Melusinedemalemort
Adieu les chemins la route, les cailloux et ces mercenaires qui veulent sans arrêt vous enlever sous prétexte d'une rançon ! C'est ainsi qu'elle avait prit la route d'Annecy pour monter jusqu'à Bellay. Ecoutant distraitement elle avait surprit une conversation parlant de cette ville, de son accueil mais surtout de son port. Fermant les yeux elle imaginait cette vue imprenable sur la mer, quelque chose qui vous saisissait sans que vous n'en ayez pleinement conscience. Machinalement, elle avait trouvé le chemin de celui-ci, comme l'on cherche toujours à trouver ses origines. Le cur commençait à s'agiter, imperceptiblement, et le souffle s'accélérait comme si tout à coup, elle ne maîtrisait plus rien.
Replongée quelques mois auparavant - c'était un lundi- qu'ils avaient prit la mer. Le petites chausses foulaient le bois du ponton, errant là un moment, semblable au fantôme d'un marin disparu, qui prisonnier des limbes attendra l'éternité le regard perdu sur son océan. Elle soupira, haussant les épaules, venant d'un bout de chausse faire voler un caillou, attendant l'inévitable son qu'il produira à la rencontre de l'eau.
Ploc.
Comme une évidence. Elle sourit, s'est amusé un instant avant d'arriver au bout du chemin. Elle s'assoit en tailleur le regard rivé sur l'horizon. Rien Calme plat. A part cette voile qui s'éloigne sur les vagues si fines que l'on croirait des coups de craie. Elle ferme les yeux se mettant à siffler cherchant la caresse du vent qu'elle appelle comme le font les marins à bord des navires. Ses lèvres traduisent le réconfort qui s'installe lorsqu'une de ses mèches vient voler à la rencontre d'une douce caresse de celui-ci.
Elle y était Sur cette voile qui s'éloigne au loin, et ça l'oppresse subitement, les souvenirs remontent bien trop nombreux comme l'on remonte une pêche miraculeuse. Et la mélancolie s'installe. Celle de la solitude du voyage, des trop longues journées et des interminables nuits. Elle se regarde levant la main doucement, agitant ses doigts fins pour saluer la fille qui s'en va. Loin. Très loin . faisant ces adieux à celle qu'elle ne sera jamais plus. Adieu enfance. Au bord des iris inondées et de la vision troublée elle murmure ces chants oubliés que l'on récite à tue tête pour ne pas sombrer.
Légère, l'Altesse se lève pour prendre son envol avant de souffler fort, si fort que les voiles gonflées font disparaître rapidement la nave. La tranche de main plaquée sur l'arcade et les yeux plissés s'accommodant du départ elle fait rapidement son deuil de l'enfant qu'elle était. Voilà c'est fait. Elle inspire faisant perfuser l'air violement dans ses poumons et l'obligeant à tousser deux fois et de pester.
Et les chemins, encore et toujours, ceux là sont plus sûrs et attirent moins les aimables charlatans qui veulent vous aider à porter quelques bagages. De toute façon elle n'a rien dans les poches, la main plonge au fond de l'une d'elle vérifier -L'on n'est jamais assez prudent-. Et elle avançait d'un pas décidé cherchant à quoi elle allait employer son temps libre aujourd'hui. C'est ainsi qu'elle surprit quelques marins s'adonner à un transport de caisses étranges. Son cur se met à cogner subitement. Là c'est sur ça n'est pas quelque chose d'habituel. Curiosité piquée au vif elle accélère le pas venant replacer à plusieurs reprises cette mèche qui vient lui barrer l'il. Ah tu as fini de venir me cacher la vue oui ! Sinon tu finiras coupée, un point c'est tout. Et de venir plaquer l'insolente qui reste figée en crête sur ses cheveux légèrement décoiffés.
Les pas accélèrent encore et les chausses neuves viennent mordre le sol chauffé d'un radieux soleil. Non ! Mais partez pas si vite je n'ai que deux jambes moi et petites en plus ! C'est bien ma veine. Elle lève les yeux comme à son habitude et marmonne encore un peu plus lorsqu'elle voit le convoi s'engouffrer dans un domaine. Et bien voilà, bravo ! Tu aurais pu aller plus vite quand même je ne sais pas moi imaginer qu'on te courrait après ou ça suffit oui ! Bon. Tiens un buisson Elle empoigne une branche pour se frayer un chemin, furtive à travers les feuilles elle n'en perd plus une miette.
*Lily Kershaw- As it seems
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