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[RP] Petite balade en eau trouble

Cymoril
Elle aurait voulu expliquer son geste, ses contradictions, mais les mots meurent avant de franchir la barrière de l’oralité. Glacée par le Pèlerin devenu froid et lointain, inconnu.

Ainsi, elle n’était qu’un jouet à rajouter à leur collection. Plus d’un fil viennent de se rompre, le tissu ténu de la confiance déchiré dans l’histoire. Et la voix de siffler, insidieuse : "Que croyais-tu ? Qu’ils étaient tes amis ? Tu n’en as pas, tu es toute seule, arrête de te leurrer…"

Une bouffée de colère, et la voilà s’imaginant dessinant un sourire écarlate sur la pomme d’Adam de l’homme. Ce ne serait que justice. Mais la colère n’est pas un défaut dont elle est affligée, et la vision se dissipe aussi vite qu’elle est apparue. Ne reste que cette douleur nouvelle, qui prend place et rejoint les plus anciennes.
C’est un visage blême qui souffle les derniers mots, accompagnant la sortie :



Je ne crois pas, non…


Un long soupir de lassitude voit la porte se refermer sur la silhouette de Staron, et elle reste là un moment avant de quitter la place à son tour.
Peut-être est-ce ce soir là que le froid a saisi ses poumons, marquant plus physiquement cette résignation à écouter enfin le poison qui la ronge depuis si longtemps. Bientôt il serait temps…

_________________
Thorvald_
Quelque part dans le Sud Est - Maudits Italiens

Voici ton Royaume ma Princesse !

A perte de vue, s'étendait la garrigue qu'ils avaient décidé d'investir comme leur domaine. Une petite fée était tombée dans les bras de Thorvald, toute fraîche sortie non pas du couvent mais d'un bordel parisien, où, il y avait une dizaine d'années, il avait connu l'amoooour-le-vrai (il était jeune) avec la délicieuse et plantureuse Rose. De cette idylle était née ... une fée. D'un géant et d'une rose, que peut-il bien naître d'autre ?
La mère était morte. Puis la maquerelle, lassée de nourrir l'enfant, l'avait fichue dehors.

A leurs côtés, confiée à la protection du colosse par une ancienne et "diabolique" maîtresse, une petite donzelle qui aurait tout aussi bien pu être sa fille, mais dont les origines mouvementées ne permettaient pas d'en être certain. Aussi se permettait-il de reluquer ses jambes sans vergogne. Jambes qu'elle avait très fines, mollets galbés, faits pour la marche et la bagarre.

Et de bagarre, ce soir-là, il y en eut dans la clairière où ils avaient établi le campement. Les maudits Italiens n'avaient pas voulu donner le droit de passage sur leur lande. Scandaleux. Mais pas si grave, le petit groupe resterait encore un peu, avant d'aller cueillir des champignons plus loin ... Ou pas. Après tout, on était bien, le feu était vif, les filles montraient leurs bleus. Que demander de plus ?


Encore un peu de saucisson, les filles ?


Le colosse sourit en coin en les regardant. Elles feraient plus tard de fameuses jeunes femmes. Il se ferait un plaisir de les former à sa façon. Indépendantes, hargneuses et douces à la fois. En parlant de douce ... Il ressortit une lettre de sa poche, la relut avec plaisir et y répondit en ces termes :

Citation:
Ma tendre étoile,

Je suis avec ma fille et ma presque fille, que rêver de mieux ? Bon, nous allons revenir pleins de bleus, mais nous sommes heureux.

Revenir ... et me blottir contre ton aile, caresser la joue fine d'Anaïs, et convoiter le sein qu'elle tète. Dis-moi que tu es restée à *** ma toute belle.

T.


Puis il surveilla l'envol de son pigeon, quelqu'un ici étant adepte de cette viande si tendre ...
Elektra.
[Avant]

Enfin il lui avait donné rendez vous ! Enfin elle allait savoir ! Enfin son entrainement allait peut-etre servir à quelque chose !

Il faisait froid ! Qu'elle idée aussi de rester en sous-bois en plein hiver ! Non franchement, c'était pas aussi facile que tout le monde le disait ! Je faisais tourner mon baton dans mes mains, histoire de m'occuper. Pas évident d'attendre le péquin sans s'endormir !

Je jetais un oeil sur le "pater" puis sur la petite. Elle était assez trognon, meme si je n'aimais pas spécialement les enfants. Et puis elle était amusante, avec sa petite voix et ses petites mimiques.

Soupire ! Je vérifiais que ma besace était bien accrochée en travers de mon dos, resserrais les lacets de mes bottes, rejouais un instant avec le baton ....

LE signal ! Ca y était, le moment était arrivé ! La veille on avait croisé une armée, pourvu que ce soit plus simple ce soir
!

[Pendant]

Plus simple, ca le paraissait. Ils étaient deux, visiblement étrangers de par la langue qu'ils parlaient. Novices en action, les coups pleuvaient, n'atterrissaient pas vraiment où il fallait. Par contre, ceux qu'elles recevaient étaient parfaitement .....parfaits !

Ouch !!!!!

Un genou à terre, je gémis ! Crotte, je n'avais pas prévu qu'ils soient aussi forts. Ils avaient mangé plus de pigeons que moi, c'était certain !

