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[RP ouvert à tous] La contée des pélerins...

Sashah
Contes autour d'un feu de camp sur la plage, ouvert à tous


Ils avaient perdu depuis plusieurs heures Soeur Ellya, partie ils ne savaient où, baragouinant gros orteils et autres lubies nécrophages. Elle se demandait réellement si l'adoration d'Aristote ne lui retournait pas l'esprit. Mais n'ayant aucune réponse à cette question, après avoir trouvé le gîte, le couvert et le confort pour un séjour provençal fort sympathique, elle avait enjoint ses co-pélerins à venir sur la plage.

Les plus frileux ou pudiques n'avaient pas osé, les plus hardis s'y étaient aventurés. Et conteuse qu'elle était, elle avait fait un feu de camp, l'avait entouré de pierres, toujours pour conjurer le mauvais sort, et s'était assise en tailleur pour commencer une contée.



Elle ignorait si l'on viendrait l'écouter. Mais là sous le ciel étoilé, le bruit des vagues mourant sur la grève, l'esprit de la poétesse s'évadait. L'histoire qu'elle allait narré était surement la sienne à deux, trois détails près. Ou surement pas...

Sa voix à l'accent du sud ouest s'éleva doucement et si l'on prêtait l'oreille ou que l'on s'approchait pour s'asseoir autour de ce feu de camp, l'on pouvait entendre ceci :

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Le feu ! Le feu de bois, de joie, de camp...insouciance d'une jeunesse, d'une promesse, prémices d'une soirée douce où les hommes ripailleront, où les femmes se feront langoureuses...

Une femme assise, pâle et d'une beauté à couper le souffle, buvait une tisane. Elle souriait en regardant les enfants tournoyer autour de la rôtissoire. Il faut dire que ça fleurait bon dans la taverne faite d'une tente de plein air, sous laquelle bancs et tables étaient alignés. Il faisait chaud, les petits riaient se pourchassant autour du foyer, rouges à souhait, comme l'âtre où flammes et flammèches flirtaient, léchant la viande, gourmandes, joueuses, virevoltantes sous le vent. Elle s'abîmait dans la contemplation du cochon de lait qui rôtissait lentement, embroché par un cuisinier ventripotent qui le faisait tournoyer avec lenteur. L'arrosant de temps à autre, il s'épongeait le front d'un chiffon qui avait connu des jours meilleurs.
Elle semblait plongée dans ses pensées, comme si le souvenir d'un autre feu, d'un autre soir, d'un autre printemps, lui revenait. Je vais vous le raconter, ce printemps, c'était celui de ses seize ans...

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Une musique l'avait sorti de son lit, un soir où le sommeil ne voulait pas la surprendre, dans une petite ville de Castille, berceau de ses ancêtres. Le domaine familial était plongé dans le calme. Il était tôt encore, le jour commençait à peine à décliner, donnant une couleur noire orangée à un ciel qu'on aurait dit de feu. Quand elle entendit au loin les premières notes de musique résonner, elle sortit et scruta l'horizon. Rori son frère jumeau, lisait assis en tailleur près de la croisée dans une chambre, jouxtant la sienne, elle enjamba la rambarde du balcon qui les séparait et le rejoignit souplement.

• Oyanah tu ne dors pas ? Lui chuchota-t-il en levant un œil de l'ouvrage.

• Non j'ai chaud, je n'ai pas sommeil, tu entends la musique ? Elle se pencha pour observer la lande puis lança exaltée - Là bas ! Un feu regarde on y va ?

Elle n'attendit pas sa réponse, retourna dans sa chambrée passer jupons et bustier et commença quelques instants plus tard à dévaler l'escalier en colimaçon qui l'emmènerait dans la cour.

• Non attends ! Chuchota Rori. Tu ne peux pas y aller et encore moins seule, attends !!!

