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[RP] A l'improviste, on a dit !

Jehanne_elissa
C'était un jour d'août pluvieux. Pas de ceux qui vous font croire à un automne précoce, mais de ces jours orageux, où l'air, pesant sur l'âme, vous incite à la langueur la plus désœuvrée. Ondées et lumière se succédaient sans venir à bout de ce sentiment étouffant, cette chaleur moite, sinon forte. Au château de Malpertuis, pourtant, au coeur du village de Ternant, la vie n'était pas suspendue. Chacun avait fort à faire et trompait l'ennui de la façon la plus utile.

Eilinn était en cuisines pour de mystérieux préparatifs, Constance avait la lourde charge de traduire un passage d'Augustin d'Hippone traitant de la connaissance et de l'illumination ; Miguaël supervisait la préparation de leur départ pour le Tournel, incluant notamment l'entretien de ses armes et cuirs de sellerie.
Jehanne Elissa et Jenifaël, Languedociennes à l'épreuve de toute météorologie orageuse, étaient penchées sur le livre de comptes de la vicomté de Cauvisson, et sur une carte que la Volpilhat avait retrouvée dans quelque vieille malle. Sa Dame de Boissières était arrivée deux jours plus tôt du Languedoc, et elles y redescendraient ensemble pour voir sur place la terre, ses besoins et ses progrès. Jehanne y passerait une poignée de jours avant de se rendre au Tournel, honorant ce faisant l'invitation de son parrain. Il fallait préparer la visite, savoir ce qui fonctionnait bien, ce qui, au contraire, posait question...


« Tout cela est très bien... Chaque seigneurie a son propre revenu, c'est une bonne chose. Il faudrait peut-être porter une grande attention à Clarensac, sa population est nombreuse. J'espère que les rues sont assez propres, les maladies se répandent si vite... »

La Vaunage lui manquait. Elle avait hâte d'y retourner, et après le Tournel, elle irait encore. Elle voyait sa terre sous un jour nouveau désormais qu'elle en avait une vision globale et chiffrée. Comme les chiffres éclairent l'administration ! Nombre de feux, hauteur de l'impôt ou nombre de têtes dans les troupeaux vicomtaux...

« Quant à Cauvisson même... Avez-vous déjà visité les hameaux de Sinsans, Livières et Bizac ? » Elle pointait du doigt des petits points paroissiaux sur la carte, respectivement : Saint-Martin-de-Sinsans, vers Maruéjols ; Saint-Martin-de-Livières, vers Congéniès ; et Notre-Dame de Bizac, vers Boissières. Elle ne put s'empêcher de sourire bêtement au nom de ce dernier hameau. Une affaire de complot, un secret qui ne le serait bientôt plus. « Y a-t-il encore des feux là-bas ? Si non, nous pourrions peut-être encourager des fermiers à s'y établir. Un loyer plutôt bas, ou une exemption de taxes... »

Jehanne s'en voulait de parler de la vicomté. Sa vassale et intendante était venue pour souffler, s'éloigner du Languedoc où elle avait trop de souvenirs avec des êtres chers dont le départ récent l'endeuillait ; et la rousse ne trouvait rien de mieux que la faire plonger à pieds joints dans les affaires vicomtales. Mais les chiffres, les chiffres... Ce n'est tout de même pas pareil que des souvenirs. Et surtout, elle comptait sur une visite programmée "à l'improviste", ce jour-là. Une visite qui pourrait bien leur ouvrir de nouveaux horizons...
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Jeune mariée,
Vicomtesse de Mondolfo, Tarquina et Cauvisson,
Baronne de Ternant,
Dame de la Motte-Josserand
Bisac
Orageux et lourd. Tels étaient les qualificatifs utilisables pour qualifier ce mois d’août particulièrement détestable. Les orages et autres pluies de grêle furent légion depuis le début de l’été. Certains métayers étaient venus se plaindre du climat ravageant les récoltes, ce à quoi, impuissant, le seigneur de Chevenon avait répondu de se répandre en prières et processions religieuses. Ce faisant, les villages de Chevenon et Jaugenay connurent d’avantage de piété qu’à l’accoutumée. Peut-être le Ciel prendrait-il en pitié les récoltes paysannes, c’était en tout cas la seule solution que pouvait proposer Aymeri de Bisac. Demeurait encore le problème de l’unique four du village, effondré depuis peu. Néanmoins, les villageois n’étaient point assez dupes et Bisac n’avait pu leur conseiller de faire preuve, à nouveau, d’une dévotion expressive. Des récoltes et un four à reconstruite, c’était bien trop de travail, même pour la Toute-Puissance Céleste.

L’heure n’était cependant point à la prise de tête puisqu’une éclaircie semblait se profiler. C’est dont l’esprit un peu plus aéré qu’Aymeri descendit dans la cour du château. Le palfrenier-jardinier-comis de cuisine du domaine avait scellé l’un des quatre chevaux du seigneur. Des consignes lui firent données la veille de préparer le cheval qui avait le plus d’allure et qui semblait être pourvue de la meilleure santé des modestes écuries. Bisac se hissa donc sur son destrier et quitta le domaine de Chevenon. La petite domesticité seigneuriale, composée d’un homme à tout faire, de trois servantes et de deux sergents d’armes (qui au passage faisaient la fortune des marchands de vins et tripots de la région) regardèrent s’éloigner leur seigneur sans manifester de curiosité ou d’intérêt. Ils avaient appris depuis longtemps à ne plus se surprendre des agissements obscurs et plus ou moins honnêtes de leur maitre. La seule chose qu’ils espéraient encore, c’était le maintien de leurs gages. La destination de leur seigneur en serait-elle synonyme ?

