Eloanne
Le sourire, déjà, en retour du sien est un cadeau qu'elle apprécie à sa juste valeur. Mais la meilleure réponse, aux questions les plus farfelues qu'elle pourrait vouloir lui poser, Jules la lui offre quand il bascule sur le dos. C'est sans résistance mais avec un petit rire surpris qu'elle accompagne son mouvement. Là, alors qu'elle est allongée sur lui, buste contre buste, il pourrait bien lui réciter le codex royal, déclamer de la prose, ou prendre son temps... ne pas répondre même, cela n'aurait plus tant d'importance. Cet homme a ce don de lui faire oublier ses priorités dès qu'elle se trouve dans ses bras.
Pendant qu'il réarrange sa coiffure en lui dégageant la joue, un frisson est réprimé et un soupir s'échappe entre ses lèvres. En fermant les yeux une ou deux secondes, le temps pour la demoiselle de ranger, loin dans son esprit, l'image qu'ils pourraient donner à voir si quelqu'un venait à les découvrir ainsi, elle prend appui sur ses coudes de chaque coté du torse trône, sur lequel elle repose.
Parce que ce métier ne m'attire pas...
Elle n'est pas si folle finalement. Et elle se félicite même d'avoir osé cette question là. Les noisettes brillent d'un nouvel éclat à cette affirmation. Le désormais officiellement ancien courtisan tire sa révérence sur sa carrière et...
Ou parce que j'ai l'impression que ma place n'est plus la bas ?
...Et là, elle doit se mordre la lèvre inférieure pour ne pas sourire trop largement. Oh oui, sa place n'est plus là-bas et la Baronne aurait pu le lui dire depuis le jour où elle l'a retrouvé dans la grange. Comme ces mots là, prennent une toute autre saveur à les entendre, plutôt qu'à les prononcer. Si seulement elle osait, si seulement elle pouvait... elle aimerait prolonger sa pensée en lui disant qu'elle est ici sa place. Ici et avec elle, qu'elle l'a peut être toujours été et qu'ils avaient juste besoin de se rencontrer pour le comprendre. Mais ce serait laisser la parole à la demoiselle trop fleur bleue, ou trop amoureuse. Judicieusement, son amant choisit bien son moment pour fermer les yeux. De son coté, même si elle le détaille brièvement, elle ne parvient pas, malgré la tendresse dont il fait preuve, malgré sa main toujours perdue dans sa chevelure, malgré les confessions faites à mi-mots, à réaliser et accepter la réciprocité des sentiments. Chaque fois qu'elle pourrait s'en approcher un mot ou un geste vient chasser cette idée de son esprit.
Parce que j'avais faim, froid, et que je plaisais aux femmes !
Voilà. Comme cette petite piqûre de rappel. La faim, le froid, la jeune noble n'a jamais eu à les endurer. Et puis elle arrive, cette pointe de jalousie sournoise. Parce que, oui, il plaisait aux femmes. Et il ne lui faudra pas beaucoup de temps, si ce n'est pas déjà fait, pour s'apercevoir que ce doit être toujours le cas. Elle déteste cette idée..
Il a ce je ne sais quoi de rassurant, de protecteur. Est-il beau ? Eloanne se le demande alors qu'il vient de lui sourire. Il a du charme, c'est sans conteste. Il a peut être perdu un ou deux kilos lors de son errance, ses joues mériteraient peut être d'être garnies un peu peu plus, mais oui, le charme est là et il opère. Sur elle. Pourquoi pas sur d'autres alors ? Les billes noires, quand elles se posent sur la brune en pétillant comme à l'instant, lui font perdre pieds. Est-elle la seule à vouloir sombrer dans leur profondeur ? Clairement et définitivement, oui elle est jalouse à l'hypothèse même qu'il en regarde une autre. Et cette envie, sûrement malsaine, ce besoin de demander, d'en savoir davantage maintenant que le sujet est abordé, revient impérieuse.
