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[RP ouvert] Itinéraire d'une famille éclatée...

Plumenoire
Cela faisait longtemps … Plume se remettait lentement de son escapade à Paris … Elle n’en était pas sortie indemne et les cauchemars l’empêchaient souvent de dormir. Elle avait pensé ses plaies en silence, essayant de ne pas trop inquiéter sa famille. Mais souvent elle se demandait comment allait sa tante … Alors aujourd’hui, elle prit les devant et écrivit.



Bonsoir Héléna,

Comment vas-tu ? Cela fait longtemps n’est-ce pas ? Depuis notre virée parisienne ….
Je vais mieux … même si les nuits sont toujours difficiles … Et toi ? Raconte-moi ta nouvelle vie, où es-tu ?
Nous allons bientôt déménagé … mais si tu n’es pas trop loin, je passerais surement te voir avant de filer au sud …

Dans l’attente de tes nouvelles,

Plume.

_________________
Helena..
Ca faisait longtemps oui. Très longtemps même. Trop longtemps. La Rousse n'était pas du genre à s'inquiéter, à se soucier d'autre chose que de soi-même. Egocentrique. Il y avait eu deux phases. La phase des cauchemars. Puis, la phase de répit. Une fois qu'elle avait trouvé une paire de bras en mesure de la rassurer. Elle se pensait sauvée. Ce n'était qu'illusion, que mirage. La chimère aurait pu prendre des allures magiques. Elle croyait nager dans le bonheur. Jusqu'à ce soir là. Ce soir où pourtant, tout allait bien. Elle cru soudainement perdre la tête. Elle marchait dans une des rues sinueuses du petit village qu'elle croisait jusqu'à ce que, croisant un habitant encapuchonné, elle cru voir Paul, son défunt ami. La Flamboyante s'arrêta net, et parti directement à sa poursuite. Lorsqu'elle atteignit la silhouette, elle posa une main sur son épaule. Il se retourna aussitôt, le visage de l'enfant qu'elle avait connu déformé par l'angoisse.

Tu m'as laissé tomber Léna. Tu aurais du intervenir. Tu es coupable. TU M'AS VENDU A LA FAUCHEUSE!

Elle manqua de tomber à la renverse lorsqu'un bras se tendit, la rattrapant. Le visage avec changé, et ce n'était qu'un homme qui s'en allait pêcher. Ce visage trahissait la surprise, celui de la Rousse trahissait sa stupeur et son désarroi. Elle s'enfui aussitôt en direction du lac, courant le plus vite qu'elle pouvait, se cachant des regards connus. Elle s'arrêta, au bord de la rive, puis glissa un pied dans l'eau, puis l'autre et s'avança lentement vers le large. On aurait pu croire que son esprit était dirigé par un être maléfique. De grosses larmes salées coulaient sur son visage effrayé. Une fois l'eau arrivée au niveau du cou, elle arrêta. Elle jeta un coup d'oeil autour d'elle. Tout était si paisible. La verdure, les arbres, l'herbe frémissante. Paul était là. Perché dans un arbre. Il riait. Il parlait à la Rousse, souriant.

Dis Léna, quand on sera grand, on se mariera hein? Parce que les grandes personnes font ça, et que c'est chouette quand on s'aime. Tu m'aimes hein!

Elle se retourna, et avança à nouveau vers le rivage. Qu'avait-elle fait? Trempée, elle rentra dans la maison de son ami, apeurée aussi. Le pigeon arriva à ce même moment. Elle y répondit presque aussitôt.



Plume,

J'ai fait des cauchemars, on m'a rassuré, ça allait mieux, et là, ça recommence. C'est pire, je vois des choses, des meurtres, des erreurs, sans cesse, en boucle. Je ne sais pas quoi faire.

Ma nouvelle vie.. J'ai un.. truc dans ma vie. Je sais pas comment le définir. Le genre de gars qui ressemble à Vector sans vraiment être aussi cruel. Matt et Cian, mes amis, sont partis en voyage. Je suis à Venta, ça me ferait plaisir de te voir passer.

Même si je n'ai plus évoqué Paris, jamais.

Raconte moi ta nouvelle vie.

H.


Elle envoya le pigeon et se tourna vers la fenêtre, elle vit Paul, à genoux dans l'encadrement de la porte, la gorge ouverte ruisselante de sang. Le cri fut aigu.
Plumenoire
Plume, allongée près du lac, Evil comme coussin, missive en mains, réfléchissait à sa vie, au déménagement, aux taquineries d’Arga à propos de son mariage … Elle ? Se marier ? Quel homme pourrait la supporter bon dieu ! Elle était insolente, insupportable, même ses parents allaient finir par ne plus la supporter …

Ses parents … Elle s’en éloignait le plus souvent possible presque … Et le déménagement « aidait » bien … Ils étaient toujours dans leurs échoppes, et elle pouvait vagabonder à loisir, passant la majeur partie de son temps dehors ou dans les tavernes … Cela lui permettait de s’éloigner des visions, de la peur, des craintes nocturnes...

