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[RP]Tréguier l'indomptable

Grannass.
Du bruit, des hurlements, des larmes, toute une ville se préparait à une journée de sang. Pas le Kerallec. Lui se permettait de continuer à dormir. Mais pourtant, il ne pouvait plus... Ils étaient tous là à vociférer devant la fenêtre de la maison dans laquelle il dormait et l'empêchaient de dormir.

Qu'à cela ne tienne, en bon dormeur, le brun se leva, ouvrit la fenêtre et se fendit d'un :

NAN MAIS VOUS ALLEZ FERMEZ VOS GUEULES L ESPACE D UN INSTANT OU IL FAUT QU ON VIENNE VOUS Y AIDER ? MERDE A LA FIN ! retentissant.

Haussement de sourcil, il venait de se rendre compte qu'il avait dit une grosse connerie. Bon, ça arrive à tout le monde de ne pas être totalement réveillé le matin nan ? Puis, il se rendit compte qu'encore une fois il dormait à poil. Heureusement qu'il était au premier et que la fenêtre était haute sinon il y aurait eu des évanouissements, très clairement.

Petite moue, et le brun ferma la fenêtre, histoire de se préparer, aujourd'hui, on mettait du blanc.


Zakarine..
Défendre! Toujours les premiers à défendre la Bretagne lorsque celle-ci en avait besoin, voici le moment où les Tréglorieux devaient défendre leur ville contre d'autres Bretons venus la haine dans le coeur et les armes à la main. C'était un véritable cauchemar, l'horreur absolue!

Zakarine, comme tant d'autres, passait toutes ses nuits dans les rues de Tréguier à patrouiller, cherchant le moindre indice qui aurait indiqué que quelque chose de suspect allait se passer. Et ça ne ratait pas. Les deux groupes de brigands arrivés en même temps de Brest cherchaient continuellement à prendre la mairie en se révoltant contre les gardes. Peine perdue: la défense de Tréguier était trop bien organisée pour ces têtes de linottes. Aucune finesse dans leurs gestes, que du matraquage pur et dur sans rien dans le ciboulot. Ce qu'ils avaient fait à Brest, c'est à dire essayer de prendre la mairie par la force sans qu'aucun membre des armées ducales ne fut impliqué, ici ils ne réussissaient pas. Aucun Trégorrois n'était à la tête de ces bourrins à la solde du Duché. Que leur avait-on promis? L'immunité, sans doute...

Mais comment pouvait-on savoir tout ça ? Tout simplement par la langue bien pendue d'un des chefs des brigands eux-mêmes.. Et oui! Quand je vous dis que lorsque le Très-Haut a distribué l'intelligence, ils n'étaient pas au rendez-vous! Le pauvre naïf! Il espérait récupérer des écus pour s'acheter un nouveau bateau en pillant Tréguier. Il avait aidé Ylan à reprendre Brest. Selon ses propres mots : sans nous, il n'y serait jamais arrivé. Tu parles si les Brestois en avaient marre de Pit! Le Duché s'est tout simplement servi d'eux pour ne pas se salir les mains! Tout comme Pit l'avait fait chez lui, les caisses de Tréguier avaient été mises à l'abri de ces gens sans foi ni loi. Pas un seul écu récolté à la sueur des villageois ne serait dans les poches de ces usurpateurs...




[ Après la taverne bavarde, le tour de garde..]


La nuit était bien avancée quand Zakarine et Emeric sortirent de taverne. La soirée avait été très instructive mais avant de rejoindre leurs camarades prendre la relève pour la garde, ils avaient décidé de se rafraîchir un peu à la plage. Ces premières nuits d'été étaient étouffantes, l'ambiance devenait oppressante au fur et à mesure que les heures passaient. Tous deux, avaient besoin de se retrouver seuls et prendre un peu de bon temps avant la bataille que le camps d'en face préparait depuis longtemps. Un intermède qui faisait du bien au moral, ils en avaient bien besoin. Toujours aussi amoureux qu'au premier jour, ils regagnèrent le camps.

En faisant le tour de la mairie, ils virent des silhouettes s'échapper par les ruelles. Encore une tentative de forçage de la porte municipale avortée. A force, les Trégorrois finissaient par en rire.
Le petit jour se levait. Toute l'armée marchait en groupe quand on entendit un cri.


Ils sont là! Ils arrivent droit devant!

Les regards se tournèrent vers le jeune soldat qui hurlait. Il pointait du doigt un nuage de poussière qui grossissait au fur et à mesure. On pouvait distinguer un groupement d'hommes très nombreux, bien plus qu'ils ne l'étaient eux-même, malgré tous les morts qu'ils essayaient de réveiller dans les cimetières mais sans succès. Fort heureusement pour eux, des renforts venaient de toute la Bretagne. Des Bretons qui disaient non à l'oppression et à la dictature de certains, avides de pouvoir. Les titres de noblesses..c'est tout ce qui leur importait. Les Trégorrois étaient pour la plupart des gueux et Zakarine, bien que très fière de porter le nom de Duchesse de Kerborzh, se fichait complètement d'être noble ou pas. Ce n'était pas son titre qu'elle défendait mais le Tregor! Mais ça, ces gens ne pouvaient pas le comprendre, trop aveuglés la haine et l'envie.
Douchka..
[ Il fait chaud

Faire attention au soleil

Et toujours cette chaleur

Sueur qui colle à la peau
Dormir à la même heure
Boire les mêmes sirops
Traîner à petits pas
Moiteur et tequila
Ça me fait vraiment mal
De te voir dans cet état]*



De l'ombre voila ce qu'il fallait trouver !
La morsure du soleil entamait les peaux blanches.
Nagi lui avait filé une tenue pour la randonnée, elle l'avait passée vite fait derrière un arbre et vint lui montrer le résultat.


