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[RP] Crimes et... enlèvement

François.de.macquart
[Lyon, Hostel de Macquart, à la fin de l'été]


Le Duc d'Albon ainsi que l'impétrant chevalier se trouvaient toujours à l'entrée de la cour de l'Hostel, qui était toujours sous la bonne garde des hommes d'armes de la famille. Le Preux Charles avait véritablement fait un recrutement de qualité. La majeur partie étaient d'anciens Sergents d'Armes de l'Ordre des Templiers, qui avaient suivi leur Commandeur lorsque ce dernier était parti pour l'Artois. D'autres avaient uniquement combattus sous ses ordres lors de ses campagnes aux quatre coins du royaume et du Saint Empire. L'ancienne commanderie templière sise sur le duché d'Hostun était elle devenue un véritable bastion destiné à la guerre. Les templiers, il semblait bien à François que l'actuel bourgmestre de la capitale en était un ancien. L'héritier de la maison Macquart se concentra sur sa discussion avec ce dernier.

Elle va bien et les enfants poussent vite.
Comptes tu t'installer en ville où n'es tu que de passage?


" A vrai dire, je ne saurais vous donner réponse dès à présent, répondit-il sur le ton de la conversation. Tout comme père, je me rends bien souvent où ma présence est requise. Or à l'heure actuelle, je ne sais guère où le Très Haut me mène. J'en saurais certainement d'avantage lorsque j'aurais eu le loisir de me renseigner sur le sort de nos deux anciens gouverneurs. Finalement, les seules prières qui leur sont dédiées nous auront fait parvenir quelques nouvelles. Il ne reste plus qu'à espérer qu'icelles ne soient point trop mauvaises. "

François de Macquart fixa alors l'horizon, le visage soucieux accentuant ses traits fatigués. Il resta un court moment figé dans ses pensés, qu'il n'était nullement difficile d'entrapercevoir pour toute personne dotée d'un bon esprit. Son attention revenant finalement au Duc, il s'adressa de nouveau à lui.


" Je ne saurais vous retenir plus longtemps Votre Grâce, je devine que votre temps est précieux de par vos fonctions, et je vous suis reconnaissant de m'en avoir consacré autant. Soyez certain que je saurai m'en souvenir. Nous nous recroiserons de nouveau, à n'en pas douter. "

Un bref salut et le hardi s'en retourna. Jehan, le surintendant de la maison Macquart lui remit les missives du Baron de Rochechinard, ainsi que les correspondances qui étaient destinées à Charles, et l'informa de la cérémonie d'allégeance se tenant en la capitale. François s'y rendit donc quelques heures plus tard, encore las de son périple mais revêtu de ses plus beaux atours, afin de faire bonne impression auprès de l'élite du duché. Son visage était toujours autant marqué, les nouvelles d'Italie qui l'avait eu n'étaient peut-être pas aussi bonnes que ce qu'il avait espéré.


***

HRP : Ce qui est souligné est un lien vers le RP en salle d'allégeance qui a déjà été fait. Et oui, ça tricote ça tricote. C'est certainement pour mieux vous tenir en haleine. Allez, bon jeu et merci à tous les participants et lecteurs attentifs.
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La fin de Carnil ici
François.de.macquart
[Lyon, Hostel de Macquart, à la fin de l'été]

Un petit groupe de jeunes nobles composé du Vicomte de Maubec et de sa soeur ainsi que du fils du Duc d'Hostun, venait de quitter la salle d'Armes du Castel de Lyon, et rejoignait à présent l'Hostel de Macquart. Ils étaient escortés de Margaux, la suivante d'Aliénor d'Avencourt et de son intendant, ainsi que de deux hommes d'armes au service de la Maison de Macquart. Le jeune Vicomte en profitait pour faire la connaissance de François et surtout pour retrouver sa sœur.

Une fois à destination, ils furent accueillis par Jehan, l'intendant de l'Hostel et deux autres domestiques, auquel le jeune seigneur des lieux donna ses directives.


" Nous nous rendrons dans le grand salon. Le Vicomte de Crots et le Seigneur de Mont-Dauphin ne devraient guère tarder à se présenter icelieu. Réservez leur le meilleur des accueils et faites les nous rejoindre. Faites servir de l'hypocras et des fruits, et faites nous également quérir le trouvère. "

-" Il sera fait selon votre bon vouloir mon Seigneur. "

-" Bien Jehan, je vous en remercie. J'aurai également besoin que l'on m'apporte les missives apportées d'Italie. "

-" Bien mon Seigneur. Est-ce là tout? "

-" A vrai dire non. Avez-vous fait avertir le Chevalier de Massigny, le Seigneur de Sainct Nazaire en Royans et le Seigneur de Meyrieu comme je vous l'avez demandé?


-" Des pages sont partis s'acquitter de ses diverses tasches, mais si je puis me permettre mon Seigneur, je doute fort que le Gouverneur puisse se déplacer.


-" Il est vrai, je ne sais pourquoi, je n'avais poinct faict le rapprochement. En ce cas nous verrons plus tard. Qu'un accueil digne de nostre maison soit réservé au duc et au seigneur, et que je sois averti de toute autre arrivée. Vous pouvez disposer Jehan, je vous remercie pour vostre dévouement. "

L'intendant s'inclina et fit transmettre les diverses instructions aux domestiques. Durant ce temps, les trois jeunes nobles prirent place dans le salon où le Vicomte de Maubec appris enfin le sort s'abattant sur sa mère et l'action de son parrain. Une fois les moult missives remises à l'impétrant chevalier, celui-ci fit lecture de la première et remis celle destinée aux enfants d'Avencourt.




Au Surintendant de la Maison de Macquart,

Jean Eudes, Hugues et moi mesme avons faict une halte à Cuneo, dans le Piemont. J'y connoy un Chevalier qui nous a accordé l'hospitalité. Je profite de la présence de physiciens pour soygner mes douloureux souvenirs du front artésien. D'après leurs dires, il s'en est fallu de peu pour que je ne trépasse de mes blessures. Mais je ne vais poinct rentrer dans le détail. Le temps nous est compté. Nous avons pris du retard sur les ravisseurs de la Vicomtesse à cause de mon piestre étact. J'ai d'ailleurs contracté une dette de dix mille écus auprès de nostre hoste, Sire Guy de Bonnefoy. Si jamais je ne suis poinct revenu l'hiver prochain, il faudra envoyer des hommes honorer ma dette.

D'après recoupement des divers renseignements obtenus jusque là, il sembleroy qu'il s'agisse de deux mercenaires, à la solde d'une riche noble. Je n'ai que peu de renseignements sur le ravisseur. Une noble rousse qui les paye très généreusement. Nous ne cognoyssons poinct encore leur destination. Concernant les deux mercenaires, il seroy intéressant d'interroger les villageois habitués des tavernes en nostre province. Il est encore possible d'en savoir d'avantage sur leurs projets. L'un des deux seroy de grande taille, relativement asgé. Cela se remarque par sa longue chevelure grisastre. Son comparse est plus petit, assez fort, et contrairement à son homologue, semble estre assez jovial. Il auroy tendance à parler après avoir englouti un tonneau de vinasse.

Je joins à ce courrier diverses missives adressées à Azdrine de Pardaillec, Pisan de Blainville, Anthony de Massigny, Leg di Cesarini, Aliénor et Enguerrand d'Avencourt, Gregoire de Sainct Nazaire en Royans, ainsi qu'à mon fils. Faictes leur parvenir au plus vite. Je joins également mon allégeance au nouveau Gouverneur, Elorane. Si jamais elle ne portait plus la couronne à l'arrivée du messager, veuillez la transmettre à « Dauphiné ».

Afin d'attester l'authenticité du présent document en date du XXII juin de l'an de grasce MCDLVI, rédigé à Cuneo, Italie, j'appose mon scel.



Puisse le Très Hault veiller sur le Lyonnais et Dauphiné en mon absence,

Le Chevalier Charles de Macquart, Duc d'Hostun, Baron de Rochechinard, Seigneur d'Artas et Officier Royal.







