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[RP] Petite balade en eau trouble

Attila_caligula
Le leu est étendu sur un mélange d'herbe et de terre cendreuse, sous une voute noire piquetée d'argent. L'inverse des armes bretonnes où il se trouve encore. Non loin, Bourgogne achève de soigner les montures à la lueur d'un feu discret. Le sommeil ne vient pas, la nuit est humide et bondir dans les taillis serait un bon remède à l'engourdissement désagréable. Mais demain il y a de la route à faire. Sortir de Breizh, éviter patrouilles et escadrons.

La large patte chasse un contact infime et minuscule sur la truffe du vicomte. Satanées fourmis!

Fourmi.
Pris d'une lubie, voici le vicomte à quatre pattes, fouillant le sol à la recherche de l'animalcule. Soudain plus précieux que tous les lourds écus transportés.
Fourmi!
Avec de surprenantes précautions, le Titan cherche l'Infime.
Fourmi!
La voici, train de sénateur et errements à la dextre ou la senestre. Un minuscule grain entre les mandibules. C'est à plat ventre qu'il suit sa progression, la truffe à quelques pouces de l'insecte dans sa robe de chitine luisante.
Opiniâtre petite bonne femme, ne rechignant pas à la tâche. Son corps est fin, aux courbes gracieuses, lisse et agile. Une invitation à en suivre les renflements et les creux. Ce qu'il fait d'un brin de graminée sauvage, taquinant la bébête dans son cheminement obstiné.
"Allons, regarde moi, c'est moi qui te tourmente, n'as tu d'yeux que pour ton labeur?" murmure le Leu entre ses crocs. Elle vaque, fragile et vulnérable. Pourtant jamais découragée et plus têtue qu'une mule bretonne, c'est une force qu'il admire. Ses antennes en perpétuelles vibrations effleurent le sol. Comme il serait doux d'être l'objet de ses attentions tactiles. Comme il serait piquant d'éprouver la morsure de la Bébête. Une fois, juste une.
Avant que tout ne s'achève.
Cymoril
Elle n'avait pourtant pas si mal démarré cette journée. Une arrivée en ville sans attaque de volatile douanier, un marché débordant de pain chaud à l'odeur alléchante. Et un petit point d'eau à l'ombre de quelques arbres. Mais voilà, il est des jours comme ça où l'agacement allait croissant, au fil des rencontres et des petits plis.

Entre une hystérique qui lui avait servi du brigande et l'écuyer qui désertait, elle n'avait finalement pas réussi à décolérer. Servant pourtant à l'une son plus magnifique mépris, l'invitant même à prouver ses dires ou à fermer le caquet dont sortaient ses pathétiques accusations, à l'autre une froideur plus sourde, nourrie d'une rage qu'elle contenait sous peine de le crucifier sur place.

Certes depuis le temps l'on pourrait s'étonner qu'elle souffre encore de s'entendre appeler de la sorte. Et pourtant ces mots lancés l'affligeaient toujours autant, la touchant plus qu'ils ne devraient.

Quant à l'écuyer...
Il venait de la trahir pour la dernière fois. Ceci dit elle aurait du s'en douter. Jamais deux sans trois dit l'adage. Le compte était bon. Et cette exaspération violente qui ne l'avait quitté de la journée. Alimentée par ce sentiment d'avoir été le dindon de la farce, le nourrissant depuis des mois pour qu'il prenne des forces alors qu'il jouait sur le sentiment de culpabilité qu'elle ressentait chaque fois qu'elle voyait le bâton sur lequel il devait prendre appui pour se déplacer, l'armant pour que jamais il ne soit sans défense, le rassurant, le portant...

Agacée et à fleur de peau était exactement ce qu'elle était à ce moment précis où elle rejoignit le campement, suivie par un journalier du marché qui transbahutait sa toute dernière acquisition, sous l'œil perplexe de Bourgogne. Un baquet. Oubliée l'idée d'honorer les piafs aquatiques locaux et bonjour eau chaude et bulles de savon. Une pièce lancée au crotteux qui avait porté l'objet du délit et elle avait fini de l'installer dans la tente. Poussant une table couverte de cartes usées.

