Maryah
Ce n'était pas dans le coma que Maryah avait sombré, mais dans le désespoir le plus profond. Le constat d'une vie ratée s'était imposé, l'impuissance à y changer quoique ce soit l'avait terrassé.
Elle avait pleuré pendant des heures, pendant des jours. Elle ne mangeait guère, ne dormait pas vraiment plus. Elle passait des soirées à regarder le berceau vide et à imaginer ce qu'aurait pu être sa vie, si le destin ne s'était pas acharné.
A la mi-juin, au milieu de tout ce désespoir, était arrivé le courrier de Torvar. Elle avait souri pour la première fois depuis des jours en reconnaissant l'écriture cyrillique du Cosaque. Il était donc en Vie.
Oui. L'espace d'un instant elle avait souri, repoussant les menaces de Drobomir et sa tentative d'assassinat à la cérémonie d'intronisation, ses intimidations concernant l'esclave sexuelle qu'elle ne manquerait pas d'être si Matvei mettait la main sur elle.
Mais la peur était revenue bien vite lui vriller les tripes.
Pourquoi le Cosaque lui écrivait il ?
Qu'allait il encore lui annoncer ? lui opposer ? lui retirer ?
Allait il finir par se désengager du devoir de père qu'il avait accepté d'assumer, certainement dans un moment désespéré ?
Allait il faire pression sur elle ? Continuer les menaces de Drobo ?
Elle n'avait pas la force de découvrir ça. Elle se rappelait le regard culpabilisant de Catnys, la veille de son mariage, quand Maryah était venue lui annoncer qu'il était arrivé quelque chose à son père. Ce coup là, elle l'avait compris, ses piètres relations avec la rousse, ne reviendraient jamais au beau fixe. Ainsi soit il.
Mais que craignait-elle en fait ? Que pouvait-il ce jour lui arriver de pire ?
Et tout à coup, une peur immense s'empara d'elle ; et s'il lui annonçait qu'il était arrivé quelque chose à Percy ???
Alors, elle décacheta le pli le plus rapidement possible et lut nerveusement le contenu. A la fin de la lettre, elle resta un long moment silencieuse, immobile. Il avait écrit qu'il s'inquiétait pour elle, et ça ce n'était vraiment pas banal ... Quelqu'un pour s'inquiéter pour elle ? Il voulait venir jusqu'à elle pour l'aider financièrement ?
personne ne faisait jamais ça pour elle. Tout le monde disait qu'il s'inquiétait, mais personne ne venait jamais la voir. Une façon de montrer que contrairement à leur parole, les gens ne tenaient pas tant que ça à elle. Elle, qui se déplaçait souvent pour aller voir les gens. Elle n'arrivait pas à le croire.
Et en parcourant la pièce sombre du regard, remarquant la poussière, le berceau vide, et l'endroit laissé pour compte, elle réalisa qu'il ne fallait pas qu'il vienne jusqu'à elle.
Personne ne devait voir ni savoir son désespoir. Personne ne connaitrait ses faiblesses, sa douleur de femme, sa blessure d'enfant. Et surtout pas le Cosaque qui en profiterait pour jouer avec ses faiblesses.
Le "affectueusement" final, la brisa un peu plus, et les larmes revinrent une fois de plus. D'une main rageuse, elle essuya l'eau salée et retourna le peu d'affaires pour trouver de quoi écrire. Il fallait qu'elle lui écrive vite, qu'elle joue la femme heureuse, et débordée. Indépendante et libre. ça le mettrait en rage, et il l'éviterait.
Elle avait pleuré pendant des heures, pendant des jours. Elle ne mangeait guère, ne dormait pas vraiment plus. Elle passait des soirées à regarder le berceau vide et à imaginer ce qu'aurait pu être sa vie, si le destin ne s'était pas acharné.
A la mi-juin, au milieu de tout ce désespoir, était arrivé le courrier de Torvar. Elle avait souri pour la première fois depuis des jours en reconnaissant l'écriture cyrillique du Cosaque. Il était donc en Vie.
Oui. L'espace d'un instant elle avait souri, repoussant les menaces de Drobomir et sa tentative d'assassinat à la cérémonie d'intronisation, ses intimidations concernant l'esclave sexuelle qu'elle ne manquerait pas d'être si Matvei mettait la main sur elle.
Mais la peur était revenue bien vite lui vriller les tripes.