Il aurait fallu la taille au dessus non?


Un regard sur les bottes poussièreuses du Matou, une idée qui germe...

Hum Mamoural ta sirène a besoin d'eau pour pas que ses écailles se transforment en raisin sec.
Tu connais ce coin toi?
Moi, j'avoue que j'y ai rarement trainé.
Une cascade? Une crique? Une plage?


Un regard panoramique autour d'elle.
Certains affutaient, d'autres mangeaient, quelques uns prenaient des forces le casque sur les yeux adossés à un arbre.
Ca ressemblait à un rassemblement champêtre, une grande fête Bretonne grandeur nature.
Il y avait bien longtemps qu'autant de monde ne s'était rassemblé.


Chouette Matou on va pouvoir faire connaissance avec des Bretons inconnus et pleins de nouvelles personnes !
Regarde le monde qu'il y a !!


Le matou remit son sourcil en accent circonflexe avant de répondre.

Euh, comment dire sirène, c'est pas vraiment une fête votive, tu vois ...

Ah? Mince j'espèrais rencontrer du monde et parler de tout et de rien, ça fait si longtemps qu'on a pas revu certains Bretons.

Bon si tu dis que l'heure est pas à la causette, alors si on allait se baigner, le temps est idéal et la chaleur m'assomme, pas toi?


Une oeillade coquine, accompagné d'un battement de cil, façon biche à son homme pour qu'il comprenne bien le message.


L'heure est plutôt à l'entrainement physique, sirène.

Ah? On est en pleine manoeuvre? Quelle idée !
Bon alors qui a dit que l'entrainement physique ne pouvait pas se faire sous l'eau? Hum?
Seulement, tu ne dis rien à personne, sinon ça va finir en plage aux heures de pointe, on se faufile discrètement, ok?


Et le corsaire prit sa main, l'entrainant dans un coin tranquille, à l'abri des regards et des tensions qui montaient de plus en plus.

Au moment où elle pensait que personne ne s'apercevrait de leur fugue et surtout de la raison de leur escapade, il se mit à chanter au milieu des hommes et des femmes qui les regardaient ,un sourire au coin des lèvres, après l'étonnement passé d'entendre quelqu'un chanter.

Deux amoureux fous, deux fous amoureux qui n'oubliaient jamais les bons cotés de la vie, voila ce qu'ils étaient.

La vie valait la peine d'être vécue jusqu'au bout.
Surtout si le bout pointait le bout de son nez.


(Faisons l'amour comme si c'était la première fois
Encore une fois toi et moi puisque tout s'en va
Faisons l'amour Avant de leur dire adieu
Avant de leur dire Adieu)*



* Pauline Esther
* Librement inspiré de Jane Manson
--Sisoue.
Depuis quelques jours ils s’étaient tous préparés à la venue des armées , les Trégorrois allaient se battre et ils en savaient tous la raison , les oubliés de Bretagne se battraient pour leur liberté .

Les tyrans parlaient de complots et de manipulations eux en connaissaient toutes les valeurs , envoyant même des espions encore plus débiles les uns que les autres , les habitants étaient tous des paysans et artisans mais la supercherie était visible à cent lieues , ils s’en étaient amusés en leur lâchant quelques fausses informations entre deux chopines , histoire d’alimenter leur innocence .


ils parlaient tous forts et gras, la haine se lisait dans leurs yeux , la petite ville de Tréguier si calme devenait la plus grosse poissonnerie de Bretagne .

Chacun défendant sa pêche plus puante et nauséabonde que jamais .

Sisoue passait devant les stands avec une envie de vomir qui augmentait à chaque avancée. Arrivant enfin au bout du marché , elle se retourna vers les marchands.



Vous pouvez remballer la marchandise Mes saign’heurts , je préfère mourir l’épée à la main et la patate que mourir empoisonnée le ventre plein .

et alla s’installer sous un arbre à l’ombre attendant la fin de la journée car la soirée promettait d’être animée , le blanc pouvant passer au rouge très rapidement .
Maryane...
Le temps est lourd sur le château de Tréguier. Ce matin, je profite des derniers instants d'air avant de rejoindre l'Enfer. Je sais que toute la ville est déjà éveillée, j'entends cette rumeur étrange qui monte d'heures en heures. Je n'ai moi même pas beaucoup dormi. Je renvoie les dames de compagnie, les servantes et tous ceux qui ont pris idée de me rejoindre au réveil pour m'aider à me préparer. Je suis la Princesse de Brocéliande, ce soir je serai la Duchesse du Trégor et cette nuit je serai sans doute morte. Je tiens à me retrouver seule et à me vêtir par moi-même du blanc immaculé qui se teintera bientôt de rouge. Les Bretons sont fratricides, les dirigeants de ce bout du monde sont prêts à vomir leur haine sur Tréguier. Ils raseront la ville, s'acharneront sur ses habitants, mais nous mourrons emplis de liberté et de dignité. C'est quelque chose qu'ils ne pourront pas emporter dans la mort.