Un certain nombre d'aller retour plus tard, et l'endroit tenait plus du hammam que de la tente de campagne en dépit des nombreuses protestations de Bourgogne.Qui avait fini par ne plus rien dire une fois conquis par quelques sourires volontairement enjôleurs, et oui, elle sait faire quand elle veut, et une bouteille de Bordeaux. D'ailleurs il avait même répondu favorablement à sa requête de la prévenir si le vicomte se ramenait avant qu'elle n'ait terminé ses ablutions. Un curieux air sur la trogne quand même...

Mais peu lui importait. Elle avait enfin de quoi se calmer un peu.
Un à un les vêtements rejoignirent le sol, et elle se glissa dans l'eau fumante, se laissant envahir par une douce torpeur. Un à un ses muscles se détendirent, alors que la jeune femme chassait ses idées de violence meurtrière, les yeux clos. Elle abandonna même, peut-être momentanément allez savoir, l'idée de quelques courriers avertissant que l'unijambiste avait perdu sa protection et avait donc par extension trahi le Ponant, histoire de voir comment il s'en sortait en arrivant en Anjou la gueule enfarinée.
Calmée donc.
Alanguie même pourrait-on dire, alors qu'elle se lève et entreprend un savonnage serein, croyant parfois apercevoir le pan de la tente bouger sous l'effet de la brise sans doute, lorsque le savon vient se poser sur ses reins ou encore qu'elle joue des bulles sur son ventre, l'odeur parfumée et délicate envahissant les lieux lui tirant sourire à l'idée que le vicomte allait râler. Ses mains courent longtemps sur son corps devenu un ersatz de savon, entre monts et vallées, suivant chaque courbe avec lenteur, s'attardant sur la trace de morsure à l'intérieur de sa cuisse, parachevant l'œuvre bienfaisante de l'eau chaude, dans laquelle elle se replonge, pour se défaire de la mousse. Faisant perdurer cette pause encore un peu. Avant de s'en extraire définitivement pour se sécher dans un drap, et de passer des vêtements propres plus adaptés à la route qu'ils vont entreprendre.

Une fois vêtue c'est une moue dubitative qu'elle arbore, quand son regard se pose sur le baquet alors qu'elle s'attèle à dompter sa chevelure trempée en une tresse sage et bien serrée. L'heure avance et le digne de serviteur de Bélial dont elle est devenue le garde du corps risquait de ramener sa truffe. C'est fou ce que quelques battements de cils peuvent faire, lorsqu'ils sont accompagnés d'une promesse d'approvisionnement alcoolisé... Le baquet vidé et mis à sécher par le gentil Bourgogne, alors qu'elle fait place nette de ses effets, un oeil vers le village. Mieux valait éviter certains croisements pour ce soir. La rage sourde qui la nourrissait a cédé la place, et ce soir une fois n'est pas coutume, la fourmi a grand faim.
Une faim...

De loup.

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Neils
[Entre Laval et Craon]

Marionnette sans fil, Neils s'en est allé. Ficelles trop tirées, ficelles usées, ficelles brisées. Las, fatigué l'Écuyer docile prend seul la route d'Angers.

Même pas une once de regret pour cet acte de défection, juste un grand vide dans lequel il tombe. Attend t'il qu'on lui jette un filin salvateur? Non, il n'attend plus rien, trop fier pour ravaler sa fierté, trop rigide pour fléchir, trop vieux pour survivre... L'Écuyer sait, l'Écuyer sent...le fond du gouffre et proche, et il s'en fout.

Il préfère de loin la paix des morts au vocifération d'un Vicomte vicieux plus préoccupé à s'enfoncer bonne chaire en gueule que d'imposer la bienséance qui sied à son rang.

Mémoire, regret, sourire de vieux sage, Neils juché sur sa monture offre une bien curieuse silhouette aux armées postées dans les environs. Vont elles le massacrer sans crier gare? Vont elles épargner cette silhouette avachie sur une monture du troisième âge?...qu'importe.

