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[RP] On le sentira pas passer, vous verrez !

Ellya
Aix - Jour 26


Presque un mois qu'elle avait quitté son cher Prieuré.

Elle retint un soupir de plaisir tout en croquant dans le fenouil que sa pupille lui avait refourgué pour ses maux de ventre - maux survenus étrangement le lendemain de la merveilleuse proposition d'étendard, après s'être endormie comme une masse, le nez sur le pot de chambre.

D'une main, elle tâta la bourse qui pendait à sa ceinture, geste qu'elle faisait par automatisme dès lors qu'elle était sur les chemins. Ca lui rappela que l'écrivain l'avait encore escroqué de plusieurs dizaines d'écus pour les lettres d'Antoynette. Heureusement que la Cistercienne appréciait la Fuxéenne sinon elle n'aurait sûrement pas accepté.



Le départ de Marseille avait été mouvementé. Un instant, la Duranxie avait presque cru repartir seule. Ça ne l'aurait pas dérangé outre mesure puisqu'elle était certaine d'être de mauvaise compagnie (et les autres encore plus qu'elle).
Finalement, tout le monde avait remis son costume de pèlerin et ils accueillirent même Ava, fille officielle de la poétesse. Ellya la salua poliment, avec sa non-chaleur habituelle.


Bonjorn, bonjorn et soyez bénie.

Elle l'avait aspergée d'un peu d'eau bénite, pour la forme.

Rappel des règ... des traditions: lundi, pas de chausses. Mardi chant obligatoire. Pour les autres, je laisse la surprise.
On ne jure pas, on ne médit pas - ou alors on le fait discrètement.
Vous voyez le pot de chambre sur Icroche?


Elle désigna l'âne de Sibylle.

Faut glisser votre vote, dedans. Votre mère vous expliquera.


C'était son rôle, après tout.

En route! Il nous faut encore récupérer l'autre espèce de maistre d'armes.

Qu'elle ne portait pas dans son cœur, donc. Elle réaspergea Ava une seconde fois et fit avancer la file indienne d'ânes (pèlerins compris).



Maintenant qu'ils étaient à Aix, Ellya s'était plongée dans le mutisme, repensant à sa rencontre avec Maximin. Elle refaisait encore et encore la discussion dans sa tête. Elle le croyait, oui, elle croyait qu'il avait été Uriel; les miracles ne l'effrayaient pas. Et son coeur s'emplissait de joie en imaginant le revoir. En espérant apprendre à le connaitre, le nouveau lui, qu'elle espérait beaucoup tiré de l'ancien. Elle ne pouvait avoir ces conversations spirituelles et intéressantes avec aucun autre membre des pèlerins.


Pause de quelques heures. Restons groupés pour la peut-être bénédiction de Son Excellence Von Frayner.

Et v'là que la folle dingue de voyante se colla contre elle. Retroussant son nez, et parce que son fils ne disait que du bien d'elle, Ellya, plutôt que de trouver une excuse pour fuir, resta bon gré mal gré.
Et elle secouait de la tête: sans doute pour remettre ses idées en place... Franchement? Elle était flippante.


Heu. Oui. Oui. Comme c'est ... aimable?


Même si se faire traiter de dinde lui rappelait terriblement feu son époux.

Enfin, il serait orgueilleux de... Vous avez un problème avec vos cheveux? Il serait orgueilleux pour moi d'approuver vos propos. Juste parle beaucoup de vous? Vous le connaissez depuis qu'il a quel âge?

Cette question la taraudait depuis longtemps.
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Watelse
Juste-Watelse écarquilla les yeux. Être charmé par une femme chevalier? Il ne donnait pas son coeur aussi facilement, c'était un Watelse! Le brun hésita entre feindre l'offense ou en rire. Il choisi le ton de l'outrage:

Comment? Je n'ai regardé que son épée, jamais ses yeux, je te jure Sybille! Et je ne lui ai même pas écrit de poème : c'est déjà assez difficile comme ça de trouver des rimes alors je ne vais pas m'épuiser à inventer des vers pour n'importe qui..
.

Logique, tout cela était très logique... et révélait un fond de fainéantise littéraire. Juste gardait néanmoins en mémoire une chevalier plutôt mignonne avec de jolies boucles blondes. Plus âgée que lui, elle avait su s'imposer dès leurs premiers échanges.

