Pattricia
Les deux jours de défilé avaient eu lieu et la rousse sentait venir le moment où elle devrait quitter cet hôtel définitivement. C'était un déchirement pour elle "et dire que je n'en voulais pas !". C'était sa gouvernante/nounou/amie de l'époque qui avait tout tramé avec les triplés. "Sans Méli, je n'aurais jamais acheté cet ancien couvent..." Méli avait quitté Patt pour suivre l'homme de sa vie peu de temps après le mariage avec l'ours. Les enfants n'étaient plus au nid et la petite Jade ne leur avait pas encore été confiée par leur mère mourante. Cette femme si chère et si proche avait disparu dans la tourmente de la guerre contre l'Empire...
Il était temps pour la rousse d'accélérer la rédaction de ce journal intime, bientôt elle n'en n'aurait ni la force, ni le courage.
Ma convalescence dura presque un an, le charbonnier me soigna à l'aide de mixtures préparées par une sorcière du coin et le louveteau devin un beau mâle peu discipliné mais qui eu le bon gout de ne jamais s'attaquer aux troupeaux des seigneurs du coin mais de chasser le gibier dont il rapportait les meilleurs morceau à la maison. Je dis la maison mais pourtant je ne l'ai jamais considérée comme telle. Peut-on être moins reconnaissante que moi à cette époque ? Je ne le pense pas. Mais remettons les choses dans leur contexte.
D'abord la souffrance... puis l'impuissance à supporter qu'un homme me touche même si c'est pour mon bien. Enfin les longues heures à réapprendre à bouger, marcher, me laver toute seule, manger avec appétit. La seule chose qui ne vint pas à cette époque, c'est la parole. J'étais muette et dans ma tête c'était comme une carapace protectrice. Sans doute mon sauveteur se présenta t-il mais je ne m'en souviens pas. C'était comme si je le considérais comme utile mais sans plus. Je suppose que le fait qu'il soit un homme suffisait à m'absoudre d'aussi peu de reconnaissance et d'attention. D'ailleurs je fis encore pire... Un matin, après qu'il soit parti travailler, je vidais ses réserves, piquais un tissu avec lequel je me fis un baluchon, empruntais un de ses bâtons de marche que je sciais afin qu'il soit à ma hauteur et je partais sans me retourner. J'avais 9 ans et demi...
La période qui suivit fut juste incroyable. C'était l'automne, Truffe -le loup- chassait pendant que je testais les baies sauvages, parfois à mes dépens quand le test se révélait être toxique mais heureusement pour moi, jamais fatal. Le charbonnier m'avait appris un certain nombre de choses, comme fabriquer des collets, comment les poser, faire un feu, utiliser la mousse pour fabriquer des cataplasmes contre les petites coupures risquant de s'infecter. Cela me servit sans aucun doute mais nous approchions de l'hiver, il allait falloir trouver une solution.
Je me mis en quête d'une caverne et nous en trouvâmes une... occupée ! Un ours y commençait son hibernation. Que faire ? Tuer un ours à 9 ans et demi ? Soyons sérieux ! Profitant qu'il dormait, je fis plusieurs feux, enfumant la grotte afin de résoudre notre problème d'hébergement. L'animal se réveilla, fou de rage et évacua la grotte. Planqués bien plus haut sur le chemin, nos jours ne furent pas en danger. Après le départ du plantigrade, j'ai déplacé les zones de feu et ranimé toutes les flammes afin de m'assurer que l'ours ne reviendrait pas. Heureusement pour nous, il ne montra plus le bout de son museau et la caverne devint notre nid d'aigle.
Précédemment pendant l'automne, j'avais tressé deux paniers et les avais accrochés sur le dos de Truffe. Je m'étais également fabriqué une petite hotte cela permit de transporter bien des choses plus facilement, notamment mes larcins. Les villages alentours étaient tout de même à quelques lieues et l'entrainement quotidien à la survie avait développé la distance que mes jeunes jambes étaient capables de parcourir. C'est ainsi que le chapardage dans tous les villages et campements mal protégés aidèrent à l'équipement de notre "chez-nous". Lanterne, une couverture une fois, des draps, deux gamelles, une petite chatte -Iris- et de la paille engrangée pour l'hiver.
