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[RP] Joutes – finale – 25 août fin d'après-midi

Ingeburge



Dernier tour de piste au rythme et bruits des trompettes, grelots et tambourins. Le cortège fait des hommes d'armes musiciens, diseurs, maréchaux d'armes et arbitre parada gaiement malgré le sérieux de l'instant. Ceux-ci étaient fiers certainement d'être arrivés au bout de leur entreprise... éprouvante car s'ils n'avaient pas, chaque jour, défié au moins un tournoyeur, ils n'en avaient pas moins vécu dans leur chair cette semaine de compétition. La nostalgie viendrait plus tard, au moment où l'on décrocherait les oriflammes, démonterait tribunes et champ-clos, replierait les toiles de tente, remiserait le matériel, déblayerait les sable. Mais pour l'heure, c'était la joie qui prédominait, allégresse matinée toute fois d'une solennité qui transparut dans les mots prononcés par Ingeburge, une fois le tour du terrain achevé :
— Nobles dames, nobles seigneurs, la bienvenue sur la lice du Tournel! En ce jour dédié à Saint Louis, patron du Royaume de France, deux membres issus de sa noblesse vont s'opposer lors de la finale de la troisième édition des joutes du Tournel donnée par le très noble et le très redouté Actarius Malzac d'Euphor, pair de France et ici en ce Languedoc où il nous accueille, comte du Tournel et baron de Florac.
Les trompettes retentirent, en trois salves.

On y était. Enfin.
Après cent vingt-sept confrontations.
Cent cinquante-neuf lances brisées.
Cent quarante-et-une chutes.
Treize duels à l'épée.
Soixante-deux touches d'estoc et de taille.
Des litres de vin et de bière.
Des quantités astronomiques de nourriture.
Une pluie de vivats, d'encouragements, d'applaudissements.
Tout cela pour une rencontre qui pourrait s'achever à peine débutée, un ultime point d'orgue plein d'intensité et d'appréhension.
LA finale. Celle ce vers quoi chaque participant avait tendu. Ce qui avait été ardemment espéré sous les toiles du campement, pendant la pose des plates. Et il n'y avait que deux élus, ceux qui avaient réussi à franchir les obstacles, à se jouer des pièges, à faire preuve de vaillance et de constance, tour après tour.

Ce fut eux qui furent introduits à la foule garnissant les travées des tribunes.

— Vous avez, nobles dames, nobles seigneurs – les autres – assisté aux prouesses des cent vingt-huit participants. N'en reste que deux et ce sont ces deux-là que vous allez soutenir, applaudir et encourager!

Une main gantée et baguée se tendit une première fois :
— À ma droite, celle qui pour se hisser en finale a successivement affronté et battu six adversaires!
Lors des soixante-quatrièmes de finale, elle a abattu le vicomte de Doubs.
Lors des trente-deuxièmes, elle a envoyé au sol le duc de Mortain.
Lors des seizièmes, elle a fait chuter la duchesse de Châteauneuf-sur-Loire.
Lors des huitièmes, elle a jeté hors de selle la dame de Sisley.
Lors des quarts, elle est venue à bout duc vicomte d'Ambrière.
Et enfin, lors des demi-finales, c'est en soulevant de selle la duchesse de Saint-Cirq qu'elle a conquis sa place pour l'ultime tour des joutes du Tournel.
Veuillez acclamer dame Idril de la Fiole Ébréchée de Sparte, baronne de Mercy-le-Haut, dame de Dampierre, de Nommay et de Villers-le-Lac!

