Godin_le_messager
Dans un hôtel de Lyon.
Surveillée par son Connétable, Richard Watelse, le sosie de la reine sattabla à un bureau dune qualité plutôt moyenne. La plume levée au dessus du parchemin, elle attendait la dictée dune lettre qui marquerait un tournant dans sa destine. Près dun an sétait écoulé depuis la guerre avortée de Chypre * et le désaveu du roi de France envers la reine Eleonore 1ère **. Depuis, la petite cour entourant la reine Eléonore sétait peu à peu évaporée. Seul lui restait fidèle son Connétable, celui qui lavait choisie et façonnée pour interpréter ce rôle royal. Car elle nétait pas née reine.
Avant la rencontre avec le Connétable, la sosie nétait quune humble gardienne doie bretonne, vivement chichement et ayant pour seule volonté de se trouver un mari ayant quelques biens : une vache et deux poules auraient fait son contentement. Pour une guerre dont elle ne comprenait ni les rouages ni lampleur et à cause dune sensible ressemblance avec la souveraine dune île lointaine soudainement disparue, la gueuse sans éducation avait pris la place de la reine Eleonore. Mais pourquoi finalement? La guerre navait pas eu lieu. Lîle semblait sembourber dans des révoltes internes quaucun trône ne pourrait calmer.
Et elle restait là, ombre royal, prostrée dans une chambre dhôtel depuis de long mois. Elle avait connu avec son Connétable la fuite et diverses caches par craintes de tentatives dassasinat par le clan adverse. La guerre avait été évitée, mais les bisbilles familliales pour la conquête du trône demeuraient vivaces.
LAbbaye à laquelle elle sapprêtait décrire pourrait devenir une protection estimable. Ainsi le pensait le Connétable Watelse, ainsi lespérait la fausse reine.
La voix monocorde de Richard Watelse séleva dans la chambre et la sosie coucha ces mots sur le papier :
Surveillée par son Connétable, Richard Watelse, le sosie de la reine sattabla à un bureau dune qualité plutôt moyenne. La plume levée au dessus du parchemin, elle attendait la dictée dune lettre qui marquerait un tournant dans sa destine. Près dun an sétait écoulé depuis la guerre avortée de Chypre * et le désaveu du roi de France envers la reine Eleonore 1ère **. Depuis, la petite cour entourant la reine Eléonore sétait peu à peu évaporée. Seul lui restait fidèle son Connétable, celui qui lavait choisie et façonnée pour interpréter ce rôle royal. Car elle nétait pas née reine.
Avant la rencontre avec le Connétable, la sosie nétait quune humble gardienne doie bretonne, vivement chichement et ayant pour seule volonté de se trouver un mari ayant quelques biens : une vache et deux poules auraient fait son contentement. Pour une guerre dont elle ne comprenait ni les rouages ni lampleur et à cause dune sensible ressemblance avec la souveraine dune île lointaine soudainement disparue, la gueuse sans éducation avait pris la place de la reine Eleonore. Mais pourquoi finalement? La guerre navait pas eu lieu. Lîle semblait sembourber dans des révoltes internes quaucun trône ne pourrait calmer.
Et elle restait là, ombre royal, prostrée dans une chambre dhôtel depuis de long mois. Elle avait connu avec son Connétable la fuite et diverses caches par craintes de tentatives dassasinat par le clan adverse. La guerre avait été évitée, mais les bisbilles familliales pour la conquête du trône demeuraient vivaces.
LAbbaye à laquelle elle sapprêtait décrire pourrait devenir une protection estimable. Ainsi le pensait le Connétable Watelse, ainsi lespérait la fausse reine.
La voix monocorde de Richard Watelse séleva dans la chambre et la sosie coucha ces mots sur le papier :
Citation:
A la Mère Abbesse du Prieuré Sainte-Illinda en Guyenne,
Nous, Eléonore première de Sulignan, Reine de Chypre et Jérusalem, mandons à la vénérable demeure sacrée, le prieuré de Sainte-Illinda, protection et asile. Une guerre au trône fratricide sévit en notre contrée chypriote nous condamnant, notre souveraine Personne ainsi que mes suivants, à une fuite pour notre survie.
Dieu a toujours guidé nos actes. Cest donc vers le Très-Saint que nous tournons notre coeur et nous mettons notre royale survie entre Ses justes mains. La dévotion à Aristote dont font preuve vos moines est parvenue à nos oreilles. Si vous nous acceptez au sein de votre prieuré, Nous et nos sujets serviront humblement le Très-Haut.
Donné et scellé à Lyon, le 28e de Mai 1463.
A la Mère Abbesse du Prieuré Sainte-Illinda en Guyenne,
Nous, Eléonore première de Sulignan, Reine de Chypre et Jérusalem, mandons à la vénérable demeure sacrée, le prieuré de Sainte-Illinda, protection et asile. Une guerre au trône fratricide sévit en notre contrée chypriote nous condamnant, notre souveraine Personne ainsi que mes suivants, à une fuite pour notre survie.
Dieu a toujours guidé nos actes. Cest donc vers le Très-Saint que nous tournons notre coeur et nous mettons notre royale survie entre Ses justes mains. La dévotion à Aristote dont font preuve vos moines est parvenue à nos oreilles. Si vous nous acceptez au sein de votre prieuré, Nous et nos sujets serviront humblement le Très-Haut.
Donné et scellé à Lyon, le 28e de Mai 1463.
La science de lécriture restant faible chez la jeune sosie, le Connétable avait voulu une lettre courte. En son caractère de militaire, il aimait aussi que tout propos aille droit au but. La sosie royale posa la plume sur le bureau. Le Connétable se saisit du parchemin et confia le pli à son messager, Godin le Vif.
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