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[RP] L'adversité unit les hommes.

Kheldar
Une mission comme une autre. Kheldar venait de signer à titre individuel pour le trajet Montpellier-Tournai, un voyage de plusieurs semaines pour escorter un convoi de plusieurs chariots et la famille du riche marchand, auteur de cette périlleuse entreprise. Kheldar ne serait pas seul à assurer la protection, d'autres mercenaires avaient également signé, des jeunes hommes qui souhaitaient se faire un nom dans le mercenariat, et un homme qu'il avait déjà aperçu une ou deux fois lorsqu'il fréquentait encore le Clan Mac douggal.

Les jeunes bombaient le torse devant leurs aînés, certains de leur importance au sein du groupe qu'ils allaient formé, ou désireux d'être prit au sérieux. Aux yeux de Kheldar ils ne faisaient que perdre leur crédibilité, et il n'était pas prêt à leur accorder le bénéfice du doute. En vétéran chevronné, Kheldar s'occupait d'entretenir ses pièces d'équipement, sans accorder d'attention au groupe qui tentait d'organiser les postes.


C'est quoi ton nom? Demanda l'un des mercenaires arrogants avec qui ils feraient équipe. Kheldar releva brièvement la tête, le temps d'observer son visage lisse. Dix huit ou vingt ans. Il ne pouvait avoir plus. Le colosse se demanda un instant comme ces hommes avaient pu être recrutés, ils avaient du fanfaronner ou exhiber fièrement leurs pièces d'équipement impeccables. Du riche ouvrage il était prêt à l'admettre, ce qui le poussait à croire que certains d'entre eux étaient fils de nobles ou de bourgeois et cherchaient à vivre quelque expérience guerrière.

Kheldar laissa planer quelques secondes de silence, mais il n'avait aucune raison de taire son nom, il ne faisait pas de mystère lorsque cela n'était pas nécéssaire.

Kheldar.

Prononcé sans intonation particulière, le jeunot devrait s'en contenter. Kheldar baissa à nouveau la tête pour reprendre son ouvrage, faisant râcler sa pierre à affûter le long de la lame.

C'est une épée bâtarde?

Merde... c'était plus que visible avec une garde d'une main et demi et une lame de plus de trois pieds. Il essayait de prouver qu'il était connaisseur mais il ne faisait surtout que confirmer ce que Kheldar avait déjà deviné. Il avait devant lui un homme qui avait quelque chose à prouver. Sans trahir son agacement par quelque expression peu engageante, le mercenaire, vrilla son regard gris acier dans celui du jeune homme.

C'est une épée bâtarde oui.

Il détestait les amateurs qui ressentaient le besoin de parler alors qu'il y avait mille et une chose plus utile à faire que de bavasser. Ces jeunes qui s'étaient mit minables à la taverne la veille au soir pour fêter leur nouvelle association n'avaient pas encore contrôlé l'état de leurs armes ni scellés leurs chevaux. Kheldar songea un moment à le leur faire remarquer, mais décida que ça l'importait peu. De toute manière il devrait composer avec une équipe de bras cassés, ce qui rendrait l'escorte plus qu'éprouvante il pouvait le pressentir. Il n'avait, de toute manière, pas signé pour moucher des nez. Kheldar se réjouissait tout de fois de ne pas être le seul vétéran de la petite équipe de huit escorteurs. Le slave qu'il ne connaissait pas ne sentait pas non plus le besoin de répondre favorablement aux questions de leurs "compagnons d'armes".

Devant le peu de succès qu'il avait avec le colosse, le jeune homme décida de faire volte face et de rejoindre ses camarades. Il était plus que temps de s'activer avec un départ prévu dans une heure.
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Torvar
- Hé le vieux… t’es pas un mercenaire toi… toi t’es plutôt du genre fermier j’me trompe ?

Les éclats de rire qui suivirent ne méritaient même pas la peine que Torvar relève trop occupé qu’il était à lustrer Vorobeï.

- Hé le vieux… t’vas l’abimer ton ch’val s’tu continues comme ça… l’aura plus d’peau sur les os…

Cette fois-ci il n’y échappa pas. Le petit con qui se foutait allégrement du cosaque depuis un moment se prit la brosse à reluire dans la tronche. Bien évidemment il se mit à brailler comme un veau en se tenant la mâchoire qui pissait le sang. Son camarade lança un regard noir à Torvar qui ne chercha même pas à s’excuser de l’avoir fait exprès. Il s’avança même pour récupérer l’objet volant et se remettre à la tache. Quant à celui qui se disait mercenaire, il en aurait pour son argent. Une belle cicatrice en pleine gueule qui sera du plus bel effet auprès des filles, tout ça sans même se battre. Ah la belle vie d’aventurier… même plus besoin de mouiller sa chemise pour y arriver.

