Ettore_scola
Un jour, si il vient à avoir le temps, il écrira une fable, une gentille comptine sur la capacité des Hommes à se représenter les choses, à ne pas voir la réalité tout simplement parce qu'elle ne correspond pas à l'image qu'ils ont fantasmé.
Et puis il se l'appliquerai à lui-même aussi, parce que charité bien ordonnée commence par la poutre qu'on à dans lil du verre à moitié vide, du lendemain qu'il ne faut pas faire si on n'amasse pas mousse tant qu'on l'a pas tué.
Ainsi s'achevait la parenthèse psycho-thérapeutique d'Ettore, qui avait poussé jusqu'au bout sa capacité d'analyse sur lui même.
N'empêche, le résultat était là.
Après des années de voyages, de vagabondage, de projets inachevés, d'oreilles qui traînent et d'yeux qui louchent, il avait décidé d'arrêter là les frais.
La vie ne mettrait pas d'elle même sur son chemin une occasion exceptionnelle de faire son nom sans un minimum de régularité et de continuité.
En gros, arrête de bouger partout, pose toi dans un endroit, et apprend à l'apprécier.
C'est ainsi par le plus grand hasard des routes, et d'une biture monumentale qui lui avait coûté ses habits, son or, une cicatrice de plus, et des amis en moins, qu'il avait atterrit en Limousin...
Pas le choix des rois.... semble tout moisi le patelin...
Ettore était comme un chat qui cherche un coin pour s'endormir..
On renifle un peu, on fait le tour, on se fait un petit coup les griffes, et si on prend pas de pied aux fesses, on s'installe.
La bonne couette confortable, moelleuse et parfumée en question était la belle ville de Limoges, capitale il faut le dire extraordinaire d'un comté qui sait cacher ses plus précieux atouts, ses charmes invisibles, et sa population particulière.
Alors bien sûr au début rien ne va, le mouflon n'est pas dessiné comme on le voudrait, il a pas de corne, il a des oreilles de lapins, il a des pieds de cochons, y a des réformés qui viennent s'y installer, tout ça tout ça quoi..; Mais avec les heures et les jours, on se dit que finalement, Limoges est un tonneau dans lequel le mouflon peut être modelé à convenance, même si y'a quand même des réformés qui viennent s'y installer.
C'est donc tout guilleret, ce qui est loin d'être son habitude, qu'Ettore s'installe dans la capitale, ravi de tant de rencontres, de tant de bonne humeur et de tant de possibilités.
Chemin faisant, il sera fier de pouvoir apporter sa modeste pierre à la pérennité de la charmante bourgade, même si pour le moment son seul fait de bravoure reste de pouvoir payer des coups en taverne, et à ne systématiquement pas reconnaître les membres du conseil comtal.
Mais ils sont pas contrariant dans le coin...
Ils sont gentils...
Et puis ils sont patients...
Et ça tombe bien parce qu'avec l'Ettore, de la patience, il en faut.
C'est donc une matinée tout à fait comme une autre qui se profile quand le nouvel arrivant décide de boire sa bière du matin en taverne, avant de se rendre à la mine.
De bonne heure déjà, le lieu de rencontre et de partage (comme disent ceux qui n'assument pas le fait de se pinter à 8h du mat') raisonnait déjà de mots et de cris, et c'est avec un grand sourire qu'Ettore pousse la porte.
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