Sashah
Contes autour d'un feu de camp sur la plage, ouvert à tous
Ils avaient perdu depuis plusieurs heures Soeur Ellya, partie ils ne savaient où, baragouinant gros orteils et autres lubies nécrophages. Elle se demandait réellement si l'adoration d'Aristote ne lui retournait pas l'esprit. Mais n'ayant aucune réponse à cette question, après avoir trouvé le gîte, le couvert et le confort pour un séjour provençal fort sympathique, elle avait enjoint ses co-pélerins à venir sur la plage.
Les plus frileux ou pudiques n'avaient pas osé, les plus hardis s'y étaient aventurés. Et conteuse qu'elle était, elle avait fait un feu de camp, l'avait entouré de pierres, toujours pour conjurer le mauvais sort, et s'était assise en tailleur pour commencer une contée.
Elle ignorait si l'on viendrait l'écouter. Mais là sous le ciel étoilé, le bruit des vagues mourant sur la grève, l'esprit de la poétesse s'évadait. L'histoire qu'elle allait narré était surement la sienne à deux, trois détails près. Ou surement pas...
Sa voix à l'accent du sud ouest s'éleva doucement et si l'on prêtait l'oreille ou que l'on s'approchait pour s'asseoir autour de ce feu de camp, l'on pouvait entendre ceci :
¸.´¸.´¨) ¸.*¨)
(¸.´? (¸.´ .´ ¸¸.¨¯`
Le feu ! Le feu de bois, de joie, de camp...insouciance d'une jeunesse, d'une promesse, prémices d'une soirée douce où les hommes ripailleront, où les femmes se feront langoureuses...
Une femme assise, pâle et d'une beauté à couper le souffle, buvait une tisane. Elle souriait en regardant les enfants tournoyer autour de la rôtissoire. Il faut dire que ça fleurait bon dans la taverne faite d'une tente de plein air, sous laquelle bancs et tables étaient alignés. Il faisait chaud, les petits riaient se pourchassant autour du foyer, rouges à souhait, comme l'âtre où flammes et flammèches flirtaient, léchant la viande, gourmandes, joueuses, virevoltantes sous le vent. Elle s'abîmait dans la contemplation du cochon de lait qui rôtissait lentement, embroché par un cuisinier ventripotent qui le faisait tournoyer avec lenteur. L'arrosant de temps à autre, il s'épongeait le front d'un chiffon qui avait connu des jours meilleurs.
Elle semblait plongée dans ses pensées, comme si le souvenir d'un autre feu, d'un autre soir, d'un autre printemps, lui revenait. Je vais vous le raconter, ce printemps, c'était celui de ses seize ans...
-:¦:-♥♥♥-:¦:---
Une musique l'avait sorti de son lit, un soir où le sommeil ne voulait pas la surprendre, dans une petite ville de Castille, berceau de ses ancêtres. Le domaine familial était plongé dans le calme. Il était tôt encore, le jour commençait à peine à décliner, donnant une couleur noire orangée à un ciel qu'on aurait dit de feu. Quand elle entendit au loin les premières notes de musique résonner, elle sortit et scruta l'horizon. Rori son frère jumeau, lisait assis en tailleur près de la croisée dans une chambre, jouxtant la sienne, elle enjamba la rambarde du balcon qui les séparait et le rejoignit souplement.
Oyanah tu ne dors pas ? Lui chuchota-t-il en levant un il de l'ouvrage.
Non j'ai chaud, je n'ai pas sommeil, tu entends la musique ? Elle se pencha pour observer la lande puis lança exaltée - Là bas ! Un feu regarde on y va ?
Elle n'attendit pas sa réponse, retourna dans sa chambrée passer jupons et bustier et commença quelques instants plus tard à dévaler l'escalier en colimaçon qui l'emmènerait dans la cour.
Non attends ! Chuchota Rori. Tu ne peux pas y aller et encore moins seule, attends !!!
Mais elle fila, cheveux au vent vers une porte masquée par un massif de roses odorantes, bientôt rejointe par son frère, qui inquiet pestait derrière elle :
On va encore avoir des ennuis, Père n'aime pas nous savoir dehors à la nuit tombée, surtout quand il est voyage, je vais me faire punir pour n'avoir pas su te ramener Oyanah, arrêtes-toi, écoutes-moi ! Oyaaaaaaa !