Prenant une Plume et de l’encre, elle se posa à plat sur une pierre, puis se mit à écrire.




Héléna,

Les cauchemars sont plus ou moins violent, cela dépend des jours je dois dire …
Je vais passer te voir des lorsqu’on sera de retour de la première partie du déménagement … C’est la ville après Tulle nan ?
Arga s’amuse à me dire qu’il va me marier à Alex, tu te souviens de lui ? M’enfin, je sais qu’il ne m’y forcera pas …
J’pense que je me mettrais en route en fin de semaine prochaine … Enfin, je te tiens au jus de toute façon !

Je t’embrasse ?

Plume

_________________
Pattricia
[Brignoles suite...]


Lucie enfin retrouvée avait fini par lui avouer sa presque noyade et après les remontrances d'usage, la mère et la fille avaient pris congé et étaient rentrées à l'auberge où l'ours n'avait rien trouvé de mieux pour "récompenser" sa fille de ses âneries que de lui offrir une robe rouge. Laissant la tribu à ses retrouvailles, la rousse s'était renseigné sur les auberges du village et avait entrepris de partir à la recherche de la jeune femme qui avait sauvé sa cadette d'une mort certaine.

Après plusieurs recherches infructueuses, la vindicative rencontre enfin un hôtelier qui lui répond qu'effectivement une fille pourrait être la personne qu'elle cherche. Pendant qu'il va prévenir la sauveuse de mini chieuse, Patt s'installe à une table en fixant l'escalier pressée de rencontrer enfin Irénée.

_________________
Helena..
[Ventadour]

Tôt le matin, les rayons du soleil réveillèrent la jeune Rousse. Depuis qu'elle et le brun s'était couché, elle n'avait pas bougé. Il l'avait vue mal, triste, et prise d'angoisse. Il l'avait rassurée, l'avait faite rire, puis, elle n'y pensait plus. Pourtant, un mal immense grandissait secrètement dans la caboche de la Rousse. Chaque nuit, elle savait qu'elle allait se retrouver seule, chaque nuit, elle connaissait la peur qui surviendrait, et alors, personne ne serait là. Il n'y avait pas de petite voix qui la guiderait à vaincre ses pires démons. Ca aurait été trop facile. Le brun la savait instable, il savait les risques encourrus, il savait que si il devenait trop brusque, ou que quelque chose la contrariait, elle n'hésiterait pas à mettre les voiles. Il savait pertinemment les risques qu'il prenait, et pourtant, il était toujours aussi sûr de lui. Pour ça, il l'énervait. Toujours aussi sûr qu'elle ne bougerait pas en son absence, qu'elle n'aurait pas disparu. Imprévisible. C'était ce qu'il avait dit d'elle. Méfiante aussi. Alors que lui, il était serein. Son esprit de contradiction la poussait à influencer les autres, à disparaitre. Elle ne mettait pas la main sur ce qui la bloquait désormais. Il ne la comprenait pas. Il ne cherchait pas à savoir ce qu'il s'était passé avec Paul. Elle le regarda, encore endormi. Elle avait beau le surnommer "Gros-laid", il n'était pas si mal. Un sourire s'étira sur ses lèvres. Une barbe de trois jours parcourait le menton et les joues de l'homme. Ses cheveux bruns, emmêlés jusqu'au dernier, semblaient se battre entre eux. Son visage pourtant n'avait pas les traits sereins et reposés qu'elle avait déjà pu observer. Il s'inquièter réellement. Il connaissait ses cauchemars. Il n'avait pas desserrer son étreinte de la nuit. Une de ses mains glissait sur la fine taille de la Rousse, comme pour la rapprocher d'elle. Leurs jambes étaient entremêlées. Elle avait gardé la tête posée sur son torse. Elle l'observait avec insistance. Elle était visiblement dans un de ses meilleurs jours. Avait-il gardé son étreinte autour d'elle pour qu'elle ne s'effraie pas, ou pour pas qu'elle s'enfuit dès le petit matin venu. Il se réveilla doucement. Elle continuait de le dévisager, comme amusée par chacun de ses mouvements.

Enfin réveillé Triple-Fessier.
Vous êtes mignonne les cheveux ébouriffés, Narcisse.