Pensive, je brosse mes cheveux, longuement. Aurais-je du écrire à mon frère tant aimé, Phelim Guerrero, l'Imprévisible? Ou même Tork? A Plume qui fut une véritable mère dans mon enfance? A Thiberian, cet implacable vassal d'Oingt? A Svetlna peut-être, amie fidèle? A Azharr, neveu qui a osé trahir sa propre mère? A Ledzepplin, guerrière venue de Provence? Que font les gens lorsqu'ils s'apprêtent à mourir? Prennent-ils vraiment la peine de prévenir leur entourage lointain? Moi qui supporte tout, je n'ai aujourd'hui pas la force de leur écrire ce qui sera peut-être mes derniers mots. L'idée de les blesser une dernière fois me dérange, je préfère laisser le destin se charger de leur annoncer mon sort. Et je suis finalement étonnée de penser surtout à eux quand des barbares sont à quelques heures de massacrer joyeusement toute une ville bretonne. J'ai un mauvais sens des priorités.

Sur les coups de midi, je déambule dans les rues de Tréguier. Je suis toujours pensive, presque inquiète. J'aurais voulu être sereine, confiante, mais je n'arrive pas à l'être. Je sers les poings, je retiens des larmes, je m'arrête même pour mieux respirer. Je n'ai jamais eu autant conscience des pertes qui m'attendent. Je suis dans cet état depuis que je me suis confiée plus tôt à Dana. Mes propres mots se sont mis à raisonner dans ma tête en boucle et me rendent malade, mon corps en tremble un peu.


J'aimerais mourir avant lui, je ne peux pas supporter de le perdre.

Je m'entends chuchoter ces mots, encore et encore, c'est insupportable. Finalement, je décide de retourner au château. Je m'attable devant des poussins farcis, je me force à avaler une petite bouchée, et petit à petit je me concentre jusqu'à retrouver une attitude fière et calme, beaucoup plus Guerrero. Je dois assumer le sang de badass qui coule dans mes veines. Ce soir, je me marie, je me bats, je me sacrifie. Je vais aimer et mourir dans un bain de sang.
Marypole.
[Un kilomètre à pied, ça use, ça use
Un kilomètre à pied ça use les souliers
]

Ah ces maudits pieds !! elle le savait que c'est par là que commenceraient les ennuis !
Elle a toujours eu les pieds sensibles la brunette !
Elle le sait depuis les guerres en France, où elle a fini les pieds en lambeaux enrobés de chiffons .

Tiens un filet d'eau claire.

Trempage des ripatons ,grand moment de détente
avant....avant...avant ?
Elle pense, la timide, celle qui préfère que son époux agisse et décide pour elle...elle pense à lui.
Oh, il n'est jamais loin, et elle le voit d'ailleurs qui partage avec les soldats affalés, assoiffés et cherchant l'ombre sous cette chaleur torride, une boisson... du chouchen ?
Chacun se réconforte comme il peut !

Elle le regarde et s'assombrit. Qui l'eut cru que ce seraient des bretons qu'ils massacreraient ou qui les massacreraient... eux qui avaient tant traîner leurs épées et boucliers en France. Quelle connerie la guerre ! *


Leurs regards se croisent un court instant, la magie est là..oui moi aussi mon Hrolf

Demain sera un nouveau jour !

* tiré de Barbara de Prévert
Myrdinn.
Il faut faire passer le temps. Le mieux encore c'est de s'entrainer. Je laisse au maréchal le soin de s'occuper de l'entrainement purement militaire, moi je m'occupe du côté psychologique. Parce que oui faut pas croire la psychologie c'"est important mine de rien.

J'ai là devant moi un groupe de soldats. Le premier de l'après midi sachant que je compte en voir plusieurs avant que le signal de l'assaut ne soit donné.

N'oubliez pas que derrière les traitres à la patrie qui se masseront aux remparts il y a des bretons innocents. N'oubliez pas que pour chaque traitre prêt à faire couler le sang breton, il y a des femmes et des hommes innocents.

Les affameurs, ce sont eux, pas nous.
Ceux qui poussent à l'usage de la violence, c'est eux, pas nous.
Ceux qui traumatisent les animaux, c'est eux pas nous.
Ceux qui prennent tout un pays en otage de leur lubie, c'est eux, pas nous.


J'ai fait préparer quelques gravures par un artiste local de ma connaissance. Certaines représentent d'honnêtes paysans, d'autres des militaires au rictus de haine, d'autres encore des figures connues de tous.

Il vous faudra faire preuve de modération et de discernement.

j'insiste sur le dernier mot. Et je m'en explique

Vous ne tuez pas aveuglément tout ce qui bouge. Vous ne pillez pas chaque maison, vous ne rasez pas chaque échoppe et vous ne violez pas chaque femme croisée.

Là c'est le moment d'une petite publicité

Si vous avez un besoin naturel, notre bordel mobile vous accueille vingt quatre heures sur vingt quatre à l'entrée du camp. La prestation sera factuée à votre suzerain.

