--Le_veilleur
Il était de garde depuis la veille. Sanctus lui avait donné pour consigne de surveiller les alentours de la chapelle, chose qu'il savait faire avec sérieux et aptitude. Sa vie dans les bois lui permettait de tout savoir de la forêt.
Il avait vu le garçon s'approcher lentement de l'église. Il l'avait laissé faire, histoire de voir s'il était une avant-garde ou un curieux isolé. S'étant assuré qu'il était seul, il vint doucement vers lui, comme pour le surprendre.
Arrivé à quelques mètres, il sortit sa sica et dit d'une voix autoritaire :
Dis donc petit, soit tu entres, soit tu déguerpis, mais tu ne restes pas là entre deux eaux !
--Petit_alex
Surpris par l'homme qui venait derrière lui, Alexandre prit ses jambes à son cou et se précipita dans la forêt. Il courait plus vite que jamais en direction d'Arles.
--Le_veilleur
Le huguenot regarda le gamin détaler comme s'il avait l'inquisition aux trousses. Il décida d'entrer dans la chapelle pour faire son rapport sans saluer les gens présents car il était de nature bougonne et sans éducation. Il était de petite taille, trapus, le visage caré et marqué d'une balafre sur la bouche qui lui créait un petit rictus inquiétant malgré lui.
Sanctus ! Je viens de surprendre un morveux qui n'a pas demandé son reste. Je continue la veille.
Il n'attendit pas la réponse, fit demi-tour et retourna à l'extérieur, non sans avoir craché en passant le seuil.
Maximin Maximin considéra l'objet et l'examina attentivement.
Pour lui qui avait appris et maîtrisé la langue arabe à la Grande Bibliothèque d'Alexandrie, le texte réffétait bien ce que Sanctus leur disait ; mais rapidement le pragmatique s'interrogea.
Je vois mais ... permets-moi ces questions.
N'y vois bien sûr aucun manque de respect de ma part envers l'assemblée ci-présente ou la religion réformée, mais quelle certitude a-t-on de l'authenticité de cet objet-relique ?
Et si aucune authenticité réelle ne peut être établie, alors n'est-ce pas une simple "oeuvre d'art" qui a été créée afin de servir une cause, ce qui permet au final d'extrapoler ce que l'on souhaite ?
Le désert, il l'avait vu, il avait posé ses pieds sur se sable brûlant, ressenti le souffle brûlant des vents lorsque e zoleil était au zénith et la froideur absolue des nuits passées à la belle étoile ; sa peau se souvenait encore des tempêtes de sable qui découvraient parfois un objet ou l'autre, un cadavre vieux de mille ans dont on pouvait prélever un os et le graver par la suite.
Maximin ["Si les prêtres s'étaient contentés de dire : Adorez un Dieu et soyez justes, il n'y aurait jamais eu d'incrédules ni de guerres de religion."]*
L'explorateur acquiesça.
Fort bien, je te remercie pour ces précisions. Je partage ton avis quant aux écrits, pourtant, ne dit-on pas que les paroles s'envolent et les écrits restent ? Vaste programme, n'est-ce pas.
J'irais plus loin que toi dans le raisonnement : toute religion tisse les textes qui l'arrange le mieux.
Vous partagez avec Rome le Dogme Originel, la Vita d'Aristote et la Vita de Christos. En cela les textes sont communs - cela n'est pas remis en cause.
Vous avez en outre les écrits d'Averroès, je ne les remettrai pas en cause non plus.
Vous partagez aussi tous deux les 20 Logions établis de Christos, avec une différence sur le 17ème.
Rome a son Droit-Canon, ses règles ; vous avez le Liber Leonis et les "52 postulats". Des textes écrits par les humains pour les humains, des règles, des interprétations, au final, ne représentent-ils pas simplement les souhaits de ceux qui ont mis les choses en place.
Quant au Marquis, enfin, il a été légitimement élu par le peuple, il me semble. Dès lors ... je ne vois où est le soucis. Qu'il soit cardinal est une autre chose. Je ne suis pas un spécialiste des lois provençales, mais si il y avait illégitimité quant à ce cumul particulier, j'imagine bien que l'on en aurait entendu parler.
Et l'inquisition romaine ... elle n'a que le pouvoir d'exclure une personne de la communauté des aristotéliciens. Pour avoir écouté les rumeurs, l'ancien roi de France n'était-il pas excommunié ? Cela ne l'a pas empêché de régner pendant plus de 6 mois.
