Sorianne
Sa sur. C'est ce qu'elle avait trouvé comme excuse pour pouvoir s'échapper de son quotidien et venir retrouver une fourmi et un chirurgien inquiet. Il ne lui fallait plus que la bénédiction du curé sous la coupe duquel elle se trouvait, ne serait-ce que pour avoir la conscience tranquille. Oh elle lui avait promis ce qu'il voulait s'il la laissait filer les quelques jours qu'il lui faudrait. Aider sa sur... Une excuse comme une autre, puis s'il les voyait toutes les deux, il ne pourrait pas vraiment trouver à redire... Petite taille, des cheveux de jais... C'était faisable...
So sortit de nouveau le courrier caché au milieu des plis de ses jupes. Les pommettes rougirent à nouveau à la lecture. Il fallait bien dire que le souvenir du Maure était des plus chaleureux... Non content de l'avoir plongé dans du coton pour la recoudre, il avait su lui tourner les sens rien qu'avec un regard... Ce jour là au bord du lac, si elle n'avait pas été retenue par les liens qu'elle essayait de maintenir avec Colhomban, par le souvenir cuisant d'un prêtre au dessus d'elle et par le fait que LUI il soit parti... Pouf, elle s'empourpra. Si le prélat arrivait maintenant et qu'il la voyait ainsi, nul doute qu'elle aurait droit à une remontrance... Peut-être pire. Elle préféra éviter de penser à quoi s'en tenir s'il mettait la main sur le pli d'ailleurs...
L'Asile. Petite taverne discrète de Craon. Elle s'y glissa et ce ne fut pas une surprise de n'y voir personne. Le jour où elle verrait quelqu'un dans ces tavernes... Un soupir et plongeant dans sa besace, elle en ressortit de quoi rédiger une réponse. Le zoizeau magique qui lui avait amené le courrier se trouvait au pigeonnier, il suffirait de remettre la main dessus. Accoudée à la table devant un vélin propre et pas trop froissé, la noiraude relut une énième fois le courrier. Elle avait cherché aussi à en savoir plus sur ces Princes qu'elle ne connaissait point. Et ça ne semblait pas rassurant... On lui avait toutefois apprit une chose plus qu'utile : c'était à Paris!
Achim al Qasim ibn Farad
Fiou...
Oué, ça c'était du nom. Et elle prit bien soin de relire un nombre de fois incalculable tout en comparant avec la signature, afin d'être sûre de ne pas avoir oublié une lettre ou de ne pas s'être trompée dans l'ordre de celles ci.
Voilà un nom bien dur à prononcer, et encore plus à écrire! Pardonnez moi de l'avoir ébréché la fois dernière... Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de... Enfin non, oublions.
Vous me parlez de moi, vous me parlez de Fourmi. Mais et vous? Racontez moi!
Je ne vous en veux pas pour la dernière fois à Montauban. A dire vrai, je crois même que c'était bien mieux ainsi. Et si la dernière fois que je vous ai écris, je vous ai dit regretter (ce qui n'est pas foncièrement faux), c'était surtout parce que mon fiancé venait de m'annoncer qu'il valait mieux mettre un terme à nos liens. Seulement, même si vous étiez resté et que j'avais été aussi libre que le vent à ce moment, je ne suis pas sûre que tout ce serait déroulé comme dans un rêve... Peut-être serait-ce différent maintenant. Je n'en ai aucune idée en fait...
Oui, comment serait-ce maintenant? Avait-elle encore ce maudit blocage qui lui avait valu la perte de son fiancé? Fuirait-elle encore un contact trop rapproché? Elle n'en savait rien, se contentant de se débattre vainement et avec de moins en moins de conviction, sous les assauts de son bourreau... Une moue perplexe s'afficha, et le nez se fronça en un air contrarié et dégouté. Comment pourrait-elle s'épancher sur ce sujet? Comment pourrait-elle penser une chose et faire le contraire, ou vis versa...? Impossible...
Concernant Dieu et les péchés qu'il tolère ou non... Je vous avoue que je préfère ne pas m'étendre. D'autres ont tenté de m'ouvrir les yeux à ce sujet, mais il a le don de m'embrouiller l'esprit au point que j'en oublierai presque mon nom. Je sais d'ores et déjà que je suis condamnée à la Lune pour des millénaires, aussi je fais de mon mieux pour que mon enfant ait sa place au Soleil. Du moins je m'y emploie... Du mieux que je peux... Même si j'ai bien du mal à écouter les conseils prodigués pour ce faire.
