Jehanne_elissa
C'était un jour d'août pluvieux. Pas de ceux qui vous font croire à un automne précoce, mais de ces jours orageux, où l'air, pesant sur l'âme, vous incite à la langueur la plus désuvrée. Ondées et lumière se succédaient sans venir à bout de ce sentiment étouffant, cette chaleur moite, sinon forte. Au château de Malpertuis, pourtant, au coeur du village de Ternant, la vie n'était pas suspendue. Chacun avait fort à faire et trompait l'ennui de la façon la plus utile.
Eilinn était en cuisines pour de mystérieux préparatifs, Constance avait la lourde charge de traduire un passage d'Augustin d'Hippone traitant de la connaissance et de l'illumination ; Miguaël supervisait la préparation de leur départ pour le Tournel, incluant notamment l'entretien de ses armes et cuirs de sellerie.
Jehanne Elissa et Jenifaël, Languedociennes à l'épreuve de toute météorologie orageuse, étaient penchées sur le livre de comptes de la vicomté de Cauvisson, et sur une carte que la Volpilhat avait retrouvée dans quelque vieille malle. Sa Dame de Boissières était arrivée deux jours plus tôt du Languedoc, et elles y redescendraient ensemble pour voir sur place la terre, ses besoins et ses progrès. Jehanne y passerait une poignée de jours avant de se rendre au Tournel, honorant ce faisant l'invitation de son parrain. Il fallait préparer la visite, savoir ce qui fonctionnait bien, ce qui, au contraire, posait question...
« Tout cela est très bien... Chaque seigneurie a son propre revenu, c'est une bonne chose. Il faudrait peut-être porter une grande attention à Clarensac, sa population est nombreuse. J'espère que les rues sont assez propres, les maladies se répandent si vite... »
La Vaunage lui manquait. Elle avait hâte d'y retourner, et après le Tournel, elle irait encore. Elle voyait sa terre sous un jour nouveau désormais qu'elle en avait une vision globale et chiffrée. Comme les chiffres éclairent l'administration ! Nombre de feux, hauteur de l'impôt ou nombre de têtes dans les troupeaux vicomtaux...
« Quant à Cauvisson même... Avez-vous déjà visité les hameaux de Sinsans, Livières et Bizac ? » Elle pointait du doigt des petits points paroissiaux sur la carte, respectivement : Saint-Martin-de-Sinsans, vers Maruéjols ; Saint-Martin-de-Livières, vers Congéniès ; et Notre-Dame de Bizac, vers Boissières. Elle ne put s'empêcher de sourire bêtement au nom de ce dernier hameau. Une affaire de complot, un secret qui ne le serait bientôt plus. « Y a-t-il encore des feux là-bas ? Si non, nous pourrions peut-être encourager des fermiers à s'y établir. Un loyer plutôt bas, ou une exemption de taxes... »
Jehanne s'en voulait de parler de la vicomté. Sa vassale et intendante était venue pour souffler, s'éloigner du Languedoc où elle avait trop de souvenirs avec des êtres chers dont le départ récent l'endeuillait ; et la rousse ne trouvait rien de mieux que la faire plonger à pieds joints dans les affaires vicomtales. Mais les chiffres, les chiffres... Ce n'est tout de même pas pareil que des souvenirs. Et surtout, elle comptait sur une visite programmée "à l'improviste", ce jour-là. Une visite qui pourrait bien leur ouvrir de nouveaux horizons...
_________________
Jeune mariée,
Vicomtesse de Mondolfo, Tarquina et Cauvisson,
Baronne de Ternant,
Dame de la Motte-Josserand
Eilinn était en cuisines pour de mystérieux préparatifs, Constance avait la lourde charge de traduire un passage d'Augustin d'Hippone traitant de la connaissance et de l'illumination ; Miguaël supervisait la préparation de leur départ pour le Tournel, incluant notamment l'entretien de ses armes et cuirs de sellerie.
Jehanne Elissa et Jenifaël, Languedociennes à l'épreuve de toute météorologie orageuse, étaient penchées sur le livre de comptes de la vicomté de Cauvisson, et sur une carte que la Volpilhat avait retrouvée dans quelque vieille malle. Sa Dame de Boissières était arrivée deux jours plus tôt du Languedoc, et elles y redescendraient ensemble pour voir sur place la terre, ses besoins et ses progrès. Jehanne y passerait une poignée de jours avant de se rendre au Tournel, honorant ce faisant l'invitation de son parrain. Il fallait préparer la visite, savoir ce qui fonctionnait bien, ce qui, au contraire, posait question...
« Tout cela est très bien... Chaque seigneurie a son propre revenu, c'est une bonne chose. Il faudrait peut-être porter une grande attention à Clarensac, sa population est nombreuse. J'espère que les rues sont assez propres, les maladies se répandent si vite... »
La Vaunage lui manquait. Elle avait hâte d'y retourner, et après le Tournel, elle irait encore. Elle voyait sa terre sous un jour nouveau désormais qu'elle en avait une vision globale et chiffrée. Comme les chiffres éclairent l'administration ! Nombre de feux, hauteur de l'impôt ou nombre de têtes dans les troupeaux vicomtaux...
« Quant à Cauvisson même... Avez-vous déjà visité les hameaux de Sinsans, Livières et Bizac ? » Elle pointait du doigt des petits points paroissiaux sur la carte, respectivement : Saint-Martin-de-Sinsans, vers Maruéjols ; Saint-Martin-de-Livières, vers Congéniès ; et Notre-Dame de Bizac, vers Boissières. Elle ne put s'empêcher de sourire bêtement au nom de ce dernier hameau. Une affaire de complot, un secret qui ne le serait bientôt plus. « Y a-t-il encore des feux là-bas ? Si non, nous pourrions peut-être encourager des fermiers à s'y établir. Un loyer plutôt bas, ou une exemption de taxes... »
Jehanne s'en voulait de parler de la vicomté. Sa vassale et intendante était venue pour souffler, s'éloigner du Languedoc où elle avait trop de souvenirs avec des êtres chers dont le départ récent l'endeuillait ; et la rousse ne trouvait rien de mieux que la faire plonger à pieds joints dans les affaires vicomtales. Mais les chiffres, les chiffres... Ce n'est tout de même pas pareil que des souvenirs. Et surtout, elle comptait sur une visite programmée "à l'improviste", ce jour-là. Une visite qui pourrait bien leur ouvrir de nouveaux horizons...
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Jeune mariée,
Vicomtesse de Mondolfo, Tarquina et Cauvisson,
Baronne de Ternant,
Dame de la Motte-Josserand