Enfin, sans vouloir te contredire, je prétendrais davantage que la hiérarchie de l'Eglise a été voulue par Christos, lorsqu'il nomma ses apôtres les episkopoï, tandis que le prophète garderait la tête de l'Eglise. Je ne pense pas que le Dieu ou Déos veuille une réelle hiérarchie, il souhaite simplement que les humains lui rendent la grâce qui lui est due, en vivant de manière correcte sans doute. Je ne peux croire qu'il s'agisse d'un être qui s'amuse à voir Sa création s'entre-déchirer ... en Son nom, qui plus est.
Pour conclure, Sanctus, et par rapport à tout cela : je citerai le Logion 15 : A des hommes qui se battaient, Christos a dit : " Mais vous allez vous aimer les uns les autres, au nom de Dieu !"
Au final n'est-ce pas ce que font les aristotéliciens et les réformés ? ... se battre ? Qui a tord, qui a raison ? ... Un seul, les deux ... ou aucun ?
Il se tût - enfin ! Discussion intéressante, si il en était.
En toute finalité, le blond était ravi d'avoir poussé la porte de cette vieille église.
Moi aussi, j'ai rêvé, mais tout est encore trop flou dans mon esprit ; pour l'heure, je n'ai pas encore compris ce que l'On attend de moi. C'est probablement une épreuve, mais j'ignore laquelle. Je tâtonne donc, j'explore, je tente de trouver des réponses.
Mais ... parles-moi, parles-nous du Messager Ailé, s'il te plaît.
* Voltaire
Maximin Le blond leva un sourcil aux paroles de Sanctus.
Mais ... c'est toi-même qui a mentionné ce Livre, ou Liber, à mon entrée en ces lieux, lorsque tu me parlas des persécutions.
Je ne pourrais réellement prétendre en savoir davantage sinon extrapoler qu'il s'agit d'écrits assez récents.
Si ce que tu me dis est vrai concernant ces documents édifiants, cela voudrait donc dire que ces faits se sont produits il y a plus de mille ans.
Tout le monde a aujourd'hui oublié les réelles raisons de ceux qui ont fait cela, si ils l'ont fait. Peut-on réellement tenir pour responsables ceux qui le suivent, puisqu'ils ignorent en tout état de fait ces choses.
Je partage également le fait que les humains n'ont pas forcément besoin d'intermédiaire pour croire au Très-Haut.
Personnellement, et stricto sensu, je ne vois pas le rôle des prêtres comme des personnes s'arrogeant le pouvoir du Très-Haut, je les verrais plutôt comme un frère ou une soeur aînée expliquant aux plus jeunes ce qu'il ou elle a compris.
Toi-même, je gage que tu sois très versé en théologie réformée, et de ce fait, tu guides ceux qui sont "ignorants" des choses religieuses.
En quelque sorte ... des personnes qui ouvrent la voie.
Maintenant ... les prêtres ne sont que des humains, imparfaits, il y en a des bons et de mauvais, comme partout, j'en suis conscient.
Certains ne sont intéressés que par le pouvoir et les privilèges, c'est incontestable. D'autres sont réellement convaincus d'agir pour le mieux et sont réellement de bonnes personnes.
A-t-on légitimement le droit de tous les mettre dans le même sac ?
Il en va de même pour les Réformés et les sicaires, si j'ai bien compris.
Voyant que le lecteur lui tendait un objet, il ouvrit la paume de sa main.
Je te remercie pour ce geste, et j'en prends bonne note. Même si aujourd'hui j'ai encore beaucoup d'interrogations.
Le dénomé Andrew Largs intervint alors d'une manière fort déplacée.
Maximin lui sourit, un peu ironique.
Voici donc où est la tolérance de la Réforme que tu défends. Belle mentalité que voilà ... as-tu déjà oublié la phrase gravée sur cet os ?
Tu me donnes à l'instant le juste exemple de ce que tout le monde vous reproche.
Une personne ordinaire prendrait cette croix que Sanctus vient de m'offrir, te la jettrais en pleine figure en t'invectivant des plus basses insultes et partirait ensuite en claquant la porte, tout à fait convaincu de l'image d'un fanatique aveuglé.
Mais vois-tu, si la bêtise peut être l'apanage de tout un chacun, j'ai dépassé depuis bien longtemps les futilités liées à celle-ci sans pour autant prétendre être meilleur que les autres ...
Puis il se tourna vers les autres.
J'ai bien conscience que mes questions dérangent ce qui est établi et accepté par beaucoup. Chaque personne est différente quand bien même beaucoup se ressemblent ; idem qu'en toute chose, il y a des invariables et des évolutions.
Maintenant, si vous en avez assez de ma présence, je ne voudrais pas troubler davantage.