Torvar
Laube pointait son nez sur la ligne dhorizon que les yeux de Torvar observaient. Cela faisait quelques heures que le convoi était arrivé mais le sommeil le fuyait. Et peu lui importait. Des jours sans dormir, il avait lhabitude. Brave mercenaire qui savait se faire patient quand il le fallait, le cosaque avait encore de la ressource malgré son âge
fort heureusement car la guerre qui sinstallait avait des relents de jour sans fin
Pourtant, dordinaire ce nétait pas pour lui déplaire oui même lui faire peur. Sa vie sétait construite dans le sang
fils de guerrier, petit fils de guerrier, il avait saigné bien des hommes sur les champs de batailles et bien des hommes avaient rendu leur dernier souffle lorsquil avait uvré dans lombre mais aujourdhui ce nétait pas comme à laccoutumé. Aujourdhui, un gout amer sétait logé entre ses lèvres et lui faisait presque regretter ce quil avait toujours été
Soupirs profonds et sonores devant cette fenêtre où il se tenait, accolé à lencadrement, une main sur la pipe qui diffusait les herbes séchées des steppes de son enfance, Torvar avait le cur gros de sa propre balourdise. Une fois nétait pas coutume, il avait été couard préférant se faufiler dans le soir déjà tombé afin de quitter Sémur plutôt que daller dire adieu à cette femme quil avait rencontré deux jours plus tôt. Et pourtant, elle aurait mérité un dernier regard, quelques mots pour lui faire oublier que ses propres pas lentrainaient dans la direction opposée du cosaque tandis que lui, fringant ours de lhiver, allait chasser du mécréant Elle aurait mérité une main sur la joue afin de caresser ce visage devenu familier en si peu de temps, elle aurait mérité aussi un baiser à peine appuyé juste afin de gouter ces lèvres quelle possédait et qui avait déjà su se poser sur la joue du guerrier alors quil ne sy attendait pas elle aurait mérité encore et encore mais voilà, Torvar navait pas eu les tripes de passer à lacte car il avait redouté de ne pouvoir la laisser sen aller
La tête se releva, linspiration se fit profonde avant de relâcher quelques volutes de fumée Il avait eu peur le cosaque, peur de succomber et de .déposer sur les lèvres qui lui semblaient si tendres un baiser quil naurait pas su arrêter car il lavait compris le matin même lorsque la porte sétait ouverte pour laisser entrer dans cette taverne municipale la belle Bretonne quil avait rencontré la veille que plus rien ne serait comme avant
Liz, tel était son nom Liz au doux sourire, au regard rieur, au visage angélique Liz à la conversation rondement menée, à lintérêt pour autrui, à la provocation charmante et discrète Dès linstant où ils sétaient rencontrés, Torvar avait su que quelque chose de spécial était en train de se créer. Lui le désabusé avait pris une grande claque dans la figure au moment où il avait vu des gestes se faire sans pouvoir les arrêter. Avait-il eu envie dailleurs de stopper cette entente naissance ? En toute honnêteté jamais. Et aujourdhui, ses doigts cherchaient la croix celtique quil portait désormais autour du cou et qui provenait de la jolie blonde.
Merveilleuse jeune femme en voyage qui sétait arrêtée dans son repaire. Lui qui ne sortait jamais sétait vu attirer dans la taverne par une envie soudaine doublier que la guerre était à leur porte et quil fallait y retourner. Et voilà la rencontre, les regards, les rires aussi qui se mêlaient déjà. Etrangeté de la chose, Torvar pensait que ça ne lui arriverait plus et cette bretonne le faisait mentir. Lui lhermétique à tout sentiment se sentait bien et se détendait. Il avait osé, oser ne pas être sur ses gardes, oser ne pas envoyer bouler Liz malgré les crocs quil aurait voulu montrer. Il ny était pas arrivé et puis de toute manière, elle mangeait des ours à son petit déjeuner lui avait-elle avoué alors quil grognait comme à laccoutumée.