Aieeeee !!!!!!!

En pleine tronche ! J'avais la joue en feu ! L'homme s'éloigna, pensant que j'avais mon compte. Il n'avait pas tord d'ailleurs, je ne me relevais meme pas.

Pas facile tous les jours d'etre la presque fille de Thorvald
!

[Après]

Encore un peu de saucisson les filles ?

J't'en mettrais du saucisson, moi ! J'étalais ma cotelette sur ma joue enflée, arrachant avec rage un morceau de saucisson avec mes dents.

Je jetais un oeil à Thorv, il ne semblait pas etre si mal en point
.

On tend l'autre joue ce soir ? Tant qu'à faire, que ca donne le meme teint des deux cotés !

Je ricanais en grimacant sous la douleur. Puis regardais le pigeon prendre son envol. Enfin, pour moi c'était empalé sur une broche qu'il était le meilleur.

C'est pour une amoureuse ?.....
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« A solis ortu usque ad occasum »
Maureen
Quelques part dans le sud est... Ou quand une Princesse retrouve ses terres !



Ah n'était elle pas mignonne la fée ? Ses cheveux ébène voletant dans le vent froid, ses yeux gris brillant de joie et de malice... Ses vieilles chausses laissant des marques bien visible dans la neige. La gamine n'avait pas dix ans, et elle était promise a un grand avenir... Celui d'être une Princesse ! Mais pas la Princesse de n'importe ou non ! Elle c'était une Princesse des Grands Chemins ! Et de la Lande aussi ! Et Parisienne la dessus en plus !

Faut dire que c'était pas une de ces greluches élevées au couvent ! Non, non ! Cette princesse elle avait vécue dans la maison du diable ! Dans un lupanard ! Dans une maison de charme... Bref, elle était fille d'une rose et d'un géant ! Pas de plus beau mélange...
D'ailleurs cette nuit la accompagné de son père et de sa presque demi sœur, la gosse avait décidé de prélever un impôt sur ses routes...

Malheureusement ce soir là, les italiens n'avait pas été d'accord avec ça... Et les rustres n'avaient pas hésité à tapé sur la petite fille... Résultat la gosse n'avait versée aucune larme, mais elle était toute contusionné ! Assise pres du feu, sa cheville droite enflée comme pas possible entre ses petits doigts. Elle comptait ses bleus en souriant et en riant ! son père proposa du saucisson et basculant sur le ventre elle tendis sa mimine vers le paternel !



Oh oui pa' du saucissonnn ! Ca m'rendra p't'etre plus rapide pour éviter les coups qui sait hihi !


La gosse jeta un regard malicieux sur sa presque sœur qui ne semblait pas être d'aussi bonne humeur qu'elle. Celle ci elle savait pas ce que c'était de se faire redresser par la Eleanore !

La gamine malgré sa cheville tordue, et toute les malheureuse partie de son corps qui la faisait souffrir tapa dans ses petites mains quand on lui annonça que ce soir elle y retournait !

Faut dire qu'elle se contentait de peu la Princesse ! un quignon de pain, un maïs et ca lui suffisait ! Mais la fichtre... Elle avait même du mal a manger pour dire ! Elle jeta un drôle de regard sur son ainée.


Mais pa' il a pas vraiment d'amoureuse. Les amoureuse c'est comme les n'amoureux ! Ça sert a rien ! Et ça fait des bébés!
D'ailleurs papa ! J'sais comment qu'on fait les bébés maintenant ! Avant de partir y a M'ssire ..... Qui m'a tout t'expliquer y tout y tout ! Avec des dessins et des fleurs ! C't'ai vachement plus compréhensible !
Thorvald_
[Et ils tendirent l'autre joue]

Mieux qu'une amoureuse, une vieille amie.

Thorvald laissa la petite répondre à sa place. Elle avait tout compris : pas d'amoureuse pour le géant. Plus d'amoureuses, le célibat lui allait comme un gant et pour rien au monde il n'aurait cédé sa place ici, dans les bois sombres où ils étaient venus pour se prendre des baffes, se geler les arpions autour du feu et manger du saucisson.

Oui, au retour, elles allaient pouvoir en manger de la viande, les frêles donzelles, affuter leurs lames et s'entraîner à faire peur.

Rien ne vaut quelques baffes pour faire rentrer l'apprentissage. Elles étaient pressées de partir, gaies comme des pinsons, et rentreraient endurcies. L'avantage, c'est que ce n'était pas le colosse qui les donnait, les baffes, mais des inconnus de passage.
Cela aurait terni son image de doux géant, voyons.


Tant qu'il y avait une histoire de fleur alors ...


Thorvald sourit doucement à sa fille, soulagé de ne plus avoir à expliquer ce que c'était que cette bouteille de lait.

Puis vint la nuit et son lot de voyageurs. Ils choisirent le mieux habillé et le plus mignon des trois. Tant qu'à faire, autant se faire plaisir. Mais une fois encore, ils s'enfuirent en boitillant et le père dut enduire les jambes et les joues de ses filles d'onguents spécialement prévus pour les bosses.


La première fois, ça fait toujours mal.
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X
Chef modérateur de La Cour des Miracles
Elektra.
La première fois, ca fait toujours mal ...........Et la seconde aussi !!!!

