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Réflexions faites...

Edoran.
[ Un jour dans le froid, près de la rivière , ouvert à qui veut ]

Edoran, le huitième. Edoran.. le gentil. Ils l'appelaient tous ainsi, mais qu'ils en étaient bien stupide. Il n'était pas gentil, il n'était pas le calme, le serein. Il n'était rien de tout cela. Le brun fixa son reflet dans l'eau de la rivière face à lui. Il n'y voyait qu'un homme, un homme assez con pour avoir cru un jour à l'amour, et ne plus en vouloir aujourd'hui. Pourtant, il ressentait à nouveau ces petits picotements qui vous prenez quand vous tombez amoureux. D'un geste presque rageur, il jeta la pierre qu'il tenait dans la main dans l'eau. Elle ricocha avant de couler. Il était comme elle, il coulerait si il se blindait pas. Pourtant, il était incapable d'être distant avec elle. Elle et son rire, Elle et ses sourires taquins, son humour parfois particulier, son regard tantôt assombris par ses tourments, tantôt brillant de malice. Elle était un tout, des défauts et des qualités, tout ce qui donnait envie de s'accrocher à elle, mais il ne devait pas.

De toute manière, il partirait. En Touraine. C'était mieux, il songea à sa famille. Les réunions comme celle de ces derniers jours, étaient rares mais il ne pouvait nier que ça lui faisait aussi du bien. Avec eux, il se sentait enfin complet, comme s'il avait qu'ils seraient un rempart contre lequel, il pourrait s'appuyer sans jamais tomber. Eux, ils étaient là, inébranlable, l'amour d'une famille c'était souvent précieux et seule la mort pouvait nous l'arracher. Il se souvenait encore de l'enterrement de leur mère. Ils étaient tous présents, au début, chacun s'était plongé dans son propre chagrin, Amadheus poings serrés, visage fermé. Annchen toujours aussi digne, Eunice pleurait en silence. Ils avaient tous réagi de manière différente. Mais quand Annchen était tombée à genoux, laissant alors parler son chagrin d'ainée, comme un essaie d'abeille pour leur ruche, ils s'étaient tous approchés, mains liés, ils avaient prié, prié le Très Haut d'accueillir une mère qui leur avait tous donné la vie.

Ils s'étaient promis de répondre présents, à chaque fois que l'un ou l'autre auraient besoin d'eux. Désormais, ils ne leur restaient plus que ce lien fraternel. Puis les routes s'étaient séparés, chacun avait repris sa vie, Annchen avait pris la place qui lui était naturellement dévolu, celle de matriarche. Elle n'avait jamais faibli. La question du pourquoi de ces retrouvailles lui revient à l'esprit. Il n'avait pas pris le temps de lui demander à Besançon. En ramenant la rouquine, il s'y arrêterait seul pour parler à son ainée. Il avait aussi besoin de connaître son avis sur ses choix. Le barbu jeta une seconde pierre dans l'eau avant de soupirer doucement. A songer de passer à Besaçon, l'amenait forcement à penser qu'il devait retourner à Poligny avant. Il était égoïste mais il n'avait pas envie d'y ramener Eliance. Le mot d'hier lui restait à la mémoire, il avait peur de le faire. Peur que sa nièce soit dure, peur que la rousse en souffre, peur de la voir pleurer. Amadheus devait venir oui. Il n'était pas sur de garder son calme alors. Il devait aussi stupide d'un gamin. Il se trouvait stupide. Peut etre qu'il ne devrait pas y aller au final.
Eliance
[La nuit suivante, au bord du lac]

Une ombre se dessine.
Eliance ne dort pas. Eliance n'est pas tranquille. Eliance a besoin d'avoir froid, de ne plus sentir son corps, d'aller à sa falaise. Sauf qu'une falaise de nuit, c'est pas très judicieux. Et même si le monde en doute, elle n'est pas assez stupide pour se risquer à glisser au bas de cette pente dans un moment non adéquat qu'elle n'aura pas choisi. La lune serait pleine et ronde, le danger serait moindre. Mais ce soir-là, elle n'apparaît que lorsque la valse des nuages lui laisse un peu d'espace pour pointer ses rayons.

