Charlotine_
J'avais quitté la demeure de la frangine, mais je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Trop de choses se martelaient dans ma tête. Ma vie ressemblait à un tourbillon duquel on ne sortait jamais vraiment indemne mais qui avait ce mérite de toujours me renforcer, alors que bien souvent, certains s'évertuaient à vouloir m'affaiblir. Parfois, cette tempête était positive. La relation que j'avais fini par mettre en place avec mon blond en était la preuve. Nous avancions à présent, main dans la main
façon assez imagée de parler, fort peu de monde pouvant témoigner d'une quelconque promenade aussi romantique
mot dont j'ai une sainte horreur de toute façon. Mais bon, n'empêche, nous avancions, peinards, sans nous prendre la tête. Du moins, même si je la lui prenais, il avait la délicatesse de ne pas me le dire.
N'empêche, ces dernières semaines avaient été particulièrement harassantes, et agaçantes, sans doute un peu des deux même. Mon franc parlé n'avait pas plus. Ce ne serait ni la première fois, ni la dernière. Cependant, bercée par un soupçon de sagesse (j'ai bien utilise le mot "soupçon") j'avais décidé de moi-même de prendre du recul. et au vu des évènements qui suivirent, je me félicitais presque de telle initiative anticipative nul doute que ma sagesse aurait disparu si l'on m'avait virée comme une malpropre. Je m'étais concentrée, pour ne pas dire, consacrée, à ma vie de sicaire et à mes études. Mais de toute évidence, certaines âmes en peine ne savent pas vivre sans moi, et me voilà au centre d'une conspiration monumentale visant à déstabiliser le pouvoir genevois - comprenez, visant à ne pas aller dans le même sens que l'avoyère. Et après, les gens ont le culot de se plaindre. Faut pas chercher les gens quand on veut pas les avoir sur sa route.
Le menu fut assez indigeste: diffamations, suppositions, aberrations le plat préféré des cons comme on dirait par chez moi. J'ai bien tenté de filer quelques suppo, mais apparemment, l'endroit était tellement obstrué par une quantité inqualifiable d'excréments, que ce fut peine perdue. Il ne restait plus qu'à laisser faire le temps. Et le temps fait toujours son affaire! Un jour, assise au pied d'un chêne, je discute avec Andréas, le vieil helvète qui nous a vendu sa maison pour s'acheter une cabane de pêcheur au fond du Lac, parce que le jardin était déjà bien rempli. Je me souviendrais toujours de cet échange
J'vous dis que c'est pas net tout ça
Mon p'tit, tu t'emportes, tu t'emballes et tu vois toujours le mal partout
Mais non! C'est pas vrai, enfin, pas pour le mal. Je le vois où il est et c'est pas ma faute s'il est en beaucoup d'endroits
Et alors quoi? tu vas combattre le monde pour lutter contre la connerie humaine?
Et pourquoi pas?
Parce que c'est pas possible! Tu devrais plutôt apprendre à te taire et à laisser pisser le mérinos
Je sais, on me l'a déjà dit, mais pour ma défense, même quand je me tais, on vient me chercher
Et ben continue de te taire au lieu de te chercher des excuses
J'sais pas faire
J'vais te coller la bouche tu vas voir
Non mais quand même, avouez
Je n'avoue rien. Je ne crois que ce que je vois
Ben ouvrez un peu plus les yeux alors, et les oreilles aussi. C'est gros comme une maison que toute cette histoire est bancale
P'têtre! En même temps, si la maison est construite comme un château de cartes, à la première qui sera retirée, tout s'écroulera
Ou pas . enlever la bonne carte, et le château tient toujours! Puis faites pas de l'esprit pour un truc aussi terre à terre. On nous prend pour des couillons, j'vous l'dit
Quand bien même c'est vrai, tais toi et regarde. Tu verras que souvent, c'est bien plus productif
C'est pas possible, vous êtes de la famille à Izaac vous!
La discussion avait duré ainsi des heures. Mais au final, je partais bredouille. Le vieux avait réussi à me démontrer que je l'ouvrais trop et que ça ne donnait que plus d'excuses aux esprits malintentionnés de cracher leur excès de venin. En gros, ça c'était fini par un "ferme là un bonne fois pour toute". Fallait digérer. Et j'avais même pas une sister sous la main pour vider une chopine. Brune ou blonde, elles avaient été appelées sur les chemins. Et moi, je me coltinais le reste. Pourtant, quelques jours plus tars, l'inattendue se produisit. Mon huitième sens était bon - oui, le sixième et le septième étaient déjà pris. Au détour d'une conversation, dans l'antre secrète, elle se trouvait devant moi. J'lavais pas reconnu. Tellement que j'ai failli lui marcher sur le pied dans savoir à qui j'avais à faire. Mais l'vieux, il avait aussi raison. Tais toi et écoute, spectatrice . la voilà qui se dévoile. Ah ben merde alors! ça pour une surprise. Pas que ça en est une, puisque je m'en doutais, mais de l'apprendre comme ça, j'avoue que c'est assez marrant! Et Déos sait qu'en ce moment, ça rit pas tous les jours sur les berges du Léman
ANDREAS, ANDREASSSSSS!