Préméditation d'une fin annoncée, l'Neils passe en revue les étapes de sa vie, de la taverne glauque de Sarlat en passant par Labrit et sa roulotte de méchants pas beau, Moulins, retour sur Labrit... amputation... errance... brigandage... soubresaut de dignité auprès d'un Seigneur... fugue d'une gamine confiée... court service auprès d'une Rousse Comtesse du Limousin.

Pleins de visages ont tracés son existence, Apolonie Sa grande Dame, Cym..la timide tavernière de Tangue Y la roulotte... Fourmi, Césaire... Persan et la p'tite fugeuse de Louise, Alcyone la Baronne revêche.

Plissement des yeux, petite lueur au fond de sa mémoire, un visage se détache, remonte et s'illumine. Cym... Cymoril... Fourmi... Elle a jalonné sa vie, et comme à chaque fois, il lui a tourné le dos... bien involontairement, mais tourné l'dos tout d'même.

Soupir de regret, fataliste, on n'réécrit pas l'histoire, on peut la raccourcir, la façonner mais en aucun cas la réécrie. Fatalité rime parfois avec stupidité.

Lui reste sa fidèle et vieillissante Marie-Caroline, objet de ses dernières attentions, brave jument à la robe grisonnante tachetée, il l'emmène dans son ultime demeure, le haras de Maeve d'Alterac.

Esquisse d'un pâle sourire, l'Écuyer se remémore leurs rencontre impromptue. Lui à la recherche d'une nouvelle monture, croise en taverne, Maeve, jeune rousse balafrée, qui lui offre un gîte pour sa Marie-Caroline, et propose de lui offrir une ardente jument répondant au nom de Charlotte. Neils n'a pas cherché à comprendre son geste généreux. L'important pour lui étant de trouver un havre de paix pour accueillir le dernier souffle de sa vieille jument.

La route et encore longue et tend chaque jour vers la fin.
Cymoril
Alençon : Auberge la Tanche Panée.


Arrêt obligatoire pour tous voyageurs, l'auberge locale, tarif un écu minimum et plus selon service demandé...


Il fait encore nuit noire, et le froid saisissant de cette fin d'automne maussade les incite à accélérer le pas de leur mieux.
L'homme traîne une jambe blessée. Quant à la jeune femme... Elle se remet tant bien que mal d'un épisode douloureux, dont elle n'a conservé que les traces physiques.
Ils ont passé la majeure partie de la nuit dans une taverne aux accents de bière depuis longtemps éventée.
Il lui avait parlé longuement, d'elle, de leurs souvenirs partagés, tentant de réveiller sa mémoire perdue. Mais rien n'y avait fait. Pour elle le temps s'était arrêté à dix lieues de Chateauroux, des années plus tôt alors que la guerre faisait rage. L'évocation de noms, d'évènements n'y avait rien changé. Et elle était plus désemparée que jamais.
Pourtant, elle éprouvait cette sensation diffuse de le reconnaître, et le côté protecteur de l'homme l'avait rassurée, inexplicablement.
Aussi, lorsqu'il avait décrété qu'il fallait trouver un endroit plus adéquat pour séjourner en Alençon, elle l'avait suivi, confiante.


L'auberge ne paye pas de mine, charme désuet des relais fréquentés par les gens de passage, mais cela vaut toujours mieux que de retrouver son tonneau ou la tente chirurgicale. Le maure est gentil, mais elle ne voulait abuser. Même si elle devait dans les prochains jours retourner le voir pour qu'il ôte les curieuses sutures qui lui décoraient le crâne et qu'elle trouvait fascinant son art, bien plus développé que tout ce que l'éternelle étudiante qu'elle était avait jamais vu.

La porte grinçante est poussée puisque la lanterne à l'extérieur est éclairée.
Dans un coin, avachi sur une chaise, un homme ronfle du sommeil du juste, bras croisés sur un ventre rebondi, signe de gourmandise manifeste.


Ahem...

...

Serait-il possible d'avoir une chambre ?


L'homme a demi endormi avait commencé par grommeler, franchement peu ravi d'être tiré des bras de Morphée à cette heure plus que tardive. Il avait posé un regard peu amène sur l'étrange couple qu'ils formaient et avait dit d'une voix désagréable.

