Elendra
Je suis là, debout, au centre de la place publique de cette ville que je ne connais pas. Le soleil brille, les oiseaux chantent. Je regarde autour de moi. Cest une journée tout ce quil y a de plus banal. Si jétais née quelquun dautre, je serais sans doute en train de profiter dune jolie balade à dos de cheval en compagnie de mon époux. Mais, jétais née moi, Elendra, et javais tout gâchée. Célibataire à quinze ans. Et puis quoi encore! Jai raté ma vie
voilà tout.
Jai voyagé un peu partout, tentée de mincruster là où je pouvais. La Normandie dabord. Cest là que le Bon Dieu avait commencé à mattaquer. Je comprends aujourdhui quil ne faisait que son boulot. Il savait qui jétais. Il sait tout.
Javais ensuite squatté le Gonthier. Je nétais pas la seule! Alix, Aliénor, Yolanda (qui ne squattait pas), Anaon que jaurais voulu adopter pour maman, Jennifael. Un jour, je voudrais faire ça moi aussi. Recueillir plein denfants qui nont pas de maman. Parce que quand on grandit pas de maman, on grandit pas vraiment, on avance, on vieilli, mais cest tout. Cest sûr! Jai un papa. Mais il est jamais là. Je parie quil sait même pas où je suis, là, là, à cet instant précis où je vous parle. Et vous, le savez-vous?
Oubliez ça, cest pas le où qui compte, cest plutôt le comment du pourquoi de lexplication qui vous intéresse? Eh bien je tâcherai dêtre brève! Vous vous demandez sans doute où diable sest-elle cachée tout ce temps cette fillette?! Je vous arrête tout de suite. Je ne suis pas une fillette. Faudra changer ça dans le procès verbal.
Jai quinze ans et je souffre chaque mois. Je pense donc que je me qualifie dans le top femme, pas vrai? Après y a dautres critères que je ne remplis pas tout à faire, genre, mon corset. Mais passons outre mon allure de coucou affamé, qui ne sest pas améliorée lors de mon passage chez les nonnes.
Raison capitale : Y a pas de mirabelle.
Note à moi-même : Toujours faire retraire en Lorraine. Ça vaut mieux pour la sainteté desprit.
Ce qui mamène à la raison pour laquelle nous sommes ici rassemblés en ce jour funestement ensoleillé.
« Ils croient que je suis folle. »
« Tes folle toi? Pas moi. »
« Ils ont pas dit folle, hein. »
« Ils ont dit sorcellerie, satanique, possédée. »
Possédée. Ils ont dit ça souvent.
Alors! Je faisais retraite comme ça, comme tout le monde. Je cherchais à me ressourcer. À réfléchir sur léchec cuisant quétait ma vie. Faut pas parler en retraite. Cest un de leur principal défaut. Dailleurs, je leur ai dit hein : « Ça vous prend de la mirabelle! Et pour lamour du ciel, laissez parler les gens! Vous verrez, ensuite ce sera bondé comme dans un moulin! »
Faut croire quils aiment pas la farine
Toujours est-il que moi, le silence ça mennuie, ça me saoule, ça me dérange, ça magace, ça ménerve, ça mexaspère, ça mincommode, ça mindispose, ça mhorripile, ça me rend folle quoi!
« Précisément. »
Et cest là que ça a commencé à partir en vrille. Ils ont commencé leur rituel. Pour chasser le démon. Vous voyez ce que je veux dire. Jai jamais eu aussi peur de toute ma vie! Je vous passe les détails Cétait Beaucoup de cris Et pas que les miens!
Alors, cest à ce moment-là que je me suis dit que pour la détente spirituelle et la réflexion sur ce que lavenir me réserve, pour converser avec le Très-Haut et avec ma mère : cest le dernier endroit où je devais être.
Ainsi, comme toute personne censée, jai tenté de menfuir. Or on ne sort pas comme dans un moulin! Surtout pas quand le prêtre sest fait un devoir de sauver votre âme. Ce même prête qui me terrorisait avec ces rituels sataniques.
Combien de fois, je me suis réveillée en hurlant, en me débattant. On tentait de me retenir contre mon gré, plaquée contre le lit. Je hurlais. Je magitais dans tous les sens, comme une forcenée. Je priais pour que ça cesse.
« Cest presque terminé. »
Le Très-Haut ne ma jamais autant laissé tomber que lorsque jétais sous son toit. Mais maintenant, je suis libre. Il veille sur moi, je sais. Cest pour ça tout ce soleil. Un jour parfait pour un barbecue.
« Ça gratte », que je me lamente.
« Jai soif »
Il approche. Lui. Je me tortille. Tente de me sauver.
Ils voulaient me sauver. Précisément. Ils ont essayé pendant des mois, et à ce stade, il ny a quune chose qui fonctionne pour chasser le démon. Cest prouvé religieusement.
Le bûché.
Je le vois approcher.
Jai toujours été un peu niaise comme fille. Je lavoue. Mais aujourdhui, je nai jamais été aussi consciente de toute ma vie. Il est là.
Jai chaud. Jai peur. Je pleure.
Je nai que quinze ans je pleure comme une enfant. On nous prépare pas à ça dans nos cours de bienséance et de maintien.
