[Très tôt le matin du 21 janvier 1463 - Un coup de folie...]Lecy Anne venait de passer les grilles de la demeure familiale, doucement sans faire de bruit, du moins tant qu'elle put et se faufila le long de l'allée qui menait à la porte d'entrée, bordée de fins grands arbres, couverts de neige. L'on aurait pu croire à une apparition fantomatique tant au fil de ses pas, passant de l'ombre crée par les troncs à la lumière lunaire, elle avançait furtivement, presque sur la pointe des pieds.
Elle avait presque gagné la porte quand tout à coup, non loin de là, au niveau du pigeonnier, des battements d'ailes se firent entendre! Elle se dit tout d'abord que cela n'était rien, mais elle les entendit à nouveau non loin d'elle. Elle fait un demi tour, regarde en l'air, par chance la lune n'est pas cachée derrière des nuages et est presque pleine, l'on y voit relativement bien, la neige et le givre étincelant faisant rayonner de plus cette douce et blanche lumière. Encore quelques bruissements d'ailes, mais de nouveau vers le pigeonnier, Lecy détourne encore une fois la tête et décide d'aller voir cela de plus près. Il fait froid, il fait nuit, elle se demande un instant si cela ne pouvait pas attendre ou était assez important... Mais elle est là alors elle y va...
Posée sur un des rebords en pierre du pigeonnier, un volatile semble soit s'être échappé, soit à un message à délivrer! Lecy tente de voir si un billet se cache, attaché sur l'oiseau, il est trop haut et ne fait que bouger, elle maugrée, va s'enquérir dans le pigeonnier de quelques graines afin d'attirer l'oiseau, ne manquant pas de faire grincer les gonds de la vieille porte en bois, des oiseaux s'envolent dans leur espace clos et Lecy sursaute de plus belle, elle attrape quelques graines et ressort de là, fermant la porte derrière elle rapidement. Adossée à la porte, elle ne bouge plus, attends que les pigeons voyageurs ne se calment, épie le moindre mouvement ou bruit qu'elle pourrait entendre, immobile, elle attend de voir si elle n'a réveiller personne... Rien à signaler, Lecy s'écarte quelque peu, cherche le pigeon du regard, lance une infime poignée de graine au sol juste devant elle, s'accroupit et attend. Le volatile, affamé surement se pose un peu plus loin d'abord avant d'avancer au rythme des mouvements saccadés de son cou. Il picore, la neige ne rend pas l'opération facile, il avance et finit non loin de Lecy, de là, elle tend une main pleine de graines qui n'aura pas manqué d'attirer l'oiseau jusqu'a elle, assez pour le prendre délicatement en main, détacher le message, et malheureusement de le remettre dans le pigeonnier, ce qui inclue porte qui grince, grimaces dues au bruit et peur de se faire découvrir au milieu du jardin en pleine nuit...
Lecy, message non lu en main, est maintenant dans sa chambre, sur un grand chandelier à pieds, des cierges finissent de se consumer tranquillement dans un coin de la pièce. Elle n'a croisé personne et son coeur bat vite, elle s'était elle même mise dans un état de tension la poussant à se conduire tel un voleur dans sa propre demeure. Il ne fallait pas que quelqu'un la voit, elle ne pourrait faire mine de mentir en croisant son oncle ou même un ou une des gens qui travaillaient pour eux, certains la connaissait que trop bien! Au milieu de la pièce, elle déroule le papier l'ayant presque oublié et le lu.
A plusieurs reprises, elle ne put s'empêcher de laisser échapper de francs et sonores éclats de rire, qui lui faisait à chaque fois se figer, ouvrir grand les yeux regardant à droite et à gauche, attentive aux moindre bruits...
Il faut faire vite! Les petites mains de la maison ne vont pas tarder à s'éveiller et à se mouvoir pour leur labeur quotidien un peu partout dans les couloirs et autres pièces...
Elle hésite quelques instants, puis s'installe devant son écritoire et prend le temps de répondre à sa soeur...
A Alcyne Knoevenagel, qui m'a faite bien rire.
De Lecy Anne Knoevenagel, qui va passer pour une folle à lier!...
Ma très chère soeur,
Tu ne peux imaginer la joie qu'a pu entrainer la réception de ta missive. Je l'ai lu et n'ai pu m'empêcher de rires à bien des passages... Ta plume est aussi jovial et fleuri que ton franc parler habituel cela est indéniable.
Concernant le Tournois je suis bien atterrée de lire que votre victoire de part j'en suis sure votre grand charisme et votre habileté lors d'affrontement, à toi et ton amie Seva donc, est semblé suspicieuse...