Tu parles ! Le type était seul ! Quoi de plus facile cette fois-ci ? Un beau brin, pas mal du tout, des cheveux blonds, des yeux bleux et une cape ......rouge ! Surement pour ca que le Paternel l'avait choisit !

*Fait pas la maline Elektra ! Il a une épée, toi un baton et tu n'as plus de cotelette !*


La bourse ou la vie !!!!

C'est toujours comme ca que j'avais imaginé que l'on disait. En tendant la main, évidemment. Mais finalement, le prochain coup, j'allais essayer avec un s'il vous plait !

Un coup d'épée en faucheuse, je sautille, trop contente de mon esquive. Retour d'avant-bras dans les gencives, je m'écroule ! Hé là ! On n'avait pas dit chacun son tour ? Un coup de pied dans un genou, histoire que je lui courre pas après, le gars pas peu fier s'en retourne d'où il vient ...............

"Rampage" jusqu'au feu de camp. La petite a l'air d'avoir pris aussi, le Thorv ronchonne. Il frictionne les jambes, les genoux, et tout ce qu'il peut .... humm, faudrait pas qu'il exagère non plus, le "presque" père, avec ses massages !


Du saucisson les filles ?

Marre de se cailler les miches, marre de se prendre des gnons pour rien, marre du saucisson, j'veux un pigeon grillé !

C'est le week-end, la pause syndicale, on déplace le campement, on verra lundi .............
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« A solis ortu usque ad occasum »
Petite Voix dans la tete, incarné par Elektra.
Un ange ? Sa conscience ? La voix du Diable ? Allez savoir qui je suis ! En tout cas, je fais en sorte qu'elle m'écoute. Elle est renfrognée, décue, meurtrie. Elle se croyait prete et voila que deux jours de suite elle se prend des branlées, les unes après les autres.

Sadique me direz vous ? Bah, j'aime voir la rage mettre ces humains hors d'eux. Ils sont si prévisibles. Soufflez leur dans une oreille, le doux murmure cliquetant d'un écu et ils vous suivront ....jusqu'en enfer si il le faut !


Elektra ..... Elektra .... Là haut au temple, aurais tu baissé les bras ? Les moines t'ont ils enseigné à broder et à pouponer ? Non ! A te battre, à sauver ta peau, à défendre ce qu'il peut y avoir de plus cher au monde : ta vie ! Alors retournes y ! Allez ! Bouges tes petites fesses .........jolies au demeurant .. hum .. pardon ........... bouges toi et retournes au bord du chemin, le destin, moi quoi, t'apportera une victime de choix ...........
Elektra.
Grr ! Grr et re Grr !!!!

Inutile d'insister ! On était nuls ! Des brigands avec deux mains gauches ! Des p'tits joueurs ! J'avancais lentement, je trainais meme mes chausses derrière Maureen et Thorv, dépitée de n'avoir rien ramené à part des hématomes un peu partout sur le corps.

La petite semblait en prendre son parti et le chef affichait son air de bonhommie habituel, comme si tout cela était normal, comme si ca n'avait pas d'importance. Oui mais voila ! Pour moi ca en avait
!

Elektra ..... Elektra .... Là haut au temple, aurais tu baissé les bras ? Les moines t'ont ils enseigné à broder et à pouponer ? Non ! A te battre, à sauver ta peau, à défendre ce qu'il peut y avoir de plus cher au monde : ta vie ! Alors retournes y ! Allez ! Bouges tes petites fesses .........jolies au demeurant .. hum .. pardon ........... bouges toi et retournes au bord du chemin, le destin, moi quoi, t'apportera une victime de choix ...........

*Grr ! Oui ! Petite Voix, tu as raison ? Mais tu es qui au fait ? Ah, peu importe ! J'y retourne !*

Prenant une allure plus modérée, de plus en plus lente, je finis pas me laisser distancer par mes compagnons et fit demi-tour. Je me mis à courir, reprenant la direction de l'endroit où on était à l'affut la veille.

*Hummm ...au fait Petite Voix ...arrete de reluquer mon derrière !!!*

Je souris, je sentais que cette fois-ci la chance serait de mon coté. Je m'asseyais dans un fourré, enroulée dans ma couverture reche et attendit, une heure, deux heures, peut-etre trois. Je sentais le sommeil m'attiré à lui lorsque .....

*Hé, hé ! Bonsoir beau blond !*

Ramassage du baton et pas de présentation. Je lui saute sur le rable, le jete à terre sous l'effet de surprise et lui donne un coup de pied pour faire bonne mesure. Après tout, j'avais mon compte de bleux, il pouvait bien s'en ramasser un ou deux.

Je tire sa besace, recule et l'entrouve, un oeil sur ma "première victime". Sourire satisfait. Une petite bourse avec quelques écus et des pains ! C'est pas trop mal pour une première fois
!

Sans rancune messire !!