Mais elle fila, cheveux au vent vers une porte masquée par un massif de roses odorantes, bientôt rejointe par son frère, qui inquiet pestait derrière elle :

• On va encore avoir des ennuis, Père n'aime pas nous savoir dehors à la nuit tombée, surtout quand il est voyage, je vais me faire punir pour n'avoir pas su te ramener Oyanah, arrêtes-toi, écoutes-moi ! Oyaaaaaaa !

Mais rapide comme l'éclair elle courrait, rieuse, vers le feu de camp, le feu d'où venaient le son des violes, des rires, d'où venait la vie !

Des roulottes postées en rond se laissaient déjà deviner. Elle arriva à leur hauteur et s'arrêta essoufflée. Un grand feu de joie rassemblait des saltimbanques, des hommes jouaient, d'autres dansaient, les femmes ondulaient des hanches sous la musique entrainante. Elle sourit, entendit son frère débouler derrière elle. Elle le regarda un instant, sourire aux lèvres, espiègle, Il la retint par le poignet.

• Non tu ne peux pas, ce sont des gitans, ils sont réputés dangereux, Oyah, ne fait pas ça, Oyaaahhhh nonnnnnnnnnnn !


Trop tard, elle s'était échappée de la poigne fraternelle et s'avançait déjà en dansant vers le feu...


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♦ l'Ile aux Vaches ♦
Domdom
C'était le moment préféré de la journée pour le grand brun.
Le moment où les chiens se joigent aux loups pour hurler ensemble à la nuit tombante.
Domdom aimait fixer l'instant où il ne fait plus tout à fait jour et pas encore tout à fait nuit.
Comme s'il était le témoin privilégié de ce basculement entre deux univers si différents l'un de l'autre.

Ce jour là ne dérogeait pas à la tradition et Domdom, le museau levé vers le ciel, marchait pieds nus sur le sable mouillé de la plage.
Il s'aventura même dans l'eau, les chevilles fouettées par les vagues festonnées d'écume qui venaient mourir sur la grève.

Un point orangé fixa sa rétine,à mi-chemin entre le gris sombre du sable et le bleu foncé de la nuit qui commençait à tomber.
Un feu
Sans doute quelques gitans qui s'étaient rassemblés pour jouer de la musique et danser.

Se rapprochant davantage, le passeur d'histoires put discerner qu'un groupe s'était assemblé autour du feu.
Et c'est seulement quand il fut à quelques toises qu'il reconnut Sashah, assise face à une assemblée qui semblait l'écouter.

Sashah, une « collègue » écrivain , poétesse et conteuse, qu'il avait croisée à plusieurs reprises en taverne et qui avait capté son intérêt.
Ce n'est pas si souvent qu'on rencontre un conteur dans les Royaumes, n'est ce pas ?

Le grand brun salua la jeune femme d'un petit sourire et alla discrètement s'asseoir sur le sable, parmi l'auditoire qui bavardait et chuchotait entre eux.
Il savait , par expérience que tout ce petit monde ferait silence dès que la narratrice prendrait la parole.

Pour une fois qu'il était de l'autre côté, il n'allait pas se prier de savourer une belle histoire ;

Déjà, la voix cristalline mais soutenue et bien posée de Sashah s'élevait dans la nuit provençale en volutes, avec en bruit de fond celui des vagues et les crépitements du bois léché par les flammes.

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Sashah
Elle avait sourit à DomDom quand il s'était installé à ses côtés. Les pèlerins étaient absents, à vrai dire le groupe était plus que dispersé, elle avait presque l'impression que le pèlerinage s'arrêterait là à Marseille et ça lui convenait très bien à vrai dire. Elle continua sa contée.

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Il buvait de la sangria, lançant son regard de braise, de l'autre côté du foyer, là où les femmes étaient assises. Ne se mélangeant pas aux hommes, il y avait parmi elles, la belle Paquita. La cousine pulpeuse, qui n'avait de cesse de lui tourner autour, avait bien changé depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. C'était encore une enfant à l'époque, il avait quoi lui ? Quinze ans ! Et elle ? Douze ? Quelque chose comme ça ! Il quittait le clan alors, voulant en suivre un autre, voyager vers le Nord, découvrir le Royaume de France !

