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[RP] Le lait d'ânesse c'est démodé, place au bain de sang!

Vera.
    [Jour de messe à Limoges & abus de vin.]

    Comme chaque dimanche, je me lève tôt, je me rafraîchie et je revêts mes plus beaux vêtements. Je m'en vais gaiement sur la route de l'église. Je sais que je vais me perdre en chemin, que je fais faire le tour des tavernes de la capitale et je vais me faire plaisir comme tous les dimanche saints, je vais boire jusqu'à ne plus connaître mon nom. Je vais arroser ma cervelle et je vais arriver aux portes de l'église titubante. Je n'assisterai malheureusement pas à l'office par ce que je suis trop pompette pour écouter le sermon dominical, je vais juste attendre le fameux "allez en paix mon enfant". J'ai l'âme en paix, je suis légère, ma démarche est lourde. Je ramperai jusqu'à mon domicile où je finirai par dormir paisiblement.

    Sauf qu'aujourd'hui je ne veux pas dormir. Je veux rendre visite à Deal, je veux voir son lapin. Je veux connaître le "Mystère" est-il un mâle ou une femelle ? La bête à poil est-elle Blanchette ou Blanchet ?
    Je n'irai pas faire la visite du taudis en tant que tribun, je n'irai pas rendre visite aux gens, je ne chercherai pas à connaître les nouvelles. Je suis juste bourrée et je veux pouvoir répondre en toute clarté à la question du procureur. Ce soir il saura si son nouveau animal de compagnie est mignon ou mignonne grâce à moi. Je vais être "vicieuse", je vais violer la pudeur de la bestiole en toute impunité , j'en suis triste, mais curieuse aussi.

    [ Aux portes de la maisonnette de Deal ça fleure la viande à plein nez.]


    Je frappe poliment trois fois, personne ne répond. J'ouvre la porte, ça lui apprendra à mettre un verrou! Je fais le tour des lieux, et je m'approche tranquillement de son atelier de boucherie.

    Je suis effarée du spectacle que m'offre la vue du carnage. Des carcasses accrochées, des couteaux partout, du sang partout et en place centrale , un espèce de baquet à bain plein de sang. Mon estomac fait des "bonds" ça fourmille là-dedans et c'est pas par amour, je suis écoeurée, je sens que je ne vais pas tarder à dégobiller. Charmant!

    Je tourne les talons et m'apprête à courir. Abandonnant l'idée de chercher le lapin. Tant pis on ne saura jamais si c'est une "fille ou un gars" , on s'en moque qu'il puisse avoir une queue ou pas, l'important c'est que je sorte de cette maison de boucher en vie et propre.

    Sauf que je suis paradoxale, que mon coeur et mon estomac me supplient de sortir alors que mon esprit tordu me dit de rester. Ce baquet. Il me donne des idées macabres. Je farfouille dans mon baluchon et en sort mon livret "Les mille et un astuces pour être belle et jeune" , le livre des Vertus c'est démodé, à mon age de jeune fille à l'approche de l'age de "vielle fille", je me devais de prendre les choses en main. Quand vous avez pléthore de gens qui s'amusent à vous dire ou insinuer que vous êtes vielle et desséchée ou ridée, il faut s'activer. A moi les bains de lait d'ânesse, à moi les masque de carotte et autre légume pour le ravalement de façade. J'étais la risée de la maisonnée Von Bretzel, chez moi on s'amusait à cacher les légumes par ce que ça fleurait la famine et que j'étais loin d'en faire de la soupe de mes carottes. J'en avais besoin pour mon teint.

    Je feuillette mon bouquin "religieux de beauté" , je lis en diagonale et je reviens au chapitre "La fontaine de jouvence : le sang". Je referme le livre et regarde d'un nouvel oeil la boucherie de Deal.

    Je presse le pas vers la sortie avec la ferme idée que j'y reviendrai le lendemain. J'en parlerai à qui voudra venir. Demain je vais faire mon expérience de "jouvence" , il va falloir que je me prépare mentalement. Je vas éviter de trop manger et de boire aussi, afin que je puisse plonger dans la "marre de sang". J'ai du savon en masse ça va mousser et ça sera pourpre une peau neuve !


    [Lendemain matin, aux 1001 chopines je balance mon idée magique et sale.]