C'est pas une maison de passe ici... C'est un établissement honnête.

Fourmi avait levé un sourcil agacé. Elle qui avait repassé cette vieille bure dans laquelle elle flottait un peu. Mais la main qui tenait la sienne la rassérénait. Aussi, c'est avec une relative diplomatie saupoudré d'un brin d'ironie qu'elle répondit.

Parfait mon brave. Exactement ce qu'il nous faut...

Si sa mémoire avait foutu le camp, il restait toutefois certaines choses immuables. Comme le fait qu'elle avait toujours eu les moyens de ses goûts, et ne lésinait jamais à la dépense. Une bourse bien remplie est toujours synonime d'un meilleur accueil. Et quand coquette somme avait atterri sur le comptoir l'oeil du taulier s'était soudainement illuminé.

Votre meilleure chambre...Et une bonne flambée dans la cheminée.

Et demain vous ferez monter un baquet et de l'eau chaude, je vous prie...


Elle avait poursuivi dans la trame de la discussion en taverne, un sourire timide au visage alors qu'elle se retournait vers son compagnon comme pour chercher son approbation.
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Neils
Neils est mort en haillon, ivre, seul, perdu entre Sarlat et Cahors. Un pestiféré crevé sur le bord d'un chemin. Dans ses mains jointes, une épée d'excellente facture témoigne à titre posthume de son riche passé.


[Une semaine avant]

Arrivée à Sarlat. Dernier Acte

Arrivée dans la souffrance nocturne d'une froide et humide soirée d'automne. Neils claudique comme un animal blessé, il s'engouffre dans les ruelles de Sarlat à la recherche d'un abri de fortune.

La veille, au rythme d'une marche funèbre, au milieu de nulle part, Marie Caroline trébuche pour la énième fois de la journée. Neils s'agenouille, main caressante et rassurante, il sait, ils savent que cette fois si elle ne se relèvera pas.
Le coeur meurtrit par la douleur, sa main tremblante s'empare de l'épée, elle glisse de son fourreau dans un léger sifflement métallique. Les regards se croisent, la jument sait et supplie. La main devient ferme, le bras déterminé. D'un coup rapide et précis, l'épée se plante dans la carotide libérant dans un dernier reflux le peu de vie que la jument portait encore en elle.


L'Ecuyer tremble, en main l'épée forgée par la Fourmi, le sang perle le long de la lame finement aiguisée. Le regard vague, embrumé par les larmes, Neils pleure à l'abri des regards.
Cymoril
Pied des remparts de Laval...

Peu avaient le privilège de ces gestes. Mais il était le Pèlerin... Aussi le bras autour de son épaule n'avait provoqué aucun sursaut, aucune répugnance ou autre réaction incontrôlable. Elle s'était laissée entraîner en douceur vers le campement, accusant en silence et maîtrisant comme elle le pouvait la douleur sourde réveillée par les mots glissés à son oreille.

Et dis moi, fourmi, qu'est-ce qu'il lui arrive au spadassin pour pas t'accompagner ...

Alors elle avait mis le temps ; le regard dans le vague elle avait distribué quelques ordres, vérifié le rassemblement de la troupe, et donné ordre d'avancer... Avant qu'à nouveau ils fussent côte à côte, montures se frôlant presque pour conserver l'intimité de leur échange.
Les prunelles hésitantes effleurent le visage de Staron, osant à peine croiser son regard de peur qu'il n'y lise tout ce qu'il avait remué. De crainte de n'arriver à refouler encore le torrent qui ne demanderait qu'une épaule sur laquelle se déverser.
Mâchoires serrées, mains gantées de cuir crispées sur le pommeau de la selle, faisant face à quelques bourrasques glaciales qu'Eole jugeait bon de leur envoyer, elle finit par entamer un début de réponse.
Spartiate.
A son image.


Vous savez comment il est... Des choses importantes à faire... ailleurs... tout seul... la routine...