Officiellement, l’homme rendrait une fortuite visite à une dame de sa connaissance en son château. Officieusement, l’homme rendrait une intéressée visite à une dame de sa connaissance en son château. Parcourant les quelques lieux séparant Chevenon de sa destination, Bisac espéra simplement que le temps orageux ne décide point de devenir pluvieux. Ce faisant il aurait bien piètre allure de se présenter mouillé et tout humide. Heureusement pour lui, le Ciel semblait plus clément avec son apparence qu’avec les récoltes de ses paysans. Il parvint donc sans dommage et sec à se présenter aux portes du château.

Toujours perché sur sa jument, il interpella un homme en faction aux portes du castel.


Hola mon brave, la Vicomtesse reçoit bien des visites en ce jour ? Faites-lui donc savoir, qu’Aymeri de Bisac, Seigneur de Chevenon, souhaiterait lui rendre une visite de bon voisinage.
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Jenifaelr
La Bourgogne.
Lorsqu'elle s'y échoua, ses premières pensées allèrent à celui qui l'avait pousser ici. Un certain brun, qui l'avait humiliée, elle avait fuit donc le Béarn, pour la Bourgogne, puis sa rencontre avec Jehanne Elissa l'avait mener en Languedoc. Peut-être le schéma était-il toujours le même?
Béarn, le départ, puis le Languedoc, l'espoir et enfin la Bourgogne, la fuite.
Arrivée à Ternant sans encombre, elle soupira lorsque ce matin Rosalie la tira du lit.


" - In piedi! "

Ordre lancer autoritairement par la brune Rosalie, à sa maîtresse. Maîtresse qui avait décidé de traînée quelques minutes de plus sur son lit, dans l'espoir de versé quelques larmes de plus pour son fiancé décédé. Après avoir soigneusement enfouit la tête dans le draps et émit un grognement sonore, elle se retrouva forcée de se lever, par une Rosalie qui venait de tirer brusquement le linge. Voilà qui était fait.
La suite se fit par automatisme, la jeune femme étant trop morose pour réfléchir. Elle mit une simple cotte rouge comme le sang et laissa ses cheveux en tresse épis de blé sur son épaule, retombant jusqu'en dessous sa poitrine. Pour quelqu'un qui l'avait vu en Béarn, l'on pouvait remarquer une perte au niveau de ses courbes, rien de très voyant, mais par exemple sa poitrine ne semblait plus autant compressée, ou quelques plis c'étaient fait au niveau de ventre.

Puis Jehanne, Jehanne, qui en une seconde réussie à lui faire retourner l'esprit à l'intendance et avoir le sourire. Elle écouter sa suzeraine parler, puis y répondit, réfléchissant en même temps :


"- Oui les seigneurie on chacune leurs revenus, au moins quelque soit la terre que vous voudriez octroyer, elle apportera subsistance et quelque que soit les terres qui vous restent, vos revenus serons toujours présents, sans dépendre d'un ou deux endroits. "

Un long travail, un travail de plus d'un an, rien que pour cela.

"- Non je n'est pas visiter encore, mais j'irais dès mon retour en Languedoc. Je doit encore finir quelques petites choses et recontacter l'intendante de Rouves avec qui je fait affaire. Je doit finir de mettre à jours tout cela et je recalculerais ensuite vos revenus, pour choisir une solution pour ces villages, cela vous conviendrait-il? "

Depuis toujours, chaque décision, avait été guidé par Jehanne, faite avec son accords. Il n'y avait qu'une chose pour laquelle elle ne demander pas à la rouquine : prendre son épée et aller effrayer les potentiels brigands non loin de la Vaunage, à vrai dire c'était peut-être sa partie préférée dans l'histoire bien qu'elle ne soit pas une fine lame. Le beau temps, ou le mauvais temps extérieure elle s'en fichait, pour elle la Bourgogne c'était le vin, le whisky, le mauvais temps.


In piedi! : Levez-vous !

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Jehanne_elissa
À l'huis du mur d'enceinte, séparant le château du village, le garde en faction, mis au fait d'une visite probable du seigneur de Chevenon, avait pris soin de ne pas s'endormir et de ne pas trop boire. Il avait ce penchant naturel pour tuer l'ennui, mais il avait assez de respect pour sa maîtresse pour s'en montrer digne, quand il était prévenu au moins. Odilon, c'est son nom, n'était pas accompagné d'Herbert, pas depuis plusieurs mois. L'homme de charge de Malpertuis avait mis peu de temps à comprendre qu'on ne met pas à la garde ensemble deux larrons qui s'entendent comme cochons. Herbert était affecté à arpenter les terres avec quelques autres, pour leur sûreté, et Odilon en était rendu à s'occuper autrement.
Lorsqu'Aymeri Bisac, droit et grisonnant sur son robuste palefroi, demanda l'entrée, Odilon répondit juste :


Bienvenue, meussire, j'allons sonner la cloche, eul'factotum eul'vous annoncera. Eul sait qu'vous êtes attendu.

Le Morvandiau avait parlé avec tout son cœur et toute sa dignité, et même, il avait employé un mot latin, exploit dont il n'était pas peu fier. La porte d'enceinte étant déjà ouverte, il fit un pas de côté pour laisser passer le seigneur et sonna ladite cloche. L'entrée s'ouvrait sur une vaste cour de terre, et de marches de pierre aux abords du château. La porte rouge et jaune, au pied de la tour, s'ouvrit sur un vieil homme grand et digne, l'âme damnée de Ternant, celui dont on ne prononçait pas le nom. C'était le Vieux, c'était le Majeur Dome, qui s'inclina et attendit de pouvoir mener le seigneur à l'aula. Des écuries arriva, d'un pas lent et consciencieux, un valet prêt à prendre en charge la monture. Et là-haut, dans la chambre de la baronne, cette chambre vaste qui servait aussi à l'étude et aux discussions, la cloche avait réveillé l'agitation contenue depuis le matin par la vicomtesse.