Et je me sauve en courant, ramasse mes affaires et me carapate dans la direction où j'ai laissé les miens. Il sera fier de moi, j'en suis certaine !!!
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« A solis ortu usque ad occasum »
Maureen
Et il tendirent l'autre joue... Nuit du 27 au 28

Pour l'avoir tendue ça la princesse elle l'avait tendue ! Voyant sa presque grande sœur se faire attaquer, la gosse n'écoutant que sa témérité fonça sur l'homme planta ses quenottes dans le bras du sire et tacha de lui refiler des coup de pieds... Oui loin d'être classe comme manière de se battre, loin d'être efficace aussi... L'homme envoya une gifle monumental et la gosse s'écrasa par terre violemment, la joue égratigné, la tête heurtant violemment le sol. C'est pas une manière de traiter sa princesse !Mais la dite princesse n'a pas la force de se relever...

Y avait pas a dire la fille du colosse était KO !

Déjà que la première nuit lui avait apporter son lot de bosses et de bleu ! A moitié assommée elle se traina jusqu'au campement... A peine rentrée qu'elle dormait déjà !

Quand elle se réveilla son visage était plus que tuméfié, elle avait du mal a ouvrir l'œil gauche... Elle regarda autour d'elle comme elle pouvait... La gosse avait frôler la mort ! Elle adressa un petit sourire a son papa. La fée avait une sale tronche et une énorme bosse sur la tête ! Mais cela devait être ça le prix de son royaume ! Tant pis la gosse ben une fois remise de tout ses bleu et bosses y retournerais ! Mais cette fois la pas a main nue nan nan ! Elle mangerais et deviendrait supra trop forte ! Oui faut dire aussi qu'elle avait dix années la gamine et que ben se bastonner avec des grands c'était pas son habitude. D'ailleurs elle faisait pas le poids ! Mais qu'importe la princesse aimait cela ! Même si elle rapportait que des bleu y tout !


Nuit du 28 au 29, ou quand la Princesse se repose !


On partait ! Tant mieux fallait qu'elle se repose la gosse... Un bon verre de lait, un vrai lit ! Quoi de plus chouette ? Mais la presque sœur a foutue le camps ! Pas moyen de savoir ou elle se trouve ! Alors ils attendent, faut dire aussi que la gosse avec sa cheville foulée avance pas bien vite. La main posé dans celle de son papa la gamine boitillait.

Se plaindre ? Ou détester les routes ? Non jamais ! Elle en voulait encore et encore la môme ! La Princesse était un peu déçue de ses performances mais elle avait toute sa jeunesse et le reste devant elle ! Mais la il fallait qu'elle se soigne! Et qu'elle mange de la viande ! Plein de viandes ! Rien qu'ça ! Carnivore qu'elle va devenir !
Thorvald_
Le colosse montra du doigt la ville de *** à Maureen, puis jeta un coup d'œil au-dessus de son épaule, où la petite était perchée. Elle savait ce que l'amas de toits rouges serrées autour de l'église signifiait : repos, viande, soirée dans une taverne chaude à parler du passé, de l'avenir ... et à poser dix mille questions sur les sujets les plus embarrassants, auxquelles (comme il lui cédait tout) il répondrait de son mieux.

Ils descendirent à nouveau vers la forêt qui les séparait de la cité, silencieux, fatigués de leur sortie. Il y en aurait d'autres, pour se rattraper, Thorvald n'était pas inquiet. La seule chose qui l'agaçait était de reconnaître peu à peu la silhouette qui se profilait au bout du chemin, venant vers eux. Gracile, fière d'elle, et bien moins boitillante ... Elektra. Le colosse se contenta de froncer un sourcil, insatisfait de cette escapade imprévue, et attendit d'être à sa hauteur pour demander simplement :


Et bien ?

Si elle était fine, elle se rendrait compte que quelque chose clochait ...
Elektra.
Je reconnus aisément les deux silhouettes au devant de moi, cette mome accrochée au géant, c'était eux. Mes enjambées se faisaient envolées, j'avais réussi, et seule en plus, j'avais un sourire jusqu'aux deux oreilles et pour un peu, j'aurais chantonné si, en arrivant à quelques pas d'eux, je ne m'étais pas retrouvée face à un sourcil arqué, sur une trogne pathibulaire, à la limite de la grimace.

Mon sourire se figea, mes oreilles en seraient presque tombées lorsque j'entendis deux mots sur un ton sans appel
.

Et bien ?

Hummm ... il allait falloir le jouer facon poker pour m'en sortir, bluffer c'est à dire mentir !

Je .... j'avais vraiment trop mal, vous m'avez distancé et j'ai préféré me reposer pour pouvoir vous rattrapper ensuite. Tu vois ! Je suis là ! Et en un seul morceau !

Un sourire enjoleur, je m'approche tel une chatte visant le plus gros des matous, me coulant près de lui.

Tu vas pas te facher, dis ? Un battement de cils, une caresse qui frole, une petite moue aguicheuse. Pis tu sais, j'ai croisé quelqu'un....et il m'a gentiment "offert" sa bourse et sa réserve de pains.

Je sors de ma poche le plus petit de mes butins et le secoue allègrement, faisant tinter les quelques écus qui se trouvent dedans.