Mais rapide comme l'éclair elle courrait, rieuse, vers le feu de camp, le feu d'où venaient le son des violes, des rires, d'où venait la vie !
Des roulottes postées en rond se laissaient déjà deviner. Elle arriva à leur hauteur et s'arrêta essoufflée. Un grand feu de joie rassemblait des saltimbanques, des hommes jouaient, d'autres dansaient, les femmes ondulaient des hanches sous la musique entrainante. Elle sourit, entendit son frère débouler derrière elle. Elle le regarda un instant, sourire aux lèvres, espiègle, Il la retint par le poignet.
Non tu ne peux pas, ce sont des gitans, ils sont réputés dangereux, Oyah, ne fait pas ça, Oyaaahhhh nonnnnnnnnnnn !
Trop tard, elle s'était échappée de la poigne fraternelle et s'avançait déjà en dansant vers le feu...
Une femme assise, pâle et d'une beauté à couper le souffle, buvait une tisane. Elle souriait en regardant les enfants tournoyer autour de la rôtissoire. Il faut dire que ça fleurait bon dans la taverne faite d'une tente de plein air, sous laquelle bancs et tables étaient alignés. Il faisait chaud, les petits riaient se pourchassant autour du foyer, rouges à souhait, comme l'âtre où flammes et flammèches flirtaient, léchant la viande, gourmandes, joueuses, virevoltantes sous le vent. Elle s'abîmait dans la contemplation du cochon de lait qui rôtissait lentement, embroché par un cuisinier ventripotent qui le faisait tournoyer avec lenteur. L'arrosant de temps à autre, il s'épongeait le front d'un chiffon qui avait connu des jours meilleurs.
Elle semblait plongée dans ses pensées, comme si le souvenir d'un autre feu, d'un autre soir, d'un autre printemps, lui revenait. Je vais vous le raconter, ce printemps, c'était celui de ses seize ans...
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Une musique l'avait sorti de son lit, un soir où le sommeil ne voulait pas la surprendre, dans une petite ville de Castille, berceau de ses ancêtres. Le domaine familial était plongé dans le calme. Il était tôt encore, le jour commençait à peine à décliner, donnant une couleur noire orangée à un ciel qu'on aurait dit de feu. Quand elle entendit au loin les premières notes de musique résonner, elle sortit et scruta l'horizon. Rori son frère jumeau, lisait assis en tailleur près de la croisée dans une chambre, jouxtant la sienne, elle enjamba la rambarde du balcon qui les séparait et le rejoignit souplement.
Oyanah tu ne dors pas ? Lui chuchota-t-il en levant un il de l'ouvrage.
Non j'ai chaud, je n'ai pas sommeil, tu entends la musique ? Elle se pencha pour observer la lande puis lança exaltée - Là bas ! Un feu regarde on y va ?
Elle n'attendit pas sa réponse, retourna dans sa chambrée passer jupons et bustier et commença quelques instants plus tard à dévaler l'escalier en colimaçon qui l'emmènerait dans la cour.
Non attends ! Chuchota Rori. Tu ne peux pas y aller et encore moins seule, attends !!!
Mais elle fila, cheveux au vent vers une porte masquée par un massif de roses odorantes, bientôt rejointe par son frère, qui inquiet pestait derrière elle :
On va encore avoir des ennuis, Père n'aime pas nous savoir dehors à la nuit tombée, surtout quand il est voyage, je vais me faire punir pour n'avoir pas su te ramener Oyanah, arrêtes-toi, écoutes-moi ! Oyaaaaaaa !
Mais rapide comme l'éclair elle courrait, rieuse, vers le feu de camp, le feu d'où venaient le son des violes, des rires, d'où venait la vie !
Des roulottes postées en rond se laissaient déjà deviner. Elle arriva à leur hauteur et s'arrêta essoufflée. Un grand feu de joie rassemblait des saltimbanques, des hommes jouaient, d'autres dansaient, les femmes ondulaient des hanches sous la musique entrainante. Elle sourit, entendit son frère débouler derrière elle. Elle le regarda un instant, sourire aux lèvres, espiègle, Il la retint par le poignet.
Non tu ne peux pas, ce sont des gitans, ils sont réputés dangereux, Oyah, ne fait pas ça, Oyaaahhhh nonnnnnnnnnnn !
Trop tard, elle s'était échappée de la poigne fraternelle et s'avançait déjà en dansant vers le feu...
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♦ l'Ile aux Vaches ♦