Merci de votre attention, maintenant reprenons notre programme. Je montre une gravure de militaire

Si vous croisez un traitre armé et assoifé de sang vous faites quoi ?
On tape !


Tous en choeur.

C'est bien.

Je sors une nouvelle affiche

Et si vous tombez sur un gentil paysan trégorois qui protège sa famille ?
On tape pas !


Un simple hochement de tête. Voilà qui est bien, ils sont futés ils comprennent vite. Mais quand on est breton et qu'on se retrouve à faire face à des bretons qui ont perdu tout sens commun et pensent pouvoir imposer leurs vues à tout un pays, il est normal qu'on y regarde à deux fois avant de piller, détruire et violer.

Et si vous tombez sur une jolie fille ?
On tape pas !
Si elle est bonne on la viole !


Je fronce les sourcils et me déplace dans les rangs jusqu'à l'auteur de la remarque.

Ledouze, tu sors.

C'est son nom si si. Et je note sur un bout de calepin qu'il faudra l'affecter à la garde du campement ce soir. Hors de question qu'il mette un pied dans Tréguier.

et si vous tombez sur un violeur de chèvre ?
On taaaaaaaaaaape !
Et si vous tombez sur...
suspense avant de montrer une jolie gravure de Dana... ma soeur ?
On tape pas ! gentille Dana !


Ils sont bien ces petits quand même. Non ?

Et si vous tombez sur le roi fantoche du trégor ?
On le fait friiiiiiiiiiiiiiiiiiire !
Parfait ! Et si vous tombez sur l'Equemont ?
On vous le laiiiiiiiiiiiiiiiisse !


J'opine du chef, satisfait. Ce traitre là, si j'en ai l'occasion, il est pour moi.

Parfait, vous êtes prêts au combat ! Rompez les rangs !

Je note quelques petits commentaires et j'annonce ensuite

Groupe suivant !

Il reste peu de temps, mais ils seront prêts. On reprend Tréguier, on ne la détruit pas.
Imagine
TREGUIER. Camp des Tréglorrois.

Cette nuit a été encore agitée, repoussant toujours la meme bande de brigands étrangers . Elle ne sait plus combien de nuits cela dure. Elle a perdu la notion du temps. Cela lui semble une éternité.

Imagine se laisse tomber sur sa couche. Le jour se lève et elle reste un moment sur le dos , les yeux fixés sur le tissus du toit de la tente. Elle n'entend que sa respiration qui doucement se calme. Puis au loin, des voix d'hommes . Des bruits de pas qui vont et viennent. A l'intérieur de la tente, on chuchote . On tousse . Quelqu'un se déchausse, elle reconnait le bruit .

Puis Marie qui s'était laissée également tombée comme un sac à ses cotés, chuchote la première.

- Tu crois qu'ils se battront vraiment contre nous ?

Imagine fit une moue, les yeux toujours fixes.

- Je ne sais plus Marie. Il y a quelques jours j'aurais dit "non" . Aujourd'hui j'en doute fortement.


Un moment passa avant qu'elle ne reprenne.

- je ne m'explique pas cette bande de brigands qui s'acharnent à vouloir notre Mairie. Ce sont les mêmes qui ont pris celle de Brest. Tu avoueras que c'est quand meme bizarre non ? A part à Tréguier où pour cause nous sommes au courant, on en entends parler nulle part. Enfin quand j'en parle aux voyageurs du moins, ils tombent de haut et nous disent qu'ils pensaient que c'était les Tréglorrois qui se révoltaient.

Elle se retourne sur le coté, une main soutenant sa tête et faisant face à Marie.

- Ca fait plusieurs fois que j'y réfléchis. Regarde, ils ne sont pas bretons c'est un fait. Ils attaquent Brest et prennent leur Mairie. Sur ce et après coup bien sur, arrivent les armées bretonnes et zou elles récupèrent la mairie de Brest en sauveur et héros. et hop au passage brest est rendu au duché. La logique voudrait que nos armées leur courent après non ? et bien non, les brigands s'en viennent tranquillement à Tréguier et remettent ça, ici. Et tu sais quoi ? ça m'a fait revoir mon jugement sur Pit. Je me disais qu'il nous l'avait fait à l'envers, qu'il s'était tiré avec tout ce qu'il avait pu voler aux Bretons. Mais maintenant, nous voilà dans la meme situation que lui, obligés de protéger nos richesses et les mettre à l'abri pour le cas où.

Marie, pensive, en écoutant son amie, poursuit.

- mmmm... il se dit que les armées ducales sont là et ne tarderont pas à entrer dans Tréguier. Si ça se trouve, ils en ont après les brigands

- Je l'espère mais pfff ils annonceraient à qui veut les entendre qu'ils viennent reprendre LEUR ville , sous entendu que nous ne sommes plus bretons . Genre Tréguier serait une ile étrangère au beau milieu de la bretagne. Finalement c'est là que tu te rends compte que nous, les petits bretons, ne sommes bretons que lorsque ça arrange les grands de ce monde. Que des brigands veulent piller nos villes , ça n'a pas l'air de les déranger. Mais que l'on ne soit pas d'accord avec le pouvoir en place alors là , on ne fait pas de quartier. Tu vois bien là, la priorité du grand duché , préférant abattre le frère breton qui se désolidarise de lui plutôt que courser des brigands qui eux veulent réellement appauvrir les villes bretonnes. Oh à moins que comme on ne nous considère plus comme bretons , on s'en tape royalement de ce que peut arriver aux villes qui désobéissent... Comme si leur richesse n'avait pas été gagné à la sueur du front breton. On fait fit de tout le passé d'un coup de baguette magique. Désolée , mais on ne se renie pas entre frères aussi vite et aussi facilement. On le fait en paroles mais on ne doit jamais aller jusqu'aux armes

- Ben si à chaque fois que l'on s'était claquées la porte au nez , on se serait prises à coup d'épées ..