Vous avez donc eut le prix de 3000 écus malgré cela, voilà qui est très noble de leur part toutefois, et donc tu l'as entièrement dépensé en alcool et je l'espère en quelques denrées comestibles à te mettre sous la dent à ce moment. Que cela devait être épique n'est ce pas? ... ...
Quant à ton ancien compagnon Samael, tu le connais bien mieux que moi, cela semble évident que si tu décrètes que cette personne n'est pas assez bien pour toi, il en va de soi! Je ne veux que ton bonheur, en te souhaitant de trouver quelqu'un qui te corresponde et à qui tu puisses faire confiance dans la durée.
Félicitation pour ton Auberge au fait, encore une fois tu me surprend! Je te souhaite que ton commerce prospère pour ton plus grand bonheur.
J'en viens maintenant à moi chère soeur! Je t'écris rapidement, assise dans ma chambre alors que dans quelques heures à peine, tout aura changer! Du moins beaucoup de choses!...
Je pars! Oui je t'ai déjà dit que je partirais en voyage, mais je pars ce matin même!!! Je suis un groupe de voyageurs, jusque dans le Sud Ouest!
Le départ ne peut être repoussé et l'envie bien trop grande de partir maintenant, sous peur de ne jamais le faire et dépérir peu à peu...
C'est fou je sais, j'ai fait en sorte dans la soirée de transférer tout ce que j'avais en ma possession, biens, conseils et sincères remerciements à la future Bourgmestre de Pontus. J'ai prit le temps de prévenir certains des habitants, il faudra que je laisse un message à tous ainsi qu'à la Franc Comtesse et au Parlement, enfin... Je pars!
Nous allons tout d'abord vers Dole, nous devons y être rejoins par un autre individu puis nous prendrons la route direction le sud ouest! Ne me demande pas vers où exactement, je ne pourrais te dire...
Wig est avec nous, je sais que je pourrais compter sur lui, cela me rassure d'un côté même si parfois il est vraiment insupportable!...
Je t'écrirai en espérant que les messagers te trouvent, je t'en dirais plus, je te le promets, mais pour l'heure je dois me dépêcher. Je dois partir au plus vite afin de prendre la route avec eux!
Je t'embrasse fort et laisse ton courrier à notre oncle afin qu'il ait ces nouvelles de toi!
Je t'aime également et suis avec toi en pensée,
Ta petite soeur,
Lecy Anne.
Avec hâte, Lecy enroule et scelle le message, elle le donnera à un messager dès qu'elle en aurait l'occasion.
Elle se dirige vers une de ses grandes armoires en bois massif et sombre, en ouvre les deux battants bien grand et en sort un sac de voyage peu volumineux mais pouvant contenir de nombreuses choses tout de même.
Il fallait faire vite! Il fallait faire bien!
Quelques affaires pour la route, des changes afin de pouvoir les laver de façon régulière, son mini nécessaire pour écrire, deux houppelandes au cas où il faudrait s'apprêter quelque peu, une paire de chausse, son peigne, un peu de parfum, elle plie et tasse le tout, sur elle, fixe son épée et son vieil arc et son carquois de flèches sur le dos. Elle prend une petite bourse qu'elle dissimulera sous ses vêtures ou pièces d'armure qu'elle a présentement sur elle et dont elle se servira afin d'acheter ce qui pourrait lui manquer durant ce trajet. Elle croit avoir fait le tour, plus qu'un passage aux cuisines afin d'y prendre de quoi se restaurer pour quelques jours et arf... Le fichu pigeonnier afin de prendre deux oiseaux, histoire de donner des nouvelles à son oncle et enfin les écuries, afin d'arnacher tout cela à la plus docile et vaillante monture que Lecy possède, direction l'aventure, le Royaume de France...
Son oncle!... Son oncle ne savait pas ce qui se tramait, tout fut si soudain! Elle ne l'a pas prévenu! Deos! Il allait soit paniquer, soit être en colère, soit elle ne savait pas! Mais elle ne pouvait quitter son oncle, la demeure, le village, la Franche Comté sans lui laisser un mot. Elle se remit donc à son écritoire sur pied et le coeur un peu lourd lui laissa un message qu'elle glissera sous la porte de sa chambre avant de quitter l'étage.
Elle avait fini par dépasser les grilles, avait respirer un grand coup en se retournant une dernière fois afin de fixer l'image de cette maison, sa maison dans son esprit, se promit de revenir dès qu'elle le pourrait et lança son cheval dans les rues de Pontus, vers ses futurs compagnons de route...