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[RP] Ecole Spinoziste, on prend les mêmes et on recommence.

Finam
[La première partie du topic est un copier-coller d'une partie importante de ce qui avait été dit dans l'Ecole, qui a été délestée voilà quelques temps.. Ce topic peut permettre à tout un chacun de se renseigner, et essentiellement me permet à moi personnellement de pondre des études sur les sujets majeurs du spinozisme, en vue d'établir une doctrine fixe plus tard sur le forum annexe spinoziste.]

"Toutes les religions se valent et sont également bonnes, si les gens qui les professent sont d'honnêtes gens."
Un bâtiment plutôt modeste, néanmoins propre, ouvre ses portes. Au devant de chaque battants de la porte, un écriteau interpelle quelques curieux, et autres badauds.


Citation:
Salutations et bienvenue en cette bâtisse.

Mais que fait-elle donc là, cette bâtisse?
Tu ne l'as jamais vu avant, c'est vrai.

Il s'agit d'un lieu d'apprentissage et de méditation, un lieu religieux.
Ça ne ressemble pas vraiment à une paroisse, n'est-ce pas?
C'est parce qu'elle n'est pas rattachée à l'Eglise Aristotélicienne, mais à une autre religion, suivant un ordre d'idées différentes: le Spinozisme.
Nous avons le même Dieu, mais une approche différente de sa conception. Ce n'est pas pour autant que nous sommes hérétiques, sorciers, ou autres termes dépréciatifs, comme certains peuvent le conter.

Qu'est-ce que le Spinozisme?
Nous allons essayer de te décortiquer ça assez simplement pour le moment.
Un peu d'histoire, pour commencer, d'ailleurs.
Le Spinozisme est une religion très ancienne, trouvant ses racines en Egypte. Elle n'aurait pas dû traverser les océans, les montagnes, et autres aléas géographiques pour venir jusqu'à nous, mais la guerre et la conquête permettent parfois de découvrir de magnifiques modes de pensée.
Aussi c'est Alexandre le Grand qui la ramena chez nous, en Occident, des siècles auparavant. Enfin plus exactement quelques uns de ses hommes qui rejetaient Aristote au profit, notamment, de Démocrite.
Le nom, à l'époque, n'existait pas. Spinozisme.
En fait, les penseurs d'alors ne le nommaient pas, mais entraient pleinement en sa doctrine.

Pour exemple, voici l'une des premières citations qu'ait connu notre Ère:
"Rien ne vient du néant, et rien, après avoir été détruit, n'y retourne."
L'une des premières citations, mais également la première forme de contradiction par rapport au courant Aristotélicien, qui lui voit en la Création le début de l'humanité.
Nous pensons en effet que l'univers n'est pas une chose extérieure à Dieu, mais que l'Univers est Dieu.

Deus, sive Natura : Dieu, c'est à dire la Nature.

C'est l'un des fondements du Spinozisme.
Voici d'ailleurs l'ensemble de nos idées réunies par points, simplement.
Ça reflète la majeure partie de notre courant de pensée, par rapport aux grands principes de l'homme.



/SPAN>
Citation:
Pensée spinoziste :


~> Dieu n’est pas hors du monde : Dieu est Nature, Substance infinie, produit de sa propre création.

~> La Nature est tout ce qui existe, dans l’infini des possibilités.

~> La Nature est constituée de deux attributs perceptibles par l’homme : l’étendue et la pensée.

~> La Joie permet d’approcher la Liberté, la Tristesse en éloigne.

~> L’Idée existe non seulement en tant que descriptive de l’objet, mais aussi en tant qu’elle-même : elle est sa propre Vérité, sa propre perfection.

~> L’affect est l’apport d’un objet ou d’un sentiment à l’individu : il est bon (et apporte la Joie) ou mauvais (et apporte la Tristesse).

~> Le bien et le mal n’existe pas : Dieu ne pense pas, il est.

~> La morale est humaine. La Nature ne connaît que le bon ou le mauvais, relativement à un sujet et à une situation donnée.

~> La Nature est éternelle, par ce qu’elle est, et chacun de ses composants conséquemment.

~> Un objet est par essence constitué de l’infinité des attributs de la Nature, indissociables les uns des autres.

~> Le corps et l’âme sont parallèles entre eux, conséquemment à tous les attributs d’un même objet, en tant que mode de l’Etendue et mode de la Pensée de l’humain.

~> L’homme libre naîtra au sud, viendra du nord, se nourrira à l’est, et montrera le chemin aux sages qui l’auront attendu. Ce non-messie viendra un jour car c'est statistiquement inévitable.

~> L’homme ne peut se définir par lui-même : il est ce que l’affect extérieur fait de lui. L’homme libre choisit les affects auxquels il se livre pour améliorer son conatus, sa puissance de vie.

~> La liberté d’être ce que l’on est provoque la joie, à condition de n’être pas entouré d’esclaves : le spinoziste aime la liberté des autres autant que la sienne.



Je ne te demande pas de tout comprendre, une école c'est justement fait pour t'inculquer ces conceptions, par rapport à des exemples simples et quotidiens de ta vie.
Si un jour tu peux franchir le pas, cette porte en fait, n'hésite pas. Cela n'engage en rien, l'Admor (l'équivalent d'Evêque dans la hiérarchie spinoziste, c'est plus parlant je suppose) rattaché à l'Anjou se fera une joie de répondre à d'éventuelles questions. Libre à chacun d'y voir un point de convergence, ou de se trouver en contradiction avec ce mode de pensée. Le Spinozisme l'y autorise, c'est justement ça, le spinozisme. Accepter les individus quels qu'ils soient, suivant leurs idées.

Comme tu peux brièvement le constater, c'est une religion qui se veut différente, conserve toutefois quelques points d'encrage en commun avec le culte professé par Aristote, mais conserve une pensée qui lui est bien propre.


Admor Finam.










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Finam

Acédia:

Acedia faisait le tour de son nouveau chez soi.
Elle tentait de s'y retrouver, c'est que tout semblait bien grand à ses yeux, à la fois dans cette ville de Craon ou le destin l'avait mené, comme icelieu.
Elle prit la pose afin d'écouter le discours des uns et des autres d'une oreille qu'elle aurait voulu plus attentive, mais sa jeunesse ne le lui permettait pas encore.
Y suffisait d'un oiseau aux couleurs attrayantes, aperçut à travers une vitre ou d'un chat coursant un raton et son attention se faisait moins présente.
"Entres parole, entres dans cette oreille et sors bien vite par l'autre !"
Et ces gens, d'un genre différent d'elle, sauvageonne et va-nu-pieds, se dit qu'elle pourrait bien vite se laisser impressionner par ces coiffes, ces encagoulés, et autres personnalités.


Citation:
Le Spinozisme est une religion très ancienne, trouvant ses racines en Egypte.

Offrez vous à vos adeptes la croix de vie?
J'en suis fan!


Citation:

Notre seule réelle liberté, pour nous spinozistes, c’est la libre nécessité désirante des appétits du corps et des désirs de l’âme qui les expriment. Choisir sa voie, on peut l'incorporer dans les désirs de l'âme.


Cette pensée me plait.
Mais alors dites-moi, car je suis toute jeunette en c'royaume et idem du côté d'mes jeunes printemps puis vos us et coutumes ou pratiques religieuses, je ne les connais pas, ni cet Aristote dont j'entends les fervents louer son nom !
Quant au spinotruc, j'en comprends pas tout le sens, seuls les désirs de l'âme m'interpellent, pour le corps je ne me pose pas encore la question, même si j'ai quelques idées de la chose, en bref la liberté tout court est mon essence.
Alors ai-je le droit d'être tout ce que je désire, ou dois-je craindre d'être lapidée en place publique si je suis à contre-courant ?

_________________
Finam
Il sourit à la nouvelle arrivante et lui répondit plutôt gaiement:

Je ne sais ce qu'est la croix de vie.
Croix n'est d'ailleurs pour nous, spinozistes, qu'objet de mauvais augure. Le terme croix provient du latin crux, soit plus explicitement « poteau », « gibet », voir « potence ».
On lui préfère généralement la fleur, qui représente la pureté, la virginité, l'innocence, l'amour courtois, le silence et l'intérêt. La beauté passagère, la passion, l'espoir.
Des termes bien plus affriolants, et amènes, je trouve. Non?