- exactement, on ne serait pas là comme deux couillonnes à discutailller au lieu de se reposer
- je n'arriverai pas à dormir. Hier ca été la meme chose, j'ai somnolé seulement.
- Moi aussi.
- Tu te vois tuer un Breton ?
- Non c'est clair. Mais c'est encore plus clair que je ne me laisserai pas égorger comme un porc. Je me défendrai de toute mon âme car si une épée bretonne se lève sur moi ou l'un de nous, c'est que la main qui la tient n'est pas bretonne, elle. Et dans ce cas .." kentoc'h mervel evet bezañ saotret ".

Un long moment silencieux s'impose puis Imagine laisse échapper

- Tu crois que ces brigands que tout le monde s'obstine à ne pas voir sont à la solde de l'armée ducale ? c'est fort possible ça , tu sais ? ça magouille tellement que plus rien ne m'étonne.
- ché pas mais c'est bizarre ! trèèèèèès bizarre !
- Mouais


s'en suivit deux longs soupirs.
.nagirrok






[Dans le camp des loyalistes à la couronne de Bretagne]





Arrivée sur Tréguier et prise de renseignement sur l'état des forces, voilà ce qui fut leur première tâche.
Des tentes à perte de vue autour de la ville, des odeurs de grillades et beaucoup de tension.
Tout ça sous un soleil de plomb.

Première image de dégoût aussi. La bannière bretonne qui flottait fièrement sur les murailles de la ville avait été retirée par les insurgés qui crachent sur la Bretagne.

L'été est souvent propice à des mouvements populaires, de petites jacqueries habituellement sans importance.
Mais cette fois la limite a été franchie : Tréguier restera en Bretagne, n'en déplaise au despote tubercule et à la clique d'ignorants qu'il a rallié à son crime d'état.
Notre duché ne peut tolérer que ces rebelles de pacotille jouent avec la cité de Tugdual.

Perdre ici, c'est perdre demain ailleurs et c'est finir par détruire ce qui nous rend si particuliers, notre bretonnitude.
Patate et ses sbires ont revé d'annexer la côte de granit rose ? C'est son derrière qui va être rose !

Voilà six siècles que Nominoë offrit aux Bretons leur plus beau trésor : une Bretagne unifiée et indépendante.

Nous sommes là pour le rappeler aux détraqués qui s'agitent derrière leurs murailles, retranchés comme des rats démoniaques.

Les soldats de la lance étaient dans cette même détermination et Nagirrok en fut fier, en les détaillant un à un.

Dans chaque regard brillait cette résolution farouche d'écraser le ver qui poussait dans la patate pourrie et qui avait contaminé une partie du panier trégorrois.
Chaque mouvement de ces guerriers démontrait leur envie d'en découdre.
Ils ne parlaient pas mais chacun devinait ce que l'autre pensait.
Pour l'instant occupés à vérifier leur équipement, le Corsaire les étudia. Il pouvait juger chez chacun l'évident professionna....


- Il aurait fallu la taille au dessus non?





- Mais qu'est-ce que.....Douch' !!!!!!!

HEYYY....mais j'aurais dit 2 ou trois tailles moi, facile !!!



Sirène des mers, guerrière des landes, mais éternelle Douchka ! N'oublions jamais de rire de tout, surtout quand la situation est désespérée ! Il la reconnaissait bien là.
Et Lug sait qu'ils avaient eu l'occasion de vérifier cet adage ces deux années durant, aussi riches en émotions et en poilades de tous genres qu'en situations dramatiques.
Il n'était pas question de changer à la veille de ce qui s'annonçait comme un carnage, et Douchka venait le lui rappeler.


- Hum Mamoural ta sirène a besoin d'eau pour pas que ses écailles se transforment en raisin sec.
Tu connais ce coin toi ?



- Oui, j'ai ! Plougrescant, on y sera vite !

Une escapade avant la tornade, une cascade pour des empoignades charnelles. Le site de Castel Meur avait ce parfum de bout du monde où le temps semblait figé.
Les chaos rocheux étaient un régal à escalader après la baignade. Et en regardant le popotin de Douchka qui se hissait au sommet, le Corsaire se dit que y'avait pas que les chaos qui seraient un régal à escalader.



- Ca te plaît Sirène ?

Regarde ces deux énormes rochers.....on pourrait y construire une maison entre eux, tu trouves pas ?


Nichés dans un creux de rocher comme deux goélands. A l'abri du vent et des fous pour un temps, les deux Bretons firent l'amour, pas la guerre.
Ça c'était pour après.



Liocea.
Elle en était encore à écouter, à saluer ceux qu'elle apprendrait à connaitre mieux si le temps et les évènements le permettait, qu'elle fut dérangée.
On venait l'avertir....

