Stradivarius.
"Ivre, Lyre se livre"
À genoux.
Devant le Lion Borgne. Borgne to be a Lion? Non, on l'a déjà faite cette blague. Ça n'en devient plus très drôle. Et pourtant, je ricane. Je ricane? Merde, faudrait peut-être que je me calme, surtout lorsque la posture n'est pas à la fuite sous le regard des autres. Allez, un effort, dos levé, épaules droites, on retient un rot. Promis, demain j'arrête de boire. Non, pas demain, demain j'ai assassinat. Faudra attendre encore un peu, mais oui, j'arrêterai. Surtout s'il y a ce genre de surprises en préparation. Non, c'est sérieux comme cérémonie, en plus, ça me flatte énormément. Mon égo en prend un coup, je vais passer au niveau supérieur sans trop attendre. Pourtant, je lui avais bien dit que je ne voulais pas de titre. Il en a décidé autrement. Comme si j'étais la personne à avoir au sein de ces murs solides. Je l'aime bien, ce Duc. Il est un peu comme moi, avec les mêmes idées, mais lui a les moyens et la classe internationale. Il est à un autre niveau. Je me dois de le respecter et de le servir autant d'années qu'il le faudra avant que la faucheuse daigne m'aspirer entre ses lèvres saignantes. J'vous parle pas de son haleine. Non, il ne vaut mieux pas. C'est une journée magnifique, pleine de reconnaissance. Je suis certain de ne pas pouvoir l'oublier de sitôt. Même après quelques litrons d'alcool.
Un homme surgit.
Un peu lamentable, troublant la cérémonie, troublant le duc, troublant nôtre sacré sacre. J'écoute les échanges mouvementés. Je regarde les expressions du suzerain. Je souris discrètement en pensant à Meuble. Avec son sourire étincelants de nacres resplendissants. Je constate à nouveau le trouble s'installer. Ce n'est pas le genre d'histoire qui me regarde. Ou peut-être bien que si? Non? Si je suis son vassal, je devrais m'en inquiéter? J'aurai peut-être un nouveau contrat à exécuter. Ce serait bien, les bourses se vident à vu d'oeil. En parlant de bourse, est-ce qu'elle me regarde à l'instant? Est-ce qu'elle me voit? Moi, abaissé, prêt à passer l'arme à gauche, ou à droite? Est-ce qu'elle est fière de ce que je peux devenir?Est-ce que demain encore je pourrai le retrouver et la chérir? Ou aura t'elle peur de ce que je suis devenu? Je sens son regard se poser sur moi, j'en frémis. J'aimerai épouser ses lèvres à nouveau. L'entendre me susurrer des mots mesquins à l'oreille. Je suis un trublion, un bouffon, elle a l'air d'aimer ce petit côté maladroit en moi. Elle pourra penser que tout cela n'est qu'une maladresse de plus. Ou bien... je pourrai peut-être la gâter un peu plus. Plus que maintenant, que je ne la gâte que de quelques baisers et mains tendres sur sa peau si douce. Comment paraître sérieux lorsque l'on frémit d'excitation à l'idée de la prendre à nouveau? Restons calme. Restons sérieux. C'est l'alcool qui parle. Je ne suis pas réellement amoureux. Si, en fait. Je crois. Ça va mal se terminer cette histoire. Comme l'histoire avec cet homme tout penaud que le Duc ne sait que faire. Une histoire d'amour qui a bien commencé et qui a l'air de tourner en court bouillon. En fait, je me sens concerné. Ça me concerne. Je fais bientôt mon entrée dans la Maison. C'est une grande famille qui m'ouvre ses portes. Je suis concerné. Mais pas tout de suite. Là, j'ai anoblissement.
La cérémonie reprend.