« Oui, ce sera parf... Ciel ! »

Elle se précipita à la fenêtre, pour s'assurer que... Oui, c'était bien Chevenon ! Elle savait que c'était lui, et pourtant elle était allée à la fenêtre, comme un papillon va vers la lumière. Elle se tourna vers Jenifaël, les joues roses comme une pucelle troublée (ce qu'elle était, en vérité – pucelle et troublée, mais pas dans le sens induit par la métaphore). Lui pardonnerait-elle la comédie qu'elle allait lui jouer ?

« Nous avons de la visite ! Je... C'est le seigneur de Chevenon, je crois. Presque un voisin, sa terre est juste au-delà de Decize. Il y a guère que Clémence et Esyllt pour nous être de plus proches voisines, et l'une et l'autre désertent le monde... » Elle exagérait à peine sur ce voisinage. Il y avait bien des terres, entre Ternant et Chevenon, mais peu étaient octroyées ; il y avait bien Châtillon-en-Bazois, un peu plus proche sur une carte, mais tellement moins accessible par la route, quand il suffisait de prendre la route bordant la Loire pour atteindre Chevenon ! Un voisin, oui. Et peut-être plus sous peu, qui pouvait le dire ?

Elle se tourna vers Constance :


« Nous allons descendre dans l'aula, Constance. Cette visite ne doit pas vous détourner de votre ouvrage, mais quand vous l'aurez fini, vous pourrez descendre, bien sûr. Je pense qu'Eilinn aura apporté une collation et il y en aura de reste pour vous. » L'appât de friandises et la curiosité d'un nouveau visage seraient, Jehanne n'en doutait pas, des motivations suffisantes pour son enjouée pupille. Et puis elle s'adressa à la dame de Boissières :

« Ajustons nos atours et venez avec moi, je vous prie. Nous reprendrons plus tard. Le seigneur de Chevenon est l'intendant du prince Charlemagne et je ne doute pas que vous saurez trouver à l'entretenir... À échanger sur vos méthodes, peut-être, ou à envisager de nouveaux débouchés commerciaux pour nos terres ! Vous savez comme je manque de conversation, seule face à un homme. »

Voilà trois arguments très valables pour faire descendre Jenifaël avec elle ; et pour s'assurer tout à fait de la coopération de la blonde, une fois l'une et l'autre certaines de n'avoir ni tâche d'encre ni accroc à leurs jpes, Jehanne lui prit le bras, comme à une amie, et elles descendirent ensemble.

En coin, la Vicomtesse inspectait sa vassale, sa tenue, son visage, sa coiffure...
La Vitalis était plus grande qu'elle, d'un blond de miel, et quoiqu'impeccablement tressée, sa chevelure laissait toujours échapper quelque mèche, sur la tempe, qui lui donnait du caractère. Les yeux clairs et dangereux, le corps marqué de quelques cicatrices témoignant aussi bien de son passé que de son caractère ; les hanches d'une femme qui a déjà enfanté, les seins moins lourds qu'en son souvenir... Dieu, qu'allait en penser Aymeri de Bisac ?
La Dame de Boissières avait été le plus gros coup de ramponneau de la Volpilhat. Elle l'avait prise comme vassale contre tous ses principes ; une fille sans noblesse, une étrangère même ; une fille sans vertu, pas assez en tout cas pour se préserver jusqu'au mariage ; une inconnue, presque, quand Jehanne lui avait confié Boissières. Elle était alors en manque dramatique d'intendance à Cauvisson, et cette femme était comme sortie de nulle part. Elle ne candidatait à rien, et Jehanne lui offrit de faire ses preuves. Elle ne demandait pas de noblesse, et Jehanne lui en donna une, car c'était le seul moyen de la faire admettre en Languedoc et de lui offrir l'autorité nécessaire sur ses gens. La Volpilhat n'avait demandé qu'une chose, en échange : un retour à la vertu, une vie pieuse et aristotélicienne. Bien sûr, quand on est en Bourgogne et que votre vassale est en Languedoc, vous ne pouvez pas tout surveiller. Mais l'assiduité de l'intendante à sa tâche, les merveilles qu'elle avait faites dans le petit fief de Boissières qui lui avait été confié, la vision de long terme qu'elle posait sur sa gestion, ses relations dignes avec la noblesse locale et son comportement personnel chaque fois que Jehanne en avait été témoin furent la plus juste des récompenses.

Bien sûr, la rouquine douta, parfois ; comme cette fois, à Mauléon, où Jenifaël Lisbeth confessa sa tendance à se battre elle-même, chose encore tant éloignée de l'idée que Jehanne se faisait d'une noble dame ; cette même fois où Jenifaël reconnut avoir dissimulé à Jehanne Elissa sa parenté Corleone. Ces confessions, toutefois, se balayèrent d'elles-mêmes, quand Jehanne se rappela que de très grandes dames joutaient ou se battaient, parmi les non moindres sa bientôt belle-sœur, la princesse de Montlhéry, ou même Yolanda qui avait perdu un œil lors du siège d'Angers... Quant aux Corleone, ne disait-on pas que la mère du défunt Roi Nicolas l'était aussi ? Ce n'était certes pas la meilleure des références que ce Roi-bourgeois, mais enfin ! Chaque famille a ses brigands, même l'oncle de la Reine Béatrice, Looÿs de Castelnau de Montmiral, avait été pris à brigander ; même le grand-oncle de Jehanne Elissa, Ricoh d'Appérault, avait été destitué de ses titres pour de tels actes. S'il est certains que des Corleone sont brigands, il ne suffit pas d'être Corleone pour l'être, et Jehanne avait oublié ce qu'elle avait entendu. Ce n'est pas le nom que l'on porte qui fait qui l'on est, n'en déplaise au petit seigneur de Lallier qui l'avait chapitrée à ce sujet. Ce sont vos actes qui vous définissent. À ce titre, Jehanne pouvait tout à la fois dire de Jenifael Lisbeth Vitalis da Roma que c'était une femme forte, courageuse, trèèès rentable, féale, sensible, élégante, maternelle, intelligente, pertinente, énergique et visionnaire. Une femme comme on en rencontre peu. Une femme qui avait un besoin perpétuel de faire ses preuves et de dispenser son amour, en témoignaient les enfants qu'elle ne cessait d'adopter... Son sang italien, la mamma parfaite.