A mon filleul, Enguerrand d'Avencourt et à sa soeur, Aliénor d'Avencourt,

Chaleureuses salutations.

Je, le Chevalier Charles de Macquart, parcours ce parchemin de ma plume afin de vous communiquer nouvelles de vostre mère, Francesca Amalya d'Avencourt. Cette dernière se trouve à deux jours de voyage de l'endroit où je me situe. Cependant préservez vous d'une trop grande crainte, sa vie n'est nullement en danger, sachez que j'en ai l'intime conviction. Soyez également certain que je n'entreprendrai rien qui saurait la mettre en danger.

Jeune damoiselle et damoiseau, je sais que j'ai perdu du terrain sur ses deux ravisseurs, mais je n'ai guère perdu leur trace. J'ai également obtenu divers renseignements à leur sujet me facilitant leur traque. Je vous fais le serment solennel de retrouver la Vicomtesse de Guillestre, de tenir ma promesse jadis faicte au Vicomte de Maubec, et de l'arracher des griffes de ses deux ravisseurs. Ma maison veillera toujours à l'intérest de la vostre, elles sont liées, à jamais. Retenez bien ceci et tenez le vous pour dict.

Le Chevalier que je suis donnera sa vie s'il le doit pour vous ramener Francesca Amalya. Devant l'adversité, je ne faillirai poinct, face à une armée entière envoyé par le Malin en personne, je ne tournerai poinct le dos et lutterai avec force et honneur, et au nom de l'amour que je porte à vostre famille, nullement je ne tomberai. Ma volonté vous ramènera vostre mère en Terre du Lyonnais et Dauphiné. Croyez le aussi bien que vous croyez en Aristote.

Afin d'attester l'authenticité du présent document en date du XXII juin de l'an de grasce MCDLVI, rédigé à Cuneo, Italie, j'appose mon scel.



Puissent les Vassaux de vostre maison et de la mienne veiller sur vous,

Le Chevalier Charles de Macquart, Duc d'Hostun, Baron de Rochechinard, Seigneur d'Artas et Officier Royal.


Les autres parchemins furent conservés dans leurs rouleaux respectifs. Autrement il eut été possible de lire certains d'entre eux comme cela :



A mon fidèle Vassal, le Seigneur Gregoire de Sainct Nazaire en Royans,

Amicales salutations.

Je, le Chevalier Charles de Macquart, vous faict parvenir nouvelles de Cunéo, dans la province italienne du Piémont. Accompagné de deux de mes sergents d'armes, j'y ai faict une halte afin de pouvoir poursuivre ma queste. En effet, à peine revenu du front artésien en mes Terres, sérieusement blessé, j'ai du partir subitement à la recherche de ma Vassale, la Vicomtesse de Guillestre. Je ne sais si le surintendant de ma Maison a eu l'opportunité de vous en informer, mais il s'avère que l'ancien Gouverneur a esté victime d'un enlèvement.

Il s'agit de deux mercenaires, à la solde d'une riche et noble rousse. J'ai, au moment où je rédige le présent parchemin, deux jours de retard sur les ravisseurs. Cependant, j'ai une bonne cognoissance de la région, et nous n'avons poinct perdu trace de nostre cible. J'ai par le passé cognu mission d'avantage périlleuse, et je suis bien accompagné.

Je vous laisse, Seigneur de Sainct Nazaire en Royans, en tant que mon seul et unique Vassal en mes Terres, et tant que durera l'absence justifiée de mon fils, François de Macquart, la responsabilité de ma Maison. Veillez à mes intérest, ainsi qu'à mes devoirs. Je vous demande également, de veiller à ma place, à la protection de mon filleul et de sa sœur, le jeune Vicomte de Maubec et Aliénor d'Avencourt. Tentez également de veiller, à ce que François, une fois averti et de retour en nostre province, n'entreprenne de me porter assistance. Sa jeunesse faict qu'il est encore trop téméraire. Mais le chemin qu'a choisi Aristote pour lui n'est poinct de me suivre en Italie.

Afin d'attester l'authenticité du présent document en date du XXII juin de l'an de grasce MCDLVI, rédigé à Cuneo, Italie, j'appose mon scel.



Puisse le Très hault, m'accorder la possibilité de vous remercier,

Le Chevalier Charles de Macquart, Duc d'Hostun, Baron de Rochechinard, Seigneur d'Artas et Officier Royal.







Au Seigneur de Meyrieu,

Cordiales salutations.

Je, le Chevalier Charles de Macquart, vous informe que je suis toujours sur les traces de nostre bien aimée Francesca. La traque de ses ravisseurs m'a mené pour l'heure à la cité de Cuneo, en Italie, où je suis dans l'obligation de faire une halte afin de recevoir quelques soins. Les mercenaires sont au nombre de deux, et ont deux jours d'avance sur mes hommes et moi. Mais soyez sans crainte Messer, je ne perdrai poinct plus de distance. Quoi qu'il advienne, elle est en sécurité pour le moment. L'instigatrice de l'enlèvement la veut vivante, c'est depuis quelques semaines une certitude. Je ne sais d'ailleurs sur elle que peu de choses. Elle est rousse, noble et fortunée.

Je sais que vous veillez sur nos deux jeunes nobles qui sont pour vous tout aussi important que pour moi. Je ne me fais donc nul soucis à ce sujet. Vous estes également, avec le Vicomte de Crots, la Baronne de Marsanne, le Seigneur de Sainct Nazaire en Royans et Messer Kernos Rouvray, les rares personnes aptes et surtout présentes à assurer une bonne gérance de nostre province. Il seroy donc de bon aloy que vous conserviez un œil attentif à tout cela s'il vous est possible.

Afin d'attester l'authenticité du présent document en date du XXII juin de l'an de grasce MCDLVI, rédigé à Cuneo, Italie, j'appose mon scel.



Puisse le Très hault vous accorder encore la force nécessaire à tout cela,

Le Chevalier Charles de Macquart, Duc d'Hostun, Baron de Rochechinard, Seigneur d'Artas et Officier Royal.







Au Vicomte de Crots, Baron de Saillans et Seigneur de Ribiers,

Amicales salutations.

Je, le Chevalier Charles de Macquart, ayant appris la fin des combats opposant la couronne de France à la Bretagne et le retrait des troupes du Lyonnais et Dauphiné, espère que vous estes rentré en vos terres en meilleur estat de santé que moi mesme d'Artois.

J'espère que vous aurez appris de mon surintendant, ma chasse envers les ravisseurs de la Vicomtesse de Guillestre. Celle-ci est toujours entre les mains de deux mercenaires, engagé d'après ce que j'en sais, par une richissime noble à la chevelure rousse. Ces deux hommes ont surement traisnés leurs guestres dans les tavernes des cités jouxtant les fiefs attenant à la pieuse Francesca Amalya et la Maison d'Avencourt.

Ne soyez poinct enclin à tenter de me prester main forte, il est bien trop tard pour cela. Je suis déjà en relation avec quelques commanderies locales et bastions templiers, hospitaliers et teutoniques au cas où j'aurais besoin d'un quelconque renfort. Il seroy au contraire, plus judicieux de conserver une présence auprès du reste de la famille d'Avencourt. La menace n'estoit peut-estre pas uniquement dirigée vers l'ancien Gouverneur. Vous pourrez donc par la mesme, veiller à la bonne marche de nostre province, entouré des hommes que nous savons estre de confiance.

Afin d'attester l'authenticité du présent document en date du XXII juin de l'an de grasce MCDLVI, rédigé à Cuneo, Italie, j'appose mon scel.



Puisse le Très hault veiller sur vous et vostre Maison,

Le Chevalier Charles de Macquart, Duc d'Hostun, Baron de Rochechinard, Seigneur d'Artas et Officier Royal.

