--_yvanies_daktom
Il s'arrêta dans un coin sombre d'une ruelle. La douleur devenait trop aiguë et prenait le pas sur son esprit enfiévré par la récente lutte. Quelque part, cet état de fait le rassurait. Sous l'emprise des substances, il lui aurait fallu des heures pour comprendre qu'il avait été blessé. Ce soir, l'adrénaline seule semblait régir son corps, même s'il lui arrivait parfois de ressentir le manque, l'envie, le besoin. Il serait tellement plus fort en ingérant cette petite fiole...
Il s'assit doucement, le plus silencieusement possible, avisant sa cuisse gauche et le tissu entaillé, rougi sur une large auréole, dévoilant la peau meurtrie et une plaie ouverte. La douleur venait de là. La sentinelle avait réussi, dans la confusion de l'affrontement, à le blesser et à le gêner pour la suite. Les Lions étaient décidément de redoutables adversaires, qui jusqu'au dernier instant se battaient.
Il tira un chiffon propre de sous sa tunique et fouilla dans les fioles qu'il gardait dans une de ses doublures. Il n'avait pas le nécessaire pour couturer, mais il pouvait parer au plus pressé. Une des fioles sembla lui convenir, le murmure dans la nuit en fut le révélateur.
Herbe aux Charpentiers... ça devrait faire l'affaire.
Le chiffon fut imbibé légèrement, la fiole rangée à sa place, et l'homme appliqua le linge sur la plaie qui laissait encore échapper du sang. Sa volonté fut grande et la morsure de sa lèvre inférieure bien prononcée pour qu'aucun bruit ne s'échappe de sa bouche alors que son visage se tordait de douleur. Le produit semblait efficace, mais provoquait les conséquences attendues.
Il resta ainsi, prostré contre le mur, sa senestre tremblante plaquée contre la blessure, la dextre appuyée au sol pour l'empêcher de choir. Les minutes passèrent, la douleur retomba et il put bientôt improviser un pansement de fortune à l'aide d'une ficelle et du linge imbibé. L'ensemble n'était pas tout à fait satisfaisant, mais serait suffisant pour ce soir. La nuit n'était pas finie...
Il se releva avec précaution, cherchant à retrouver un équilibre rendu différent par son entaille, composant avec la douleur sourde qui faisait battre les veines de sa jambe. Lentement il reprit le chemin de la place, s'arrêtant dans chaque angle, chaque recoin, guettant avec précaution le moindre bruit, la moindre sentinelle qu'on aurait postée, encore, sur sa route. Mais aucun obstacle ne le ralentit et bientôt, caché dans l'angle d'une maison qui donnait sur sa cible, il put observer l'étrange scène qui se déroulait. Deux voilés, une découverte. Etaient-ils ensemble ? Avait-il un allié dans le lot ? Il lui fallait vite trouver une idée...
Et la lumière fut: feu...