Et bien du mal à obéir. Et du mal à se soumettre. Et du mal à se laisser manier comme une vulgaire poupée... Au grand Dam du Père Scopolie qui allait bientôt trouver un remède à tout ceci à l'insu de la noiraude.
Fourmi... Je ne connaissais pas ces Princes de Saint Martin dont vous avez parlé. J'ai cherché de mon côté et comme vous, j'ai deviné que ce n'était en rien rassurant. Ainsi c'est là qu'elle se rendait. Elle m'avait parlé de... Frères? Si ma mémoire ne me fait pas défaut? J'ai naïvement pensé que ce n'était rien... Même si son au revoir sonnait comme un A Dieu...
Je vais être bien impuissante à la protéger malheureusement... Et je me sens des plus inutiles maintenant. Je peux essayer d'écrire au colosse dont elle a parlé. Essayer de le convaincre... Et je vais essayer de me libérer afin de monter à Paris... Y êtes vous? Je n'y suis allée qu'une fois et ne connait rien de la capitale. J'aurai tôt fait de me perdre et de disparaitre dans un quelconque trou à rat.
A deux, nous pourrions peut-être la convaincre de ne pas faire de choses qu'elle pourrait regretter... Au pire je la distrairai pendant que vous en profiterez pour l'assommer. Attachée pieds et poings liés, elle ne pourra pas aller bien loin. Encore moins dans les griffes de Princes quel quils soient...
J'espère vraiment pouvoir venir rapidement...
Et peut-être même recroiser votre route...
Et qu'elle ne fasse pas de sottises...
Et... Je vais stopper là.
A bientôt.
So
Inutile de rajouter ses fonctions, ce serait pitoyable... Bergère, tisserand... Ex toussa bien sûr... Oui oui, évitons. Mais d'écrire tout ceci avait un impact curieux sur la demoiselle... Une angoisse qui lui montait dans la poitrine. Un mauvais pressentiment qu'elle sentait enfler malgré elle. Rassemblant les affaires éparpillées autour d'elle, la petite boiteuse se couvrit rapidement avant de sortir de la même façon. Il fallait que le courrier parte, ça n'avait que trop trainé.
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So sortit de nouveau le courrier caché au milieu des plis de ses jupes. Les pommettes rougirent à nouveau à la lecture. Il fallait bien dire que le souvenir du Maure était des plus chaleureux... Non content de l'avoir plongé dans du coton pour la recoudre, il avait su lui tourner les sens rien qu'avec un regard... Ce jour là au bord du lac, si elle n'avait pas été retenue par les liens qu'elle essayait de maintenir avec Colhomban, par le souvenir cuisant d'un prêtre au dessus d'elle et par le fait que LUI il soit parti... Pouf, elle s'empourpra. Si le prélat arrivait maintenant et qu'il la voyait ainsi, nul doute qu'elle aurait droit à une remontrance... Peut-être pire. Elle préféra éviter de penser à quoi s'en tenir s'il mettait la main sur le pli d'ailleurs...
L'Asile. Petite taverne discrète de Craon. Elle s'y glissa et ce ne fut pas une surprise de n'y voir personne. Le jour où elle verrait quelqu'un dans ces tavernes... Un soupir et plongeant dans sa besace, elle en ressortit de quoi rédiger une réponse. Le zoizeau magique qui lui avait amené le courrier se trouvait au pigeonnier, il suffirait de remettre la main dessus. Accoudée à la table devant un vélin propre et pas trop froissé, la noiraude relut une énième fois le courrier. Elle avait cherché aussi à en savoir plus sur ces Princes qu'elle ne connaissait point. Et ça ne semblait pas rassurant... On lui avait toutefois apprit une chose plus qu'utile : c'était à Paris!
Achim al Qasim ibn Farad
Fiou...
Oué, ça c'était du nom. Et elle prit bien soin de relire un nombre de fois incalculable tout en comparant avec la signature, afin d'être sûre de ne pas avoir oublié une lettre ou de ne pas s'être trompée dans l'ordre de celles ci.
