Jeune K-H, incarné par Karlheinz
Voici que j'étais convié à ma première fête italienne. Il n'y avait pas si longtemps que j'avais quitté les monts helvètes pour rejoindre le sud de la France, l'épée au service des seigneurs locaux les plus offrants. Un métier dangereux pour sûr, mais il était encore plus certain que ceux qui y excellaient pouvaient amasser des fortunes colossales sans compter les honneurs de la gloire militaire. Mais si la jeunesse m'avait poussé dans les bras de cette aventure, elle m'avait aussi poussé à la quitter lorsqu'il en était encore temps afin de profiter des belles années qu'il me restait, toujours agrémenté de chacun de mes yeux, bras et jambes.
J'entretenais donc la vie de jeune aristocrate curieux, allant paisiblement de ville en ville, tissant par la même occasion son réseau personnel. L'appel de la Flandre se faisait toutefois de plus en plus fort et c'est avec sérieux que j'y avais considéré mon retour. Mais si c'est avec une hâte non dissimulée que j'entrevoyais ce retour, il me paraissait sot de revenir les mains vides et je décidais de mettre à profit ces derniers instants de voyage pour ramener quelques luxueuses marchandises plus loin au nord, complétant les avoirs nécessaires à une luxueuse sédentarisation. Les riches villes de Flandre et d'Angleterre n'étaient en effet pas dénuées de richissimes citoyens qui s'offraient à prix d'or les plaisirs en provenance du sud.
C'est en cette circonstance que mes pas m'avaient porté jusqu'à Venise, la Sérénissime incarnant la luxueuse abondance des fantasmes nordiques. Elle était un carrefour des plus belles marchandises dont le Très-Haut avait eu la générosité de garnir la terre que nous foulions. Cet état de grâce de la Cité était bien moins le fait de sa situation géographique, que du tempérament commercial de ses habitants qui n'hésitaient pas à tenir plusieurs commerces différents, dont ils s'assuraient le plus souvent du contrôle de la production. Et ainsi en était-il du Signor Trovasi qu'il m'avait été permis de rencontrer, prospère propriétaire d'une manufacture de verre sur l'île réputée de Murano dont on disait qu'elle était le plus ancien mais surtout, le meilleur des centres de production de verre et de cristal de toute l'Europe. Cette manufacture, il la tenait de plusieurs générations et il en avait habilement investi les fruits dans d'autres commerces tels que celui de la cannelle, faisant de lui l'un des hommes les plus appropriés pour qui souhaiterait conclure quelques bonnes affaires en cette ville.
Toutefois, tout ne semblait pas aller pour le mieux en ce moment en ce qui le concernait. Il n'était inconnu de maintenant presque plus personne qu'un nombre important de ses navires avaient été perdus en mer, leurs richesses avec. Les tensions avec le Sultanat ayant reprises de plus belle, des navires pirates commandités par ce dernier passaient régulièrement à l'assaut des navires marchands vénitiens, lui ayant coûté une véritable fortune qu'il devait s'assurer de pouvoir refaire. Aussi nécessaire cela était-il, qu'il s'était lourdement endetté auprès d'un usurier spinoziste de la ville pour maintenir ses productions sur Murano. C'est donc dans une position de négociation relativement confortable que je m'étais rendu, richement habillé, à cette fête qu'il donnait sans aucun doute dans l'espoir de nous séduire assez que pour nous engager dans de grosses ventes qui lui permettraient au moins de respirer les prochains mois, le temps d'aviser de sa situation et d'honorer ses créances.
