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[RP] Hôtel de La Force

Alicina.

    Tout d'abord, la lucarne s'était ouverte, et un regard d'homme m'avait dévisagé, l'air terrorisé. Je n'avais pas eu le temps de dire le moindre mot que l'homme s'était enfui. Une nouvelle fois, la lucarne s'était ouverte, et des yeux de femmes m'avaient cette fois observé, pleins d'incrédulité. Et puis, enfin, ce fut la porte toute entière qui pivota, et une femme aux cheveux bruns se mit à me parler, me reconnaissant, semblait-il.
    Je retins un soupir, à la remarque sur la mort. Depuis que j'avais croisé la route de Léna, et au fur et à mesure que je retrouvais les gens qui avaient partagé ma vie avant l'agression, j'avais le droit à cette phrase. Ce n'était pas ma faute si je n'étais pas morte ! Ma jumelle tout d'abord, Maryah la Bridée ensuite, et puis Niallan le fiancé m'avait accusé d'être un fantôme, et maintenant cette femme. Je n'avais pas demandé à me faire cogner dessus, et à perdre la mémoire. Je détestais qu'on me rappelle que j'étais vivante. Ou plutôt qu'on s'étonnait que je ne sois pas morte.

    – Je suis vraiment désolée, fis-je, et j'étais sincère, je ne voulais faire de mal à personne, poursuivis-je, et j'étais encore plus sincère que précédemment, si possible.

    Je la suivis, tenant toujours bien serré contre moi un Pantoufle aux yeux mi-clos, satisfait des caresses de la servante. Il regardait les alentours avec des airs de propriétaire, comme s'il considérait que chacune des pierres qui composaient l'édifice avait été posée là à sa gloire. Ce chat, décidément, était vraiment bizarre, parfois.

    – C'est une longue histoire, vous savez ? C'est parce que ma sœur... Je veux dire Héléna, ma jumelle... s'est attirée des ennuis et... Oh ? La voir ? Tout de suite ?

    Je sentis les mains de la femme me pousser dans le dos, et je pénétrai dans la cuisine. C'était une pièce aux belles proportions, avec des odeurs à vous donner faim immédiatement, même si vous sortiez de table. Attablée devant un festin, une femme aux cheveux aussi roux que les miens était occupée à engloutir des tas de bonnes choses. Je me raclai la gorge, mal à l'aise, tandis que Pantoufle se tortillait comme un serpent et s'échappait de mes bras. Je n'eus pas le temps de le rattraper que déjà, il filait sous la table.

    – Je... Heu... Bonjour ! La servante m'a laissé entrer, elle... Enfin, je viens ici parce qu'il fallait que je vous rencontre, je crois. Léna m'a parlé de vous, et... Enfin, vous le savez déjà mais, nous sommes sœurs.

    Je me tordis les mains, l'air mal à l'aise. J'appréhendai terriblement sa réaction.

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Pattricia
L'avantage d'avaler les lieues, c'est qu'une douce torpeur vous envahit, tout autour de vous devient flou ou inintéressant. La La Canéda Dehuit de Malemort est dans cet état d'esprit, ayant totalement occulté son environnement pour aller à l'essentiel, manger et boire tout son soul. Un bon massage aurait sans aucun doute rendu parfait ce moment de re-centrage mais n'ayant pas l'ours sous la main, elle ferait sans. Elle en est à osciller entre l'eau ou le vin quand une petite voix hésitante mais pas inconnue perce ses défenses.

– Je... Heu... Bonjour ! La servante m'a laissé entrer, elle... Enfin, je viens ici parce qu'il fallait que je vous rencontre, je crois. Léna m'a parlé de vous, et... Enfin, vous le savez déjà mais, nous sommes sœurs.

La rousse ne percute pas, ça bloque du côté de son neurone unique. Puis petit à petit la lumière se fait et elle tourne son visage en direction de la personne qui vient de parler. Une personne dont on avait jamais retrouvé le corps, une personne dont elle s'était sentie plus proche que sa sœur, une personne qui cumulait gaffes et joie de vivre qui leur avait laissé croire qu'elle n'était plus.

Ali... ?

Sa voix est étouffée par l'émotion qui s'empare d'elle, la joie sauvage de retrouver sa sœur et la colère des affres de la folie qu'elle avait ressentis. Pourtant une chose change la donne, sa récente résurrection quand elle est retournée au lac de Sarlat en pèlerinage. Ses retrouvailles avec l'entité que peu rencontraient dans ses profondeurs lui avait apporter une paix qu'elle n'avait plus ressenti depuis bien longtemps. Elle se lève de sa chaise, tendue comme un arc, s'avance vers la visiteuse à grands pas pour mieux la regarder.

Ali !!!!

Sans même réfléchir, elle l'entoure de ses bras et la serre contre elle. Soudain intimidée par cette invraisemblable présence, elle recule et plante ses jades embués dans son regard. Puis elle tortille son cou pour faire craquer ses cervicales, lui prend la main et l'entraine jusqu'à la table. Patt tire une chaise pour l'inviter à s'asseoir, met un godet qu'elle remplit de vin. Elle lui tend et s'assied.

Raconte !

Le temps qu'Ali se décide, la vindicative décroche sa flasque d'alcool de poire de sa ceinture et s'enfile une bonne rasade. C'est bien sa sœur, pas de doute, mais le sens de ses paroles a enfin complètement pénétré son cerveau "Léna m'a parlé de vous, et... Enfin, vous le savez déjà mais, nous sommes sœurs." Ali semblait s'en convaincre elle-même. La jeune femme était-elle amnésique ? Cela expliquerait cette gène et cette disparition.
Patt ayant vécu la même chose enfant, cette possibilité ne lui paraissait pas du tout absurde. Il se pourrait même que sa sœur ait perdu définitivement ses souvenirs, c'était bien le cas pour la rousse qui avait oublié la quasi totalité de ses souvenir d'avant l'attaque et la dispersion de la famille.

Elle aimerait la serrer à nouveau contre elle, lui caresser les cheveux, danser, chanter, allez savoir. Mais elle ne voulait pas l'effrayer et puis de toute manière Patt et "lâcher prise" étaient deux éléments qui ne se croisaient jamais.

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Alicina.

    Je ne sais pas trop pourquoi, mais lorsqu'elle prononça mon surnom, j'eus immédiatement envie de pleurer. Peut-être parce que j'avais été reconnue ? Reconnue par elle, ma sœur aînée ? Et que cela voulait dire, indubitablement, que j'avais une famille ?
    L'exclamation suivante - comme si jusqu'à ce qu'elle se tienne bien en face de moi, elle avait douté de ma réalité - acheva de me tordre le ventre. Lorsque les bras de Pattricia se refermèrent sur moi, je l'agrippai à mon tour, la serrant comme si j'allais me noyer et qu'elle ait été ma seule planche de salut. J'avais envie d'éclater en sanglots, mais je ravalai mes larmes lorsqu'elle se recula. Je me laissai guider jusqu'à la table, sans la lâcher des yeux.

