Jurgen.
- ,,Die Liebe ist ein wildes Tier
Sie atmet dich sie sucht nach dir
Nistet auf gebrochenen Herzen
Geht auf Jagt bei Kuss und Kerzen
Saugt sich fest an deinen Lippen
Gräbt sich Gänge durch die Rippen
Lässt sich fallen weich wie Schnee
Erst wird es heiß dann kalt am Ende tut es weh"
Dans la totale illégalité. Dans l'illégalité du code, se perdant dans toutes les habitudes qu'il avait. Des catins, Jurgen n'en avait plus touché depuis des semaines. Des catins, ils n'en regardait qu'à peine. Oh, s'il se rinçait l'oeil, il ne s'y fourrait pas pour autant. Et pour cause ! L'amour avait frappé. Sauvagement, l'amour l'avait arraché à ses démons, mais pour combien de temps? Des promesses, il en avait fait à la pelle. Il les respectait toutes, ou presque. Un léger rappel à l'ordre de Darria lorsqu'il avait du partir quelques jours.
Mais fort heureusement, elle n'était pas au courant de ce jour où il s'était perdu sur les routes, alors que le groupe n'avait cessé d'avancer. Ce soir là, rattrapé par son passé, par une folle envie d'égorger une proie facile, il avait supplié Corbeau de le laisser faire. Alors, le Sombre, d'un vague geste de la main l'avait autorisé. Et le sang coula en abondance, là où la lame plongea plus loin qu'à la limite des chaires, contrairement à son habitude.
Elle n'en saurait jamais rien. Jamais, car si elle le savait, alors il perdrait tout. Car elle était devenue son tout. Ou presque. Une demande en mariage foireuse, un arrangement, en réalité, mais tout sincère. Il ne se souvenait même plus quand l'idée avait germé dans sa tête.. Mais c'était il y a longtemps, déjà. Corbeau, Darria et la mer comptaient plus que tout. Il s'ouvrirait sa propre gorge si cela pouvait les épargner. Le Teuton était loyal. Loyal comme pas deux, c'était sûr et certain, et Corbeau était comme un père, comme un maître. Il était son Capitaine. Et c'était pour cela que Jurgen lui avait tourné autour comme un vautour, lui vendant les charmes d'une blonde vénitienne bien en chaire (Non, pas grosse, elle râlerait. En plus, ses charmes, elles les offrait volontiers au sombre.). Oh, des coups, il en avait pris. La colère dans les yeux de son Capitaine, il l'avait bien captée et avait su, parfois, se faire tout petit. Mais jamais il n'avait lâché l'affaire.
Et le soir, apportant l'ombre en son sein, Sextus Pompée de son nom d'emprunt, lui annonça qu'ils avaient tous deux sa bénédiction. Si Sextus devait officier, c'était pour respecter les loys. Leurs loys. Un Capitaine, dans les eaux internationales, a tous les droits, sur son bateau. Et comme Darria, dict "Le Rossignol" était des leurs... Il n'y avait plus d'inconvénient. Si on passait à la trappe qu'une femme porte malheur sur un bateau, et qu'un bateau, ils n'en avaient pas.
C'était tout trouvé. Jurgen et Darria pensaient à ce bateau, sur le port de Mimizan, où ils avaient pu passer une nuit. Comme il l'avait déjà fait, il le volerait. Ce n'était pas là un bateau bien grands, il pouvait bien contenir un équipage d'une douzaine d'hommes... C'était suffisant pour le mariage. Bien suffisant.
Jurgen était dans la chambre à l'hôtel Mucidan où il logeait avec Darria, et où il ne cessait d'entendre trembler les murs voisins. Oh, cela le frustrait encore plus, et si le mariage lui arrachait des battements de coeurs soudains, la nuit de noces promise lui arrachait d'autres battements, bien plus bas. Il tâcha de ne pas y penser, mais se hâta d'organiser le mariage. Il avait grande hâte, mais lorsqu'il vidait sa bourse sur le petit bureau finement ouvragé, il se mordit la lèvre et soupira.
-Bon... On peut fair' quoi 'vec 250 écus...
Et encore, c'était tout ce qu'il avait. Il pensait bien à un coffre caché sur une île près de l'Ecosse, juste avant leur naufrage, mais s'il était difficile de se rendre à Mimizan, se rendre chez les anglois le serait encore plus, et couterait bien plus cher que le gain, si on comptait la part de Corbeau et de Darria...