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La fin de Carnil ici
Zwyrowsky
[Lyon, un peu plus tard, hostel de Crots]

Revenant de la cérémonie d'allégeance, Zwyrowsky s'isola un instant dans le petit cabinet de travail où se trouvait son bureau - il réfléchissait aux informations que pourrait bien apporter François de Macquart, et sur les préparatifs à envisager dans le cas où ils se joindraient aux recherches, en Italie. Une paire de bonnes épées milanaises, quelques provisions, deux bons chevaux et quelques mules. Antoine et Guillemot étaient fiables et dévoués, ils en seraient. Retrouver Vincent Liontari pourrait également s'avérer utile. Un vétéran d'Orient serait un atout précieux dans les cités d'Italie. Une affaire de quelques jours au plus, de toute façon. Le départ pourrait être rapide, et par Briançon, ils seraient rapidement à pied d'oeuvre.

Quand il redescendit dans la grand-salle. Espoire l'y attendait, grâcieuse, assise sur une banquette, une grappe de raisin du Valentinois dans la main. Il ceignit son épée et sa main-gauche, et lui tendit galamment la main.


Ma chère, m'accompagneras-tu à l'hostel de Macquart pour y tenir conseil avec les jeunes Macquart et d'Avencourt?

Le blanc visage de la baronne de Marsannes s'éclaira d'un sourire de carmin, et elle se leva, saisissant sa main. Il héla son page:

Antoine! Mon palefroi, et le hongre de la baronne!


[Hostel de Macquart]

Une vingtaine de minutes plus tard, les deux fiancés arrivaient à travers les rues populeuses de Lyon à l'hostel de Macquart. Il frappèrent à la porte cochère, et furent introduit par la garde jusque dans la cour où ils laissèrent leurs bêtes, et d'où un page les conduit, par un escalier en colimaçon digne d'une maison-forte, jusqu'au salon où se trouvaient déjà Aliénor et François, ainsi qu'un autre jouvenceau que le vicomte de Crots ne reconnut pas immédiatement.

Ils s'inclinèrent selon l'usage, Jean Zwyrowsky cherchant à imaginer qui était le troisième présent. Tant François qu'Aliénor semblaient tout à fait familiers avec lui. Quelque chose sur le visage, dans l'expression, attira son attention, mais il était temps de prendre la parole et il ne put transformer concrètement son intuition.


Mes amis, messire, je vous souhaite le bonjour.
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Walan
La cérémonie d'allégeance s'était terminée -enfin- et son déroulement ainsi que l'absence de bon nombre de nobles n'avaient pas contribué à rendre Walan de bonne humeur. C'est donc avec une certaine fermeté, pour ne pas dire dureté, qu'il avait renvoyé gardes et pages sensés l'accompagner où qu'il aille.

C'est donc sans escorte, dans une tenue moins protocolaire et l'épée au côté -comme il pouvait se sentir démuni lorsqu'il était obligé de se passer de ce poids sur la hanche, lui qui avait toujours été un soldat- que le Gouverneur suivit le page qui était venu dès la fin de la cérémonie lui délivrer un message de François de Macquart et de sa filleule. Ceux ci l'invitaient à les rejoindre au plus vite à l'hostel du premier et il n'y avait guère de doute sur le thème de la discussion qui suivrait.

Ainsi, quelque temps plus tard, le seigneur de Meyrieu -un peu calmé par durant le trajet- pénétrait dans la pièce où étaient déjà présents le Vicomte de Crots et le Baronne de Marsannes. Esquissant un léger sourire à la vue du couple, dont tout deux s'étaient présentés devant lui plus tôt, il les salua à nouveau -beaucoup moins formellement- alors qu'il s'avançait vers les trois jeunes gens et se présentait devant eux. Il commença par adresser une inclinaison de la tête à l'héritier des lieux, qu'il n'avait aperçu que très brièvement dans la salle des allégeance.


Jeune De Macquart, merci de m'avoir convié en ces lieux.

Se tournant ensuite vers le deuxième jeune homme, il l'observa un instant, semblant chercher les traits de ses parents en lui, avant de le saluer à son tour.

Vicomte ... commença-t-il avant d'avoir un demi-sourire. Heureux de te voir de retour en ces terres, Enguerrand.

Enfin, Walan se présenta devant la troisième personne, restant un moment le visage impassible face à elle, avant qu'un sourire n'éclaire sa face et qu'il se contente de dire :

Bonjour, petit ange.
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Boursiero
[Seigneurie de Sainct Nazaire en Royans - Tôt le matin]


Un cavalier aux armes d'Hostun était venu lui annoncer qu'une lettre de son suzerain lui était destiné. Charles ! Des nouvelles... enfin... depuis tout ce temps... Son vieil ami l'était bien plus que son suzerain, sorte de grand frère, qui l'avait formé au temps de ce que l'on appelait encore la 'Maréchaussée', l'aidant aussi lors de son mandat de Bourgmestre de la Capitale.

Il fallait une bonne journée pour se rendre en la ville de Lyon, il y serait probablement dans la nuitée, il en profitera pour y séjourner un certain temps, qu'il consacra sans doute à l'Ost et à la Municipalité.

Une fois prêt, il attendit dans la cour où il avait fait mander son Intendante et amie Aredhel. Esquissant un sourire lorsqu'il l'a vit arriver.


Aredhel, je dois partir pour Lyon, surement pour une dizaine de jour, je vous confie le domaine... et je vous charge de me faire parvenir toutes les missives qui arrivent icilieu à l'Hostel du Royans !

Il posa sa main sur l'épaule de la jeune demoiselle en souriant, pour la remercier et lui témoigner une certaine affection amicale.



[Hostel de Macquart - Lyon - Le lendemain]


Après une courte nuit, et un passage assez bref à la garnison, il se rendit enfin à l'Hostel de Macquart. C'était aussi l'occasion pour lui de rencontrer le jeune François... depuis ce temps, le jeune garçon avait du bien grandir...

Arrivé audit lieu, on le laissa entrer dans la demeure. Il y aperçut alors le Vicomte de Crots et la Baronne de Marsanne.


Messire Vicomte... Ma Dame la Baronne... Dit-il en inclinant la tête et esquissant un léger sourire.

Le Gouverneur était également présent, voilà une pièce où se trouvait bien du beau monde. Il le salua à son tour comme il se devait, inclinant une nouvelle fois la tête en signe de respect et de salutation.

Vostre Grasce...

Puis il vit enfin le jeune Macquart... "diable qu'il avait grandi le gamin !" Se dit-il alors, étonné de voir le jeune garçon.

François de Macquart... Enfin je vous vois... j'ai fais au plus vite pour venir icilieu ! Lui lança-t-il souriant.
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Ateliers de bannières du Royans
Espoire
[Hostel de Macquart]

Sortant de la cérémonie d’allégeance enfin, Espoire se rendit à l’hôtel de Crots en compagnie de Zwyrowsky.
Attendant qu’il finisse de régler quelques affaires à son bureau, elle resta assise dans un fauteuil, songeuse et à la fois rêveuse...

Elle était donc perdue dans ses pensées quand son fiancé revint, il l’invita à se rendre avec lui à l’Hostel de Macquart, et sans hésiter un moment la jeune femme accepta, voir les enfants de ses amis lui ferait plaisir, c’est donc ensemble qu’ils se dirigèrent vers l’hôtel.

A leurs arrivée on les conduit jusqu’à un petit salon ou on les attendait, après que Zwyrowsky eu finit de parler elle sourit à son tour avant de dire :


Le bonjour, je suis heureuse de vous revoir.

Tout en disant cela elle vit arriver le Gouverneur du Lyonnais-Dauphiné, suivi du seigneur Sainct Nazaire en Royans qu’elle salua à leur tour.
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Zwyrowsky
Le vicomte salua Grégoire de Saint-Nazaire, puis Sa Grâce le Gouverneur qui les avait rejoint - ce qui témoignait amplement de son attachement aux disparus, eu égard à sa charge de travail.

Ce fut d'ailleurs Walan de Meyrieu qui lui fit reconnaitre le second jeune homme assis à côté d'Aliénor. Comment n'y avait-il pas pensé lui-même? Enguerrand d'Avencourt. Comme sa soeur, quoique différemment, il portait sur son visage les traits et les expressions de ses parents - en y regardant de plus près, peut-être tenait-il plus de son père, mais peut-être était-ce une illusion due à son statut de chef de famille.