    Pattricia avait les cheveux roux. Et de très beaux yeux verts. D'une manière générale, je la trouvais très belle, avec quelque chose d'indéfinissable en plus. Comme quelque chose qui faisait qu'on avait envie de se faire aimer d'elle. Je n'aurais pas su expliquer autrement ce qu'elle m'inspirait.
    Je me saisis de mon godet, la main tremblante. J'avais toujours envie de pleurer, et mes yeux devaient briller de larmes, sans que pour autant, elles se décident à dévaler mes joues. Je ne me lassais pas de la regarder, et j'en oubliais de boire, sur l'instant. Ce ne fut que lorsqu'elle me demanda de lui raconter que j'eus soudain la bouche sèche, comme si j'avais mangé un bout de parchemin. J'avalai une gorgée, savourant à peine le goût du vin.

    – Eh bien, je... Il y a huit ou neuf mois maintenant, je me suis réveillée dans un couvent, parfaitement amnésique. Je ne me souvenais de rien, et d'ailleurs je ne me souviens toujours pas. Même pas du plus petit évènement, rien du tout. On m'a donné, quelques jours après mon réveil, une besace qui contenait mes affaires et... Il y avait là un livre, avec écrit un prénom. En vérifiant l'écriture, j'ai constaté que c'était la même, et j'ai donc appris que je m'appelais Alicina.

    Je repris une gorgée de vin, sans la quitter des yeux. J'avais envie de la serrer contre moi pendant des heures, des jours, des mois peut-être. Une famille... J'en avais tellement rêvé pendant ces huit mois.

    – Je suis restée au couvent pendant sept mois. On m'a encouragé à partir parce que... Disons que je suis maladroite, et que j'avais malencontreusement cassé une relique. Je suis partie de là, et j'ai commencé à travailler. Mais ça se terminait toujours en accidents. Jusqu'au jour où une jeune femme est entrée dans l'auberge où je travaillais. Je servais les commandes, et j'ai été servir cette personne... qui n'était autre que Léna. Elle m'a bien sûr reconnue. Plus tard, plusieurs semaines après, nous nous sommes revues, et elle m'a raconté. Notre enfance, nos vies, et puis elle m'a parlé de v... de toi. Et depuis ce jour-là que je te cherche. Et je t'ai retrouvé.

    Un timide sourire éclot sur mes lèvres. J'avais décidé de la tutoyer. Parce qu'elle l'avait fait elle-même, et que si c'était ma sœur, je n'avais pas à hésiter. Le même sang - ou du moins une partie - coulait dans nos veines.

    – Léna m'a raconté qu'on avait du m'agresser par vengeance. Elle faisait des choses... Pas très... Enfin, elle faisait des choses terribles, et on a du vouloir se venger de ses actes en m'attaquant, pour qu'elle souffre. Mais je n'en sais pas plus, je ne me souviens de rien du tout.

    J'avais toujours envie de la serrer contre moi, mais je n'osais pas. J'étais intimidée. Cependant, si je continuai à boire, j'allais me jeter sur elle en pleurant. Je ne mettais pas bien longtemps à avoir la tête qui tourne.

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Pattricia
Tu es mon autre...




Les bleuets et les jades, aussi embués les uns que les autres se dévorent. Ça bourdonne dans les oreilles de la rousse. Il y a des connexions qui ne font pas encore tout à fait dans son cerveau. Elle a devant elle cet être merveilleux qu'elle croyait perdu à jamais. Ali avait toujours été à ses yeux la meilleure d'entre eux. Généreuse, gaie, aimante et insouciante, un vrai cadeau de la vie. Chaque membre de cette fratrie éparse avait son côté sombre, sauf Ali. C'était les autres qui la salissaient de leur noirceur et encore, il en fallait beaucoup pour que la lumière qui l'habitait en permanence soit ternie.

Elle ne veut pas l'effrayer ou la couper dans son élan, mais la vindicative ne pense qu'à une chose, la prendre contre elle et la bercer comme elle le faisait pour les triplés quand un gros chagrin couvait. Cette sensation d'être incomplète depuis que sa descendance avait pris son envol s'apaise un peu en présence de sa jeune demi-sœur. Qui aurait cru qu'elle bénirait le jour où son père avait trompé sa mère. Mais Ali commence à raconter...

Elle aimerait l'interrompre pour lui demander où se trouve ce couvent mais n'en fait rien, profitant de ce moment précieux où la voix perdue enfin retrouvée lui noue l'estomac. Elle ne lui dirait pas comment elle avait vécu sa perte et celle de Mycha, à quoi bon... Le lac l'avait guérie, tout pouvait rester enfoui désormais, elle ne voulait surtout pas qu'Ali se sente responsable de quoi que ce soit, c'était juste une mise à l'épreuve et désormais elle était terminée. Soudain une phrase la fait éclater de rire.


Pôv relique...

Ali et ses maladresses à répétition... Ali et ses gaffes souriantes... Ali, son soleil...
Quand elle la tutoie, elle lui rend son sourire, plus franc... complice. Elle glisse sur les raisons qui sont à l'origine de l'agression qu'elle a subie, Helena est un sujet qu'elle ne se voit pas aborder, trop de douleur, de noirceur et d'abandon. Elle avait essayé de communiquer, elles s'étaient écrit, mais là où enfant Patt avait rebondi avec une rage de vivre, leur sœur n'avait retenu que la soif de détruire et de s'autodétruire...

Les deux protagonistes de ce drôle de ballet sont à fleur de peau cela ne fait aucun doute. Mais toujours indécise sur ce qu'Ali peut supporter -ou pas- après un tel retour à la vie, tant de rencontres et de retrouvailles, la vindicative se retient de se comporter en mère poule, préférant laisser venir sa petite sœur quand cela serait le moment. D'ordinaire elle s'ouvrirait une bouteille et la descendrait jusqu'à ce qu'elle se sente légèrement anesthésiée sauf que là ça gâcherait tout. Ce trop plein d'émotion, rien à faire elle doit le gérer et le mieux est encore de s'activer. Tranchant dans le vif, elle saute du coq à l'âne.


