Alicina.
Tout d'abord, la lucarne s'était ouverte, et un regard d'homme m'avait dévisagé, l'air terrorisé. Je n'avais pas eu le temps de dire le moindre mot que l'homme s'était enfui. Une nouvelle fois, la lucarne s'était ouverte, et des yeux de femmes m'avaient cette fois observé, pleins d'incrédulité. Et puis, enfin, ce fut la porte toute entière qui pivota, et une femme aux cheveux bruns se mit à me parler, me reconnaissant, semblait-il.
Je retins un soupir, à la remarque sur la mort. Depuis que j'avais croisé la route de Léna, et au fur et à mesure que je retrouvais les gens qui avaient partagé ma vie avant l'agression, j'avais le droit à cette phrase. Ce n'était pas ma faute si je n'étais pas morte ! Ma jumelle tout d'abord, Maryah la Bridée ensuite, et puis Niallan le fiancé m'avait accusé d'être un fantôme, et maintenant cette femme. Je n'avais pas demandé à me faire cogner dessus, et à perdre la mémoire. Je détestais qu'on me rappelle que j'étais vivante. Ou plutôt qu'on s'étonnait que je ne sois pas morte.
Je suis vraiment désolée, fis-je, et j'étais sincère, je ne voulais faire de mal à personne, poursuivis-je, et j'étais encore plus sincère que précédemment, si possible.
Je la suivis, tenant toujours bien serré contre moi un Pantoufle aux yeux mi-clos, satisfait des caresses de la servante. Il regardait les alentours avec des airs de propriétaire, comme s'il considérait que chacune des pierres qui composaient l'édifice avait été posée là à sa gloire. Ce chat, décidément, était vraiment bizarre, parfois.
C'est une longue histoire, vous savez ? C'est parce que ma sur... Je veux dire Héléna, ma jumelle... s'est attirée des ennuis et... Oh ? La voir ? Tout de suite ?
Je sentis les mains de la femme me pousser dans le dos, et je pénétrai dans la cuisine. C'était une pièce aux belles proportions, avec des odeurs à vous donner faim immédiatement, même si vous sortiez de table. Attablée devant un festin, une femme aux cheveux aussi roux que les miens était occupée à engloutir des tas de bonnes choses. Je me raclai la gorge, mal à l'aise, tandis que Pantoufle se tortillait comme un serpent et s'échappait de mes bras. Je n'eus pas le temps de le rattraper que déjà, il filait sous la table.
Je... Heu... Bonjour ! La servante m'a laissé entrer, elle... Enfin, je viens ici parce qu'il fallait que je vous rencontre, je crois. Léna m'a parlé de vous, et... Enfin, vous le savez déjà mais, nous sommes surs.
Je me tordis les mains, l'air mal à l'aise. J'appréhendai terriblement sa réaction.
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