Pourquoi le Cosaque lui écrivait il ?
Qu'allait il encore lui annoncer ? lui opposer ? lui retirer ?
Allait il finir par se désengager du devoir de père qu'il avait accepté d'assumer, certainement dans un moment désespéré ?
Allait il faire pression sur elle ? Continuer les menaces de Drobo ?
Elle n'avait pas la force de découvrir ça. Elle se rappelait le regard culpabilisant de Catnys, la veille de son mariage, quand Maryah était venue lui annoncer qu'il était arrivé quelque chose à son père. Ce coup là, elle l'avait compris, ses piètres relations avec la rousse, ne reviendraient jamais au beau fixe. Ainsi soit il.
Mais que craignait-elle en fait ? Que pouvait-il ce jour lui arriver de pire ?
Et tout à coup, une peur immense s'empara d'elle ; et s'il lui annonçait qu'il était arrivé quelque chose à Percy ???
Alors, elle décacheta le pli le plus rapidement possible et lut nerveusement le contenu. A la fin de la lettre, elle resta un long moment silencieuse, immobile. Il avait écrit qu'il s'inquiétait pour elle, et ça ce n'était vraiment pas banal ... Quelqu'un pour s'inquiéter pour elle ? Il voulait venir jusqu'à elle pour l'aider financièrement ?
personne ne faisait jamais ça pour elle. Tout le monde disait qu'il s'inquiétait, mais personne ne venait jamais la voir. Une façon de montrer que contrairement à leur parole, les gens ne tenaient pas tant que ça à elle. Elle, qui se déplaçait souvent pour aller voir les gens. Elle n'arrivait pas à le croire.
Et en parcourant la pièce sombre du regard, remarquant la poussière, le berceau vide, et l'endroit laissé pour compte, elle réalisa qu'il ne fallait pas qu'il vienne jusqu'à elle.
Personne ne devait voir ni savoir son désespoir. Personne ne connaitrait ses faiblesses, sa douleur de femme, sa blessure d'enfant. Et surtout pas le Cosaque qui en profiterait pour jouer avec ses faiblesses.
Le "affectueusement" final, la brisa un peu plus, et les larmes revinrent une fois de plus. D'une main rageuse, elle essuya l'eau salée et retourna le peu d'affaires pour trouver de quoi écrire. Il fallait qu'elle lui écrive vite, qu'elle joue la femme heureuse, et débordée. Indépendante et libre. ça le mettrait en rage, et il l'éviterait.
Citation:
Torvar,
Quoique tu en penses, c'est une bonne nouvelle pour moi que tu sois remis sur pied. Je ne me serai pas faite à ta mort, je ne m'y ferai jamais. Ce que nous avons partagé ne s'efface pas, ne s'oublie pas, ne s'enferme pas au fond d'un tiroir.
Tu es une tête de pioche, mais je n'oublierai jamais ce que tu as fait pour Percy et moi. Jamais.
Et j'aurai toujours une dette d'honneur envers toi, par rapport à ... notre fils.
Percy va bien, il est toujours en Touraine, aux côtés de Basile. Quelques jours après ton attaque, il a été en effet intronisé Ecuyer. Drobomir est venu te représenter, Della était là elle aussi. Ton cousin a tenté de m'assassiner pour l'occasion. Je voulais te voir, il a émis toutes les menaces pour que je ne m'approche pas de la Bourgogne.
J'avoue m'être rendue à l'évidence. Tu as ton monde, j'ai le mien, et nos deux univers ne se rencontrent pas. J'en ai pris mon parti.
Niveau finance ... j'ai pris une décision radicale. Le mercenariat paie bien, comme tu le sais. Depuis l'Anjou, j'ai une bonne réputation et j'ai trouvé à faire un contrat, puis un autre et encore un autre. Je ne peux pas te dire où je suis, secret d'affaires. Et puis, je bouge tout le temps. En fonction des contrats.
Tu ne me dois rien Torvar, il était temps que j'assume l'enfant que j'ai mis au monde. Je ne te remercierai jamais assez de l'aide que tu m'as apportée. Perceval serait certainement ravi de te revoir, mais tu ne devrais pas aller le voir maintenant ; il a attrapé la grippe alexandrine, et il ne me veut pas à son chevet. Je pense qu'il ne serait pas prudent que tu risques d'être contaminé alors que tu sors tout juste de ta danse endiablée avec la grande Faucheuse.