L'essence d'une chose, c'est l'effort de persévérer en son être.
Si la liberté est l'essence d'un individu, comme vous et moi, il appartient à ce même individu de trouver sa voie. Ce en se remettant en question, en pointant les causes de son conditionnement, et en faisant le choix décisif de s’en affranchir par, et uniquement par, la saine Raison. C'est ce que nous appelons en terme usuel, le Conatus.

La nature obéit à une règle élémentaire, qu'on ne peut soustraire: la loi du plus fort.
C'est dans la nature de l'homme de vouloir imposer la vision qui est sienne, le clivage en lequel les libres penseurs se retrouvent est net: on est toujours confronté à plus fort physiquement, en plus grand nombre quantitativement, et que sais-je encore.
Il appartient alors à l'individu de persévérer en sa recherche intérieure, de faire fi et de ne pas subir la confrontation, mais d'en jouer.
Si l'on est confiant, si l'on a confiance en son jugement et en sa Raison, qu'importent les préjudices: vous êtes en plein Conatus, et c'est ce qui prévaut.
La douleur physique n'est rien, face au bonheur moral.
Je ne vais pas vous dire que la vie est belle, tout est rose, chacun s'aime. Non, vous risquez effectivement le lynchage, suivant l'amorce de votre Conatus.
Je vais reprendre l'exemple de l'Anjou, terre libertaire s'il en est.
Nous avons fait abnégation de toute souffrance pour suivre nos idéaux, et refuser l'autorité pré-établie d'un Roy sur nos petites personnes, voilà deux ans. L'expérience s'est arrêtée assez subitement il est vrai, la loi du plus fort dont je parlais.
Néanmoins l'Anjou s'est relevée, par ses seules armes, reprit pouce par pouce les parcelles de terre qui lui avaient été retirées, et a obtenu des privilèges par voie diplomatique, permettant une plus grande autonomie -même si ces privilèges n'ont pas vraiment été exploités.
Parce que même à terre, elle a persévéré, l'Anjou est restée intacte.

Qui a peur des étincelles ne devient pas forgeron. A vous de voir si cette essence est inébranlable, ce n'est pas l'appréhension qui doit vous retenir.
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Finam

Acédia:

En attente de réponse, Acedia s'était collée dos à un pilier.
Elle ne pensait pas qu'on prêterait attention à cette jeunette venue de nulle part et qui mettait en avant ses besoins de liberté.
Ame rêveuse, elle se veut âme libérée de toutes contraintes et surtout vivre libre.


La croix de vie Sir Finam est tout simplement la croix égyptienne ou croix ansée ou Ankh, et comme vous parliez en prime lieu de l'ancienne Égypte, cela m'a de suite interpellé.
J'aime le symbolisme de la croix de façon littéraire ou artistique, l'objet est une oeuvre d'art car à y regarder de plus près, cette croix d'Ankh est aussi symbole de féminité, pour être plus précise on la compare souvent à la matrice de toute femme !
Etudiez-la de plus près et vous verrez ce que mes yeux y voient. Je n'invente rien, ou alors j'ai un esprit bien libéré ce qui ne serait pas forcément faux non plus.

Offre un sourire sur ses derniers mots prononcés.

Quant au gibet, ou la potence, je ne suis pas forcément adepte de la chose sauf si je devais être celle qui offre la sentence.
N'est-il pas plus heureux d'être bourreau ou bourrelle que supplicié ?

Vous préférez la fleur à la croix, soit mais laquelle, je n'en connais qu'une depuis que je suis arrivée en ces terres et elle est de Lys !
Mais cette fleur-ci n'est-elle pas souvent associée a souffrance et servitude parfois ?
Sachez que l'objet n'a que peu d'importance en fait, que ce soit une croix ou une fleur, je lui préfère l'allégorie.

Par contre, je n'ai aucune passion pour cet amour courtois que vous prônez, je le trouve plutôt hypocrite en soi.
Et jamais celui-ci ne me contentera, sauf si j'avais été Sieur alors là, le jeu aurait été plus qu'amusant. Et je n'ai donc pas à le vouloir comme pratique. D'ailleurs, je le refuse carrément.
Je suis à tord ou à raison attirée par la passion, la pureté si cela est possible, l'innocence soit mais le sommes nous vraiment. Quant à la virginité, elle est parfois nécessaire suivant la voie que l'on veut suivre et l'espoir ben celui-ci permet de mieux vivre !
Mais la fleur a tant de langage suivant celle que l'on découvre que je ne suis pas certaine que ce choix soit le bon !

Cependant, j'ai et j'en suis convaincue l'essence nécessaire afin d'être celle que je veux être.
J'aurai certainement des déconvenues et je pourrai même me tromper de chemin car nul ne peut être convaincu de ses choix sans les avoir expérimentés et ce, que je sois une spinoziste avérée ou non, ou que je m'imprègne simplement de quelque facette de ce dogme.
Comme déjà dit j'adhère totalement à l'idée de l'usufruit de l'âme et du corps, j'éprouve juste le désir que ces deux fassent un tout, une union parfaite de l'un avec l'autre et qui me serait favorable afin de mieux pouvoir me reconnaître en tout temps et tout lieu.
Et ceci, sans imposer forcément mon point de vue qui n'a besoin que de mon interdépendance.
Je n'ai pas la prétention, d'être meilleure que mes pairs mais je connais mes besoins et mes envies, et ce sont eux qui durant tout ma vie devront mener mes pas, mes convictions, mon idéal !
Si le Spinozisme peut m'apporter ceci, ben je veux bien en être ou vous écouter m'en conter plus, autour d'un verre et dans un endroit qui soit chauffé bien entendu, car comme vous pouvez le constater je ne suis que peu couverte donc les pas de porte, ou place publique ou autre endroit en proie aux courants d'air, trop peu pour moi, surtout par les temps mauvais.

Vous me parliez aussi de Conatus ; "On ne désire pas une chose parce qu'elle est bonne, c'est parce que nous la désirons que nous la trouvons bonne". C'est donc bien le désir qui crée les valeurs et non l'inverse.
Là encore, je ne peux qu'être en accord parfait avec cette pensée.
Je sais être de ceux-là.
Et renier ceci, reviendrait à me mentir et il m'est impossible de le faire sinon je ne me sentirai jamais libre.

Elle s'arrêta là.
Se demandant si à force de parler, elle n'avait pas dévié. Elle ne le pensait pas mais allez savoir si ses pensées qui la gouvernent ne font pas d'elle un jeune chien fou.
Mais plus possible de revenir en arrière, les mots avaient été offerts à cet inconnu qui bientôt n'en sera peut-être plus un. Et vu son age, il saura bien remettre de l'ordre dans les idées d'la jeune femme si l'envie lui en prenait.


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Finam
Le Montmorency ébouriffa les cheveux, déjà fort en pagaille, de son interlocutrice, et répondit d'un grand sourire, fixant ardemment -au tout début de discours- ce qui était pour lui haut trublion royal, ci-présent:

A porter la fleur de lys, LA fleur de lys, j'aurais plutôt tendance à débecter la chose, et me voir émasculer à vif par le premier joyeux goret venu, que de souffrir l'aversion que je lui porte.
Nous, spinozistes, portons tout simplement la fleur de Spinoza, correspondance directe à notre Guide.

Quant à la symbolique de la fleur dont j''ai parlé, j'n'escomptais pas fixer l'un ou l'autre de ses attributs. Je ne prenais la chose qu'en sa globalité, libre à chacun, après, d'y trouver un symbole à son goût, comme fer au cheval.

En découvrant l'enchainement en lequel tu te trouvais, cette prise de conscience autodidacte, tu as atteint le stade supérieur dans la "hiérarchie" spirituelle du Spinozisme.
Tu es passée du stade ignorant, celui qui ignore -facile à dire, "dira-t-on"-, au stade de soumis, c'est à dire que tu tentes de comprendre le fonctionnement de cette "prison", je pèse mes mots, sans pour autant avoir trouvé la solution.
La solution, je n'm'étendrais pas sur l'orgueil humain quant au but, à la cause, et le substitut de Dieu que nous serions si nous détenions tout cela. Toutefois le sujet serait fort intéressant, pour nos chers petits bulbes, à traiter.
Un beau jour, j'ai dit: "Dieu est libre, car cause de lui-même. A fortiori, la recherche de la liberté passe donc par la case "cause de soi-même". Il ne faut pas être soumit à des éléments extérieurs à notre personne".
Cette sentence fait état d'une chose primordiale: la recherche de la liberté est soumise à condition.
Aussi le chemin sera long, prendre conscience de ses actes ne suffit point, mais... c'est un très bon début.
Pour ma part, je trouve que tu te rapproches dangereusement, terme sans équivoque, du stade supérieur, et je ne doute pas de tes capacités à y accéder.

