.

Tentée un instant par l’idée rassurante d’être à l’intérieur de remparts solides, de profiter de tous les bienfaits que peut prodiguer une ville à l’économie florissante, voir de l’auberge dans laquelle elle avait fait étape à l’aller, elle a pourtant renoncé, préférant le calme et la fraîcheur.
Loin du paysage relativement plat de la lande gasconne, elle s’enfonce dans les profondeurs de cette forêt d’épineux. Ici, tout est escarpé, les montagnes ne cèdent aux humains, nature indomptée qui lui convient parfaitement pour l’heure. Poursuivant des heures durant sa quête de l’endroit parfait dans cette immensité sauvage, croisant quelque marécage, l’oreille bercée par la multitude résonnante des nombreuses espèces d’oiseaux vivants là.

Ici, un chamois qui s’enfuit bondissant sur cette pente rocheuse. Là, une laie et ses marcassins croisent de loin sa quête. Sereine, la Fourmi a retrouvé les sensations qu’elle aime tant, isolée loin de ses congénères, dans cette forêt luxuriante et giboyeuse à souhait. Les odeurs de mousse, l’humidité ambiante générée par les nombreux cours d’eau, le soleil qui filtre à peine aux travers des frondaisons… Elle se sent bien malgré un corps rompu de fatigue et douloureux.

Là, enfin elle l’a trouvé le coin tranquille et reculé qu’elle espérait. Descendant de sa monture, elle approche de la rive d’un petit lac poissonneux. Personne alentour, personne n’a été croisé d’ailleurs et il serait plus qu’étonnant que quelqu’un débarque en ce lieu désert qu’elle a mis si longtemps à trouver. L’heure est à la détente. La Fourmi desselle Bagual, le libérant de la si lourde charge qu’il transbahute sans trop de réticence. Pour l’instant du moins. Elle sait le caractère particulier de son étalon et s’emploiera au plus vite à éliminer le surpoids occasionné par ses biens avant qu’il ne décide de refuser d’avancer comme cela lui était arrivé. Une longue caresse, doigts qui s’emmêlent dans la crinière et un éclat de rire qui fuse traversant le silence des lieux. La demoiselle rit encore quand elle flatte l’encolure avant de dire à son étalon :


Toi aussi, t’as b’soin qu’on s’occupe de toi mon grand !


Alors avant même de penser à s’occuper d’elle, la voici qui démarre une longue séance d’étrillage de la robe blanche de son grignon camarguais, suivi d’un bon brossage de son abondante crinière. Pour une fois qu’elle a le temps la brunette s’échine même à tresser cette dernière en souriant. Voici l’étalon apprêté comme pour la parade. Une tape sur la croupe le libère, qu’il vaque à son gré, jamais il ne va bien loin.
La brunette va enfin pouvoir se délasser.

Elle laisse choir ses vêtements déchirés sur le sol moussu du bord de lac, se déshabillant avec lenteur pour éviter aux toutes premières croûtes de s’arracher en s’accrochant aux tissus.

Quelques pas en direction de l’eau. Là, le reflet éclatant du soleil l’éblouit un instant, l’obligeant à cligner des paupières avant de se s’habituer à cette luminosité éclatante, avant d’avancer dans le lac. La température de l’eau n’est plus saisissante en cette saison, mais suffisamment fraîche pour provoquer encore quelque frisson.

Bienvenu ceci dit, en contraste avec son humeur bouillonnante. Caresse légère sur son corps nu, au gré des remous. Comme à son habitude elle joue, fourmi se fait ondine. Loin des regards et des bruits de la ville, savourant le calme serein de ces instants volés à la route et à tout le reste, oubliant les longues stries qui lui zèbrent le corps, blessures légères qui seront bientôt oubliées.

S’étendre là, se laisser porter par l’eau, flotter un moment les yeux clos et laisser son esprit s’envoler un peu au loin… En quête de Lui… Elle sait où il est depuis des jours… Question d’antennes… Sa longue silhouette rassurante lui manque, son odeur, sa voix… Leur façon de veiller sur l’autre sans en avoir l’air… Elle s’inquiète toujours pour lui, elle sait bien qu’il est capable de se défendre, mais c’est plus fort qu’elle… Envie de croiser ses yeux inoubliables au réveil, qu’il la fasse rougir d’un seul regard au souvenir d’une étreinte nocturne… Besoin qu’il lui offre l’oubli du miel de ses baisers, le seul dont elle se délecte à l’infini.

L’esprit malgré lui part un peu plus loin, vers chez eux. Et se perdait…
La route vers la Gascogne se faisait de plus en plus problématique. Bientôt elle risquait de se fermer complètement.
Elle tentait de cautériser la plaie de son cœur, se sentant comme un chirurgien qui doit opérer son propre corps et qui essaie de rester objectif au moment de porter le scalpel sur l’endroit infecté.

