Valois
Valois regardait la scène qui se jouait devant lui quelque peu déconcerté. Pattricia se montrait avenante, contrastant d'avec son époux qui semblait plus proche de lui faire gouter le fer de sa hache. Pour couronner le tout la louve trouva bon d'intervenir dans la conversation. Chacun voulait en savoir plus, mais s'il voulait lui aussi en apprendre davantage, il lui fallait déjà commencer par raconter ce qu'il savait.
Dame, damoiselle... hum... messire, peut être devriez-vous vous installer. Je vous dirai tout ce que je sais, je répondrai à toutes vos questions mais ça risque d'être un peu long.
Valois hésitait, par où devrait-il commencer. Il n'était même pas certain que la version de son histoire soit vrai. En tout cas, avec les éléments en sa possession, il y avait suffisamment de concordance pour que celle-ci soit proche de la vérité.
N'hésitez pas à m'interrompre s'il vous semble que je vais un peu vite sur certains points, il se peu que pour moi, ce qui n'apparait être qu'un détail, peut vous paraitre un point important.
Raclement de gorge.
Je suis né au mois de décembre de l'an de grâce mil quatre cent quarante deux. S'il y a bien une chose dont je peux être sûr, c'est bien ma date de naissance, mon père était assez procédurier pour avoir noté ce détail là. J'ai longtemps cru être né en Champagne, d'où était originaire ma famille paternelle. Quoi qu'il en soit, peu de temps après ma naissance, mon père me confia à un couple de paysan, ceux là même qui tenait ses quelques arpents de terre en affermage. Je n'ai jamais connu ma mère, celle-ci serait morte en me mettant au monde. D'ailleurs j'ai toujours pensé que c'était la raison qui avait poussé mon père à m'abandonner, il m'en voulait certainement... En fait, une amie qui m'est chère, m'a fait comprendre pourquoi il avait dû se résoudre à me laisser, mais là n'est pas la question.
Valois allait et venait tout en racontant son histoire, sa voix fluctuant selon les épisodes de sa vie.
J'ai grandi sans n'avoir jamais manqué de rien, même lorsque les récoltes n'étaient pas très bonnes, aidant autant que je le pouvais à la ferme. Puis vint un jour, je ne saurais dire quand exactement, mais c'était un dimanche après l'office. Il était là, attendant notre retour de l'église, celui que je connaitrai comme étant Maitre Rodrick. Il revint ensuite régulièrement pour me faire la leçon. Je me souviens que pour ma dixième année, il m'avait offert un énorme recueil de texte, que nous avons ensuite étudié durant les années qui suivirent. Par trois fois, il refit de même.
Valois souriait en y pensant, se revoyant posant la main pour la première fois sur l'épaisse couverture de cuir de cet immense livre.
En fait, à l'âge de quinze ans, je connaissais l'intégralité du Codex de Champagne, pour l'avoir étudié du premier jusqu'au dernier article. C'est aussi à ce moment là que j'appris que celui qui fut mon précepteur, était en fait mon père. Qu'avait-il fait durant toutes ses années, je ne saurais le dire, j'imagine qu'il a fait ce qu'il a toujours fait de mieux ; offrir ses services à un seigneur ou un riche bourgeois. Il a beaucoup voyagé, se faisant payer contre ses enseignements. C'est ainsi qu'il ira jusqu'en Flandres, entrant au service de la famille de Miras, mais je vais y venir.
Ce fut à ce moment là que je partis de la ferme, pour aller m'installer et vivre ma vie dans le sud de la Champagne, loin de la capitale et de mon géniteur. Mais avec les connaissances et contacts qu'il avait, il finit par me retrouver. Quand je le revis, il était au crépuscule de sa vie, affaibli par la maladie.
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Dame, damoiselle... hum... messire, peut être devriez-vous vous installer. Je vous dirai tout ce que je sais, je répondrai à toutes vos questions mais ça risque d'être un peu long.
Valois hésitait, par où devrait-il commencer. Il n'était même pas certain que la version de son histoire soit vrai. En tout cas, avec les éléments en sa possession, il y avait suffisamment de concordance pour que celle-ci soit proche de la vérité.
N'hésitez pas à m'interrompre s'il vous semble que je vais un peu vite sur certains points, il se peu que pour moi, ce qui n'apparait être qu'un détail, peut vous paraitre un point important.
Raclement de gorge.
Je suis né au mois de décembre de l'an de grâce mil quatre cent quarante deux. S'il y a bien une chose dont je peux être sûr, c'est bien ma date de naissance, mon père était assez procédurier pour avoir noté ce détail là. J'ai longtemps cru être né en Champagne, d'où était originaire ma famille paternelle. Quoi qu'il en soit, peu de temps après ma naissance, mon père me confia à un couple de paysan, ceux là même qui tenait ses quelques arpents de terre en affermage. Je n'ai jamais connu ma mère, celle-ci serait morte en me mettant au monde. D'ailleurs j'ai toujours pensé que c'était la raison qui avait poussé mon père à m'abandonner, il m'en voulait certainement... En fait, une amie qui m'est chère, m'a fait comprendre pourquoi il avait dû se résoudre à me laisser, mais là n'est pas la question.
Valois allait et venait tout en racontant son histoire, sa voix fluctuant selon les épisodes de sa vie.
J'ai grandi sans n'avoir jamais manqué de rien, même lorsque les récoltes n'étaient pas très bonnes, aidant autant que je le pouvais à la ferme. Puis vint un jour, je ne saurais dire quand exactement, mais c'était un dimanche après l'office. Il était là, attendant notre retour de l'église, celui que je connaitrai comme étant Maitre Rodrick. Il revint ensuite régulièrement pour me faire la leçon. Je me souviens que pour ma dixième année, il m'avait offert un énorme recueil de texte, que nous avons ensuite étudié durant les années qui suivirent. Par trois fois, il refit de même.
Valois souriait en y pensant, se revoyant posant la main pour la première fois sur l'épaisse couverture de cuir de cet immense livre.
En fait, à l'âge de quinze ans, je connaissais l'intégralité du Codex de Champagne, pour l'avoir étudié du premier jusqu'au dernier article. C'est aussi à ce moment là que j'appris que celui qui fut mon précepteur, était en fait mon père. Qu'avait-il fait durant toutes ses années, je ne saurais le dire, j'imagine qu'il a fait ce qu'il a toujours fait de mieux ; offrir ses services à un seigneur ou un riche bourgeois. Il a beaucoup voyagé, se faisant payer contre ses enseignements. C'est ainsi qu'il ira jusqu'en Flandres, entrant au service de la famille de Miras, mais je vais y venir.
Ce fut à ce moment là que je partis de la ferme, pour aller m'installer et vivre ma vie dans le sud de la Champagne, loin de la capitale et de mon géniteur. Mais avec les connaissances et contacts qu'il avait, il finit par me retrouver. Quand je le revis, il était au crépuscule de sa vie, affaibli par la maladie.
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