Elle se pencha, comme habituée par ce quotidien qui s'était lentement installé et l'embrassa du bout des lèvres. Troublant ce joyeux réveil matinal, un pigeon s'écrasa contre la vitre de la bicoque. Des nouvelles. Plume? Cian? Matt? Niallan? La Rousse s'extirpa des bras de l'homme avec regret. Glissant dehors du lit, vêtue de braies trop larges et d'une chemise appartenant au brun, elle saisit le pigeon, récupérant la lettre. Elle se mit à la tâche de répondre, en attendant que son compagnon de malheur prenait le temps de se réveiller.



Plume,

Nous pourrons parler des cauchemars, nous pourrons parler de tout d'ailleurs, comme tu veux.
Je suis donc à Ventadour, avec Arry, San, et Tali. Je t'attends à Venta. J'espère que tu ne tarderas pas trop, dit moi quand tu penses arriver.
Je ne vois plus qui est Alex, mais raconte moi tout. J'ai envie d'entendre des nouvelles.

H.


Le brun aux yeux d'azurs s'était à son tour levé et avait regardé par dessus son épaule, sûrement en train de suspecter une réponse déstiné à un potentiel prétendant. Elle envoya le pigeon et s'attendit à voir Paul surgir, mais il n'en fût rien. Elle sourit légèrement à l'homme. L'abstinence. C'était le contrat. Elle l'avait voulu, plus qu'une dizaine de jours. C'était idiot, et amusant.
Irenee.
    [Brignoles suite]


C'est dans l'une de ses rares auberges que l'Esseulée s'était installée. Retranchée à l'étage, elle était depuis près d'une heure allongée, essayant de trouver un repos qui ne venait pas. La fatigue pesait, tant sur le moral que sur le physique de la jeune femme. Ses traits étaient tirés et la teinte grisâtre qui marquait le contour de ses yeux témoignait de ses nuits difficiles. Elle peinait à dormir d'un trait, faute à ces douleurs qui se répétaient depuis plusieurs jours, perturbant ainsi son quotidien.

Tandis qu'elle se retournait sur sa couche, cherchant à trouver la position qui lui conviendrait, elle entendit que l'on cognait contre la porte de sa chambre. De l'extérieur, une voix s'élevait pour l'appeler. Elle la reconnue cette voix, celle de son logeur, dure et nasillarde. Et c'est sans daigner bouger qu'elle répondit à l'appel d'une voix grave et forcée.


    -" Oui ! C'est Pourquoi ?! "
    -" Y a quelqu'un qui demande à vous voir en bas."
    -" Qui ça ?!"
    -" Une femme ! Vous voulez que j'aille y demander son nom ?"
    -" Non ! Ca ira ! Allez seul'ment lui dire qu'j'arrive."

A quoi bon l'envoyer se renseigner sur l'identité de celle qui l'attendait ? Décidée à descendre, elle allait bien finir par savoir de qui il était question.

Puisant le courage de s'asseoir dans une profonde inspiration, elle soupira lorsque ses pieds touchèrent le sol. Mains posées sur les bords de la couche, elle les posa ensuite sur ses cuisses, les fit glisser jusque sur ses genoux avant de revenir à leur point de départ, pour finir, trouvant enfin l'élan, par se lever.
Debout, elle effectua quelques pas qui la conduisirent devant une console sur laquelle se trouvait une petite cuve et dans laquelle elle plongea les mains, emplissant ses paumes du liquide limpide qu'il contenait. Un peu d'eau fraîche jetée sur son visage suffirait à lui redonner un semblant d'éclat.


Ses vêtements rapidement réajustés, elle avait refermé la porte de sa chambre à double tour, rejoint l'escalier et durant sa descente vers le bas étage, elle n'avait pas eu longtemps à trouver du regard celle qui l'attendait.
A cette heure, la salle était peu fréquentée et parmi les personnes présentes, on ne comptait qu'une seule femme en plus de l'habituelle serveuse qui s'activait derrière le comptoir. Croisant le regard de l'hôtelier, celui-ci, d'un signe de tête, la désigna, confirmant ainsi les pensées de la Brune. Certaine de ne pas se tromper, Irénée se dirigea donc d'un pas assuré vers celle qui déjà avait prit place à table.
Face à elle, restée debout, elle engagea la conversation.


    -" Bonjour ! Je suis Irénée. Il paraît que vous souhaitiez m'voir ?"
Plumenoire
[Avec la tribu]

Plume voyageait … C’était ce qu’elle préférait actuellement. Au moins le paysage changeait un peu … et elle pouvait aisément s’éloigner avec Evil pendant que le groupe se reposait … personne ne remarquait ses fréquentes disparitions, le bonheur.