Mais l'intonation étouffée, presque brisée, trahit le propos.
Certes elle avait pris l'habitude de ses absences qui avaient jalonné leur vie commune, mais en dépit de sa mémoire flouée sur les dernières années, ce vide qu'elle ressentait, le manque d'Eux, le manque de Lui, comme l'empreinte marquée d'une longue errance de solitude n'en était que plus présent. D'une routine qui avait pris un goût d'éternité.

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Staron
Cliquetis des ferrures rythmé du pas lent des montures foulant les routes gelées du Maine, vent glacial saisissant chaque opportunité de venir brûler la chair de sa langue acérée, lumière blafarde d'un soleil couchant tentant de se faire oublier derrière les brumes hivernales le temps de rejoindre l'horizon, bien pâle escorte d'un lent repli vers Craon.

Le simulacre d'assaut a été vite oublié, comme d'ailleurs les gesticulation stériles d'une défense d'opérette. Restent pourtant au milieu du non-événement, des retrouvailles. Pas de celles qui font feu d'une liesse de circonstance, grandes parades et autres désillusions en puissance, ni de celles qui flambent d'avoir trop attendu, non. Juste celles qui s'accommodent de quelques sourires, d'une accolade, de quelques mots, voire de quelque grivoiserie désinvolte, comme si le temps avait repris tout net son cours pour quelques temps, sans autre forme de procès, celles d'un pèlerin et d'une fourmi.

Et la petite brèche qui s'y est glissée, par la désinvolture du pèlerin entrouverte, s'expose dans le silence assourdissant des paroles intérieures.

Quelques mots anodins, curieusement trop anodins, même pour une fourmi, comme là pour nier une douleur contenue.


Vous savez comment il est... Des choses importantes à faire... ailleurs... tout seul... la routine...

Un fil, que le pèlerin sent ne pas avoir à tirer, au risque de faire filer la fragile maille retenant une souffrance trop lourde à retenir.

Alors la main se tend, presque malgré lui, va à la rencontre, comme une nécessité qui s'impose à lui pour ne pas la laisser seule dans sa détresse.

Un sourire bien précaire, et quelques mots comme une espérance illusoire de soigner la plaie :


Aller fourmi, il t'oublie pas ton Césaire.
Cymoril
Filez moi une corde pour me pendre...

L'idée l'a déjà traversée aux heures les plus sombres. Toujours furtive.
En l'occurrence, elle apprécie là la démonstration de psychologie masculine, ou l'art de continuer de remuer le couteau dans la plaie sans même s'en rendre compte.

Un regard finalement assez froid, chirurgical même, revient scruter le visage du pèlerin. A croire que le temps ne s'écoule jamais de la même façon pour les uns que pour les autres.
Années de solitude pour elle tandis qu'il n'avait du voir le temps couler dans les bras de la Duchesse. Injuste, cruel, implacable Chronos que jamais rien ne détourne de sa tâche. N'est pas Nyx qui veut...

Pourquoi avait-il fallu qu'il le prononce ce nom ?
La bise souffle toujours en centaines d'aiguillons invisibles et pourtant si pénétrants. Ou bien est-ce parce que soudain elle se sent glacée de l'intérieur ?
Elle veut clore le sujet, au plus vite. Remonter ses défenses mises à mal et continuer d'avancer de son mieux.
En finir avec Cym et revenir au masque de Fourmi.


Oui ! voilà...

Elle force l'entrain dans la voix, le visage résolument tourné sur la route. Impatiente de voir enfin les remparts de Craôn, la chaleur d'une taverne, le chaleureux accueil d'un Fou...

On s'en jette une en arrivant Pèlerin !

Le sourire est franc même si les traits sont tirés, trahissant la lassitude qui s'est abattue et le regard encore un peu humide. Elle s'est un peu tassée sur sa monture, petite chose face au vent. Elle a encore choses à lui dire, message à délivrer.

....

Quelques jours avaient coulé doucement dans la chaleur des tavernes craonaises, alors qu'un Fou jouait d'inventivité pour renommer sans cesse la taverne municipale, et que tous restaient sur leurs gardes d'une éventuelle attaque mainoise.