La Ménudière a donc une préférence pour les bords du lac qui amènent le même genre de recueillement. La nuit du moins, quand il est baigné de calme et de silence. Elle s'est installée, les fesses sur un rocher, sa cape sombre pour seul coupe-vent, face à l'étendue de flotte. Elle se méfie des lacs depuis sa mésaventure de Nancy où un instant de folie l'a vu tutoyer les profondeurs glaciales de ces eaux. Elle se méfie parce que pour la première fois, elle avait vu en autre chose que sa falaise la libération ultime. Une lanterne est installée à côté d'elle, sur le rocher. Empruntée à l'aubergiste, la lumière est nécessaire, ce soir, pour ce qu'elle compte faire.

Peu encline à l'obscurité, Eliance trouve en cette source claire un élément rassurant. Et l'objectif final n'est en fait qu'un prétexte pour briser la noirceur de cette nuit-là et éloigner les tourments qui s'invitent en elle à chaque crépuscule. De sa bourse, font irruption papier et crayon. Ils seront son pansement, ce soir-là. Appuyé sur ses genoux, le paquet de feuilles devient rigide et se meut sous la pression de la mine de plomb.


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    Rose-Marie,

    Ça fait longtemps que je t'ai pas écrit. Très longtemps, même. Des années. C'est ça, non ?
    En fait, depuis que je suis partie et que je t'ai laissée derrière moi, je dirais. J'ai peur que tu m'en veuilles de t'avoir abandonné.

    Il paraît que fuir, c'est le lot de faiblesse de toutes les femmes. Je suis donc dans la normale, pour une fois. Je t'ai fui. Enfin, non pas toi. J'ai fui Gontrand. Amadheus dit que je devrais pas fuir mais me battre, affronter les choses. Ça se voit qu'il le connaît pas, le Gontrand ! Même Diego a eu du mal à en arriver à bout. Alors moi toute seule...

    Dis-moi pourquoi les hommes sont si compliqués ? Dis-moi pourquoi ils pensent toujours à des choses stupides ? Dis-moi pourquoi ils me voient telle que je suis pas ?
    Tu sais pas, toi. Tu sais rien. Tu sais même pas comment j'ai changé. Maintenant, je ris. J'ai appris.
    Je parle aux gens et eux aussi me parlent. C'est merveilleux, de pouvoir faire ça. J'ai souvent penser à toi. Mais je me suis interdit de t'écrire. J'ai eu peur que... tu ne comprennes pas.

    Et puis je me suis fait des amis. Des vrais. Des qui me comprennent, qui m'écoutent, qui me font rire, qui s'occupent de moi, qui s'inquiètent de moi. Ne sois pas jalouse, tu as été ça pendant des années et personne ne nous l'enlèvera. Mais aujourd'hui, c'est tellement plus beau, tout ça.

    Si tu savais comme les hommes me regardent... Certains disent que même défigurée, ils se laisseraient amadoués par moi. Ils sont pas comme les amis de Gontrand qui n'en avaient qu'après... C'est sinistre. Je ne veux pas être de celles-là non plus. Il n'y a que Diego, et eux, eux, ils attendent tellement de moi. Je finis toujours par décevoir et eux par s'en aller.

    Regarde. Edoran. Pourquoi Ombe et Amadheus trouvent qu'il s'entiche de moi ? Et si ils ont raison ? Et si il fait comme les autres ? je lui ai dit, hein, ne crois pas que je m'amuse à jouer avec ça. Je lui ai dit aimer Diego et que les hommes qui pensent que je lui serais infidèle sont stupides. Il le sait. Il fera pas ça. Il restera un ami. Hein, dis qu'il restera un ami. Dis qu'il me voit pas comme les autres disent...