Il était revenu la veille murit, plus serein, plus fort aussi. Ce soir on fêtait son retour parmi les siens. Sept années avaient passé depuis et certains avaient bien changé, comme Paquita.

Malgré l'envie qu'il avait de la mettre dans sa couche, l'idée de se lier à une cousine ne l'enchantait pas du tout ! Mais il aimait à la regarder à la lueur des flammes, ce soir elle paraissait tellement plus belle. Et puis...

Une silhouette gracile surgit de nulle part, dansant à la manière des andalouses. Ses mains ouvertes à hauteur du visage, montaient en tournoyant sur elles-mêmes vers la voûte étoilée. Puis, redescendaient avec grâce et sensualité pour mieux recommencer. Et plus elle se rapprochait du feu, plus elle irradiait. Ses jupons superposés blancs et pourpres comme son bustier, dévoilaient fugacement des jambes d'un galbe parfait.

- "Madre de Dios" siffla-t-il entre ses dents !

Le visage à présent visible, hâlé par le soleil, encadré par des mèches de cheveux châtains rehaussés d'or, était beau à damner un saint !

Qui était-elle ? D'où sortait-elle ? Un flottement autour de lui, lui fit comprendre que personne ne la connaissait, mais c'était fête ! Et à une fête tous étaient conviés ! Même les gadjés ! A plus forte raison si elles étaient aussi jolies !

Il se leva, mû par son instinct de mâle, il voulait la voir de près, la toucher, la frôler. Elle, insouciante, continuait à danser, tout sourire, la musique vrillée au corps, incandescente !

Tous les yeux étaient braqués sur elle, tous sauf ceux de Paquita qui dardait sur lui, un regard noir de colère. Elle se leva à son tour, mais fût retenue par la Mama : ¡ "Te quedas aquí" ! Les mots claquèrent sèchement "Tu restes ici" et quand la doyenne parlait, les femmes l'écoutaient sans broncher. Paquita se rassit, ivre de rage, le regard vengeur...

Il arriva à sa hauteur, leva les bras au ciel, l'imitant, à la manière des sévillans, lui tournant autour en claquant parfois des doigts, parfois des talons. Lui l'hidalgo, beau comme le jour, se mettait au pas de la belle inconnue et commençait à captiver sa proie.

Les yeux azur d'Oyanah se plongèrent dans la noirceur de ceux de Diégo, plus personne à partir de ce moment-là n'existaient plus pour eux, le ballet de la séduction venait de commencer
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♦ l'Ile aux Vaches ♦
Ava_francesca
Sashah avait proposé l'idée, mais devant les autres Ava n'avait bien sur pas accepté de la suivre. Toujours enfermée dans son opposition, la jeune fille avait du mal à faire la part des choses entre son envie de se rapprocher de sa mère et celle de lui faire "payer" son abandon.

Pourtant dès que la brune avait pris la direction de la plage, la petite blonde avait suivi en silence, jouant à cache-cache derrière sa mère. Elle la regarda préparer l'endroit, s'asseoir et presque immediatement les chuchotements cessèrent parmi les spectateurs.

Ava n'était pas certaine qu'elle serait intéressée par ce genre de soirée. Elle resta un peu en retrait dans l'ombre d'une dune et écouta sa mère commencer à réciter le conte. Puis la fraicheur de la nuit tombante la fit frissonner et elle se rapprocha un peu, puis un peu plus, et se posa finalement autour du feu entre deux personnes, évitant soigneusement de se mettre près des hommes.

Son regard se porta sur sa mère qui continuait l'histoire d'une voix mélodieuse et presque envoutante. Elle avait l'art et la manière de raconter, Ava en avait gardé quelques bribes dans ses souvenirs. Les jambes remontées contre elle, elle enserra ses genoux de ses bras et posa sa tête dessus. Une histoire d'amour. Ava n'aime pas les histoires d'amour, elles finissent toujours mal.