Tu sais quoi ? Et bien les émotions ça creusent ! Et si mes souvenirs sont bons, l'alcool et toi... 'fin disons qu'il vaut mieux que tu aies quelque chose dans l'estomac. Alors je te propose la chose suivante, je te colle devant le museau un plateau bien garni de nourriture et je te parle de la tribu. Je suppose qu'Helena ne s'est pas trop étalée sur ce côté là de la famille n'est-ce pas ?

Sans attendre la réponse, Patt se lève, dépose un baiser tendre sur le front de sa jeune sœur et commence à fouiller elle-même dans les placards et coffres pour finir par étaler devant Ali des tranches de pain tiède, du chèvre, des tranches de jambon fumé, un broc d'eau fraiche et une tranche de tarte aux prunes. Elle leur sert un grand godet d'eau à chacune et s'installe de l'autre côté de la table pour être en face d'elle. L'ainée a repris le contrôle, la cadette va pouvoir se remettre doucement en mangeant tranquillement sans que sa grande sœur ne l'étouffe de câlins et ne la saoule de questions.

Dans la même année, j'ai retrouvé deux de mes frères et mes demi-sœurs et dans la même année j'ai perdu mes frères et toi. Alors aujourd'hui, c'est un beau jour pour tout se dire...

Elle sourit, plus sereine maintenant qu'elle a désamorcé le raz-de-marée qui menaçait de les emporter. C'est à cet instant qu'elle se rend compte de deux choses inhabituelles, elles sont seules dans la cuisine et un truc poilu se frotte contre ses jambes.

Pantoufle ?
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Alicina.

Je vais fêter ce renouveau, avec toi ma sœur...
Reprise du « Renouveau » - la Reine des Neiges


    J'essayais de me faire à l'idée que j'avais une famille. C'était étrange et merveilleux à la fois, un peu comme si on m'avait offert un bouquet de fleurs qui se seraient mises à chanter. J'avais envie de célébrer cela dignement. J'imaginai déjà des banderoles colorées, un air de musique, un énorme buffet ; en un mot, un bal. Le bal des retrouvailles, le bal où chacun était presque obligé d'être joyeux. J'imaginai les robes portées par les femmes, et les chemises de soie arborées par les hommes. Un bal... j'avais soudainement envie d'un bal. C'était étrange, moi qui tenais à peine sur mes jambes, que j'éprouve le désir de danser. Mais j'avais envie d'une grande fête pour célébrer les retrouvailles avec ma sœur. Avec Pattricia.

    Plus je la regardais, plus je trouvais à voir. L'éclat de ses yeux, le feu de ses cheveux, le teint de sa peau, sa silhouette en général, ses vêtements, la forme de son nez, son sourire, l'éclat de son rire... Tout était spectacle. Je me demandais ce qu'elle dirait si je la serrais brusquement dans mes bras. Et j'avais tant de questions à poser ! Avait-elle des enfants ? Un époux ? La tribu ? Quels en étaient les membres ? Je brûlais de tout savoir, sans savoir par quelle question commencer.
    Cette peine me fut pour l'instant épargnée alors que Pattricia produisit devant moi un gigantesque plateau de nourriture. Les yeux brillants comme ceux qu'un enfant devant un tel spectacle, je m'emparai aussitôt d'une tranche de pain encore chaude, y écrasai consciencieusement le chèvre dessus, et recouvris le tout d'une tranche de jambon fumé. Mordant dedans, je poussai un soupir de contentement.

    – Ch'est une année qui che termine bien. 'e chuis revenue, articulai-je plus ou moins, la bouche pleine.

    Je souris, les joues gonflées comme ceux d'un hamster. J'avalais l'énorme bout de pain que j'avais en bouche, et bus une gorgée d'eau. La tarte aux prunes me faisait de l'œil, mais je devais tout d'abord terminé ma tartine. Ou mes tartines, d'ailleurs, le pain était vraiment délicieux.
    L'intervention de Pantoufle, sous la table, me fit sourit, et je me penchai pour le regarder se frotter contre les jambes de ma sœur. Ma sœur... Est-ce qu'un jour je m'habituerais à ce terme ? J'en doutais fort. J'avais l'impression qu'un rêve était en train d'éclore juste sous mes yeux. Que j'assistais à la naissance d'un miracle. On me rendait ma famille, ou bien leur étais-je, moi, rendue. À moins que ce ne soit les deux à la fois, je ne savais pas exactement, et je m'en moquais. J'étais ici, auprès de Pattricia, et rien au monde n'aurait pu me combler davantage que cela. Je ne pourrais jamais être si heureuse, pas même le jour de mon mariage. J'en étais convaincue.

    – Il est très content de te revoir, commentai-je en me redressant. Et... tu parlais d'une tribu ? Est-ce qu'elle est très grande ?

    Était-il utile de préciser que je l'espérai de tout cœur ?

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Pattricia
Content de la voir ? Ne serait-ce pas plutôt la soif et la faim qui incitait le matou à venir faire frotti frotta ? Évidemment, trimbaler Pantoufle c'était mignon mais encore fallait-il aussi qu'il soit chouchouté une fois à terre. La place des chats à cette époque n'était pas dans les maisons et encore moins dans les bras, mais dans la tribu, bien qu'elles n'aient jamais grandi ensemble, les chats avait toujours eu une place de choix chez les frangines.
La rousse se lève donc et va remplir une soucoupe en terre d'eau fraiche qu'elle pose au sol et la suit bientôt une petite assiette avec des jeunes poissons de la Seine réservés à la friture souvent servie comme amuse-gueule.
Elle rit doucement


Je pense que son estomac est surtout responsable de sa grande affection.

Sa sœur mange de bon appétit, "rien à faire c'est bien une La Canéda, quelles que soient les circonstances notre estomac reste le maitre." Elle sourit devant ce comportement souvent attribué à la jeunesse mais qui est naturel chez les filles de la tribu. Et justement, voilà Ali qui s'y intéresse à cette tribu. Patt boit une gorgée d'eau, réfléchissant à ce qu'elle dirait, ne voulant pas faire dans le mélodrame.

Alors la tribu, c'est la famille que je me suis construite après m'être réveillée au bord d'un lac un matin d'hiver à Sarlat dans le Périgord. Moi aussi j'avais des familiers à l'époque comme tu as Pantoufle : un loup qui s'appelait Truffe, une chatte Iris et une buse Vindict. Le loup nous a quitté il y a quelques temps déjà, il était vieux et fatigués de toutes nos pérégrinations. Iris a eu très vite un petit, The Cat et ils sont toujours à nos côtés en Languedoc à Montpellier ; je ne sais pas pourquoi elle n'a pas eu d'autres petits mais maintenant ils vieillissent tranquillement et sont bien dodus puisqu'ils ne voyagent plus avec nous. Pour ma buse, je dirais qu'il vaut mieux l'observer de loin, elle bouffe les doigts des gens destinataires de mes missives si ils ne lui donnent pas d'abord de la viande séchée à manger. J'ai des rapports... virils avec elle...

