Estrella.iona
Etre spinozic, c’était très important pour la jeune Estrella. En effet, depuis que papi Fifi avait vanté les mérites de cette nouvelle religion, encore inconnue pour la gamine, elle s’était fait un point d’honneur à affirmer son appartenance au « spinozicsme ». Elle, qui avait seulement entendu parler d’Aristote, d’église aristotatitélicienne, était très heureuse d’appartenir au spinozisme qui ne comptait qu’un nombre restreint de fidèles, une poignée apparemment, pour le moment. Mais Trella avait crié haut et fort que lorsqu’elle serait comtesse et reyne, elle ferait des lois qui rendraient le spinozisme obligatoire. Evidemment.
Surtout que le maitre mot du spinozicsme était « je fais ce que je veux tant que je prouve que c’est bien » … Tout un programme fort palpitant pour Trella et ses copines qui avaient adopté avec enthousiasme cette doctrine. Bin oui … Allez dire à trois gamines qu’elles peuvent faire ce qu’elles veulent, sans problèmes !
Les filles avaient donc fait leur baptême spinozic, qui consistait, d’après Caly, à « aller voir des gens et leur dire qu’on est spinozic ». Malheureusement, quand on fait ça, on n’est pas toujours bien accueilli ! Trella avait été traitée d’hérétique par un certain évêque d’Anjou, et même qu’il lui avait dit qu’elle finirait au bûcher … Mais le comble fut quand on lui appris que Spinoza, le chef de la religion, avait été reconnu hérétique parce qu’il avait interdit à ses fidèles de manger des bonbons … La pilule avait eu du mal à passer, car les bonbons et la gamine, ça fait très bon ménage … Mais le spinozicsme, c’était plus important. D’autant plus qu’elle n’était même pas sûre que ce soit vrai, papi Fifi ne lui avait pas donné confirmation, et comme c’était lui l’ « expert ès spinozisme », il détenait la vérité. Il fallait aussi qu’elle lui parle de son mariage avec le comte de Toulouse, apparemment ni vieux ni marié et spinozic, donc le parti parfait pour devenir comtesse.
La petite venait de rentrer d’une escapade fléchoise, et elle s’était souvenue que papi Fifi souhaitait organiser une leçon de spinozisme … La gamine était toute excitée à cette idée, sachant qu’une de ses aspirations, outre celles d’être princesse/ reyne / comtesse / mercenaire, était de devenir un membre important parmi les spinozic, elle était sûre que la meilleure façon d’y arriver était d’améliorer ses connaissances qui, a part le fameux « je fais ce que je veux tant que je prouve que c’est bien », étaient plus que restreintes.
Elle prit donc la direction de l’école spinozic, administrée par papi Fifi. Elle était souvent passée devant mais n’avait jamais osé entrer encore, car papi Fifi avait bien précisé que les discours devaient être adaptés en fonction de l’âge de la personne. Cette fois elle entra, un p’tit peu intimidée quand même, et déambula un peu avant de trouver une pièce qui ressemblait à une salle de classe. Celle-ci était vide encore, papi Fifi n’allait certainement pas tarder à arriver.
Trella avisa une chaise, s’assit, croisa les bras et posa sa tête dessus, pour patienter. Soudain, elle leva les yeux et vit sur le bureau devant elle quelques plumes et un tas de parchemins. Une idée germa dans sa tête … Elle se leva prestement, s’empara d’une plume, d’un parchemin et d’un encrier, puis revint à sa place. Elle prit la plume, la trempa dans l’encrier, non sans en mettre partout évidemment – c’était la première fois qu’elle touchait à ça ! – puis entreprit de scrabouiller : « Cours de spinozicsme » en haut, au centre de la feuille, en s’appliquant et tirant la langue. Bien sur elle ne savait pas écrire, donc le résultat fut quelques gribouillis, uniquement lisibles par elle, et plein de taches d’encres sur les mimines.
Soudain elle entendit des pas, ce devait être papi Fifi qui arrivait. Elle mit de l’ordre sur sa table, autant que faire se peut, puis attendit, l’air faussement sage.
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En deuil de son père. Adieu l'Andalou.
Surtout que le maitre mot du spinozicsme était « je fais ce que je veux tant que je prouve que c’est bien » … Tout un programme fort palpitant pour Trella et ses copines qui avaient adopté avec enthousiasme cette doctrine. Bin oui … Allez dire à trois gamines qu’elles peuvent faire ce qu’elles veulent, sans problèmes !
Les filles avaient donc fait leur baptême spinozic, qui consistait, d’après Caly, à « aller voir des gens et leur dire qu’on est spinozic ». Malheureusement, quand on fait ça, on n’est pas toujours bien accueilli ! Trella avait été traitée d’hérétique par un certain évêque d’Anjou, et même qu’il lui avait dit qu’elle finirait au bûcher … Mais le comble fut quand on lui appris que Spinoza, le chef de la religion, avait été reconnu hérétique parce qu’il avait interdit à ses fidèles de manger des bonbons … La pilule avait eu du mal à passer, car les bonbons et la gamine, ça fait très bon ménage … Mais le spinozicsme, c’était plus important. D’autant plus qu’elle n’était même pas sûre que ce soit vrai, papi Fifi ne lui avait pas donné confirmation, et comme c’était lui l’ « expert ès spinozisme », il détenait la vérité. Il fallait aussi qu’elle lui parle de son mariage avec le comte de Toulouse, apparemment ni vieux ni marié et spinozic, donc le parti parfait pour devenir comtesse.
La petite venait de rentrer d’une escapade fléchoise, et elle s’était souvenue que papi Fifi souhaitait organiser une leçon de spinozisme … La gamine était toute excitée à cette idée, sachant qu’une de ses aspirations, outre celles d’être princesse/ reyne / comtesse / mercenaire, était de devenir un membre important parmi les spinozic, elle était sûre que la meilleure façon d’y arriver était d’améliorer ses connaissances qui, a part le fameux « je fais ce que je veux tant que je prouve que c’est bien », étaient plus que restreintes.
Elle prit donc la direction de l’école spinozic, administrée par papi Fifi. Elle était souvent passée devant mais n’avait jamais osé entrer encore, car papi Fifi avait bien précisé que les discours devaient être adaptés en fonction de l’âge de la personne. Cette fois elle entra, un p’tit peu intimidée quand même, et déambula un peu avant de trouver une pièce qui ressemblait à une salle de classe. Celle-ci était vide encore, papi Fifi n’allait certainement pas tarder à arriver.
Trella avisa une chaise, s’assit, croisa les bras et posa sa tête dessus, pour patienter. Soudain, elle leva les yeux et vit sur le bureau devant elle quelques plumes et un tas de parchemins. Une idée germa dans sa tête … Elle se leva prestement, s’empara d’une plume, d’un parchemin et d’un encrier, puis revint à sa place. Elle prit la plume, la trempa dans l’encrier, non sans en mettre partout évidemment – c’était la première fois qu’elle touchait à ça ! – puis entreprit de scrabouiller : « Cours de spinozicsme » en haut, au centre de la feuille, en s’appliquant et tirant la langue. Bien sur elle ne savait pas écrire, donc le résultat fut quelques gribouillis, uniquement lisibles par elle, et plein de taches d’encres sur les mimines.
Soudain elle entendit des pas, ce devait être papi Fifi qui arrivait. Elle mit de l’ordre sur sa table, autant que faire se peut, puis attendit, l’air faussement sage.
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En deuil de son père. Adieu l'Andalou.
Pardonnez mon intrusion et ma politesse mal à propos.