On boira à sa sante, une fois rentrés !
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« A solis ortu usque ad occasum »
Cymoril
[Lac d’Angers…]

Une Fourmi a repassé sa vieille bure. Quoi de mieux finalement pour parfaire l’illusion, si illusion il y a. Le regard un peu vague posé sur les ondulations calmes de l’eau, l’oreille à peine distraite par le clapotis discret des rames qui vont et viennent au loin, la tête dodeline doucement appuyée contre le tronc rugueux d’un saule penché. Et la voix d’une raison toute fourmiesque qui revient susurrer… Ne t’endors pas… Elle s’ébroue mentalement pour rester éveillée. Trouver un dérivatif devient pressant.. Un sourire triste apparait et une main tremblante tire un vélin froissé d’une poche de la besace…

Combien de fois l’a-t-elle déjà lu ? combien de fois les mots inscrits ont-ils trouvé écho en elle ? Pourtant elle relit, encore une fois, celle de trop peut-être…
"Mon amour…" avait-il commencé… Les sourcils se froncent, et la main se crispe sur le pli. "Mon amour…" des mots, rien que des mots, jetés sur un courrier comme un os à un chien. "Mon amour…" MENTEUR !...

Enfin… la colère est un bon moteur… Les mots éclatent dans son crâne sans franchir les lèvres. Limpides. Les mots mentent.. toujours… Seuls comptent les actes.. et il l’avait laissée seule, alors qu’il savait être son seul repère après Alençon… La valeur des mots ne pèse guère au regard de l’acte. "Mon amour…" et l’envie de se jeter sur le premier péquin qui passerait et… Non…

Elle s’ébroue.
Encore.
Vrai qu’elle a l’esprit en purée depuis quelques temps, que ses rêves sont devenus coupables et que ses sens en sont perturbés. Bien pour ça qu’elle s’est empressée de saisir le premier prétexte venu pour partir de Craôn. Cym avait pris l’ascendant sur la Fourmi… et il devenait urgent de recomposer le masque.

Minuscule silhouette qui se déplie et rejoint le bord de l’eau, laissant les vaguelettes venir effleurer le bout de ses bottes. Le vélin est lâché. Il flotte un instant avant de se laisser envahir par l’eau. Elle regarde l’encre se ternir, les mots devenir flous avant qu’il ne finisse par couler porté par le courant. Amour.. tu vois, les mots se diluent et perdent leur sens… Ils sont vains et vides…
Et déjà la colère se dissipe elle aussi.
Foutu caractère…

Un à un les vêtements sont livrés à la terre humide du rivage, jusqu’à ce qu’il ne lui reste rien sur le dos. Les pêcheurs égarés sont loin, et les autochtones sont aussi vivaces que les craônnais. Rien à craindre de ce côté-là. Et surtout… Elle s’en tamponne comme de sa première paire de bas. Un pied dans l’eau, et un frisson qui la saisit. L’eau est glaciale, mais elle avance. C’est tremblante, de l’eau jusqu’à mi cuisses, qu’elle se décide enfin à plonger. Le choc est instantané. L’onde brûle la peau de milliers d’aiguillons, qui dardent la chair sans relâche, plus douloureux encore à certains endroits plus fragiles. Mais elle insiste et s’éloigne légèrement du rivage, alors que le sang se met à cogner plus fort, qu’elle entend chaque battement de cœur comme un tambour dans ses oreilles. Portée par l’eau, les yeux perdus sur le ciel triste où quelques gros nuages cotonneux disputent aux rares rayons de soleil le droit de s’imposer, la douleur peu à peu se dissipe, anesthésiant le corps. Elle voudrait rester là, et se laisser couler doucement.
Ce serait…
Facile.

Si ce n’est ce détail qui la titille, la donnée manquante dans l’équation de sa mémoire trouée.
La rive est regagnée, comme une évidence qui s’impose. Le poison toujours présent, mais depuis le temps, il en est devenu presque rassurant.
Comme l’image d’une Fourmi trempée jusqu’aux os, tremblante, les lèvres bleuies par le froid, est ridicule. Regardez là s’agiter encore, comme si cela changeait quelque chose à l’inéluctable. Elle peut bien repasser une chemise sèche et toutes les couches de vêtements qu’elle voudra. Même s’acharner à sécher et tenter de discipliner sa lourde chevelure…

Revient la toux, sifflante, profondément ancrée… quelle bonne idée ce bain glacé… Attendre un peu de retrouver une respiration à peu près normale et reprendre le chemin de la ville, retrouver une vicomtesse pour le reste de la route. Et sourire, faire semblant. Important ça… faire semblant. Masque en place.

_________________
Ny.x




Là.


Omnisciente.
Omniprésente.


Depuis l’origine et jusqu’à la fin des temps.
Observatrice silencieuse parmi les étoiles antiques et les soleils moribonds,
Délicieux clair obscur qui embrase le monde, son immense main éthérée balaie d’un geste à peine esquissé tout le cotonneux hivernal qui croit les cacher à ses yeux. Repoussant d’un sourire faux semblants et déserteurs languissants.

A l’affut de ce monde qui palpite, curieuse toujours de ces âmes…
Certaines gesticulent, frénétiques, et pour mieux oublier les petites vilénies qui jonchent le chemin de leur existence, s’en vont confesser quelque gourmandise à un prélat à l’âme bien plus entachée que la leur.
D’autres se gaussent de richesses et titres accumulés, comme autant d’étiquettes pour mieux camoufler nombre de trahison.

Puis il y a toutes ces âmes bien pensantes, apposant leur jugement selon une échelle de moralité bien codifiée, condamnant chaque petit écart, chaque façon de pensée un peu trop libertaire.

