Richard.de.cetzes
« Il ny a rien de plus triste quune vie sans hasard. »
de Honoré de Balzac
L'esprit de ce jeune fils de monarque fut endommagé, voire même ravagé par un apprentissage forcé, fait de matières ecclésiastiques, qui, à son sens, n'était d'aucune utilité, si ce n'était avoir passé neuf années consécutives dans un établissement ombragé, en compagnie d'une poussière épaisse et ce, donc, pour presque rien. D'une mère qui ne faisait que guerroyer au sein de l'Empire, à l'époque, quand bien même la situation n'aurait guère changé ni même évolué, à l'heure actuelle, où nous écrivons ces lignées. D'un père qui aura longtemps régné sur le sol français en sa qualité de Roi, jusqu'à ce qu'il ait du rendre son tablier après s'être vu inhumé à Toulouse, capitale aux fleurs roses. Jamais ils n'avaient vraiment pu s'occuper de cet enfant, bâtard soit-il. Courageux et débrouillard, il vint réussir cependant à sortir de l'enfer religieux, où bon nombre de clercs souhaitaient le voir s'élever à la prêtrise, ce que Richard refusait, considérablement. Il ne s'agissait pas là d'une vie désirée mais plutôt d'une vie dont il pouvait bien faire abstraction, facilement.
Amoureux des voyages qui venaient à l'envouter, il passait le plus clair de son temps, après être sorti de ce couvent désastreux, à effectuer de longues promenades à cheval, en solitaire, car oui, il était seul, ce petit prince provenant de la bâtardise, qui avait grand besoin de s'évader, de respirer l'air frais des chemins à la plus grande sinuosité. Languedocien depuis quelques temps, lourde fonction diplomatique sur le dos. Nous avions à faire à un jeune homme aux petites cernes marquées par des activités chargées, qui venaient à le fatiguer. La méditerranée non loin, il s'amusait à y aller dès lors que les situations devenaient conflictuelles, profitant ainsi de cette eau tiède, qui ne pouvait qu'être appréciée, en ces temps printaniers. C'est une terre lointaine, bien que frontière à la Bourgogne où cérémonie d'anoblissement vint s'y trouver, que cette dernière vint l'attirer, bien que beaucoup. Siège de multiples tensions où les combats fusaient, où les belligérances venaient à se percevoir, sans grandes difficultés, ô combien ces hostilités seraient à éradiquer, sans même jugement.
Le problème, cest que si lon ne prenait pas de risque, on risquait encore davantage. Et Richard, lui, il aimait prendre des risques, tout en sachant qu'il avait conscience de ce qu'il faisait, de ce qu'il venait à entreprendre. On venait de citer, un peu plus haut, que les affrontements affluaient en Empire, et oui, car c'était bien là-bas qu'il comptait se rendre, sans même avoir une infime appréhension. Richard n'était en aucun cas un guerrier, ni même un mastodonte, mais bien un homme, apprêté, distingué. C'est sous escorte qu'il vint se rendre en terres lorraines, après avoir réalisé un léger détour qui n'était guère désagréable. Ses affaires furent déposées en maison, pour le moins luxueuse, lorsqu'il se dirigea vers la place du marché, après s'être défait de ces dernières, où artisans vendaient leurs denrées, à un prix fort intéressant. Il ne regardait pas vraiment les étales qui lui étaient présentées et se contenta de traverser les ruelles commerçantes, jusqu'à venir concéder un coup de coude à une femme qui passait par là, elle aussi et ce, involontairement, renversant de cette façon des parchemins qui étaient alors dans ses mains. Sidéré, il se retourna sur le champ, présentant ses excuses.
- "Je vous demande pardon".
Gêné, il s'empourpra et commença à ramasser les épîtres et documents, avant qu'ils ne parviennent à s'envoler.
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