Pour le moment, toutefois, nous nous contenterons de te prodiguer les bases du Spinozisme, afin que tu axes ta pensée selon sa doctrine, c'est comme cela que ton esprit, flexible pour l'heure, évoluera avec un tantinet plus de facilité.
D'ailleurs, pour reprendre cette idée de "Dogme" dont tu fais état, nous lui préférons le mot doctrine, choix délibérément fait cette année-ci.
Ne me demande pas la raison, je n'en sais strictement rien et je m'en soucie comme d'une guigne. Nos pères spirituels ont probablement voulu se démarquer du Dogme aristotélicien, je suppose. Quoi qu'il en soit, cette doctrine sera tienne.
Allons nous réchauffer maintenant.

Il adressa au Charnée un salut amical, et posa son regard, pour le coup sournois, en direction de la Mortain, lui adressant une sarcastique révérence, laquelle ponctuée d'un "Votre Altesse" bien trop roulé, surfait, exagération des bonnes manières des Courtisans parisiens, pour ne pas être prit au pied de la lettre: pied de nez flagrant à l'égard de son statut.
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Finam

Acédia:

Acédia avide de découverte et surtout avec de l'envie d'être en ce monde ce plus qui fera d'elle qu'un simple mortel mangeait plus qu'elle n'écoutait les paroles de cet homme que ses yeux encore infantiles prenaient pour un sage.
Elle s'amusa de le voir se mettre en scène face à ceux qu'Acedia ne connaissait guère mais qui de par leur port altier ne semblait pas être de son monde, elle va-nu-pieds, nouvelle paysanne, mot qu'elle n'aime utiliser pour elle mais s'y plie.

Désir d'être, avide de savoir, incertaine en tout mais prête à tout dévorer jusqu'au trognon. N'aura en bouche que le mot Liberté, mot qui se ballade sans cesse dans sa tête.


L'éthique de votre doctrine m'offre la recherche d'une puissance comme un état naturel, un droit que je veux m'octroyer sans contrainte, ni soumission.

Soyons honnête, et je le suis au delà de toute raison, je n'ai ni peur ni crainte d'affirmer mes choix, nous en sommes tous là, il suffit d'ouvrir sa conscience afin de s'y employer et la mienne est en pleine effervescence. Je bouillonne de tout.

Je suis amoureuse de la nature qui réside en un Dieu, entre raison et amour. Ma raison me pousse à l'imagination fertile de par ma jeunesse, j'en prends conscience, et mes actions je les suivrai jusqu'à l'entendement.

Je ne crois pas au mal, il n'est que le reflet de nos faiblesses qui nous immobilise à cause de nos peurs, un point négatif en soi et inutile. Libérons nous et menons nos actions quelles qu'elles soient, si nous sommes passifs, soumis au point de se vendre afin de se faire aimer ou aduler, ce qui est propre à l'humain, mais alors nous sommes perdus.

Je choisis donc le camp d'une Liberté !
Solidaires, solidaires.

Prenez moi sous votre aile, je serai assidue autant que ce peut. Les données du système me sont inconnues mais je n'ai point l'envie d'être agneau ou brebis, j'aime beaucoup trop la vie.

Acedia cessa sa diatribe, pleine ou incomplète, emportée par cet élan qui la pousse depuis son naufrage, avec des idées parfois bien souvent confuses et qu'elle reçoit pelle-mêle et offre en confidence, à ces hommes et femmes qui les entourent et qui à ce qu'elle croit, ne les écoutent déjà plus. Ils auraient le droit de se demander qui pouvait-être cette jeune écervelée qui se permet d'offrir de sa gouaille à eux qui icelieu sont bien plus avisés.


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Finam
Les jours filèrent, les vicissitudes du temps se limitèrent à un regain de neige. Les cours continuaient, aussi, malgré cela. Outre la petiote qu'il avait rencontré préalablement, d'autres curieux, peu nombreux il est vrai, suivaient tout de même les cours.

Bonjour.
Aujourd'hui nous étudierons l'Immanence de Dieu et notre notion de nature, base même de notre doctrine. C'est la notion essentielle, que nous allons aborder.
Tenez d'abord, un petit bout d'velin pour chacun où la chose est expliquée brièvement.

Citation:
L'Immanence de Dieu : partout, dans tout, en tout...

Le culte spinoziste des Royaumes Renaissants est un mouvement spirituel fondé sur la pensée de l'Immanence de Dieu. Est immanent ce qui demeure, ce qui agit, ce qui est contenu, ce qui constitue un tout.
Le Dieu spinoziste est immanent à Tout ce qui Est : Il demeure, Il agit, Il est contenu, Il constitue et sous-tend Toute la Réalité connue et inconnue. Il Est Tout.
Tout ce qui est, est en Dieu et ne peut subsister que par Lui. Dieu EST et c'est tout, nous verrons qu'Il Est la Pensée (esprit) et qu'Il Est l'Etendue (matière). Il n'est donc pas une personne, ni une pure entité pensante,
Par voie de conséquence, nous posons comme principe que DIEU est NATURE - "Deus sive Natura" - et qu'Il est la SUBSTANCE de l'Univers : Il est le fondement de toute réalité ou la réalité fondamentale de Tout.


Dieu est la Nature, la Substance unique et infinie: Deus sive Natura.

Seule la Substance a la puissance d'exister et d'agir par elle-même. Tout ce qui est fini, en revanche, existe en et par autre chose, par quoi il est également conçu.
La Substance a une infinité d'attributs. Mais c'est quoi un attribut?
Un attribut est un mode d'expression, une manière d'être perçu. C'est une propriété essentielle et permanente d'une Substance, autant dire qu'vous allez devoir le saisir en son plein intérêt.

Toute chose singulière, finie, est un mode, c'est-à-dire quelque chose qui est en même temps une partie du tout et un effet de la substance.
Tout mode a deux aspects: d'un côté le mode n'est qu'une partie déterminée, engagée dans des relations extérieures avec tous les autres modes, mais d'un autre côté, tout mode exprime d'une façon précise l'essence et l'existence absolue de Dieu.
C'est en c'sens que le mode est une modification de la Substance.
L'aspect difficile c'est de comprendre que toute chose appartient simultanément à tous les attributs de Dieu.
N'oubliez pas qu'il y en a une infinité.

Je prends cette pierre.
Il montre à tous une pierre dans sa main.
C'est un corps "physique" dans l'espace: je le sens, je peux le palper, lorsque je la jette nous entendons le bruit provoqué par l'impact.
Mais aussi une idée. L'idée de pierre.
Un individu est un rapport de mouvement et de repos. Par exemple une cellule, un organe, un organisme vivant, etc...

Il y a donc des individus imbriqués. L'individu suprême est la Nature entière, qui ne change pas. J'insiste sur cette permanence.

Je vais essayer d'être un peu plus explicite sur cette notion d'idée, causalité de la nature.
A chaque individu, c'est-à-dire à chaque chose, correspond une idée.
Or l'esprit d'une chose n'est autre que l'idée de cette chose.
L'esprit d'Acédia, c'est l'idée du corps d'Acédia.
Donc toute chose a un esprit : c'est l'animisme de Spinoza.
Qu'est ce que l'animisme? L’animisme est la croyance que les êtres naturels ont des forces spirituelles qui les habitent et qui leurs donnent une puissance surhumaine.

Mais il y a une hiérarchie entre les esprits : un esprit est d'autant plus riche qu'il est l'idée d'un corps doté d'un grand nombre d'aptitudes à être affecté et à agir. C'est pour cela que l'esprit de l'homme est plus riche que l'esprit de la grenouille ou de la pierre.

Autre conséquence : ayant l'idée de mon corps puisqu'étant l'idée de mon corps, j'ai l'idée de toutes les affections de ce corps, donc des choses qui affectent ce corps: je vois la neige. On est d'accord, nous n'avons pas besoin de la voir, nous la sentons suffisamment comme ça au dehors.
C'est cette modification que le froid, la neige, provoque en moi et en vous. C'est pourquoi notre sensation d'une chose révèle davantage la nature de notre organisme que celle de la chose "en soi".