Et c'est probablement mû par cette même volonté de séduction qu'il avait fait appel à la jeune demoiselle qui venait de faire son entrée dans le salon de l'après dîner. A cet instant, la plupart des convives s'étaient tus ou s'égaraient dans leur conversation, pris par le charme presque mystique qui se dégageait de cette jeune femme. Je comprenais fort peu l'Italien, mais je parvins assez largement à saisir les paroles de notre hôte alors qu'il nous la présentait. Il me fallait reconnaître là tout son talent de la mise en scène, allant jusqu'à parer une femme aussi sublime de bijoux en cristal issus de sa propre manufacture... Que certains se voyaient déjà acquérir tout en acquiesçant aux propos du marchand, comme un souvenir qu'ils conserveraient de cette splendide contemplation. Nous étions déjà quelques-uns à nous être promptement et instinctivement levés, mais je fus le premier à lui adresser quelques mots; Signorina... Joignez-vous donc à mes côtés, et nous discuterons volontiers de tout ceci... En Français je vous prie. Ajoutais-je à l'attention des très italiennes déclamation, le sourire dans les yeux. L'opération menée par notre hôte s'effaçant déjà de mon esprit, j'étais tout absorbé par cette nouvelle présence...
Jeune K-H, incarné par Karlheinz
Quelques mots... Tout à fait incompréhensibles. A l'instar du Français, les provinces italiennes présentaient des dialectes qui consistaient quelques fois en de véritables langues, à rendre impossible tout dialogue entre un lombard et un napolitain. Peut-être était-ce la raison pour laquelle ces régions n'avaient eu de cesse de se faire de la guerre et d'assiéger les villes des unes et des autres plutôt que de s'unifier. Aujourd'hui encore, elles se partageaient en formations indépendantes ou vassales de puissances extérieures. Toutefois, le Toscan avait su s'imposer progressivement dans différentes couches de la société par la puissance même de Florence, et son grand rayonnement littéraire dont on pourrait citer Dante ou Boccace sans même commencer à faire le tour de cette culture.
Cette imposition progressive avait tendance à faire oublier l'existence de nombreux dialectes, que l'on pouvait par exemple entendre être sifflés sur les étals des poissonniers en différents endroits de la ville. Mais ces exclamations étaient toujours lointaines et ne s'adressaient jamais vraiment à ma propre personne, renforçant ma surprise lorsque ces quelques mots furent prononcés. Cette langue, il fallait le dire, n'était pas nécessairement des plus plaisantes mais un ange vêtu de haillons restait un ange, et en l'occurrence la force illocutoire qui se dégageait de ces paroles suffisait amplement à éteindre ce qu'on aurait pu y trouver de déplaisant, mis à part la désagréable sensation de ne pas maîtriser la conversation par toute absence de compréhension. Fort heureusement, il ne fallu guère longtemps à la jeune italienne pour changer de registre linguistique et dérouler ses paroles dans une langue plus familière.
Et ses paroles ne laissaient plus aucun doute sur l'origine de sa présence en ces lieux. Seule une femme à la fois expérimentée et motivée par un désir plus grand, pouvait faire preuve d'une telle agilité. Et si je ne doutais qu'assez peu de mon charisme et de ma valeur, il semblait fort peu probable que ces deux atouts aient pu si rapidement amené mon interlocutrice à une telle manuvre. Une première approche indirecte, teintée de charme visant à affaiblir la garde et la conscience de l'objet visé, s'assurant de son entière disponibilité dans l'approche frontale qui s'ensuivait... Cette étape franchie, le reste de l'affaire n'était plus autre chose qu'une partie de plaisir, dont la longueur ne devait son existence qu'à la volonté ou non de porter le coup décisif.
Toutefois, aussi jeune que je pouvais paraître, bien heureusement pour ma personne je disposais d'une certaine expérience qui me permettait d'éviter ces différents pièges desquels on ne ressortait que rarement indemne, du moins pour ce qui est de l'or que l'on avait le malheur de transporter sur soi. Etait-ce son intention ou non, je m'estimais assez heureux d'avoir pu déceler son approche mais sa personne faisait irrésistiblement tout graviter autour d'elle au point que je ne pu me résoudre à couper court à la conversation qui s'engageait. Peut-être au final que je me trompais sur ses intentions, ou qu'elle constituait l'ultime lot que le hôte de ces lieux avait l'intention de livre à la commande la plus généreuse. En un tel cas, les recettes du Vénitien risquaient d'être relativement positives cette soirée...