Comme à son habitude, elle s’était éloignée du convoi, qui faisait une pause dans son périple, une missive fraichement reçue dans la main. Evil sur ses talons collait sa truffe humide dans la main de la jeune fille, la pressant de lui apporter un peu d’attention … ou de regagner le convoi … au choix.
S’asseyant sous un arbre, gardant à peine en vue les charrettes, elle ne voulait pas qu’ils la voient … Elle ne savait jamais quand les visions surgiraient … Enfin, il faisait jour, et c’était rare qu’elles viennent la tourmenter à ce moment de la journée. Mais comme à son habitude, et sans savoir pourquoi, la louve cherchait l’ombre, fuyant la lumière et sa sécurité.

Après une lecture rapide, elle sortit de quoi répondre à sa tante, intimant à Evil de revenir près d’elle … Il avait une aura apaisante que Plume appréciait particulièrement en ces temps troublés.




Héléna,

Alex est le Brun qui m’a accompagné à Limoges avec Arga,
Tu sais, nous sommes partis en retard de Sarlat … mais je pense que j’arriverais à Ventadour d’ici Lundi prochain … si tout se déroule bien ! Sauf si tu as bougé entre temps ?
J’ai hâte de te voir ! Je dois te dire que je sors peu en ce moment … je suis fatiguée, je dors peu …
Tu sais, je me suis éloigné de tous … Je ne veux pas les inquiéter plus que ça … C’est Evil qui veille sur mes nuits … Sans lui, je crois que je me serais déjà plantée une dague dans la gorge …
Que te raconter ? Une amie a mis fin a ses jours … je l’ai appris en même temps que l’existence de sa fille … Et puis … Arga enchaine les joutes en ce moment ! Je le suis, mais c’est juste pour lui faire plaisir, et puis, j’aime passer du temps avec lui … J’m’en veux de lui avoir causé tant de tracas … et puis, s’il n’avait pas été la …

Enfin, je vais te laisser et essayer de dormir un peu avant que la nuit ne tombe … ou que nous repartions … suivant …

A la semaine prochaine,
Plume.


Et la louve de faire envoyer le pigeon avant de s’allonger contre le loup, à l’ombre, essayant de glaner quelques minutes de sommeil avant la ronde devenue habituelle des souvenirs du passé et du présent, la valse des ombres et des gouffres sanglants, avant le hurlement des loups …
_________________
Pattricia
[Brignoles...]


Le temps que le maitre des lieux grimpe l'escalier et parte prévenir Irénée, la rousse a fait servir deux pintes de bière mousseuse et fraiche, une assiette de jambon et de fromage et une miche de pain qu'elle tranche à l'aide d'une de ses dagues. Mais déjà le tavernier redescend et vient lui dire que la jeune personne qu'elle recherche va la rejoindre sous peu. Hochant la tête, la rousse entreprend de se couper une tranche de jambon et de la poser sur un bout de pain.

C'est alors qu'elle aperçoit une jeune femme brune "hum elle est jeune..." qui, après un tour d'horizon, se dirige vers elle. Avalant un peu vite ce qu'elle a dans la bouche, la rousse lève ses jades pour rencontrer les onyx qui la fixent.


-" Bonjour ! Je suis Irénée. Il paraît que vous souhaitiez m'voir ?"
- Bonjour Demoiselle, je suis Pattricia La Canéda Dehuit de Malemort, la mère de la petite Lucie que vous avez sauvée d'une mort certaine.
Veuillez m'accompagner dans ce repas frugal s'il vous plait, la bière est fraiche et gouteuse.


Patt avait parlé un peu trop rapidement, ne voulant pas laisser à la brune le temps de refuser ou de protester.

- J'avais très envie de faire votre connaissance et de vous remercier, même si je me doute que vous n'avez pas tiré ma remuante fille de la rivière en vue d'une récompense quelconque.

La Sarladaise tire la chaise histoire de convaincre la jeune femme de s'asseoir et de se détendre en sa compagnie.

- J'ai commandé pour deux, faites-moi plaisir...

Pendant qu'elle parle et s'anime, le soldat en elle repère les armes, les muscles déliés et une légère crispation dont elle n'arrive pas à deviner la raison. La brune devant elle semble faussement fragile et les pluies persistantes du printemps n'ont pas encore hâlé son visage pale, mais elle imagine aisément que le doré remplace la blancheur actuelle de la peau quand le soleil prend enfin sa place dans le ciel estival.
_________________
Irenee.
    [ Brignoles ]


Elle s'était tenue debout le temps qu'ait lieu les présentations, puis, répondant favorablement à l'invitation émise par la rousse, elle avait pris place assise sur la chaise qui n'attendait plus qu'elle. Une bénédiction au moment même où elle avait cette impression de sentir son corps lâcher à nouveau. Elle l'avait sentit venir, sournoise, la sueur froide, prémices d'une crise à venir.