Ce ne fut pas non plus très difficile de dresser un nombre incalculable de collets afin de prévoir de la viande pour l'hiver. Un charbonnier sait boucaner la viande et j'avais bien observé comment fabriquer un boucan. Quand l'hiver vint, j'avais cousu les fourrures des lapins et autres lièvres, fabriqué un garde-manger et subtilisé dans les réserves des habitants assez de fromages pour tenir trois mois de blé et d'orge pour faire une farine grossière, etc. Par chance, l'hiver fut plutôt clément et tenir ne fut pas trop éprouvant...
_________________
Il était temps pour la rousse d'accélérer la rédaction de ce journal intime, bientôt elle n'en n'aurait ni la force, ni le courage.
Ma convalescence dura presque un an, le charbonnier me soigna à l'aide de mixtures préparées par une sorcière du coin et le louveteau devin un beau mâle peu discipliné mais qui eu le bon gout de ne jamais s'attaquer aux troupeaux des seigneurs du coin mais de chasser le gibier dont il rapportait les meilleurs morceau à la maison. Je dis la maison mais pourtant je ne l'ai jamais considérée comme telle. Peut-on être moins reconnaissante que moi à cette époque ? Je ne le pense pas. Mais remettons les choses dans leur contexte.
D'abord la souffrance... puis l'impuissance à supporter qu'un homme me touche même si c'est pour mon bien. Enfin les longues heures à réapprendre à bouger, marcher, me laver toute seule, manger avec appétit. La seule chose qui ne vint pas à cette époque, c'est la parole. J'étais muette et dans ma tête c'était comme une carapace protectrice. Sans doute mon sauveteur se présenta t-il mais je ne m'en souviens pas. C'était comme si je le considérais comme utile mais sans plus. Je suppose que le fait qu'il soit un homme suffisait à m'absoudre d'aussi peu de reconnaissance et d'attention. D'ailleurs je fis encore pire... Un matin, après qu'il soit parti travailler, je vidais ses réserves, piquais un tissu avec lequel je me fis un baluchon, empruntais un de ses bâtons de marche que je sciais afin qu'il soit à ma hauteur et je partais sans me retourner. J'avais 9 ans et demi...
La période qui suivit fut juste incroyable. C'était l'automne, Truffe -le loup- chassait pendant que je testais les baies sauvages, parfois à mes dépens quand le test se révélait être toxique mais heureusement pour moi, jamais fatal. Le charbonnier m'avait appris un certain nombre de choses, comme fabriquer des collets, comment les poser, faire un feu, utiliser la mousse pour fabriquer des cataplasmes contre les petites coupures risquant de s'infecter. Cela me servit sans aucun doute mais nous approchions de l'hiver, il allait falloir trouver une solution.
Je me mis en quête d'une caverne et nous en trouvâmes une... occupée ! Un ours y commençait son hibernation. Que faire ? Tuer un ours à 9 ans et demi ? Soyons sérieux ! Profitant qu'il dormait, je fis plusieurs feux, enfumant la grotte afin de résoudre notre problème d'hébergement. L'animal se réveilla, fou de rage et évacua la grotte. Planqués bien plus haut sur le chemin, nos jours ne furent pas en danger. Après le départ du plantigrade, j'ai déplacé les zones de feu et ranimé toutes les flammes afin de m'assurer que l'ours ne reviendrait pas. Heureusement pour nous, il ne montra plus le bout de son museau et la caverne devint notre nid d'aigle.
Précédemment pendant l'automne, j'avais tressé deux paniers et les avais accrochés sur le dos de Truffe. Je m'étais également fabriqué une petite hotte cela permit de transporter bien des choses plus facilement, notamment mes larcins. Les villages alentours étaient tout de même à quelques lieues et l'entrainement quotidien à la survie avait développé la distance que mes jeunes jambes étaient capables de parcourir. C'est ainsi que le chapardage dans tous les villages et campements mal protégés aidèrent à l'équipement de notre "chez-nous". Lanterne, une couverture une fois, des draps, deux gamelles, une petite chatte -Iris- et de la paille engrangée pour l'hiver.
Ce ne fut pas non plus très difficile de dresser un nombre incalculable de collets afin de prévoir de la viande pour l'hiver. Un charbonnier sait boucaner la viande et j'avais bien observé comment fabriquer un boucan. Quand l'hiver vint, j'avais cousu les fourrures des lapins et autres lièvres, fabriqué un garde-manger et subtilisé dans les réserves des habitants assez de fromages pour tenir trois mois de blé et d'orge pour faire une farine grossière, etc. Par chance, l'hiver fut plutôt clément et tenir ne fut pas trop éprouvant...
_________________