Des personnes suspectes venaient de mettre pieds en ses terres et dans ses eaux. On lui rapportait même que ces personnes faisait heumheum entre les rochers avait dit le garde.


Heumheum sur mes terres?
heum heum entre les rochers?
hummmm allons voir ça de plus prêt


Délaissant un instant le campement de fortune, elle fila en direction du dit méfait et dévala les sentiers bien accompagnée

et là...


ptaing cong!
gast..
ça oui...


et de glisser à l'oreille du garde

On va leur faire une bonne grosse blague d'avant guerre, allez donc leur prendre leurs vêtements, trop ptits ou trop grands c'est selon et foutez moi tout ça à la baille

ça ils n'étaient pas d'accord sur bien des choses mais en terme de lieux choisis, ça elle ne pouvait pas le nier ils avaient bien vus, pas pour rien qu'elle avait choisis cet endroit du bout d'un monde, et elle comprenait que cela fasse envieux, mais pour l'heure elle était encore chez elle.


PLOUFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFF

Elle reprit le chemin, pensive, dépitée...Elle était prête si déçue et prête.
Barelius
Le pire dans tout ça c'est que la plupart des gens de Tréguiers qui allaient trinquer, n'étaient pas des politicards. Seuls leurs chefs leurs leaders au nombre minime de deux à trois en était.
Non c'était des gens simples mais aveugles, ils allaient payer pour quelques élus, pour ceux dont on en a marre de toujours voir les mêmes tronches, et qui au finale ne racontaient que des conneries cumulant les boulettes et ne se préoccupant que de leur nombrils.
Plus vite ce sera fini mieux ce sera, qu'on puisse tourner la page de cette histoire.

_________________
Cathelineau.
[Palais Épiscopal de Nantes]

Il relit sa lettre, un coup de cire et dit.

Que l'on fasse porter cette missive au Duc de Rhuys !

Et un clerc s'en alla...

Citation:
A l'intention du Duc de Rhuys.

De Monseigneur Cathelineau Botherel de Canihuel, Eveque de Nantes, Inquisiteur, Exorciste de Bretagne,

Benedictus te,

Je prends la plume ce jour afin de répondre à votre demande.
J'ai décidé de me pencher dessus comme Inquisiteur.
Avant de débuter quoique ce soit pouvez vous me dire s'il s'agit bien de feu Riwan.
Vous comprendrez que l'on peut aisément penser à un coquin usurpant l'identité du Broceliande.

Fidelement
Mgr Cathelineau



_________________
--Archibabel2
La jument tira de nouveau sur les lanières de cuir. Le cavalier qui la retenait depuis la selle de son propre cheval tira légèrement dessus. Pas question qu'elle prenne une encolure d'avance, lui, avait à discuter avec sa cavalière, même si celle-ci ne souhaitait pas conduire sa monture. Un peu auparavant, au départ de Saint-Brieuc, les deux chevaux les portant s'étaient évités, grégaires mais pas frotti-frotta les équidés. Et le fait qu'Archibabel eut attacher les rênes de Châtaigne au pommeau de sa selle pour garder Perles près de lui n'avait guère été du goût de la poulinière. Ni du jeune entier que montait le Brestois d'ailleurs, les deux avaient tirés de bord au début. Puis, le temps et la curiosité faisant leur oeuvre, les deux s'étaient rapprochés. Les chevaux parlaient peu. Enfin, ils avaient un champ lexical limité. Donc, pour les connaissances, cela se faisait autrement. Ce qui signifiait pour le jeune homme, ayant promis à son doux amour être capable de conduire leurs deux montures en même temps, que Châtaigne et l'entier se collaient à présent en train de se sentir avec régularité... Décidément, il fallait savoir être moins prétentieux. Le jeune homme savait manier des chevaux qu'il connaissait, ou d'autres dont on lui indiquait le rang, mais des inconnus... Et il venait juste d'acheter son entier et Châtaigne ne le connaissait pas... La phase "comment sens-tu" dura fort heureusement peu longtemps... Mais s'enchaîna par la résolution du problème équestre... La jument, plus âgée et plus chouchoutée que l'entier, prit la dominance et tira vers l'avant, histoire de marcher en tête. Vas-y, tends le cou ma belle... Archibabel lui avait raccourci la longe et elle n'allait pas loin... Le jeune homme, enfin plus à l'aise de ses promesses, en profita pour poursuivre le trajet auprès de sa douce en discourant nonchalamment. Ils évoquèrent projets futurs dont des vacances lointaines. Les projets, c'étaient bien. Toujours rassérénant. Et Archibabel trouvait grande légèreté à sa vie à s'imaginer dans le futur avec son amour.

