Maryah
Des mois qu'elle y pensait, retournant moult scénarii dans sa tête. Le danger était là, de plus en plus proche. La Bridée avait peur. Un peu pour elle, parce que l'idée de passer à la question par les ennemis des sanguinaires ne l'enchantait guère, mais surtout pour son fils. Quant à leur voyage en Alexandrie, et malgré toute la confiance qu'elle avait pour Ober et Ignace, elle ne pouvait effacer qu'elle y avait été esclave des années plus tôt, et que tout pourrait mal tourner une fois là bas, si tant est qu'ils atteignent le rivage un jour en évitant tous les pirates, comme Domdom le lui avait si bien expliqué.
Il fallait se rendre à l'évidence : si elle venait à mourir ou à être enlevée ou si abîmée qu'elle ne pouvait plus subvenir aux besoins de son fils, qu'adviendrait-il du petit Percy ?
Son père était aux abonnés absents, et s'il n'était pas déjà mort, il ne tarderait pas à l'être. Elle l'avait vu en Berry, il n'était plus que l'ombre de lui même , morcelé, brisé, jamais il ne se relèverait. Un vaurien, comme on disait par chez elle. Bien entendu, son fils méritait mieux. Mille fois mieux. Dix-mille ... cent-mille ... bref, vous comprenez.
Les femmes n'étaient pas bien vu dans la société d'aujourd'hui ; or, les seuls hommes qui avaient eu un lien paternel avec l'enfant, se comptaient au nombre de deux. Dolgar et Torvar. Le premier, devenu borgne, avait laissé dans l'aventure quelques doigts et une bonne partie de sa mémoire. Il avait oublié jusqu'à l'enfant, jusqu'au fait qu'il avait fait déménager la bridée et son fils d'Empire pour les conduire chez lui, d'où il avait admirablement disparu. Pour mieux réapparaitre et se maquer avec une autre, sans enfant et sans tourment. Torvar avait été mercenaire aussi, et son cur avait su rester dur. Ses sens lui servaient constamment à repérer les dangers, il n'était dupe de rien, et elle ne doutait pas que pour Percy, il se battrait jusqu'au bout. Il s'était occupé de Percy comme un père l'aurait fait, lui apprenant à nager, à monter, à couper du bois, à combattre ... certainement. Il avait un certain sens moral, ce qui avait pour don d'énerver Maryah, mais qui était parfait pour faire l'éducation d'un enfant. Il était droit, intraitable, et incorruptible. Elle avait souvent eu peur que Torvar soit trop dur avec l'enfant, mais elle savait que Percy l'admirait ; il était le Chevalier, le chasseur de dragons, et Maryah souriait quand l'enfant lui racontait les attaques de chatouilles, ou encore quand elle le surprenait à fredonner une chanson de cosaques. Les enfants se contentaient de peu, et chaque jour qui passait elle lui donnait tout l'amour dont elle était capable. Il n'oublierait pas ça.
C'est comme ça qu'elle s'était retrouvée à chercher un avocat qui pourrait rédiger, et le parrainage, et le testament. Elle avait du faire un acte bien reprochable et disons le totalement illégal, pour se procurer la somme d'argent nécessaire et se payer les services de la meilleure. Tout était prévu. Même de quoi la soudoyer en cas d'opposition. Maryah avait rarement touché autant d'argent, et elle en remerciait encore la brune. Une lèvre fendue, un poing gonflé caché sous les gants noirs, quelques côtes abîmées bien tenues par le corset, une nuit en Enfer, mais l'jeu en valait la chandelle. Et puis, pour l'occasion, elle avait revêtu une jolie robe noire, stricte, elle avait même fait attacher ses cheveux. Elle avait presque l'air d'une dame, si ce n'était sa peau un peu foncée et ses yeux bridés. Ce jour devait être mémorable, et officiel. L'enfant était gardé par la Nounou a quelques rues de là, et elle comptait bien fêter ça avec lui, si tout se passait au mieux.