Oh, la piote, qu'Est-ce qui t'arrive
J'vous l'avez dit! J'avais raison
dis quoi? tu m'en dis tellement, tu crois quand même pas que je me souviens de tout
Mais si vous savez, enfin quand même! Vous savez, la blonde là, celle qui m'a traitée de poufiasse en taverne et qui m'a sorti un chapelet d'un autre monde persuadée qu'elle était en train de me rabaisser alors qu'elle se couvrait tout bonnement en ridicule!
Oh putain, tu vas pas recommencer avec ça
Ben quoi? Elle l'a fait à l'envers à tout le monde, j'y suis pour rien moi!
Certes! Mais bon, toi et tes suppositions!
Tarata, j'y suis tombée dessus, dans un endroit dont, soit disant, elle ne connaissait même pas l'existence.
Hum. Bon d'accord, admettons. T'es sure au moins que c'était elle?
Non, pas au départ. Puis elle a parlé, et là, j'ai su. C'est facile en fait votre théorie. Se taire et attendre!
J'te l'avais dit! Mais bon, ça ne fait pas fleurir les Edelweiss tout ça.
Rhoo allez, avouez! Y a quand même de quoi s'marer un peu. Dans le genre, ni vu ni connu, j't'embrouille, elles ont fait fort les nénettes.
C'est des femmes!
Sans dec'? j'avais pas remarqué! En attendant, elles ont fait passer ma frangine pour une "espèce di counasse" alors qu'en fait, elle n'avait rien à se reprocher
La vie est ainsi faite
C'est surement pas ce genre de réflexion non plus qui va faire pousser les Edelweiss
J'suis pas jardiner!
Non mais vous êtes fou!
J'suis vieux, j'suis sage, je ne dit que la vérité
Mouais, mais en attendant, j'avais raison et les sisters aussi, sans même s'être concertées.
Oui, tu as raison! voilà, je te l'ai dit. Contente?
oui
Et maintenant?
Ben maintenant ... on regarde et on attend. C'est bien ce que vous m'avez appris?
oui! Mais je t'ai pas dit de tomber dans l'inertie
ah ben faudrait savoir!
Apprend la mesure!
J'ai pas assez appris?
non! y a encore plein de leçons qui t'attendent. Mais on verra demain. Pour l'instant, file voir ton blond. Et faites des mioches!
Pourquoi faire?
ça t'occuperas!
j'suis déjà occupée
ça t'occuperas encore plus, et ça t'obligera à te taire
Que vous pouvez être vexant des fois!
N'empêche, ces dernières semaines avaient été particulièrement harassantes, et agaçantes, sans doute un peu des deux même. Mon franc parlé n'avait pas plus. Ce ne serait ni la première fois, ni la dernière. Cependant, bercée par un soupçon de sagesse (j'ai bien utilise le mot "soupçon") j'avais décidé de moi-même de prendre du recul. et au vu des évènements qui suivirent, je me félicitais presque de telle initiative anticipative nul doute que ma sagesse aurait disparu si l'on m'avait virée comme une malpropre. Je m'étais concentrée, pour ne pas dire, consacrée, à ma vie de sicaire et à mes études. Mais de toute évidence, certaines âmes en peine ne savent pas vivre sans moi, et me voilà au centre d'une conspiration monumentale visant à déstabiliser le pouvoir genevois - comprenez, visant à ne pas aller dans le même sens que l'avoyère. Et après, les gens ont le culot de se plaindre. Faut pas chercher les gens quand on veut pas les avoir sur sa route.
Le menu fut assez indigeste: diffamations, suppositions, aberrations le plat préféré des cons comme on dirait par chez moi. J'ai bien tenté de filer quelques suppo, mais apparemment, l'endroit était tellement obstrué par une quantité inqualifiable d'excréments, que ce fut peine perdue. Il ne restait plus qu'à laisser faire le temps. Et le temps fait toujours son affaire! Un jour, assise au pied d'un chêne, je discute avec Andréas, le vieil helvète qui nous a vendu sa maison pour s'acheter une cabane de pêcheur au fond du Lac, parce que le jardin était déjà bien rempli. Je me souviendrais toujours de cet échange
J'vous dis que c'est pas net tout ça
Mon p'tit, tu t'emportes, tu t'emballes et tu vois toujours le mal partout
Mais non! C'est pas vrai, enfin, pas pour le mal. Je le vois où il est et c'est pas ma faute s'il est en beaucoup d'endroits
Et alors quoi? tu vas combattre le monde pour lutter contre la connerie humaine?
