Eleo.


Citation:
[...]------------Par ton acte, tu m’as obligée à mourir à moi-même. Eloignée de tes yeux, je languis et je meurs et vais le cœur plein d’amertume à travers des soucis où ton ombre me suit, le jour dans mes pensées, dans mes rêves la nuit, et la nuit et le jour mon amour, je folie. Si bien qu’enfin mon corps faisant place à mon âme, je deviendrai fantôme à mon tour aussi.
La mort est implacable et le Ciel insensible. Je n’échapperai pas à l’élan d’espérance qu’arrache à mon cœur, le bonheur de mon ombre à se fondre pour jamais à ton ombre. Vain défi qu’au néant je jette, dans l’ivresse d’un instant de bonheur mélancolique.
Puisqu’il le faut, sans trouble et sans murmure, je…*
[...]------------Par ton acte, tu m’as obligée à mourir à moi-même. Eloignée de tes yeux, je languis et je meurs et vais le cœur plein d’amertume à travers des soucis où ton ombre me suit, le jour dans mes pensées, dans mes rêves la nuit, et la nuit et le jour mon amour, je folie. Si bien qu’enfin mon corps faisant place à mon âme, je deviendrai fantôme à mon tour aussi.
La mort est implacable et le Ciel insensible. Je n’échapperai pas à l’élan d’espérance qu’arrache à mon cœur, le bonheur de mon ombre à se fondre pour jamais à ton ombre. Vain défi qu’au néant je jette, dans l’ivresse d’un instant de bonheur mélancolique.
Puisqu’il le faut, sans trouble et sans murmure, je…*
Dans l’isolement de sa chambre, à la lueur d’une chandelle vacillante, la Orselo avait pris l’habitude d’écrire. Ecrire à ses proches disparus pour soulager sa peine. Elle délirait, rien n’est en cela plus certain.
Bien tard, elle venait de prendre conscience que dans la douleur et la stupéfaction de la mort rapide par-delà la lente agonie de son époux, personne n’avait cru bon d’en informer sa sœur. Quel était son nom déjà? Elen. Non Eliane. Pas davantage. Ça y est : Eliance.
Les deux femmes s’étaient rencontrées un soir au début des fiançailles du couple. Le contact avait été froid, distant dépourvu de toute sympathie. Eléonore comprenait aisément que cette sœur admirait plus que ce que les bonnes mœurs pouvaient tolérer, ce frère, beau comme un Dieu, insolent mais pourtant si protecteur même parfois, aux limites de l’étouffement. Œdipe était encore passé faire un petit tour dans le coin.
Mais, la brune, sous des dehors parfois glacials, n’était pas peu fière qu’il l’ait choisi elle. Jamais pourtant, elle n’aurait pu l’admettre. Hélas, jamais leurs sentiments ne seront avoués désormais.
D’une main tremblante, elle trempe le bout de sa plume dans l’encrier et après un soupir et un sanglote réprimé commence à noircir le papier.
Citation:
-----------Madame,
J’ai la lourde peine de vous annoncer que votre frère n’est plus. Ma douleur n’a d’égale que dans la profondeur de l’affliction qui me frappe.
Votre belle-sœur, Eléonore Orselo de Talleyrand Cheroy
-----------Madame,
J’ai la lourde peine de vous annoncer que votre frère n’est plus. Ma douleur n’a d’égale que dans la profondeur de l’affliction qui me frappe.
Votre belle-sœur, Eléonore Orselo de Talleyrand Cheroy
C’était bref, concis et dépourvu de toute chaleur. Elle n’en avait pas mis trop, dans l’espoir d’obtenir une réponse. L’enveloppe fut scellée d’un filet de bave, faute de sceau et encore moins de cire puis remise à un valet, qui pour satisfaire sa maîtresse infortunée, se ferait une joie de l’apporter. Dans le cas contraire, il se pourrait qu’il ait une main arrachée…
Poèmes mélangés et remixés de Verlaine "Lettre" et de "Lamour et la mort" de Louise Ackermann. Bien que les originaux soient justes parfaits !
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