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Sibylle.
Parmi toutes les choses que découvrait la jeune oblate, il y en avait peu qu'elle n'appréciait pas. Elle adorait la mer, elle adorait le sable, c'était divin d'y marcher pieds-nus. Le Créateur avait conçu un monde merveilleux et elle avait du mal à comprendre comment les gens pouvaient être malheureux avec tant de splendeurs autour d'eux.

Le soir, lorsque la nuit était tombée et que les étoiles brûlaient de mille feux, elle prenait plaisir à longer les plages ou les falaises provençales. Chaque exploration lui faisait découvrir une faune et une flore qui lui étaient inconnues.

Elle rejoignit le petit groupe sur la plage et s'assit, un peu à l'écart, observant le feu qui jouait sur le visage de Sashah, parfois, son regard bifurquait sur la jeune fille blonde qui se trouvait là, peut-être était-ce Ava, qu'elle ne connaissait pas encore. Elle se demandait si elles allaient s'entendre.

Un petit mouvement de tête, elle posa ses mains sur sa tête pour maintenir le voile qui couvrait ses cheveux et écouta avec attention. Point d'histoire de saints ou de saintes frénétiques, ni de cité détruite par la colère du Créateur. Non, Sashah leur contait une histoire d'amour et frémissante d'émotion, la jeune soeur écoutait avec attention, le coeur battant.

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SAINTE ILLINDA FOR EVER
Sashah
Deux petits minois s'approchèrent peu à peu. D'abord sa fille qui semblait vouloir à tout prix rester à l'écart, mais que la peur ou la nuit avait rapatrié près du feu. Puis Sibylle qui elle par contre jouait les sauvageonnes et se mettait un peu en retrait.

Sashah sourit les regardant tour à tour à demie amusée. Elles feraient connaissances bien assez tôt, elles étaient à un âge où l'on se liait facilement.

Elle reprit sa contée...


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Dès qu'ils furent loin, si loin qu'ils n'entendirent la musique qu'au grès du vent, il s'arrêta, la prit par les deux mains et doucement approcha ses lèvres de la bouche pulpeuse qui semblait s'offrir à lui. Elle ne le repoussa pas bien au contraire, leur danse ayant affûté leur désir l'un de l'auttre et c'est avec un sentiment de triomphe qu'il lui donna son premier baiser.

Le reste fut tout aussi facile, la main qui descendit sur son corps, leurs bouches qui se cherchèrent, petit à petit il s'enhardit et gouta à sa peau avec une lenteur calculée. Il n'aurait jamais rêvé de plus beau cadeau de retour, de plus belle femme.

Ce corps que nul autre n'avait foulé, était d'une beauté sauvage, amenant en lui une envie de bestialité qu'il réfréna pour ne pas l'effrayer. Il se fit doux dans ses caresses, langoureux dans ses baisers, la découvrant avec extase, l'amenant à le vouloir, l'embrasant toute entière jusqu'à ce qu'elle n'eut plus qu'une seule issue, celle de réclamer qu'il la délivra, celle de réclamer qu'il éteignit le feu qui la dévorait !

Alors il s'exécuta, franchit enfin l'interdit et l'entendit pousser un cri de douleur. Il le savoura comme un trophée et, avec une patience infinie changea cette exclamation douloureuse en soupirs lascifs. Rapidement car n'y tenant plus il ravit tout d'elle et l'emporta jusqu'aux portes d'un paradis qu'elle découvrit pour la première fois ! Tout le restant de la nuit, il la fit sienne, aucune femme n'existait plus qu'elle pour lui et au petit matin il la ramena vers le camp endormi. Elle repartit vers son hacienda, jurant de lui revenir à la nuit tombée.

Ce n'est que le jour d'après, qu'elle apprit le départ des saltimbanques campés sur la dune. Une roulotte avait prit feu, la nuit précédente, nul ne sut comment, mais le beau Diégo y avait péri.