    Elles ont été témoin de mon génie ou de ma folie.
    Eurydice , Ava et Takoda, invitées à me rejoindre au bain de minuit chez Deal. Il restait un détail, il fallait que j'invite le procureur à passer la soirée avec mon Papy Maurice, à jouer aux échecs ou un autre jeu, afin qu'il nous laisse le terrain libre. La soirée s'annonce être éprouvante.

    Aurai-je le courage de plonger, les filles voudront-elles faire de même?
    Est-ce que le sang de vache et de cochon c'est bon pour la peau?
    Vais-je sentir la mort? Vomirais-je ?

    Je suis en route, baluchon spécial "hammam" prêt, les savons, les pétales de rose, le jasmin, le pavot à fumer si ça tourne mal, la prune à boire pour que la soirée soit bien détendue oui. Les vêtements de rechange, la mâle pleine de savon de Marseille et de Tulle ( je savais très bien qu'être cleptomane des savons ça me sauverait la vie un jour).

    - Oyez les filles, êtes vous prêtes à entrer dans la "boucherie-bain privée "? Là? Je vous préviens ceci est un squatte, le procureur n'est pas prêt d'être au courant de ce qui se passera ici. Si jamais il débarque, qu'il me prend en flagrant délit je plaiderai la folie hinhin.


    La fille bien intelligente qu'a pensé à presque tout. Sauf ce regard bizarre que font les filles. Je crois bien qu'elles m'ont déjà classées dans la zone "barge à enfermer".

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Ava.
[Aux 1001 Chopines, et...]

    Un bain, elle veut prendre un bain, soit, mais un bain de sang, l'idée est avancée alors que la blondeur s'offre un verre tranquille dans la taverne aux chopines.

    Et une proposition à venir voir, voir, ça ne coûte rien, et puis en plus ça peut permettre à la blonde de faire plus ample connaissance, bon d'accord aller faire une balade ou aller boire un coup quelque part, c'était sans doute moins particulier, mais elle n'en est pas à une étrangeté de plus ou de moins la perchée. Oui perchée elle-même sur sa monture à chercher la demeure d'un certain Deal, voilà qui est heureux, elle n' a pas demandé l'adresse et ne connait personne dans le coin, reste plus qu' à demander à un gamin qui traîne, ce sera plus discret, elle préfère faire dans le discret, surtout qu'elle vient d'arriver et déjà qu'avec le Juste sur l'épaule ça ne passe pas franchement inaperçu, celui ci ne semble pas enchanté à l'idée de voir sa vieille branche assister à quelque chose d'étrange.

    On va où ?
    -Tu verras bien.
    J'aime pas les surprises.
    -Tais toi, on va me voir te parler, alors la boucle !
    J'aime pas l'idée...
    -Chut!


[Devant la maison]

    Par chance pas de gamins à chercher puisqu'elle voit la Vera tourner à l'angle de la rue, bonne pioche, elle pousse un peu sa monture pour la rattraper et descend d'un pas rapide pour rejoindre les autres étranges.

    - Oyez les filles, êtes vous prêtes à entrer dans la "boucherie-bain privée "? Là? Je vous préviens ceci est un squatte, le procureur n'est pas prêt d'être au courant de ce qui se passera ici. Si jamais il débarque, qu'il me prend en flagrant délit je plaiderai la folie hinhin.


    - Oui, la folie me paraît une bonne idée.
    Est-ce qu'elle n'est pas un peu... ?
    Le juste ne bronche plus et en même temps il n' a pas intérêt, il sait qu'il ne doit pas... Elle se demande quand même si c'est une coutume locale ou autre... Pas vraiment rassurée, pas effrayée non plus, méfiante, plutôt, oui c'est ça, méfiante.

    La jeune femme a pris le temps de se changer, a ôté sa lourde cape de voyage pour une plus confortable, néanmoins elle n' a pas franchement de confort puisqu'elle a décidé d'établir un campement à l'orée du bois au nord de la capitale. Elle rêve d'un bon bain mais un bain avec de l'eau hum... Chaude de préférence.

    Elle adresse un signe de tête aux autres demoiselles qu'elle a déjà croisées et attend la suite des événements. Est-ce que c'est bien sérieux tout ça ?
    Plus vraiment la peine de se poser la question.