Le dernier sujet de doute, c'était ... le Parrain. Le Cosaque. Allait-il venir ? Alors que les courriers de l'étrangère étaient restés sans réponse. Alors que Eliance lui avait raconté qu'il chevauchait aux côtés d'une vraie femme, digne, respectable, et tout et tout, qui avait des enfants, dont un en particulier auquel le Cosaque semblait s'être attaché. Alors qu'il avait avoué à Maryah qu'il ne l'aimerait jamais ... Soupir. Elle triturait ses gants noirs, nerveuse. Les bottines féminines également l'indisposaient, bien qu'elles la protègent du froid et de la pluie. Elle attendait là, sous le porche des avocats du Dragon. Le rendez-vous avait été pris des semaines plus tôt, avec une certaine Elisabeth Stilton. Espérons que le cosaque viendrait et qu'il ferait preuve de quelques manières. C'était pas un Seigneur, il ne pourrait pas adouber son fils ou le prendre à son service, mais la loi se rangerait de leur côté. Et l'argent ferait le reste.
La pluie tombait, les nuages gris défilaient. Journée pluvieuse, journée heureuse ? Des sabots retentirent, elle reconnut le cheval blanc qui arrivait. Explosion dans son cur. Il était là. Percy ne serait pas rejeté une fois de plus. Percy aurait un parrain. C'était comme une garantie de belle vie, aux yeux de Maryah. Elle se souvenait que le Cosaque lui avait dit qu'il se renseignerait pour faire entrer Percy comme palefrenier puis écuyer au service de connaissances. Elle savait qu'il ferait au mieux pour l'enfant. Et c'est malgré elle, qu'un sourire s'afficha sur son visage. Elle s'était promis de ne pas se fâcher avec lui, ni d'avoir aucun geste qui pourrait paraître engagé ou déplacé, et pourtant de le voir là, elle n'avait qu'une envie, c'était de lui sauter au cou et de le remercier infiniment. Toutefois ... son sourire s'estompa bien vite. Qu'est ce que c'était donc que ça ? Cette couleur là ... qu'il arborait étrangement ... sur le cheval ... tel un blason ... une bannière ... tel un Seigneur ...
C'est donc bouche bée, le regard perdu allant de lui au cheval, qu'elle accueillit la descente de cheval de Torvar.
Zen soyons zen ...
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Il fallait se rendre à l'évidence : si elle venait à mourir ou à être enlevée ou si abîmée qu'elle ne pouvait plus subvenir aux besoins de son fils, qu'adviendrait-il du petit Percy ?
Son père était aux abonnés absents, et s'il n'était pas déjà mort, il ne tarderait pas à l'être. Elle l'avait vu en Berry, il n'était plus que l'ombre de lui même , morcelé, brisé, jamais il ne se relèverait. Un vaurien, comme on disait par chez elle. Bien entendu, son fils méritait mieux. Mille fois mieux. Dix-mille ... cent-mille ... bref, vous comprenez.
Les femmes n'étaient pas bien vu dans la société d'aujourd'hui ; or, les seuls hommes qui avaient eu un lien paternel avec l'enfant, se comptaient au nombre de deux. Dolgar et Torvar. Le premier, devenu borgne, avait laissé dans l'aventure quelques doigts et une bonne partie de sa mémoire. Il avait oublié jusqu'à l'enfant, jusqu'au fait qu'il avait fait déménager la bridée et son fils d'Empire pour les conduire chez lui, d'où il avait admirablement disparu. Pour mieux réapparaitre et se maquer avec une autre, sans enfant et sans tourment. Torvar avait été mercenaire aussi, et son cur avait su rester dur. Ses sens lui servaient constamment à repérer les dangers, il n'était dupe de rien, et elle ne doutait pas que pour Percy, il se battrait jusqu'au bout. Il s'était occupé de Percy comme un père l'aurait fait, lui apprenant à nager, à monter, à couper du bois, à combattre ... certainement. Il avait un certain sens moral, ce qui avait pour don d'énerver Maryah, mais qui était parfait pour faire l'éducation d'un enfant. Il était droit, intraitable, et incorruptible. Elle avait souvent eu peur que Torvar soit trop dur avec l'enfant, mais elle savait que Percy l'admirait ; il était le Chevalier, le chasseur de dragons, et Maryah souriait quand l'enfant lui racontait les attaques de chatouilles, ou encore quand elle le surprenait à fredonner une chanson de cosaques. Les enfants se contentaient de peu, et chaque jour qui passait elle lui donnait tout l'amour dont elle était capable. Il n'oublierait pas ça.
