Sedka
Nevers
La guerre était loin, le fol équipage que nous étions, avait repris l'habitude d'écumer les routes sans but apparent. Logiquement, nous aurions dû nous installer à Polignac. Mais la logique des fois... un oiseau ne reste jamais très longtemps dans une cage, aussi dorée fut elle.
Pour l'heure, nous avons dressé les tentes à la lisière d'un petit bois qui surplombe une colline avec vue imprenable et panoramique.
Le campement est encore calme à cette heure. Maggie dort d'un sommeil du juste, j'ai pris soin de remonter sa couverture sur ses frêles épaules avant de quitter la tente. J'aime la regarder dormir. Enfant espiègle et pleine de vie, tornade de bonne humeur mais si paisible lorsque ses paupières sont au repos.
J'écarte doucement les pans d'ouverture de notre abris et le soleil levant m'éblouit un instant. Mes paupières se plissent, ma main se porte au front, formant une visière et me protégeant de l'éclat , certes encore timide mais néanmoins présent, de l'astre solaire.
J'entends de légers ronflements mais je ne saurais dire s'il s'agit de Julie ou de Jo. Je suis sûre de ne pas être seule et ce concerto me rassure.
Je me dirige alors vers le centre de vie, le brasier d'hier n'est plus qu'un tas de cendres grises mais en y cherchant un peu , j'y repère un morceau de charbon incandescent. Je l'active et bientôt je peux y installer la marmite et faire chauffer de l'eau dans laquelle je jetterai quelques herbes.
Mes phalanges semmêlent dans mes ébènes, je les entortille pour les ramasser en un chignon serré, retenu par un ruban soyeux.
Ma tisane fumante dans une main, je m'assieds au pied d'un vieux chêne à l'écorce rapeuse, profitant alors du calme et de la douceur de l'aube.
Mes émeraudes se perdent sur la campagne environnante. Cette fois le printemps est bien là, avec même quelques prémices d'un été qui sannonce radieux. Les blés sont encore verts et parsemés de coquelicots qui forment un tapis bicolore. puis s'intercale le mauve des champs de lin, le tout délimité par des haies d' arbustes où les oiseaux préparent leur nichée. Bientôt, j'entendrai piailler les petits et cela me fera sourire. Plus loin sur l'horizon j'aperçois le clocher de l'église de la ville de Nevers.
Je m'y rendrai plus tard dans la journée. Il nous faudra du pain et de la viande séchée si le marché est correctement achalandé.
Et puis, j'ai envie de voir du monde, j'aime parler avec les gens, j'aime les écouter et j'aime la bière ou le vin. Soit, je ne suis plus diplomate, soit, ma vie ne fut que désolation ce dernier mois mais ce n'était pas la première fois. La fin est inéluctable mais en attendant je me laisserai envahir par le frisson et l'envie de vivre pleinement.
Nous sommes quatre, cherchant puis trouvant l'équilibre. Il nous est difficile à présent de laisser quelqu'un simmiscer dans le groupe tant nous sommes soudés. Bien des épreuves nous avons traversées, bien des éclats de rire sont venus entrecouper ces périodes sombres.
Mais je ne changerai ce quatuor pour rien au monde, ni pour un titre, ni pour une terre, ni pour une fonction et encore moins pour un homme. De toute façon, il semblerait que je sois suffisamment insupportable pour faire fuir ces derniers ou alors c'est juste qui je prends la poudre d'escampette quand je les vois s'approcher d'un peu près.
Mon coeur est pris, je n'y changerai rien, peut être que j'aime sans rien vouloir en retour, peut être que je n'attends plus rien de l'Autre.
Mais là, je suis bien décidée à prendre la vie comme elle vient, ne plus tergiverser, palabrer. Et j'ai quelques idées qui m'étirent les lippes.
La vie est belle.. oui... vivons passionnément.
C'est avec le sourire aux lèvres que je me relève, m'étire mollement, pose ma tasse au coin du feu, ramassant ma besace et la portant à l'épaule, je prends le direction du village.