Pourtant avant d'avoir pu amorcer un geste, comme ouvrir la bouche pour répondre, deux mains lui encadrent la figure et elle se surprend à répondre à un baiser euphorique.
Vous êtes un génie, Douce ! Vos questions me réveillent la cervelle... Posez-m'en d'autres !
Et là, ça va très vite.
Un génie ? Jamais encore on ne lui avait dit qu'elle était un génie. Bon, il faut dire que mis à part être née dans la bonne famille, elle n'avait pas fait grand chose de ses dix petits doigts. Bien sûr, elle fait de son mieux pour gérer ses terres, sous la surveillance lointaine de son oncle. Elle offre aide et hospitalité aux moins chanceux qu'elle, aussi souvent qu'elle le peut. Mais... Tout ça, ça ne lui a jamais valu d'être vue comme un génie. Alors, sur ses lèvres, un sourire amusé prend place.
Et puis le Douce, ce mot qu'elle chérit. Parce qu'une fois encore, jamais avant lui, ni après d'ailleurs, on ne l'a appelé ainsi. Son père était tendre et aimant, mais n'en laissait rien paraître par son langage. Quant à sa mère, elle l'a perdu bien trop jeune pour qu'elle n'ait eu le temps de graver en sa mémoire ce genre de souvenir. Et le sourire de grandir encore, les pupilles de scintiller de plaisir orgueilleux. De fierté, sans doute, aussi, à la perspective d'être celle qui saura lui rendre toute sa tête. Prends-toi ça dans les dents, Paris, tu n'y es pas arrivée, toi !
Mais elles...
Un réflexe, avant de continuer sa phrase, elle baisse un peu le regard.
Elles vous plaisaient. Toutes ? Il y a du... Vous avez du en connaître un grand nombre, je veux dire...
C'est sûr, il va sentir son cur cogner dans sa poitrine et se répercuter sur lui. Elle, elle a l'impression de n'entendre que ça, les battements réguliers mais rapides. Aussi rapide que l'avalanche de questions maintenant...
Vous aviez le droit de choisir... vos clientes ? Vous avez parlé d'une plus... régulière... En aviez vous beaucoup ? Vous avez fait... ça... longtemps ? Vous aimiez ça... avoir toutes ces femmes ?...
S'il a donné un ordre, Eloanne elle vient de muter en moulin à parole. Ca doit bien compenser, non ?
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Pendant qu'il réarrange sa coiffure en lui dégageant la joue, un frisson est réprimé et un soupir s'échappe entre ses lèvres. En fermant les yeux une ou deux secondes, le temps pour la demoiselle de ranger, loin dans son esprit, l'image qu'ils pourraient donner à voir si quelqu'un venait à les découvrir ainsi, elle prend appui sur ses coudes de chaque coté du torse trône, sur lequel elle repose.
Parce que ce métier ne m'attire pas...
Elle n'est pas si folle finalement. Et elle se félicite même d'avoir osé cette question là. Les noisettes brillent d'un nouvel éclat à cette affirmation. Le désormais officiellement ancien courtisan tire sa révérence sur sa carrière et...
Ou parce que j'ai l'impression que ma place n'est plus la bas ?
...Et là, elle doit se mordre la lèvre inférieure pour ne pas sourire trop largement. Oh oui, sa place n'est plus là-bas et la Baronne aurait pu le lui dire depuis le jour où elle l'a retrouvé dans la grange. Comme ces mots là, prennent une toute autre saveur à les entendre, plutôt qu'à les prononcer. Si seulement elle osait, si seulement elle pouvait... elle aimerait prolonger sa pensée en lui disant qu'elle est ici sa place. Ici et avec elle, qu'elle l'a peut être toujours été et qu'ils avaient juste besoin de se rencontrer pour le comprendre. Mais ce serait laisser la parole à la demoiselle trop fleur bleue, ou trop amoureuse. Judicieusement, son amant choisit bien son moment pour fermer les yeux. De son coté, même si elle le détaille brièvement, elle ne parvient pas, malgré la tendresse dont il fait preuve, malgré sa main toujours perdue dans sa chevelure, malgré les confessions faites à mi-mots, à réaliser et accepter la réciprocité des sentiments. Chaque fois qu'elle pourrait s'en approcher un mot ou un geste vient chasser cette idée de son esprit.