Et il y a les derniers, les communs, qui composent avec ce dont la nature les a dotés. Tentant de traverser la route de l’existence sans trop se faire remarquer. Quelques menus péchés compensés par quelques bonnes actions. En maintien d’équilibre précaire…



Elle aiguise son regard et se recentre sur ses Enfants…

L’Ange toujours suit le Carmin, d’un chemin sinueux à l’horizon lointain. Le chant des engoulevents les accompagne, chairs et sangs les rejoignent et iront nourrir la mère nourricière. De fausses dévotions pour un pardon virginal, une candeur abandonnée, bafouée sur l’autel des vices en fausse sainteté.
Le Capitaine ourdit et calcule. Il balaie de sa flamme brumes et salades, alimente son ardeur pour un superbe carnage. Qu’importe que l’on mégote et médise, il avance à sa guise à l’embrasement du monde.
Sa Fille, elle, a fait mentir l’auguste haruspice. Silhouette diaphane toujours en marche, vient de jeter sa robe de patriarche. Funambule hésitante, guettant toujours le Nautonier. Mais le vaisseau palpite et cogne, furieux, quand elle tente de reprendre les rênes, niant les immondices, légère, aux sens renaissants d’un appétit colossal…


Dans les cieux immémoriaux elle se contente d’étirer un sourire invisible dans la trame du monde, satisfaite de les voir toujours en mouvement, quand tant d’autres ont fait taire leurs voix. La mélodie l’enchante même lorsque retentissent clameurs et cris d’agonies…

Après tout,
Qu’importe l’acharnement qu’ils mettront à éviter d’aller nourrir la Terre,
Le Temps n’a aucune prise sur elle.
Ils viendront tous à l’abri de ses bras infinis, se réchauffer l’âme lorsque tout serait fini…
Ils reviendront tous…


Au Primat.


A Elle.
Cymoril
[Dieu est un enfant qui joue avec une fourmilière…*]

Et quand on porte le si charmant sobriquet de Fourmi, difficile de ne pas en être consciente...


La nuit est déjà bien avancée, quelques étoiles scintillent faiblement au travers du voile nuageux, et la lune offre une lumière tamisée aux ruelles étroites. L’église. Une idée comme une autre, pour se désennuyer, et la dernière escapade dans les rues saumuroises avait prouvé qu’il n’y avait pas grand-chose à craindre… ni à espérer. Volets tirés et portes closes, les habitants cloitrés ne voyaient ni n’entendaient rien… Bien au chaud dans leurs chaumières, le chacun chez soi est de rigueur à la nuit tombée.

La demoiselle approfondit l’art d’éviter de trop se mêler à la junte locale, surtout que cela ne lui réussit guère. Journées passées plongée dans les livres ou sous la houlette d’un professeur, tout ce qui s’étudie est bon à prendre, pour s’occuper l’esprit sans cesse, même les matières les plus ennuyeuses qui soient… La leçon du jour, théorie sur le commerce, avait purement et simplement été supprimée et elle s’était retrouvée un peu désœuvrée, puis furax d’avoir poireauté pour des prunes. Et encore, si elle avait eu les prunes au moins. Mais non, que dalle. Et la petite dose de pavot avalée n’ avait rien changée à sa mauvaise humeur. Déjà qu’elle enrageait un peu de devoir suivre ce cursus idiot pour un tampon prouvant qu’elle maîtrisait le sens des affaires. Après tout, si on l’appelait Fourmi, ce n’était pas tout à fait pour les raisons qu’elle aimait donner pour avoir la paix…

Son pas léger résonnait quand même sur les pavés alors qu’elle grimaçait une fois de plus à cause de la pestilence du port et de ses étals poissonneux portée par une brise froide et qui venait déranger ses narines, et une main fine voletait devant le visage tentant de chasser ces effluves nauséabondes. En vain. Jusqu’à se retrouver devant la lourde porte de bois de l’édifice religieux.

La main posée dessus, elle hésite un instant, levant le nez vers le ciel pour y puiser l’inspiration avant de pousser la porte, alors qu’elle défroisse machinalement sa bure d’un revers de gant, le regard éclairé de cette obscure protectrice dissimulée au-delà de la trame du monde, un sourire légèrement flottant sur les lèvres… La petite carcasse pénètre dans la bâtisse déserte, repoussant les portes derrière elle, et s’engage dans l’allée centrale les yeux fixant la grande croix aristotélicienne dans le fond.. Quelques pas à peine, et elle se glisse sur un banc. Nul besoin d’aller plus loin, elle n’a pas pris option première de la classe en fréquentation de lieux de culte en tous genres. Pas faute d’avoir vécu longtemps juste en face d’une église pourtant.

Installée pour de longues heures, le dos appuyé contre le bois, les bras croisés, dans le silence froid de l’église, à chercher une trace de la présence de l’esprit divin. Un signe infime, n’importe quoi lui conviendrait, plutôt que ce vide, ce néant absolu qui la glace.
Tant de questions l’assaillent, tant de contradictions virevoltent et s’entrechoquent dans son crâne, alors qu’elle ne bouge que peu, prenant parfois appui des coudes sur le dossier du banc précédent, le menton posé sur ses mains alors que ses yeux restent fixes sur le symbole aristotélicien, supposer inspirer la foy.