Tous les trois, Aliénor, Enguerrand, François, avaient terriblement grandi et mûri au cours des derniers mois, et, malgré une jeunesse à peine entamée, semblaient déjà très au fait de leur rôle et de leurs obligations. De leurs dus, aussi. Ils ne se laisseraient pas abuser par le premier venu, et le vicomte de Crots en fut rassuré pour eux et pour leur famille.

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Alienor.
[Lyon – Hostel de Macquart]

Frère, sœur et amis n’avaient guère eu le temps de se retrouver que déjà l’on affluait dans la tanière lyonnaise des Dragons de Macquart. Les arrivées se succédaient, apportant les unes après les autres de nouveaux hôtes de marque. Aliénor fut ravie de revoir le vicomte de Crots avec qui elle avait fait le voyage de la vallée du Guil jusqu'à la capitale. En voyant la belle baronne de Marsanne au bras du Goupil, elle ne put s’empêcher d’afficher un sourire satisfait. Ainsi elle avait vu juste... Elle ne manqua pas de saluer comme il se devait ceux qu'elle espérait désormais compter parmi ses propres amis et pas seulement ceux de sa mère.

Mais elle fut bien vite tirée de ses autocongratulations mentales pas une voix qu’elle aurait reconnue entre mille.


Bonjour petit ange.

Son cœur fit un petit bond de joie, un large sourire éclaira son visage et elle fut prise de l’envie de se jeter dans les bras protecteurs de son parrain adoré. Envie qu’elle réfréna aussitôt car un tel comportement eût été parfaitement contraire aux bonnes manières. Elle s’inclina dans une légère et gracieuse révérence avant de le saluer d’une manière mêlant à la perfection bienséance, fierté et soupçon de reproche.

Gouverneur... mon Parrain...

Elle aurait volontiers continuer à le taquiner si un homme d'une belle stature n'était pas entré à ce moment là. Regard interrogateur. Mais qui diable était-ce donc ? Manifestement, il connaissait François et cela semblait réciproque. A en juger par les armoiries qu'il arborait, il devait s'agir d'un des fidèles de la famille de Macquart. Il lui faudrait questionner son ami à ce sujet. Mais l'instant n'était manifestement pas propice aussi se contenta-t-elle d'adresser un signe de tête courtois et un léger sourire à cet inconnu si élégamment vêtu.

La Damoiselle d'Avencourt avait le coeur et l'esprit gonflés d'espoir à la vue de cette noble assemblée qui s'était rassemblée là. Non, ni sa mère ni le preux Charles de Macquart n'avaient sombré dans l'oubli. Oui, nombreux étaient ceux qui s'inquiétaient de leur infortune. Cette réunion, le retour attendu de François et celui inespéré d'Enguerrand, tout ceci ne pouvait assurément qu'un être un signe qu'adressait le Très Haut aux trois jeunes héritiers. Leurs parents allaient revenir, elle en était convaincue. Et le jour de la délivrance était proche. Il ne pouvait en être autrement.

Aliénor se tourna alors vers François. Elle posa son regard sur lui et malgré la solennité du moment, un sourire aussi tendre que béat se dessina brièvement sur ses lèvres ; seuls ceux qui lui étaient proches auraient pu le remarquer. Mais elle se reprit aussitôt et lui dit à voix basse :


Je crois, mon très cher ami, qu'il n'est guère utile d'attendre plus longtemps avant de commencer. J'informerai moi-même le Seigneur de Mont-Dauphin lorsqu'icelui sera de retour en ses terres. Qu'en pensez-vous ?
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Enguerrand.
L'hostel de la famille de Macquart était magnifiquement décoré, on était bien loin du confort spartiate de la forteresse de Ryes et de la pluie continuelle de la Normandie. Pourtant Enguerrand aurait tout donné pour ne pas avoir à revenir dans son cher Dauphinois en de telles circonstances. Mère et Carnil disparus, Aliénor qui semblait aussi intéressée par le jeune prétentieux que par l'absence maternelle, les autorités locales ne semblaient pas se préoccuper de la situation et très peu de courriers avaient été échangés, tout ceci n'aidait en rien le Vicomte de Maubec à comprendre qui était toutes les personnes qui arrivaient sans fin et l'état de l'affaire qui semblait tous les lier.

Soudain, le soleil s'éclaircit quand une ravissante jeune femme, la plus belle qu'il est jamais vu même, ne franchisse la porte du château. Le cœur du garçon tambourina à tout rompre dans sa poitrine face à une telle vision enchanteresse. Ses yeux bleus s'ouvrirent tandis que sa bouche se mit à sourire mécaniquement.


Le bonjour, je suis heureuse de vous revoir.

Oh parlez encore ! Le simple son de sa voix fit disparaitre la réalité en un instant, plus rien d'autre n'existait.

Malheureusement ce moment ne dura pas... l'homme qui l'accompagnait ne cessait de dévisager l'escuyer, ce qui perturbait au plus haut point ce dernier. Que pouvait-il bien y avoir ? Il n'est pas convenable de scruter ainsi les gens, d'autant plus quand on ne sait pas de qui il s'agit. Les règles de politesse et de bienséance se perdaient...

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François.de.macquart
[Lyon, Hostel de Macquart, à la fin de l'été]

Les hôtes arrivaient les uns après les autres dans le grand salon. L'ambiance chaleureuse qui se dégageait de la tapisserie, azur et or, prenait toute son importance pour cette réunion. Cela aidait le jeune de Macquart à ne point se laisser aller au désespoir. Dans ce duché comme de par le Royaume, il y avait des hommes qui se souciaient encore du sort de ces deux anciens Gouverneurs du Lyonnais et Dauphiné. Il ne pouvait, il ne devait pas se laisser aller à la morosité. Non, il devait même faire preuve de force face à eux, leur montrer sa gratitude, afin qu'ils n'abandonnent pas l'espoir qui subsistait malgré le temps qui s'écoulait inexorablement.

Chaque domestique de la maison de Macquart donnait également le meilleur de lui même, faisait preuve du plus grand dévouement envers François. Il était également là l'espoir pour cette maison. Ce jeune érudit, à la plume affinée, au verbe bien pesé et au bras vaillant, prenait peu à peu la place du duc d'Hostun et s'en montrait digne. La lignée ne s'éteindrait donc point si d'aventure le preux ne revenait jamais d'Italie.

François tentait de profiter de la présence des jeunes d'Avencourt. Il le savait, les destins de ces deux familles étaient liés depuis le jour de la rencontre entre Aymon et Charles. Il sortit cependant de ses pensés et accueillit chaleureusement le Vicomte de Crots et sa resplandissante promise.


" Monseigneur Jean Zwyrowsky, Vicomtesse de Marsannes, il est bienheureux de compter de vostre présence icelieu. Je vous en prie, prenez place parmi nous, les invita-t-il en leur désignant un fauteuil fort joliment sculpté. Bienvenue en l'hostel de la famille de Macquart. "

Cela fait, il remercia discrètement du chef le majordome qui s'en retourna vaquer à ses occupations. Entre temps on apporta les divers parchemins que le jeune Seigneur des lieux avait demandé, et de l'hypocras fut servit. Le Gouverneur ne tarda alors pas à honorer de sa présence l'assemblée entière. Le jeune de Macquart mit un instant à réagir. L'image de cet homme, valeureux, et portant avec fierté et droiture les armes du duché le renvoyant à l'image de Charles de Macquart lorsqu'icelui était lui même gouverneur. Cela remontait à bien des années à présent, et François alors petit, n'en avait qu'un très vague souvenir. Mais cela fut suffisant pour le troubler en cet instant.

Ils étaient là, tous les deux, père et fils, profitant de la présence de l'autre. Charles donnait ses premières leçons à François -alors tout juste âgé de cinq printemps- qui en était avide. Chevalier comme son père il se disait déjà vouloir devenir, " Foi de macquart ! ". Doucement il se replongeait dans l'une de ces scènes dont il était tant nostalgique. Il lui avait tant enseigné finalement, il lui avait laissé le plus riche des héritages, le savoir et la vertu.