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Au moment même où la serveuse déposait une assiette de rôtisserie devant elle, Oyanah sortit de ses pensées. Ses seize ans n'étaient surement qu'un lointain souvenir à présent...

Elle écrasa une larme discrètement du coin de son mouchoir finement brodé. Le feu crépitait moins depuis qu'on y avait enlevé le cochon de lait, pour le découper. La graisse que léchaient les flammes, ne l'attisait plus autant.

Ce feu rédempteur avait emporté le seul homme qu'elle ait jamais aimé.

On ne saura jamais qui de Paquita, du destin ou de Rori avait commis ce crime. Mais je soupçonne toutefois son frère, qui l'a marié de force à la mort de son père à un vieux bourgeois, fortuné, impitoyable et avare.

Elle repoussa son assiette, elle semblait ne pas avoir faim, regardant une dernière fois les flammèches qui virevoltaient elle se leva et partit...


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♦ l'Ile aux Vaches ♦
Sibylle.
Les mots qu'utilisait Sashah, elle ne les comprenait pas, elle les sentait, c'était à la fois effrayant et merveilleux et si elle devint rouge écrevisse et cacha sa tête dans ses genoux en l'entendant tout d'abord, la suite de son histoire fit rouler le sel sur ses joues.

Elle n'avait jamais entendu de telles histoires à Sainte Illinda, mais dans ce que racontait si bien son amie, elle sentait les frontières d'un monde qu'elle devinait se connaître, qui l'attiraient et la repoussait. Le bien et le mal. L'histoire de Sashah en était pleine mais au fond, qui avait raison et qui avait tort?

L'esprit de la jeune fille s'embrouillait, elle posa sa tête dans ses mains et fixa le feu qui crépitaient. Elle déplorait l'absence d'Antoynette et louait le ciel que Juste ne soit pas venu. La voix de Sashah avait quelque chose d'envoûtant et Sibylle n'arrivait à y résister, elle laissa donc les mots l'envahir, l'habiter toute entière, alors que ses pensées se perdaient dans les flammes vacillantes.

Un frisson lui parcouru l'échine et elle resserra ses bras autour de ses genoux, un peu moins mal à l'aise, rêveuse.

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SAINTE ILLINDA FOR EVER
Ellya
La Cistercienne arriva au beau milieu du récit. Enfin, non, à sa fin. Elle entendit les dernières phrases du troisième extrait, quoi. Ses pieds nus s'enfonçaient dans le sable et le bas de sa bure s'en imprégnait déjà. Elle grattait sans cela, de toutes façons.

Sans un mot, elle s'assit sur ses talons, près de sa pupille, le regard posé sur la poétesse.

Si elle ne l'avait pas connu, elle lui aurait jeté quelques écus pour que celle-ci reprenne la parole. Ellya ne demandait rien d'autres qu'écouter. Ecouter sans réfléchir. En se laissant porter par les mots.

Elle chuchota à sa pupille:
Ce n'est pas fini, j'espère?
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Sibylle.
Elle sursauta. Hein? Quoi? Quézako? Yakékun près d'moi? Son regard effaré se posa sur sa Mère. Visiblement la religieuse ne s'était pas offusqué du récit de Sashah, ouf, Dieu existait, il l'avait rendue sourde à l'instant ou il fallait. Sibylle reprit donc contenance et adressa un charmant sourire à la Mère Supérieure.

J'crois bien qu'si... Vous avez aimé? Elle conte bien Sashah, n'est-ce pas? C'est.. très différents de nos contes, hein?

Tu m'étonnes... Sashah n'avait vraiment rien de la bonne soeur et ce, jusque dans ces contes!

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SAINTE ILLINDA FOR EVER
Ellya
Hum. Oui... Oui.

Vu qu'elle n'avait entendu que la fin de l'histoire, elle n'en avait rien compris. Elle rajouta pourtant, histoire de.

Très différent oui. Vous avez aimé vous? Quelle partie?