_________________
Euridyce
    Depuis sa fugue, Lucie avait croisé toute sorte de gens. Des nobles, des bourgeoises, des gueuses. Et surtout des tarées. D'abord la Berrichonne, à qui elle avait d'ailleurs raconté tous ses plus grands secrets, puis le must du must en terme de folie : Vera. Et la veille, en taverne, la tavernière avait atteint une limite que Lucie ne pensait jamais franchir : le bain de sang. L'idée lancée, les regards médusés semblaient perdus. Deux options se proposaient alors : soit partir en courant de cette ville de ravagés, soit s'enthousiasmer et voir cela comme une expérience exceptionnelle. Le choix fut facile : un sourire étiré sur les longues lèvres de la blonde vénitienne, et c'était parti.


      [ Chez Deal ]


    Leur heure avait sonnée. Il était temps de rejoindre Tak, Ava et Vera. Vêtue d'une robe bleue cousue à l'Atelier, et déjà bien amochée lors d'une course poursuite, elle s'apprêtait à sortir. Avec un sourire impatient, la Canéda attrapa dans un geste habituel sa besace, et la déposa sur son épaule droite. Les pas rapides la menèrent au lieu de rendez-vous, où elle entendit Vera exposer son projet de sauvetage, au cas où.


    Moi je dirai que je suis somnambule.

    Comme par hasard chez Deal, avec la rousse la blonde et la brune, oui oui. Ça arrive, je vous jure. Et puis les somnambules conscientes, ça court les rues, voyons. Le regard Canédien se posa sur la pièce, provoquant sur l'adorable face blonde une grimace de dégoût. Du sang. Elle était venue pour cela, et pourtant la vision de ce liquide si précieux la repoussait au plus au haut point. Il allait falloir s'y habituer. La jeune impatiente reprit vite contenance, se raclant légèrement la gorge.

    Bon, au bain !

    Et que le spectacle commence !

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Image trouvée : http://jefouinetufouines.fr/2012/11/20/digital-art-la-petite-sirene-inspire/
Vera.
    [Pas le tout de parlementer , il fallait faire trempette.]

    Je regarde les filles, tout le monde semblait être prêt à témoigner de cette expérience. Je plaiderai la folie si le besoin s'en fait sentir, j'avoue ne pas être aidée. Aucun frein, les filles ne sont pas du genre à faire arrêter "l’hémorragie" de mon imagination. Elles l'alimentent aussi.


    - Somnambulisme, folie ... que d'idées !


    Il faut de l'élan, du courage. C'est certains, je tourne autour du baquet, moment d'hésitation et surtout de réflexion. L'odeur chatouille mes narines et je ne me sens pas bien. Pourtant, le son de la voix enthousiaste de la jeune Lucie me sort de ma pensée.


    -Bon, au bain !


    - Oui, oui j'y vais. Là.


    Je défais ma cape et regarde de temps en temps en direction de la porte.

    -Hé vous faites le guet pour moi hein.


    Opération "strip-tease" en marche, je retire un maximum de frusque, pour ne garder qu'une toile légère. Tant pis si je la balance plus tard, vu où elle va être trempée. Mirettes qui balayent le baquet une nouvelle fois. Je m'affaire à coiffer mes cheveux en vitesse, un chignon bien relevé afin d'éviter que mes boucles ébènes se retrouvent "rouge sang".
    Mon index droit va se planter dans la "marre ", je grimace légèrement.

    Puisqu'il fallait y aller, j'y vais. Pas gaiement, maladroitement. Plongeons exécuté avec brio oui, je suis trempée de la tête au pied. En mode "Véra bien saignante".

    Le savon en main et voila que ça mousse mais l'odeur du sang est bien plus forte que le jasmin, la rose et le mélange entier. Je prends sur moi pour ne pas tourner de l'oeil.


    - BOUH c'est tout froid. Tout bizarreuh.


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Deal_
[Pendant ce temps, non loin de là]

Deal et son fidèle compagnon Grim*, avait entreprit de faire une petite promenade. Un peu de vent, le temps était cependant parfait pour se prêter à ce genre de sortie.

Ce moment de détente est le moment parfait pour réfléchir. il s'arrête alors pour se poser, sur un petit coin d'herbe. Grim ronronne et vient coller son maitre.


On est bien tu ne trouves pas Grim. Pourquoi pour autant j'ai la sensation que rien ne va...