Après avoir gagné du temps en parlant des animaux tribuesques, elle ne pouvait plus reculer et devait surtout faire simple. En même temps, elle ne pouvait pas non plus enjoliver les choses car tout n'était pas toujours rose et parfumé, bien loin de là. Elle re-boit donc une gorgée d'eau et se lance.

Au départ, nous étions 4 enfants, Alrahir et son jumeau, Mychael le plus jeune et moi, l'ainée. Nous sommes nés dans les Flandres, notre mère Maria y avait toute sa famille.
Armand La Candéda, notre père à tous était dans l'import export et donc voyageait beaucoup, c'est comme ça qu'il a rencontré notre mère, qu'il l'a épousée mais c'est également comme ça qu'il a rencontré la vôtre à Héléna et toi.
Si je l'avais su à l'époque, je l'aurais détesté mais désormais je suis ravie d'avoir des sœurs.

Nos parents décidèrent de déménager et d'aller s'installer à Sarlat, ville d'origine de la famille paternelle dont Armand était le seul survivant. Le jumeau d'Alrahir était souffrant et est donc resté dans les Flandres. Sur le chemin, des brigands nous sont tombés dessus, les parents ont été assassinés, mes frères enlevés et moi laissée pour morte. Après bien des évènements trop longs à raconter maintenant et 4 années, je me suis retrouvée au bord du lac de Sarlat avec trois familiers.


Voilà, le plus dur était passé, occultés l'agression, l'horreur et ensuite la guérison, les souffrances physiques et émotionnelles, il allait falloir désormais se lancer dans ce qui avait suivi. La naissance de la tribu... Les jades se posent sur ce visage juvénile et elle sourit "cette soif de vivre on dirait moi il y a quinze ans"

Tu avais faim dis-moi !

Elle sourit, très heureuse d'avoir sa petite sœur qu'elle croyait perdue à jamais juste devant ses yeux.

En fait tu es un vrai glouton ! Tu n'avais pas mangé depuis combien de jours ?

Et voilà, elle rit à nouveau "rien à faire Ali est vraiment mon soleil".

A 14 ans, j'ai rencontré un homme menteur et manipulateur mais qui savait être charmant et faire croire n'importe quoi à ses nombreuses maitresses. Je me croyais unique et j'ai vite appris que je n'étais qu'une de plus sur une très très longue liste. Je l'ai quitté et j'ai voulu mourir. J'avais donc mis au point mon départ, le lendemain je m'accrocherais une lourde pierre à la cheville et me jetterais avec elle dans le lac. Mais quand je me suis réveillée à l'aube, j'avais la nausée et j'ai vite compris ce qui m'arrivait.
La tribu était en marche, j'attendais un enfant.


Un sourire niais illumine le visage de Patt et inconsciemment elle pose une main sur son ventre, plongée d'un coup dans l'émerveillement qu'elle avait d'abord ressenti à l'époque et ensuite petit à petit la peur de ce qu'elle allait advenir qui s'était insinuée.

Neuf mois après je mettais au monde des triplés tu te rends compte !
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Alicina.

Tu es de ma famille, de mon ordre et de mon rang
Celle que j'ai choisi, celle que je ressens
Dans cette armée de simples gens.

Tu es de ma famille - Jean-Jacques Goldman



    Son estomac ? Je tordis la bouche, chagrinée de songer que mon chat pouvait jouer les profiteurs et réclamer à manger quand il n'était pas chez lui. C'était assez malpoli, et je décidai de m'entretenir avec lui à ce sujet, un peu plus tard, entre quatre yeux. Je n'avais pas élevé ce chat comme ça, mais en le regardant boire et manger, je ne pus que m'attendrir et oublier le sermon que j'avais compté lui débiter. Il mastiquait avec application les petits poissons, ses pattes bien jointes, la tête légèrement penchée de côté, un air concentré sur le museau. J'eus envie de me précipiter vers lui en le noyant sous les caresses et autres mots doux, mais je ne voulais pas, dans un premier temps, que ma sœur aînée s'aperçoive que j'étais un peu folle.

    J'engloutissais de bon cœur ma tartine, me léchant les doigts une fois celle-ci terminée. Je m'attaquai à une autre tranche de pain, arrachant la mie que j'enfournai en même temps qu'un bout de jambon. J'écoutai attentivement le récit de Pattricia, poussant régulièrement des exclamations de surprise, de joie ou de peine, selon les propos qu'elle tenait. Je sentais dans le ton de sa voix, qu'elle avait vraiment beaucoup aimé son loup, tout comme moi j'aimais Pantoufle. Je refusais d'imaginer le jour où mon matou me quitterait pour partir là où je ne pourrai plus le voir. Il n'était pas très vieux semblait-il, et j'étais sûre qu'il aurait encore bien des années à vivre à mes côtés.

    – Oh non, mais c'est tellement bon tout ça ! répondis-je en rosissant un peu, alors que je m'emparai de la part de tarte.

    Et c'était vrai. Je mangeai tous les jours, et lorsque c'était à l'auberge, celle dont j'étais propriétaire, je pouvais manger des choses vraiment fabuleuse, Gertrude, la cuisinière, étant aussi divine en cuisine que son physique était terrifiant. Mais le pain tiède, le chèvre et le jambon semblaient avoir un goût particulier. Sans aucun doute parce que je le mangeais ici, avec ma sœur juste sous les yeux.
    De nouveau, je me concentrai sur les propos de Pattricia. Abasourdie tout d'abord, choquée ensuite, et enfin horrifiée, j'entrouvris la bouche alors qu'elle me parlait de l'abandon de cet homme. Une flamme qui réclamait vengeance se mit à brûler dans ma poitrine, et nul doute que si l'homme en question s'était tenu juste devant moi en cet instant, je lui aurais balancé sans hésitation qu'il était vraiment très, très méchant. Le tout assorti d'un coup de casserole sur la tête. Non mais quel genre de personnage cela pouvait-il être ? Un rufian, un séducteur, un... un... Je ne trouvais pas de mot assez fort pour le qualifier.

    Un doux sourire éclaira tout à la fois mes lèvres et mon regard. J'oubliais - pour l'instant - l'horrible profiteur, pour m'émerveillée de la nouvelle. Trois enfants en même temps ! Quelle surprise cela avait dû être ! Je les imaginais tous les trois roux, et gambadant autour des jambes de ma sœur. Sans plus me retenir, j'applaudis joyeusement, enchantée d'apprendre que j'avais finalement trois neveux - ou nièces. C'était merveilleux ! J'avais l'impression que devant moi, juste sous mes yeux, ma famille s'agrandissait. J'étais si loin d'être seule, en définitive !