Que dire de tout cela à Bisac ? Fait-on l'article à un prétendant, ou marchande-t-on ? Comment ces qualités pouvaient-elles rattraper la tache indélébile, l'absence de pucelage de sa vassale ? Elle inspira goulument, arrivée en bas de l'escalier, et lâcha le bras de Jenifaël.


« J'espère qu'il sera de compagnie courtoise ! »

Lança-t-elle, forçant l'innocence, comme une jeune fille qui ignore si son visiteur est un fâcheux ou un galant. Et puis elles entrèrent dans l'aula, où le seigneur de Chevenon avait été introduit. Cette pièce plus longue que large, avec une grande cheminée, était à cette heure de la journée dépourvue de la table que l'on montait et démontait de ses tréteaux pour les repas. Des faudesteuils faisaient cercle autour de l'âtre éteint, près d'une desserte encore vide. Aux murs pendaient des tapisseries de l'atelier Mauclavel, à Poitiers, essentiellement des millefleurs.

« Messire de Bisac, soyez le bienvenu. Je suis navrée de vous accueillir en cette pièce, qui sert d'ordinaire plutôt aux cérémonies et aux banquets, mais je crains le jardin trop humide et ma pupille travaille dans la chambre où je reçois le plus souvent. » Elle sourit, se gardant d'ajouter qu'on y trouverait aussi livres de comptes, cartes et dénombrements de la Vaunage éparpillés jusque sur le lit, désordre peu propice à recevoir convenablement un visiteur, intime ou étranger.
« Je vous présente Jenifael Lisbeth Vitalis da Roma, dame de Boissières, ma vassale et intendante de mes terres languedociennes. »
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Jeune mariée,
Vicomtesse de Mondolfo, Tarquina et Cauvisson,
Baronne de Ternant,
Dame de la Motte-Josserand
Jenifaelr
Elle resta silencieuse tout le long, impressionnée de l'esprit de Jehanne, qui retenais visiblement parfaitement bien les noms, fonctions et titres des gens. La dame de Boissières c'était exécuté lorsque la rousse de Volpilhat lui avait dit de s'arranger, lissage de robe, remise en place de ses longues manches cachant sa dague dans sa manche gauche. Elle salua l'homme qui leurs faisait face. Elle n'eu même pas à se présenter, Jehanne le fit. Elle n'avait pas envie de prendre la parole trop rapidement de tout façon. L'italienne ne laisserais pas entendre sa voix maternelle trop rapidement, déjà on pouvait deviner facilement son appartenance au sud, avec l'odeur de lavande qu'elle dégager. Sans compter sur ses cheveux blond vénitien qui eux sentaient plutôt la pêche.
Étrangement elle n'avait pas encore sentie l'entourloupe dans cette visite, Jehanne avait sa confiance, alors pourquoi celle-ci l'aurait trahie, ou encore aurait manigancer quelque chose? Elle se ne méfier pas de la rouquine et il était trop tôt pour savoir si elle pardonnerais. Depuis quand, la gentille Jehanne essayait-elle de piégée sa turbulente vassale?

Le lapin cauvissonnais à dans ses filets le félin Boissiérois.

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Bisac
Le garde en faction se recula et, avec quelques mots de latin, laissa pénétrer le seigneur dans la cour du château. La demeure de la Vicomtesse s’offrit ainsi à la contemplation de l’invité. Une imposante tour entourée de plusieurs corps de logis formaient la résidence seigneuriale. Les sabots du destrier frappèrent les pavés et la terre de la cour. A peine, Bisac eut-il quitté les étriers qu’un palefrenier vint s’occuper de sa monture. C’est alors qu’un vieil homme vint à sa rencontre et invita Aymeri à rentrer. Suivant l’homme, Chevenon franchit le seuil de la porte rouge et or et fut conduit jusqu’à une salle de belles dimensions. Après s’être fait signifier que la maitresse des lieux le rejoindrait sous peu, Bisac laissa un instant vagabonder son regard au travers le verre poli de la fenêtre.

L’homme avait revêtu pour l’occasion un pourpoint de velours vert sombre, des braies assorties ainsi que d’une paire de bottes de cuir brun. Une toque, aux couleurs et matière identiques au reste de la tenue, agrémentée d’une plume de paon venait compléter la vesture du seigneur de Chevenon.

La porte s’ouvrit sur la Vicomtesse et sa vassale. Dans une révérence polie, Bisac s’exprima.


Mes hommages estimée Vicomtesse, je vous suis reconnaissant de m’accueillir ainsi en votre domaine. N’ayez crainte, cette salle siéra parfaitement à ma visite.

La maîtresse des lieux présenta ensuite sa vassale, la fameuse vassale. Vêtue d’une côte rouge, la dame de Boissière, bien que silencieuse, le salua. Bien qu’informé la situation de la dame, Bisac la trouva fort bien mise et agréable à regarder. Dans une nouvelle révérence, l’ancien Officier Royal avisa la dame languedocienne.

Mes hommages ma dame. J’ignorais que Sa Grandeur avait la visite de votre personne. J’ose espérer que ma visite ne vient point troubler vos œuvres d’intendance. Toujours est-il que vous me voyez ravi de faire votre reconnaissance.
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Eilinn_melani
Dans la cuisine, Eilinn mettait la main à la pâte pour préparer quelque chose de convenable. Fort heureusement, la jeune femme avait assez l'habitude de l'improvisation pour pouvoir se sortir de toute situation culinaire délicate.

