Anne
La royale sosie ressentait chaque cahot du carrosse dans le bas des reins. Le voyage, long déjà de plusieurs jours, avait éprouvé la jeune fille et elle en venait à regretter le dur labeur des champs. Pour sûr, la pointe de nostalgie qui accompagnait ce souvenir venait idéaliser sa vie passée la rendant plus douce qu'elle ne l'avait été en réalité.
Son index dégagea le rideau masquant quelques rayons de soleil et de lourds nuages gris. Dehors déjà, les petites gens s'activaient : des uns menaient vigoureusement les vaches à leur pré, des autres marchaient à pas prestes pour certainement rejoindre le village voisin. L'équipage n'était plus très loin de la Baronnie de Creil. Les chevaux foulaient peut être même déjà la propriété. La Baronnie de Creil Avant que le Connétable Watelse ne lui en parle, elle n'en avait jamais entendu parler. Quelques vallées boisées propres aux terrains de chasse, un temps humide à attraper la mort, et une hauteur de ciel ressemblant aux nefs des cathédrales : infinies.
Un paysage maussade, mais digne dans sa tristesse prononça la brune pensivement, sans vraiment chercher à engager la conversation avec ses accompagnants. Et cette tournure de phrase la fit à moitié sourire car cela aurait pu être une parole prononcée par son professeur, et démontrait le chemin parcouru dans son éducation depuis son accession fictive au trône chypriote.
Le doigt s'attarda sur la broderie d'un blason ornant le rideau. La croix d'or de Chypre, mêlé aux lions de Jérusalem. Ou bien était ce l'inverse, elle n'arrivait jamais à retenir le symboles de ces deux endroits. Deux endroits sur lesquels on allait bientôt la questionner, et qu'elle devrait feindre de connaitre sur le bout des doigts. Elle en avait appris l'histoire, s'était imprégnée des coutumes, en connaissait assez la langue pour dérouter un éventuel suspicieux, allant même jusqu'à singer l'accentuation des insulaires.
Disparu, l'accent breton. Effacés, les jurons des gens de peu. Sa bouche faisait barrière à toute trace de vulgarité. Et pourtant, elles sentait les innombrables mots de sa vie passée remonter à travers sa gorge, percuter sa glotte et sécraser contre ses incisives.
Regard lasse envers les personnes assises à ses côtés.
Ce paysage contrastait peu avec l'ambiance du carrosse. Le connétable Watelse l'avait accompagnée bien sûr. Austère compagnie que celle-ci . L'homme n'esquissait un geste que pour effleurer une mèche rebelle sur sa tempe, n'ouvrant alors qu'à moitié ses yeux. Sa bouche par contre restait définitivement close depuis leur dernière étape. Avait-il amené cette jeune noble de Ozta pour suppléer à son silence?
Le carrosse s'arrêta brusquement et, par devant, on entendait les cochers bousculer verbalement quelques bergers empêchant leur passage avec leurs bêtes. Eclat amusé dans le regard de la brune qui tendit l'oreille vers l'échange verbal : on houspillait, on prenait Aristote en témoin, on levait le poing, on levait le fouet... Rien de bien violent, juste une représentation rapide de la dominance et de la servitude. Les bergers dégagèrent le passage aussi rapidement que la laine pousse sur le dos de leurs moutons, c'est à dire pas bien vite. Cette lenteur relative permit à la sosie de capter quelques mots, bribes difficilement intelligibles à cause de leur patois :
Creil-moi, creil-moi pas, une reine s'en vient don'!
Choune reine? Ch pas elle qui va m'en tondre les boucs, choune reine.
C'est tout au moins ce qu'elle comprit. Soupire. Le carrosse reprenait la route et ses membres criaient de nouveau au désespoir.
hrp : je laisse volontairement le temps que le carrosse arrive pour permettre aux autres joueurs dans le carrosse par exemple pour s'exprimer.
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Son index dégagea le rideau masquant quelques rayons de soleil et de lourds nuages gris. Dehors déjà, les petites gens s'activaient : des uns menaient vigoureusement les vaches à leur pré, des autres marchaient à pas prestes pour certainement rejoindre le village voisin. L'équipage n'était plus très loin de la Baronnie de Creil. Les chevaux foulaient peut être même déjà la propriété. La Baronnie de Creil Avant que le Connétable Watelse ne lui en parle, elle n'en avait jamais entendu parler. Quelques vallées boisées propres aux terrains de chasse, un temps humide à attraper la mort, et une hauteur de ciel ressemblant aux nefs des cathédrales : infinies.
Un paysage maussade, mais digne dans sa tristesse prononça la brune pensivement, sans vraiment chercher à engager la conversation avec ses accompagnants. Et cette tournure de phrase la fit à moitié sourire car cela aurait pu être une parole prononcée par son professeur, et démontrait le chemin parcouru dans son éducation depuis son accession fictive au trône chypriote.
Le doigt s'attarda sur la broderie d'un blason ornant le rideau. La croix d'or de Chypre, mêlé aux lions de Jérusalem. Ou bien était ce l'inverse, elle n'arrivait jamais à retenir le symboles de ces deux endroits. Deux endroits sur lesquels on allait bientôt la questionner, et qu'elle devrait feindre de connaitre sur le bout des doigts. Elle en avait appris l'histoire, s'était imprégnée des coutumes, en connaissait assez la langue pour dérouter un éventuel suspicieux, allant même jusqu'à singer l'accentuation des insulaires.
Disparu, l'accent breton. Effacés, les jurons des gens de peu. Sa bouche faisait barrière à toute trace de vulgarité. Et pourtant, elles sentait les innombrables mots de sa vie passée remonter à travers sa gorge, percuter sa glotte et sécraser contre ses incisives.
Regard lasse envers les personnes assises à ses côtés.
Ce paysage contrastait peu avec l'ambiance du carrosse. Le connétable Watelse l'avait accompagnée bien sûr. Austère compagnie que celle-ci . L'homme n'esquissait un geste que pour effleurer une mèche rebelle sur sa tempe, n'ouvrant alors qu'à moitié ses yeux. Sa bouche par contre restait définitivement close depuis leur dernière étape. Avait-il amené cette jeune noble de Ozta pour suppléer à son silence?
Le carrosse s'arrêta brusquement et, par devant, on entendait les cochers bousculer verbalement quelques bergers empêchant leur passage avec leurs bêtes. Eclat amusé dans le regard de la brune qui tendit l'oreille vers l'échange verbal : on houspillait, on prenait Aristote en témoin, on levait le poing, on levait le fouet... Rien de bien violent, juste une représentation rapide de la dominance et de la servitude. Les bergers dégagèrent le passage aussi rapidement que la laine pousse sur le dos de leurs moutons, c'est à dire pas bien vite. Cette lenteur relative permit à la sosie de capter quelques mots, bribes difficilement intelligibles à cause de leur patois :
Creil-moi, creil-moi pas, une reine s'en vient don'!
Choune reine? Ch pas elle qui va m'en tondre les boucs, choune reine.
C'est tout au moins ce qu'elle comprit. Soupire. Le carrosse reprenait la route et ses membres criaient de nouveau au désespoir.
hrp : je laisse volontairement le temps que le carrosse arrive pour permettre aux autres joueurs dans le carrosse par exemple pour s'exprimer.
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