Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[Rp] De là où partent les bateaux chargés d'enfance.

Melusinedemalemort



Adieu les chemins… la route, les cailloux et ces mercenaires qui veulent sans arrêt vous enlever sous prétexte d'une rançon ! C'est ainsi qu'elle avait prit la route d'Annecy pour monter jusqu'à Bellay. Ecoutant distraitement elle avait surprit une conversation parlant de cette ville, de son accueil mais surtout de son port. Fermant les yeux elle imaginait cette vue imprenable sur la mer, quelque chose qui vous saisissait sans que vous n'en ayez pleinement conscience. Machinalement, elle avait trouvé le chemin de celui-ci, comme l'on cherche toujours à trouver ses origines. Le cœur commençait à s'agiter, imperceptiblement, et le souffle s'accélérait comme si tout à coup, elle ne maîtrisait plus rien.

Replongée quelques mois auparavant - c'était un lundi- qu'ils avaient prit la mer. Le petites chausses foulaient le bois du ponton, errant là un moment, semblable au fantôme d'un marin disparu, qui prisonnier des limbes attendra l'éternité le regard perdu sur son océan. Elle soupira, haussant les épaules, venant d'un bout de chausse faire voler un caillou, attendant l'inévitable son qu'il produira à la rencontre de l'eau.

Ploc.

Comme une évidence. Elle sourit, s'est amusé un instant avant d'arriver au bout du chemin. Elle s'assoit en tailleur le regard rivé sur l'horizon. Rien… Calme plat. A part cette voile qui s'éloigne sur les vagues si fines que l'on croirait des coups de craie. Elle ferme les yeux se mettant à siffler cherchant la caresse du vent qu'elle appelle comme le font les marins à bord des navires. Ses lèvres traduisent le réconfort qui s'installe lorsqu'une de ses mèches vient voler à la rencontre d'une douce caresse de celui-ci.

Elle y était… Sur cette voile qui s'éloigne au loin, et ça l'oppresse subitement, les souvenirs remontent bien trop nombreux comme l'on remonte une pêche miraculeuse. Et la mélancolie s'installe. Celle de la solitude du voyage, des trop longues journées et des interminables nuits. Elle se regarde levant la main doucement, agitant ses doigts fins pour saluer la fille qui s'en va. Loin. Très loin…. faisant ces adieux à celle qu'elle ne sera jamais plus. Adieu enfance. Au bord des iris inondées et de la vision troublée elle murmure ces chants oubliés que l'on récite à tue tête pour ne pas sombrer.

Légère, l'Altesse se lève pour prendre son envol avant de souffler fort, si fort que les voiles gonflées font disparaître rapidement la nave. La tranche de main plaquée sur l'arcade et les yeux plissés s'accommodant du départ elle fait rapidement son deuil de l'enfant qu'elle était. Voilà c'est fait. Elle inspire faisant perfuser l'air violement dans ses poumons et l'obligeant à tousser deux fois et de pester.

Et les chemins, encore et toujours, ceux là sont plus sûrs et attirent moins les aimables charlatans qui veulent vous aider à porter quelques bagages. De toute façon elle n'a rien dans les poches, la main plonge au fond de l'une d'elle vérifier -L'on n'est jamais assez prudent-. Et elle avançait d'un pas décidé cherchant à quoi elle allait employer son temps libre aujourd'hui. C'est ainsi qu'elle surprit quelques marins s'adonner à un transport de caisses étranges. Son cœur se met à cogner subitement. Là c'est sur ça n'est pas quelque chose d'habituel. Curiosité piquée au vif elle accélère le pas venant replacer à plusieurs reprises cette mèche qui vient lui barrer l'œil. Ah tu as fini de venir me cacher la vue oui ! Sinon tu finiras coupée, un point c'est tout. Et de venir plaquer l'insolente qui reste figée en crête sur ses cheveux légèrement décoiffés.

