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[RP] Encore et encore

Maryah
Ce n'était pas dans le coma que Maryah avait sombré, mais dans le désespoir le plus profond. Le constat d'une vie ratée s'était imposé, l'impuissance à y changer quoique ce soit l'avait terrassé.
Elle avait pleuré pendant des heures, pendant des jours. Elle ne mangeait guère, ne dormait pas vraiment plus. Elle passait des soirées à regarder le berceau vide et à imaginer ce qu'aurait pu être sa vie, si le destin ne s'était pas acharné.

A la mi-juin, au milieu de tout ce désespoir, était arrivé le courrier de Torvar. Elle avait souri pour la première fois depuis des jours en reconnaissant l'écriture cyrillique du Cosaque. Il était donc en Vie.
Oui. L'espace d'un instant elle avait souri, repoussant les menaces de Drobomir et sa tentative d'assassinat à la cérémonie d'intronisation, ses intimidations concernant l'esclave sexuelle qu'elle ne manquerait pas d'être si Matvei mettait la main sur elle.
Mais la peur était revenue bien vite lui vriller les tripes.
Pourquoi le Cosaque lui écrivait il ?
Qu'allait il encore lui annoncer ? lui opposer ? lui retirer ?
Allait il finir par se désengager du devoir de père qu'il avait accepté d'assumer, certainement dans un moment désespéré ?
Allait il faire pression sur elle ? Continuer les menaces de Drobo ?

Elle n'avait pas la force de découvrir ça. Elle se rappelait le regard culpabilisant de Catnys, la veille de son mariage, quand Maryah était venue lui annoncer qu'il était arrivé quelque chose à son père. Ce coup là, elle l'avait compris, ses piètres relations avec la rousse, ne reviendraient jamais au beau fixe. Ainsi soit il.
Mais que craignait-elle en fait ? Que pouvait-il ce jour lui arriver de pire ?
Et tout à coup, une peur immense s'empara d'elle ; et s'il lui annonçait qu'il était arrivé quelque chose à Percy ???

Alors, elle décacheta le pli le plus rapidement possible et lut nerveusement le contenu. A la fin de la lettre, elle resta un long moment silencieuse, immobile. Il avait écrit qu'il s'inquiétait pour elle, et ça ce n'était vraiment pas banal ... Quelqu'un pour s'inquiéter pour elle ? Il voulait venir jusqu'à elle pour l'aider financièrement ?
personne ne faisait jamais ça pour elle. Tout le monde disait qu'il s'inquiétait, mais personne ne venait jamais la voir. Une façon de montrer que contrairement à leur parole, les gens ne tenaient pas tant que ça à elle. Elle, qui se déplaçait souvent pour aller voir les gens. Elle n'arrivait pas à le croire.
Et en parcourant la pièce sombre du regard, remarquant la poussière, le berceau vide, et l'endroit laissé pour compte, elle réalisa qu'il ne fallait pas qu'il vienne jusqu'à elle.
Personne ne devait voir ni savoir son désespoir. Personne ne connaitrait ses faiblesses, sa douleur de femme, sa blessure d'enfant. Et surtout pas le Cosaque qui en profiterait pour jouer avec ses faiblesses.

Le "affectueusement" final, la brisa un peu plus, et les larmes revinrent une fois de plus. D'une main rageuse, elle essuya l'eau salée et retourna le peu d'affaires pour trouver de quoi écrire. Il fallait qu'elle lui écrive vite, qu'elle joue la femme heureuse, et débordée. Indépendante et libre. ça le mettrait en rage, et il l'éviterait.


Citation:
Torvar,

Quoique tu en penses, c'est une bonne nouvelle pour moi que tu sois remis sur pied. Je ne me serai pas faite à ta mort, je ne m'y ferai jamais. Ce que nous avons partagé ne s'efface pas, ne s'oublie pas, ne s'enferme pas au fond d'un tiroir.
Tu es une tête de pioche, mais je n'oublierai jamais ce que tu as fait pour Percy et moi. Jamais.
Et j'aurai toujours une dette d'honneur envers toi, par rapport à ... notre fils.

Percy va bien, il est toujours en Touraine, aux côtés de Basile. Quelques jours après ton attaque, il a été en effet intronisé Ecuyer. Drobomir est venu te représenter, Della était là elle aussi. Ton cousin a tenté de m'assassiner pour l'occasion. Je voulais te voir, il a émis toutes les menaces pour que je ne m'approche pas de la Bourgogne.
J'avoue m'être rendue à l'évidence. Tu as ton monde, j'ai le mien, et nos deux univers ne se rencontrent pas. J'en ai pris mon parti.