Il s'allonge ensuite, ferme les yeux et songe à faire une petite sieste.

*Grim, chat noir de Deal
Ava.
 
    Les choses semblent se préciser, à peine entrée, le temps d'aviser l'endroit que déjà Vera entre dans...
    C'est légèrement immonde ce baquet de sang.
    Elle regarde les couleurs changer, le temps semble se figer, d'un seul coup, elle ressent un trouble qui peu à peu s'empare d'elle, qui vient à l'envahir entièrement, elle tente de détourner le regard du spectacle de la belle qui...

    La blonde déglutit, elle en a vu d'autres et justement, justement ou injustement ses cauchemars se rappellent à elle, voyant la brune tremper dans le sang elle se souvient d'une bataille sanglante mêlée de boue, d'odeurs intenables et les cris eux même parviennent jusqu'à ses oreilles, elle ferme les yeux un instant essayant de se ressaisir de retrouver le bon moment, ce moment, celui qu'elle vit là et maintenant, rien ne fait, des visages du passé surviennent, elle se voit errer sur le champ de bataille avec les cadavres autour, hagarde, ne sachant plus vraiment si elle est vivante ou non... Elle essaye de nouveau un retour, elle ne veut pas rester là-bas, non...
    Les images se percutent pourtant et retrouvent un autre écho nauséabond.

    Elle-même les cheveux rouges, une plaie béante au sommet du crane, elle se regarde et voit maintenant le sang couler le long de ses bras, la blondeur nage dans l'avant sans qu'elle ne puisse rien faire, le regard est fixe et elle ne parvient pas à revenir.


    ... Pars de là, vite.
    Tu m'entends, pars...

    Une voix pourtant tente peu à peu de l'extirper de son marasme, elle pose son dos contre le mur, respire difficilement.
    C'est certainement lui, encore, c'est certainement lui...
    Elle espère que personne n' a remarqué son mal être, elle espère que... Non, peu importe, elle ne peut plus tenir debout, ses jambes se font fragiles, elles vont se dérober, il ne faut pas... Il ne faut pas...


    - NON...
    - Je... Il faut que je sorte... Je... .


    La blondeur n'attend pas de réponse et sort comme elle peut, titube jusque sa monture et se hisse tant bien que mal.
    Elle ne comprend pas, tout cela est pourtant bien derrière elle, ça fait longtemps et... Oui depuis elle a vécu bien d'autres choses, alors pourquoi là, pourquoi aujourd'hui.

    L'étalon se met au galop, il est loin maintenant emportant une jeune femme qui peine à retrouver un semblant de lucidité...

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Takoda
[Evocation d'une idée, taverne Limougeaude]

Un début de soirée particulier...ou plutôt, une fin d'après-midi spéciale...Thaïs en taverne avec Vera, Lucie et une petite nouvelle blonde écoutait sa brune amie lancer son idée de bain sanglant. Réprimant avec difficulté le dégoût que les envies bizarres de Vera lui procuraient, elle s'évertuait à la dissuader de la réaliser.
Quel besoin de se tremper dans la source de la vie? Pour rajeunir, les livres racontaient parfois de ces âneries!!! Mais peine perdue, pas moyen de faire revenir Vera en arrière, il fallait que cela se fasse et rendez-vous fut donc pris pour le soir...


Assures toi quand même que les bêtes sont fraîchement abattues...le sang froid c'est...pire!

Cette fois la bouche se fend de la grimace tant refoulée, faut dire que les extravagances de Vera dépasse cette fois la raison.

[Devant chez Deal, minuit, l'heure du crime!]

Il fallait bien qu'elle porte sa Colombe dans le coeur pour assister à ça...mais bon, elle était là au rendez vous, écoutant les unes et les autres justifier leur présence...

J'ai pas besoin d'excuses moi...Diable a fait courir la rumeur que je cache des cadavres dans mes placards...Deal doit déjà penser que j'aime les trucs morbides...ça suffira!

Et de regarder la Mie se défaire de ses vêtements pour plonger dans ce...cette...bref la substance en se demandant pourquoi certains ne pouvaient tenir leur langue! Tout ce cirque pour effacer les signes du temps...comme si l'âge de Vera était plus qu'avancé...tout était relatif quoi! Et les livres de beauté? Qui croyait leur sornettes? Oui, bon certains conseils étaient bons à prendre...mais tout de même! Un oeil vers la porte, un oeil sur la Colombe, un oeil sur les autres.