Puis vint le soir où le Pèlerin vint annoncer son départ. Elle savait que cela arriverait et qu'elle se retrouverait bientôt seule avec ses souvenirs. Préparée au mieux, avec une bière tiède pour faire mieux passer le tout. Et là...
Elle s'était approchée de lui, un air curieux au visage et sans lui laisser le temps de se demander et demander le pourquoi de cette proximité, elle s'était hissée sur la pointe des pieds et avait posé ses lèvres sur celle de Staron, glissant une main froide sur la nuque de l'homme, alors qu'elle faisait passer ce baiser du stade de léger à fougueux.

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Staron
Surprise.

Si inattendue, que de longs instants s'écoulent avant qu'il ne réagisse, longues secondes qui voient le baiser s'enflammer. L'esprit court après les sensations, s'égare dans l'improbable confusion entre une fourmi et une Duchesse.

Mais à force de perspicacité, la conscience retrouve son chemin, la clairvoyance même bientôt fait ressurgir les travers d'un pèlerin à l'esprit tortueux. Le sourire intérieur qui nait alors n'a pas la couleur de celui que la presque-femme connait de l'homme. Peut-être même si elle en imaginait la teneur, s'en figerait-elle de peur.

Alors il laisse le baiser s'étendre dans le temps, tant pour lui laisser le loisir d'y prendre goût, que l'espoir de pouvoir y revenir. Bien pire, par la légèreté qu'il emploi à y répondre, il la laisse s'accrocher à ses lèvres, lui laissant la seule responsabilité d'avoir laissé s'éteindre ce contact charnel.

Et là, lorsque les lèvres se détachent, c'est une main d'homme qui vient effleurer la fragile silhouette qui lui fait face. Du revers elle balaie lentement la seconde peau de tissus, ne faisant se propager à travers que les à-peine-perceptibles flottements des articulations sur la maille du tissus.

Et tandis que les errements calculés de la main atteignent d'expérience la hauteur d'un sein, le regard vient se river dans les prunelles en vis à vis.


Fourmi est-elle en si grand besoin qu'on s'occupe d'elle ?
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Cymoril
Qu’il est doux de se soustraire au temps, de voler une fraction d’éternité pour se réchauffer l’âme.
Qu’il serait doux de se laisser emporter et griser pour se réchauffer le corps…

Surprise elle aussi.

Lentement les corps se séparent. A peine a-t-elle rosit. Un sourire lentement dessiné sur les lèvres rougies accompagne un sourcil haussé, amusé finalement.
La Fourmi frémit lorsqu’une main curieuse se pose sur une rondeur bien féminine, et un regard de biche croise celui d’un Pèlerin devenu carnassier. Elle ne fuit pas.



Et votre sens du sacrifice… Vous amène à vous proposer pour cette tâche… odieuse ?


Elle prend le parti d’en jouer et se glisse dans un rôle qu’elle interprète rarement. Sa main qui n’a pas quitté la nuque de Staron en effleure et en caresse la peau alors qu’elle se rapproche à nouveau, enjôleuse, à sentir le souffle de l’homme sur ses lèvres quand elle lui poursuit :


C’est mon message pour la Duchesse…


Ses lèvres retournent cueillir la bouche du Pèlerin, poursuivre un peu le jeu, parce qu’il a un goût particulier, et que pour une fois elle se sent femme. Bouches qui se fondent, langues engagées dans un ballet aqueux, et le long frisson qui lui parcourt l’échine vient lui rappeler la dangerosité du jeu. Tout comme ce qui se trouve réchauffé par une paume caressante ne saurait mentir sur ses besoins. Elle aussi se perd un instant, erre aux confins du dicible avant de mordre une lèvre pour les séparer sans s’éloigner.

... le baiser.
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Staron
Physique quantique, ou quand le passé est conditionné par le présent, quand l'espace des possibles se résout par le constat objectif.

La main n'est pas curieuse, elle sait. Chaque errance de façade la rapproche de son but. Elle sait son effet, elle sait que l'objectif est lu, entendu, attendu.

A la provocation des mots, le sourire s'installe sur les lèvres, mais aucun mot ne s'en échappe. Au contraire, la main se retourne alors pour venir se resserrer à travers le tissus, de la partie la plus charnue venant envelopper le pli du sein, pour laisser pouce et index entourer l'aréole qu'elle devine.