Bien assise, calée dans le fond de sa chaise, elle s'efforçait de ne rien laisser transparaître aux yeux de celle qui avait eu le désir de la rencontrer. Ainsi donc, devant elle se trouvait la mère de Lucie, jeune fille pour qui elle n'avait pas hésité à risquer sa vie.
Un instant son regard quitta Pattricia. Quelques secondes seulement, à peine le temps pour la Brune de découvrir le repas spartiate qui leur avait été servi. Elle ne pouvait regarder trop longtemps ce qui pour l'heure n'avait d'autres effets que de l'écoeurer et d'accentuer son malaise. Cependant, par respect pour celle qui invitait, elle se forcerait à boire et à manger un peu.
Sur un sourire, elle acquiesça donc, refermant sa main sur l'anse d'un godet emplit de bière qui se trouvait devant elle.


    -" Vous accompagner ? J'ai maigre appétit ces derniers temps, mais si cela peut vous faire plaisir... Et pour en revenir à votre fille, je l'ai sauvé il est vrai sans songer un instant à tirer quelconque profit. Il faut dire que je n’ai pas vraiment eu l’temps d’y penser au regard de la situation. J'ai simplement fait c'que j'avais à faire et si j'l'avais abandonnée sans rien tenter à son funeste sort, je sais que j'm'en s'rai voulu ma vie entière…
    D’ailleurs… Puisque nous en sommes à parler de Lucie... Comment va-t-elle depuis ? "


Sur ces mots Irénée se tût, portant machinalement à ses lèvres le godet qu'elle tenait et but quelques gorgées de son contenu. Rien qu’un peu de bière qui une fois avalée provoqua sitôt chez elle d’incommodantes aigreurs. Légère fut la grimace qui vint alors trahir l’inconfort, peut-être même avait-elle était imperceptible. Décidément, les maux tombaient bien mal et il allait être difficile pour la Brune d’honorer la rousse en partageant avec elle le repas.
Helena..
    Je vous aime.

    Trois petits mots. Trois petits mots que la Rousse avait attendu quelques années auparavant. Trois petits mots qui désormais lui foutaient la peur au ventre. La fiancée plantée tombait amoureuse d'un autre. Elle s'était dit que ce n'était pas chouette. La lettre de Plume était arrivée bien avant. Avant que la Rousse s'inquiète. Troublée, et inquiète. Elle n'était pas n'importe qui. On aurait rien pu tirer d'elle lorsqu'on parlait de sentiments. Elle avait peur, c'était le seul mot qu'on pouvait mettre sur la situation présente. Elle prit un vélin et une plume, songeant à sa nièce et à la dernière épreuve qu'elles avaient traversée.




Plume,

Tu me manques atrocement.
Je t'attends de pied ferme, quoi que je serais peut-être ailleurs, mais ça s'arrangera.
On parlera de tout, je te présenterai deux personnes aussi, que j'ai envie que tu connaisses.

Dépêches toi.

H.


    Elle se recoucha et attrapa un objet fin et brillant. Sa bague. Elle était fiancée. Fiancée à un mort. Ou, à un con. La bague serait toujours là pour lui rappeler. Elle ferma les yeux, tenant bien serrée l'objet qui lui rappelait tant de souvenirs.
[/b]
Plumenoire
Malade.

C’était le seul mot que la louve avait dans la tête lorsqu’elle était seule, allongée en bordure de forêt où elle avait réussi à se trainer depuis la taverne. Visiblement, y rester trop longtemps l’avait épuisée plus qu’elle ne l’avait prévu.
Une demi-miche de pain dans sa besace, Okan attaché à une branche basse, Plume contemplait le ciel couvert, se demandant où trouver Héléna.


J’ai mal …

Evil, allongé contre elle vint lui lécher doucement la joue. Plume grogna doucement et essaya de se redresser. Mais le monde autour d’elle se mit à tourner à toute allure, l’obligeant à se recoucher sur son lit de mousse. Fermant les yeux elle poussa un long soupire. Incapable d’avaler quoi que ce soit, son ventre criait pourtant famine.

Après un moment, Plume se redressa lentement contre un tronc, puis sortit de quoi écrire de sa besace. Comme écritoire, ses genoux, en espérant que ses missives seraient lisibles. D’abord sa tante …




Héléna,

Je suis malade. C’est pour cela que j’n’ai pu arriver à la date prévue.
M’enfin, je suis à Limoges, on m’a dit que je pourrais surement te croiser ici.
As-tu un endroit où dormir ? Je suis actuellement en forêt … J’espère te croiser au plus vite.
Je ne dors plus …

Je t’embrasse de loin,
A très vite …

Plume.


Maintenant son père … Elle soupire, il doit lui en vouloir … Elle espère que non … C’est quand même moins grave que la dernière fois … Non ?



