Ceraphin
[Limousin... T'voir ta gueule à la récré!]
Heureux qui comme Ulysse, fit un beau voyage...
'fin sont beaux les voyages, jusqu'à ce qu'un malandrin vous tombe sur le paletot et vous pique votre réserve de pain.
Un peu déconfit le Ceraphin.
Faut dire, qu'au voyage précédent, celui le menant de Béarn en Périgord, sa première agression avait tourné à son avantage.
Belle surprise que lui avait fait sa bonne étoile, lui permettant de rosser son agresseur reparti bredouille et boiteux.
Ah la belle vie que voilà quant à 13 ans on se sent pousser des ailes tant et si bien qu'on s'autoproclame le terrible Griffon d'Azayes.
Mais quand le vent tourne et que les choses reprennent leur équilibre naturel, balançant sans ménagement aucun l'enfant et son égo dans les bas fossés du chemin... l'amertume vous vient aux lèvres.
Piètrement amoché par cet homme tout de noir vêtu, Ceraphin rumine.
La route sera reprise à jeun jusqu'à la ville la plus proche ou il devra trouver le moyen de gagner de quoi se revigorer mais aussi acheter quelques pains pour finir son voyage jusqu'en Berry.
Car il ne renoncera pas à son objectif même si les certitudes de son invulnérabilité se sont envolées avec ses vivres.
Et il rage et enrage.
Fulminant et pestant, en colère contre le monde entier.
Pourquoi?
Pourquoi devait-il si jeune se retrouver seul sur les chemins à affronter moult dangers?
Ou étaient les protecteurs, les amis, les relations, les compagnons, les... ?
Pourquoi?
Et galvanisé par la colère et le ressentiment, Ceraphin parcourut les vingt lieues restantes jusque Tulle, chassant régulièrement à renfort de cailloux les freux moqueurs qui lui tenaient compagnie.
Le ventre vide, il passa la nuit à l'abri des murs de la ville.
Le lendemain, il alla labourer le champ d'un autochtone contre quelques écus afin de pouvoir s'acheter de quoi manger... ce qu'il ne put faire le soir même puisque sa solde ne serait versée que le lendemain d'alors, selon la coutume.
Trois jours sans manger, le gamin faisait peur à voir.
Pourtant, ce matin, ses écus en poche il ne se précipita pas sur le marché local ni même dans une taverne.
Non, il prit plutôt contact avec le bourgmestre local pour solliciter sa bienveillance: pouvoir avec ses quelques écus, obtenir suffisamment de pains pour finir son voyage sans plus tarder... en échange d'une promesse de remboursement sur son retour.
Et contre toute attente, messer Christisag convint d'un rendez-vous avec lui en taverne municipale pour effectuer cette transaction particulière.
Il n'y avait donc plus qu'à attendre.
Juste attendre que le soir vienne... en oubliant le mieux possible son estomac trop vide qui semblait le happer de l'intérieur tant la douleur devenait cruelle.
Assis dans le coin d'une ruelle, à l'abri des regards et du vent, c'est là qu'il sut... ou du moins qu'il se rappela.
Le pourquoi...
Pourquoi il avait été seul face à ses adversités.
Tout simplement parce que chacun faisait bien ce qu'il entendait, et lui le premier.
Certes il s'était retrouvé seul à voyager mais personne ne l'avait contraint à le faire, finalement.
Non, il l'avait fait parce qu'il l'avait décidé, quitte à affronter les conséquences douloureuses de ses choix.
De la même façon que là, maintenant, il était douloureux d'attendre encore le ventre vide, après plusieurs jours de jeun imposé, la venue du soir pour se rassasier et calmer ses entrailles.
Car attendre signifiait espérer reprendre sa route sans plus tarder, le jour même, et cet objectif le motivait suffisamment pour endurer son estomac, encore un peu.
Ainsi donc plus de rancur ni de ressentiment.
S'il s'était fait frappé et volé, ce n'était point la faute de ceux qui n'y étaient pas pour le défendre.
Non, personne n'était à maudire ni à blâmer.
Enfin... personne à part cet homme en mantel noir dont il n'oublierait pas le visage de si tôt.
Parce que celui là, s'il l'opportunité lui était offerte de connaitre son identité...
Tout de noir vêtu, avec moustache, barbiche et un accent du Périgord... faudra demander à Césaire voir si ça lui dit quelque chose.
Plus tard.
Une fois qu'il sera parvenu jusqu'aux terres natales, une fois qu'il sera revenu à la maison familiale... y rassurer mère et fratrie, leur dire que tout va pour le mieux pour lui... même si ce n'était pas toujours vrai.