Ainsi elle n’avait de cesse de se questionner, se demandant ce qui la poussait à persister dans cette direction. Une raison plus forte qu’elle ne l’imaginait ou encore était-elle fascinée par les permutations inexplicables de son propre caractère, et comme poussée par l’intrigue d’une fable sensationnelle, hypnotisée par le progrès de sa propre destruction.
En venant à songer encore à l’immoralité de la guerre, à la bonté naturelle que l’intervention de l’argent venait corrompre et étioler en l’être humain.
Oscillant d’un pôle à l’autre… dans un véritable bourbier moral.

Cherchant à quoi se raccrocher sans se noyer. Et toujours la même image qui s’imposait dans ces moments de doutes… La seule dont elle ne doutait pas, jamais…

Un long soupir lui échappe alors qu’elle sort de cette torpeur. Ne pas se laisser gagner par la morosité. Jamais. La Fourmi reprend sa nage avant de se frotter avec la saponaire, pas trop vigoureusement quand même parce qu’elle est couverte de contusions diverses et variées. Une dernière pirouette aquatique et là voilà sortie de l’eau, offrant sa petite carcasse à la douce chaleur du soleil le temps de sécher allongée sur sa cape, sourire aux lèvres, pensant toujours à Lui.

Une fois sèche, Cymoril se relève, avisant le tas de haillons un peu plus loin, amusée. Elle dirige son pas vers ses sacs, en extrayant une tenue propre qu’elle enfile sans hâte sous l’œil de son canasson. Son peigne d’ivoire en main elle entreprend de s’occuper de sa propre crinière, grinçant des dents parfois en faisant céder un nœud résistant, lissant. Elle enferme cette chevelure dans une longue tresse sage puis range ses affaires une à une. Exception faite des haillons qu’elle abandonne là, sans regret.
Alors qu’elle resserre sa ceinture pour cause de perte de poids, elle croise le regard de Bagual, on dirait qu’il se fiche d’elle.


Humpfff !
Quoi ? Y’a pas que toi qu’a l’droit d’être présentable non ?



Elle se marre. Certaine que si on la voyait on la prendrait volontiers pour une foldingote… Et elle s’en ficherait royalement. La Fourmi n’aime être ni sale ni dépenaillée. Sans être coquette, sauf pour… Grumpfff, arrêtes d’y penser à longueur de temps… Cym s’ébroue mentalement, et se reconcentre sur ce qu’il lui reste à faire.


Allez viens là mon gros…


Il ne l’est pas, c’est affectueux, et puis à qui voulez vous donc qu’elle parle d’abord ? Si elle fuit les tavernes, c’est d’abord parce qu’elle est affligée d’une tare certaine nommée timidité. De premier abord ça ne saute pas aux yeux, et pourtant…

Elle veille à la bonne mise en place du couverton avant de l’équiper complètement. Sangles bien serrées, martingale et autres brides et mors en place. Suit le lourd chargement des sacoches, trouver la place adéquate pour la hache, celle de la guisarme qu’elle garde à portée au cas où…
Monture parée.

Elle passe son bouclier au dos, vérifie la sangle du fourreau qui pend à son flanc droit puis monte enfin en selle. Il est temps de traverser cette forêt et de retrouver la route.


Adelante mi guapo Bagual...
_________________
Ny.x





[Contemplation]



Là.

Omnisciente.
Omniprésente.
Depuis l’origine et jusqu’à la fin des temps.
Observatrice désincarnée, jetant un œil amusé au monde sous sa voûte étoilée, attentive à certains, indifférente à d’autres, elle décortique de son œil exercé, sans jamais s’immiscer.
Combien de ces âmes ont pleinement conscience de leurs agissements ?

Elle en voit se débattre dans un monde où l’immense majorité se contente de végéter, vivotant une vie insipide, se croyant à l’abri des jugements.
Une multitude de spectres sans saveur.
Néanmoins il arrive parfois qu’une âme sorte du lot et attise son intérêt.


Là ce capitaine amoureux et son échange silencieux.
Sera-t-il contenté ?
Celle-ci répondra-t-elle enfin à ses aspirations profondes et inavouées ?
Comblera-t-elle le vide en lui ?


Plus loin, si proches et pourtant si éloignées sa digne descendance.
Fille de la Discorde ou Tisseuse, tour à tour sœurs, mères, filles ou amies, elles sont de ces âmes que l’on enferme pas, libres de toute revendication, s’écartant des routes toutes tracées pour elles.
Bâtisseuses de l’ombre, fuyant les carcans imposés par les grands de ce triste monde.
Les porteuses de masque comme elle les nomme affectueusement.
L’une refuse de l’ôter et l’autre se l’impose.
Pour mieux se protéger d’elles-mêmes et de tout ce qu’elles portent en elles.
Ses enfants…

Pourchassées à l’aube et ardemment espérées au crépuscule.
On les croit volontiers promises à tel royaume et pourtant, leur capacité à engendrer l’espoir est sans conteste.
Porteuses de vie.

Là-bas, d’autres âmes cherchent à se perdre, se vautrant dans le stupre et la luxure d’une Rose aux couleurs affadies par l’usure du temps.
Encouragées par des princes moribonds, serviteurs d’un maître tout aussi absent que son rival.