    Ce soir, je sais plus si j'ai encore des amis. Je déçois tout le monde. Même toi je t'ai déçue. Pardon.
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L'écriture se poursuit à un rythme effréné. Des années que Eliance n'a plus écrit à celle qui a fait office de confidente. Des années qu'elle ne lui a plus parlé de son quotidien. Alors les retrouvailles sont acharnées et spontanées. Elle écrit à cette amie comme si elle ne l'avait jamais quitté. En réalité, Rose-Marie ne l'a jamais quittée. Elle est en elle. Tantôt incarné par un amas de feuilles de papier, tantôt perçue dans l'air environnant. Rose-Marie est toujours là, en bonne amie imaginaire...

Un oiseau nocturne vient briser le silence et sortir la Ménudière de son recueillement. D'un coup, elle se sent stupide. D'un coup, redevenir comme avant l'agace. Rose-Marie n'existe pas. Le papier est chiffonné nerveusement et abandonné sur le rocher tandis qu'elle regagne rapidement son auberge, lanterne à la main et l'esprit encore plus égaré qu'auparavant.

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Edoran.
Si il avait bien dormi cette nuit, et s'il s'était levé en forme, prêt à commencer cette journée avec le sourire, Edoran ne s'était pas attendu à voir Eliance de cette manière. A vrai dire, il ne s'était attendu à rien mais surtout pas cette forme de froideur qu'elle avait mis entre eux. C'était troublant, et déstabilisant. Le barbu savait une chose, si elle agissait ainsi, c'était pas par hasard. Fort bien, il avait saisi le message quoiqu'il arrive. A lui, d'en faire autant, elle lui facilitait les choses au moins. Il s'abstiendrait de rester seul avec elle, ainsi il ne la gênerait pas. Le moment de la ramener arrivait, il la rendrait à son amie, sa nièce et il repartirait. Mais surement pas vers Annecy, peu lui importait sa sœur perdue dont ils n'avaient encore aucunes pistes. Ombe avait raison sur une chose, ailleurs, seuls, ils n'avaient pas à faire semblant. Il ne pouvait que approuver ça.

Il n'avait pas le courage d'affronter sa famille après ça, pas plus qu'il se sentait capable d'accepter de.. de lui dire au revoir. Il respecterait seulement sa promesse faite, ensuite, il se déchargerait de toutes choses. Elle lui avait bien dit de toute manière, elle n'avait pas besoin de lui. Enfin si elle ne l'avait pas dit ainsi, il l'avait compris. Alors pourquoi se sentait-il déçu ? Pourquoi il en venait à penser qu'il était plus important de s'assurer qu'elle aille bien, que ses retrouvailles avec Atropine se passe bien, qu'il soit certain qu'une fois à Poligny, elle continue à sourire comme elle le faisait ici. Pourquoi, il se disait que c'était plus important que de retrouver Roschen ? Devenait-il fou ?! C'était probablement le cas. Il ne se leurrait pas, il savait ce qu'il ressentait mais il n'en avait pas l'envie, même s'il se laissait porter parfois par la légèreté que ça lui procurait, ils pouvaient croire tout ce qu'ils voulaient, jamais il n'aurait de geste déplacé ou quelque chose qui leur confirme les idées stupides.

Un soupire, et le brun songea qu'il devait en parler à la seule qui pourrait comprendre et lui donner des conseils sages et avisés. Eunice. S'il s'était confié à Ombe également, il avait toutefois besoin d'entendre Eunice. Il lui avait tout dit lorsqu'elle l'avait retrouvé dans cette taverne il y a plusieurs années. D'un côté, elle ne lui avait pas donné le choix. Mais chaque jour, il remerciait le Trés Haut d'avoir guidé sa soeur sur ses pas. Elle savait ce qu'il avait traversé, ce qui l'avait amené à ressembler à un brigand négligé, sentant le cheval à mille lieues. Il n'était pas lui même alors. Plusieurs jours avaient été nécessaire pour qu'il réussisse à se souvenir qui il était. Quelques semaines à voler, menacer des familles, des voyageurs, il avait mis de côté tout ce qui représentait le Edoran qui avait tout donné à cette femme. Eunice avait fait des miracles. Il rédigea un court mot pour son ainée.




Eunice,

J'ai besoin qu'on se parle. Tu as raison, je dois me confier.

Edoran.
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