Torvar avait osé rire et même offert de son breuvage miracle. La Gorsalka avait fait le reste, ouvert les sens, fait pétiller les mirettes et quelques heures plus tard une promesse, une simple promesse mais qui revêtait toute son importance pour le cosaque rester en vie afin de parcourir la distance entre la Bourgogne et la Bretagne afin de venir rendre à la jeune femme son bien. Et il allait sy employer parce quil nétait pas homme à se parjurer mais aussi parce que, en toute honnêteté, Liz avait su conquérir son cur sans quil y puisse faire quoi que ce soit
Se reculant de la fenêtre tandis que les brindilles dherbes brûlées mouraient dans leur foyer, Torvar vint prendre place à la table qui lui servirait de bureau. Des vélins étaient déjà éparpillés, certains pour noter les recommandations pour la venue de Perceval à Cheny, dautres pour les gardes cosaques quil avait demandé à son neveu mais le plus important était cette page blanche devant lui quil sapprêtait à noircir de cette encre profonde. La plume fut trempée dans le liquide sombre, la main hésita quelques secondes avant de se lancer.
Très chère Liz,
dompteuse dours et dévoreuse dursidés à ses heures perdues.
Ne sachant si vous serez toujours à Sémur ce matin, jai envoyé un cavalier vous porter ce pli afin de vous le remettre en mains propres. Jai peu confiance en un pigeon qui ne saurait vous trouver et je tiens à ce que vous puissiez lire mes quelques lignes.
Tout dabord parce que je tiens à vous demander pardon. Pardon de ne pas avoir eu laudace de venir vous dire au revoir. Hier midi, en vous raccompagnant pour déjeuner, je navais plus envie de vous quitter et si jétais venu à votre rencontre ce soir-là jaurais été capable de vous enlever à votre ami et vous emmener avec moi. Mais ce nest point là votre conflit et votre place est en lieu sûr chère Liz et non pas dans un endroit qui sent la mort et la désolation. Et puis, rappelez-vous, nous devons nous retrouver en Bretagne, pas au milieu de tout ça.
Maintenant, si votre voyage a repris, jespère que vous serez prudent. Quelques rumeurs font état comme je vous lavez dis hier de brigands autour de Nevers. Donc même si je sais que vous savez vous battre, du moins je lespère car cela serait dommage de porter une épée à la ceinture juste en décoration, il y a plus seyant vous avouerez, donc effilez votre lame et restez sur le qui-vive. Je prierais les étoiles pour quelles vous protègent maintenant que vous avez osé vous séparer de cette magnifique croix celtique Je me dis que vous auriez dû la garder afin de vous protéger, jaurais été moins inquiet de la savoir sur vous que sur moi Comme je vous lai dis, la mort et moi, on a un long contrat et ce nest pas pour le moment entre elle et moi donc je reviendrais en un seul morceau tout ça pour vous prouver que je tiens parole et parce que votre souvenir me hante me faisant ressentir ce froid qui est pourtant si coutumier chez moi Si nous avions pu nous rencontrer un peu plus tôt et si jétais plus jeune, sans doute aurais-je laissé parler la folie de mes désirs parler plutôt que mes convictions et mes devoirs vous voyez, le vieil ours que je suis nen finis pas de grogner même après lui-même mais sachez Liz que les deux jours derniers furent et de loin, de merveilleux moments dans ma vie déjà bien remplie. Vous, fille du soleil, avez réussi à me faire ressentir ce que javais oublié derrière nos petites provocations amicales et nos extravagances amusantes, il y a beaucoup de pudeur de ma part de ne pas vouloir vous effrayer ou même vous imposer ce que vous ne souhaiteriez pas il faut dire que les femmes et moi-même avons beaucoup de mal à nous parler et je me trompe assez souvent pour savoir que je ne suis pas très doué pour vous comprendre, vous les femmes. Jai construis ma vie différemment de celles des autres et aujourdhui, à lautomne de mes jours, je puis me permettre ce genre daveu sans véritablement choquer il vaut mieux être sincère que se parjurer même si parfois les vérités sont risibles ou difficiles à dire. Alors je vous le dis, jai du mal à saisir les femmes pourtant jaimerais bien vous comprendre belle Liz émerveillez-moi encore que japprenne qui vous êtes malgré les lieues qui nous séparent désormais.
Mais le jour sest déjà installé et je vais devoir réveiller mon coursier qui sest assoupi depuis le temps que je lui promets ce courrier je lui avais dis que je nen aurais pas pour longtemps et voilà que jy ai mis du cur à louvrage, sans doute pour apaiser cette tristesse de ne point vous croiser aujourdhui que le temps me parait déjà long en votre absence
Que les étoiles veillent sur vous et vous protègent.