Elle s'attarda sur le visage de sa pupille. Si joyeux. Sur l'instant, elle se dit qu'elle donnerait n'importe quoi pour qu'il reste toujours ainsi.
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Sashah
Elle salua de la tête Soeur Ellya quand celle-ci arriva et s'installa près du feu. Sashah laissa son auditoire méditer un peu ou converser. Elle était dans son monde là, une bulle dans laquelle elle aimait à se réfugier.

Elle reprit la parole quelques moments plus tard. S'adressant à sa fille, plus qui quiconque d'autre et dit :


Le feu, le feu est un élément à maitriser, quelque soit la raison pour laquelle vous allumez un feu, entourez le toujours de douze pierres et jetez la treizième au feu.

Même le plus petit feu de camp fait sur une plage, peut devenir le feu de l'enfer si vous n'y prenez pas garde. Même si un feu sert à nous réchauffer, à manger et ne plus nous sentir si seul.

Car quel moment bouleversant pour nous tous, que le moment où on se rend compte qu'on est seul au monde. Un jour, la femme et les enfants dont la présence allait de soi, peuvent nous abandonner. Le mari à qui on faisait une confiance absolue, peut nous trahir. La fille qu'on aimait si profondément, s'enfuir et ne plus vouloir revenir. Et ainsi, nous pouvons nous retrouver tout seul. Oh, bien sûr, certains trouvent de grandes vertus à la solitude, comme par exemple disparaître...

Je vais vous raconter l'histoire de Feliciano. Retenez la bien à chaque fois que vous ferez un feu.


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De loin d'aussi loin que ma mémoire se souvienne, vivait en Castille un simple ouvrier des champs nommé Feliciano. C’était un beau jeune homme, plein de vigueur et épris de liberté. Il louait ses bras de ferme en ferme ne voulait s’attacher nulle part, ne cherchant que le bonheur du jour, chaque jour suffisant sa peine. Jamais encore il n’avait songé à se marier, à construire une famille ou avoir des enfants. Il était encore bien trop jeune pour cela et avait bien le temps. Du moins le pensait-il quand il prit l’emploi du jour dans l’hacienda du Señior Del Mundo. Le labeur n’était pas fatigant, rassembler un troupeau n’avait rien de compliqué, si ce n’était que les animaux à regrouper étaient des taureaux. Feliciano prit le travail à la légère, le printemps était là, il était heureux de sortir des longs mois d’hiver, le soleil brillait et il ne vit pas une bête le charger. L’impact fut brutal, la blessure profonde mais par chance sa vie ne fut pas en danger. C’est à ce moment là qu’il rencontra Oriana la fille de la maison qui venait tous les jours s’enquérir de sa santé. Et c’est grâce à cet accident qu’il lia sa vie à celle de l’héritière Del Mundo.

Ils s’enfuirent tous deux quelques semaines plus tard, la pauvreté de Feliciano ne lui permettant pas de trouver grâce aux yeux du père de sa dulcinée, il dut l’enlever pour l’épouser. Ils travaillèrent, au jour le jour, heureux, aimants et libres. Les mois passèrent, le premier enfant du couple naquit le premier jour du printemps suivant. Il attrapait ses premières dents qu’un deuxième enfant était en route. Il devint difficile de ne pas s’établir et ce fut dans une petite cité du sud de la Castille, qu’ils achetèrent leur maison. Oh elle n’était pas bien grande, mais les jeunes mariés respiraient le bonheur et se contentaient de peu. Ainsi passèrent les années aux deux premiers enfants vinrent s’en ajouter dix autres, puis naquit le treizième et dernier, ce fut un fils du nom de Joachim. Ses parents n’étaient plus très jeunes, les ainés avaient quitté le nid depuis longtemps, mais la famille était unie et soudée et de nombreux repas les rassemblaient autour de Feliciano et Oriana. Leur amour était toujours intact, ils vivaient modestement, même si au fil des années les murs de leur demeure s’étaient agrandis à mesure que grandissaient les enfants. Un soir le père s’installa sur une souche dans la cour avec son dernier fils qui venait d’avoir 13 ans. La lune était ronde et claire et il faisait bon. Il regarda sa masure et lui dit :


- Tu vois fils, ton héritage est ici, dans cette maison. C’est là qu’est tout mon trésor.