Ma provenance importe sans doute peu, quand un coffre italien se trouve vide, son propriétaire semble toujours tout à coup perdre tout principe qui ne l'aide pas à le remplir de nouveau. Vous n'ignorez ainsi sans doute pas les difficultés que traverse le Signor Trovasi, ce qui ne devrait que fort peu vous étonner d'un quelconque changement de son attitude ou de ses habitudes... Mais j'aurais toutefois la politesse de répondre à votre interrogation, car c'est de Flandre que je viens, bien que je ne m'y sois pas rendu depuis un certain temps. Et qui excelle à la guerre, excelle en affaires puisque ces dernières sont le plus souvent le lieu où se transposent les crispations belliqueuses quand chaque partie a enfin compris tout l'intérêt qu'elle avait à tirer d'une généreuse collaboration. A moins que leurs poings, lances et épées les démangent à ce point ou que l'affaire ne peut que se terminer dans le sang, les hommes ayant toujours préféré tacher le sol plutôt que leur honneur. A raison sans aucun doute, bien qu'Aristote pourrait prétendre le contraire... Je vous avouerais au final ne plus trop savoir où ce dernier se situe...
Posant un instant de réflexion, je scrutais le visage de mon interlocutrice, m'essayant à sonder ses pensées tandis que j'avais déblatéré quelques paroles. Un art dans lequel je ne pouvais pas prétendre ne pas exceller lorsque les circonstances l'exigeaient. Mais parlez-moi plutôt de vous, d'où venez-vous ? Ou plutôt, permettez-moi de reformuler ma question, qui êtes-vous ?
Jeune K-H, incarné par Karlheinz
Si quelques courtes expériences diplomatiques m'avaient appris à ne jamais laisser paraître la surprise dès lors qu'elle simmisçait dans mon esprit, mon regard au moins avait trompé ma volonté lorsque mes deux yeux s'étaient très légèrement écarquillés. Bien loin de me délivrer un discours savamment imprégné dans sa mémoire par des journées entières de récitations, tel un fou de Dieu implorant le pardon du Très-Haut après avoir commis un ignoble crime, elle semblait véritablement maîtriser ce sujet que j'avais choisi au hasard. On aurait pu croire qu'il ne s'agissait là que d'un événement des plus banals, constituant le fondement de toute conversation intelligemment menée. Mais il ne fallait pas perdre de tête qui était l'interlocuteur et il y avait bien peu d'endroits où ce genre de femme disposait de cette connaissance. Des connaissances, elles en disposaient, mais rarement celles qui pouvaient satisfaire les esprits curieux mais seulement quelques hommes sans cervelle, convaincus de leur supériorité sur la gente féminine parce qu'ils avaient pour leur part appris à compter jusque dix, sans l'aide de leurs doigts.
De surcroît, la Vénitienne disait vrai. L'ennemi historique de la Sérénissime n'était autre que la cité de Gênes, mais cela faisait désormais près d'un demi-siècle que Venise avait assuré sa prééminence sur celle-ci, lui assurant l'ouverture de la Méditerranée occidentale et avec elle, les routes commerciales vers la péninsule ibérique, l'Angleterre et la très riche Flandre. Et ses conflits militaires s'étaient même relativement apaisés depuis la paix de Lodi mais il subsistait une ligne de tension considérable... Celle du contrôle de la Papauté, dans laquelle Florence excellait depuis ladite guerre des "Huits Saints" après laquelle elle a recouvert les honneurs de la Cour papale, lui permettant d'y exercer toute influence que la Seigneurie jugea utile. Ce qui, bien entendu, insupportait le Doge au point qu'on rapportait que des marchands un peu trop liés à Florence, faisaient régulièrement et à tout "hasard", face à des brigands bien informés des mouvements de leurs caravanes commerciales.