Parce que j'avais faim, froid, et que je plaisais aux femmes !
Voilà. Comme cette petite piqûre de rappel. La faim, le froid, la jeune noble n'a jamais eu à les endurer. Et puis elle arrive, cette pointe de jalousie sournoise. Parce que, oui, il plaisait aux femmes. Et il ne lui faudra pas beaucoup de temps, si ce n'est pas déjà fait, pour s'apercevoir que ce doit être toujours le cas. Elle déteste cette idée..
Il a ce je ne sais quoi de rassurant, de protecteur. Est-il beau ? Eloanne se le demande alors qu'il vient de lui sourire. Il a du charme, c'est sans conteste. Il a peut être perdu un ou deux kilos lors de son errance, ses joues mériteraient peut être d'être garnies un peu peu plus, mais oui, le charme est là et il opère. Sur elle. Pourquoi pas sur d'autres alors ? Les billes noires, quand elles se posent sur la brune en pétillant comme à l'instant, lui font perdre pieds. Est-elle la seule à vouloir sombrer dans leur profondeur ? Clairement et définitivement, oui elle est jalouse à l'hypothèse même qu'il en regarde une autre. Et cette envie, sûrement malsaine, ce besoin de demander, d'en savoir davantage maintenant que le sujet est abordé, revient impérieuse.
Pourtant avant d'avoir pu amorcer un geste, comme ouvrir la bouche pour répondre, deux mains lui encadrent la figure et elle se surprend à répondre à un baiser euphorique.
Vous êtes un génie, Douce ! Vos questions me réveillent la cervelle... Posez-m'en d'autres !
Et là, ça va très vite.
Un génie ? Jamais encore on ne lui avait dit qu'elle était un génie. Bon, il faut dire que mis à part être née dans la bonne famille, elle n'avait pas fait grand chose de ses dix petits doigts. Bien sûr, elle fait de son mieux pour gérer ses terres, sous la surveillance lointaine de son oncle. Elle offre aide et hospitalité aux moins chanceux qu'elle, aussi souvent qu'elle le peut. Mais... Tout ça, ça ne lui a jamais valu d'être vue comme un génie. Alors, sur ses lèvres, un sourire amusé prend place.
Et puis le Douce, ce mot qu'elle chérit. Parce qu'une fois encore, jamais avant lui, ni après d'ailleurs, on ne l'a appelé ainsi. Son père était tendre et aimant, mais n'en laissait rien paraître par son langage. Quant à sa mère, elle l'a perdu bien trop jeune pour qu'elle n'ait eu le temps de graver en sa mémoire ce genre de souvenir. Et le sourire de grandir encore, les pupilles de scintiller de plaisir orgueilleux. De fierté, sans doute, aussi, à la perspective d'être celle qui saura lui rendre toute sa tête. Prends-toi ça dans les dents, Paris, tu n'y es pas arrivée, toi !
Mais elles...
Un réflexe, avant de continuer sa phrase, elle baisse un peu le regard.
Elles vous plaisaient. Toutes ? Il y a du... Vous avez du en connaître un grand nombre, je veux dire...
C'est sûr, il va sentir son cur cogner dans sa poitrine et se répercuter sur lui. Elle, elle a l'impression de n'entendre que ça, les battements réguliers mais rapides. Aussi rapide que l'avalanche de questions maintenant...
Vous aviez le droit de choisir... vos clientes ? Vous avez parlé d'une plus... régulière... En aviez vous beaucoup ? Vous avez fait... ça... longtemps ? Vous aimiez ça... avoir toutes ces femmes ?...
S'il a donné un ordre, Eloanne elle vient de muter en moulin à parole. Ca doit bien compenser, non ?
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