Le gâte-sauce qui tentait tant bien que mal de suivre les consignes rattrapa au dernier instant la carafe d'hypocras, alors qu'Eilinn achevait de disposer sur des tranchoirs des salaisons.


Allons allons !

Le gâte-sauce mit le tout sur un plateau et Eilinn vérifia que le vin n'était pas éventé. Ouf !

Ainsi, le marmiton et Eilinn arrivèrent dans la grande salle, et le plateau fut déposé sur la desserte. Salaisons aigre-douces sur des tranchoirs, avec quelques condiments, comme des cerises au vinaigre, des madeleines au citron, étaient ainsi à disposition.
Quelques fruits frais épluchés et marinant dans un jus de cannelle, clou de girofle et de miel achevaient le plateau.

Les invités auraient le choix entre un hypocras léger et une seconde pression de vin (et oui, la première, c'était l'archevêque de Lyon et son vicaire qui se l'étaient envoyées).

Ternant était peut-être un petit fief, mais c'était aussi certainement une des meilleures tables de Bourgogne.

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Jehanne_elissa
Jehanne Elissa secoua plaisamment la tête.

« N'ayez crainte, seigneur ! Nous étions penchées sur des livres de comptes depuis tôt ce matin, votre visite est la plus plaisante des distractions. » Un regard appuyé au seigneur, son complice en ce jour. Et puis, elle était nerveuse, dans une certaine mesure. Elle finissait par regretter de n'avoir pas ouvertement dit à Jenifaël son intention... Mais on ne bouscule pas un cœur en deuil, avait-elle pensé.

Elle s'assit, laissant Jenifaël répondre aux politesses du seigneur de Chevenon. Son œil vert alla de la mise soignée du quarantenaire – c'était en tout cas l'âge qu'elle l'imaginait avoir – au profil digne de sa vassale. À quel point saurait-elle se rendre plaisante, elle qui n'avait à l'esprit que ses pertes, fiancé et pupille...
Les dés étaient jetés, de toute façon. Eilinn entrait avec son commis, parfaitement prête, au point que Jenifaël pourrait trouver cette célérité suspecte... préparée, en un mot. Mais un coup d’œil au plateau rassura Jehanne. Eilinn, Eilinn, quelle fée ! Hormis madeleines et fruits, tout était facile, tout était des mets que l'on peut tout à fait prétendre avoir dans son sellier, qui ne demandent qu'à être servis. Tu aurais tout aussi bien pu avoir préparé cela pour notre dîner à toutes, pour célébrer la présence de Jenifaël. La blonde, d'ailleurs, était moins habituée au régime ternantais, et ne saurait déceler les écarts avec leurs mets habituels. Vraiment, Eilinn avait fait des merveilles de simplicité harmonieuse.


« Merci ! » forma-t-elle, presque silencieusement, avec les lèvres. Et tournée vers le seigneur de Chevenon, elle acheva les présentations :

« Voici Eilinn Melani, qui était vicomtesse, et premier maître d'hôtel de la bonne Reine Béatrice, mais a renoncé à tout cela pour le service du Très Haut... et celui de ma table, par plaisir ! » Car ce n'était ni le besoin ni la contrainte qui maintenaient Eilinn dans les cuisines de Malpertuis.

« Mangez et buvez donc, messire, et dites l'objet de votre visite... Votre famille se porte bien, et votre suzerain ? » Pif-paf-pouf. On ouvre discrètement une brèche, sous couvert de banalités... Jehanne pinça entre deux doigts un morceau de jambon sec, mais ne le mangea pas tout de suite. Au lieu de quoi elle se tourna vers Eilinn, debout tout près d'elle, et murmura :

« Il y a des olives de Vaunage ? »

Peut-être quelque part, là, au milieu de tous les condiments ; elle n'arrivait pas à tous les voir, derrière le bol de fruits. Et puis, s'il n'y en avait pas, c'était l'occasion d'en aller chercher, pour faire goûter au seigneur de Chevenon un peu de ce sud où œuvrait Jenifaël.
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Jeune mariée,
Vicomtesse de Mondolfo, Tarquina et Cauvisson,
Baronne de Ternant,
Dame de la Motte-Josserand
Jenifaelr
Elle rompit son silence, pour répondre, sans la moindre méfiance ... Le deuil lui aller mal et si elle porter son rouge bien aimé au lieu du noir qu'elle avait porter en Languedoc, cela ne voulait pas dire qu'elle ne songer plus au Normand.

"- Je suis ravie également de vous rencontrer. "

Elle offrit un sourire, après avoir laisser entendre sa voix. Voilà, tout le monde était content, elle avait était gentille. Jehanne dit par politesse qu'il était une plaisante distraction, mais aux yeux de la jeune femme, ces temps-ci, sa plus plaisante distraction aurait était dans les bras d'un homme, de quoi fumé ou boire et se laisser aller en oubliant tout et en ayant le lendemain aucuns souvenirs. Drôle de distraction et parfois on se retrouvait avec des résultats ... surprenant. Comme par exemple une rose et une plume de corbeau dessiner sur les côtes d'une encre impossible à retirer. Elle observa le plateau servit et piqua l'un des fruits épluché, le goût sucré lui fit fermer un instant les yeux, puis presque joyeusement, elle annonça :

"- Un délice. "

Visiblement, son séjour en Bourgogne pourrait lui faire reprendre les quelques livres qu'elle avait perdu ces temps-ci. Et tant pis, si elle revoyait l'autre barbu et qu'il lui prouver qu'elle avait de la graisse sur tout le corps et qu'elle était laide. Puis elle s'adressa au seigneur de Chevron :

"- Vous êtes donc l'intendant du Nivernais, j'ai vécu près d'un an à Nevers. Qu'offrent ces terres? En Vaunage nous avons du bon vin, une papeterie et une imprimerie, ainsi que de belles lavandes et des olives magnifique. Nous avons aussi des amandes maintenant. "

Voilà un tableau rapide de la vicomté. Pauvre homme, encerclé de femmes.
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Bisac
Dans un sourire courtois.