- " Jeune De Macquart, merci de m'avoir convié en ces lieux. "

- " Gouverneur, répondit précipitamment le jeune hardi revenant d'un voyage de dix années en arrières, soyez assuré de ma plus profonde recognoissance à l'égard de vostre personne. Sachez que c'est un immense honneur pour moi et nostre maison de vous recevoir. "

Il observa alors attentivement le Seigneur de Meyrieu saluer le Vicomte de Maubec et sa filleule. Le fait que le Duc d'Hostun et lui même soient tous deux des vassaux d'Enguerrand, et cette ressemblance qu'il avait perçu était-il un hasard? Il n'eut pas le temps de réfléchir d'avantage à la question. Le Seigneur de Saint Nazaire en Royans faisait son entrée. Grégoire, un fidèle de la famille, un homme dont François voulait se rapprocher.

- " François de Macquart... Enfin je vous vois... j'ai fais au plus vite pour venir icilieu ! "

- " Seigneur de Sainct Nazaire en Royans, soyez remercié comme il se doict pour vostre célérité. Sachez que j'étais également impatient de vous rencontrer. J'espère que nous aurons la possibilité de nous entretenir et converser en privé. Mais je vous en prie, prenez place, le moment est venu de nous enquérir du sort de vostre suzerain et de la Vicomtesse de Guillestre. "

Il rejoignit alors sa place, au centre de cette noble assemblée, entre les jeunes d'Avencourt. Il observa chacun des visages à présent tourné vers lui, visiblement impatient. Il attendait cependant encore l'arrivée de Dauphiné qui avait été mandé. Aussi s'apprêta-t-il à combler le silence, mais il fut interrompu par un murmure de la délicieuse et rayonnante Aliénor d'Avencourt.

" Je crois, mon très cher ami, qu'il n'est guère utile d'attendre plus longtemps avant de commencer. J'informerai moi-même le Seigneur de Mont-Dauphin lorsqu'icelui sera de retour en ses terres. Qu'en pensez-vous ? "

Le Seigneur de Mont-Dauphin était en effet Vassal de Francesca Amalya. Le jeune homme acquiesça d'un léger sourire, et lui souffla discrètement sa réponse.

" Je suis en tout poinct de vostre avis très chère Aliénor. Si vous me le permettez, je vous serai gré de lui transmettre les parchemins qui lui sont destinés. "

Il s'adressa alors à l'ensemble des nobles réunis.

Gouverneur, Messeigneurs, Baronne, Seigneurs et damoiselle, je vous remercie de vostre visite. Sachez, et je pense que le Vicomte de Maubec et la damoiselle d'Avencourt acquiesceront, que vostre soutien mutuel nous est haultement réconfortant. Nous étions pour l'heure dans l'inconnu depuis la disparition de la Vicomtesse de Guillestre. Je vous informe que nous en savons à présent d'avantage. En effet, un messager venant d'Italie a porté quelques rouleaux destinés à certains d'entre vous. Ils ne sont ponct récents, vous en comprendrez la raison, mais cela nous permettra éventuellement de discuter d'éventuelles mesures à prendre.

Je vais à présent vous faire lecture du parchemin destiné à Jehan, nostre surintendant.


Au Surintendant de la Maison de Macquart,

Jean Eudes, Hugues et moi mesme avons faict une halte à Cuneo, dans le Piemont. J'y connoy un Chevalier qui nous a accordé l'hospitalité. Je profite de la présence de physiciens pour soygner mes douloureux souvenirs du front artésien. D'après leurs dires, il s'en est fallu de peu pour que je ne trépasse de mes blessures. Mais je ne vais poinct rentrer dans le détail. Le temps nous est compté. Nous avons pris du retard sur les ravisseurs de la Vicomtesse à cause de mon piestre étact. J'ai d'ailleurs contracté une dette de dix mille écus auprès de nostre hoste, Sire Guy de Bonnefoy. Si jamais je ne suis poinct revenu l'hiver prochain, il faudra envoyer des hommes honorer ma dette.

D'après recoupement des divers renseignements obtenus jusque là, il sembleroy qu'il s'agisse de deux mercenaires, à la solde d'une riche noble. Je n'ai que peu de renseignements sur le ravisseur. Une noble rousse qui les paye très généreusement. Nous ne cognoyssons poinct encore leur destination. Concernant les deux mercenaires, il seroy intéressant d'interroger les villageois habitués des tavernes en nostre province. Il est encore possible d'en savoir d'avantage sur leurs projets. L'un des deux seroy de grande taille, relativement asgé. Cela se remarque par sa longue chevelure grisastre. Son comparse est plus petit, assez fort, et contrairement à son homologue, semble estre assez jovial. Il auroy tendance à parler après avoir englouti un tonneau de vinasse.

Je joins à ce courrier diverses missives adressées à Azdrine de Pardaillec, Pisan de Blainville, Anthony de Massigny, Leg di Cesarini, Aliénor et Enguerrand d'Avencourt, Gregoire de Sainct Nazaire en Royans, ainsi qu'à mon fils. Faictes leur parvenir au plus vite. Je joins également mon allégeance au nouveau Gouverneur, Elorane. Si jamais elle ne portait plus la couronne à l'arrivée du messager, veuillez la transmettre à « Dauphiné ».


Le jeune Seigneur remis alors les parchemins destinés aux personnes présentes.

Afin d'attester l'authenticité du présent document en date du XXII juin de l'an de grasce MCDLVI, rédigé à Cuneo, Italie, j'appose mon scel.

Puisse le Très Hault veiller sur le Lyonnais et Dauphiné en mon absence,

Le Chevalier Charles de Macquart, Duc d'Hostun, Baron de Rochechinard, Seigneur d'Artas et Officier Royal.


La lecture faite, il s'adressa alors de nouveau à son auditoire en son propre nom.


" Je vais à présent vous laisser le temps de lire vos propres missives. Nous pourrons alors recouper les différents renseignements utiles et en discuter. "

Il se frotta alors doucement le menton, s'amusant avec sa barbe naissante, avant de plonger ses lèvres dans son gobelet d'hypocras.
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La fin de Carnil ici
Freyelda
[Un jour... quelque part...]

Dans sa geôle florentine, Freyelda attendait. Quoi au juste ? Elle-même ne savait plus trop. Une délivrance, sans doute, quelle qu’elle fût. Un preux chevalier ?… Elle essayait encore d’y croire mais son espoir à ce sujet jadis si ardent, s’était désormais réduit à une minuscule flamme vacillante. Un geste de bonté de celle qui l’avait jetée là ?... Un miracle ?... La mort ?... Pourquoi pas…

Amaigrie, affaiblie, amoindrie, malade, la vicomtesse de Guillestre n’était plus que l’ombre d’elle-même. Son teint de lait s’était fait blafard, de profonds cernes étaient apparus sous ses yeux, ses joues s’étaient creusées. L’âge ne l’avait même pas rattrapée, non, il l’avait dépassée : des rides s’étaient prématurément dessinées aux coins de ses yeux vides, des nombreux fils d’argent s’étaient tissés dans sa chevelure d’or.

Elle avait perdu toute notion du temps. Depuis combien de temps l’avait-on arrachée aux siens ? Des semaines ? Des mois ? Des années ? Il lui semblait que cela faisait des siècles. Aliénor et Enguerrand… quel âge avaient-ils maintenant ? Etaient-ils en bonne santé et en sécurité ? Car sa geôlière l’avait prévenue : elle savait où se trouvaient ses enfants, particulièrement sa fille, qui serait encore plus facile à enlever qu’elle-même. A la moindre tentative d’évasion, à la moindre tentative de suicide, l’impitoyable sorcière rousse s’en prendrait directement à eux et particulièrement à sa précieuse aînée subirait un sort encore moins enviable que le sien.