C'est répugnant en tout cas ma Colombe! Et puis, Deal ne pourra plus utiliser le sang pour faire du boudin avec ton savon là...

Fallait bien avoir un côté pragmatique... Un brin de sérieux dans cette ambiance de folie!
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Vera.
    [J'aurai peut-être du m'y préparer à cette réaction si évidente : le malaise.]

    Plop, plop, plop. Le bruit du sang qui s'agite à mes mouvements. On ne pouvait pas faire plus horrible comme spectacle. La jouvence avait un sacré prix là! Malade? J'en avais presque oublié la présence des filles pendant ce cours instant où je ne vois que le sang ruisseler. De nature pleutre et à tourner de l'oeil à la vue du sang, d'avoir la chair de poule, là j'étais bizarrement insensible en apparence, je crois que j'étais ailleurs dans ma tête. C'est bien souvent le cas après tout, là un instant , et l'instant d'après dans mon imaginaire je voyage loin. A la recherche d'autres horizons. J'en oublie même la raison de ma présence ici. Pourquoi avais-je franchi ce seuil de la déraison? Ah oui. "Un vielle" de trop. Une véritable folie de voir le temps passé. D'une main un savon qui fleure la lavande ou que sais-je ? Je n'arrive même plus à distinguer l'odeur... Je m'amuse à le faire mousser les yeux fermés, bien quoi on avait dit soirée détente, dans un bain on se détend ! Sauf que le bruit de la porte d'entrée qui claque me fait sursauter.

    Il ne manquerait plus que cela, qu'on me prenne en plein flagrant délit de délire en réalité, mais un délire pas si drôle que cela dans le fond. Je passe ma main sur le visage, grimaçant. Me frottant les mirettes, sourire béat à la remarque de Takoda, oui elle avait une réputation plus morbide que moi, mais là , moi dans mon bain "original", je crois que je l'avais surpassé.


    - Ahlalala. Ma mie. C'est écœurant j'en ai bien conscience. Hé. Dire que ça a été écrit dans un livre. J'me demande si ça fait de l'effet. Par ce que là, la seule réaction que j'ai c'est de constater qu'on a perdu Ava. Pensez vous qu'elle va quitter le comté à cause de cette expérience là?


    Tout compte fait, j'aurai peut-être pas du l'inviter à venir. Pour une première soirée dans la capitale entre filles, il y avait mieux c'est clair.


    [Cela mousse, cela sent, c'est du sang. Ava ça va?]

    J'étais bien trop concentrée sur ma "besogne" présentement pour tilter que la Normande Blondie avait peut-être craqué. Faut avoir un mental d'acier pour supporter un tel spectacle. Je tentais de me contenir moi. Une envie de crier à tue tête que je veux de l'eau en abondance, je veux de la prune aussi, de l'opium n'importe quoi pour chasser cette triste réalité.

    Han voila, le coup de blues. Fallait s'y attendre. Le nœud à l'estomac. L'envie de chialer. Le sentimentalisme, la sensibilité qui repointe son nez. Ils avaient été si méchants pour que je sois si déterminée à le faire ce dernier saut. J'extériorise avec mon si "branché" : Ahlalalalalalala .


    - Ahlalalalalalala, pathétique, je suis pathétique. Quand j'aurai trente cinq ans j'en serai rendue à quoi? A faire des bains avec du sang de nourrissons.


    Je lâche un rire nerveux à la remarque sur l'état du sang mousseux.


    - Ah, c'est foutu pour le boudin c'est sûr et certain!


    Je me redresse. La question pratique.


    - Euh. J'espère que le père Deal il a un baquet de bain et de l'eau, pour me laver tout ça. Je me vois bien sortir dans cet état. Foutre les jetons aux gens. Avec un peu de chance la populace se casserait du côté de la Marche, se cacher dans la mine de fer. "Bloody Vera va vous faire la peau, allez miner à Bourganeuf si non je vous mettrais à sang!"


    Si, si. Même dans les instants les plus curieux de mon existence je peux allier le désagréable à l'utile. Avoir le vice jusqu'à l'os. L'enjeu pouvait être même politique. Déformation professionnelle.