Voilà un nom bien dur à prononcer, et encore plus à écrire! Pardonnez moi de l'avoir ébréché la fois dernière... Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de... Enfin non, oublions.
Vous me parlez de moi, vous me parlez de Fourmi. Mais et vous? Racontez moi!
Je ne vous en veux pas pour la dernière fois à Montauban. A dire vrai, je crois même que c'était bien mieux ainsi. Et si la dernière fois que je vous ai écris, je vous ai dit regretter (ce qui n'est pas foncièrement faux), c'était surtout parce que mon fiancé venait de m'annoncer qu'il valait mieux mettre un terme à nos liens. Seulement, même si vous étiez resté et que j'avais été aussi libre que le vent à ce moment, je ne suis pas sûre que tout ce serait déroulé comme dans un rêve... Peut-être serait-ce différent maintenant. Je n'en ai aucune idée en fait...
Oui, comment serait-ce maintenant? Avait-elle encore ce maudit blocage qui lui avait valu la perte de son fiancé? Fuirait-elle encore un contact trop rapproché? Elle n'en savait rien, se contentant de se débattre vainement et avec de moins en moins de conviction, sous les assauts de son bourreau... Une moue perplexe s'afficha, et le nez se fronça en un air contrarié et dégouté. Comment pourrait-elle s'épancher sur ce sujet? Comment pourrait-elle penser une chose et faire le contraire, ou vis versa...? Impossible...
Concernant Dieu et les péchés qu'il tolère ou non... Je vous avoue que je préfère ne pas m'étendre. D'autres ont tenté de m'ouvrir les yeux à ce sujet, mais il a le don de m'embrouiller l'esprit au point que j'en oublierai presque mon nom. Je sais d'ores et déjà que je suis condamnée à la Lune pour des millénaires, aussi je fais de mon mieux pour que mon enfant ait sa place au Soleil. Du moins je m'y emploie... Du mieux que je peux... Même si j'ai bien du mal à écouter les conseils prodigués pour ce faire.
Et bien du mal à obéir. Et du mal à se soumettre. Et du mal à se laisser manier comme une vulgaire poupée... Au grand Dam du Père Scopolie qui allait bientôt trouver un remède à tout ceci à l'insu de la noiraude.
Fourmi... Je ne connaissais pas ces Princes de Saint Martin dont vous avez parlé. J'ai cherché de mon côté et comme vous, j'ai deviné que ce n'était en rien rassurant. Ainsi c'est là qu'elle se rendait. Elle m'avait parlé de... Frères? Si ma mémoire ne me fait pas défaut? J'ai naïvement pensé que ce n'était rien... Même si son au revoir sonnait comme un A Dieu...
Je vais être bien impuissante à la protéger malheureusement... Et je me sens des plus inutiles maintenant. Je peux essayer d'écrire au colosse dont elle a parlé. Essayer de le convaincre... Et je vais essayer de me libérer afin de monter à Paris... Y êtes vous? Je n'y suis allée qu'une fois et ne connait rien de la capitale. J'aurai tôt fait de me perdre et de disparaitre dans un quelconque trou à rat.
A deux, nous pourrions peut-être la convaincre de ne pas faire de choses qu'elle pourrait regretter... Au pire je la distrairai pendant que vous en profiterez pour l'assommer. Attachée pieds et poings liés, elle ne pourra pas aller bien loin. Encore moins dans les griffes de Princes quel quils soient...
J'espère vraiment pouvoir venir rapidement...
Et peut-être même recroiser votre route...
Et qu'elle ne fasse pas de sottises...
Et... Je vais stopper là.
A bientôt.
So
Inutile de rajouter ses fonctions, ce serait pitoyable... Bergère, tisserand... Ex toussa bien sûr... Oui oui, évitons. Mais d'écrire tout ceci avait un impact curieux sur la demoiselle... Une angoisse qui lui montait dans la poitrine. Un mauvais pressentiment qu'elle sentait enfler malgré elle. Rassemblant les affaires éparpillées autour d'elle, la petite boiteuse se couvrit rapidement avant de sortir de la même façon. Il fallait que le courrier parte, ça n'avait que trop trainé.
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