Je sens la lame glacée d'une épée sur mon épaule. Il passe devant moi, nous glorifiant tous de ses mots à la tournure élégante. Je me sens fier au final. Je ne voulais pas. Peut-être par peur. Comment avoir peur d'une telle situation? C'est idiot. Le combat n'a pas été si rude, la récompense est peut-être mal méritée. Mais je sais fort bien que j'ai donné mes tripes à cette entreprise, que j'ai tout fait pour avancer avec mes compagnons, que j'ai croisé le fer pour une cause qui me semblait juste. Je crois que jamais je ne me suis senti aussi bien sur un champs de bataille. Ce n'est pas ma vocation, je ne suis qu'un homme de l'ombre. Mais, enfin, l'on me reconnaît. L'on me voit. Je ne suis plus anonyme. Je suis un homme reconnu. Femme, titre, plus qu'un enfant. Non! Attendez! Pas de suite! Attendez un peu tout de même! Le discoure se poursuit, et l'on passe de l'état d'homme à l'état de Chevalier. L'on oublie les fripes pour se voir rehaussé de quelques bouts de ferrailles protecteurs. L'on se voit digne de porter les couleurs d'une mesnie, d'une providence, d'une grandeur. Je sais que lorsque je me relèverai, plus rien n'aura le même goût, la même valeur. Tout sera décuplé. Je tremble un peu lorsque l'on me remet mon écu. Je tremble simplement en sentant tout ce poids. Et surtout parce que, ivre, je crains de tomber devant tout le monde. Ce serait une belle affaire que voilà. Lorsque le Mirandole prononça les quelques mots me concernant, un sourire s'inscrivit, indélébile, sur mon visage. La Lyre. Cet instrument ancien qui sonne parfaitement avec ma personnalité. Cet instrument qui me correspond et que je saurai manier dans l'art de la servitude en remerciement pour lui. Écu sanglant, instrument doré. Rien de plus beau à mes yeux. Si, elle. C'est façon de parler. La Courtoisie. Je saurai m'en montrer respectueux. C'est un voeu. Voeu important. L'harmonie des mots, mélodieux, va piano continuant presto fortissimo. Si, si. Je baisse la tête.
-Chevalier Lyre, pour vous servir sans jamais faillir ne serait-ce même que pour combattre la mort et vous protéger à jamais, mon Suzerain.
Ouai.
Il fallait des mots de circonstances. Je ne sais si ceux-ci sonnent convenablement et si cela avait place en ces lieux. Mais c'est sorti ainsi, tout naturellement. Faut les prendre comme ils sont, c'est de bon coeur. Je suis heureux en ce jour. Je crois que je ne vais même pas boire...
...
Si, en fait, je vais boire une goutte. Juste comme ça, pour fêter l'événement.
Ma mère serait tellement fière de moi. Si seulement elle pouvait le savoir...
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À genoux.
Devant le Lion Borgne. Borgne to be a Lion? Non, on l'a déjà faite cette blague. Ça n'en devient plus très drôle. Et pourtant, je ricane. Je ricane? Merde, faudrait peut-être que je me calme, surtout lorsque la posture n'est pas à la fuite sous le regard des autres. Allez, un effort, dos levé, épaules droites, on retient un rot. Promis, demain j'arrête de boire. Non, pas demain, demain j'ai assassinat. Faudra attendre encore un peu, mais oui, j'arrêterai. Surtout s'il y a ce genre de surprises en préparation. Non, c'est sérieux comme cérémonie, en plus, ça me flatte énormément. Mon égo en prend un coup, je vais passer au niveau supérieur sans trop attendre. Pourtant, je lui avais bien dit que je ne voulais pas de titre. Il en a décidé autrement. Comme si j'étais la personne à avoir au sein de ces murs solides. Je l'aime bien, ce Duc. Il est un peu comme moi, avec les mêmes idées, mais lui a les moyens et la classe internationale. Il est à un autre niveau. Je me dois de le respecter et de le servir autant d'années qu'il le faudra avant que la faucheuse daigne m'aspirer entre ses lèvres saignantes. J'vous parle pas de son haleine. Non, il ne vaut mieux pas. C'est une journée magnifique, pleine de reconnaissance. Je suis certain de ne pas pouvoir l'oublier de sitôt. Même après quelques litrons d'alcool.
Un homme surgit.