Vous me voyez donc ravi de constater que ma présence ici ne vient en rien déranger quelconques entreprises comptables ou d’intendances.

Aymeri fit mine de ne rien percevoir du regard appuyé de son hôte. Bien sûr que sa présence ne venait point déranger les affaires de la Vicomtesse, elle était même parfaitement en adéquation avec les affaires de la maîtresse des lieux. Ou tout du moins de la petite entreprise que Ternant et Chevenon avaient ourdi depuis quelques temps au moyen de précieux échanges épistolaires.

La porte s’ouvrit soudainement et l’on porta des fruits frais, des petites pâtisseries, des condiments et autres appétissantes nourritures qui vinrent assurer les envies de grignotages des convives. La responsable de la création de ces appétents mets fut ensuite présentée.

Ravi de faire votre connaissance ma dame … ou plutôt ma sœur. Votre expérience auprès de Feue Sa Majesté Béatrice ne peut que me pousser à goûter ces mets dont vous avez eu la délicatesse et, manifestement, le talent de préparer.

Suivant les recommandations vicomtales, Bisac se saisit d’une madeleine qu’il amputa d’un morceau par une bouchée appréciée. Dans un sourire, il complimenta Eilinn Melani.

Sa Grandeur avait bien raison, ces madeleines sont terriblement délicieuses. Si vos autres préparations culinaires sont du même acabit, il me faudra toutes les goûter. Ce faisant … au diable le péché de gourmandise ! Enfin, si vous voulez bien me pardonner cette bien peu aristotélicienne formule.

Un léger sourire apparu sur le visage de Chevenon lorsque la Vicomtesse le questionna sur les nouvelles de sa « famille » et de son suzerain.

Son Altesse le Prince est comme à l’accoutumée. Nous ne voyons que peu, Son Altesse est souvent amené à se rendre en la capitale, la prestigieuse charge de Grand Chambellan de France demeure, comme il est facile de l’imaginer, relativement prenante.

Quant à ma famille, j’ai peur de n’être que peu loquace. A l’exception d’un neveu, à la fois filleul, avec lequel j’entretiens des relations plus ou moins agréables et vivant en Empire, ma famille demeure bien rare. Mes deux frères ainés ainsi que mes parents ont été rappelés auprès du Très-Haut depuis plusieurs années désormais. Plus personnellement, je vis seul, bien qu’entouré d’une petite mesnie, en le château de Chevenon.

Estimée Vicomtesse, j'ose espérer, de mon côté, que vous vous portez pour le mieux ainsi que les personnes de votre entourage.


Se tournant ensuite vers la dame de Boissière, Aymeri lui répondit avec plaisir.

C’est là de bien agréables terres que celles de Vaunage. Le Nivernais, quant à lui, permet une culture viticole de qualité, le Chablis par exemple. En outre, les vallons du nivernais ont vu la pousse importante de bois et forêts assurant ainsi du gibier et, plus avantageux, du bois pour le commerce.

Achevant sa madeleine, Bisac continua la conversation.

Pardonnez ma curiosité mais combien de temps comptez-vous rester en Bourgogne ? C’est que le Languedoc, sans être aux antipodes de notre monde, n’est point la province la plus limitrophe. Si le cœur vous en dit, je me ferai une joie de vous faire visiter le Nivernais à l’occasion. Avisant la Vicomtesse dans un sourire complice. Accompagnée bien évidement de Sa Grandeur et de toutes autres personnes qu’il lui plaira d’inviter.
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Jehanne_elissa
La nourriture : validée par les convives.

Les discussions : vont bon train, et les points saillants du célibat de l'intendant et de son plaisir à parler sont évidents. Jehanne en profite pour attaquer de plus belle la charcuterie. Elle a le palais d'humeur salée, ce jour.

Leur affaire : grand dieu, mais c'est qu'il voudrait la courtiser dans les règles ! Croit-il à l'amour, ce grisonnant ? Jehanne, elle, croyait surtout que sa blonde vassale tombait plus facilement en amitié qu'en amour, et qu'il faudrait en tout cas plus que du sentiment pour souder son mariage. Quelques arguments financiers, sans doute, et le dévouement de la Vitalis aux volontés de sa suzeraine.

Du reste... Lui faudrait-il chaperonner Jenifaël, elle dont la vertu était déjà croquée ? Quant à la protéger, elle était certaine que la blonde avait plus de ressources qu'elle-même. Mais l'idée demeurait agréable.


« Et bien... J'ai perdu un filleul récemment... » et pour cause, c'était le fiancé de Jenifaël, celui qui leur vaut d'être rassemblé ici, et qui par son absence fait bien plus que du temps où il était présent. « mais pour ce qui est des vivants, je crois pouvoir dire qu'aucun n'est en péril de rejoindre bientôt le Créateur. »
Elle porta la main à sa médaille de baptême, en signe de dévotion et de bonne fortune. Les vifs passent à trépas en un rien de temps, selon Sa volonté, donc en vérité, on ne sait jamais...

« Nous pourrions venir vous voir à Chevenon, oui, et de là voir un peu de pays ! Pas tout le Nivernais, je gage que c'est bien trop grand, et comme nous avons mes noces à préparer, le temps manquera... »

Elle laisserait Jenifaël répondre quant à la durée de son séjour ; une chose était certaine, pour les ans à venir, et dans l'éventualité d'une noce, c'était qu'elle ne pourrait pas durablement se passer de sa vassale en Languedoc aux saisons charnières de la vie paysanne – le printemps et la fin de l'été.