Tous se débattent et s’agitent, sélénites ou héliotropes, vouant leur existence à combattre l’autre pour l’emporter sur la peur profonde qui les habite tous.

Ne savent-ils donc pas qu’il est vain de lutter en ce sens et qu’ils finiront tous par venir en son domaine ?

Loin des croyances de ce temps.
Ils reviendront tous aux origines.
Au primat…
A elle.
Cymoril
[Du fleuve à la source...]



Une nuit comme tant d’autres depuis qu’elle a quitté Genève.
Fille de l’ombre, elle avance guidée par les étoiles scintillantes. Repassant en mémoire ses dernières rencontres, les propos échangés, tente de mesurer le degré de sincérité avec lequel excuses lui furent présentées.

Elle se doute bien que tout cela n’est qu’une formalité courtisane de l’ex capitaine, mais elle se demande pourquoi… Après tout, quel intérêt pour lui de s’assurer un pardon d’une fourmi… Un sourire lui échappe quand elle repense au pourquoi du comment, l’explication donnée sur la source de cette animosité… Il l’avait jugée arrogante là où elle n’avait fait qu’exprimer la force de ses convictions. A évoluer dans le panier de crabes des mondains de la cour, il portait un regard faussé sur les autres, les imaginant forcément bourrés de vices partisans.

Qu’importe, de pardon elle n’avait pour l’instant rien accordé. Mentionnant qu’elle y penserait, ce qu’elle fait d’ailleurs à la faveur de cette nuit enveloppante et chaleureuse, presque maternelle. Accorder le pardon était-il si dur ? Peut-être ou peut-être pas… Effacer tant de mois de ressentiment simplement pour apaiser quelqu’un dont elle se fiche à peu près comme de sa première paire de chausses… Il l’avait blessé ce jour là, sans un mot, d’un seul regard… Bien plus que ne l’avaient fait les Libertad en la passant par le fil de l’épée.

Elle pourrait lui écrire que c’est fait, pardonné, oublié… Pour l’heure elle mentirait, alors elle s’abstient. Quand bien même elle pardonnerait, jamais elle n’oublierait…

Un geste de la main balaye ses pensées. L’oubli il lui est arrivé de le chercher, ardemment, de le trouver aussi, rarement… Faire le tri même dans l’oubli. Conserver les évènements et chasser la douleur, pour repartir plus forte et plus loin…




La veille, elle avait trouvé abri dans une vieille ferme malsaine transformée en hostellerie, un lit bas posé sur des planches à travers lesquelles elle pouvait observer et entendre le mouvement incessant et bruyant de trois vaches efflanquées, son étalon, deux juments et un porc.
Distinguant un garçon d’écurie en compagnie d’une femme d’un âge incertain qui se jetait sur lui à peu près au milieu de la nuit, le possédant tandis qu’il ahanait et qu’elle poussait des grognements. Puis il devint impossible de distinguer s’ils poursuivaient leur duo ou si le porc les avait rejoints. La puanteur se dégageant de toutes ces bêtes était telle qu’elle en eut la nausée.

De guerre lasse elle s’était assise sur son inconfortable couche et s’était saisi d’un geste sec et nerveux de la flasque de floc dans sa sacoche. Le nectar sucré avait coulé lentement dans sa gorge, diffusant sa bienfaisante chaleur dans tout son corps.
Cymoril s’était rallongée sans toutefois se défaire de la flasque rebouchée, et dans ce tumulte avait fini par s’endormir.

Au matin, l’hostelier, qui se grattait les poux en dessous de la ceinture, très gracieux, lui avait servi un déjeuner frugal, tandis que celle qu’elle reconnut comme la bruyante affamée de la nuit précédente et qui s’avéra être son épouse la soulait d’anecdotes paysannes locales et de questions auxquelles elle avait répondu à l’évasive.
Après avoir réglé sa note, elle avait récupéré Bagual et s’était élancée tête baissée sur la route.




Et voilà qu’elle marquait un nouvel arrêt, loin de cette humanité qu’elle trouve parfois répugnante dans tous ces travers bestiaux. Et pourtant, elle ne peut s’empêcher de l’aimer, parce qu’elle peut aussi la surprendre par la grandeur de certains, ou la simplicité d’autres.

Campement de fortune pour quelques heures, elle n’a même pas pris la peine de faire un feu. Trop d’armées croisées, et il parait que pas loin bandes de nobliots vont se rentrer dans le lard…grand bien leur fasse. Qu’ils s’exterminent les uns les autres et que le royaume soit nettoyé de leur emprise nauséeuse… Qui les pleurerait ?

Rester dans l’ombre, continuer d’avaler les lieues jour après jour jusqu’à la maison, et enfin se reposer un peu. Pif en l’air, le regard perdu dans la fantasmagorie sidérale et un léger sourire aux lèvres, requêtes silencieuses adressées à la celle qui les protège, Lui, elle et ceux qui sont chers à son cœur.

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