Il s'assit sur une table aménagée.
Des questions?
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Finam


Acedia avait prit place sur assise et table de son choix.
Elle eut beaucoup de mal a se décider la classe semblant bien vide, mais pas cela qui allait la restreindre dans son envie d'en apprendre plus.
Il lui fallut quand même s'éloigner des fenêtres afin d'éviter toute tentation a ce jeune esprit d'aller fureter vers d'autres cieux, le rêve étant une part d'elle, un peu trop parfois.


Euh en fait si je jette cette fameuse pierre au fond d'un lac ou autre, vous entendez par là que malgré les remous occasionnés, je resterai toujours moi puisque même si les eaux redeviennent calme à un moment donné, cette pierre sera toujours présente dans son fond.

Donc je resterais toujours moi-même quoique je fasse ou j'entreprenne ?

Quant à cette grenouille, et cette pierre qui nous prouve qu'ils ne sont pas dotés eux aussi d'esprit et de corps qui à nous pauvres humains nous échappe tout simplement ?

Puis-je penser que ce Dieu est Moi ?
Puisqu'il est partout, dans tout et en tout et comme je Suis alors je Suis peut-être lui, enfin elle, nan?

Acédia sourit en coin à cette dernière pensée, penser que Dieu pouvait être elle, l'enchantait en tout point. Même si là, il n'était question que d'une illusion mais qui pouvait lui affirmer le contraire ?

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Finam
Il sourit aimablement, il s'était douté que cette petite, aux idées toujours mouvantes et curieuses, l'interpellerait.

"Posse existere potentia". La puissance, c'est de pouvoir exister.
Qu'est ce que la Puissance?
Du point de vue de notre éthique, tout ce qui existe est rapporté à une échelle quantitative qui est celle de la puissance. Les choses qui existent ont donc plus ou moins de puissance.
La morale se base sur l'essence des choses, sur ce qu'elles sont en elles-mêmes : pour Aristote, l'homme est un animal raisonnable. Cela permet la classification massive, mais donc erronée, de ce qui est, réellement ou potentiellement.

L'éthique ne croit pas aux essences absolues, elle ne nous parle que de la puissance, à savoir les actions et passions dont quelque chose est capable. Non pas ce que la chose est en soi, mais ce qu'elle est capable de supporter et capable de faire. Et s'il n'y a pas d'essence générale, c'est que, à ce niveau de la puissance tout est singulier.

L'éthique ne nous dit rien sur l'essence des choses, elle s'efforce seulement de distinguer la quantité de puissance en jeu : un être quelconque ne "peut" pas ce que l'être voisin "peut". Il y aura donc une différenciation infinie de la quantité de puissance d'après les existants.

Ainsi, plus une chose a de pouvoir d'exister, plus elle a de puissance. L'homme par exemple a plus de puissance qu'une pierre sous la plupart des rapports, mais pour ce qui est de pouvoir se faire aplatir par la chose la plus lourde que tu puisses imaginer, la pierre est plus puissante, ou alors tu disposes de ressources que je ne connais pas et qui te vaudront peut être un petit tour en une foire de saltimbanques.

Mais qu'est-ce que "pouvoir exister" ?
C'est posséder une essence cohérente avec les effets qui s'ensuivent réellement. Ainsi la pierre peut exister longtemps malgré une lourde charge pesant sur ses épaules (sic) parce qu'elle possède une essence qui le lui permet.
Par contre, le pouvoir de penser est selon toute vraisemblance très limité chez la pierre car elle a beaucoup moins d'aptitudes physiques que l'homme, son essence n'est donc pas cohérente avec l'effet que serait par exemple le fait de philosopher.
A cet égard, une pierre qui philosophe pourrait adhérer à cette fameuse foire de saltimbanques. Trouve moi en une et je flaire la masse d'écus sonnants qu'on pourra en tirer.

Pour ce qui est de ton rapport à Dieu, maintenant.
Lis l'écriteau que je t'ai donné. Attarde toi sur cette phrase, Acédia: "Dieu EST et c'est tout, nous verrons qu'Il Est la Pensée (esprit) et qu'Il Est l'Etendue (matière). Il n'est donc pas une personne, ni une pure entité pensante ".

Dieu demeure intelligible en raison de sa connaturalité avec toi : si tu n'es pas en tant que femme ''absolument infinie'', tu es l'expression immédiate de cette infinité : tu retrouves ici le conatus.
En tant que substance de ce que tu es, Dieu est le ''je suis ce que je suis'' de ton être. Il n'y a donc aucune altérité entre Dieu et l'homme, ici la femme, d'où le fait que se connaître "adéquatement", c'est connaître Dieu. Donc avoir un vécu de Dieu et non une représentation abstraite de celui-ci. C'est assez compliqué.
Dieu, en tant qu'il est absolument infini, n'admet non seulement aucune puissance supérieure à lui, mais également aucune puissance inférieure extérieure à lui, car alors il serait tout de même limité.
Ainsi, seul Dieu existe. Ou tout ce qui existe, existe en Dieu. Tu as vu précédemment que Dieu était la nature. Tu n'es pas Dieu, mais un élément même de Dieu. Le rapport est complexe.

Je n'ai pas répondu à une de tes questions: la persistance de ton être en la nature. Ce sera ton premier devoir. A toi de m'expliquer pourquoi, ou pourquoi pas d'ailleurs, ton être est constant quels que soient les affects alentour. Je t'ai donné la base qui te permettra d'avancer déjà, néanmoins tu peux me poser une dernière question afin peut être de mieux comprendre l'une des notions que tu n'as pas saisie entièrement, si tu le souhaites.
_________________
Finam
Acédia:

Acedia ne s'était pas endormie, enfin juste un peu mais pas assez pour oser rendre Finam soucieux. Elle était encore là, mais elle attendait ou voulait pour un temps donner à d'autre la possibilité de s'exprimer.
Mais il était temps pour elle de répondre, espérant encore ne pas laisser son esprit cavaler et s'aventurer sur des chemins glissants -la liberté de pensée était une chose mais celle d'en parler tout autre!-


Alors vous vouliez savoir, euh,... je vais donc de suite vous répondre sur le sujet que vous m'avez donné concernant, la persistance de mon être en la nature et pourquoi mon être est ou non constant :

Parce que Dieu n'est pas extérieur au monde, mais inhérent à la Nature, il est donc Nature.

Parce que celui ou celle qui est constant reste semblable à lui-même.
Ce qui ne veut pas dire que l'on ne doit jamais aller au delà de sa pensée, ou en changer, nul être n'a le pouvoir de se dire meilleur qu'un autre.
Mais se vouloir ferme dans l'adversité fait de celui qui l'est, celui qui ne cède pas au coup qu'il reçoit.
Logiquement, tout homme ou femme constant dans l'adversité ou le bonheur sera celui que l'adversité ou le bonheur ne changera pas et qui les supportera sans se laisser trop troubler. Aussi la constance s'exerce dans la prospérité, tandis que la fermeté tente de nous assaillir.

Notre affect est pourtant différent, c'est pourquoi des hommes ou femmes divers peuvent être affectés de diverses manières par un seul et même objet, et un seul et même homme ou femme peut être affecté par un seul et même être de diverses manières.
Tout comme je peux être affectée de différente manière a tel ou telle beauté ou objet … mon affect étant différent du votre, de celui de mon voisin, ou de ma voisine endormie le nez sur son bouquin !

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Finam
Les jours passèrent, après les raisonnements pour le moins justes de la petite Acédia, boucle inexorable.
Les connaissances s'accumulèrent, la difficulté du raisonnement s'accrut un tantinet.


Bonjour.
Aujourd'hui nous étudierons la Substance divine, notion pour le moins vague à vos oreilles mais qui s'avère, finalement, moins complexe que vous ne le pensez de suite, de but en blanc.
"Tenez d'abord, un petit bout d'velin pour chacun où la chose est expliquée brièvement."

Citation:
La Substance divine : vertige du divin...

Qu'est-ce donc que cette Substance qui est Dieu ?