Niveau finance ... j'ai pris une décision radicale. Le mercenariat paie bien, comme tu le sais. Depuis l'Anjou, j'ai une bonne réputation et j'ai trouvé à faire un contrat, puis un autre et encore un autre. Je ne peux pas te dire où je suis, secret d'affaires. Et puis, je bouge tout le temps. En fonction des contrats.
Tu ne me dois rien Torvar, il était temps que j'assume l'enfant que j'ai mis au monde. Je ne te remercierai jamais assez de l'aide que tu m'as apportée. Perceval serait certainement ravi de te revoir, mais tu ne devrais pas aller le voir maintenant ; il a attrapé la grippe alexandrine, et il ne me veut pas à son chevet. Je pense qu'il ne serait pas prudent que tu risques d'être contaminé alors que tu sors tout juste de ta danse endiablée avec la grande Faucheuse.

C'est bien joli tout ce que tu écris Torvar, mais quand tu étais entre la vie et la mort, je n'ai rien pu faire ; pas même te voir. Si tu devais mourir, papiers ou pas, les Cosaques me tueraient. Tu ne seras plus là pour les en empêcher. Voilà pourquoi il faut que j'apprenne à m'en sortir par moi même, financièrement mais aussi physiquement. Un jour, ton peuple causera ma ruine. Mieux vaut que tu restes loin de moi, sinon ils me trouveront trop facilement.

Je n'ai pas de griefs contre toi, je ne t'en veux pas Torvar.
Je veux juste rester en vie, et je pense à toi de loin ... c'est moins dangereux.

Je dois te laisser, je dois reprendre la route pour le Sud.

Prends soin de toi,
Je passerai ton bonjour et la bonne nouvelle à Percy, si tant est qu'il lise encore mes courriers ...


Maryah



Sa gorge était nouée, sa respiration haletante, son écriture tremblante ; et plus elle prenait pour elle pour le convaincre que ça allait, plus elle se disait que tout ça était trop beau, trop propre, pour être vrai.
Mais elle se devait de verrouiller toute cette souffrance en elle.

Elle n'avait pas besoin de gens pour la blesser,
Elle savait très bien le faire toute seule.
Que tout le monde la rejette, peu lui importait,
Elle ... elle voulait un enfant à elle,
Elle voulait SA fille.

A part ça, le ciel pouvait bien s'écrouler ...

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Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Maryah







Tout était prêt. Elle était prête à en découdre. Ces combats tombaient à point. Les jours avaient beau passer, le temps ne résolvait rien à sa colère retenue qui la rongeait, depuis la rencontre à Périgueux avec Eliance.
Le Cosaque se payait sa gueule depuis des lustres et ce n'était pas sa soudaine disparition qui allait faire redescendre en pression la Bridée.
Elle savait très bien où le trouver ; le seul endroit où il avait encore pu se réfugier.

Chez lui.
Dans son Clan.

Aussi avait elle engagé deux anciens trouffions pour les envoyer porter le message dans le clan de Matvei.
Elle avait bien précisé :
A remettre EN MAINS PROPRES ... un dénommé TORVAR ... T-O-R-V-A-R ...
Les trouffions arriveraient certainement à bon port. Mais ils ne repartiraient jamais vivants. Elle connaissait le sort que leur réserverait Matvei en découvrant l'origine du courrier. Elle n'en avait rien à foutre. La trahison du cosaque exacerbait sa cruauté.
Qu'ils crèvent !
Mais que le Cosaque sache !



Citation:
Torvar,
ou plutôt devrais-je dire Sal*p ! Con*ard !

Genre ...
T'as disparu ...
T'as pris ta décision avant ou après de savoir qu'Eliance et moi allions nous rencontrer dans le même Comté ?!
Huummmmmmm !

Quand je pense que tu es revenu me faire les beaux yeux à la bicoque, que je t'ai accueilli, offert le gite et le couvert, pansé tes plaies, adoucit tes cicatrices ... alors que je devais m'occuper de P'tiote et que tu sortais des jupons de la ROusse !!!!

OUi oui aucun hasard à ta disparition soudaine hein, quand j'apprends qu'avant de rameuter ton p'tit cul à Sarlat, t'invitais Eliance à une course de chevaux et qu'à priori tu as du tout lui apprendre du pas, petit trot et galop ... à califourchon sur TOI !