Et pourquoi pas?
Parce que c'est pas possible! Tu devrais plutôt apprendre à te taire et à laisser pisser le mérinos
Je sais, on me l'a déjà dit, mais pour ma défense, même quand je me tais, on vient me chercher
Et ben continue de te taire au lieu de te chercher des excuses
J'sais pas faire
J'vais te coller la bouche tu vas voir
Non mais quand même, avouez
Je n'avoue rien. Je ne crois que ce que je vois
Ben ouvrez un peu plus les yeux alors, et les oreilles aussi. C'est gros comme une maison que toute cette histoire est bancale
P'têtre! En même temps, si la maison est construite comme un château de cartes, à la première qui sera retirée, tout s'écroulera
Ou pas . enlever la bonne carte, et le château tient toujours! Puis faites pas de l'esprit pour un truc aussi terre à terre. On nous prend pour des couillons, j'vous l'dit
Quand bien même c'est vrai, tais toi et regarde. Tu verras que souvent, c'est bien plus productif
C'est pas possible, vous êtes de la famille à Izaac vous!
La discussion avait duré ainsi des heures. Mais au final, je partais bredouille. Le vieux avait réussi à me démontrer que je l'ouvrais trop et que ça ne donnait que plus d'excuses aux esprits malintentionnés de cracher leur excès de venin. En gros, ça c'était fini par un "ferme là un bonne fois pour toute". Fallait digérer. Et j'avais même pas une sister sous la main pour vider une chopine. Brune ou blonde, elles avaient été appelées sur les chemins. Et moi, je me coltinais le reste. Pourtant, quelques jours plus tars, l'inattendue se produisit. Mon huitième sens était bon - oui, le sixième et le septième étaient déjà pris. Au détour d'une conversation, dans l'antre secrète, elle se trouvait devant moi. J'lavais pas reconnu. Tellement que j'ai failli lui marcher sur le pied dans savoir à qui j'avais à faire. Mais l'vieux, il avait aussi raison. Tais toi et écoute, spectatrice . la voilà qui se dévoile. Ah ben merde alors! ça pour une surprise. Pas que ça en est une, puisque je m'en doutais, mais de l'apprendre comme ça, j'avoue que c'est assez marrant! Et Déos sait qu'en ce moment, ça rit pas tous les jours sur les berges du Léman
ANDREAS, ANDREASSSSSS!
Oh, la piote, qu'Est-ce qui t'arrive
J'vous l'avez dit! J'avais raison
dis quoi? tu m'en dis tellement, tu crois quand même pas que je me souviens de tout
Mais si vous savez, enfin quand même! Vous savez, la blonde là, celle qui m'a traitée de poufiasse en taverne et qui m'a sorti un chapelet d'un autre monde persuadée qu'elle était en train de me rabaisser alors qu'elle se couvrait tout bonnement en ridicule!
Oh putain, tu vas pas recommencer avec ça
Ben quoi? Elle l'a fait à l'envers à tout le monde, j'y suis pour rien moi!
Certes! Mais bon, toi et tes suppositions!
Tarata, j'y suis tombée dessus, dans un endroit dont, soit disant, elle ne connaissait même pas l'existence.
Hum. Bon d'accord, admettons. T'es sure au moins que c'était elle?
Non, pas au départ. Puis elle a parlé, et là, j'ai su. C'est facile en fait votre théorie. Se taire et attendre!
J'te l'avais dit! Mais bon, ça ne fait pas fleurir les Edelweiss tout ça.
Rhoo allez, avouez! Y a quand même de quoi s'marer un peu. Dans le genre, ni vu ni connu, j't'embrouille, elles ont fait fort les nénettes.
C'est des femmes!
Sans dec'? j'avais pas remarqué! En attendant, elles ont fait passer ma frangine pour une "espèce di counasse" alors qu'en fait, elle n'avait rien à se reprocher
La vie est ainsi faite
C'est surement pas ce genre de réflexion non plus qui va faire pousser les Edelweiss
J'suis pas jardiner!
Non mais vous êtes fou!
J'suis vieux, j'suis sage, je ne dit que la vérité
Mouais, mais en attendant, j'avais raison et les sisters aussi, sans même s'être concertées.
Oui, tu as raison! voilà, je te l'ai dit. Contente?
oui
Et maintenant?
Ben maintenant ... on regarde et on attend. C'est bien ce que vous m'avez appris?
oui! Mais je t'ai pas dit de tomber dans l'inertie
ah ben faudrait savoir!
Apprend la mesure!
J'ai pas assez appris?
non! y a encore plein de leçons qui t'attendent. Mais on verra demain. Pour l'instant, file voir ton blond. Et faites des mioches!
Pourquoi faire?
ça t'occuperas!
j'suis déjà occupée
ça t'occuperas encore plus, et ça t'obligera à te taire
Que vous pouvez être vexant des fois!