C'est bien joli tout ce que tu écris Torvar, mais quand tu étais entre la vie et la mort, je n'ai rien pu faire ; pas même te voir. Si tu devais mourir, papiers ou pas, les Cosaques me tueraient. Tu ne seras plus là pour les en empêcher. Voilà pourquoi il faut que j'apprenne à m'en sortir par moi même, financièrement mais aussi physiquement. Un jour, ton peuple causera ma ruine. Mieux vaut que tu restes loin de moi, sinon ils me trouveront trop facilement.
Je n'ai pas de griefs contre toi, je ne t'en veux pas Torvar.
Je veux juste rester en vie, et je pense à toi de loin ... c'est moins dangereux.
Je dois te laisser, je dois reprendre la route pour le Sud.
Prends soin de toi,
Je passerai ton bonjour et la bonne nouvelle à Percy, si tant est qu'il lise encore mes courriers ...
Maryah
Quoique tu en penses, c'est une bonne nouvelle pour moi que tu sois remis sur pied. Je ne me serai pas faite à ta mort, je ne m'y ferai jamais. Ce que nous avons partagé ne s'efface pas, ne s'oublie pas, ne s'enferme pas au fond d'un tiroir.
Tu es une tête de pioche, mais je n'oublierai jamais ce que tu as fait pour Percy et moi. Jamais.
Et j'aurai toujours une dette d'honneur envers toi, par rapport à ... notre fils.
Percy va bien, il est toujours en Touraine, aux côtés de Basile. Quelques jours après ton attaque, il a été en effet intronisé Ecuyer. Drobomir est venu te représenter, Della était là elle aussi. Ton cousin a tenté de m'assassiner pour l'occasion. Je voulais te voir, il a émis toutes les menaces pour que je ne m'approche pas de la Bourgogne.
J'avoue m'être rendue à l'évidence. Tu as ton monde, j'ai le mien, et nos deux univers ne se rencontrent pas. J'en ai pris mon parti.
Niveau finance ... j'ai pris une décision radicale. Le mercenariat paie bien, comme tu le sais. Depuis l'Anjou, j'ai une bonne réputation et j'ai trouvé à faire un contrat, puis un autre et encore un autre. Je ne peux pas te dire où je suis, secret d'affaires. Et puis, je bouge tout le temps. En fonction des contrats.
Tu ne me dois rien Torvar, il était temps que j'assume l'enfant que j'ai mis au monde. Je ne te remercierai jamais assez de l'aide que tu m'as apportée. Perceval serait certainement ravi de te revoir, mais tu ne devrais pas aller le voir maintenant ; il a attrapé la grippe alexandrine, et il ne me veut pas à son chevet. Je pense qu'il ne serait pas prudent que tu risques d'être contaminé alors que tu sors tout juste de ta danse endiablée avec la grande Faucheuse.
C'est bien joli tout ce que tu écris Torvar, mais quand tu étais entre la vie et la mort, je n'ai rien pu faire ; pas même te voir. Si tu devais mourir, papiers ou pas, les Cosaques me tueraient. Tu ne seras plus là pour les en empêcher. Voilà pourquoi il faut que j'apprenne à m'en sortir par moi même, financièrement mais aussi physiquement. Un jour, ton peuple causera ma ruine. Mieux vaut que tu restes loin de moi, sinon ils me trouveront trop facilement.
Je n'ai pas de griefs contre toi, je ne t'en veux pas Torvar.
Je veux juste rester en vie, et je pense à toi de loin ... c'est moins dangereux.
Je dois te laisser, je dois reprendre la route pour le Sud.
Prends soin de toi,
Je passerai ton bonjour et la bonne nouvelle à Percy, si tant est qu'il lise encore mes courriers ...
Maryah
Sa gorge était nouée, sa respiration haletante, son écriture tremblante ; et plus elle prenait pour elle pour le convaincre que ça allait, plus elle se disait que tout ça était trop beau, trop propre, pour être vrai.
Mais elle se devait de verrouiller toute cette souffrance en elle.
Elle n'avait pas besoin de gens pour la blesser,
Elle savait très bien le faire toute seule.
Que tout le monde la rejette, peu lui importait,
Elle ... elle voulait un enfant à elle,
Elle voulait SA fille.
A part ça, le ciel pouvait bien s'écrouler ...
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