Les pas accélèrent encore et les chausses neuves viennent mordre le sol chauffé d'un radieux soleil. Non ! Mais partez pas si vite je n'ai que deux jambes moi… et petites en plus ! C'est bien ma veine. Elle lève les yeux comme à son habitude et marmonne encore un peu plus lorsqu'elle voit le convoi s'engouffrer dans un domaine. Et bien voilà, bravo ! Tu aurais pu aller plus vite quand même… je ne sais pas moi imaginer qu'on te courrait après ou… ça suffit oui ! Bon. Tiens un buisson… Elle empoigne une branche pour se frayer un chemin, furtive à travers les feuilles elle n'en perd plus une miette.



*Lily Kershaw- As it seems

_________________
Dacien_de_chenot


Ou penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles*


Il connaissait la route par cœur qui conduit d'Annecy à Chambéry, puis à Belley.
Combien de fois l'avait-il faite seul, tournant le dos aux contreforts du Semnoz pour rejoindre la capitale savoyarde, le plus souvent en forçant sa monture.
Il en avait été tout autrement cette fois, et tandis qu'il faisait mentalement ses adieux à la Venise alpine, son regard étréci jusqu'à se réduire à deux fentes prit le temps de se perdre dans une contemplation silencieuse.
Au loin, les dents du Lanfon semblaient déchiqueter un ciel d'acier que la fin août rendait imprévisible. Le temps changeait vite en cette saison, et les orages violents pouvaient éclater à tout moment. Il avait alors accéléré l'allure, pressé de mettre la Princesse à l'abri.
A Chambéry, le groupe s'était renforcé du Comte Cardevac d'Havrincourt et de son fils Alexandre jusqu'à Belley où ils avaient passé la nuit.

La cité belleysanne, outre sa forêt verdoyante, offrait l'avantage d'être traversée par le Rhône.
Et c'était une vie grouillante de ribayriers et bateliers, de débardeurs et de ribaudes qui s'interpelaient et se mêlaient dans une joyeuse cacophonie sous le regard du fleuve roy dont on oubliait les souillures.

Perdu dans des pensées chaotiques, le sergent d'armes avait laissé ses pas le conduire sur la rive un peu à l'écart de la foule.
Quand une barge à fond plat venait l'agiter, l'eau venait caresser la berge et déposer le cadavre d'un rat ou un morceau d'écorce flotté, amenant avec elle des remugles de vase.
Il se souvenait des leçons de son précepteur, lorsqu'il était enfant et que Maistre Haironthe lui racontait les fleuves et les océans. Était-ce parce qu'il était né en mer que l'eau exerçait sur lui son attrait ?
Il avait la sensation qu'un ailleurs porté par le vent venait, tel le chant des sirènes, chercher ce fils qui s'était égaré.

Le tintement de la cloche d'une rigue venant chercher sa cargaison de bois ou de laine le tira de ses chimères. Il la suivit des yeux jusqu'à son amarrage quand une étincelle attira son regard...
Il fronça les yeux pour s'assurer que la vision n'était pas l'effet de son imagination et son cœur bondit.

- Mais que diable....

En quelques enjambées il rejoignit les quais, se hissant sur la pointe des pieds pour ajouter quelques pouces encore à ses quelques six pieds, espérant y gagner assez pour retrouver la fauve chevelure étreint par l'angoisse du danger que courrait la Princesse à se promener sans escorte au milieu de ces traine-potence, pour qui le mets eut été de choix.
Sans doute avait-elle déjoué la surveillance de Coligny qui devait se ronger les sangs tandis que la jeune damoiselle partait découvrir le monde.
Pour l'heure il était bien trop inquiet pour s'attendrir. Il fendit la foule sans ménagement, hésitant à la héler par son titre afin de ne pas attirer l'attention sur sa personne, se contentant du petit surnom dont il usait parfois lorsqu'il était seul.

- Flor ? Flor ?...