La Substance divine est sans commencement ni fin - Elle est donc infinie - sans début ni terme - Elle est donc éternelle. Elle ne peut se concevoir qu'en Soi et par Soi et se suffisant totalement à Elle-même : c'est Un absolu et l'Unique absolu car rien ne peut exister ni se former sans Elle.

Cette Substance, - infinie, éternelle, absolue et unique - est non seulement en soi - d'où son caractère Unique - mais aussi par soi - c'est-à-dire cause d'elle-même.

En conséquence, seul Dieu peut être appelé adéquatement Substance et la seule Substance est Dieu.


Substance, ou substancia . Ça désigne communément pour Aristote "ce qui est en soi", "ce qui n'est pas en autre chose".
Un geste n'existe pas en lui-même mais "en autre chose" : dans un corps donné.
La substance, c'est donc ce qui "se tient en dessous" -sub stare-, ce qui fait office de support stable pour les manifestations variables d'un être. Aussi pour l'Eglise aristotélicienne, un individu est une substance et inversement.
Mais un Individu, mes chers amis, peut-il réellement être "en soi" si l'on ne peut le concevoir en dehors de toutes les déterminations qui font de lui ce qu'il est ?
Pour être réellement "en soi", une chose ne doit avoir besoin que de soi-même pour être. C'est la seule notion véritablement complexe que nous abordons, car je ne peux l'imager, si ce n'est ultra-brièvement.
A vous de comprendre le phénomène, je ne peux davantage simplifier la chose.

Continuons, donc.
Nous, spinozistes, refusons donc l' "équivocité" de la notion aristotélicienne de substance, qui semble indifféremment pouvoir être appliquée au bras, support du geste, au corps support du bras,etc...
Une Substance est ce qui est et doit se concevoir "en soi" mais en même temps ce qui est et doit se concevoir "par soi".
Aussi la substance est naturellement cause de soi, c'est-à-dire qu'elle existe nécessairement, qu'elle est Infinie et indivisible.
En conséquence, enfin nous rattrapons le cœur du sujet, seul Dieu peut être appelé adéquatement "substance" et la seule substance est Dieu.
Dieu est la substance de toutes choses, libre et éternelle.


Mais poursuivons plus en avant. La base acquise, il vous revient d'accroitre vos connaissances autant que je peux le faire.

Étant donné l’unicité de la Substance, on peut alors ramener la matière à Dieu, ce qui ne veut pas dire que Dieu se présente comme une "entité corporelle" finie.
C’est en tant que Substance que la matière est de nature divine et comporte une infinité d’attributs.

"Je ne vois pas qu’on ait le droit de conclure que la matière est indigne de la substance divine, puisque, hors de Dieu, il n’y a aucune autre substance dont la nature divine puisse souffrir l’action. Je le répète, toutes choses sont en Dieu, et tout ce qui arrive, arrive par les seules lois de la nature infinie de Dieu, et résulte de la nécessité de son essence. Par conséquent, il n’y a aucune raison de dire que Dieu souffre l’action d’un autre être, ni que la substance étendue soit indigne de sa nature . " [Spinoza]
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Finam
Nouveau cours, nouvelle donne, cases un peu plus vides, cours tout autant.

-Aujourd'hui nous étudierons l'attribut de manière générale, et son rapport avec la Substance divine. Tenez, le bout d'velin...

Citation:
Les Attributs de la Substance divine : vers l'indicible...

La Substance, Dieu ou la nature, se présente sous une infinité d'attributs.

Un attribut est une propriété ou une dimension qui est la caractéristique principale, essentielle pour appréhender une chose ou un être.
C'est ce que nous entendrons comme étant l'essence même de Dieu.

Quels sont donc les attributs de Dieu ?
C'est là, mes amis, que nous nous heurtons à nos propres limites humaines...

Nous ne connaissons que deux Attributs ou dimensions de Dieu : l'esprit que nous nommons Pensée et la matière que nous nommons l'Etendue. L'essence de Dieu ou de la Nature ne nous apparaît que sous ces deux dimensions parallèles.

Oui mais voilà ! c'est nous, notre entendement, qui ne percevons QUE l'Etendue (la matière) et la Pensée (l'esprit) en Dieu, car en vérité Dieu a une infinité d'autres dimensions qui nous échappent totalement. C'est pourquoi, la Substance, Dieu ou la Nature est indicible et innommable : aucun mot ne peut le définir sinon que nous savons que puisque Ca Est c'est donc qu'Il Est.


Un attribut, pour commencer. Qu'est-ce donc? C'est ce qu'on attribue à un sujet. Facile, facile, me direz-vous. Ce à quoi j'acquiescerais, mais entrons dans le vif du sujet.
Par exemple lorsque je dis que tel blason est d' "azur aux trois fleurs de lys d'or et à la bordure de gueule", cette description est attribuée au Duché d'Anjou. L'éthique entre alors en jeu, et nous définit l'attribut comme "ce que l'entendement perçoit d'une substance comme constituant son essence"".
L'éthique, globablement, qu'est-ce? J'ai déjà répondu précedemment à cette question, mais un petit rappel et un approfondissement est nécessaire, je pense.
C'est toute l'idée d'un corps, ou d'une chose singulière quelconque, existant en acte, et enveloppant nécessairement l'essence éternelle et infinie de Dieu.

Au début de l'éthique, nous ne savions pas encore qu'il n'y avait qu'une Substance.
Prenons l'homme comme substance, par exemple. Son essence n'est pas sa couleur, son âge, sa taille, mais ce qui fait qu'il est un homme (non pas ce que vous pensez, idée perverse), cette configuration physique qui fait de lui un être capable de marcher, parler, penser.
L'attribut de l'homme serait alors l'idée intellectuelle de cette essence, de cette configuration physique et mentale. Ce n'est pas quelque chose d'extérieur à cette substance, qui serait rapporté par l'entendement, mais bien ce que l'entendement perçoit de son essence.
Ce n'est pas l'essence de la substance, ce n'est pas non plus un simple point de vue particulier et partiel, il y a attribut si -et seulement si- il y a perception par l'entendement de l'essence de la substance.

Puis nous avons apprit qu'il n'y a qu'une substance : Dieu.
L'essence de Dieu étant nécessairement et absolument infinie, Dieu est immanent je vous le rappelle, l'entendement devra pouvoir percevoir une infinité d'attributs pour Dieu.
L'entendement humain étant cependant limité, nous ne pouvons connaître concrètement que deux attributs, qui en tant qu'attributs de Dieu expriment son infinité et son éternité : la Pensée et l'Étendue.

La pensée est un attribut de Dieu ; en d’autres termes, Dieu est chose pensante. Les pensées particulières, je veux dire telle ou telle pensée, sont autant de modes qui expriment la nature de Dieu d’une certaine façon déterminée. Il faut donc que cet attribut -dont toutes les pensées particulières enveloppent le concept, et par lequel toutes sont conçues- convienne nécessairement à Dieu. La pensée est donc l'un des attributs infinis de Dieu, lequel exprime son infinie et éternelle essence: Dieu est chose pensante.

L’Etendue spinoziste est un concept (c’est-à-dire comme un instrument au moyen duquel notre esprit voit la réalité), ou plutôt une «idée», extrêmement précieuse car elle désigne et exprime la corporalité en tant que celle-ci possède sa propre puissance.

En vérité, l’étendue doit être comprise moins comme un «concept» que comme une forme concrète de la relation de notre corps au monde.
C’est par mon corps, qui est lui-même une «chose étendue», que je perçois l’étendue du monde et des choses, c’est dans et par mon corps que je vis et que je «connais» l’espace, la matière et le temps. L’étendue, c’est ce qu’il y a de commun entre moi et la terre, entre mon corps et celui de la terre, c’est mon être-terre. Le «sens de l’étendue» serait alors le sens premier, celui dans lequel s’enracinent nos autres sens -la vue, l’audition, l’olfaction, le toucher, le chaud et le froid, le sens de l’espace et du mouvement, le sens du rythme et du temps.
Privés du sens de l’étendue, nos divers sens ne sont plus alors que «systèmes d’information», et notre corps tout entier une espèce de «capteur» au service du cerveau, de l’esprit, qui compute toutes ces informations pour commander et réguler l'ustensile auquel nous serions réduits.

L’Etendue est la «substance» dont sont faits les corps -tous les corps, toutes les choses «physiques»-, de même que la pensée est la «substance» dont sont faites les «idées» -toutes les choses «mentales»-.