Freyelda repensa à ce jour où les dénommés Martel et Krager avaient fait basculer sa vie. Le voyage n’avait pas été de tout repos : les deux mercenaires étaient visiblement pressés de toucher leur faramineuse récompense. A plusieurs reprises, ils lui avaient bandés les yeux afin qu’elle ne sache rien de leur destination. Hormis cela, elle avait été tout à fait bien traités : en d’autres circonstances, elle aurait même trouvé la compagnie de ce Martel acceptable voire intéressante.

Mais la situation avait changé du tout au tout une fois qu’elle fut « livrée ». Elle avait été jetée dans une chambre, certes point trop inconfortable, mais petite et faiblement éclairée. Elle avait été laissée là, trois jours durant, sans aucune explication ; les seules visites qu’elle avait reçues furent celles, brèves et silencieuses, des domestiques lui apportant à manger.

Puis une furie rousse était entrée dans la pièce, vociférant dans une langue qu’elle ne comprenait pas et la foudroyant du regard. A en juger par le ton employée par la femme entre deux âges qui se tenait devant elle et l’expression de son visage, ce n’était assurément pas des salutations de bienvenue qu’elle avait adressées à la captive. Et il y avait fort à parier, à la réflexion, qu’elle parlait italien.

De cette conclusion, Freyelda avait instinctivement fait le lien avec sa mère, qu’elle n’avait pas connue mais qu’elle savait italienne.


- Ne te fatigue pas à essayer de comprendre ce que je te dis, engeance bâtarde, lui avait lancé avec un accent très prononcé la rousse devant elle, car je connais ta langue.

- …

- Je me nomme Maria-Catharina di Bardi, sœur de Lucrezio di Bardi. Son épouse se prénomme Francesca…

La dénommé Maria-Catharina avait alors adressé un sourire narquois à sa prisonnière qui lui avait répondu, d’un air résigné.


- Francesca Bellini, j’imagine…

L’italienne fit une petite moue légèrement dédaigneuse.


- Ma foi, tu as l’air d’être moins sotte que ta génitrice. Aussi, je pense que tu as compris la raison de ta présence ici.

La vicomtesse de Guillestre avait détourné le regard.


- A vrai dire, je n’en comprends pas le détail, non. A ma connaissance, votre famille a tout fait pour faire disparaître de la surface de la terre toute trace de la mienne… Qu’ai-je donc fait ?

La réponse fut cinglante de mérpis.


- Tu es née.

Si cela n’avait pas été aussi inconvenant, il ne faisait nul doute que la di Bardi aurait craché par terre pour accompagner du geste ses propos.


- Tu es née, tu as survécu et non contente de cela, tu t’es mariée et pire encore, tu as fait carrière. Oh comme tu as du avoir fière allure avec ta couronne de duchesse sur la tête ! Que tu devais être fière de signer des traités d’alliance avec ces chiens de milanais ! Seulement voilà, à cause de cela, le nom de Francesca-Amalya d’Avencourt, et d’ailleurs je ne sais par quel miracle tu l’as retrouvé… Ton nom disais-je est parvenue jusqu’aux oreilles de ma stupide belle-sœur. Dès lors, elle n’a eut qu’une idée en tête : partir te retrouver. Et après… qui sait… rester auprès de toi ou pire, je ne sais pas, te ramener à Florence peut-être ?

Maria-Catharina adressait alors un regard véritablement haineux à l’infortunée dauphinoise. Freyelda, elle, avait les yeux écarquillés. Sa mère… Sa mère… Elle était en vie !

- Notre famille a déjà suffisamment de soucis comme cela pour qu’une pauvre folle écervelée ne jette un peu plus l’opprobre sur notre nom en faisant ressurgir toutes ces vieilles histoires. Aussi me suis-je permise de prendre les devants et d’envoyer ces deux mercenaires te chercher pendant que ta pauvre imbécile de mère tentait vainement de préparer secrètement sa fuite.

Le sourire de la geôlière s’était fait satisfait, victorieux même.

- Maintenant, je te tiens, elle le sait. Elle n’a plus besoin de partir à l’aventure pour retrouver le fruit de ses passions de ribaude. Et si elle ne veut pas qu’il t’arrive quoi que ce soit, et si elle veut conserver l’espoir, d’un jour, te rencontrer, elle sait qu’elle n’a plus qu’à se tenir tranquille et à se taire… Sa famille était immensément riche, elle en était la seule héritière, c’est bien la seule raison pour laquelle mon frère, à qui on l’avait promise, a envoyé des hommes la retrouver, la débarrasser de ton père et de toi. Puis il l’a épousé et va comprendre pourquoi mais il s’est amouraché de cette catin. Sinon, tu penses bien qu’il y aurait longtemps que je me serais débarrassée d’elle.

Francesca-Amalya avait alors senti le désespoir s’abattre un peu plus sur ses épaules. La situation était cauchemardesque ; le piège se refermait toujours plus implacablement sur elle. Elle n’avait pas même trouvé la force de simplement penser à faire taire cette sorcière qui vomissait tout son fiel sur ses parents. Sa « tante », puisqu’il en était ainsi, l’avait ensuite laissée là, quittant la pièce dans un rire sardonique.

La discussion avait été aussi instructive qu’insultante et contre toute attente, elle avait donné à la vicomtesse un espoir égoïste, inespéré, comme un signe d’Aristote qui lui disait que tout cela n’était pas vain. Elle avait alors prié ardemment, égocentriquement, pour que le Très-Haut vienne en aide aux deux Francesca.

Après quelques jours, semaines, mois ou années, elle n’aurait su le dire, la porte de sa « chambre » s’était ouverte, tout doucement ; une femme y avait timidement pointé le bout de son nez. Elle devait avoir une cinquantaine d’années mais l’âge n’avait pas encore tout à fait terni sa beauté : elle avait du être splendide dans sa jeunesse. La chevelure blonde aux puissants reflets cuivrés, presque rousse ne trompa pourtant point Freyelda lorsque son regard croisa les yeux d’émeraude de sa visiteuse.

Instantanément, elle avait su.

La femme s’était approchée d’elle, les bras tendus et tremblants, le visage trempé de larmes non retenues.


- Mia piccola, mia piccolina…

Freyelda s’était levée et avait précipitamment couru vers sa mère qui s’effondrait sous l’émotion. Mère et fille, qui se retrouvaient pour la première fois depuis une trentaine d’années, restèrent un long moment, par terre, à genoux, pleurant dans les bras l’une de l’autre.

Le français de la mère n’était pas des meilleurs, certes, mais les deux femmes avaient su trouver les mots, les gestes et les regards pour se comprendre. Mais la conversation qui avait suivi leurs retrouvailles n’appartient qu’à elles seules. Aussi, laissons-les. Ici, sur cette ligne laissée vierge, les deux Francesca se retrouvent…


la ligne laissée vierge a écrit:


Bien des jours, des semaines, des mois plus tard, le souvenir de cette seule et unique rencontre était, avec l’espoir de revoir ses enfants et un certain preux chevalier, ce qui permettait encore à la Vicomtesse de Guillestre de ne pas sombrer totalement dans le désespoir. Et pourtant… pourtant… Freyelda, physicienne de renom, n’avait pas été longue à le remarquer : Francesca l’Ancienne était souffrante et les jours de sa mère étaient comptés. Par conséquent, les siens aussi. Quel intérêt, en effet, de garder la fille en vie si la mère n’est plus ? Chaque jour qui passait lui semblait être le décompte d’un sinistre compte à rebours.

Le soleil amorçait à peine sa descente lorsque Francesca-Amalya se coucha. Elle était encore fatiguée par cette forte fièvre dont elle avait eu tant de mal à se débarrasser ces derniers jours. Elle ne sut pas pourquoi mais ce soir, elle s’endormit paisiblement et ce pour la première fois depuis son enlèvement.

La délivrance, quelle qu’elle fût, était proche…

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Zwyrowsky
[Hostel de Macquart, toujours à la fin de l'été]

Jean Zwyrowsky reposa la missive que lui avait adressé Charles de Macquart, et que venait de lui remettre son fils. Son regard était grave, comme le ton dont il exprima son avis.