« Je vais en effet bientôt épouser mon fiancé de longue date et je serais heureuse de vous compter parmi mes convives. »
Micro pause, et d'ajouter :
« Vous-même, n'avez-vous jamais songé à vous marier et assurer votre descendance ? Je ne peux croire que votre maître vous encourage au célibat... »
Certes, Charlemagne avait peu encore fait dans le domaine du mariage ou de la descendance ; mais c'était un homme plus jeune que ne l'était Jehanne, ils avaient le temps, et lui était déjà fiancé. Bisac, c'était une autre affaire. Et la question de Jehanne était toute rhétorique... Elle ne savait que trop bien que Bisac se préoccupait fort de prendre épouse !
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Jeune mariée,
Vicomtesse de Mondolfo, Tarquina et Cauvisson,
Baronne de Ternant,
Dame de la Motte-Josserand
Jenifaelr
Jehanne parla, son coeur s'alourdit comme une pierre à la mention du filleul perdu. Puis elle répondit à Bisac et sans le vouloir, à sa suzeraine également.

"- Je reste au moins un mois. Ensuite je verrait, si la Vaunage me réclame, elle me retrouvera sur le champs. "

Toute dévouée à la Vaunage, depuis que Jehanne lui avait fait confiance.

" - J'accepterais de découvrir un peu le Nivernais avec ma suzeraine. "

Elle accepte l'invitation, sans se douter toujours de l'affaire de la rouquine. Elle pris un peu de jambon à son tour et le goûta. Laissant son palais retrouver les saveurs de son Italie natale. La vénitienne écouta les paroles échanger, visiblement Jehanne s'en sortais bien mieux qu'elle pour discuter avec les gens. Il faut dire que lorsqu'elle se mettais à parler, la plupart des personnes s'enfuyaient rapidement. C'est vrai quoi, ça leurs faisaient quoi qu'elle fasse partie du clan Corleone? Elle n'allait pas sur les routes, pour les dépouiller après tout ! Qu'est-ce que cela pouvait-il faire qu'elle soit noble? Elle n'allait pas non plus leurs demander de lui servir sa chope ... Souvent elle trouvait les personnes trop extrême. A croire que la noblesse conférée la richesse, l'innocence, la stupidité et faisait devenir feignant. Avaient-ils conscience, que les bourgeois comme sa famille était souvent plus riche que les nobles? Que l'innocence et la stupidité pouvait être feinte? Que si elle était feignante elle n'aurais pas bouger du Béarn ou de la côte Azurée pour découvrir le pays, ou encore qu'elle ferait bien des livres de plus à force de dormir et manger? D'ailleurs comment être feignant avec deux enfants? Elle se le demandais souvent et laissa échapper un soupire en laissant vagabonder ses pensées.
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Bisac
Et la Vicomtesse de répondre à l’affirmative à l’invitation de sa visite. Ainsi, pourrait-elle constater l’état du château de Chevenon. Initialement pourvu d’une enceinte, de grosses tours reliées par des courtines, le château aujourd’hui n’était qu’un vaste bâtiment rectangulaire, plus haut que large, semblant à un grand donjon. L’entrée principale, à l’ouest, s’ouvrant sur une cour intérieure où les écuries siègent et où un escalier conduit aux étages et lieux de vie. Le château renvoyait l’image d’une noblesse un brin décadente traversant les méandres des périlleux imbroglios financiers.

La bâtisse n’était point le siège d’une florissante seigneurie comme jadis. A croire que Bisac était meilleur gestionnaire dès que les affaires n’étaient point les siennes. En effet, s’il s’acquittait avec efficacité de la tenue des terres du Prince, cela allait bien différemment sur ses propres terres, octroyées par la volonté princière. Aymeri avait réalisé plusieurs investissements financiers qui n’eurent point l’effet escompté. Aussi se retrouvait-il avec quelques créances au séant. L’homme avait parfois l’habitude des entreprises risquées et des contrats plus ou moins vertueux. Son neveu et filleul, d’ailleurs, lui reprochait d’avoir détourné un convoi pierres, offert généreusement par une Duchesse savoyarde, destiné à la reconstruction du four du village effondré. Détournement qui aurait permis au Seigneur de Chevenon de rembourser certaines créances. Faute de preuves tangibles ces accusations demeuraient à l’état de supputations et à la sphère familiale.


Voilà qui parfait, estimée Vicomtesse. Je me ferai une joie de vous accueillir en mon domaine et de vous faire découvrir ses … euh … particularités dirais-je.

Par « particularités », Bisac faisait référence à l’état plus ou moins bon de la bâtisse ainsi qu’à l’apparence pour le moins austère du castel.

Permettez que je vous adresse mes félicitations quant à vos prochaines noces. Ce sera un honneur pour moi d’être des vôtres en ce jour.

La question du mariage vint ensuite. Aymeri se saisit d’une cerise au vinaigre et, après un court intermède, reprit.

Pour être honnête, je pensais, jusqu’à très récemment, que le mariage était un sujet sur lequel je m’étais établi et me contentais fort bien de mon célibat. Hélas, de récentes imprévues me poussèrent à revoir mon jugement. Comme vous l’entendirent peut-être dire, la seigneurie de Chevenon rencontre quelques épreuves financières, ce faisant j’en suis arrivé à la conclusion qu’une union, et de facto la dot qui l’accompagne, pourraient être une solution à ces épreuves. Vous savez je suis dans la quarantaine, aussi ne fais-je que peu de cas des considérations courtoises ou fleurs-bleues, les laissant bien volontiers aux damoiseaux et damoiselles.

Quant à ma descendance, et bien n’ayant point contracté de contrat de mariage, je n’ai point eu l’occasion officielle de pourvoir à une descendance tout autant officielle. Rien de m’assure cependant de ne point avoir semé, çà et là, quelques progénitures mais ce n’est là que détail qui n’entre en rien dans les affaires qui me préoccupent ces derniers temps.