Elle ajouta :
— La baronne portera un « coupé : au premier, parti de deux, en I, d'or, à la croix d'azur, qui est de Mercy-le-Haut, en II, de gueules, à deux clés d'argent posées en sautoir, qui est de Dampierre, en III, écartelé, en 1 & 4, d'or, au cerf de gueules, en 3 & 4, du même, au loup ravissant d'or, qui de Nommay; au second, parti, en I, qui coupé d'or et de sable, à l'aigle bicéphale d'argent, becquée, lampassée, liée et armée d'or, qui est blason de famille des Sparte, en II, de gueules, à une rose dans une fiole ébréchée, le tout d'argent, au trescheur d'or, qui est blason de famille des Fiole Ébréchée; à l'enté en pointe, d'azur, à l'ancre d'or, qui est de Villers-le-Lac. »
L'écu fut avancé, se détachant des autres alignés.


Une pause fut marquée et elle reprit, tendant cette fois son bras de l'autre côté :
— À ma gauche, celle qui s'est débarrassée d'un nombre équivalent d'adversaires, et avec la manière.
Lors des soixante-quatrième de finale, elle a fait vider les étriers au comte de Miglos.
Lors des trente-deuxièmes, elle a pris le dessus sur le seigneur de Termes.
Lors des seizièmes, elle a poussé au sol le duc de Châteaurenard.
Lors des huitièmes, là encore elle a mis à terre sa concurrente en la personne de la dame de Sennely.
Lors des quarts, elle a franchi l'obstacle de la vicomtesse du Mont-Saint-Michel.
Lors des demies enfin, elle a repris la stratégie du vidage d'étriers pour battre le seigneur de Castelnau-d'Auzan, accédant ainsi à la finale.
Veuillez faire un triomphe à Sofja Jagellon, vicomtesse de Bellegarde-en-Marche, dame des Billanges!

Et elle poursuivit :
— La vicomtesse portera un « écartelé : en I & IV, de sable, aux trois pals d'argent, chargés chacun de six tourteaux de gueules, qui est de Bellegarde-enMarche; en III, tiercé en pairle, en 1, d'or à l'aigle bicéphale de sable, sommée de deux couronnes impériales, becquée & languée d'or, tenant dans la serre dextre un sceptre impérial de gueules & dans la serre senestre un monde du même, l'aigle chargée sur la poitrine d'un écusson d'azur au monde d'or, accompagnée en chef d'une grande couronne impériale du même, en 2, de gueules, au chevalier d'argent à l'armure et la monture du même, cabrée à dextre & harnachée d'or, le chevalier aux éperons d'or, tenant vers senestre une épée d'argent garnie d'or dans sa main dextre, &, dans sa main sénestre, tenant un écu soudé d'une croix de Lorraine, en 3, de gueules, à l'aigle d'argent, becquée, languée, membrée, armée et liée d'or, qui est blason de famille plain des Jagellon; en IV, d'azur, à la statuette reliquaire d'or représentant Saint Étienne de Muret, qui est des Billanges. »
Un second écu sortit du rang.


S'en suivit une lente sortie des écus qui avaient été décrochés des palissades. N'en resta au terme de la longue procession que deux, ceux présentés, montrés et blasonnés, pour le plaisir des yeux et des oreilles, car entendre maniée la langue héraldique avait une sorte d'effet magique. Durant ce temps, les diseurs s'étaient déployés aux quatre coin du champ-clos, Ingeburge avait grimpé sur son estrade couverte et le reste du cortège s'était dispersé vers la sortie du terrain. Une ultime fois les bucines finirent par résonner, les oriflammes semblèrent ondoyer en harmonie avec les notes scandées.
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/ [Malade. Merci de votre (in)compréhension.]
Ingeburge



Citation:

    Idril de la Fiole Ébréchée de Sparte, baronne de Mercy-le-Haut, dame de Dampierre, de Nommay & de Villers-le-Lac affronte Sofja Jagellon, vicomtesse de Bellegarde-en-Marche, dame des Billanges.