Voici donc. La suite, une prochaine fois...
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Finam
L'usage que les autorités temporelles font en général de la religion, l'homme utilisé pour « réduire les hommes raisonnables à l'état de bêtes ».

La religion et la morale relèvent d'une démarche strictement personnelle, autrui n'a pas à s'en mêler.
Un « droit supérieur de nature » : celui de penser librement!

Chaque homme a le droit de penser ce qu’il veut. Contester la légitimité de certaines institutions et critiquer la religion ne signifie pas se soustraire à la contrainte judiciaire : on a le droit de critiquer, mais on obéit pourtant aux lois dont on reconnaît le bien-fondé.
La liberté de penser est l’un des droits les plus précieux de l’homme, inhérent à sa nature. On ne peut donc pas demander à quelqu’un de s’abstenir de penser : chacun, est « maître de ses propres réflexions par un droit supérieur de Nature », personne « ne peut abandonner sa liberté de penser et de juger ce qu’il veut ».
Même si l’on peut reconnaître que certains inconvénients peuvent parfois naître d’une telle liberté, il faut rappeler qu’aucune institution, même la plus sage, n’est sans inconvénient. Ce que l’on ne peut empêcher doit être permis nécessairement, même s’il s’ensuit souvent un dommage .


L'homme doit renoncer au droit d’agir conformément au « seul décret de sa pensée ». En effet, un gouvernement n’est légitime que s’il repose sur un « pacte fondateur » en vertu duquel tous les concitoyens abandonnent au pouvoir souverain le droit de fonder et d’abroger les lois, et s’engagent à ne rien faire qui contredise ces lois.
Par conséquent, les hommes loyaux renoncent par avance à exprimer certaines opinions qui seraient susceptibles d’aller à l’encontre de ce pacte fondateur.
Toutes les prises de positions déloyales, politiques ou autres, qui incitent à rompre le pacte en employant des procédés violents ou retors, relevant de la ruse, de la haine, de la vengeance sont des « opinions séditieuses » pour le Duché.
Elles ne peuvent être proférées publiquement, non pas parce qu’elles sont en elles-mêmes inacceptables, tout le monde a le droit de penser ce qu’il veut, mais en raison des actions qu’impliqueraient de tels jugements.
On ne demandera donc à chacun que de se plier aux lois mais il pourra continuer de penser ce qu’il veut. Toute la difficulté porte sur la question de savoir qui doit fixer les limites de ce qui peut être exprimé et selon quels principes.


Réclamons la totale dissociation du politique et du religieux.
La liberté est la condition de possibilité du bonheur en communauté.
Mais ce régime de liberté ne peut être établi que dans une société dont les lois protègent les hommes non seulement des tyrans, mais aussi d'eux-mêmes. Car la multitude, naturellement superstitieuse et irascible, ne suit pas spontanément la raison.

La religion est positive comme sa politique.
Elle comprend toutes les formes de religion que l'humain a connues, et elle les justifie par une interprétation exempte de préjugés, en les mettant chacune à son véritable rang.
Tout d'abord, pour la plupart des humains, la religion a sa source dans la révélation, et la révélation est consignée dans les livres saints, ou la doctrine pour nous, spinozistes. Il s'agit de les lire avec la même liberté et la même intégrité d'esprit que s'il s'agissait des épopées ou des tragédies de l'Antiquité.
Je ne doute pas que des esprits sincères n'aboutissent à la même conclusion que moi: le Crédo aristotélicien, écrit dans la langue de l'imagination, s'adresse à l'imagination.
Il y est parlé de Dieu comme d'un humain dont on verrait le corps ou dont on redouterait la colère, et pour justifier l'autorité des prophéties, il y est fait appel, non à des démonstrations rationnelles, mais à des signes extérieurs, aux miracles qui seraient, s'ils étaient authentiques, des échecs à la nécessité des lois naturelles, c'est à dire à l'unité de Dieu.

La religion, de manière générale, est structurées par des écritures qui lui désignent la modalité et l'objet de ses croyances, son origine et sa fin, ses fondements. La religion devient libre, c'est à dire qu'elle qu'elle se libère de l'impuissance, quand elle donne au croyant le moyen de relire ses écritures, c'est à dire la possibilité de se rapporter librement au texte de sa croyance. Ce n'est pas le cas de certaines, doit-on les juger, les blâmer? C'est à voir.
Par l'imagination, l'écriture agit sur les passions des humains, elle les détourne de l'égoïsme et de l'envie par la crainte de Dieu, et elle leur commande la justice et la charité. C'est par là qu'elle fait œuvre religieuse et qu'elle est intouchable.
Elle donne une certitude morale qui peut devenir le substitut pratique de la conviction rationnelle et qui est pour la foule des ignorants l'unique voie du salut.
Seulement le Crédo aristotélicien ne satisfait pas la raison: il ne démontre aucun des attributs de Dieu, il ne tranche aucune question d'ordre spéculatif.
La révélation historique, qui est pour un peuple et pour un temps, est subordonnée à la raison qui est la révélation permanente et profonde de l'essence divine.

« Nous connaissons, que nous demeurons en Dieu et que Dieu demeure en nous, par ce qu'il nous a donné de son esprit ».


L'Aristotélicisme doit être contesté au nom des préjugés traditionnels que sa doctrine s'efforce d'exclure, j'ai moi-même laissé voir mon éloignement pour les églises, ou je ne retrouvais ni désintéressement moral ni pureté spirituelle et qui me paraissaient avoir renié Christos.

L'humain n'est qu'un mode fini, perdu en apparence dans l'infini de Dieu. Mais, puisque son être a sa racine en Dieu, il lui est possible d'exprimer adéquatement par le développement de son essence propre l'essence divine.
Quelle que soit la cause particulière de nos idées ou de nos actions, quel que soit le tissu d'événements où notre existence individuelle est engagée, partout se retrouvent un seul être, une seule loi. De tous les points de l'univers, de tous les moments du temps se forme en nous l'idée de Dieu. Elle remplit notre âme, et la forme sur son modèle, comme une unité totale. En elle, nous nous sentons vivre de la vie éternelle, et nous sommes détachés de ce que nous étions dans le temps.
Nous ne pouvons à la fois concevoir l'essence de Dieu, et faire retour sur notre individualité, comme si elle était distincte de Dieu. Nous ne pouvons renoncer à notre ascension perpétuelle vers Dieu, pour nous interroger sur les sentiments de Dieu à notre égard.
Toute cause d'inquiétude, de tristesse, est bannie. L'idée de Dieu est devenue l'amour intellectuel de Dieu.
L'identité peut même aller plus loin. Ce n'est plus nous qui aimons Dieu, c'est Dieu qui s'aime en nous d'un amour éternel.
Le développement infini de l'être, qui se présente pour la déduction métaphysique comme une nécessité d'ordre géométrique, est devenu, dans la conscience du sage, une source perpétuelle de joie et de béatitude.

Nous devenons, à la lettre, la gloire de Dieu!

Le vulgaire a ainsi référence possible à un univers différencié, ou bien marqué par le prodige, dont le support est le délire, et qui relève de la superstition, et qui relève de la religion. I
l est vrai que les deux horizons ne sont pas forcément distincts dans la réalité. Les hommes crédules sont sujets à la superstition, et contraires à la religion. Entre la religion et la superstition, il y a comme différence principale que celle-ci a pour fondement l'ignorance et celle-là la sagesse.
Or la sagesse qualifie seulement les enseignements de la religion, car, en réalité, la foi est inversée en superstition par les aristotéliciens eux-mêmes.

