Finn
Ouvert dans le respect de la cohérence, toussa
Au croisement de plusieurs venelles de la capitale angevine se dressait lhôtel particulier du détonnant couple Ó Mórdha, et non moins repaire dune compagnie de fiers Angevins apparentée aux Buses. À quelques pâtés de maisons de là, lon pouvait dailleurs trouver le taudis municipal duquel ils arrachaient à leur misère les plus ardents de ses bélîtres, ces âmes égarées en quête de profit, daventure ou davenir, pour gonfler les rangs des forces armées dAnjou dont ils se réclamaient.
Bien quayant pignon sur rue, limposante demeure bâtie avec la bénédiction archiducale sélevait en retrait de lactivité fourmillante de la cité, tel un édifice hermétiquement fermé aux regards des passants. De plus, accolé au rempart Ouest dAngers, lHôtel jouissait de laccès à deux de ses tours qui, lencadrant à larrière, donnaient à cette petite place forte citadine des airs de domaine féodal.
De la rue, on se heurtait dabord à la grandeur de son austère façade de pierre grise, reconnaissable aux armes de la famille Ó Mórdha dont elle était frappée. Point de magnificence au mur. Seules détranges gargouilles dragonnées toisaient le promeneur depuis la corniche, dégueulant leau de pluie sur ceux qui auraient laudace de sappuyer contre la bâtisse, accompagnées de leurs grotesques versions irlandaises, symboles de fertilité, les Sheela Na Gig.
Pour entrer, voitures et cavaliers devaient se voir ouvrir lénorme porte cochère tandis que piétons et habitants de la maison empruntaient la poterne qui la juxtaposait après avoir montré patte blanche.
Sur la droite, une galerie de service menait aux cuisines, à ses dépendances et à lécurie.
Sur la gauche, un portique fermé permettant dentrer ou de sortir à couvert conduisait à la Tour Carrée. Haute de trois étages et couronnée dun pavillon crénelé, ladite Tour abritait un appartement dhabitation indépendant du reste de lHôtel et réservé aux maîtres de la maison.
Face à lentrée, au fond dune petite cour pavée, un large perron ouvrait laccès au rez-de-chaussée du bâtiment principal où lon trouvait la grande salle à manger et sa monumentale cheminée brûlant à toute heure. À létage, une deuxième grande salle profitait de la chaleur dégagée par celle den bas.
Derrière ce bâtiment, au lieu d'un jardin, sétendait une deuxième cour, plus grande et recouverte de sable, servant de terrain dentraînement. Un bâtiment de logis destiné aux membres de la compagnie se situait au fond de cette cour, directement appuyé au mur denceinte de la ville et à ses deux tours. Bâtiment secondaire, il abritait les chambres à coucher des gens darmes, une forge ainsi quune salle darmes souterraine composée dune grande tablée autour de laquelle rires gras, godets de vin et trophées sentrechoquaient dans une joyeuse mais non moins cynique cacophonie.
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