Cym frissonne dans sa bure, se demandant si Deos voit un affront ou une reconnaissance à cet habit qu’elle usurpe et sous lequel elle se cache. S’il voit tout court aussi. Comprendre a toujours été son obsession… Savoir pourquoi ils étaient là… et obtenir une réponse autre que celle fournie par la Lumière, "Si on est là, c’est parce que nos parents ont eu la bonne idée de s’envoyer en l’air"… Merci chéri tu m’as beaucoup aidé là… Plus terre à terre tu meurs. Ce qu’il avait fait d’ailleurs, le con.

Paupières à demi closes dans la pénombre, elle s’imagine une fois de plus deux roitelets séniles se disputant pour quelque territoire, aussi cruels d’indifférence l’un que l’autre, prêts à balayer d’un caprice ceux qui les servaient sans se préoccuper le moins du monde de leur sort, jouant une partie sans fin sur l’échiquier universel... Règles du jeu mystérieuses, desseins obscurs inacceptables de malice. Deos et le Sans Nom, irascibles et capricieux, maintenant leur emprise sur les hommes sans jamais être satisfaits. Elle éprouve une certaine tristesse de n’arriver à ressentir cette béate sérénité dont le commun est gratifié et qui lui permet d’accepter une existence sans passion. Trop pragmatique pour avoir la foy. Elle sait. Chaque jour miracles et preuves divines tombent sous forme de barques et autres facétieuses offrandes sur la gueule des poivrots… ne pas savoir serait un manque grave de lucidité… Surtout quand on est déjà morte deux fois. Mais il était si lointain, si peu enclin à œuvrer pour soulager sa peine…

Les sourcils se froncent à mesure que son esprit divague, et ses doigts légers vont effleurer une lèvre meurtrie, s’y attardent comme pour lui permettre de canaliser ses errances. Et de recentrer sa colère, froide et profonde, sur ce dieu si peu miséricordieux qui refusait de la laisser accéder à sa mémoire… Elle se fiche du salut, de savoir s’il vaut la peine que tant se donnent pour le gagner. Elle n’a jamais supporté le tiède, et attend d’un feu qu’il brûle et dévore… Et pourtant. Et pourtant elle est là, cherchant encore à savoir pourquoi. Si elle a fauté, à quel moment… et la perte d’une partie de ses souvenirs n’aide pas. Forcément. Dans le pire des cas, elle s’en tamponnerait le coquillard comme de sa première paire de chausses, couleur terre, ça par contre, elle s’en rappelle. Mais la plus importante chose de son existence par contre. Elle savait. Mais ne s’en rappelait pas.

Elle avait essayé de nombreuses plantes utilisées par les voyants pour provoquer transe et visions, mais il lui échappait toujours. Serment.. Et elle culpabilisait d’autant plus, s’enfonçant dans une sorte de cercle sans fin dont elle n’arrivait à s’échapper. Pourtant dans l’oubli elle avait trouvé une sorte de réconfort avant ça, avant de partir en quête de ces années oubliées, pèlerinage qui l’avait menée à la vérité. Pas la vérité ultime, connaissance de choses qui intéresseraient les autres, mais une simple vérité qui la touchait elle, dépouillée, crue et douloureuse. La brunette l’acceptait avec une forme de sérénité froide. Ou de colère sourde. Alors qu’elle replaçait chaque élément dans son contexte, comme une simple spectatrice, analysant les évènements sans la mémoire du vécu, et que se dessinait le désir de vengeance.

Contre celui qui avait cru un jour qu’une paire de burnes lui avait poussé en demandant la tête d’un enfant de six ans, simple nom perdu au milieu d’une liste de racailles notoires, contre celle qui avait tenté d’arracher au même enfant la promesse de rentrer dans le rang sous peine de se voir infliger l’irrémédiable, contre celui qui l’avait plantée toute seule alors qu’elle était complètement perdue et qui avait menti par omission… Oui, certains allaient manger. Et ils ne sauraient sans doute pas pourquoi, peut-être même ne sauraient-ils même pas d’où cela venait… Ce qui rajouterait du piquant à la saveur d’une vendetta orchestrée de longue haleine.

Les prunelles se détournent lentement de la croix qu’elles ne voient plus à force d’être posées dessus, l’esprit divin ne s’était pas manifesté. Un rictus fugace se dessine sur les lèvres de la demoiselle, à quoi s’attendait-elle… Si c’était l’apaisement, elle en était très loin.
Les premiers rayons de soleil, pâles et hésitants, traversent à peine les vitraux de l’église, signe qu’il est l’heure de partir, avant que les bonnes âmes ne viennent pour leurs dévotions… Une main lasse replace une mèche de cheveux noirs derrière l’oreille alors qu’elle déplie sa petite carcasse pour se lever, défroisse machinalement sa bure avant de sortir dans un silence quasi religieux.
Sans aucune réponse.



*Constantine.
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Cymoril
Il est venu le temps des cathédrales...