Mais la petite fleur semblait s'être volatilisée.
D'un bond il sauta sur un ballot de peaux et la devina enfin qui s'éloignait du port.
Lorsqu'il la rejoignit enfin, elle fourrageait dans un buisson à l'aide d'un bâton.
Un instant il l'observa, soulagé de la savoir sauve.
Petite fleur qui déchirait de ses épines quiconque osait affronter son courroux mais ne lui offrait, allait savoir pourquoi, que la douceur de ses pétales quand elle sautait dans ses bras pour le saluer d'un baiser comme hésitante à sortir de l'enfance.

Sa voix se fit douce pour l’interpeler sans frayeurs.

- Altesse ? Mais que diantre faites-vous seule icelieu ? Savez-vous qu'il est fort dangereux pour une jeune fille que de se promener seule ? Si d'aventure votre escapade arrivait aux oreilles de l'Impératrice, elle vous ferait enfermer dans un couvent durant les prochaines années, et gageons qu'elle me ferait pendre !


* Hérédia - In Les Conquérants

_________________
Melusinedemalemort
    "La nature est éternellement jeune, belle et généreuse. Elle possède le secret du bonheur, et nul n'a su le lui ravir."
    George Sand


Malgré la douce voix elle sursauta, comme prise sur le fait. Elle se leva, se tourna, les mains presqu'en l'air pour donner sa reddition, laissant tomber le bâton qui roula jusqu'à ses pieds. La moue boudeuse de ses mauvais jours où la lèvre inférieure était venue se constituer prisonnière de la supérieure. Le regard innocent de ces grands yeux bleus et pourtant… Si l'on y regardait de plus près nous aurions pu apercevoir quelques pigments de culpabilité s'installer au sein des iris céruléen.

"Dacien ! C'est vous… Je veux dire, Oh ! Mais quel magnifique buisson nous avons là ! Regardez ces feuilles ! Si… Vertes !"

Il ne serait sans doute pas dupe mais comme elle le disait souvent, un peu trop d'ailleurs ces temps ci : Qui ne tente rien, n'a rien. C'est sur cette piteuse diversion qu'elle avait saisit une feuille, la tendant tantôt vers le brun, tantôt trop près de son visage ce qui la fit loucher instantanément. Une feuille c'était une feuille, quoi qu'on en dise, quoi qu'on en fasse mais après tout sa prime jeunesse pouvait encore servir de prétexte que de s'émouvoir de la beauté de la nature.

" N'avez-vous jamais vu une feuille si belle Dacien ? Tenez je vous l'offre." -fit-elle lui tendant la susmentionnée- le sourire crispé et les joues se colorant instantanément et aussi violemment qu'elle puisse l'être d'un incendie carmin. L'on ne différenciât alors plus la jeune femme de sa robe fraîchement sortie d'un atelier de couture. Les années passant firent qu'il fallût ce mois ci renouveler la quasi-totalité de la garde robe de la jeune Altesse.

Elle s'enfonçât dans les méandres d'une explication des plus grotesques pour camoufler son escapade solitaire d'un début d'après midi. Car oui il fallait l'avouer, la jeune femme en devenir qu'elle était ressentait le besoin de braver les interdits et ces petites fugues se révélaient aussi enrichissantes qu'excitantes. Mais quand on a treize ans, ce n'est pas des choses que l'on ose s'avouer et encore moins le confier à quelqu'un, du sexe opposé qui plus est. C'était l'âge des premiers émois et des découvertes, la voie charnière entre l'enfance et l'âge adulte.

Un jour elle le savait, elle ne pourrait plus jouir de tous ces petits plaisirs, c'est pourquoi elle devait profiter du temps qui lui restait avant de devoir devenir une épouse modèle, calme et tendre, ce qu'actuellement elle était loin d'être. C'est au plus profond de son for intérieur qu'elle ressentait cette ardente passion la dévorer, comme une envie de toucher à tout, de vivre pleinement, excessivement, follement.