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Euridyce
    Vera y était. Ça y est, la folie de la Comtesse avait atteint son apogée. Le regard de la jeune Canéda ne se détourna pas : ce n'était pas la première fois qu'elle voyait du sang. Fille d'une guerrière vindicative et d'un ours habitué à décapiter les portiers, le liquide rouge ne lui inspirait que très peu d'angoisse. Le sang devait couler, c'était ainsi qu'était fait le monde.
    Cependant, jamais elle n'avait observé ce genre de choses : une femme couverte de sang, se baignant dedans. La peau tendre de la brune semblait se mêler au rubis dégoulinant, recouvrant les membres du corps humain. La jolie comtesse ainsi entourée ne ressemblait plus à l'accueillante créature qu'elle pouvait être autour d'une choppe. Écœurée, ce fut la première réaction. Portant une main à sa bouche, la femelette devint blême.


      Vera ! Vous en avez partout !


    Plutôt perspicace, n'est-ce pas ? Tournant un regard ahuri vers sa rousse amie. La Canéda ne savait pas comment réagir. Comme à chaque choc, elle bloquait. Les pensées s'arrêtent, le visage devient impassible. Lucie bloque. Elle arrête toute sensibilité, toute réflexion, laisse tout en suspens. Don ou malédiction ? Condamnée à son incapacité à réagir. Elle avait connu cela à la mort de son premier père adoptif, à la révélation du nom de son père biologique, et plus récemment lors de sa séparation avec ses frères triplés. Et c'était, dans les trois cas, des passages perturbants de la vie de la jeune mi-blonde mi-rousse. Réitérant un coup d'oeil inquiet vers Tak, Lucie articula enfin quelques mots.


      Il faut la sortir de là ! Il faut lui enlever le sang, Tak !


    Puis, les noisettes se tournèrent vers la Bretzel, osant enfin contempler le spectacle. La curiosité et l'excitation avaient laissé place à la panique.


      Vera, ça va ? Vous êtes toute rouge, Vera !


    Vraiment, vraiment très perspicace.

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Image trouvée : http://jefouinetufouines.fr/2012/11/20/digital-art-la-petite-sirene-inspire/
Vera.
    [Du sang plein le corps et des larmes plein les yeux.]

    La folie d'une nuit. Passer du rire nerveux aux larmes mélancoliques. Le sang ce n'était pas le mien, de si près je pouvais penser que j'étais profondément blessée. Aucune douleur physique tout se jouait dans ma tête. Je tente de "déguiser" ma tristesse en joyeux rire, il ne fallait surtout pas perdre la face à mes comparses de cette nuit.


    -Vera, ça va ? Vous êtes toute rouge, Vera !

    - Avec tout le savon du monde je ne saurai me laver de cette nuit de délire glauque.

    Je ne réponds pas sciemment à sa question , si j'allais bien je ne pense pas que je serais rendue à illustrer le "bouquin" du siècle. D'ailleurs je ne manquerai pas d'écrire à l'auteur du conseil de beauté plus que salace. Si j'arrive à m'en sortir de ce bain, avec l'esprit sain, promis, juré, craché que je ne recommencerais plus jamais de telles expériences. C'était ce que ma sage conscience me dictait, quant à la cornue de conscience elle me suggérait de recommencer ce genre de bain à chaque pleine lune. Dingue!

    Toute la prune du monde, le vin, la bière et même le pavot ne réussiraient à flouer ma lucidité du moment.


    - Ahlalalala on ne peut pas dire que je suis une blanche colombe là c'est sûr. Lucie un conseil, mariez vous vite là. N'attendez pas trop, si non vous serez rendue à ...bah à ça.
    .


    Je lui montre le sang, je me relève pour de bon, le fond du baquet est un peu gluant et j'ai même réussi à choper un "truc" à la main droite que j'ouvre pour découvrir avec horreur que les "boules relaxantes" là, c'était des paires de yeux bovins ou porcins. L'estomac en vrac, je me sens nauséeuse.


    - Bouhou. M'faut de l'eau là et tout plein de savon!!!!! A BOIRE AUSSI!


    L'émotion est vive, ma sensibilité mise à rude épreuve, je ne pouvais pas nier que j'étais la seule responsable de cette situation et que j'étais plus que masochiste. Je chiale comme le trois quart du temps quand je ne suis pas en mode euphorique et taquine. L'âme en peine et le sentiment d'être plus que sale.

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