« Luisa, je brûle denvie de te revoir Prépare une bassine deau froide »
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Jai voyagé un peu partout, tentée de mincruster là où je pouvais. La Normandie dabord. Cest là que le Bon Dieu avait commencé à mattaquer. Je comprends aujourdhui quil ne faisait que son boulot. Il savait qui jétais. Il sait tout.
Javais ensuite squatté le Gonthier. Je nétais pas la seule! Alix, Aliénor, Yolanda (qui ne squattait pas), Anaon que jaurais voulu adopter pour maman, Jennifael. Un jour, je voudrais faire ça moi aussi. Recueillir plein denfants qui nont pas de maman. Parce que quand on grandit pas de maman, on grandit pas vraiment, on avance, on vieilli, mais cest tout. Cest sûr! Jai un papa. Mais il est jamais là. Je parie quil sait même pas où je suis, là, là, à cet instant précis où je vous parle. Et vous, le savez-vous?
Oubliez ça, cest pas le où qui compte, cest plutôt le comment du pourquoi de lexplication qui vous intéresse? Eh bien je tâcherai dêtre brève! Vous vous demandez sans doute où diable sest-elle cachée tout ce temps cette fillette?! Je vous arrête tout de suite. Je ne suis pas une fillette. Faudra changer ça dans le procès verbal.
Jai quinze ans et je souffre chaque mois. Je pense donc que je me qualifie dans le top femme, pas vrai? Après y a dautres critères que je ne remplis pas tout à faire, genre, mon corset. Mais passons outre mon allure de coucou affamé, qui ne sest pas améliorée lors de mon passage chez les nonnes.
Raison capitale : Y a pas de mirabelle.
Note à moi-même : Toujours faire retraire en Lorraine. Ça vaut mieux pour la sainteté desprit.
Ce qui mamène à la raison pour laquelle nous sommes ici rassemblés en ce jour funestement ensoleillé.
« Ils croient que je suis folle. »
« Tes folle toi? Pas moi. »
« Ils ont pas dit folle, hein. »
« Ils ont dit sorcellerie, satanique, possédée. »
Possédée. Ils ont dit ça souvent.
Alors! Je faisais retraite comme ça, comme tout le monde. Je cherchais à me ressourcer. À réfléchir sur léchec cuisant quétait ma vie. Faut pas parler en retraite. Cest un de leur principal défaut. Dailleurs, je leur ai dit hein : « Ça vous prend de la mirabelle! Et pour lamour du ciel, laissez parler les gens! Vous verrez, ensuite ce sera bondé comme dans un moulin! »
Faut croire quils aiment pas la farine
Toujours est-il que moi, le silence ça mennuie, ça me saoule, ça me dérange, ça magace, ça ménerve, ça mexaspère, ça mincommode, ça mindispose, ça mhorripile, ça me rend folle quoi!
« Précisément. »
Et cest là que ça a commencé à partir en vrille. Ils ont commencé leur rituel. Pour chasser le démon. Vous voyez ce que je veux dire. Jai jamais eu aussi peur de toute ma vie! Je vous passe les détails Cétait Beaucoup de cris Et pas que les miens!
Alors, cest à ce moment-là que je me suis dit que pour la détente spirituelle et la réflexion sur ce que lavenir me réserve, pour converser avec le Très-Haut et avec ma mère : cest le dernier endroit où je devais être.
Ainsi, comme toute personne censée, jai tenté de menfuir. Or on ne sort pas comme dans un moulin! Surtout pas quand le prêtre sest fait un devoir de sauver votre âme. Ce même prête qui me terrorisait avec ces rituels sataniques.
Combien de fois, je me suis réveillée en hurlant, en me débattant. On tentait de me retenir contre mon gré, plaquée contre le lit. Je hurlais. Je magitais dans tous les sens, comme une forcenée. Je priais pour que ça cesse.
« Cest presque terminé. »
Le Très-Haut ne ma jamais autant laissé tomber que lorsque jétais sous son toit. Mais maintenant, je suis libre. Il veille sur moi, je sais. Cest pour ça tout ce soleil. Un jour parfait pour un barbecue.
« Ça gratte », que je me lamente.
« Jai soif »
Il approche. Lui. Je me tortille. Tente de me sauver.
Ils voulaient me sauver. Précisément. Ils ont essayé pendant des mois, et à ce stade, il ny a quune chose qui fonctionne pour chasser le démon. Cest prouvé religieusement.
Le bûché.
Je le vois approcher.
Jai toujours été un peu niaise comme fille. Je lavoue. Mais aujourdhui, je nai jamais été aussi consciente de toute ma vie. Il est là.
Jai chaud. Jai peur. Je pleure.
Je nai que quinze ans je pleure comme une enfant. On nous prépare pas à ça dans nos cours de bienséance et de maintien.
« Luisa, je brûle denvie de te revoir Prépare une bassine deau froide »
*Ben oui... Vous l'aurez deviné!
À ceux et celles qui voudraient participer et se rappeler la folie de la petite d'Acoma, soyez les bienvenus! Ça me ferait plaisir de vous lire!
Pour ma part je vous dis au revoir. À bientôt? Merci! (Le coeur gros, même si j'ose pas me l'avouer!)
Jd Elendra
À ceux et celles qui voudraient participer et se rappeler la folie de la petite d'Acoma, soyez les bienvenus! Ça me ferait plaisir de vous lire!
Pour ma part je vous dis au revoir. À bientôt? Merci! (Le coeur gros, même si j'ose pas me l'avouer!)
Jd Elendra
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