Lorsque la pression sur la nuque s'intensifie, il est temps de prescrire une autre réalité, celle empreinte d'une perversité qu'elle ne peut soupçonner. Pas encore.

L'homme impose sa force à frêle fourmi pour la faire lentement s'adosser au proche mur. Aux lèvres qui s'imaginent goûter à nouveau au ballet des salives, il répond, dans un léger sourire, par un regard qui ordonne l'immobilité.

Alors la main figée s'anime à nouveau, lentement s'ouvre pour venir reprendre plus largement le corps du sein, et mieux réitérer le massage jusqu'à l'aréole, mieux venir emprisonner de ses doigts le téton qu'elle veut faire se tendre.

L'homme, lui, les sens en éveil, savoure l'effet. Il observe, détaille, guette, à chaque réitération de la prise, la module, l'adapte, pour mieux la faire coller à l'envie qu'il veut voir s'épanouir.

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Cymoril
Quand jouer s’avère de plus en plus dangereux…

Le combat intérieur s’installe, entre raison qui domine depuis si longtemps qu’on en oublie presque le sens du mot plaisir, et désir qui dans le cas présent serait presque synonyme de fringale d’enfer.
Ou encore soin à personne en danger, de s’étioler, à en jaunir et perdre les derniers pétales.
Pousser encore ou admettre et se rendre. Evaluer le prix de l’acte et les conséquences…

Le souffle est retenu quand les battements du cœur eux s’affolent, alors que l’esprit s’égare en récriminations sur le fait d’avoir abandonné tenue plus spartiate sous prétexte de relâche post armée, d’avoir laissé libres de contention ces foutues rondeurs jugées par elle trop imposantes. Fou le genre de pensées à la con qu’elle peut avoir en un moment si peu adéquat ; à moins que ce ne fut simple moyen de défense, ultime déni d’accepter ce qu’un corps peut crier contre la raison qui s’y oppose.

Acculée contre le mur, petite et frêle face au Pèlerin, devenu prédateur. Le jeu a changé, pris un cours plus sérieux. Et pourtant elle n’ôte pas sa main de la nuque de l’homme, et ne rabroue pas non plus celle qui se joue d’elle. Trop occupée à frémir de tout son long, sans même chercher à le dissimuler, à contenir une respiration lorsque les doigts effleurent la zone sensible de cicatrices alençonnaises… Ou à refouler un non souvenir, la douleur du réveil après, et de la peur qui s’invite à l’instant présent. Le recul presque imperceptible ne fait que l’emprisonner plus de la cloison dans son dos, alors qu’elle fouille un regard pour se rassurer.

Après tout, c’est Staron. Il ne lui ferait pas de mal, il ne fait que.. jouer. Parce qu’il y a la Duchesse, même absente. Et que…
L’esprit se perd encore, se dilue au fil des sensations, quand le corps se tend un peu, pour réclamer plus, d’un bassin qui voudrait vérifier si lui aussi est troublé plus qu’il ne faudrait, qu’elle se voit obligée de se mordre la lèvre pour contenir un gémissement qui voudrait s’échapper.


Foutu Pèlerin…

Ca c’est le sens de la répartie plus ou moins aux abonnés absents, alors qu’elle réprime l’envie de l’attirer à elle, mais qu’une cuisse se lève et va frotter celle de Staron. Passion du jeu… ou celle de voir jusqu’où ils iront.

C’est… mal…

Ou quand la bouche énonce le contraire de tout ce qui flotte dans l’air… Mais le dire quand même, pour elle. Prononcer son nom peut-être aussi et briser là.

Lucky…Dans un souffle qui la trahit par son timbre voilé…
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Staron
La prise est imposée, nette et sans concession, mais nulle contrainte n'est faite, laissant à tout instant liberté de mettre un terme à la scène qui se joue. Pourtant elle accepte, son corps trahit même son envie, cette demande, cette soumission volontaire aux exigences de l'homme, soumission maintenant si bien installée que la main n'a plus besoin de faire pression.