    Première lance... Les tribunes sont combles pour cette grande finale prenant place le jour de la Saint-Louis, patron du royaume de France. Gens du pays, invités; tous se pressent pour assister à une confrontation qui couronnera un troisième champion des joutes du Tournel et qui offrira à son gagnant le plus grand nombre de points jamais acquis en un tournoi. Gagnant? Plutôt gagnante, car ce sont deux femmes qui s'affrontent; ce sera d'ailleurs la première fois qu'une représentante du sexe féminin sera sacrée sur les terres tourneloises. Et comme un hommage aux possessions féodales des comtes du Tournel, une noble impériale affronte une noble française. Tous les diseurs sont en place, les assistants aussi et l'arbitre suprême ayant fait signe que l'on pouvait y aller, les drapeaux sont abaissés, pour donner autorisation aux jouteuses de s'élancer. Celles-ci éperonnent sous le beau soleil illuminant un ciel claire et dégagé. Le galop est gagné, le croisement se dessinent, les bras se tendent... pour rien. Idril et Sofja, chacune de leur côté, manquent leur cible. Les lances restent intactes, le score également; les rangs sont désignés.

    Deuxième lance... L'on espère que le cours de la rencontre va s'inverser, ou à tout le moins, qu'il va quitter cette route d'insuccès pour offrir du beau et vrai spectacle, et évidemment des touches et des bris de lance. Le but est plus que jamais de rompre le plus de lances possibles, en trois passages. Après la réitération des vérifications d'usage, les drapeaux sont à nouveau mis en berne, signal indiquant que chacune peut y aller. Et elles y vont, vaillamment, avec en ligne de mire la targe adverse. Elles finissent par la distinguer dans la fente de leur heaume, leurs destriers les ayant menées au milieu du champ-clos. Les lances dressées à la verticale décrivent un arc-de-cercle, pour gagner l'horizontale, les pointes rendues inoffensives par un rochet sont tendues... et soudain un choc sourd se fait entendre! Une lance a fait mouche, celle de la Limousine, et retombe sur le sable en milliers d'éclats colorés. La Fiole Ébréchée, elle, s'est manquée une fois de plus et son infortune perdure, car le coup asséné par la Jagellon a été suffisamment puissant pour lui faire vider les étriers. Plus de peur, et certainement de déception, que de mal.


    Par chute de son adversaire, la vicomtesse de Bellegarde-en-Marche est déclarée vainqueur et donc championne 1462 des joutes du Tournel!

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/ [Malade. Merci de votre (in)compréhension.]
Sofja
La nuit avait été courte mais très festive. La Jagellon se leva de bonne humeur avec cette sensation de joie. Peut-être étais ce de bonne augure en attendant elle revêtit l'armure. Une armure de Klouska, ex couturière chez les Doigts d'Or. Elle avait été réalisé spécialement pour les femmes, plus légère tout en gardant sa fonction première, protéger.

La Vicomtesse fit son entrée sur le terrain et on lui apporta son cheval. Elle avait choisi une jument pour ces joutes qui répondait au doux prénom de Frou-Frou. Un cheval brun foulait nerveusement la paille fraiche. Elle était de taille moyenne, son ossature était étroite, sa poitrine également, quoique le poitrail fut saillant, la courbe était légèrement fuyante et les jambes, surtout celle de derrière, un peu cagneuses. Les muscles des jambes paraissaient faibles et les flancs très larges, malgré l'entrainement qu'elle avait subi et la maigreur de son ventre. Au-dessous du genou, ses jambes, vues de face, semblaient de vrais fuseaux, vu de côté au contraire, elles étaient énormes. Mais elle avait un mérite qui faisait oublier tous ces défauts, elle avait de la race, du sang. Ses muscles faisaient saillie sous un réseau de veines recouvertes d'une peau lisse et douce comme du satin, sa tête effilée, aux yeux fleur de tête, brillants et animés, ses naseaux saillants et mobiles, qui semblaient injectés de sang, toute l'allure de cette jolie bête avait quelque chose de décidé, d'énergique et de fin. C'était un de ces animaux auxquels la parole ne semble manquer. Sofja eut le sentiment d'être comprise par elle tandis qu'elle la considérait. Lorsqu'elle s'approcha d'elle, elle aspira l'air fortement, regarda de côté, en montrant le blanc de son œil.