Le cosaque avait eu du mal à lâcher cette plume il ne savait pas où cela le menait ni même ce quil disait dans cette missive tant la peur de décevoir le mettait à mal mais pour une fois, il avait envie de se jeter à leau sans penser que demain pouvait être destructeur qui savait de quoi lavenir était fait
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.
Soupirs profonds et sonores devant cette fenêtre où il se tenait, accolé à lencadrement, une main sur la pipe qui diffusait les herbes séchées des steppes de son enfance, Torvar avait le cur gros de sa propre balourdise. Une fois nétait pas coutume, il avait été couard préférant se faufiler dans le soir déjà tombé afin de quitter Sémur plutôt que daller dire adieu à cette femme quil avait rencontré deux jours plus tôt. Et pourtant, elle aurait mérité un dernier regard, quelques mots pour lui faire oublier que ses propres pas lentrainaient dans la direction opposée du cosaque tandis que lui, fringant ours de lhiver, allait chasser du mécréant Elle aurait mérité une main sur la joue afin de caresser ce visage devenu familier en si peu de temps, elle aurait mérité aussi un baiser à peine appuyé juste afin de gouter ces lèvres quelle possédait et qui avait déjà su se poser sur la joue du guerrier alors quil ne sy attendait pas elle aurait mérité encore et encore mais voilà, Torvar navait pas eu les tripes de passer à lacte car il avait redouté de ne pouvoir la laisser sen aller
La tête se releva, linspiration se fit profonde avant de relâcher quelques volutes de fumée Il avait eu peur le cosaque, peur de succomber et de .déposer sur les lèvres qui lui semblaient si tendres un baiser quil naurait pas su arrêter car il lavait compris le matin même lorsque la porte sétait ouverte pour laisser entrer dans cette taverne municipale la belle Bretonne quil avait rencontré la veille que plus rien ne serait comme avant
Liz, tel était son nom Liz au doux sourire, au regard rieur, au visage angélique Liz à la conversation rondement menée, à lintérêt pour autrui, à la provocation charmante et discrète Dès linstant où ils sétaient rencontrés, Torvar avait su que quelque chose de spécial était en train de se créer. Lui le désabusé avait pris une grande claque dans la figure au moment où il avait vu des gestes se faire sans pouvoir les arrêter. Avait-il eu envie dailleurs de stopper cette entente naissance ? En toute honnêteté jamais. Et aujourdhui, ses doigts cherchaient la croix celtique quil portait désormais autour du cou et qui provenait de la jolie blonde.
Merveilleuse jeune femme en voyage qui sétait arrêtée dans son repaire. Lui qui ne sortait jamais sétait vu attirer dans la taverne par une envie soudaine doublier que la guerre était à leur porte et quil fallait y retourner. Et voilà la rencontre, les regards, les rires aussi qui se mêlaient déjà. Etrangeté de la chose, Torvar pensait que ça ne lui arriverait plus et cette bretonne le faisait mentir. Lui lhermétique à tout sentiment se sentait bien et se détendait. Il avait osé, oser ne pas être sur ses gardes, oser ne pas envoyer bouler Liz malgré les crocs quil aurait voulu montrer. Il ny était pas arrivé et puis de toute manière, elle mangeait des ours à son petit déjeuner lui avait-elle avoué alors quil grognait comme à laccoutumée.
Torvar avait osé rire et même offert de son breuvage miracle. La Gorsalka avait fait le reste, ouvert les sens, fait pétiller les mirettes et quelques heures plus tard une promesse, une simple promesse mais qui revêtait toute son importance pour le cosaque rester en vie afin de parcourir la distance entre la Bourgogne et la Bretagne afin de venir rendre à la jeune femme son bien. Et il allait sy employer parce quil nétait pas homme à se parjurer mais aussi parce que, en toute honnêteté, Liz avait su conquérir son cur sans quil y puisse faire quoi que ce soit
Se reculant de la fenêtre tandis que les brindilles dherbes brûlées mouraient dans leur foyer, Torvar vint prendre place à la table qui lui servirait de bureau. Des vélins étaient déjà éparpillés, certains pour noter les recommandations pour la venue de Perceval à Cheny, dautres pour les gardes cosaques quil avait demandé à son neveu mais le plus important était cette page blanche devant lui quil sapprêtait à noircir de cette encre profonde. La plume fut trempée dans le liquide sombre, la main hésita quelques secondes avant de se lancer.