Les mots, les uns après les autres, glissent sur les projets du pèlerin sans les affecter d'aucune manière, pas plus d'ailleurs que la cuisse qui par son contact tente de proposer une voie qu'il pourrait ne pas choisir. Pire, ils viennent encore renforcer la charpente des développement imaginés par l'esprit tortueux du pèlerin.

La main s'ouvre, lentement, laissant au sein le temps de s'adapter, au corps d'être physiquement libéré, sans se défaire de l'emprise morale, sensuelle. Puis la paume largement exposée glisse sur le tissus, venant seule solliciter le téton déformant la maille, rejoint l'autre, puis revient au premier, deux fois, trois fois, et à la quatrième, s'arrête à mi-chemin.

Le regard, lui aussi quitte sa position dominante, comme si sa présence n'était même plus nécessaire, comme si la vérification du rapport d'asservissement était devenu superflu.

Le tissus voilant le buste est alors analysé, détaillé, guidant la main dans son exploration des possibilités, jusqu'à ce que le pulpe des doigts vienne au contact de la peau nue.

Là, le sourire toujours finement posé sur les lèvres accompagne le regard lorsqu'il remonte au visage.

Car l'emprise sensuelle doit être suivie au plus près lorsque les braies sont déliées, lorsque la main s'offre le droit d'accéder à l'intimité de la fourmi, lorsque les doigts viennent envisager leur nouveau domaine.

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Cymoril
Le regard du pèlerin n’est plus subi et pour cause. Les yeux mi clos elle se laisse transporter, abandonne la carapace fourmiesque pour n’être qu’une femme soumise au joug de ses sensations. L’esprit cède peu à peu, renonce presque à lutter contre la raison qui devrait s’imposer.
A peine l’étincelle d’une conscience qui s’agite et lancine, cherchant à trouver écho. Continuer encore, parce que c’est lui… Arrêter, parce que c’est lui. Autant de raisons d’un côté que de l’autre.
Jusqu’à ce que...
Une main invasive qui voudrait la fouiller, et le corps lui-même se rappelle et s’insurge. Alençon et la douleur, d’un réveil déchiqueté… Elle se fige, elle qui n’était quelques secondes plus tôt que longs frémissements, et la raison se fond et rejoint la résolution du corps. Une main ferme arrête celle de Staron, et les prunelles de la Fourmi se font plus résolues.


Non.

Si ses narines frémissent ce n’est désormais plus de désir. Il s’est envolé au moment même où le souvenir s’est imposé. Brutal et destructeur. Et le froid ressenti est étranger à la température hivernale.
Finalement elle avait du s’éteindre ce jour là, et en parler ne servirait à rien. En attente, le regard se détourne et lutte alors que perle une goutte salée qu’elle maudit intérieurement.

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Staron
Les doigts ont à peine atteint la pilosité féminine que le poignet est saisi, fermement, en même temps que les prunelles perdent leur vulnérabilité.

Non

Lorsqu'un fil est coupé, il ne peut être renoué.

Terrible, terrible dureté dont le pèlerin peut faire preuve.
A ces instants, tout ce qu'il redoute du monde qui l'entoure, il le prend à son propre compte.

Les lèvres perdent toute expression, le regard se fait froid, l'esprit de l'homme ne cherche plus à guider, pas même à comprendre. A la larme qui fait surface, il ne répond que par la main qui se retire. Toute la chaleur dont il est capable se dissipe, toute la surface chaude qu'il présentait quelques instants plus tôt se fige instantanément, ne laissant au contact que les craquelures d'une croûte solidifiée trop brutalement.

Le bras se redresse, prenant l'angle qui fera immanquablement la prise céder sans avoir à forcer. Quelques pas de recul mêlés d'un pivot, et la main vient se saisir de la besace.


Je dois partir.

Tandis que le regard quitte la silhouette fourmiesque, un murmure file d'entre les lèvres.

Et il me faut maintenant trouver un autre présent à offrir à ma Duchesse.

Le léger sourire narquois qui suit n'est pas perceptible.
Les pas eux entament de claquer le long du chemin désormais tracé par le regard.


A une prochaine fois fourmi.
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