Hooo, ma belle, hoo !

La Jagellon s'approchant pour la calmer, mais plus elle approchait, plus elle s'agitait. Elle ne se tranquillisa que lorsqu'elle lui eut caressé la tête et le cou ; on voyait ses muscles se dessiner et tressaillir sous son poil délicat. Sofja remit à sa place une mèche de crinière qu'elle avait rejetée de l'autre côté du garrot, approcha son visage des naseaux qu'elle gonflait et élargissait comme des ailes de chauve-souris. Elle respira bruyamment, dressa ses oreilles et tendit son museau noir vers elle que Sofja réceptionna sous des caresses.

Calme toi ma belle, calme toi.

Sofja grimpa sur sa monture avec la conviction rassurante que son cheval était en parfait état. Sans laisser à sa monture le temps de faire le moindre mouvement, Sofja s'élança vivement sur l'étrier toute en étant aidé, maudit poids de l'armure. Elle égalisa les doubles rênes entre ses doigts et le palefrenier lâcha le cheval. On lui passa la lance. Frou Frou allongea le cou en tirant sur la bride et balançait sa cavalière sur son dos flexible en avançant d'un pas élastique.

On approchait du point de départ. Frou Frou partit au trot du pied gauche, fit deux bonds, et, fâchée de se sentir retenue par le bridon, changea d'allure et prit un galop qui secoua fortement sa cavalière. Malheureusement le premier tour avait le goût de défaite, les lances ne s'entrechoquèrent pas.

Lorsqu'elles se préparèrent pour le second tour, l'agitation de la jument s'était communiquée à sa maîtresse ; elle aussi sentait le sang affluer à son cœur et le besoin d'action, de mouvement, s'emparer violemment d'elle. C'était troublant et amusant.
Sofja força le train de Frou Frou et sentit avec joie qu'elle augmentait facilement sa vitesse. Son émotion, sa joie et sa tendresse pour sa jument allaient toujours croissant. Elle était sûre du succès. La Vicomtesse leva sa lance qu'elle cala fortement sous son bras et le choc se fit ! La baronne, la couturière, la Fiole Ébréchée valsa au sol alors que ses cuisses serraient encore fortement sa jument.

Victoire !

Oui à cet instant la Jagellon était pleine de fierté.
Non par arrogance, cela lui mettait juste du baume au cœur après ces derniers mois difficiles. A cet instant, elle se souvint que ces parents lui avaient fait aimer la vie, lui avaient donné la force de combattre les difficultés.
Sa mère, sa douce et sage mère, l’avait également mise en garde face aux hommes. Ils étaient imbus de leur personne et les mauvais côtés émergeaient un jour ou l’autre. Et que c’était à ce moment-là que les femmes JAGELLON devenaient fortes.

Oui elle était forte aujourd’hui !
Elle tournait la page sur son passé. Aujourd’hui, Sofja entrait dans le premier jour du reste de sa vie.




      « Personne ne peut revenir en arrière et prendre un nouveau départ, mais n'importe qui peut commencer dès aujourd'hui et faire une nouvelle vie. »




C’est donc en enthousiaste que la Jagellon alla rejoindre sa concurrente. C’était une femme qu’elle avait croisé quelque fois au Doigts d’Or ou lors de défilé de mode mais elle n’avait jamais trop eu l’occasion de lui parler plus que ça.

Baronne, ce fut un honneur de combattre face à vous.
Je vous félicite du parcours effectué, nous pouvons être fières de nous … Les femmes ont brillé sur ces joutes.


Sofja lui aurait bien tendu la main pour l’aider à se relever mais avec son armure, elle finirait pour sûre allonger sur elle. Manquerait plus que le tableau final s’achève ainsi.
Elle préféra donc presser les hommes pour venir aider à relever la Baronne.

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