Cher François, avez-vous pu obtenir d'autres nouvelles de votre père? Car ce que je lis là, et les mots que vous avez parcourus pour nous dans votre lettre, tous semblent dater de juin. Nous sommes en septembre. Qu'a t'il pu se passer depuis? Je vous avoue mon inquiétude si rien d'autre ne vous est parvenu...

Et quoique votre père ne le souhaite, je serais assez enclin à entreprendre une chevauchée, non point forcément pour le secourir, mais du moins pour lui assurer des arrières dont nous ignorons tout. Le retrouver ne devrait pas poser trop de difficulté: il parait clair que le duc Charles s'est appuyé sur les différentes commanderies et relais du Temple.

Qu'en pensez-vous?


Il regarda autour de lui, Aliénor, le jeune d'Avencourt, sa fiancée, le Gouverneur, le sire de Saint-Nazaire... Peut-être avaient-ils dans les courriers qui leur étaient destinés d'autres information?

Au fond de lui, une autre idée se faisait jour, beaucoup plus intime, qui le troubla un instant, le temps qu'on lui réponde.

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Carnil
[Italie, fin de l'été]

La chaleur s'était faite de plus en plus écrasante à mesure qu'ils s'étaient enfoncés dans les terres de Toscane. Il leur avait été aisé, une fois débarqués à Pisa, de suivre l'escorte de la prisonnière. Ils avaient pris le bateau à Genova, quelques heures après les ravisseurs. Les informations qu'avaient recueillies par hasard les deux sergents d'armes sur le port la veille de l'embarquement s'étaient révélées capitales pour la poursuite. Ils avaient alors profité de leur périple sur la Mer Méditerranée pour se reposer et rédiger quelques nouvelles pour leurs proches.

C'est donc à distance raisonnable qu'ils avaient, une fois sur la terre ferme, suivi la petite armée de mercenaires qui se rendait à Firenze. Ils avaient pu, à de rares occasions, entrapercevoir la Vicomtesse de Guillestre, mais n'avaient jamais eu l'occasion de s'en approcher ou d'intervenir, ce qui n'avait fait qu'accroitre leur frustration, et plus particulièrement celle du Preux. Elle leur avait semblait être faible et fatiguée, mais bien traitée tout de même. Cela leur avait semblait être le plus important à ces divers moments.

Ils s'étaient finalement résolus à se déplacer au rythme du cortège, suivant l'Arno qui leur apportait hygiène, eau et poissons de rivière. Il ne s'était pas écoulé un seul instant sans que l'un d'entre eux ne guette une éventuelle faille dans le dispositif de la lourde escorte de l'ancien Gouverneur du Lyonnais et Dauphiné. Mais le Chevalier de Macquart avait surtout passé son temps à s'interroger sur le sort réservé à Francesca une fois qu'elle aurait été menée à destination.

Deux jours avant leur arrivée à Firenze, Charles avait envoyé Jean Eudes en éclaireur. Une personne déjà présente -avec une connaissance parfaite de la langue- dans la ville au moment de leur entrée aurait pu s'avérer être un avantage. Il lui avait également demandé de rentrer en contact avec la commanderie d'hospitaliers en vue de l'évolution de la situation. L'entrée dans Firenze s'était produite en pleine nuit, en toute discrétion.

L'escorte avait visiblement été attendue, et la voiture dans laquelle avait été retenue Francesca Amalya s'engouffra rapidement à l'intérieur des murs fortifiés. Seul le claquement de la grille se refermant lourdement sur les pavés, avait retenti dans la nuit claire. Assurément, les propriétaires des lieux étaient riches et puissants. Les espoirs de réussite étaient donc apparus plus faibles à cette confirmation, mais cela n'avait pas suffit à décourager le Baron de Rochechinard.

Ce dernier, accompagné de son sergent d'armes, avait après cela rejoint Jean Eudes. Tous trois s'étaient rendus à la commanderie où ils reçurent l'hospitalité pour toute la durée de leur séjour. Ils avaient alors eu loisir d'élaborer la meilleure solution qui s'offrait à eux. Charles avait longuement négocié avec le commandeur hospitalier de Firenze. Il s'était révélé que toute participation des chevaliers et hommes d'armes de l'ordre était exclue. La Maison « Di Bardi » était l'une des plus puissante de la province, et était l'une des plus grande donatrice au pouvoir spirituel. L'ancien Templier avait cependant réussit à obtenir une escorte jusqu'à Vars en cas de réussite.

Le sergent d'armes ayant passé son enfance en Italie, s'était alors vu assigner la mission d'infiltrer la garde, ce qu'il avait fait avec brio. Il avait rapidement gagné la confiance de ses supérieurs et de ses camarades, recueillant ainsi tous les renseignements nécessaires pour mettre en place une opération d'extraction forcée. Celle-ci fut organisée pendant des semaines, après leur arrivée. Il avait fallu du temps pour la mettre en place et réduire autant que possible les risques d'échec. Tout avait été pensé, dans les moindres détails.

Tout se déroula sur une petite heure, une nuit sans lune. Jean Eudes était de faction et il facilita l'infiltration du Duc d'Hostun. Hugues quant à lui, constituait le renfort et la diversion au cas où le plan ne se déroulait pas comme prévu. Charles, revêtant une armure de la garde, rejoignit Jean Eudes juste avant que celui-ci, en compagnie de son camarade, ne monte sa faction devant la cellule de Francesca Amalya. Un puissant coup sur la tête avait suffit pour que Charles assomme le garde italien accompagnant son sergent d'armes. La relève s'effectua ensuite sans problème apparent. Il eut été possible de retranscrire la conversation, mais peu aurait pu en comprendre le sens et l'étrange dialecte. Le plus difficile dans ce genre d'opération, était de conserver une allure, un ton, une démarche naturels. Ils patientèrent quelques instants avant d'ouvrir la cellule de Francesca. Jean Eudes fit le guêt, tandis que le Preux dragon alla réveiller la Baronne de Saint Firmin.

Elle était endormie, recroquevillée sur elle-même sur sa couche. Il faisait sombre et l'ancien Maréchal d'Armes de France ne prit point le temps d'observer la cellule dans le détail. Il s'approcha lentement et s'accroupit afin de pouvoir lui parler dans un murmure. Cela faisait des mois qu'il n'avait vu son visage, avant son départ pour l'Artois où il avait croisé le fer avec les félons. Elle avait tant changée...Il glissa sa sénestre sur son visage amaigri, tandis que sa dextre caressait ses cheveux un peu blanchis. Puis il déposa un léger baiser sur ses lèvres avant d'approcher les siennes de son oreille.


- " Freyelda...Réveille-toi ma chère, je t'en prie. Le temps est venu pour toi de partir d'icelieu. "

Les yeux de cette dernière s'ouvrirent lentement, et se posèrent sur ce visage qui lui était familier. Sa voix était faible et encore endormie lorsqu'elle s'adressa à lui en retour.

- " Charles ?... Ainsi donc, ça y est... Je suis morte, c'est cela ? "

- " Non ma très chère, tu es bien vivante, crois-moi. Tant que je ferai partie de ce monde tu seras, j'en ai faict le serment. A présent il nous faut nous haster, une longue route nous attend et elle risque d'estre difficile. Séant plus un mot je t'en conjure, nous aurons le temps pour tout cela plus tard. "

Le Duc la souleva de sa couche, et rejoignit son fidèle serviteur. C'était à présent à Hugues d'entrer en action. Ce dernier fit alerter la garde, à l'entrée du château, assisté d'une dizaine d'hommes grassement payé pour ce rôle. Le Seigneur d'Artas suivit alors Jean Eudes qui s'enfonça dans les couloirs. Ils se dirigeaient à présent vers les égouts, qui menaient à l'extérieur de la ville. Ils croisèrent deux gardes dont le sergent d'armes, profitant de leur surprise, s'occupa avec sa lame. Une fois dans le noir le plus profond, et en seule compagnie des rats, ils se dirigèrent vers la lumière qui avait un goût de liberté.