Bonjour P’pa,

Je sais que je suis partie vite …
Ne prends pas cela pour une fugue, je t’en prie …
Je suis partie retrouver la famille … Héléna plus précisément. Je ne sortirais pas des sentiers battus … je te le promets.

Je viens aux nouvelles … Qu’y a-t-il de neuf à Sarlat ? As-tu des nouvelles de Patt’ ?
Es-tu Malade ? Alex l’est, moi aussi … je suis très faible actuellement … Mais je suis à Limoges et j’y ai rencontré Arnaut de Malemort. Ton cousin apparemment ?

Je t’embrasse,
Dans l’attente de te lire,

Ta fille.


Enfin, Irénée … Plume soupire doucement et éloigne rapidement les vélins pour réprimer un spasme.



Irénée,

Je suis désolée, je me suis enfuie bien vite … Dès mon retour à Sarlat en fait … j’ai laissé un mot à M’man … mais je ne t’ai pas dit au revoir … Je suis désolée, je ne fais pas une bonne « garde malade » hein …
D’ailleurs, je rirais presque en te disant ceci … Si je le pouvais.
Non, je ne me suis pas fait attaquée, je te le promets, je suis juste atrocement malade … Comme Alex.

Je suis actuellement à Limoges, sous un arbre en forêt pour être plus précise encore. J’arrive à peine à me lever … heureusement que j’ai mon étalon non loin … je ne sais même pas comment je vais réussir à envoyer ces messages … Il faut dire que j’n’ai pas pris beaucoup de pigeons …

Et toi alors ? Raconte-moi ? Quoi de neuf ? Tu vas mieux ?
Je te charge de veiller sur mon père, qu’il ne fasse pas trop de bêtises tout seul … Je tiens de lui faut dire … !
D’ailleurs j’ai rencontré un de ses cousins à Limoges, il parait que les Malemort se rassemblent la bas … Etrange coïncidence non ?

Je t’embrasse mon amie,
Dans l’attente de te lire,

Plume


Après avoir enfin terminé son courrier et rangé ses affaires, la louve observa autour d’elle. Loin de tous … Le corps irradiant de douleur … Elle était dans de beaux draps encore !

Evil … Okan … aidez-moi …

Se redressant lentement en prenant appui sur les épaules du chien-loup et un tronc d’arbre, Plume marcha jusqu’à sa monture. Réussissant à la détacher et à monter dessus tant bien que mal, elle se mit en route, au pas, jusqu’à la ville pour trouver un coursier qui ferait porter ses missives à leurs destinataires respectifs.
_________________
Irenee.
    [ Sarlat - Périgord - Juin 1462]


Elle la savait hors de Sarlat. La Brune avait eu vent de l'escapade de Plume lors d'un dernier entretien avec Pattricia, cela tout juste avant que cette dernière ne prenne la route et ne se retire à la recherche d'un repos bien mérité. Une entrevue oui, au cours de laquelle elle avait reçu pour consigne de veiller sur l'ensemble de la famille le temps que durerait son absence et qui s'était clos sur une promesse. Irénée s'était engagée à garder poser sur chacun des membres de la "tribu" un oeil attentif, et cela qu'ils soient près ou loin d'elle. C'est qu'elle avait grande conscience d'avoir sous sa garde ce que Pattricia avait, sans le moindre doute, de plus précieux.

Et voilà que la Brune, en serrant entre ses mains une missive rédigée par Plume, avait l'impression de faillir à sa mission. La jeune femme était loin, malade de surcroît et Irénée, de là où elle se trouvait, ne pouvait pour l'heure rien faire de plus qu'apporter une réponse au courrier récemment reçu.


    Citation:


          Plume,


      Ainsi donc, tu as déserté Sarlat pour te rendre à Limoges. J'étais au courant de ton escapade, Pattricia m'ayant avertie de ton envie d'échapper pour un certain temps à ton quotidien. Ne me restait qu'à savoir où tes pas t'avais menés. J'ai désormais réponse à ma question.
      Et si je me préoccupais de savoir comment tu te portes, me voilà à présent contrariée d'apprendre que tu ne vas pas bien.

      Je sais ce qu'est d'être malade. As-tu seulement quelqu'un près de toi qui soit là pour te veiller ? T'apporter de quoi te soigner ?
      J'ai fais la promesse à Pattricia, peu de temps avant qu'elle ne se retire, de veiller sur chacun des membres de sa famille et j'entends bien tenir mon engagement.

      Tu m'as demandé de veiller sur ton père. Je gage que ce dernier sait se tenir comme il se doit. C'est en tout les cas ce qu'il fait pour le moment.
      Il n'y a donc pas d'inquiétudes à avoir. Ni pour lui, ni pour les autres. Par contre, en ce qui te concerne...