    – Et où sont-ils ? Ici ? Comment s'appellent-ils ? Et est-ce que tu es mariée désormais ? As-tu trouvé un homme qui te mérite vraiment ? Y-a-t-il d'autres membres à cette tribu ?

    Je me trémoussai quasiment sur ma chaise, incapable de rester tranquille. J'avais envie de tous les voir. De voir tous les membres de cette grande famille autour de moi. Et de tous les serrer contre moi. Ce serait alors, assurément, le plus beau jour de ma vie.

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Euridyce
    Et ce fut la pire des triplés qui arriva, totalement à l'improviste. Jeune fugueuse, toujours à la quête d'une nouvelle expérience, d'une aventure toujours plus risquée. Lucie était sans conteste la plus impulsive et manipulatrice des trois, à l'image de son géniteur. Elle n'en faisait qu'à sa tête, au risque d'agacer et même d'énerver sa vindicative mère. Ce n'est pas pour rien qu'on la surnommait plus jeune "Minie Chieuse". Si elle avait grandit, depuis le temps, il persistait une part d'insouciance et d'imprudence en elle, qui ne disparaîtrait sûrement jamais, comme un caractère indélébile de sa personnalité.
    Toujours en vadrouille, quelque part sur les chemins, Lucie arrivait donc dans les demeures familiales de manière totalement aléatoire, sans but précis que celui de retrouver un lieu chargé de souvenirs. Actuellement en déplacement dans le nord, accompagnée de son sénher, ils avaient décidé de faire un détour par Paris. L'Hotel de la Force y étant situé, ne pas y passer paraissait impossible à la jeune Canéda. Le retrouvant assez facilement, l'habitude oblige, elle s'y dirigea sans problèmes. Le voyage avait été long, et même si les maigres muscles de la blondie s'étaient habitués aux longues marches, elle n'en restait pas moins fatiguée. Croisant quelques visages connus, elle n'eut aucune peine à entrer dans le bâtiment. Rien qu'à son allure, on reconnaissait les traits de sa mère, malgré que la chevelure ne soit pas rousse mais plutôt oscillante entre le feu familial et le blond. Hochant la tête, armée d'un large sourire, à chaque membre du personnel croisé, on la laissa circuler jusqu'à un couloir. Bientôt, elle arriverait dans la cuisine, avec l'idée de piquer au passage quelques provisions. En douce, bien sûr, sans quoi il n'y aurait rien de drôle à cela.

    Cependant, la triplette fut interrompue par un bruit qui lui paru suspect. Des applaudissements. Qui pouvait bien applaudir ? Reprenant de plus belle sa marche, elle entra dans la cuisine, et s'arrêta net. Sa mère était là, en compagnie d'une inconnue rousse, dont la ressemblance avec Léna était frappante. Pas moyen de passer discrètement. Un sourire illumina son visage, lorsqu'elle se contenta de prononcer timidement :

      Bonjour.


    Ou comment dire : Je ne sais pas ce qui se passe ici, j'faisais que passer.

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Artiste : A6A7 et junica-hots
Citation de Carlos Ruiz Zafon.
Pattricia
Ma tribu, ma famille...



Évidemment connaissant sa sœur, l'annonce fait son effet. Le soleil est enthousiaste, battant des mains et inévitablement faisant crouler l'ainée sous une tonne de questions. "Bordel que ça fait du bien, si tu savais comme tu m'as manquée..." La rousse baisse les jades qui s'embuent en raison d'un trop plein d'émotion du fond de son être. Les blessures laissent des traces et elles se rappellent à vous quand vous croyez avoir enfin gagné la bataille. Se sentir seule alors que l'on est entourée est-ce normal ? Oui sans doute quand ce qui vous a fait vous lever pendant la moitié de votre vie ce sont les êtres que vous avez mis au monde. Quand ces derniers prennent leur envol, suite logique de l'existence, vous mourrez un peu et ce n'est pas les autres enfants ou même un époux aimant qui y changeront quoi que ce soit. Seule votre progéniture a ce pouvoir... ou une petite sœur que vous pensiez avoir perdue à jamais.

Alors quand cette petite sœur vous parle de vos enfants, le bonheur vous submerge et mouille vos yeux pudiquement baissés. Son godet est vide mais elle sait que sa main tremblera si elle la tend pour prendre le broc. Alors elle repense à ce que Alrahir lui avait appris lorsqu'ils s'étaient enfin retrouvés, ce frère disparu revenant d'Orient, la respiration zen, celle qui l'avait presque toujours aidée toutes ces années à reprendre le contrôle sur elle-même dans les moments critiques. Le regard obstinément baissé, elle sourit niaisement à nouveau


Ils sont si beaux si tu les voyais !
Ils l'ont toujours été d'ailleurs, un mélange de moi et de leur géniteur. Malgré les souffrances, je ne pourrais jamais le détester tu vois car il m'a fait le plus beau des cadeaux et ce bien malgré lui.


Le plaisir qu'elle a à parler des triplés lui permet de tendre une main ferme et de se resservir de l'eau et son regard peut enfin rencontrer celui de sa sœur.

Ils se nomment Lucie, Floris et Cantor.
Lucie et Floris vivent à Limoges en Limousin.
Cantor à Thouars en Poitou.
Ils ont toujours été ma raison de vivre, peu peuvent comprendre car aux yeux des autres je peux paraitre terriblement dure, pourtant...


Le son de sa voix s'étrangle la rendant furieuse de ne pas arriver à garder la maitrise de ses émotions. C'est à ce moment qu'elle note un certain remue ménage, dans la cour d'abord et ensuite dans la maison. Ce disant qu'on la préviendrait si c'était important elle boit une gorgée d'eau et sourit à Ali.

Oui je suis mariée, pas avec leur géniteur aucun risque, mais avec un homme comment dire... haut en couleurs, au passé sombre, ancien coureur de jupons et ayant à priori retrouvé sa rédemption auprès de moi. Parfois, quand je regarde en arrière, je me dis que j'aurais au moins fait ça de bien...

Elle allait parler plus en détail quand le remue ménage se fait plus clairement entendre. La vindicative fronce les sourcils et tourne la tête en direction de la porte donnant sur le couloir de service. La silhouette qui apparait la laisse sans voix, son souffle se fait court et son cœur s'arrête une petite seconde. Elle se lève d'un bond envoyant valdinguer sa chaise, faisant sursauter Pantoufle qui se sustentait tranquillement.