Darria voulait du cygne? Elle aurait ! Et il l'étranglerait de ses propres mains. Elle voulait des fleurs? Il irait en cueillir avec ses deux jambes boiteuses ! Elle voulait des bougies? Hélas... Les bougies sont proscrites sur un bateau. Du moins, il pouvait peut être trouver assez de chandelles, bien moins chères, et quelques petites choses pour les contenir. Éviter les incendies, naturellement, voire les explosions. Et Jurgen savait qu'il tentait les trente neuf coups de fouet promis.
Sur sa chaise de bonne facture à laquelle il s'était aisément habitué, il gigota un instant en lançant quelques regards à sa douce.
-J'écris quelqu'chose et j'arrive !
Et pourtant, là encore la tentation était grande, et ses cheveux enflammaient ses yeux de désir. Elle était somptueuse. Darria, de par son originalité et ses courbes juvéniles et fermes aurait fait une bonne catin. Ou du moins, elle aurait attiré les foules. Et Jurgen se réjouissait à l'idée qu'elle n'était qu'à lui, et surtout, qu'elle n'avait rien d'une catin. S'il les respectait beaucoup, ces femmes n'étaient que les amantes d'une nuit, butinées par des centaines de bouches. Il comprenait alors le trésor qu'était le pucelage.
Il pris plume et vélin et écrit à celle qui était déjà sur place.
Citation:
PS: Fais pas attention au faute, je suis mauvais élève.
- Alysson,
Tout d'abord, je me permet de t'écrire. J'imagine bien que cela ne te posera aucun probléme.
Le Capitaine, Sextus a dit oui. Il officiera notre mariage, à Angélica et à moi. Je m'en suis réjouit comme pas possible! Si on met de coté le fait qu'il a collé sa bouche contre la sienne, c'était une bonne soiré.
J'espère que tes chiards et ton époux vont bien, et surtout que tes démon son bien loin. J'espére aussi que la vie là bas n'est pas trop emmerdante et que tu t'y plaît un peu, au moins.
Je dois te demandé une chose: Une rousse à la poitrine opulente risque de passer. Si elle demande des informations sur nous trois: Sextus, Angélica et moi, ne lui dis rien. Rien du tout !
T'acceptes toujours d'être mon témoin, pour le mariage? Angélica n'en a pas encore trouvé... Ca me fait de la peine qu'un gars comme moi trouve, et pas elle, alors qu'elle est adorable. J'aimerai bien faire venir sa famille, mais ce serait trop dangereux. Tu peux pas imaginé ce qu'ils lui ont fait subir !
Bon courage,
Mach's gut,
PS: Fais pas attention au faute, je suis mauvais élève.
Il souffla sur l'encre, fit quelques traces au passage. S'il n'était pas gaucher, il n'en était pas moins maladroit, surtout au niveau de l'écriture qui était... miteuse. Il jura en germain quelques "braune stinkende Masse'" et plia le vélin. Il le ferait porter le lendemain.
Il se leva et ôta chacun de ses vêtements pour se vautrer dans le lit, le faisant grincer au passage. Il passa une main dans sa barbe et se tourna vers celle qu'il pouvait désormais appeler "sa fiancée" et plus "sa donzelle". Mais à chaque fois qu'il y pensait, il déglutit bruyamment.
-J'la taill'rais d'main, ça aura l'temps de r'pousser un peu.
Oh, sa barbe aussi, il la chérissait. Parce que Jurgen la portait par fierté. Pas par rapport aux légendes sur les pirates barbus -son propre père, le Waldteufel, était alors rasé de près en toute circonstance, mais pour Corbeau. Parce qu'il rêvait de pouvoir un jour avoir, au bout de son menton, une barbe aussi broussailleuse et longue que lui. Il rêvait de pouvoir tirer les pointes de sa moustache en un geste débordant de supériorité évidente.
L'amour est une bête sauvage
Elle te respire, te poursuit
Niche dans ton coeur brisé
Part en chasse autour de baisers et de bougies
Dépose des baisers comme des ventouses sur tes lèvres
Creuse des couloirs à travers tes côtes
Se laisse tomber douce comme la neige
D'abord, ça devient brûlant, puis froid, à la fin ça fait mal
Rammstein, Amour.
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