Mais c'était là des conversations bien lourdes et bien ennuyeuses pour l'occasion d'une telle soirée, ce que mon interlocutrice ne manqua pas de remarquer lorsqu'elle tenta de répondre à la question que je lui avais adressé, avant d'être interrompue par ce qui ne pouvait être qu'un ferveur admirateur de cette demoiselle. Autant son Français était-il mauvais, autant son descriptif ne semblait guère faire mentir l'avant-goût qui m'avait été offert. Un avant-goût augmenté d'un trait d'esprit que faisait transparaître la manière dont elle avait fait taire l'impromptu, et dont les paroles avaient laissé s'échapper de ma personne un rire calme, léger, qui ne trahissait cette fois-ci pas la curiosité qui se faisait de plus en plus pressante à son égard.
Et c'est ainsi que j'appris qui elle était. Courtisane de son état, Flaminia Marionno. Un nom à vous laisser rêveur, illustrant d'antiques passions et ravivant en votre âme de doux souvenirs de chaleureux instants, instants qui n'ont en réalité jamais existé... Son regard ne cachait désormais plus rien, et ses paupières n'étaient plus les lourds rideaux qui barraient tout accès à la sonde de ses pensées et sentiments. Elles ne se refermaient plus que par une mécanique des plus naturelles, offrant son regard à ma vue de la même manière qu'on inviterait une personne à soi.
Ce diable de Trovasi avait déjà presque réussi son pari. Alors qu'il vantait les mérite des marchandises qu'il nous livrait à la vente, les engagements de vente oraux commençaient à s'exprimer, les prix se rehaussant d'un regard vers la courtisane, dans un espoir de moins en moins secret de gagner ce qui aux yeux de tous semblait détenir le plus de valeur. Et je me laissais moi-même prendre au jeu, alors que nous poursuivions notre discussion et que son regard, sans se faire plus pressant, finit en peu de temps par me convaincre de manière absolue. Toujours assis tranquillement, je demandais un instant à la Marionno afin de me tourner vers le marchand; Signor Trovasi. A entendre toutes ces commandes et enchères, je ne peux que croire en la qualité de vos verres par ailleurs si élégamment portés par votre invitée. Je suis certain qu'ils se vendront sans trop de peine au-delà du Rhône et des Alpes, et que je serais prochainement maudit par de nombreux maris dont j'aurais forcé la bourse en poussant à son paroxysme le désir de leur femme pour les biens que vous nous proposez. Je vous prendrais ainsi quatorze livres de poids de marc de vos verres, pour 1.320 ducats d'or de Venise que je vous réglerais en monnaie d'or de Gênes, ma précédente étape... Ce qui nous fait 3.300 ducats d'or de Gênes ? Et voici que je posais mon offre, de moitié plus élevée que les précédentes.
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Voyons Signor de Dampyerre, il ne vous aura pas échappé que les mauvaises récoltes ukrainiennes ont grandement et négativement impacté les principaux comptoirs génois en Mer Noire... Le ducat d'or de Venise doit peut-être s'échanger ces derniers jours à 2 ducats et 7 sous de Gênes... Il m'en faudrait donc près de 300 de plus pour que nous parvenions à; Et l'hôte de cette fête objectait déjà sur le taux de change de l'affaire proposée, sur un ton toutefois jovial en nous faisant resservir nos verres au-delà de la modération, bien ravi de cette proposition qui, quelqu'en pouvait être l'issue, lui permettait bien largement de racheter sa dette auprès de l'usurier spinoziste auprès duquel il avait contracté un prêt. Mais il n'eût pas le temps de finir sa phrase qu'il fut interrompu par celle dont il avait fait pendre le charme au nez de chacun des invités présents.
Ce charme qu'il avait intuitivement promis au plus offrant de goûter, sans abaisser ses invités en leur demandant de s'entre déchirer pour une vulgaire catin édentée et débauchée au détour d'une sombre ruelle du Cannaregio, pour quelques sous. Aucunement, et cela était encore plus flagrant lorsqu'elle s'approcha de moi en interrompant le marchand qui officiait cette réception, serrant une généreuse poitrine contre mon épaule et m'entourant d'un parfum des plus agréables que seule une prospère affaire aurait permis à une demoiselle seule de l'acquérir. Mais ce parfum n'était pas seulement agréable, il était aussi et surtout l'appel prometteur d'un subtil mélange de lavande et de cannelle qui faisait miroiter de confortables perspectives: une promesse délicate à laquelle seule peut-être la folie pourrait se refuser, quoi que même ceci n'était pas certain lorsqu'il était de surcroît offert d'observer la beauté de son visage d'une manière aussi proche.