Il était vrai que la veille, il avait écouté avec grande attention les harangues de Saint Brieuc par le Maréchal de Bretagne puis le rejeton du Grand Duc. Enfin... Attention... Il y a attention et attention. Le Brestois en avait trop entendu pour son âge pour les prendre plus jamais au premier degré. Il se souvenait, de longueur au soleil ou sous un ciel d'hiver, à attendre, derrière cabo o cuadrillero(1), el Alférez(2) brandissant sa bannière, idéalement claquant au vent, parce que, par vent plat, ça le faisait moins et on souffrait généralement de la chaleur. Bref... L'Alcaide(3) balançait l'ordre du jour avant que le Maestre(3) n'exhalte les vertus de ceux qui partaient. Archibabel ne partait pas donc peut-être prenait cela de plus loin mais pas seulement. De fait, si la hueste(4) partait, les jeunes prenaient la relève sur les terres abandonnées par d'autres. Ainsi, Archibabel prit une fois la route pour quatre-vingt lieues plus au nord, après Jaca. Un terre totalement différente de la Baja Aragón. Les Espagnes, quinze royaumes estimation basse, étaient une chaudière depuis si longtemps. Depuis que Don Pelayo avait ruiné les espoirs de maintien du Royaume électif wisigoth en gardant pour lui les restants de l'armée royale et en fondant à son profit le Royaume de las Asturias, sans consulter les autres chefs wisigoths bien entendu. Puis les Banū Qāsī, Wisigoths convertis à l'Averroîsme, fondèrent la Navarra avec le beau-frère aristotélicien de l'un d'eux... Autant dire que le nord de la péninsule ibérique, sans même parler des fréquentes querelles de famille... Durant sept siècles, ce fut assez agité.

Toujours était-il que, durant ces périodes de trouble, Archibabel se retrouva à devoir marquer la présence de l'Autorité Royale sur les terres. Imaginez... Huit, ou plus, jinetes
(5) déboulant dans un village du pied des Pyrénées, entamant manège au galop sur la place centrale, puis, comme ils sont plutôt jeunes, voire carrément encore ados, se livrent al laâb el-kheil(6) pendant qu'un "vieux" exprimait les salutations de la Couronne en citant San Jorge, ça le fait toujours(7) puis que tout le monde repartit au triple-galop. Les "campecinos", paysans libres, avaient privilège d'être armés, privilège obtenu pour la défense des terres reprises aux Averroïstes. Et comme la Couronne leur demandait plus la fonsadera, un tribut, que de participer aux guerres de manière active... Cela coinçait parfois. Autant, pour les jeunes jinetes, ne pas s'attarder. D'un côté, il y avait des hommes rudes, et des armes frustres, et de l'autre, des chevaux dressés et de l'acier mais beaucoup de jeunesse et pas d'expérience. Aucune des deux parties n'avait envie de tester la fierté de l'autre, même si les écuyers faisaient montre, rapidement et pour le spectacle, de leur dextérité à cheval aux villageois. En dehors des bourgs, des corridors, des forêts, dans la plupart des décors de la région, même les plus féroces paysans ne pourraient les vaincre. Occasionnellement, ils le faisaient aussi pour plaire aux filles... Le genre fils-à-papa de l'époque sur le coup, même s'ils étaient plus cadet de famille ou rejeton exclu d'une lignée dans les faits.

Mais de l'acier... Acería
(8) était le plus bas échelon des convocations de ban dans la péninsule ibérique... Car l'acier coûtait cher. En 1412, las Cortes, l'assemblée législative de Castilla, s'était vue demander financement de cinq mille Chevaliers et mille Jinetes... Non pas que le Rey voulu cinq fois plus de Chevaliers que de cavaliers... Non, juste que les premiers ne viendraient pas sans garantie financière car... une armure, trois chevaux de réserve, un écuyer, un palefrenier, etc... Sans demander pour la nourriture, les bêtes et les hommes, la Nature et Dieu fourniront, mais le reste?

Le temps ayant passé et Archibabel faisant désormais face aux murs de Tréguier, notre jeune homme se dit qu'un simple tour de halle ne suffirait pas cette fois-ci à ramener les habitants à la raison. Et que son cheval ne lui serait guère utile non plus. Il soupira. Os Almogávars
(9) avaient l'habitude des combats de nuit, mais moins lui.

C'était quoi leur cri de guerre? Desperta ferro!
(10) Oui! C'était cela! Et son épée était prête. Mais il n'était pas encore l'heure d'encombrer son esprit avec le sang qu'il ne manquerait pas de verser, et encore moins avec celui qu'ils pourraient lui ôter. Où en était son jeune entier? Il devait s'en occuper comme un bon jeune maître. Et où était son amour, il devait s'en occuper comme... son amour? Pas la peine de chercher et il ferait projets avec elle plutôt que de vouloir la rassurer.



(1) chef de section, selon la disposition en colonne ou en bloc
(2) porte-étendard
(3) Grades divers
(4) Ost
(5) Cavaliers ibériques ou mauresques
(6) jeu de chevaux
(7) la légende veut que Pierre 1er d'Aragon eut vision de Saint Georges le 15 novembre 1096 à la bataille d'Alcoraz
(8) Aciérie... Ceux qui portent de l'acier
(9) Les Almogavres
(10) Sortez les armes! (litt. Réveillez le fer!)
Aotrouavaldouar
Merveilleuse journée que ce jour.

Le soleil, les oiseaux qui chantent avec les criquets, le cliquetis des armures, les préparatifs de la guerre, les décorations de la taverne pour le mariage, rien de tel pour mettre d'humeur le maire de Tréguier. En plus il avait réussi à tenir toutes ses promesses électorales ... enfin ! Ce jour, sa chère cité n'était plus une ville dite morte et oubliée mais bien le centre des attentions de toute la Bretagne, active, fière et débrouillarde comme rarement dans son histoire ... comme jamais peut-être même. Il était lui-même très fièrement étonné de Tréguier et des Trégorrois.