" Sire Chevalier, nous ne pensions pas que vous y parviendriez... "
les accueillit le chevalier hospitalier ayant en charge leur escorte.
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Freyelda
Une douce chaleur s’était emparée de Freyelda, un frisson de plaisir avait parcouru son échine lorsqu’elle avait senti la tendresse incarnée se poser sur ses lèvres… Lorsque ses yeux s’étaient ouverts, elle s’était trouvé face à un visage à la fois familier et étrange. Rêvait-elle ? Car c’était bien Charles qu’elle avait face à elle. Mais d’ordinaire, elle ne parvenait pas à se souvenir avec autant d’exactitude des traits de celui qu’elle attendait depuis si longtemps. Etait-ce un rêve… ou la réalité ?* Elle avait bien souvent rêvé de moments comme celui-ci ou de choses agréables du passé. Mais jamais elle n’avait ressenti telle plénitude ou pareil bonheur dans ses songes. Or cela ne se pouvait… cela faisait trop longtemps maintenant…

La conclusion était soudainement apparue. Aristote avait pris les traits de Charles afin de la conduire auprès du Très-Haut. Enfin, tout ceci était fini…


- " Charles ?... Ainsi donc, ça y est... Je suis morte, c'est cela ? "

- " Non ma très chère, tu es bien vivante, crois-moi. Tant que je ferai partie de ce monde tu seras, j'en ai faict le serment. A présent il nous faut nous haster, une longue route nous attend et elle risque d'estre difficile. Séant plus un mot, je t'en conjure, nous aurons le temps pour tout cela plus tard. "

Elle avait eu du mal à y croire mais s’était laissée porter et guider sans mot dire ainsi que le Duc d’Hostun le lui avait demandé. Elle était fatiguée, avait envie de dormir mais elle n’avait point sombré, voulant profiter de chacun de ces instants qui lui paraissaient irréels.

A bien y réfléchir, ce fut l’odeur putride des égoûts et le cri des rats qui achevèrent de la convaincre qu’elle ne rêvait pas plus qu’elle n’était en train de rejoindre les cieux. Elle s’agrippa de toutes ses maigres forces au cou de Charles et se mit à pleurer en silence dans les bras de celui qui avait tout quitté pour la sauver.

Leur fuite silencieuse s’était faite en toute discrétion et la disparition de la Vicomtesse de Guillestre ne serait sans doute constatée que le lendemain matin. Aussi devaient-ils se hâter et quitter la ville au plus tôt. Ils étaient attendus par des chevaliers hospitaliers qui leur avaient préparés de puissants chevaux. Mais la frêle dame d’Avencourt était dans l’incapacité physique de chevaucher, encore moins à vive allure. Elle partagea donc la monture de son preux chevalier, recroquevillée tout contre lui. Un étrange sentiment l’envahit alors : celui que rien ne pouvait désormais plus lui arriver.

A peine partis, elle ouvrit enfin la bouche :


- Charles… je… tu…enfin… je ne sais que dire… Tout cela… Elle marqua une petite pause avant de demander, le regard implorant. Aliénor ? Enguerrand ? Comment vont-ils ?

Il balaya ses inquiétudes dans un sourire.

- A l'heure actuelle François doit déjà être auprès d’Aliénor depuis un bon moment et et Enguerrand doit être sur la route du retour pour le Dauphiné, s'il n'est pas déjà arrivé. La guerre est finie, les soldats devraient être rentrés maintenant. Ta fille est en sécurité.

Ils chevauchèrent toute la nuit et toute la journée suivante sans s’arrêter, afin de rejoindre sans tarder un monastère hospitalier situé au fond de la campagne toscane. Arrivée là-bas, Freyelda s’écroula littéralement. Elle était exténuée. Lorsqu’elle se réveilla le lendemain matin, elle avait la sensation que l’on était resté à son chevet toute la nuit à veiller sur elle.

Le plan de la fuite fut fixé : ils chevaucheraient aussi rapidement que leur permettraient leurs montures, escortés par quelques hospitaliers et iraient ainsi de monastère en monastère jusqu’à la frontière dauphinoise. Pour l’instant, Francesca-Amalya était trop faible pour chevaucher seule, surtout à si vive allure. Charles la prendrait donc avec lui ; Jean-Eudes avait fabriqué un astucieux système de fortune avec des sangles afin que le Chevalier n’eût point à se soucier sans arrêt de retenir Freyelda tout contre lui. Cela permettrait également à la vicomtesse de dormir un peu à l’occasion.

Aussitôt dit, aussitôt fait, ils repartirent sur le champ. La seconde étape se fit deux jours plus tard. L’accueil fut chaleureux et prévenant, surtout envers la petite dame blonde au visage encore émacié. On lui fit préparer la chambre la plus confortable de l’établissement religieux. Ce soir là, elle venait se coucher après s’être défaite de la plupart de ses vêtements, laissant apparaître sur ses bras nus les marques encore visibles des coups qu’elle avait reçus de temps à autre. Elle s’apprêtait à souffler sur la bougie lorsque l’on frappa à la porte. Elle sursauta et remonta ses draps jusque sur le bout de son nez, à la manière d’une enfant.

- Oui ?...

Ce fut Carnil qui apparut dans l’encadrement de la porte.

- Charles ?... demanda-t-elle d’une voix un peu nerveuse. Que fais-tu là ?

- Je suis venu m’assurer que tout allait bien. Tu sais, ton sommeil est un peu agité…

Ainsi donc cette présence, l’autre nuit, c’était lui. Comment pouvait-il en être autrement ? Les sourcils du Duc d’Hostun se froncèrent lorsque son regard se posa sur les ecchymoses sises sur le petit morceau d’épaule qui dépassait des draps.

- Frey… dit-il d’un ton triste et empli de compassion. Non… Frey…

Le massif chevalier referma la porte et traversa la chambre en deux enjambées. Il s’assit sur le lit pour refermer doucement ses bras autour du corps malmené de sa vassale. Tous deux restèrent ainsi pendant de longues minutes, la gêne de l’une et la culpabilité de l’autre s’envolant progressivement pour ne laisser la place qu’à la douceur, à la tendresse… à l’amour aussi.

Ce qui se passa ce soir là dans cette chambre d’un monastère hospitalier italien, nul ne le sut. Toujours est-il que le lendemain, un peu avant l’aube et la première messe de la journée, Charles de Macquart et Francesca-Amalya d’Avencourt s’étaient retrouvés à la chapelle, un prêtre non loin d’eux. Le serment qu’ils prêtèrent alors n’avait de valeur qu’aux yeux du Très Haut mais c’était là le plus important pour la Pieuse vicomtesse. Il serait bien temps de faire les choses en bonne et dûe forme une fois rentrés.

Le voyage continua ensuite, toujours aussi rapide mais Freyelda avait reprit un peu de force, ce qui lui permit, sur les derniers jours de leur folle évasion de chevaucher elle-même. Voilà plus de trois semaines qu’ils étaient sur les routes. Il ne fallait pas tarder : les di Bardi avaient sans doute lancé nombre de mercenaires à leur poursuite. Et surtout, il leur fallait franchir les Alpes avant la tombée des premières neiges.




* Un carambar à celui ou celle qui me trouve l’anime d’où c’est sorti ^^
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François.de.macquart
[Lyon, Hostel des de Macquart, à la fin de l'été]

Une longue réunion s'était tenue à Lyon cette après midi là. Elle s'était déroulée après la cérémonie d'allégeance au Gouverneur Walan, Seigneur de Meyrieu. Les convives étaient une grande partie de ceux qui avait reçu un vélin portant le scel de Charles de Macquart. Chacun avait fait lecture de sa correspondance ou bien avait fait part des informations recueillies. Au terme d'une longue discussion, l'assemblée en était venue à la conclusion que rien ne pouvait plus être entrepris pour apporter aide et soutien aux deux anciens gouverneurs. Aussi ceux qui en avaient la possibilité avaient-ils décider de guetter leur arrivée ou tout du moins le moindre petit signe de leur part.
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La fin de Carnil ici
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