Lucie !!!

La mère oublie ses grands principes quand elle est en présence des enfants, ouais oubliés la retenue, le titillement permanent pour les endurcir, le quant à soi pour leur tenir la dragée haute.
Elle se précipite comme la tempête sur un pauvre port qui n'a rien demandé et attrape sa fille pour la serrer contre elle à l'étouffer. "Dieu que tu m'a manquée !!!" Elle ne dit mot, se contentant de l'étreindre de toutes ses forces comme si elle voulait être sûre qu'elle ne rêvait pas.

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Argawaen
[Paris un jour, Paris toujours]

Le vieil homme revenant du Maine, il avait eu des choses à régler à La Chesnelière. Le vétéran préférait poser des pièges, poursuivre sa proie sur plusieurs lieues avant de la retrouver et de lui donner le coup de grâce. Aujourd'hui il avait eu droit à un débat sur la couleur des vaches.
Argawaen rejoignit l'hôtel de la Force où la famille devait se trouver, après moults mobilisations le vétéran allait prendre un peu de repos. Cependant il ne se doutait point qu'il y avait déjà du nouveau monde...

Entrant dans les lieux il se dirigea à l'étage afin de prendre un bon bain afin de se relaxer et mettre une tenue plus adéquat. Le Dehuit de Malemort prit sa hache et parcourut les couloirs afin de se rendre dans les cuisines.
Collant son oreille à la porte il entendit des voix, dont une qui ne lui était point familière. Fronçant les sourcils, grinçant des dents il respira un grand coup avant d'y entrer.
En quelques secondes il analysa qui était présent puis inclina du chef en guise de salut.


Bonjorn à tous. Lucie, mon épouse, donà... Je suis Argawaen.

Laissant sa hache à l'entrée, la calant contre le mur il vint embrasser son épouse, regarda sa fille avant de la soulever du sol et de l'embrasser sur le front.

Lucie... Cela faisait un moment !

Venant mêler ses doigts à ceux de son épouse l'ours regardait la personne qu'il ne connaissait pas, puis regardait de nouveau son épouse. Il soupçonnait une nouvelle retrouvaille et il commençait à en être lassé. Le vétéran fixa son regard en direction de l'inconnue puis prit la parole.

A qui ais-je l'honneur ?
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Alicina.

La famille est un archipel.
Maurice Chapelan


    Mentalement, j'essayais de me représenter le visage de ses enfants. Lucie, Floris et Cantor... J'aimais bien ces prénoms, il y avait comme une petite touche d'étrangeté, de magie dans la consonance. Lucie, Floris et Cantor... Je les imaginais tous les trois, fidèles portraits de leur mère, ne pouvant leur attribuer de ressemblance avec leur père puisque j'ignorais de quoi il pouvait bien avoir l'air. Je sursautai à moitié lorsque j'appris que Cantor résidait à Thouars. Si seulement j'avais su à l'époque, lorsque j'avais échoué là un mois et demi plus tôt ! Mais si j'avais su, tout aurait été différent. Je ne serais pas amnésique et personne ne m'aurait imaginé morte. Mais tout de même ! Le hasard était incroyable. Peut-être qu'en retournant là-bas, j'aurais l'occasion de le rencontrer ?

    Pattricia était donc mariée ? Un large sourire vint s'épanouir sur mon visage aux pommettes parsemées de taches de rousseur. C'était un réel plaisir de l'apprendre. J'aimais que les personnes que je connaissais nagent dans le bonheur. Et encore plus quand j'aimais ces personnes. Parce que même si j'étais face à Pattricia depuis moins d'une heure, je l'aimais déjà. Le temps n'avait rien à voir là-dedans. C'était un ressenti immédiat, une évidence. Comme quand on croisait son reflet dans le miroir et qu'on savait que c'était soi. J'avais croisé le regard de Pattricia, et j'avais su que nous partagerions bien plus qu'un nom, ou que du sang. Quelque chose d'autre nous liait. Quelque chose qui m'avait manqué, durant tous ces mois de solitude. Une famille... Même si je traversais le monde entier, j'aurais toujours un endroit où revenir. Quelqu'un m'attendrait toujours quelque part. J'avais une sœur jumelle, et j'avais une sœur aînée. J'avais des neveux, des nièces, et sans jamais avoir vu les triplés, je savais déjà que je les aimerai comme j'aimais leur mère.

    Depuis l'encadrement de la cuisine, une jeune fille venait de nous saluer, et l'exclamation de Pattricia me renseigna aussitôt sur son identité. Mon sourire s'élargit encore si c'était possible. Je regardai la mère foncer sur sa fille et la serrer contre elle. Je n'avais pu voir que brièvement Lucie. Nettement moins rousse que sa mère - ou moi - elle ne semblait pas avoir les yeux verts, bien qu'ils semblent clairs. De là où j'étais cependant, je ne pouvais pas trop en juger.
    Alors que j'allais me lever doucement, sans rien renverser, un nouveau venu fit son apparition. Un homme massif, qui se présenta comme étant le mari de Patt'. Était-ce seulement possible ? Mon cœur semblait tout près d'exploser, le malheureux, et d'émotion, je voulus reculer ma chaise pour aller les serrer contre moi. Un pied de la chaise refusa de bouger, dérapant légèrement sur le sol. Mon dos heurta le dossier alors que j'imprimai une plus grande force contre celui-ci. Et l'inévitable se produisit, je basculai en arrière, entrainant la chaise avec moi. Les jambes par-dessus la tête, je roulai jusqu'à me retrouver assise par terre, les jambes écartées, les yeux écarquillés, mon sourire toujours aux lèvres, comme indécrochable.

    – Quelle joie ! m'exclamai-je en me redressant, tellement habituée aux chutes de ce genre que je n'y prenais plus garde. Je suis si ravie de vous rencontrer !

    Je m'assurai d'un geste de la main que ma robe était correctement mise, et je fis quelques pas dans leur direction, en sautillant, comme montée sur des ressorts.

    – Je suis la petite sœur de Pattricia, et la jumelle d'Héléna aussi. Je suis Alicina !

    La seule, l'unique, la merveilleusement maladroite.

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Euridyce
    "Lucie !!!"

    Lorsque le cri maternel retentit, il est déjà trop tard. La vindicative se rue sur sa fille, la serrant si fort que Lucie en eu le souffle coupé. Et pourtant, cette étreinte est accueillie d'un large sourire de la part de la progéniture, qui se blottit contre le corps rassurant de sa mère. Tous les conflits du monde ne pouvaient effacer cette tendresse, cet attachement presque viscéral entre les deux femmes. Bientôt, les bras tant appréciés de la mère laissent place à d'autres, bien plus solides, mais tout aussi doux.