Le Hospitaliers, pourquoi pas. De toute façon, Juste devrait se coltiner la pastorale pour être baptisé. Son père allait piquer une crise, mais il saurait, Juste, lui montrer l'intérêt de la manoeuvre. Tranquille d'esprit, sa pieuse mère ne se douterait pas des méchancetés que lui préparaient les deux Watelse. Et lui, Juste-Parfait, de son côté pourrait chevaucher aux côtés de Soeur Sybille et guerroyer au nom de leur Aristote, du Roi ou de tout autre guignol. Il se voyait déjà, armure scintillante dans les rayons du soleil, éblouissant le coeur de la jeune pucelle qui l'accompagnait. Sans sans douter, Juste commençait à avoir l'égo sur-dimensionné de son paternel, et de tous les hommes de la famille Watelse.
Il avait un oncle, Richard, qu'il prévoyait de rencontrer, fier guerrier à Antioche, fort comme un lion et fervent défenseur de la foi. Peut-être pourrait-il lui apprendre à manier les armes et parfaire l'enseignement de Sybille. Soheil n'aurait plus d'utilité et Juste pourrait le renvoyer à sa niche. Héhé.


Nous allons pourfendre l'ennemi - quelqu'il soit - ensemble et voyagerons dans des pays lointains où Paondora et mère ne nous suivraient jamais. Vive la liberté! Vive les chevaliers!

Le gamin était monté sur une tombe, bras en l'air agitant une épée invisible. Il chevauche une pierre mortuaire couverte de mousse tel un vaillant destrier et tend la main à Sybille:

Viens t'en Sybille, enfourche ce courageux animal et allons terrasser les impies d'Alexandrie! Sus à Claude François! Sus aux Claudettes! Nous décimerons tous les magnolias et les barracudas de la carte des Royaumes!

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Fils du feu Maitre orfèvre Georges L. Watelse et de la nonne Ellya de la Duranxie
Sibylle.
Alors qu'il s'offensait, elle esquissa un sourire mutin. Posant son doigt sur son menton, elle prit un air docte.

Ah oui? Alors... tu n'en écris qu'à moi, des poèmes??

Sibylle adorait l'idée qu'elle puisse être au centre des pensées de quelqu'un, alors si ce quelqu'un c'était Juste, c'était encore mieux! Elle avait toujours été discrète et soumise, attendant patiemment que Mère Ellya lui montre un tout petit peu de tendresse, souvent en vain. Seul Bardieu l'avait gâtée et choyée lorsqu'elle était enfant et elle en gardait un souvenir merveilleux de se sentir unique et importante, même si elle savait qu'elle n'était ni l'un, ni l'autre, par excès d'humilité.

Sibylle regardait Juste, les yeux brillants. Chaque instant passé avec lui avait un goût de merveilleux. Une chanson permanente, mais qui sonne juste! Et l'enthousiasme du jeune homme était communicatif, elle le regarda grimper sur une tombe et pouffait de rire, la main devant la bouche, hilare. Répétant en riant.


Vive la liberté, vive les Chevaliers!!

Elle s'empara de sa main, lançant un regard craintif à gauche et à droite, si quelqu'un les chopait en train de faire les guignols sur les tombes, ils allaient passer un sale quart d'heure et si ce quelqu'un était Ellya, elle serait mise au pain sec et à l'eau jusqu'à Alexandrie, au moins. Cela dit, elle grimpa elle aussi sur la tombe, tendant le bras, à cheval sur une pierre tombale.

Sus aux hérétiques! Alexandriiiiie la magnifique!!! Nous allons te conquérir!!! Et nous serons les Chevaliers des temps nouveaux!!! Youuuuouuuuuuuu!!!! La lumière du phare d'Alexandrie fera naufrager les papillons qui grouillent dans nos ventres.

Elle lui lança un regard.

J'ai faim, pas toi? J'en peux plus du pain sec et de l'eau et puis en plus, si on se fait attraper... on va se faire brûler vif!! L'Inquisition n'aime pas les blasphémateurs.

Elle descendit de son promontoire, tapotant sur la pierre froide.

Merci mon vieux, on a bien rigolé, les morts ont décidément plus d'humour que les vivants!

Se retrouvant sur ses deux pieds nus, tout plein de boue, elle les frotta l'un contre l'autre.

On devrait se cacher pour manger tranquille, si Ellya ou Paondora nous trouvent, on est mort! Décidément, c'est dangereux de te fréquenter, Juste!

Elle lui sourit, lissant ses braies et remettant son fichu sur ses cheveux.

Tu crois qu'ils nous laisseront intégrer le même ordre?? Ensemble?? Elles vont être mortes de trouille les deux là!

Et elle éclata de rire en imaginant la tête des deux femmes lorsqu'ils allaient leur annoncer.

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