Non mais toi ... TOI me mentir ... ça, franchement je ne m'y attendais pas. Je t'entends encore me parler d'elle, me dire que c'est une greluche, une sotte, qu'elle te courait après mais qu'elle n'aurait jamais tes charmes ...
Que tu aimais les femmes fortes et déterminées, que les jérémiades et chouineries ne t'intéressaient pas ... Toi .. oui TOI !
Et tu as couché avec ELLE???? !
Tu m'as menti Cosaque ! Comme vous mentez tous !
Meme pas capables d'assumer ce que vous glissez entre vos jambes !

J'comprends mieux ton manque d'appétit sexuel ! T'en avais combien des amantes cachées du style ? J'suppose qu'en fait t'as couché avec TOUTES celles dont tu m'affirmais qu'elles ne t'intéressaient pas !
ça d'vait être épuisant de donner de la "tête" toute la journée, tout partout !
J'espère que ce cher Matvei pourra mettre à ton service une joyeuse bande d'esclaves mongoles pour satisfaire tes petits jeux ... et tes gros mensonges !

P'tain TORVAR ... t'as couché avec Eliance ! Tu lui as sorti les mêmes mots doux, tu lui as offert la même robe ... c'est pathétique ! Et si elle avait eu un fils, l'aurais tu adopter c'ui ci aussi ?
Jusqu'où étais tu prêt à aller ? jusqu'où ...
Tu me détruis même dans ton absence Cosaque !

Tu veux que je te l'annonce moi la nouvelle ! J'vais le faire. Ton Eliance porte ton fils ... ou ta fille. Tu vas ENCORE être père ... Mais cet enfant aura tes yeux, ta chair ... et espérons le, pas ton caractère !
Tu devrais te rappliquer et venir assumer ce que tu as fait. Elever ton enfant, prendre soin de la mère. Ton Eliance.

Il me semble que tu as suffisamment critiqué Niallan pour son incompétence de père. Bah toi qui a réponse à tout, vas y ... fait mieux ! ASSUMES ! Viens t'occuper de ta descendance ! Messire j'joue les saintes nitouches, mais j'couche partout en cachette !

Tu me tues Cosaque !
J'ai cru mourir mille fois quand elle m'a raconté ... elle et toi.

Si tu avais voulu me faire mourir dans les pires souffrances, tu n'aurais pas pu mieux faire.
Félicitations,

Un conseil, reste à tout jamais dans ton clan,
et garde tes chiens d'garde auprès de toi,

Ne vient plus jamais me parler de ton argent ou de quoique ce soit d'autres,
Oublie Percy,
Oublie moi,

Et même si ça m'arrache les lèvres,
Va t'occuper de ta descendance ...
Tu te dois d'être là pour Eliance !


Passes mes menaces à Drobo,
Et mon crachat à Matvei,

Quant à toi ...
Je ne t'embrasse pas,


Maryah


PS : à mon meilleur ennemi,
Au cours de nos aventures j'ai tout accepté,
Mais il y a une chose que je n'accepterai jamais, la Lâcheté.
Reprends-tes mensonges,
Je reprends mon respect
.

_________________

Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Dobromir


    Le temps de la guerre s'était doucement atténué, suspendant sa course,
    le temps du deuil prenait ses aises et durerait autant que chacun en aurait besoin.

    La lettre était arrivait par un beau matin et je la regardais, lisant tant bien que mal les mots prononcés avec ce fiel dont cette garce pouvait être capable. J'avais réfléchi puis m'en était allé me confier à Matveï qui m'avait laissé le loisir de prendre les choses en mains. J'étais le seul qui avait vécu avec Torvar et cette peuplade dont personne n'avait plus vraiment envie d'entendre parler.

    Je pris donc une plume et écrivit au dos de son vélin. Au moins je ne garderais pas ce torchon avec moi et je ne souillerais pas les âmes de nos guerriers.




    La Bridée,

    Même à des milliers de lieues faut que tu viennes nous emmerder. Tu n'as donc pas appris le respect et encore moins à te taire. Normal que personne ne te fais confiance et que personne ne veut te fréquenter mise à part pour une nuit histoire de se dégourdir un peu !

    Tu craches ton venin, tu viens avec tes griefs condamner l'attitude de Torvar mais qui es-tu pour t'en sentir le droit ? Sais-tu au moins cela ?
    Tu n'es rien qu'une petite chiure qui n'arrive pas à la cheville de nos propres femmes, tu n'as jamais compris le cosaque et encore moins nos traditions, tu ne sais que vouloir ce que tu n'as pas en forçant les choses. Tu as manigancé pour faire adopter ton fils pour après abandonner et aller te vautrer dans multiples couches, tu n'as aucun honneur.