Un peu lamentable, troublant la cérémonie, troublant le duc, troublant nôtre sacré sacre. J'écoute les échanges mouvementés. Je regarde les expressions du suzerain. Je souris discrètement en pensant à Meuble. Avec son sourire étincelants de nacres resplendissants. Je constate à nouveau le trouble s'installer. Ce n'est pas le genre d'histoire qui me regarde. Ou peut-être bien que si? Non? Si je suis son vassal, je devrais m'en inquiéter? J'aurai peut-être un nouveau contrat à exécuter. Ce serait bien, les bourses se vident à vu d'oeil. En parlant de bourse, est-ce qu'elle me regarde à l'instant? Est-ce qu'elle me voit? Moi, abaissé, prêt à passer l'arme à gauche, ou à droite? Est-ce qu'elle est fière de ce que je peux devenir?Est-ce que demain encore je pourrai le retrouver et la chérir? Ou aura t'elle peur de ce que je suis devenu? Je sens son regard se poser sur moi, j'en frémis. J'aimerai épouser ses lèvres à nouveau. L'entendre me susurrer des mots mesquins à l'oreille. Je suis un trublion, un bouffon, elle a l'air d'aimer ce petit côté maladroit en moi. Elle pourra penser que tout cela n'est qu'une maladresse de plus. Ou bien... je pourrai peut-être la gâter un peu plus. Plus que maintenant, que je ne la gâte que de quelques baisers et mains tendres sur sa peau si douce. Comment paraître sérieux lorsque l'on frémit d'excitation à l'idée de la prendre à nouveau? Restons calme. Restons sérieux. C'est l'alcool qui parle. Je ne suis pas réellement amoureux. Si, en fait. Je crois. Ça va mal se terminer cette histoire. Comme l'histoire avec cet homme tout penaud que le Duc ne sait que faire. Une histoire d'amour qui a bien commencé et qui a l'air de tourner en court bouillon. En fait, je me sens concerné. Ça me concerne. Je fais bientôt mon entrée dans la Maison. C'est une grande famille qui m'ouvre ses portes. Je suis concerné. Mais pas tout de suite. Là, j'ai anoblissement.
La cérémonie reprend.
Je sens la lame glacée d'une épée sur mon épaule. Il passe devant moi, nous glorifiant tous de ses mots à la tournure élégante. Je me sens fier au final. Je ne voulais pas. Peut-être par peur. Comment avoir peur d'une telle situation? C'est idiot. Le combat n'a pas été si rude, la récompense est peut-être mal méritée. Mais je sais fort bien que j'ai donné mes tripes à cette entreprise, que j'ai tout fait pour avancer avec mes compagnons, que j'ai croisé le fer pour une cause qui me semblait juste. Je crois que jamais je ne me suis senti aussi bien sur un champs de bataille. Ce n'est pas ma vocation, je ne suis qu'un homme de l'ombre. Mais, enfin, l'on me reconnaît. L'on me voit. Je ne suis plus anonyme. Je suis un homme reconnu. Femme, titre, plus qu'un enfant. Non! Attendez! Pas de suite! Attendez un peu tout de même! Le discoure se poursuit, et l'on passe de l'état d'homme à l'état de Chevalier. L'on oublie les fripes pour se voir rehaussé de quelques bouts de ferrailles protecteurs. L'on se voit digne de porter les couleurs d'une mesnie, d'une providence, d'une grandeur. Je sais que lorsque je me relèverai, plus rien n'aura le même goût, la même valeur. Tout sera décuplé. Je tremble un peu lorsque l'on me remet mon écu. Je tremble simplement en sentant tout ce poids. Et surtout parce que, ivre, je crains de tomber devant tout le monde. Ce serait une belle affaire que voilà. Lorsque le Mirandole prononça les quelques mots me concernant, un sourire s'inscrivit, indélébile, sur mon visage. La Lyre. Cet instrument ancien qui sonne parfaitement avec ma personnalité. Cet instrument qui me correspond et que je saurai manier dans l'art de la servitude en remerciement pour lui. Écu sanglant, instrument doré. Rien de plus beau à mes yeux. Si, elle. C'est façon de parler. La Courtoisie. Je saurai m'en montrer respectueux. C'est un voeu. Voeu important. L'harmonie des mots, mélodieux, va piano continuant presto fortissimo. Si, si. Je baisse la tête.
-Chevalier Lyre, pour vous servir sans jamais faillir ne serait-ce même que pour combattre la mort et vous protéger à jamais, mon Suzerain.
Ouai.
Il fallait des mots de circonstances. Je ne sais si ceux-ci sonnent convenablement et si cela avait place en ces lieux. Mais c'est sorti ainsi, tout naturellement. Faut les prendre comme ils sont, c'est de bon coeur. Je suis heureux en ce jour. Je crois que je ne vais même pas boire...
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Si, en fait, je vais boire une goutte. Juste comme ça, pour fêter l'événement.
Ma mère serait tellement fière de moi. Si seulement elle pouvait le savoir...
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