"Ne soyez pas inquiet cher Dacien, voyez que je suis en excellente forme. Et n'allez pas penser au pire puisque vous êtes là, moi aussi et qu'il n'est rien arrivé. Mère n'est pas non plus obligée de savoir." -conclut-elle sur le ton de la confidence.- "La magnifique vue du port m'interpella lorsque nous y sommes passés pour la première fois, alors je voulais profiter encore un peu de notre séjour ici pour la voir encore… Loin de moi l'idée de venir vous déranger pour de telles lubies ou caprices pour l'Altesse que je suis. Allons, marchons un peu."

D'un pas sûr et gracieux elle se dirigea vers le sentier le plus proche et s'arrêta une fois la cible atteinte. La tête légèrement tournée, observant du coin de l'œil l'homme et la brève esquisse d'un sourire avant de se diriger vers un autre buisson, fleuri cette fois -ci, dont elle vînt saisir d'une main délicate une fleur blanche.
_________________
Dacien_de_chenot


L'innocence est sur elle une blancheur de plus ;
Toutes ses grâces font comme un faisceau qui tremble.
Autour de cette enfant l'herbe est splendide et semble
Pleine de vrais rubis et de diamants fins*




La peste soit de lui ! Il l'avait effrayée !
Elle se retourna comme prise en faute et un instant elle lui apparut telle qu'elle devait être à six ans, petite fille farouche et déterminée mais déjà consciente de l'urgence de vivre.
Mais, une fois encore, elle ne lui laissa pas le temps de s'attendrir qu'elle le cueillit en changeant de sujet aussi vite qu'un ciel d'été peut s'obscurcir.

Quittant ses prunelles il suivit son geste lorsqu'elle lui indiqua le buisson.

- Magnifiques en effet... D'autant que je crois me souvenir que Son Altesse a une prédilection pour le vert en ce moment. Je me trompe ?

Ne l'avait-il pas surprise hier, à verdir son carnet de notes ! Mais avec un aplomb que bien des femmes mures auraient pu lui envier, elle avait nié en bloc, cachant dans son dos ses mains encore tâchées d'encre. La mine s'était faite mutine et lui, sergent d'armes du prestigieux Ordres des Lame, avait rendu les armes devant une enfant, sentant sa détermination à rester fâché s’effilocher telle un écheveau de laine.

Elle avait aussi ce don rare d'être née dans la soie et de s'émouvoir d'une feuille. Feuille qu'il saisit aussi délicatement que des mains d'homme en étaient capables et fit rouler la tige entre ses doigts.

- Je vous remercie pour ce présent, Altesse, elle est feuille au milieu de milliers d'autres et pourtant unique pour moi.
Je vais la conserver dans ce carnet dont vous fîtes hier un écrin et ainsi, lorsque vous repartirez auprès de votre mère l'Impératrice, chaque fois que je poserai mes yeux sur cette magnifique feuille, je penserai à qui me l'a offerte.


Il inclina la tête ponctuant le merci, et évita d'insister sur la dangerosité de l'escapade n'ayant pas le cœur de la priver de ce bonheur qui faisait rayonner son visage. Il se promit toutefois de redoubler de vigilance, veillant sans être vu car, même si le procédé lui déplaisait, il ne pouvait malgré tout risquer de mettre sa vie et sa sécurité en péril nonobstant le fait qu'il se sentait incapable de la priver de cet espace de liberté que son esprit curieux appelait de tout son être. De même qu'il était convaincu que c'était folie que de vivre trop sage tant la vie se charge bien vite de rider le front des enfants.

Il lui emboita le pas, se laissant entraîner vers le sous-bois.
Lorsqu'il vit la main se tendre vers une fleur il avança la sienne :

- Permettez Altesse...

Et d'un geste sûr, il coinça la tige à son oreille puis recula d'un pas pour en juger l'effet souriant tout en appuyant un regard admiratif, puisqu'il était là, le seul miroir dont elle pouvait user.



*Hugo in "La Rose et l'Infante"

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)