    Au moins, la rousse elle en avait dans le cœur parce que elle, elle s'est intéressée à lui pour ce qu'il était, elle a voulu apprendre notre langage, qu'on lui conte nos traditions, notre pays, nos infortunes et nos gloires. Elle a une belle âme, peu importe les choix qu'elle a fait dans sa vie et même si elle est perdue, elle a ce que tu n'as pas et n'auras jamais.

    Tu dis qu'il va être père, tu dis qu'il l'a préféré à toi mais IL n'avait pas à réfléchir bien longtemps pour choisir. Sais-tu au moins ce que Torvar a subi et ce qu'il en est advenu de lui après sa petite mort, le sais-tu vraiment ? La petite rousse lui a redonné le sourire, elle a su le faire rêver, lui donner un semblant de vie durant quelques jours. Je l'en remercie pour cela, je ne peux que le faire contrairement à toi qui détruis tout ce qu'elle touche et qui l'a mené au bord du gouffre, précipitant sa fin. Tu n'es qu'une terre sèche et sans avenir, tu n'as plus aucune raison d'exister sur cette terre si ce n'est que pour empoisonner la vie d'autrui... Mais va donc crever, débarrasse la terre de ton corps inutile et de ton esprit malade, ça rendra service à tout le monde !

    Désormais, garde tes hommes en vie en évitant de les envoyer à l'abattoir. Dès ce courrier parvenu jusque dans ton royaumes, entre tes mains, plus rien ne passera venant de ta part. Nous sommes aujourd'hui en deuil, nous pleurons l'âme de notre frère et nous ne voulons plus que tu interviennes dans nos affaires. Torvar a mérité le repos éternel, ne viens plus le troubler sinon nous te ferons passer l'envie de recommencer, à toi et à ton fils. Sache que je serais heureux de lui ôter la vie si tu ne t'en tiens pas à ces instructions.

    Il y a une dernière chose qu'il faut que tu saches c'est que nous sommes tous heureux ce matin de savoir Torvar délivré de ton emprise. Au moins les dieux ont écouté nos prières lui offrant la paix !

    Je ne te salue pas !
    Va crever.
    Ton ennemi à jamais
Maryah

Je t'aime oui je t'aime mais
Ça m’est d’avis que tu le sais
Je t'aime ça oui je l'admets
Mais comment faire désormais
Tu n'es plus là



Le choc.

D’aucun ne se serait arrêté sur les menaces et les insultes de Drobomir, mais Maryah avait dépassé tout ça depuis longtemps. Non ce que l’inquiétait c’était la rage qui transparaissait entre les lignes et … cette révélation … qu’elle ne lisait qu’entre les lignes. Mais qui se devinait à demi-mots, à bout de souffle.
Se pouvait-il que Torvar soit mort ? Mort mort ? Pour de vrai ? Le reste n’importait guère.
Assise autour du feu de camp, prête pour une nouvelle guerre, elle relisait inlassablement le courrier, y cherchant quelques vérités. Torvar mort … c’était impossible. Inconcevable.

Le déni.

Bien sûr, il n’était plus tout jeune, bien sûr la dernière guerre l’avait considérablement affaibli … bien sûr.
Bien sûr il se voûtait, sa main tremblait, et il toussait.
Bien sûr ses cheveux se faisaient plus grisonnant, mais il ressemblait tant à ces anges déchus.
Bien sûr la dernière fois il n’était pas dans son assiette … mais … mort ? Non, ça jamais !

La panique.

L’avait-elle poussé à une mort certaine avec l’histoire de cette enfant qui n’était pas de lui ? Avait-il cru qu’elle avait pu porter l’enfant d’un autre ? S’était-il laissé mourir de chagrin ? de désarroi ? S’était-il senti dépassé par la situation ?
Non non … il sortait des jupons d’Eliance, il ne pouvait pas l’aimer si fort … en être touché, affecté, au point de … HUM … Et pourquoi lui avoir fait croire qu’il allait s’installer à Sarlat ? Etait-elle … avait-elle été un jour sa réponse à un désespoir si profond ? n’avait-elle pas su voir et comprendre l’investissement du cosaque ? Humpf … tant de questions sans réponse.

La raison.

S’il était vraiment mort, parce que Drobo avait l’air de dire qu’il l’était vraiment … où était son corps ? comment était-il mort ? et puis il fallait prévenir tous ses proches, ses amis, organiser une cérémonie de d… deuil … départ …
Putain de merde, qu’elle avait envie d’étriper Drobo ! Et de faire sécher ses tripes. Et de bouffer de la viande séchée tout le long du chemin et …
Et Torvar était mort ...

La déraison.

