[RP]Bateau-Scène "Le Phocéen"

Diane, après avoir discuté un peu avec dame Sasha, avait vu des connaissances, des amis et aussi un ou deux inconnus arriver.
Elle alla d'abord faire quelques bises à ses amis les plus proches, puis avait serré quelques poignées et avait fait quelques petites inclinaisons de minois, afin de saluer le reste de l’attroupement.

Fred, en maire attentif, était venu inaugurer le Phocéen. Elle applaudit après qu'il ait fracassé la bouteille contre la coque et sourit, se réjouissant de ce moment.

Elle avait toujours aimé la musique, les histoires, les spectacles.
Se tenant près de Morgan, elle lui susurra à l'oreille: Arrêtes, tu baves! Puis la petite blonde fit un gloussement discret, en regardant son amie.

En voyant Dom arriver, la blondinette sourit sans remarquer le lapin, jusqu'à entendre Zarmax, un marin rencontré en taverne quelques jours auparavant s'écrier au malheur.
Petite oreille de procureur attentive, Diane écouta l'échange quelque peu houleux et s'apaisa une fois que dame Sasha intervint.

La petite blondinette admirait les menuiseries, le fer travaillé, les moulures usées, mais encore en bel état.

Puis vint le discours de Fred et les quelques mots de la jeune femme près du bourgmestre, ce qui laissa à Diane l'occasion d'un sourire et d'une gorgée bien méritée sur ce pont brûlant.

Tudieu ! Quel accueil !
L'encapuché avait à peine terminé sa tournée de bisouilles,qu'un olibrius,sorti d'on ne sait où, se déchaîna sur lui et se mit à l' agonir d'injures au sujet du rongeur, dont les pattes blanches dépassaient de la gibecière.

Passé un moment de surprise, Dom s'apprêtait à répliquer à cet homme au verbe haut:

Dites donc vous ,le vieux loup de mer, là...
Affalez donc un peu la voile, siouplait !
La moindre des politesses est déjà de se présenter
Pour ma part, je suis Dom, conteur, voleur d'étoiles et braconnier à l'occasion...
Et puis...

Mais Sashah, avec sa diplomatie habituelle, avait réussi à désamorcer une situation qui risquait de tourner au vinaigre, tant le conteur n'était pas du genre à se laisser invectiver sans réagir.

Cependant,et par souci de ne pas envenimer le conflit, le brun proposa de déposer sa gibecière hors du bateau, le temps de la cérémonie d'inauguration.

Ce qu'il alla faire derechef, déposant le fruit de sa chasse à l'abri d'un genévrier, au bord de l'eau.

Ce n'est que quand il fut de retour à bord qu'il félicita Sashah :


Riche idée que votre initiative de transformer cette épave en lieu culturel et de festivités, ma chère collègue
Voilà qui ne m'étonne point de vous, en fait
Le pont est tellement grand que même la Marquise de Provence pourrait y donner un bal


L'image de Frim en tenue de bal fit naître un petit sourire amusé sur les lèvres du grand brun, qui se baissa alors vers une vieille grolle toute cabossée qui traînait par là, on ne sait trop pourquoi, la scruta attentivement, puis la balança par dessus bord, dans la garrigue.
Puis Domdom interpella le bourgmestre :


Allez, Fred...Un petit discours !


Rajustant sa capuche, le conteur alla s'installer à côté de Kachina : il avait hâte qu'elle lui raconte les péripéties de son voyage en Savoie.
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Une belle dame brune, et son amie Morgan s'étaient jointes à la compagnie peu avant, tandis que Sasha lui expliquait pourquoi il devait attendre pour picoler le pinard proposé...

"Aaah les cérémonies et leur formalisme qui va avec, non d'un bouquet de varech." pensa Zarmax en se rappelant la cérémonie d'anoblissement de son ami Von peu avant leur départ du Poitou.

Il salua de loin la dame brune et alla biser Morgan et resta aux cotés de sa chère amie marseillaise.

Peu après, un nouveau larron vint se joindre à la foire.
Un sieur encapuchonné, qui semblait avoir le pied marin, saluât l'air joyeux l'assemblée dont il semblait familier en majorité.

Si à l'aise qu'il entreprit de biser les uns et les autres... Alors qu'il se rapprochait de Morgan et donc de Zarmax, le sang de ce dernier ne fît qu'un tour !