Votre excellente invitée a sans aucun doute raison Signor Trovasi, il commence à se faire tard et je ne souhaite aucunement abuser de votre si bonne hospitalité. Votre vin était des plus délicieux et je vous propose de nous retrouver demain sous le coup de la quinzième heure dans votre manufacture afin de discuter des derniers détails, puisque c'est bien ce dont il s'agit. Je m'en vais ainsi me promener quelque peu, profiter de cette belle nuit et je crois que Donna Flaminia voudra m'accompagner... Il était entendu que celle-ci souhaitait m'accompagner, il serait peut-être même plus juste de dire que c'était elle qui souhaitait m'emmener. Mais si cela ne s'était pas déroulé ainsi, c'eût été moi qui l'aurait invité à abandonner notre hôte tant elle avait su aiguiser ma faim et ma curiosité. Il s'agissait plutôt de rester poli car mes intentions ne se limitaient pas à une sans doute très agréable, mais simple promenade. Il n'aurait toutefois pas fallu renforcer un peu plus le ressentiment et la jalousie des autres convives, à en provoquer une rixe dans un si beau salon et en pays étranger... Les prisons du Doge n'étaient pas réputées pour être les plus confortables, et ses juges ne l'étaient pas non plus pour leur grande clémence à l'égard des troubles, bien encore moins provoqués par des étrangers.
Je me rhabillai donc tandis que la Marionno m'attendait déjà sur les marches de l'entrée, m'offrant ainsi un regard sur son corps bien habillé et sur sa longue chevelure peignée et entretenue avec soin. Que nul n'en doute, cette femme maîtrisait l'art de la mise en scène et ne semblait ignorer aucun des secrets qui mettent en valeur et attisent la convoitise. Arrivant à sa hauteur, je lui proposais mon bras d'un léger sourire alors qu'elle m'interrogeait sur la beauté de cette ville; Mais la beauté de l'Eden est-elle liée à son herbe grasse, ses arbres et ses fruits, ou à l'histoire - certes quelques fois dure, mais poignante et témoin de l'amour de deux êtres qui s'en vont expier ensemble le péché qu'ils ont commis ? Ainsi, Venise est-elle belle par le fait des canaux qui la traverse, ou y transposons-nous la beauté que nous percevons chez autrui: le calme et la régularité des flots nous rappelant la permanence de la sagesse, et les habiles constructions nous rappelant la complexe beauté des corps... Il est en tous les cas certains que j'apprécie cette ville plus encore depuis que je vous en sais résidente, et je me dis que seule une belle ville a pu enfanter la beauté que vous portez; Lui dis-je tout en la rejoignant à bord de son embarcation.
Le Maure qu'elle avait pris à son service se mit alors à actionner la longue rame pour nous engager sur le canal et nous y faire progresser. J'ignore où se situe notre arrêt, mais il me serait agréable que vous nous fassiez traverser le quartier de San Marco chemin faisant; Adressais-je à son homme de service tout en m'avançant vers la Marionno, à travers les luxueux coussins qui se dressaient comme une barrière entre nous deux et que j'écartais au fur et à mesure de mon avancée tout en la soutenant explicitement du regard pour enfin m'allonger à ses côtés. Mais si nous étions effectivement les premiers homme et femme de ce monde, je crains que le labeur imposé par le Très-Haut de peupler et habiter l'immensité de cette terre n'en soit finalement pas un; Annonçais-je en dernière réponse à son interrogation, tout en posant l'index gauche sur son menton. Mais je présume que tout ceci, vous avez déjà du l'entendre !