Il lui fallait réécrire à Drobomir. Ou même se pointer en terre cosaque. Exiger sa dépouille … non non … écrire et savoir comment il était mort. Ou euh demander une délégation en terre française pour commémorer … son souvenir ? pour l’aider à passer dans la lumière ? au jardin des délices ? Ce n’était pas sa foi. Il fallait qu’elle fasse quelque chose en tout cas, pour ne pas devenir folle, pour ne pas s’abandonner à …

La tristesse.

Depuis combien d’années connaissait-elle le Cosaque ? Son meilleur ennemi du monde. Lui contre elle, elle contre lui, des séparations des retrouvailles, des peurs des solutions, de l’amour de la rage, révolte et soumission, d’arrangements en pièges, de poisons en potions, de guerre et de paix, …
Qu’en savait il Drobomir de toute cette intimité ? de toutes ces confidences ? De tout ce bonheur qu’Ils avaient partagé ensemble ? de tous ces ennemis qu’Ils avaient terrassés ensemble ? de toutes ces situations qu’Ils avaient sauvées ensemble ? de tous ces rêves, ces projets, qu’Ils faisaient ensemble ? De toute cette différence qu’Ils partageaient ensemble ? De ces nuits sereines ? De ces jours sans peine ? De ces trois petits mots soufflés au creux d’une épaule, d’une oreille, et qui ne se mettent pas à l’imparfait …

Et puis c’était elle qu’Il était venu voir à la fin … et on gardait toujours le meilleur pour la fin. Si la Rousse l’avait rendu si heureux, comme semblait vouloir le faire croire Drobomir, il ne serait pas venue la trouver elle, la bridée. S’il avait aimé la rousse, il ne serait pas mort. L’était-il d’ailleurs ?
Et les larmes commencèrent à couler rageusement …
Torvar n'avait pas le droit de lui faire ça, d'abandonner la partie, de l'abandonner elle et leur histoire en dent de scie. Le loup des steppes était immortel. Il n'avait pas le droit de mourir. Il avait dit qu'il veillerait toujours sur Elle et Percy ...
Toujours ...


Elle repassait le film à l’envers. Les Hauts comme les bas. Jusqu’à remonter des années plus tôt ... leur première rencontre. Elle se rappelait qu’alors la mort avait d'emblée été dans leur conversation ; aujourd'hui, elle était une réalité ...
Citation:
- Vieux je le suis… et je ne cherche pas à détromper sur la marchandise. J’ai assez de métier pour me permettre de regarder la mort en face et de lui offrir quelques pas quand elle vient me chahuter de trop près…
( Il semblait que cette fois-ci, il ai dansé d’un peu trop près avec. )
- Y a quelques personnes bien placées qui savent que j'dois prendre la route avec toi, alors cherche pas à m'voler et m'étriper au bord d'un ch'min. Ils sauraient te retrouver. Tu bouf'rais ma viande séchée et en plus j'promets d'revenir te hanter. Pigé ?


Bon sang qu’elle aurait aimé qu’il vienne la hanter à son tour … à ce moment précis … Certaines femmes de la cour des miracles disaient pouvoir entrer en contact avec les esprits défunts, et elle y songeait sérieusement.
Elle avait toujours voulu savoir,
Il l’avait toujours trouvé trop curieuse.
Les meilleurs ennemis …


Je t'aime oui je t'aime mais
Ça met ta vie que tu le sais
Je t'aime oui puis après
C'est pas nouveau et c'est pas gai
Tu n'es plus là



L’action.

Torvar, malgré ces quelques récents griefs, ne pouvait pas … ne devait pas mourir comme une vieille chaussette.
Et tant pis si ça devait déranger Drobomir.
Et tant pis si ça devait en froisser plus d'un, d'une,
Et tant pis si ça devait la mettre en danger. Elle devait l’annoncer à Percy, à Della … à Eliance … qui portait peut-être sa descendance.

Et malgré tout ce qu’elle nourrissait contre Eliance, Maryah était déterminée. Elle n'avait jamais pu lui donner un fils et s'en était longtemps voulu.
Torvar l’avait aidé avec Percy, coûte que coûte, alors elle aiderait la descendance du Cosaque. Coûte que coûte.
Elle pensa à Catnys aussi, et puis cette femme noble là … Liz …
Oui elle les contacterait toutes.

Mais pour l’heure, ce ne fut que deux pigeons qui furent envoyés :



Drobomir,

Tu parles de repos éternel … J’ai bien peur de comprendre que … le pire est arrivé …

Bouffe le pigeon si tu veux. Je n’t’ai jamais aimé, mais je sais combien Torvar comptait pour toi. Et inversement.
Aussi, même si tu trouves ça déplacé, et malgré tes menaces et tes insultes, uniques reflets de ta douleur à laquelle je compatis profondément, reçois mes sincères condoléances. Présente-les à ton peuple … juste parce que tu sais que Torvar aurait laissé faire ça. Le respect des morts, est inscrit dans toutes les peuplades.