Fin d’après midi où les heures s’étiraient en longueur au point qu’elle en maudirait presque Chronos dans sa technique douloureuse d’écoulement du temps.. L’ennui, le fait d’avoir raté un cours qu’elle aurait apprécié d’entendre, sur l’intempérance et le plaisir, ne serait-ce que pour comprendre comment on pouvait imaginer les opposer… C’est qu’elle en aurait eu des questions à poser si on l’avait laissé entrer en classe… Bon. Il faut dire aussi qu’à force d’ennui, elle était arrivée à la bourre. La sieste au bord du lac ayant tiré en longueur aussi.. Les légers clapotis de l’eau, les odeurs de mousse fraîche, les clameurs lointaines des pêcheurs qui lançaient leurs filets.. Tout l’avait bercé, et il avait été difficile pour ne pas dire ardu de sortir de sa langueur. D’où le retard, la porte fermée et ses pas qui l’avaient menée presque naturellement au parvis de la cathédrale…

Un léger sourire se dessine sur le visage de la petite demoiselle.. Une si grande bâtisse et si peu d’usage. Pas les fidèles qui se pressent au portillon. Façon de parler pour le portillon, la lourde porte à double battants étant évidemment en parfaite adéquation avec le reste de l’édifice. Mais il n’en restait pas moins cette sensation qui se dégageait du lieu, d’abandon et de désintéressement profond des ouailles.
Elle n’avait même pas aperçu la moindre bure, en dehors de celle qu’elle avait remisé dans ses affaires le temps de cette visite en Bourgogne. A croire que vraiment la ville et ses âmes étaient livrées à elles mêmes… Et un air de décadence annoncée flottait doucereusement dans l’atmosphère. Ou alors juste ces fichus relents de poissons qui reviennent lui agresser les papilles et lui donner un court instant un petit côté verdâtre si peu seyant à son teint ivoirin… Juste avant qu’elle ne pousse un battant grinçant pour s’engouffrer dans l’immense cathédrale, le repoussant doucement pour effacer tout signe de présence…

La douce lumière qui pénètre les lieux par les vitraux et va baissant, inonde les rangées de bancs de coloris chauds, contrastant avec la froideur des murs… Ou tout simplement est ce parce qu’elle n’arrive toujours pas à ressentir cette présence pourtant recherchée. A u fil des pas, la poussière du sol se soulève sous les mouvements de ses jupes longues, et le nez se plisse à mesure qu’elle s’avance. Un reste de parfum lourd et capiteux vient relancer son estomac déjà soulevé par les effluves nauséabondes en provenance des étals du marché portuaire… Le pas s’accélère jusqu’à ce qu’elle atteigne une fenêtre. Haute la bougresse.. Enfin haute pour une petite stature comme la sienne. Mais comme elle a appris depuis longtemps à se servir de son environnement pour compenser, son regard cherche déjà de quoi faire marche pied, voir plus, pour atteindre la poignée et ouvrir pour faire entrer un peu d’air frais…
Un banc est tiré jusque sous la fenêtre, rajout encore d’un prie dieu par-dessus... et elle grimpe sur les boiseries pour enfin laisser l’air du soir tombant s’engouffrer en une bise silencieuse…

Un saut de fourmi et elle retourne dans l’allée le pas plus léger, le nez enfoncé dans son col et ses effluves légères, la voilà qui se glisse sur un banc pour méditer sur la tempérance. Parce que c’est son domaine de prédilection, la tempérance. Peu encline à faire démonstration de ses sentiments, le masque léger de la Fourmi aidant grandement, elle avait appris au fil du temps à n’opposer qu’une image aux autres, leur renvoyant la plupart du temps que ce qu’ils s’attendaient à trouver, jouant la simplicité, à la limite de la stupidité souvent… La tempérance en seconde peau. Ses colères restaient froides et muettes, contrôlées, ses passions.. discrètes… et rien n’en trahissait jamais la violence.

Le blond avait-il décelé à quel point elle voudrait le voir mort lorsqu’ils s’étaient rencontrés quelques temps auparavant ? Le mal qu’elle brûlait de lui faire ? Pourtant elle était restée courtoise et distante, affable même… Le temps d’apprendre à connaître l’ennemi, il était idiot de lui faire sentir qu’il était un mort en puissance.
Certains y verraient sans doute de la ruse plutôt que de la tempérance. Pour elle c’était une mesure salutaire que de s’obliger à la maîtrise. Ne rien montrer pour ne donner aucune prise aux autres… Se livrer c’était armer l’autre… Et à force de leçons elle avait appris.

Le front se plisse doucement, une pointe de douleur, furtive, lui a traversé le crâne, et machinalement la main se glisse dans la poche pour en tirer la blague contenant le pavot travaillé. Petite boule extraite et rapidement mise en bouche, sous le regard de Deos, aussi indifférent à ce qui pouvait bien se passer dans la cathédrale que dans la tête de la demoiselle. Sinon il aurait donné signe de présence… D’un souffle menaçant, ou d’une chaleur réconfortante… Mais jamais il ne semblait enclin à manifester sa présence, en dépit du profond désir qui animait Cym. Et elle s’en trouvait de plus en plus désappointée et en colère contre le Très Haut et cet abandon.

Un doigt fin se pose sur sa lèvre inférieure alors que se dessine un sourire discret, caressant une meurtrissure, le regard brillant sur l’autel, avant de constater que le soir tombe et qu’il est temps… C’est qu’elle a faim la demoiselle.. La cathédrale est quittée dans un silence quasi religieux, si ce n’est le bruit de ses pas légers sur les pavés…

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