    "Lucie... Cela faisait un moment !"

    C'était maintenant au père de s'approcher. La hache fut oubliée, posée dans un coin, et les mains massives soulevèrent le petit corps de la blondie. Elle ne touchait désormais plus le sol, enveloppée par l'ours. Un baiser sur son front, pour compléter le tout. La petite princesse retrouvait l'amour de ses parents, avec une joie non dissimulée. Cela faisait si longtemps qu'elle ne les avait pas vu. Un simple regard vers les deux visages suffisait à apaiser Lucie. Sa mère, essentielle et aimée au delà de toute mesure, son père, la figure de héros tout aussi aimé. Elle était très fière de porter leurs deux noms, et ce malgré l'éloignement physique qui les séparait. Des bises furent appliquées sur chaque joue parentale, profitant de cet instant précieux.

    Cela faisait bien trop longtemps, en effet !

    Dans le tumulte de ces retrouvailles, toujours ponctuées d'effusions affectives, la jeune Canéda Dehuit en avait presque oublié la présence de la jolie rousse dont le visage lui était inconnu. Lorsque ses pieds retrouvèrent le sol, Lucie posa son regard sur la jeune femme en question. Etonnante, la rouquine. D'un coup d'un seul, elle se retrouvait à l'envers, les pieds en l'air, sans pour autant chouiner. Lucie réprima un petit rire. Elle lui plaisait, c'était décidé, elle allait l'apprécier. Il arrive que l'affection arrive au premier coup d'oeil : eh bien, ce fut le cas. La bouille tout comme l'allure de cette tante inconnue dégageait une certaine candeur rafraîchissante. Lorsqu'elle s'approcha enfin, Lucie l'étudia discrètement du regard, comme le faisait son père.

    Et puis le choc.

    "Je suis la petite sœur de Pattricia, et la jumelle d'Héléna aussi. Je suis Alicina."

    Alicina. Le nom résonna dans la caboche Canédienne. Alicina, la tante disparue. La tante décédée. Le vide dans la vie d'Héléna, l'inconsolable perte pour sa mère. L'esprit s'embrouillait, repensant aux paroles d'Arry, qui décrivait une femme admirable, celles d'Héléna, décrivant à peine la douleur ressentie par ce deuil prématuré. Elle était donc en vie. Bouche bée, il fallut un moment à Lucie pour accepter la nouvelle. Et une fois ce court temps passé, elle s'approcha à son tour. Maladroitement, elle embrassa la joue de l'inconnue pas si étrangère que cela.

    Bonjour ! On m'a beaucoup parlé de vous. Enfin de toi... Enfin de vous. Quand politesse se mêle à maladresse. Je suis ravie d'enfin mettre un visage sur un nom. Mais... euh... Tu n'étais pas... ?

    Morte. Voilà le mot imprononçable, pour une question certes indiscrète. Le tact selon Lucie, poser les bonnes questions pour une première rencontre.

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Artiste : A6A7 et junica-hots
Citation de Carlos Ruiz Zafon.
Servante_parisienne
C'était franchement le bordel d'un coup. D'une l'époux de Madame qui débarque alors qu'elle a complètement oubliée de lui dire qu'il était arrivé sur Paris deux jours auparavant. Faut dire que comme famille courant d'air...
De deux il cherchait son épouse partout dans la maison alors qu'elle était aux cuisines, lieu où elle l'avait gentiment poussé alors qu'il frappait à toutes les portes.
De trois l'entrée ultra rapide de Lucie qui ne lui avait pas laissé le temps de l'accueillir comme il se doit.
Elle avait beau parfois râler car elle ne les voyait pas souvent, mais là c'était franchement abuser.

C'est en arrivant à la suite du maitre des lieux qu'elle passe la tête par l'entrebâillement de la porte pour balancer un regard d'excuse à la rousse. Quand les jades se posent sur elle, elle ne peut s'empêcher de déglutir, la vindicative n'aimait pas trop les surprises et même si elle adorait sa fille et son époux, on sentait bien qu'elle avait un truc en travers. Il était temps de s'approcher pendant les effusions père fille pour lui parler dans un murmure.


- Comment tu as pu oublier de me prévenir que mon époux était sur Paris !
- Ne m'en veuillez pas Dame Pattricia, avec votre arrivée, nos discussions et puis la résurrection de votre sœur, ça m'est sorti de la tête d'autant plus que Monsieur n'était sensé n'arriver que demain, d'habitude il reste plusieurs jours en forêt, je ne pouvais pas prévoir.
- Désolée mais oublier la présence de mon époux là je ne comprends pas. Bref...
- Mais vous n'êtes pas heureuse de voir Monsieur ?
- Si fait. Ça n'est pas le problème, je comptais lui écrire de toute manière pour le prévenir. C'est juste qu'entre Lucie et l'ours, je vais devoir partager Ali et que je ne suis pas encore prête à cela.
- Vous connaissez votre jeune sœur, plus vous êtes de fous...
- Oui... Plus elle est entourée plus elle est heureuse. C'est juste je viens seulement de la retrouver tu comprends... Et Lucie, ça faisait si longtemps...


La mine boudeuse de la vindicative apporte un sourire amusé sur le visage de la brune.

- Vous vous rendez compte que c'est n'importe quoi votre réaction ?
- M'agace pas hein ! J'ai pas dit que je réagissais en adulte, c'est mon ressenti c'est tout. J'peux pas leur dire à eux ils me regarderaient encore comme si j'étais un monstre, pis si t'avais pas oublié l'essentiel on n'en serait pas là !
- C'est quand même pas la mauvaise foi qui vous étouffe
- M'asticote pas et fait servir à manger qu'ils se remuent ils ont tous filés là.
- Ben... en même temps vous étiez en pleine retrouvailles...
- Tu comptes vraiment me foutre en rogne aujourd'hui ?
- C'est bon j'y vais...


Personne ne s'était rendu compte de leur petit conciliabule, tout au plus penseraient-ils que la rousse donnait ses instructions, ce qui n'était pas totalement faux d'ailleurs. La brune va donc chercher le personnel de cuisine qui s'était réfugié dans une salle adjacente, distribue les instructions, va ensuite trouver les servantes et valets afin qu'ils veillent à ce que des chambres soient prêtent pour chacun et ensuite va prendre le frais à la cave pour voir ce qu'ils pourraient préparer pour le souper.
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Alicina.