La soirée fut encore meilleur. En taverne il s'était marié, avec une princesse tellement aimante qu'elle a osé imiter la chèvre pour prouver à d'autres qu'elle est parfaitement celle qui lui fallait. Quelle preuve d'amour tellement bien adaptée !

Tout est en ordre. Le trégorrois est prêt à mourir au côtés de la belle Maryane, de ses amis, de ses vassaux, de son village. Sous les lames d'autres Bretons en plus, un comble de tragédie. Tellement beau se dit-il, il n'y aurait sans doute pas de meilleur jour pour partir.

En attendant, il allait retrouver son aimée, ensuite il retrouvera son épée, pour passer la nuit.

Et demain si il y a encore un peu de vie, il passera son temps à organiser la seconde phase de résistance du Trégor.
Ame.la.boiteuse
Enfin je refoulais le sol de mon pays tant aimé.
Quelques jours plus tôt, nous avions enfin débarqué à Saint Brieuc, revenant d'un long périple à travers les contrées lointaines. Les autres pays avaient leur charme aussi bien sûr mais aucun n'égalait la beauté de Breizh.

Mon amoureux et moi étions si heureux que d'un commun accord nous avions décidé de faire un long Tro Breizh, de visiter le moindre village, le moindre hameau histoire de nous réimprégner de notre pays et de chercher un endroit où nous installer. Mais quelle direction prendre ?

Rohan !
- Tréguier !
- Bah nan, Rohan !
- Bah nan,Tréguier ! On va faire le tour en longeant la côte.. Tu sais que je l'aime cette côte ! Allez ! Dis oui ! Dis oui !


Un soupir exagéré de la part de mon amoureux :
Bon d'accord, tu as encore gagné.

Hiiii ! Je suis trop contente ! Il a encore cédé ! Il ne sait rien me refuser.
Un long baiser qui scelle notre accord... Bon autant vous dire tout de suite qu'un long baiser scelle toujours nos accords... Et nous tombons toujours d'accord.... C'est chouette, hein ? D'ailleurs des fois je me dis que si tous les accords politiques pouvaient être scellés de cette façon... Enfin, bref.

Toujours est il que c'est ainsi que main dans la main nous avions pris la route, direction Tréguier.
Ma doue benniguet ! Tu as vu tout ce monde qui va vers Tréguier ?
- Bah oui, parait qu'il y a une fête là bas... Un mariage si j'ai bien compris ; une union entre nob'es ou un truc comme ça... Alors tu penses bien que ça draine du monde.


Et c'est ainsi qu'après une longue marche nous arrivâmes enfin à Tréguier sous une chaleur écrasante qui poussaient les gens dans la fraicheur des tavernes. Après bien des recherches nous parvînmes à trouver une auberge qui avait encore des chambres à louer, puis le soir tombant, laissant la clique dans la chambre, nous décidâmes d'aller faire une balade sur la plage.

Enlacés l'un contre l'autre, comme tous les amoureux du monde nous étions seuls au monde. Le soleil couchant nous offrit son spectacle de mille reflets changeants scintillant sur la mer tandis que s'ouvrait le bal des oiseaux marins au son du ressac se brisant sur les rochers.

Sérénité.

Il était très tard lorsque nous rebroussâmes chemin, devisant tranquillement, main dans la main, parlant de l'avenir... de notre avenir...
C'est au détour d'une ruelle que tout bascula.
Deux hommes sortis dont ne sait où se ruèrent sur nous sans raison apparente. Mon amoureux fit bouclier de son corps pour me protéger. La lame d'un des agresseurs le transperça comme une brochette traverse une saucisse.

Je poussai un hurlement et, forte d'année d'atomisation de portiers de taverne à coups de canne, j'assommai l'assaillant. Mais déjà le second se précipitait sur moi avec dans les yeux la ferme intention de me zigouiller.
Canne, canne, ma précieuse canne ! Ni une ni deux je la brandis et PAF, je lui ai tatanné sa tronche... euh.. à l'agresseur hein, pas à ma canne...
Namého !
ça va pas la tete de s'en prendre à une faib'e femme sans défense ? Une qui pèse tout au plus quatre-vingt livres toute mouillée ! Et boiteuse en plus !
Ralala, j'vous jure les valeurs chevaleresques ne sont plus ce qu'elles étaient...

Bon, en attendant mon amoureux gît par terre, faudrait p'tet' que j'm'en occupe.
Je me précipite donc et m'écroule à genoux près de lui, le serrant dans mes bras.
Tiens, c'est bien le seul qui pourra se vanter de m'avoir fait mettre genoux à terre devant lui.
Sauf qu'il est mort... donc il ne pourra plus se vanter de quoi que ce soit...

Un hurlement d'animal blessé.
Je hurle ma douleur d'avoir perdu le seul homme sur cette terre capab'e de me supporter, le seul qui n'arrive pas à me mettre en colère, le seul qui ne s'énerve jamais après moi. Le plus doux et le plus pacifique des hommes.

Je hurle. Je hurle. Je hurle.
Je hurle tout en le berçant contre moi.

Râle, râle, râle... T'as besoin de crier comme ça ? gémit mon homme à moi dans un souffle.


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