- Le 19 Juin 1462 -Henri n'était pas un incapable. Il n'avait pas reçu d'éducation, ne connaissait pas grand chose à la politique, savait lire et écrire avec difficulté, mais était débrouillard. Par lui-même, il avait appris à tailler le bois ; par lui-même, il avait appris à chasser et à tirer à l'arc.
A dix-huit ans, il avait croisé la route d'un fauconnier, qui lui avait appris les rudiments de son art. Pour le remercier d'un service que le jeune homme lui avait rendu, l'homme lui avait donné la possibilité de choisir un uf de buse et de dresser l'animal. Henri avait suivi chaque conseil, et évité quelques erreurs, sans trop de mal. Parce que Henri était débrouillard, et qu'il ne manquait ni d'instinct, ni d'intelligence, même s'il lui arrivait de se montrer naïf.
Quelques jours plus tôt, le blondinet avait reçu une lettre. Une lettre d'une totale inconnue, une dénommée Plume. Le jeune homme avait trouvé le nom étonnant, et plus encore étonnant, la demande que cette personne lui faisait. Elle désirait un faucon, et quelqu'un pour lui apprendre à le dresser. Elle avait entendu parlé de lui par sa petite sur Irénée.
Remis de son étonnement, Henri avait brièvement répondu qu'il arrivait au lieu du rendez-vous : l'hôtel de la Force, à Paris.
Paris... Henri n'aimait pas particulièrement cette ville. Il y avait commis de très imprudents erreurs, qu'il regrettait amèrement. Mais Paris resterait tout de même une ville qu'il chérirait, au moins parce que c'était là-bas qu'il avait croisé la route de la très belle Ciana. Ciana, qui hantait ses pensées jours et nuits, et qu'il avait retrouvé par hasard sur le chemin de la Bretagne. Et puis c'était là aussi que vivait Alida, une drôle de Chauve-Furie qu'il appréciait sincèrement.
Une fois arrivé à la capitale, le blondinet n'avait pas tardé à trouver la route de l'hôtel en question. Henri n'avait que très rarement mis les pieds dans de telles habitations. Il n'était qu'un simple paysan, après tout, et encore, pas vraiment. Il n'était que journalier, et ne possédait pas de terres à lui.
Il fut impressionné par l'hôtel. C'était plus grand qu'une cabane dans les bois, pour sûr ! Et c'était sûrement meublé comme le Manoir Ozéra, qui appartenait à sa sur aînée, Marion.
Tout ce que Henri espérait désormais, c'était qu'on l'attendait bel et bien, et qu'on ne s'offusquerait pas de la présence de sa chienne. Parce qu'un chasseur sans chien, c'était comme un canard sans aile, ça ne rimait pas à grand chose. Et pour une fois qu'il acceptait de l'emmener ! D'habitude, il la laissait dans sa cabane forestière, mais cette fois il avait tenu à ce qu'elle vienne. Il n'avait pas envie d'être absolument seul dans Paris, et espérait que la présence de la chienne le dissuaderait de fréquenter les lieux douteux.
Henri toqua à plusieurs reprises sur le bois de la porte. Il était temps de s'annoncer, et de faire ce pour quoi il était là, à savoir : rencontrer Plume.
La porte s'ouvrit, et un valet apparut, lui demandant la raison de sa viste.
« Je viens voir la Demoiselle Plume. Elle m'attend, je suis Henri. Pour le faucon. »_________________
Henri pense. « Henri parle. »