Très chère Liz,
dompteuse dours et dévoreuse dursidés à ses heures perdues.
Ne sachant si vous serez toujours à Sémur ce matin, jai envoyé un cavalier vous porter ce pli afin de vous le remettre en mains propres. Jai peu confiance en un pigeon qui ne saurait vous trouver et je tiens à ce que vous puissiez lire mes quelques lignes.
Tout dabord parce que je tiens à vous demander pardon. Pardon de ne pas avoir eu laudace de venir vous dire au revoir. Hier midi, en vous raccompagnant pour déjeuner, je navais plus envie de vous quitter et si jétais venu à votre rencontre ce soir-là jaurais été capable de vous enlever à votre ami et vous emmener avec moi. Mais ce nest point là votre conflit et votre place est en lieu sûr chère Liz et non pas dans un endroit qui sent la mort et la désolation. Et puis, rappelez-vous, nous devons nous retrouver en Bretagne, pas au milieu de tout ça.
Maintenant, si votre voyage a repris, jespère que vous serez prudent. Quelques rumeurs font état comme je vous lavez dis hier de brigands autour de Nevers. Donc même si je sais que vous savez vous battre, du moins je lespère car cela serait dommage de porter une épée à la ceinture juste en décoration, il y a plus seyant vous avouerez, donc effilez votre lame et restez sur le qui-vive. Je prierais les étoiles pour quelles vous protègent maintenant que vous avez osé vous séparer de cette magnifique croix celtique Je me dis que vous auriez dû la garder afin de vous protéger, jaurais été moins inquiet de la savoir sur vous que sur moi Comme je vous lai dis, la mort et moi, on a un long contrat et ce nest pas pour le moment entre elle et moi donc je reviendrais en un seul morceau tout ça pour vous prouver que je tiens parole et parce que votre souvenir me hante me faisant ressentir ce froid qui est pourtant si coutumier chez moi Si nous avions pu nous rencontrer un peu plus tôt et si jétais plus jeune, sans doute aurais-je laissé parler la folie de mes désirs parler plutôt que mes convictions et mes devoirs vous voyez, le vieil ours que je suis nen finis pas de grogner même après lui-même mais sachez Liz que les deux jours derniers furent et de loin, de merveilleux moments dans ma vie déjà bien remplie. Vous, fille du soleil, avez réussi à me faire ressentir ce que javais oublié derrière nos petites provocations amicales et nos extravagances amusantes, il y a beaucoup de pudeur de ma part de ne pas vouloir vous effrayer ou même vous imposer ce que vous ne souhaiteriez pas il faut dire que les femmes et moi-même avons beaucoup de mal à nous parler et je me trompe assez souvent pour savoir que je ne suis pas très doué pour vous comprendre, vous les femmes. Jai construis ma vie différemment de celles des autres et aujourdhui, à lautomne de mes jours, je puis me permettre ce genre daveu sans véritablement choquer il vaut mieux être sincère que se parjurer même si parfois les vérités sont risibles ou difficiles à dire. Alors je vous le dis, jai du mal à saisir les femmes pourtant jaimerais bien vous comprendre belle Liz émerveillez-moi encore que japprenne qui vous êtes malgré les lieues qui nous séparent désormais.
Mais le jour sest déjà installé et je vais devoir réveiller mon coursier qui sest assoupi depuis le temps que je lui promets ce courrier je lui avais dis que je nen aurais pas pour longtemps et voilà que jy ai mis du cur à louvrage, sans doute pour apaiser cette tristesse de ne point vous croiser aujourdhui que le temps me parait déjà long en votre absence
Que les étoiles veillent sur vous et vous protègent.
Le cosaque avait eu du mal à lâcher cette plume il ne savait pas où cela le menait ni même ce quil disait dans cette missive tant la peur de décevoir le mettait à mal mais pour une fois, il avait envie de se jeter à leau sans penser que demain pouvait être destructeur qui savait de quoi lavenir était fait
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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, je ne mords pas.