      Tiens-toi au repos aussi souvent que tu le peux. Se ménager aide parfois à se sentir mieux. Je sais de quoi je parle. Et puisque tu t'en soucies, saches que je suis à ce jour complètement rétablie. Je dois ça à force de repos, mais pas seulement. Tu es pour beaucoup dans mon rétablissement, alors même sans cette promesse faite à Pattricia, veiller sur toi à mon tour est la moindre des choses que je puisse faire.

      Arranges-toi pour me faire part de l'évolution de ton état. Si jamais il advenait qu'il aille de mal en pis, je ferai en sorte que tu sois rejoint sur Limoges et s'il le faut, je ferai moi-même le déplacement.

      A bientôt de recevoir de tes nouvelles,
      Je t'embrasse,



                  Irénée.



Helena..
"Même si le chêne est géant,
Il fendra dans l'ouragan,
Moi roseau, par mauvais temps,
Je danse avec le vent."


    Tristes jours, tristes nuits. La Rousse ressemblait plus à une chouette effarouchée qu'à n'importe quoi d'autre. Foutues insomnies. Elle se redressait, aux aguets, étalée dans un fossé. Que foutait-elle? Les cheveux en bataille, quelques attributs de la nature s'y était fourrés, mais peu importe. Depuis quelques jours, le corps avait maigri, il s'était affaibli, et la carcasse bougeait d'un point à l'autre sans grande conviction. Le teint était devenu encore plus blafard, elle réagissait toujours trop tard. Décidée à ne plus rien avaler, son estomac voulait que ça change. Drôle de carcasse qui se traînait dans les rues en haillons. Drôle de personnage un peu perdu.

    D'une minute à l'autre, tout pouvait s'écrouler. Mais la Rousse n'avait pas la qualité de voir ce qu'il lui restait. Parce que malgré tout, Arry était resté. Il n'avait pas fuit, la laissant tomber. Alors, elle savait. Elle savait ce qu'il lui fallait. Mais, elle estimait avoir le droit de se traîner comme elle voulait, de boire jusqu'à oublier son prénom, d'emmerder les gens. Cependant, Plume ne pouvait pas rester seule, les cauchemars, elle en avait eu, et Héléna s'inquiétait pour elle. Elle se devait de la protéger. Elle avait raté une fois, elle ne referait pas les mêmes erreurs.

    La veille, trois personnes s'étaient proposées pour l'accompagner au lit. Ca aurait certainement du la flatter, mais l'esprit tordu était encore trop loin pour répondre avec malice. La mort l'obsédait. La mort, si précieuse, si ambitieuse, si hasardeuse. Ca ressortait de la magie. Magnifique. Donner la mort, c'était beau. Voir sa mort, c'était étrange. Le sentiment de perdre le contrôle sur sa propre vie. Comment mourrait-elle? De faim? Non, c'est trop banal. Elle mourrait assassinée. Ca, c'était classe. On ne retrouverait pas le corps. Sinon, elle serait enterrée. Un enterrement qui ne compterait que quelques personnes. Un enterrement pas assez grandiose.

    La carcasse se dirigeait aveuglément vers une grand chêne. Un magnifique chêne. Elle le contemplait, plantée devant. Le cerveau se mit lentement en route, un peu lent à cause de l'alcool ingurgité la veille. Elle ne serait pas le chêne. C'est triste d'être le chêne. C'est faible. Il ne tombait pas pour les petits coups de vents, mais dès que vient l'orage, il tombe, et c'est fini. Il ne voit qu'un seul orage. La Rousse s'assit à son pied, et sort de quoi écrire, lasse de toute réflexion, elle pris en main de rassurer le père de sa nièce.




Arga,

Salut, c'est ta belle-soeur, tu sais, une rousse. Pas Alicina, l'autre. Bon, je vais en venir aux faits, parce que j'ai la flemme de tourner autour du pot.

Plume est avec moi. Viens la rejoindre si tu peux. On est en sécurité, c'est pas comme à Paris, ici, je connais du monde. Arry est avec nous, il ne lui arrivera rien.

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé.

Et sinon, ça va?

Viens vite.

H.


    Elle regarda le pigeon s'envoler, recroquevillée au pied de l'arbre, regardant dans le vide, les cheveux ébouriffés par la nuit passée à s'ennuyer. Les bras rassurants lui avaient manqué. Vide de tout espoir, elle était la tête à moitié dans l'eau. Elle se redresserait, plus tard. Le roseau se redressait avec le temps.
Argawaen
[Place forte de Cosnac - Limousin]

Son épouse étant partie chez les nonnes, sa fille étant partie également le Dehuit de Malemort avait prit possession de sa place-forte de Cosnac aux abords de Tulle et espérait retrouver un peu de goût à toute chose. Les joutes avaient été d'une belle distraction pour ce vieux vétéran, et il en remerciait sa soeur, mais pour l'heure il n'avait rien de particulier à faire sur Sarlat, alors il était allé s'enfermer à Cosnac. Les enfants entre les mains de leur précepteur et autre personnel qualifié pour leur éducation. Le tout sous bonne garde évidemment.