Il venait de remarquer dans la gibecière du nouveau venu, la plus honnie, détestée, abhorrée, haïe de toutes les créatures !
La pire engeance qui soit sur un navire...!
L'animal dont on ne prononce jamais le nom à bord, tout comme on n'utilise jamais le mot "corde"

un LAPIN !

Cela peut paraître étonnant pour une si gentille bête...

Or, le lapin adore le chanvre (tout ce qui est cordage sur un navire est fait en chanvre), mais aussi la toile des voiles, le papier des cartes marines, l'étoupe (qui empêche les infiltrations d'eau), et grignote tout ça à qui mieux mieux.

C'est donc pourquoi un navire est à la merci d'un lapin ou pire d'un couple de lapins et leur nombreuse descendance !

Certes l'animal était mort, ce qui réduisait considérablement le risque concret...
Mais les codes des marins comme leurs croyances imprègnent tout homme-femme de mer.
Et ramener à bord de tout navire, même un rafiot vétuste pour la haute mer comme celui-ci, relevait pour un marin d'une hérésie bien pire que d'assimiler Aristote à un vieux bouc puant pour un curé.

Zarmax, d'ordinaire cordial et jovial explosa littéralement et interpella le sieur en question tout en s'avançant vers lui l'air furibard :

Foutredieu, par la barbe de Neptune !

Quel fieffé oiseau de malheur es-tu ? Non d'un trident planté dans ton cul furonculeux !

Déjà tu mets le pied sur le pont de ce navire sans demander la permission de monter à bord !
En es-tu l'armateur ou le capitaine ?

Et voilà, qu'en plus tu ramènes la bête aux grandes oreilles !!!

Déjà qu'il est rafistolé de partout ce "bateau-scène" qu'c'est presque un miracle s'il flotte, tu veux lui porter le mauvais œil, au moment où est sur le point de le baptiser, ainsi qu'à tout ceux du bord ici présents ?

Par tous les tritons tu mériterais qu'on te coupe les roustons !
Qu'on te les fasse bouffer pendant qu'on te pend avec tes tripes !

Par le sang noir du Kraken et les mamelles des sirènes, t'es chanceux d'point être à bord de mon navire.
On s'rait déjà en train d's'affairer sur ta carcasse non d'une rascasse.

Tandis qu'il pestait, râlait, Zarmax avait gardé la main crispée sur la garde de son xiphos séleucide, déployant une énergie certaine pour maîtriser son emportement.

Se calmant un peu, mais toujours irrité, Zarmax avait relâché sa lame, mais restait tendu.

Il reprit :


Alors que comptes tu faire du malheur que tu apportes ici ?

Tudieu ! Je ne vois que peu de solutions morbleu !

Soit tu balances illico la bête aux grandes oreilles par dessus-bord comme le mauvais œil qu'elle porte.
Soit tu quittes le bord sur le champ, et dans les deux cas tu présentes tes excuses à ceux qu'ont peu assimiler aux capitaines du bord à savoir Sashah et m'sieur l'maire.

Zarmax resta planté là, le regard dans celui de l'homme, attendant, souhaitant, qu'il ait une réaction appropriée.
Dans le cas contraire, Zarmax risquait de basculer à nouveau dans la colère mais avec moins de mots...

BLAAAAAAAAAAAAAAAM!!!!!!!!!! BALALAAAM !!!!!


Un vol plané dans les airs, suivi d'un choc sur un plancher de bois et la vieille godasse avait exécuté une sorte de roulé boulé, pour s'arrêter au beau milieu d'une assemblée d'humains occupés à boire et à discuter entre eux.
Même pas mal !
Il faut dire qu'elle était habituée à la maltraitance, la vieille savate…

Elle jeta un coup d'oeil panoramique autour d'elle, si tant est qu'une vieille grolle ait des yeux, pour essayer de se rendre compte où elle avait atterri, cette fois ci.

Drôle d'endroit pour une rencontre : un plancher de bois entouré de murs pas trop hauts, et un grand poteau qui semblait s'élancer très haut vers le ciel méditerannéen.

Cà la changeait un peu des rues Marseillaises ou du bureau dans lequel elle s'était retrouvée, la dernière fois.

Le sol semblait bouger, en plus.
Un peu étrange comme sensation, mais pas désagréable au demeurant.