Le jeune Joachim ne ressemblait à nul autre. Trop gâté sans doute c’était un enfant difficile. Il ne manquait de rien, mais en voulait toujours plus. Ce fut un soir d’été où toute la famille s’était rassemblée pour fêter l’anniversaire de mariage de Feliciano et Oriana que Joachim commit un acte insensé. Depuis des mois il tournait dans sa tête cette histoire de trésor. S’il devenait riche il obtiendrait la puissance, la domination et c’était bien tout ce qui l’intéressait en ce bas monde.

Ce fut l’arrière petite fille ainée du couple qui sauva toute la famille.

La petite Maria Elena curieuse du haut de ses huit ans avait suivit son plus jeune oncle qui avait soudain quitté la table. Alors qu’il se dirigeait vers la remise, elle s’était cachée pour ne pas qu’il la voit. Par jeu sans doute, voulant lui faire une farce, la petite était taquine et l’attendait tapie derrière un muret. Alors qu’il ressortait quelque instant plus tars avec un grosse jarre d’huile, elle resta cachée et l’observa, intriguée. Et elle le vit déverser à égale distance tout autour de la maison des flaques d’huile au ras des murs en terre séchée et en paille de la maison. Il fit tout le tour, revenant chercher une nouvelle jarre dès que la sienne était vide. L’huile dégoulinait des récipients, souillant ses chausses à chaque fois, un peu plus et un peu plus, mais il n’en avait cure, il continuait sa tâche. Elle allait lui demander à quel jeu il se livrait, quand il disparut et revint avec une torche allumée. Elle resta cachée, le feu lui avait toujours fait peur, quand elle le vit enflammer la première flaque, puis la seconde, puis la troisième, sa peur jaillit tout à coup hors d'elle…

Jamais une petite fille ne poussa des cris aussi stridents, aussi aigus, aussi prompts à vous glacer le sang. Bien évidemment toute la famille sortit de la maison affolée par les hurlements de Maria Elena. Et bien évidemment avait suivi son jeune oncle et se tenait non loin des flaques d’huile en flamme qui furent éteintes par les oncles qui stoppèrent ainsi un départ de feu. Joachim surpris par la réaction de sa nièce et toute la famille qui soudain les entourait, prêt à enflammer la cinquième, lâcha sa torche sous la panique qui tomba au sol encore allumée. Presque instantanément l’huile qui avait imbibé ses chausses, ses bas et s’était étendue jusqu’à ses braies s’enflamma. Le treizième fils se transforma alors en torche humaine sous le regard impuissant et horrifié de sa famille. Quand la petite fille raconta ce qu’elle avait vu l’horreur fit place à l’incompréhension.

L e plus jeune des fils ne sut jamais que le trésor de son père n’était ni des écus, ni de l’or ou autres objets précieux. Cette richesse n’était autre que sa mère, celle qui lui avait donné la vie et mit au monde tous ses frères et sœurs. Car pour Feliciano rien n’était plus précieux au monde que sa famille, son foyer et sa femme.

Il avait eu pour habitude de ramasser et mettre dans un coffre de bois une pierre à chaque naissance de ses enfants. C’était un rituel, en hommage au jour où charriant des cailloux pour faire un puits il avait appris que son premier né était un fils. Il avait accouru alors un caillou à la main au chevet de sa femme. Ils voulaient depuis que sa tombe soit entourée par les treize pierres, c’était son vœu le plus cher. Mais ce soir là une fois Oriana couchée et un peu plus calme après la perte de son enfant, Feliciano sentit que la naissance de ce treizième fils ne pouvait être qu'un coup du mauvais sort. Aussi il s'empara du coffre de bois, l'ouvrit, attrapa la treizième pierre qui reposait sur le dessus et la jeta au feu ce qui fit une belle gerbe d’étincelles.