Elle s’interrompit, les larmes coulaient sans discontinuer et elle n’avait aucune envie que l’une d’elles viennent s’échouer sur le parchemin. Que Drobo continue à la considérer comme une femme sans cœur, non mieux … comme une roche. Un truc sans vie et sans honneur. Elle sécha ses larmes, ayant encore du mal à croire à la mort de Torvar, et reprit pleine de doutes :



J’ai besoin de savoir … pour prévenir ses amis. Comment est-il mort ? Que s’est-il passé ? Avez-vous récupéré sa dépouille ? Où est-il enterré ? Je fais confiance à ton peuple pour les funérailles.


Bon sang … être obligée d’être gentille, et ressentir réellement ce sentiment au fond de son cœur … à cause du Cosaque ça … ‘tain Torvar … t’avais pas droit …



Je compte organiser une cérémonie en sa mémoire. Je voulais juste que tu le saches. Je ne t’embêterai plus.
Sincères condoléances,
Maryah


Elle était mal. Très mal. La tristesse ne trouvait pas son moyen d’expression. Et dans sa tête, tournait toujours cette horrible question : « l’ai-je poussé dans la tombe ? ».

Un deuxième feuillet glissa sous ses doigts humides, et avec tout le soin qu’elle put, elle s’appliqua à contenir ses larmes le temps des quelques lignes :




Eliance,

S’il te plait, lis ce courrier.
Assieds-toi. Isole toi dans un endroit calme …


Volontairement, elle replia le parchemin en trois pour repousser l’annonce. Et en plus petit, elle griffonna :



J’ai le regret de t’annoncer le décès de Torvar. Son cousin vient de m’annoncer cette triste nouvelle. J’ai pensé que tu devais le savoir.

J’ai autre chose à te dire. Malgré les différends qui nous opposent, si tu portes la descendance du Cosaque, sache que je serai là pour l’enfant. Tu pourras compter sur moi. Torvar a reconnu mon fils pour me sauver du déshonneur et d’une situation compliquée ; j’ai contracté une dette d’honneur envers lui. Je la paierai sans rechigner auprès de sa descendance.

Prends soin de toi et de l’enfant,

Mes condoléances,

Maryah



Elle reposa sa plume, tremblant davantage. Elle n’avait jamais eu mission plus horrible à accomplir. Le Cosaque avait trouvé là une excellente vengeance. Il avait remporté le dernier combat, la laissant terrassée. Il avait eu le dernier mot.
L'union fait la Force. Oui. Mais la force de qui ? ...



Je t'aime oui je t'aime mais
Je t'aime oui mais sans succès
Repose en paix

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Bannière réalisée par LJD Pépin_lavergne
Eliance
Il était le « connard des steppes ». Celui parti sans un mot. Celui abandonnant encore et encore. Et Eliance avait fini par adopter dans la douleur le surnom offert par sa patronne pour le Cosaque. Elle avait fini par le détester, son Oblako. Il avait fui. L'avait ignoré. L'avait laissée seule avec leur début d'histoire. Avait déserté quand, enfin, elle avait fait un choix valable. Elle le détestait pour cette dernière lettre ignoble qui n'aurait pas dû être une dernière. Torvar voulait qu'elle le déteste et il avait enfin réussi. Il était le « connard des steppes ». Le dernier à l'enfoncer un peu plus dans sa misère. Le dernier à hanter son esprit. Le dernier à peupler ses nuits. Le dernier à provoquer moult dégâts en elle.

Et il y avait eu Maryah. Inévitablement, vivre dans le même comté impliquait une rencontre, un jour ou l'autre. Le jour était arrivé. Et si des insultes puis des excuses avaient fusé, rapport à une certaine « salope du Périgord », la jalousie, la rancœur et bien d'autres sentiments mesquins s'étaient donnés rendez-vous. Mais la Bridée était la dernière à avoir vu le Cosaque – et non, il ne s'était pas barré avec elle, comme Eliance l'avait cru –, et ce point-là la rendait précieuse aux yeux ménudiériens. Elles avaient donc fini par parler presque calmement de leurs derniers instants respectifs passés avec le « connard des steppes ».