Le vieil homme passait ses journées à lire, écrire, nettoyer ses armes, ces activités banales commençaient à l'agacer au plus haut point. Mais au moins il n'avait personne sur le dos, la solitude était plaisante de temps en temps, et il en avait besoin.
Quittant la place-forte afin de se rendre un peu plus dans les terres qui lui appartenaient l'homme regardait l'état des routes et secouait la tête doucement. Il fit envoyer un pigeon au Castel afin que des travaux soient entrepris rapidement. Le commerce ne devait être troublé, et les routes devaient être entretenues au maximum.

Prenant ensuite la direction de la taverne un messager vint l'interpeller et lui donna un message. Le laissant disposer il glissa ce dernier dans sa botte et alla boire un coup en compagnie de ses gens. Après plusieurs bières de descendues l'homme prit le fameux message et le lu du mieux qu'il pouvait, fronçant les sourcils parfois afin d'éclaircir sa vue.


Citation:
Belle-soeur,

Ma fille est partie une fois de plus sans mon consentement, et elle est assez grande pour se débrouiller. Je suis fatigué de devoir lui courir après. Je te laisse ce fardeau qui ne cesse de m'inquiéter de jour en jour, ne la quitte pas d'un oeil. Je sais qu'elle est malade, mais cela l'obligera peut-être à réfléchir un peu plus avant d'agir à la hâte.

De mon côté je vais bien, je suis dans ma place-forte de Cosnac, au sud de Tulle. Si quelqu'un doit se déplacer, ce n'est pas moi, mais bien vous. Les portes seront ouvertes, pour l'heure, je préfère rester ici.

Embrasse ma fille et salue Arry pour moi.

Argawaen Dehuit de Malemort,
Seigneur de Lugan, de Cosnac, de La Force et de La Chesnelière


Il fit envoyer le message, et lui retourna dans sa place-forte. Il avait besoin de repos, et ne plus avoir à se soucier de quoique ce soit ne serait-ce que l'espace de plusieurs heures...
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Plumenoire
[Limoges]

Elle avait trouvé refuge dans l’appartement d’un « ami », une connaissance qu’elle appréciait plus exactement. Enfin, c’est là qu’elle avait posé ses affaires, Héléna qu’elle avait brièvement croisé en taverne lui avait dit qu’elles iraient chez une amie …

Assise à la fenêtre, Plume observait la capitale du Limousin, les deux mains pressant furieusement son ventre qui refusait de la laisser en paix un seul instant. Les yeux cernés, c’est d’une main tremblante que Plume prend l’écritoire pour répondre aux missives reçues quelques heures auparavent.



Père,

Je ne veux pas que tu viennes me chercher. Je ne te le demande pas. Je suis partie de mon plein gré, en toute connaissance des choses. J’assumerais jusqu’au bout.
Certes je suis malade, mais vu l’état d’Alex, je pense que j’ai emporté la maladie dans mes bagages …
Ne t’inquiète pas pour la ville, nous partirons des que Patt’ sera de retour …

Je t’embrasse,
La louve,
fille d’un ours, et fière de l’être !




Irénée,

Ne t’inquiète pas trop pour moi. Ma dernière escapade m’a servi de leçon … Disons que c’est pour en oublier l’arrière-gout que je suis partit … Il est des blessures que l’on doit panser seul …

Je suis avec ma tante, Héléna, la demi-sœur d’Patt’. Je la vois peu, mais ne t’inquiète pas, j’ai de quoi manger, j’essaye de travailler un peu à la mine … mais sans grand succès … Ils m’ont même presque refusé l’accès à la mine ! Mais … C’est à moi seule de gagner mon pain.

Que te dire … je sors peu comme tu dois t’en douter … Mais ne t’en fait pas, Alex m’a écrit être malade lui aussi … Alors tu sais, tu n’as en rien faillit à ta mission ! Ne te donne pas la peine de venir sur Limoges, ni même d’envoyer quelqu’un, je rentrerais bientôt, j’ai juste besoin de temps … Pour réfléchir, pour voir Héléna, pour parler …

Et toi alors ? Tu ne m’as pas vraiment répondu, qu’y a-t-il de neuf à Sarlat ? Comment vont mes frères et sœurs ? As-tu des nouvelles de ta sœur ?

Dans l’attente de te lire,
Je t’embrasse,

Plume


La louve fit envoyer ses messages et retourna s’allonger, fatiguée …
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