Après un rapide tour d'horizon, elle poussa un petit soupir rassuré, si tant est qu'une vieille godasse puisse soupirer : pas de chien, ni de gosse, ni d'ivrogne dans les parages.

Elle pria pour avoir ne serait ce qu'un petit moment de tranquillité, rien que pour essayer de comprendre ce qui se tramait icelieu.

Si tant est qu'une vieille chaussure puisse prier...

Zarmax sourit comme un gamin à l'accueil cordial de Sasha et s'empressa de monter à bord...
Toujours ravi d'être sur le pont d'un navire, d'autant plus sur un "bateau-scène" qui était une nouveauté pour lui, il répondit à l'invitation à boire de Sasha :

Salut à toi Sasha, content de voir qu't'as trouvé un bel endroit pour ta pièce, j'ai hâte de voir cela... Et foutre oui j'veux bien trinquer avec toi merci, du pinard m'ira très bien non d'une sirène sans seins.

Tandis qu'ils devisaient, la sœur locale et le maire vinrent les rejoindre, et Zarmax les salua joyeusement :

Hola Laura, te v'la soeur de la mer et des arts en plus d'Aristote à présent non d'un Kraken puant ? Si t'as point c't'honneur j'te présente Sasha, auteure et initiatrice de ce beau projet... Avec vot' bon maire, que v'là d'ailleurs...

Bien le bonjour Fred, sympathique édile, vraiment une belle idée pour soutenir la création artistique non d'une trique !

Foi de marin, c'est une chose pas commune, j'en ai vu des rafiots, mais un bateau-scène jamais jusqu'à présent...

à l'adresse de Sasha :

Bon ben on n'a plus qu'à trinquer (prenant l'air d'un poisson desséché) au succès de ta pièce et de ta troupe de comédiens du coup... Ils arrivent bientôt au fait ?

Il avait eu ses heures de gloire naguère, de mémoire de marins l'on aurait pu raconter comment le vieux bâtiment fendait les flots à l'époque... Oui mais cette époque était lointaine, si lointaine que personne n'arrivait plus à déchiffrer le nom du navire. Les voiles trouées laissaient passer les rayons d'un soleil bien pâle quand un beau matin, il fut remorquer jusqu'aux vieux hangar à bateaux. En rescapé de la mer, il avait été sauvé in extrémis à un sort bien funeste.

- Coulez le par le fond ! Avaient scandés quelques uns des élus. Mais trop habitué à le voir là le long d'un quai à dépérir lune après lune, le maire de Marseille n'avait pas eu le cœur à le faire couler au large. Pendant des mois il avait été mis en cale sèche, on l'avait nettoyé, raboté, recloué, désossé puis remonté. Les voiles avaient été changées, des bonnes âmes s'étaient dévouées pour qu'il retrouve son lustre d'antan.

Et c'est par un beau matin de mi-juillet qu'il fit son dernier voyage vers les calanques où il fut amarré solidement.

Plus jamais le Phocéen ne sillonnerait les mers, non plus jamais. Car il fallait bien un Phocéen pour assurer les réjouissances phocéennes.

La cabine du capitaine avait été débarrassée de tout mobilier. Ouvrant sur le pont elle offrait un bel espace pour recevoir bals, spectacles et autres festivités. Fred le bourgmestre en avait fait part à Sashah et elle s'était empressée de le visiter. C'était une première, personne depuis sa restauration et hormis l'équipage, n'avait eu ce privilège. L'émotion l'avait gagné en montant sur la passerelle flambant neuve, d'ici peu, il serait inauguré, elle déambula sur la dunette, visita les cales où s'entassaient déjà quelques futs de bière et de vin. Ça sentait le bois ciré à l'intérieur, les couchettes avaient été démontées ainsi que les cloisons pour gagner en espace.

Cet après midi là fut inoubliable dans l'esprit de la poétesse et pour remercier le maire qui allait bientôt inauguré "Le Phocéen" elle avait fait faire une petite pancarte qu'elle fit clouer sur la coque et sur laquelle l'on pouvait lire :

C'était son façon à elle d'apporter sa pierre à l'édifice. Dans quelques jours elle ferait jouer ses pièces en attendant, le bateau devait être inauguré. Les journaux locaux annoncèrent l'évènement.

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