Mais voilà. Tout ça, c'était avant de recevoir la lettre. Avant de l'ouvrir. Avant d'obéir sagement aux consignes. Avant de lire le tout. Le drame. L'insoutenable. Si la tête d'Eliance était déjà un bordel ambulant, les mots de Maryah n'ont fait qu'empirer la chose. Torvar. Mort. La roussi-blonde était restée interdite. Plusieurs heures. Elle n'avait pas pleuré. Ne s'était pas effondrée. Elle ne savait pas comment réagir. À quels sentiments laisser le champ libre. Elle devait savoir. Savoir pour pouvoir penser en conséquence. Pour mettre de l'ordre dans ses sentiments contradictoires.

Elle a fini par poser une mine griffonnante sur le papier. La vérité quant aux croyances étranges de la Bridée sur son état bedonnant attendraient.


Citation:

    Maryah,

    Avant tout, je crois que je dois te remercier de ta lettre. Même si...
    Est-ce que tu sais davantage de choses sur sa... mort ?
    Est-ce que tu sais quand c'était ? Pourquoi ?
    J'ai besoin de savoir, Maryah, si il est parti et est mort ensuite. Ou si il est parti parce qu'il était mort.
    J'ai besoin de savoir si il m'a abandonné ou si ça l'a juste happé.
    J'ai besoin de savoir...

    Merci. Et pardon.

    Eliance

_________________
             
                                            
Dobromir


    La bridée avait décidé de me pourrir l'existence avec ses courriers. Elle ne pouvait pas rester dans le silence et me laisser pleurer mon ami, mon frère, mon parent. Non fallait qu'elle en rajoute une couche et qu'elle se montre possessive et irrévérencieuse. Matveï m'avait dit de me débrouiller donc à moi de prendre les choses en charge et de répondre avant de la voir débarquer ici. Même si je connaissais l'accueil qu'on lui aurait réservé, je ne voulais pas faire ça aux miens donc je pris la peine de répondre à cette folle sans cœur.




    La Bridée,

    Y'a pas plus chiante que toi dans ce putain de royaume. T'as vraiment aucune notion de ce qui doit être fait afin de laisser les gens en paix. Mais quand est-ce que tu crèves donc que ça nous libère enfin ?
    Et t'es devenue un charognard que tu veuilles autant de détails sur sa mort ?
    Qu'est-ce que ça peut te foutre ?

    Ce que tu as à savoir c'est que Torvar ne s'était jamais remis de l'attaque qui l'avait laissé sur le carreau et qu'il est venu vous voir, toi et la rousse pour vous offrir un dernier adieu. Il savait déjà que ses jours étaient comptés et qu'il lui faudrait faire le voyage de retour… rentrer chez nous, revenir parmi les siens. Il n'avait pas à s'expliquer, à vous laisser un message d'adieu, vous n'auriez pas compris, vous ne l'avez jamais compris.

    Sache aussi que ta cérémonie ne rime à rien pour nos autres cosaques. Vous n'êtes absolument rien pour nous et la sincérité que vous énoncez tous autant que vous êtes n'est que mensonge honteusement offert afin qu'on pense que vous êtes franc et loyal mais tout ça n'est qu'illusion. Et puis Torvar a déjà eu sa cérémonie ici. Son corps a été rendu à son territoire. Le vent a pris ses cendres pour les déposer entre le Don et la Volga, sur ces terres qui l'ont vu naître. Là-bas désormais bien de courageux guerriers verront le jour, son âme y veillera.

    Maintenant je n'ai plus rien à te dire. Je sais qu'il avait fait le nécessaire pour que ton fils ait ce qu'il faut jusqu'à sa majorité, un homme de loi s'en occupera. Le reste ne m'appartient plus et je ne veux plus rien savoir de toi, des autres. Votre royaume nous a enlevé le plus juste d'entre nous, rien que pour ça, je vous maudis jusqu'au moins la septième génération.



    Pas la peine que je signe, elle savait qui c'était. Maintenant je n'aspirais qu'à la tranquillité qui était mienne. La saison froide arrivant, nous allions pouvoir nous recueillir comme il se devait et veiller à ce que les âmes de nos morts restent en paix.
Maryah
Vrai qu'elle maudissait Drobomir, mais s'il avait été là, elle l'aurait serré dans ses bras. Parce que, toute tête de mule qu'il était, il venait de perdre Torvar ... et quelque part, elle comprenait sa peine. Et elle aurait aimé trouver quelqu'un qui comprenne la sienne. Mais ces gens là n'existaient pas ...