Poussant un profond soupir, Torvar retourna à ses occupations tout en observant du coin de l’œil le reste de la troupe afin de voir s’il n’y aurait pas encore un candidat pour l’emmerder. Il était prêt à recevoir le prochain mais tout semblait calme et malgré des regards insistants de part et d’autre, personne n’était assez téméraire pour venir l’affronter. Personne sauf peut être l’ancien à l’autre bout du camp. Le cosaque avait posé ses yeux un peu plus tôt dans la matinée et il savait qu’il l’avait déjà rencontré. Furtivement sans aucun doute, du temps où il avait fait la connaissance de Maryah, Sarah et les autres… du temps ou il était encore un mercenaire de renom et qu’on avait besoin de lui pour œuvrer dans l’ombre… sauf que pour cette mission, il ne put résister à la connerie humaine et s’en alla très vite du guêpier dans lequel toute cette joyeuse petite bande c’était fourrée. A trop vouloir négocier avec un violeur doublé d’un psychopathe, on en perd le nord. Et ce qui devait arriver arriva. Donc le visage du mercenaire lui était familier, un peu. Et à la posture qu’il avait ainsi qu’aux coups d’oeils qu’il jetait, Torvar savait que c’était du lourd. Certainement plus que ces rejetons qui leur tournaient autour comme des charognards prêts à les dévorer. Ceux-là, le cosaque n’en faisait même pas cas. A la moindre occasion, il savait que l’ancien et lui se retrouveraient seuls à affronter l’adversité. Comment pouvait-on engager une bande de gamins pour faire ce genre de boulot ?

A chaque contrat, Torvar y avait toujours mis des conditions. Trop sans doute mais il était ainsi et cela lui avait valu de rester en vie jusqu’à la quarantaine passée. Lorsqu’il regardait les gamins jouer avec leurs épées, proclamant haut et fort qu’ils étaient des mercenaires, des hommes des vrais, il se faisait du soucis le vieux cosaque parce que leurs corps étaient bien trop lisses pour savoir ce que faisait la torture au plus téméraire d’entre eux, leur bouche était bien trop fleurissante de qualificatifs les concernant pour faire la différence entre le moment où il faut parler et celui de se taire et surtout, surtout, l’arrogance qui sortait par chacun de leur port ne pouvait que les inciter à surenchérir et devenir la risée de la profession… mais ça, Torvar se demandait s’ils étaient capable de s’en rendre compte et de changer… bref, les anciens du campement étaient donc entourés d’une bande d’incapable incontrôlables pour un contrat qui les lierait durant plusieurs semaines… et tout ça pour quoi ?

Torvar n’avait plus rien à prouver. Professionnellement du moins. Mercenaire depuis la nuit des temps, œuvrant dans pas mal de pays, son nom était synonyme de constante et de travail bien fait. Jamais il n’avait fui devant l’adversité et sa renommée le précédait. D’ailleurs c’était aussi pour cela qu’on était venu le chercher. Il ne cherchait plus de contrat depuis qu’il s’était installé en Bourgogne mais le cosaque ne pouvait refuser à la connaissance d’une connaissance d’une connaissance qui venait le supplier de jouer juste les accompagnateurs. Réfléchissant d’ailleurs à cette notion toute relative, la conviction profonde du guerrier était que de toute manière, il ne ferait pas de figuration. Et d’ailleurs, la main sur l’étrille suspendit son geste tandis que son regard se portait dans le ciel, oreilles tendues à l’écoute du moindre bruit.


- Hééééééééééé le vieux….. j’vais péter la gueule pour c’que t’as fais à mon copain…

Cette fois-ci la voix grave et résonnante de l’accent slave lâcha d’un ton rogue.

- Ferme-la Svoloch’*

Puis bousculant le pauvre crétin qui finit par perdre l’équilibre et se vautrer dans la boue l’ancien limier se dirigea d’un pas décidé vers Kheldar. Quelque chose clochait, il en était certain et rien de bon ne se laissait deviner dans le vol des corbeaux au-dessus de leur tête.

- Faut que je te parle…

Torvar tourna son visage vers la forêt non loin de là de laquelle aucun son ne sortait. Rare était le silence en pleine campagne, il y avait toujours un cri, un hululement, un craquement mais là, le silence était d’or. Le cosaque posa son regard gris sur les traits aguerris du mercenaire, l’étudia furtivement avant de lui tendre la main.

- Moi c’est Torvar et si je ne me trompe pas, on va devoir compter l’un sur l’autre rapidement à moins que tu ne décides de faire confiance à cette bande de merdeux qui n’ont pas encore fini de grandir ?



*connard

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