Ainsi naquit la légende des treize pierres.

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♦ l'Ile aux Vaches ♦
Sibylle.
Sibylle réfléchit un instant, avant que Sashah ne poursuive sur un autre conte, quelle partie avait-elle le plus aimé? Elle esquissa un petit sourire, radieuse.

Oh la danse! Lorsque Diégo et Oyanah dansent ensemble et qu'ils tombent amoureux, c'était un beau moment!

Elle sourit à Ellya et lui prit doucement sa main. Comme elle l'aimait cette mère qui n'était pas sienne, elle avait bien compris les enjeux de ses choix et les conséquences si elle devait s'affirmer par elle-même, elle n'était pas encore certaine d'en être capable. L'avenir le dirait sans doute.

Elle espérait que la Mère Supérieure n'enlèverait pas sa main, la jeune soeur savait combien son aînée abhorrait le contact, mais bien souvent lorsqu'elle était enfant, elle aurait voulu la serrer dans ses bras, lui dire son affection. Aujourd'hui, plus mûre, elle se sentait plus libre de le faire. Avec attention, elle écouta la suite du récit de Sashah. Le feu... élément aussi attractif qu'effrayant, la jeune fille replongea dans son écoute attentive, passionnée par le conte. Les premiers mots de la conteuse la firent réfléchir, elle pensa à Ellya, au père Abbé, à Juste, à Antoynette, à ceux qui contaient tant pour elle et à cette solitude qu'elle avait connue depuis toute petite. Elle espérait ne jamais avoir à trahir Ellya. Jamais.

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SAINTE ILLINDA FOR EVER
Ellya
La Prieuse retint un grognement. Ah, c'était une histoire d'amour? Heureusement qu'elle avait manqué l'histoire alors. Ça n'aurait pas manqué de l'exaspérer.
Et voilà que Sibylle lui prenait la main alors qu'elle savait, elle, que ça lui était désagréable. Elle réussit à tenir au moins deux énooooormes minutes avant d'enlever la sienne. Sa pupille étant plongée dans l'écoute du nouveau conte, Ellya s'auto-rassura en se disant qu'ainsi, elle ne l'avait pas froissée.

A son tour, elle prêta attention à l'histoire de Sashah. Celle-ci lui plut beaucoup. Elle imagina le jeune orgueilleux sur Sélène où il devait continuer à brûler et, sans état d'âme, applaudit la poétesse.


Quel talent! Quelle morale!
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Ava_francesca
Arfff ! Pfeuuuu ! Ava l'avait parié, les histoires d'amour finissent mal, c'est couru d'avance. Elle écouta un instant les murmures dans l'assistance, puis quand sa mère reprit la parole, leurs regards se fixèrent un instant, et la pensée de la jeune fille fut la suivante : sa mère était belle, mise en valeur par les nuances du feu, les jeux d'ombres dans ses cheveux et sur son visage.

Puis elle écouta distraitement les précautions édictées sur le feu et son utilisation, elle n'était pas une petite fille, mais quand Sashah arriva au passage où l'on pouvait se retrouver abandonné des siens, elle porta plus d'attention à ses paroles. Avant que l'histoire ne débute, Ava jeta un regard à la foule qui augmentait peu à peu même si elle ne connaissait personne.

La seconde histoire commença et tout le monde se tut pour se concentrer. Le récit lui laissa un étrange gout, c'était à la fois intrigant et dégoutant, mais surtout elle trouvait le garçon bête dans sa manière d'agir pour découvrir le trésor. Elle n'aurait pas fait cela, elle aurait été beaucoup plus maline.

La soirée s'étira et la petite blonde glissa un peu plus près du feu pour se réchauffer, tout en resserrant ses bras autour de ses genoux. Elle le refoulait, mais elle sentait bien que le sommeil la gagnait petit à petit.

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