Ce coup là, elle ne s'en remettrait pas. Pas cette fois. Pas comme ça. En quittant Sarlat, le messager avait rapporté un courrier d'Eliance et un courrier de l'homme de loi, à Paris, qui l'attendait pour les détails.
Torvar avait bien laissé de quoi subvenir à l'éducation de Percy, et cela la mettait dans tous ses états. Allez savoir pourquoi !
Stratégie d'évitement, voilà la seule chose qui lui avait permis de ne pas craquer définitivement. Elle n'y avait pas pensé, elle avait oublié ... mis de coté ...

Mais la lettre de Della, était venue tout réveiller. Et puis le sang qu'elle avait fait couler, qu'elle avait goûté, le rituel sanglant retrouvé, voilà qui lui avait fait un bien fou ! Et elle n'avait pas viré folle.
Alors ce jour, elle prit enfin la plume pour répondre à Eliance, au milieu de la cacophonie des Buses qui défonçaient allégrement la Touraine :





Eliance,

Oui tu peux me remercier, même si ...
J'ai la rage contre toi, parce que je me doute bien que tu t'es fait le cosaque pour te venger de moi et Diego. Et lui, forcément, il est tombé dedans ... en me mentant.
Mais j'ai pas envie de me battre, j'viens d'tuer une dizaine de personnes, ça m'suffit je crois.
En plus, le sang ça tâche.

J'crois pas que les gens peuvent comprendre ce que c'est la perte d'un être cher. A moins de l'avoir eux mêmes vécus. J'ai quelques réponses alors je vais te les apporter.
Torvar était souffrant, je pense qu'il avait compris que la mort viendrait le cueillir.
Il n'a pas du vouloir nous le dire, pour ne pas avoir notre pitié. Il ne t'a pas abandonné, la mort l'a happé. La maladie devait le ronger.

Il est mort en regagnant sa terre natale. Ils l'ont pleuré chez eux, ils ont brulé son corps et ont dispersé ses cendres, pour enrichir sa terre. Et certainement donner d'autres guerriers de sa trempe.

Puisses tu vivre en paix avec ses informations.

Je maintiens ma proposition d'aide pour votre enfant.


Maryah

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Eliance
Citation:


    Maryah,

    Cesse de penser toujours par la vengeance. J'ai aimé Torvar bien avant que tu te fasses mon mari. Dans ces lettres qu'on a partagé si longtemps. Pendant ces rencontres hasardeuses toujours si bienvenues. Nos gestes étaient retenus, mais nos sentiments étaient là.

    Si j'avais voulu te faire du mal, je m'en serais prise à ton fils. Je t'en avais d'ailleurs menacé par écrit et rien que l'idée t'avait fait flipper, je crois. Là encore, ce n'étaient que des menaces en l'air. Tu me vois faire du mal à Percy ? Franchement ? Ne sois pas stupide. Tu me connais.

    Je comprends que tu ais du mal à intégrer le fait qu'on se soit aimé, lui et moi. Tu l'aimes encore, je l'aime encore. Je l'aurai épousé, si il était encore là. On l'avait dit. On l'aurait fait. Seulement pour nous. Pas pour te faire rager, toi. Tu en apportes la preuve dans ta lettre. Il ne m'a pas abandonné. Il ne m'aurait pas abandonné. J'ai écrit à Dobromir, pour qu'il donne une lettre à Torvar.

    Je sais ce que sont les remords. J'en suis remplie. Mais Torvar ne t'aimait plus, Maryah. Il le disait. Il disait que tu l'emmerdais. Même si, au fond, je pense qu'il était attaché à toi. Alors ne soit pas jalouse. Et puis regarde-moi. Je ne suis ni veuve ni rien. Juste une conne qui se trimballe en tenue de deuil sans que personne ne sache pourquoi.

    Maryah, ne me fais pas la guerre, s'il te plaît. Tu es la seule à qui je peux parler de lui, sans qu'on me dise que c'était un connard.

    Il faut quand même que je te dise une chose : mon ventre est creux. Il n'y a rien dedans. En décembre dernier, je ne t'aurai pas dit ça. Mais là, oui. Je n'ai pas démenti tes croyances parce que j'avais peur que sinon tu ne me parles plus de lui. Que tu ne me dises pas ce que tu sais de sa mort. Pardonne-moi. C'était égoïste. J'ai pu voir, ainsi, que tu ne l'es pas, toi, égoïste. Et je t'en remercie.

    Maryah, si un jour tu as besoin, de te planquer, de pleurer, de n'importe quoi, écris-moi.

    Après tout, nous étions amies, non ?
    Et puis, Torvar, c'est toi qui me l'a présenté. Je ne t'ai jamais remercié pour ça non plus.

    Alors merci. Et prends soin de toi.

    Eliance



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