S’adressant à nouveau à la dame de Boissières.

C’est parfait alors, vous êtes donc les bienvenues dès que le cœur vous en plaira, à vous et votre suzeraine.

Aymeri s’attaqua cette fois à goûter l’hypocras qu’il trouva, au demeurant, fort bon. Une fois sa coupe reposée, il s’adressa à nouveau à Jenifael.

Mais je vois que je parle beaucoup et monopolise bien trop le crachoir. Si vous voulez bien m’en excusez. Aussi, sans vouloir être indiscret, puis-je vous demander de nous parler un de vous et de votre vie languedocienne par exemple.

Et Chevenon de s’en prendre à nouveau à l’hypocras. Décidément bien gouteux.
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Jenifaelr
Elle écouta puis on l'encouragea à parler de nouveau et elle pris la parole.

"- Ma vie en Languedoc se partage entre la Vaunage, ma famille, les quelques habitants Nîmois que j'apprécie et parfois le château Comtal. "

Elle résuma, puis entra dans les détails.

"- J'ai deux filles qui me laisse peu de repos et parfois une fonction au sein du comté mais c'est rare. Je suis normalement l'une des adjointes du procureure, mais avec tout le travail d'intendance déjà je travail peu sur les affaires ... Et les deux seules que j'ai traitée ce sont retrouver transféré dans les duchés voisins. "

Un sourire se posa sur ses lèvres amusée, puis elle continua :

"- Nous avons la chance d'avoir un soleil chaud et agréable, à Boissières les habitants peuvent même boire leurs soupe à la lumière du jour car le soleil inonde les rues du village. Mes filles adorent se mettre sous les oliviers aussi. "

Et enfin le meilleur pour la fin :

"- La nuit j'aime aussi monter sur le toit du château de Boissières pour admirer la vue. Il se situ entre la forêt et les champs, un peu à l'écart du village et cela offre des instants magnifique, le calme, les étoiles, la lune ... "

La voilà qui s'égare et laisse voir la rêveuse qui dort en elle. Elle n'a pas préciser qu'elle aimer avoir cette vu, avec une bouteille de vin en main.

"- En faite, lorsque Jehanne m'a fait sa vassale il à fallut faire quelques investissements pour rendre viable la seigneurie de Boissières, j'ai la chance d'avoir une famille plutôt aisée. Cela m'a permit de rendre au château une jeunesse et d’investir dans le village. Boissières possède depuis, une papeterie avec son moulin et une imprimerie. "

Aisée? Les Vitalis étaient bien plus qu'aisée. A peine avaient-ils poser le pied en France, qu'ils avaient racheter à un seigneur provençal son château et une partie de la famille c'était installé dans celui-ci. C'est comme ça que la jeune femme avait vécu. Au sommet d'une falaise, au milieu des lavandes et des vignes, avec les embruns de l'océan et le village en contrebas. L'imprimerie de l'Encre rouge avait elle déjà rembourser la jeune femme. La première de la région alors forcément ! Elle c'était ensuite attaquée au reste de la vicomté, terre par terre.
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Bisac
Et Bisac d’écouter tranquillement les paroles de la dame de Boissières. Tout en piochant hasardeusement dans les mets préparés, l’invité se laissait conter le climat et la vie de Jenifael sous la chaleur du Sud-Est du Royaume.

Adjointe à la Procure ? Intéressant. Enfin, le travail doit être intéressant. Cela dit, c’est en novice de la chose juridique que je parle. Un mien neveu fut procureur près la Cour d’Appel avant de s’expatrier en Savoye et d’y mener une existence de juriste. Il semble y trouver un certain intérêt, d’où mon jugement d’ « intéressant ».

N’ayant nullement envie de s’épancher sur ce neveu, Bisac continua d’écouter son interlocutrice. Il est vrai que les deux hommes, l’oncle et le neveu mais aussi parrain et filleul n’entretenaient pas des relations particulièrement chaleureuses. A la mort de sa sœur et de son beau-frère, l’éducation de leur jeune fils lui échu. Ainsi Aymeri avait envoyé son neveu dans une abbaye de leur Sud-Ouest natal. Durant de nombreuses années, le jeune neveu reçut une éducation et une instruction de qualité avant que le prieur de l’abbaye ne lui signale le départ de son filleul. Ce dernier ayant atteint sa majorité. Depuis, les deux hommes se voyaient peu et échangeaient simplement et surtout occasionnellement au moyen de quelques courriers.

Revenant au cours de la conversation, Chevenon manifesta une attention accrue lorsque la damoiselle entrepris de converser sur les revenus et autres infrastructures de son domaine. Lançant un regard appuyé à la Vicomtesse, Aymeri, tout en se réinstallant au fond de son fauteuil, continua à converser.

Ainsi donc, la Seigneurie de Boissières possède une imprimerie, un moulin et une papeterie. Elle doit donc logiquement dégager de substantiels revenus.

La manifeste condition aisée de la famille de la dame ne tomba pas, non plus, dans l’oreille d’un sourd. A cette information, Bisac saisit aussitôt que si l’entreprise maritale, secrètement ourdi par la Vicomtesse et lui-même, devait trouver une issue heureuse, la dot serait d’autant plus agréable que la famille de la jeune femme aisée. Par « agréable » comprenez "opulente". Bien que Chevenon ne sache pas réellement qui pourvoirait à la dot, la famille ou le Vicomtesse. Cependant, l’heure des discussions de dot n’avait point encore sonné.

Désireux d’en connaître un peu plus sur la dame de Boissières, Bisac reprit.

J’ai cru comprendre que vous avez deux filles. Aussi accepterez-vous de me parler un peu d’elles ?
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