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Heureux qui comme Ulysse, fit un beau voyage...
'fin sont beaux les voyages, jusqu'à ce qu'un malandrin vous tombe sur le paletot et vous pique votre réserve de pain.
Un peu déconfit le Ceraphin.
Faut dire, qu'au voyage précédent, celui le menant de Béarn en Périgord, sa première agression avait tourné à son avantage.
Belle surprise que lui avait fait sa bonne étoile, lui permettant de rosser son agresseur reparti bredouille et boiteux.
Ah la belle vie que voilà quant à 13 ans on se sent pousser des ailes tant et si bien qu'on s'autoproclame le terrible Griffon d'Azayes.
Mais quand le vent tourne et que les choses reprennent leur équilibre naturel, balançant sans ménagement aucun l'enfant et son égo dans les bas fossés du chemin... l'amertume vous vient aux lèvres.
Piètrement amoché par cet homme tout de noir vêtu, Ceraphin rumine.
La route sera reprise à jeun jusqu'à la ville la plus proche ou il devra trouver le moyen de gagner de quoi se revigorer mais aussi acheter quelques pains pour finir son voyage jusqu'en Berry.
Car il ne renoncera pas à son objectif même si les certitudes de son invulnérabilité se sont envolées avec ses vivres.
Et il rage et enrage.
Fulminant et pestant, en colère contre le monde entier.
Pourquoi?
Pourquoi devait-il si jeune se retrouver seul sur les chemins à affronter moult dangers?
Ou étaient les protecteurs, les amis, les relations, les compagnons, les... ?
Pourquoi?
Et galvanisé par la colère et le ressentiment, Ceraphin parcourut les vingt lieues restantes jusque Tulle, chassant régulièrement à renfort de cailloux les freux moqueurs qui lui tenaient compagnie.
Le ventre vide, il passa la nuit à l'abri des murs de la ville.
Le lendemain, il alla labourer le champ d'un autochtone contre quelques écus afin de pouvoir s'acheter de quoi manger... ce qu'il ne put faire le soir même puisque sa solde ne serait versée que le lendemain d'alors, selon la coutume.
Trois jours sans manger, le gamin faisait peur à voir.
Pourtant, ce matin, ses écus en poche il ne se précipita pas sur le marché local ni même dans une taverne.
Non, il prit plutôt contact avec le bourgmestre local pour solliciter sa bienveillance: pouvoir avec ses quelques écus, obtenir suffisamment de pains pour finir son voyage sans plus tarder... en échange d'une promesse de remboursement sur son retour.
Et contre toute attente, messer Christisag convint d'un rendez-vous avec lui en taverne municipale pour effectuer cette transaction particulière.
Il n'y avait donc plus qu'à attendre.
Juste attendre que le soir vienne... en oubliant le mieux possible son estomac trop vide qui semblait le happer de l'intérieur tant la douleur devenait cruelle.
Assis dans le coin d'une ruelle, à l'abri des regards et du vent, c'est là qu'il sut... ou du moins qu'il se rappela.
Le pourquoi...
Pourquoi il avait été seul face à ses adversités.
Tout simplement parce que chacun faisait bien ce qu'il entendait, et lui le premier.
Certes il s'était retrouvé seul à voyager mais personne ne l'avait contraint à le faire, finalement.
Non, il l'avait fait parce qu'il l'avait décidé, quitte à affronter les conséquences douloureuses de ses choix.
De la même façon que là, maintenant, il était douloureux d'attendre encore le ventre vide, après plusieurs jours de jeun imposé, la venue du soir pour se rassasier et calmer ses entrailles.
Car attendre signifiait espérer reprendre sa route sans plus tarder, le jour même, et cet objectif le motivait suffisamment pour endurer son estomac, encore un peu.
Ainsi donc plus de rancur ni de ressentiment.
S'il s'était fait frappé et volé, ce n'était point la faute de ceux qui n'y étaient pas pour le défendre.
Non, personne n'était à maudire ni à blâmer.
Enfin... personne à part cet homme en mantel noir dont il n'oublierait pas le visage de si tôt.
Parce que celui là, s'il l'opportunité lui était offerte de connaitre son identité...
Tout de noir vêtu, avec moustache, barbiche et un accent du Périgord... faudra demander à Césaire voir si ça lui dit quelque chose.
Plus tard.
Une fois qu'il sera parvenu jusqu'aux terres natales, une fois qu'il sera revenu à la maison familiale... y rassurer mère et fratrie, leur dire que tout va pour le mieux pour lui... même si ce n'était pas toujours vrai.
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