Eripsoe
On dit souvent que la nuit porte conseil, mais pour certains, elle les agite et décuple leurs forces en prévision de leurs sombres dessins.
Yvaniès découvrait la Provence, et son hérésie croissante. Et, tandis que sa Foy continuait de croitre, emportant avec elle les derniers sages conseils d'Ali et du Corbeau, il s'était mis en tête de reprendre ses activités nocturnes, tel un passionné ressort une vieille collection.
Les raisons en étaient multiples: il avait besoin d'exercice et il s'était engage auprès de la Walkyrie. Par trop rouillé il ne pourrait rien lui enseigner. Car si pour elle il avait été le Veilleur, en vérité il était le Chasseur. Et cette nuit le goût du sang dans sa bouche appelait une proie.
Cela faisait plusieurs soirs qu'il parcourait les rues pour les apprivoiser. En quête de quelque sombre affaire, d'un terrible secret. Mais il n'avait encore rien trouvé. Avant ce soir, qui lui réservait une bien macabre surprise.
Il savait se faire discret en se déplaçant. Grâce aux écus de la jeune louve, il avait pu sommairement s'équiper. Poudres, poisons, poignards. Une tenue de cuir, noire, pour simple protection sommaire. De toute manière, les règles étaient simples. Survit, dans la rue, celui qui frappe le premier. Une armure n'aurait rien changé.
Ses cheveux étaient noués, comme à leur habitude, en catogan haut, celui qui rappelait le Taureau Furieux à son vieil ami décédé. Et son visage dur, bien que scarifié par le temps et les actes, semblait moins tiré et tendu que quelques semaines auparavant. Il ne respirait pas la fraicheur, mais ressemblait de moins en moins à un gueux.
Enfin la surprise. La divine apparition qui se devait de justifier sa virée nocturne. Et c'est juste à côté de l'Eglise, qu'il fréquentait désormais assidument, qu'il en eut la primeur. Car il aperçut alors, caché dans un angle de la place, une bande d'encapuchonnés s'affairer avec du bois, du matériel... Etrangement silencieux pour des décorateurs. Et une silhouette en particulier semblait éveiller en lui quelques fugaces souvenirs. Incapable de se souvenir vraiment, il savait tout cela relié à quelque chose de pas net. Et il était seul...
S'il avait vraiment changé, il serait parti aussitôt, laissant le guet et sa "compétence", s'occuper de cette affaire. Mais, oui, le loup regarde toujours vers le bois... Et son instinct le lui commandait. Le Lion, il en était persuadé. Il se souvenait encore de ces missions par dizaines, de ces rapports entassés et de ces questions à l'infini: qui ? Où ? Comment ? Pourquoi ?... Les faire trébucher serait comme une revanche tardive. Un dernier salut à la scène avant de se ranger et d'attendre. D'abord eux, ensuite les Cornus. Musique Maestro !
Et Yvaniès se concentra longuement, accroupi dans un coin sombre d'une ruelle débouchant sur la place dégagée. Il réfléchit à un plan d'action, seul, n'en trouvant pas de réellement satisfaisant. Il opta alors pour l'improvisation. Trouver, déjà, qui faisait le guet et éloigner la menace. Non, il ne tuerait pas ce soir, il savait la justice provençale par trop expéditive pour risquer les geôles et les cachots.
Se relevant doucement il s'éloigna à pas de loup et entreprit de faire le tour de la place par les ruelles, rasant les murs et guettant chaque bruit.
Avait-il senti le souffle d'Olive ? Avait-il entendu son coeur battre ou son pied frotter de manière à peine perceptible le pavé Arlésien ? L'encapuchonnée, homme ou femme (le sait-il vraiment ?) s'était un peu éloignée du groupe pour prévenir tout danger. Bonne idée, bonne proie...
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Yvaniès découvrait la Provence, et son hérésie croissante. Et, tandis que sa Foy continuait de croitre, emportant avec elle les derniers sages conseils d'Ali et du Corbeau, il s'était mis en tête de reprendre ses activités nocturnes, tel un passionné ressort une vieille collection.
Les raisons en étaient multiples: il avait besoin d'exercice et il s'était engage auprès de la Walkyrie. Par trop rouillé il ne pourrait rien lui enseigner. Car si pour elle il avait été le Veilleur, en vérité il était le Chasseur. Et cette nuit le goût du sang dans sa bouche appelait une proie.
Cela faisait plusieurs soirs qu'il parcourait les rues pour les apprivoiser. En quête de quelque sombre affaire, d'un terrible secret. Mais il n'avait encore rien trouvé. Avant ce soir, qui lui réservait une bien macabre surprise.
Il savait se faire discret en se déplaçant. Grâce aux écus de la jeune louve, il avait pu sommairement s'équiper. Poudres, poisons, poignards. Une tenue de cuir, noire, pour simple protection sommaire. De toute manière, les règles étaient simples. Survit, dans la rue, celui qui frappe le premier. Une armure n'aurait rien changé.
Ses cheveux étaient noués, comme à leur habitude, en catogan haut, celui qui rappelait le Taureau Furieux à son vieil ami décédé. Et son visage dur, bien que scarifié par le temps et les actes, semblait moins tiré et tendu que quelques semaines auparavant. Il ne respirait pas la fraicheur, mais ressemblait de moins en moins à un gueux.
Enfin la surprise. La divine apparition qui se devait de justifier sa virée nocturne. Et c'est juste à côté de l'Eglise, qu'il fréquentait désormais assidument, qu'il en eut la primeur. Car il aperçut alors, caché dans un angle de la place, une bande d'encapuchonnés s'affairer avec du bois, du matériel... Etrangement silencieux pour des décorateurs. Et une silhouette en particulier semblait éveiller en lui quelques fugaces souvenirs. Incapable de se souvenir vraiment, il savait tout cela relié à quelque chose de pas net. Et il était seul...
S'il avait vraiment changé, il serait parti aussitôt, laissant le guet et sa "compétence", s'occuper de cette affaire. Mais, oui, le loup regarde toujours vers le bois... Et son instinct le lui commandait. Le Lion, il en était persuadé. Il se souvenait encore de ces missions par dizaines, de ces rapports entassés et de ces questions à l'infini: qui ? Où ? Comment ? Pourquoi ?... Les faire trébucher serait comme une revanche tardive. Un dernier salut à la scène avant de se ranger et d'attendre. D'abord eux, ensuite les Cornus. Musique Maestro !
Et Yvaniès se concentra longuement, accroupi dans un coin sombre d'une ruelle débouchant sur la place dégagée. Il réfléchit à un plan d'action, seul, n'en trouvant pas de réellement satisfaisant. Il opta alors pour l'improvisation. Trouver, déjà, qui faisait le guet et éloigner la menace. Non, il ne tuerait pas ce soir, il savait la justice provençale par trop expéditive pour risquer les geôles et les cachots.
Se relevant doucement il s'éloigna à pas de loup et entreprit de faire le tour de la place par les ruelles, rasant les murs et guettant chaque bruit.
Avait-il senti le souffle d'Olive ? Avait-il entendu son coeur battre ou son pied frotter de manière à peine perceptible le pavé Arlésien ? L'encapuchonnée, homme ou femme (le sait-il vraiment ?) s'était un peu éloignée du groupe pour prévenir tout danger. Bonne idée, bonne proie...
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