Le passage de l'individuel au collectif peut s'opérer vis-à-vis de mon groupe d'appartenance: je partage la logique de comparaison qui détermine les aptitudes de ma classe ou de mon Duché vis à vis de toute autre classe ou Duché.
La contemplation de soi se prolonge jusqu'au niveau des religions, pouvant entrer les unes par rapport aux autres dans le jeu de la comparaison, chercher à s'affirmer par la contemplation de leur propre puissance, et de la faiblesse des autres.
Le résultat est la haine, jusque dans son extrémité, la guerre, la guerre des religions. La comparaison est homogène, ne s'exerce que vis-à-vis d'un semblable; une unité individuelle ou collective ne désire que ce qui suit de sa nature, et donc d'une nature semblable à la sienne. Voilà pourquoi un groupe est en relation conflictuelle avec tout autre groupe de même nature lorsqu'il se fixe sur la contemplation de lui-même; le conflit est en fin de compte permanent, puisque l'esprit s'efforce toujours d'imaginer ce qui pose sa puissance d'agir, en s'aidant de toutes les modalités disponibles, notamment celles de nature sociale. Je ne m'efforcerais pas à vous faire comprendre ce que sous-entend ces dernières réflexions, l'moins malinois aura sans doute lui même compris quelles sont les visées et portées en notre société actuelle.
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Finam
Aujourd'hui nous étudierons les différents états de l'être humain, et l'accession de son esprit vers une lumière -j'ai bien parlé de spinozisme- spirituelle. Et donc, notamment, son rapport à la liberté, car le spinozisme est, rappelons-le sans faux-semblant, une ode à la liberté..

Le spinozisme nie la distinction du Bien et du Mal, d'une part, la Liberté de l'autre.

    Le Bien et le Mal ne sont que des qualités de nos actions, relatives à des notions subjectives -le subjectif ou la réalité subjective n'est autre que le sujet pensant, le principe intelligent, sensible et volontaire- ou à des fins sociales, dépourvues de toute valeur intrinsèque. Nous croyons désirer ce qui est bon, mais en réalité c'est notre désir qui nous fait apparaître les choses comme bonnes.
    L'existence du libre arbitre brise l'unité de la nature et l'infinité de Dieu. Elle est contradictoire avec les conditions de toute intelligibilité.


    Le libre arbitre ne consiste pas dans le pouvoir de l'âme sur le corps.
Il est impossible de comprendre le rapport de ce qui est étendu avec ce qui ne l'est pas: l'union de l'âme et du corps serait plus obscure encore que toutes les qualités occultes de la scolastique aristotélicienne.
Il n'est pas dans la distance qui séparerait la volonté infinie de l'intelligence finie, car la volonté infinie n'est que l'abstraction d'une faculté, considérée indépendamment de ses actes particuliers. L'entendement est une somme d'idées, et ces idées, adéquates ou inadéquates, sont des actes synthétiques, non des images muettes sur un tableau,c'est à dire qu'elles sont des tendances à l'affirmation de soi, les éléments même dont la somme constitue la volonté.
Enfin le libre arbitre ne saurait se définir par le pouvoir de l'âme sur les passions. la séparation qu'on voudrait établir entre la puissance nue de l'âme et le contenu de ses affections n'est que foutaise! A moins qu'on ne ramène les passions à des mouvements corporels et qu'on ne s'engage dans l'insoluble difficulté des rapports directs entre l'âme et le corps.
Donc, parlons gaiement, en un mot, il y a identité de l'âme et du corps, de l'intelligence et de la volonté, des idées et des passions. L'homme, moi, toi, nous, vous donc, est un système à l'intérieur duquel règne un déterminisme rigoureux, et qui est une partie du déterminisme universel.

Le Bien n'est pas une catégorie de l'être, parce qu'il est l'être même.
Le Mal n'existe pas parce qu'il est le non-être.
La liberté, de même, n'est pas une faculté abstraite et ambiguë. Elle est une forme et comme un degré supérieur de l'être.
L'humain libre n'est pas celui qui se place indifférent devant le Bien et devant le Mal. C'est celui qui comprend le Bien et ne peut manquer de le faire par la vertu même de son intelligence.
En définitive, la morale spinoziste est absolument parlant, une morale du Bien et de la Liberté. seulement ces notions, au lieu de n'être que les conditions du problème moral, en fournissent la solution. Connaître le Bien et la Liberté, c est être bon et libre, c'est avoir toute la plénitude de réalité, c'est à dire de perfection -vous ai-je déjà dit que j'étais.. par-fait?-, que l'on peut concevoir pour Nous, homme.
Le progrès moral est parallèle à la dialectique de la connaissance et de l'émotion.

Nous allons maintenant voir les différents stades de l'entendement humain, que je diviserais en trois parties, trois degrés sur l'échelle globale.

Au premier degré, son âme, étant faite d'imagination et de passion, l'humain est nécessairement esclave.
Il est un individu, et il tend à affirmer son individualité.
Mais, en tant qu'individu, il trouve en face de lui la force de la nature infinie. Entre la loi de sa passion qui ramène tous les événements à un mode fini comme centre et la loi de la nature qui découle de l'attribut divin, le temps finira fatalement par amener un antagonisme, et fatalement l'individu sera écrasé par une puissance qui est incomparablement supérieure à la sienne mais ce n'est rien encore que cet asservissement à la fatalité extérieure : l'individu croit lutter avec ses propres forces et en vertu de sa liberté.
Or cette croyance est la marque d'un nouvel et plus profond esclavage.
Les idées qui suscitent en lui les passions et le sollicitent à la lutte ont leur origine au dehors. Leur apparition et leur disparition sont des phénomènes étrangers dont l'ordre lui échappe: joie et tristesse, amour et haine, espoir et crainte, ambition et jalousie -surtout celles-ci qui lui échappent-, orgueil et mépris, rien en lui ne vient de lui, et les mouvements infinis de la nature universelle se reflètent dans les variations brusques de ses sentiments et de ses désirs, dans les perpétuelles agitations de son âme.

Au second degré, l'humain agit par raison: il est libre.
L'affranchissement n'est pas dû à l'intervention d'une faculté nouvelle, comme la conscience morale. La conscience nous donne les idées du Bien et du Mal.
Mais les idées n'agissent que dans la mesure où elles deviennent des tendances à l'action, et il ne peut y avoir de tendances réelles vers des concepts abstraits. L'humain devient libre par le progrès intellectuel qui l'affranchit de son individualité, en étendant à la nature la relation de nécessité.
La loi de la nature lui apparaît alors comme la loi de son activité propre.

"La liberté, c'est la conformité à la nature."

En apparence, cette conformité est une cause de restriction pour l'existence humaine - le sage renonce à tous les désirs dont la nature ne garantit pas la satisfaction, et il se prive de toutes les jouissances qui l'exposent à être le jouet de la fortune: il fuit la société des ignorants qui sont dangereux, malgré eux, par l'incohérence de l'imagination et de la passion - mais ce n'est là qu'une apparence- en suivant la loi de la nature, le sage trouve son utilité vraie, qui est de comprendre, il se met en harmonie avec la plus grande partie de l'univers, il étend l'horizon de sa pensée, il en fait une source constante de joies plus variées. La pensée du sage est la méditation et l'accroissement de la vie, elle se détourne uniquement de ce qui en est la mort ou une menace de mort partielle -comme le roux d'un pyromane-.
Et de même, si le sage refuse de partager les erreurs et les agitations des ignorants, il ne se détache pas de l'humanité, car il n'y a pas de plus grand bien pour l'individu que l'aide de ses semblables. Vis-à-vis de l'humanité, il est incapable d'autres affections que l'amour et la générosité.

Parce que la joie est l'être et la tristesse le non-être, il appartient à l'amour et à la générosité de vaincre la haine et l'envie.
"Un tel combat prépare la société des humains libres qui retrouvent dans l'âme des autres les idées adéquates qui sont dans leur âme et s'unissent par l'identité de leur être intérieur."


Il y a enfin un troisième degré. Puisque le développement de l'esprit humain rattache les lois de la nature à l'essence de Dieu, l'humain est capable d'asseoir sa liberté sur la liberté même de Dieu.
La liberté n'est plus la conformité de l'activité individuelle à l'ordre universel des choses: elle est la conscience même de cette activité, dans son origine radicale, dans sa divinité primitive, la conscience de l'éternité.
Toute représentation déterminée, toute affection particulière n'est plus qu'une occasion nouvelle de retrouver en soi l'idée de Dieu et d'accroître l'amour intellectuel pour Dieu. La pensée est alors détachée de l'individualité apparente, et de toutes les relations qu'elle soutient dans le temps et dans l'espace. Mais l'humain, au delà de cette individualité, retrouve en lui l'être concret dans son rapport direct avec l'attribut pensée -les fameux attributs..-: il devient un mode directement dépendant de l'essence divine, il se sent réalité éternelle.