C'est comme ça qu'elle s'était retrouvée à chercher un avocat qui pourrait rédiger, et le parrainage, et le testament. Elle avait du faire un acte bien reprochable et disons le totalement illégal, pour se procurer la somme d'argent nécessaire et se payer les services de la meilleure. Tout était prévu. Même de quoi la soudoyer en cas d'opposition. Maryah avait rarement touché autant d'argent, et elle en remerciait encore la brune. Une lèvre fendue, un poing gonflé caché sous les gants noirs, quelques côtes abîmées bien tenues par le corset, une nuit en Enfer, mais l'jeu en valait la chandelle. Et puis, pour l'occasion, elle avait revêtu une jolie robe noire, stricte, elle avait même fait attacher ses cheveux. Elle avait presque l'air d'une dame, si ce n'était sa peau un peu foncée et ses yeux bridés. Ce jour devait être mémorable, et officiel. L'enfant était gardé par la Nounou a quelques rues de là, et elle comptait bien fêter ça avec lui, si tout se passait au mieux.
Le dernier sujet de doute, c'était ... le Parrain. Le Cosaque. Allait-il venir ? Alors que les courriers de l'étrangère étaient restés sans réponse. Alors que Eliance lui avait raconté qu'il chevauchait aux côtés d'une vraie femme, digne, respectable, et tout et tout, qui avait des enfants, dont un en particulier auquel le Cosaque semblait s'être attaché. Alors qu'il avait avoué à Maryah qu'il ne l'aimerait jamais ... Soupir. Elle triturait ses gants noirs, nerveuse. Les bottines féminines également l'indisposaient, bien qu'elles la protègent du froid et de la pluie. Elle attendait là, sous le porche des avocats du Dragon. Le rendez-vous avait été pris des semaines plus tôt, avec une certaine Elisabeth Stilton. Espérons que le cosaque viendrait et qu'il ferait preuve de quelques manières. C'était pas un Seigneur, il ne pourrait pas adouber son fils ou le prendre à son service, mais la loi se rangerait de leur côté. Et l'argent ferait le reste.
La pluie tombait, les nuages gris défilaient. Journée pluvieuse, journée heureuse ? Des sabots retentirent, elle reconnut le cheval blanc qui arrivait. Explosion dans son cur. Il était là. Percy ne serait pas rejeté une fois de plus. Percy aurait un parrain. C'était comme une garantie de belle vie, aux yeux de Maryah. Elle se souvenait que le Cosaque lui avait dit qu'il se renseignerait pour faire entrer Percy comme palefrenier puis écuyer au service de connaissances. Elle savait qu'il ferait au mieux pour l'enfant. Et c'est malgré elle, qu'un sourire s'afficha sur son visage. Elle s'était promis de ne pas se fâcher avec lui, ni d'avoir aucun geste qui pourrait paraître engagé ou déplacé, et pourtant de le voir là, elle n'avait qu'une envie, c'était de lui sauter au cou et de le remercier infiniment. Toutefois ... son sourire s'estompa bien vite. Qu'est ce que c'était donc que ça ? Cette couleur là ... qu'il arborait étrangement ... sur le cheval ... tel un blason ... une bannière ... tel un Seigneur ...
C'est donc bouche bée, le regard perdu allant de lui au cheval, qu'elle accueillit la descente de cheval de Torvar.
Zen soyons zen ...
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