La guerre était loin, le fol équipage que nous étions, avait repris l'habitude d'écumer les routes sans but apparent. Logiquement, nous aurions dû nous installer à Polignac. Mais la logique des fois... un oiseau ne reste jamais très longtemps dans une cage, aussi dorée fut elle.
Pour l'heure, nous avons dressé les tentes à la lisière d'un petit bois qui surplombe une colline avec vue imprenable et panoramique.
Le campement est encore calme à cette heure. Maggie dort d'un sommeil du juste, j'ai pris soin de remonter sa couverture sur ses frêles épaules avant de quitter la tente. J'aime la regarder dormir. Enfant espiègle et pleine de vie, tornade de bonne humeur mais si paisible lorsque ses paupières sont au repos.
J'écarte doucement les pans d'ouverture de notre abris et le soleil levant m'éblouit un instant. Mes paupières se plissent, ma main se porte au front, formant une visière et me protégeant de l'éclat , certes encore timide mais néanmoins présent, de l'astre solaire.
J'entends de légers ronflements mais je ne saurais dire s'il s'agit de Julie ou de Jo. Je suis sûre de ne pas être seule et ce concerto me rassure.
Je me dirige alors vers le centre de vie, le brasier d'hier n'est plus qu'un tas de cendres grises mais en y cherchant un peu , j'y repère un morceau de charbon incandescent. Je l'active et bientôt je peux y installer la marmite et faire chauffer de l'eau dans laquelle je jetterai quelques herbes.
Mes phalanges semmêlent dans mes ébènes, je les entortille pour les ramasser en un chignon serré, retenu par un ruban soyeux.
Ma tisane fumante dans une main, je m'assieds au pied d'un vieux chêne à l'écorce rapeuse, profitant alors du calme et de la douceur de l'aube.
Mes émeraudes se perdent sur la campagne environnante. Cette fois le printemps est bien là, avec même quelques prémices d'un été qui sannonce radieux. Les blés sont encore verts et parsemés de coquelicots qui forment un tapis bicolore. puis s'intercale le mauve des champs de lin, le tout délimité par des haies d' arbustes où les oiseaux préparent leur nichée. Bientôt, j'entendrai piailler les petits et cela me fera sourire. Plus loin sur l'horizon j'aperçois le clocher de l'église de la ville de Nevers.
Je m'y rendrai plus tard dans la journée. Il nous faudra du pain et de la viande séchée si le marché est correctement achalandé.
Et puis, j'ai envie de voir du monde, j'aime parler avec les gens, j'aime les écouter et j'aime la bière ou le vin. Soit, je ne suis plus diplomate, soit, ma vie ne fut que désolation ce dernier mois mais ce n'était pas la première fois. La fin est inéluctable mais en attendant je me laisserai envahir par le frisson et l'envie de vivre pleinement.
Nous sommes quatre, cherchant puis trouvant l'équilibre. Il nous est difficile à présent de laisser quelqu'un simmiscer dans le groupe tant nous sommes soudés. Bien des épreuves nous avons traversées, bien des éclats de rire sont venus entrecouper ces périodes sombres.
Mais je ne changerai ce quatuor pour rien au monde, ni pour un titre, ni pour une terre, ni pour une fonction et encore moins pour un homme. De toute façon, il semblerait que je sois suffisamment insupportable pour faire fuir ces derniers ou alors c'est juste qui je prends la poudre d'escampette quand je les vois s'approcher d'un peu près.
Mon coeur est pris, je n'y changerai rien, peut être que j'aime sans rien vouloir en retour, peut être que je n'attends plus rien de l'Autre.
Mais là, je suis bien décidée à prendre la vie comme elle vient, ne plus tergiverser, palabrer. Et j'ai quelques idées qui m'étirent les lippes.
La vie est belle.. oui... vivons passionnément.
C'est avec le sourire aux lèvres que je me relève, m'étire mollement, pose ma tasse au coin du feu, ramassant ma besace et la portant à l'épaule, je prends le direction du village.