L'immortalité telle que la conçoit le vulgaire est la projection de l'individu hors des bornes que la nature impose à l'individualité: elle introduit la mémoire dans ce qui exclut toute détermination temporelle, elle est un fantôme dû à l'imagination.
La véritable éternité commence dès cette vie: elle appartient à l'esprit, lorsqu'il a su s'ouvrir aux idées éternelles et leur donner la prédominance. Alors il n'a plus à chercher pour lui de récompense extérieure ou ultérieure, il ne s'est point sacrifié dans ce monde pour avoir le droit de survivre, cherchant dans la crainte des châtiments une apparence illusoire de vertu:

"Il est heureux de sa liberté et de son éternité, et la béatitude est, non point le prix de la vertu, mais la vertu elle-même."

Voilà, je vous laisse digérer. Au prochain cours nous étudierons la notion de modalité, de la substance divine, et son rapport avec nous-même, humains..
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Finam
Aujourd'hui nous allons voir ce qu'est la culpabilité.

Se sentir coupable de quelque chose, c'est avoir l'impression d'être responsable d'un acte qu'on a commis, et de le regretter. D'où la Tristesse qui accompagne nécessairement tout Affect de culpabilité.

Première chose étonnante, chez les spinozistes, le mot "culpabilité" est tout simplement absent. C'est étonnant, en le sens où le mea culpa mea culpa mea grande culpa est une formule essentielle de l'aristotélisme (l'idée qu'le croyant est nécessairement un pauvre pécheur, plein de vices, dont il est entièrement responsable, qui sont de sa faute, avec la notion induite de lavement..).
On trouve en revanche trois affects qui y ressemblent: le "Remords", l" ''Humilité", et le "Repentir".

On va commencer par le "Repentir".
Dans les trois cas, il s'agit de passions tristes, donc de choses auxquelles l'éthique est censée nous proposer un "remède". Ainsi le Repentir est-il une Tristesse qu'accompagne l'idée d'un acte que nous croyons avoir fait par libre décret de l'esprit.
Pourquoi est-ce une idée inadéquate?
Parce que le "Repentir" se base sur l'idée qu'on avait le choix, qu'on aurait facilement pu agir autrement, mais qu'on ne l'a pas fait et qu'on est entièrement responsable de cela, que c'est donc de notre faute.
Or dans le spinozisme, on n'a jamais le choix, ou bien on fait une chose bonne, et alors elle s'explique par notre nature ou notre conatus tout seul, ou bien on fait une chose mauvaise, et alors cet acte nécessairement s'explique par le fait qu'on pâtit d'une chose qui nous a fait agir ainsi. Comprendre que sentir ce genre de "Repentir" se trraduit par le fait d'avoir une idée inadéquate, c'est déjà s'en débarrasser. Car c'est alors seulement que l'on peut s'dire qu'on se trompait en pensant qu'on était seul responsable pour cet acte, on peut même se dire qu'on n'y pouvait rien, que tout était de toute éternité déterminé d'une telle façon qu'on allait faire à ce moment cet acte-là.
Bien sûr, du point de vue du sens commun cela pose problème!
Car on s'dit que dans ce cas-là, il n'y a plus de "morale" possible. Je suis d'accord avec cela, et j'y ajoute même qu'une telle morale fait en fin de compte plus de mal que de bien, et qu'il vaut mieux la remplacer par une éthique.

Deuxième version de la culpabilité maintenant: l' "Humilité". C'est une Tristesse qui naît de ce qu'un homme contemple son impuissance ou faiblesse. En effet, lorsqu'on contemple sa propre impuissance, on ne peut qu'être Triste, c'est-à-dire qu'on ne peut que diminuer davantage sa Puissance.
C'est pourquoi par définition cet Affect est mauvais, puisque tout Affect qui est bon, est un Affect qui fait augmenter notre Puissance, au lieu de la diminuer.


Enfin, on peut également ranger la culpabilité dans la catégorie qu'on appellera communément "Remords". Le Remords de conscience diffère du Repentir au sens où il s'agit ici d'une Tristesse qu'accompagne l'idée d'une chose passée, qui s'est produite contre toute espérance.
C'est le contraire du "Contentement".
Dans le cas du Contentement, on éprouve une Joie née de l'image d'une chose passée, dont nous avons douté de l'événement.
Par exemple, à un moment X, je pensais déclarer mon amour à quelqu'un, un mainois par exemple, avec qui j'aimerais partager ma passion immodérée pour le tranchant d'ma lame ou encore pour l'arc de mes poings, mais je ne savais pas encore s'il allait accepter, je ne pouvais que l'espérer, sans plus.
Une fois qu'il est certain qu'il accepte, je suis contenté.
L'inverse se produit lorsque cette personne finalement n'accepte pas, et que je regrette de le lui avoir proposé.
Dans un certain sens, je me sens "coupable" de l'avoir demandé alors qu'il a refusé. L'idée inadéquate était ici mon Espérance, c'était le fait d'avoir espéré qu'il allait accepter. Ça n'm'empêche toutefois pas d'user de ces passions à son encontre..


Je dirais donc que ce qu'on appelle dans le langage courant la culpabilité, dans le spinozisme peut être retrouvé dans l'ensemble Repentir-Humilité-Remords de conscience.
Dans les trois cas, il s'agit d'idées inadéquates, comme je l'ai dit.
La culpabilité n'est donc pas un Affect qui est bon pour nous, au contraire, elle diminue notre puissance. C'est donc l'un de ces Affects susceptible d'être traité par le fameux "Remède" spinoziste, qui consiste essentiellement en deux choses :

-D'une part il faut essayer d'agir préventivement: il faut bien comprendre que la culpabilité est une idée inadéquate, et cette compréhension en tant que telle diminue déjà la chance d'interpréter tel ou tel événement par le biais de ce sentiment de culpabilité. Autrement dit, on se sentira spontanément moins coupable.

-D'autre part il faut apprendre à se dire que lorsqu'on croit, ou trouve, que l'on est coupable de tel ou tel acte, on est en train de se tromper.
On est en train d'avoir une idée inadéquate, et il est beaucoup plus adéquat ou vrai de se dire que la culpabilité est une erreur. Comprendre cela, même après coup, lorsqu'on se sent déjà coupable, aura comme effet de se sentir moins coupable, voir de sentir cette Tristesse disparaître, pour être remplacée par la Joie (on dira Béatitude au lieu de Joie pour la suite, c'est le terme usuel spinoziste) d'avoir compris qu'il ne s'agissait que d'une idée inadéquate, et donc pas de quelque chose qui peut nous caractériser dans notre essence ou dans notre conatus.

Ah oui sinon. Quand je parle de sentiment de culpabilité, je ne parle pas d’inculpation au sens vulgaire (c’est une coïncidence de termes plus qu’autre chose, en fait), mais d’un véritable sentiment de malaise, immanent, lié indissociablement à une erreur vitale, autrement dit à une passion.

Dans ce cadre, le malaise est une alerte sur une erreur vitale, et à ce titre positif. Quelque part, plus le malaise est grand et plus la perspective de révolution positive est élevée. Ceci même si personne ne cherche le malaise pour lui-même. L’enfoncement dans l’erreur, c’est de vouloir supprimer le malaise sans supprimer sa cause. C’est ce qu'on appelle la banalisation, qui est en fait l’état –et non la folie au sens commun– le plus éloigné qui soit de la Sagesse.

Pour être heureux, suffit-il que je me dise bien comme je suis (car expression du Dieu parfait) ? Non ! Cela se constate tous les jours (que je suis bien).
L’Orgueil ne fait que cela. Car c’est aussi une loi divine:quand je suis dans un état passionnel (au sens large) je ressens automatiquement du malaise.
J’accepte mon orgueil comme fait divin et tout va bien ? Nullement.
Tant que l’orgueil est bien l’orgueil, c’est impossible. Je ne fais que plaquer une couche de peinture sur une couche de rouille, et je m’enfonce un peu plus dans le marécage. Sinon, d’ailleurs, on se demande d’où viendrait la grande rareté de la Sagesse de Spinoza, s’agissant d’une attitude si fréquente…

Ce qui décrit le sage ne peut être plaqué sans discernement au non-sage. Le non-sage ne peut évoluer qu’à sa propre marge, ce qui suppose des moyens eux-aussi « non convenables au sage », mais mieux que rien pour lui dans son état de fait du moment.
Pour le non-sage, il y a des tristesses (comme la pitié) qui valent beaucoup plus que des joies, comme l’Orgueil, la pire des passions.
Pire des passions? La mienne quoi..
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