Il est des noeuds secrets, il est des sympathies,
Dont par le doux rapport les âmes assorties
S'attachent l'une à l'autre, et se laissent piquer
Par ces je ne sais quoi qu'on ne peut expliquer.

Rodogune - Corneille


    Du coin de l'œil, je remarquai - sans rien entendre - que mon aînée s'entretenait avec la femme brune qui m'avait fait entrer. Mon attention était toutefois entièrement accaparée par la question inachevée de Lucie. Je me tordis les mains, geste habituel lorsque j'étais gênée ou que je ne savais pas comment formuler quelque chose. Je fis un petit pas en avant, un sourire aux lèvres, ne sachant pas si j'avais le droit de faire ce dont j'avais envie en cet instant. Et puis, faisant finalement fi de mes questionnements incessants, j'ouvris les bras et serrai Lucie quelques secondes contre moi. Elle avait les yeux bruns, constatai-je en croisant son regard. La fille de ma sœur... Ma nièce, en d'autre terme. J'avais le sentiment que nous nous entendrions bien, toutes les deux. J'avais envie de la connaître, de tout savoir d'elle, sans réserve. Tout comme elle saurait tout de moi, ou du moins, le peu que je savais.

    – Eh bien... Non, je n'y suis pas,
    répliquai-je sans me départir de mon sourire.

    Il n'était certes pas agréable de s'entendre répéter cette question pleine d'étonnement, mais personne n'y pouvait rien. La rumeur avait fait de moi une morte, la méchanceté d'autres l'avait confirmé. Tout cela pour blesser une seule personne... Finalement, ç'avait été toute une famille qui avait pâti de cet acte terrible qu'avait été mon agression.
    D'une main, je soulevai ma frange, révélant à la vue de tous la cicatrice en forme de croissant de Lune, qui ornait mon front, juste au-dessus de l'œil gauche. Avec quoi avait-on bien pu me frapper ? Une pierre ? Un gourdin ? La marque laissée était, avec le temps, devenue blanchâtre, et grâce aux cheveux qui couvraient mon front, on ne la voyait pas. Souvent pourtant, j'y portais un doigt, suivant la ligne légère, aussi épaisse qu'un cheveu, mais que je sentais parfaitement. J'avais parfois l'idée que c'était par là que s'étaient échappés mes souvenirs.

    – On m'a agressé, et puis... J'ai perdu la mémoire. J'ai vécu dans un couvent pendant sept mois. Je suis sortie en Juin, et... Léna a croisé mon chemin. Et depuis que je connais votre existence, je vous cherche et... Je vous ai retrouvé.

    C'était simple, et concis. Un sourire éclairait mon visage, alors que je les regardais tous les trois. Il n'y avait pas besoin d'en dire plus, c'était là l'essentiel. Qu'importait désormais tous ces mois de solitude et d'angoisse ! Évaporés, fondus comme la neige au soleil. Ça ne comptait plus. À vrai dire, plus rien ne comptait d'autre que ce qui était en train de se passer, que ce que j'étais en train de vivre.

    – Je suis donc bien vivante !

    Nous avions tout le temps de parler de ma vie actuelle, de ce que je faisais, ou ne faisais pas. Nous avions le temps, aussi, de parler d'eux, de l'endroit où ils vivaient mis à part Paris. J'avais envie de tout savoir pourtant. J'avais envie de tout leur dire aussi. J'avais envie de rattraper huit mois en une seule journée. Ce n'était pas possible, bien entendu. Il y aurait bien des occasions de leur montrer que j'étais heureuse de les voir, de réapprendre à les connaître. Je sentais que j'allais vivre auprès d'eux des aventures d'un autre ordre qu'une chasse à l'ogre, au troll, ou à n'importe quelle créature fantastique. Et c'était sans aucun doute encore plus important, encore plus passionnant que toutes ces quêtes farfelues dans lesquelles je me lançais sans réfléchir.

    – Et je suis... infiniment heureuse de vous voir, fis-je tout doucement, comme dans un murmure.

    Ce n'était pourtant pas un secret. Mais certaines choses méritaient d'être dites à voix basse, pour être mieux entendues.

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Pattricia



Quand elle sent sa fille se blottir contre elle, la rousse s'apaise, s'écartant légèrement pour mieux la regarder les jades plongent dans les mauves, cherchant à deviner comment se portait Lucie qui avait eu un chagrin d'amour. "Elle semble plus sereine..." mais la pause mère fille est de courte durée car déjà une autre personne fait son entrée "wow mais je le croyais dans le Maine ?" Et cette ombre qui l'embrasse lui procure le même frisson comme à chaque fois qu'ils se touchent ou se frôlent, mais déjà il soulève Lucie.

Sur le coup elle reste sans voix -ouais c'est un nouveau truc, la rousse sans répartie mais rêvez pas ça va pas durer...- puis elle sourit ravie d'avoir la tribu à demeure sauf qu'elle ne comprends pas tout. Et c'est en apercevant la mine contrite de leur intendante qu'elle plisse les yeux dans sa direction, laissant les autres se congratuler.
Une fois leur conciliabule terminé, Patt serre les doigts de son époux et sourit.


Tu ne reconnais pas Ali ? Ma sœur est vivante !!!!

Ali étant la jumelle d'Héléna, la rousse est surprise que l'ours ne fasse pas le lien, surtout qu'il y avait eu le bal de La Teste sur la plage mais elle n'a pas le temps de répondre que sa sœur se retrouve les quatre fers en l'air... Patt est sur un nuage, broyant presque les doigts de l'ours -comme si c'était possible...- tellement son émotion est encore forte, elle continue de sourire niaisement. Mais cela s'estompe vite quand elle aperçoit la cicatrice en croissant de lune que la jumelle montre à Lucie.

Mais nous aussi tu sais. Le vide que tu as laissé va enfin s'emplir de rire et de gaffes. D'ailleurs ça va ? Tu ne t'es pas fait mal ?

Les bonnets blancs font timidement leur entrée et la rousse se dit qu'il est temps de reprendre tout ce bazar en main. D'abord l'époux qui n'avait eu le temps de rien avec tout ça.

Mon ange ? Si nous allions dans le salon oriental, on va t'apporter de quoi manger et boire et nous prendrons un jus en ta compagnie. Cela nous permettra de prolonger ces retrouvailles et toi de te sustenter qu'en penses-tu ?

Patt caresse la joue de son époux de sa main libre.

Je suis heureuse que tu aies abrégé ton séjour dans le Maine, d'ailleurs j'ai une grande nouvelle, mais cela peut attendre, d'abord la satisfaction de vos papilles mon époux.

Le sourire est enjôleur, rien à faire c'est plus fort qu'elle.
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