Jurgen.
"- Valar morghulis.
- Yes, all men must die. But we are not men"
Missandei & Daenerys (Merci au Jd concerné pour cette inspiration.
- Yes, all men must die. But we are not men"
Missandei & Daenerys (Merci au Jd concerné pour cette inspiration.
L'abdomen était troué, souillé, amputé de toute vie. Tout juste les légers mouvements de respiration du mourant l'animaient. Le corps n'en pouvait plus et s'était mis en veille de lui même. A trop en vouloir, on perd à coup sûr. Et Jurgen l'apprendrait bientôt. L'esprit ne ressentait pas la douleur. Il n'entendait pas non plus les plaintes faiblardes de l'aimée ou sa main se serrer autour de la sienne ni les rares mots du fils qui n'y comprenait de toute évidence pas grand chose. Jurgen ne valait guère plus qu'un pantin désarticulé. Rien chez lui ne réagissait. Ni les plumes sous les pieds, ni les pincements sur sa peau qui ne laissaient que longuement la marque figée des doigts, et les yeux à travers les paupières semblaient vides. Lars, le Corbeau, lui même semblait désemparé. Il voyait son presque-fils se mourir. Cent fois aurait-il préféré le voir se mourir au combat et fièrement. Mais il agonisait, à présent.
Tout avait été si rapide. Le soldat était plus petit que lui et son aîné d'une bonne dizaine d'années, à vue de nez. Et pourtant, il semblait aussi meurtrier et infâme que le Sans Nom lui même. Ses gestes étaient rapides et en quelques secondes seulement le cri d'effroi et de douleur déchira le calme nocturne. Jurgen eut tout juste le temps d'envoyer un poing vide d'énergie vers une soldate à sa gauche. Celle-ci n'avait pas semblé blessée et le regard qu'il perçu lui paru moqueur. Comme si elle avait pu lui rire au nez. Mais la douleur avait été telle qu'au bout de quelques secondes qui lui parurent des heures ses yeux se cloîtrent misérablement et on n'entendit pas même un soupire lorsque la lame quitta le corps et que le marin s'effondra face contre terre, l'abdomen déchiré, à la merci de la terre et des fourmis.
Il fut traîné à Tulle. Darria avait semble t-il elle aussi été grièvement blessée. Déos avait-il envoyé un signe, lorsqu'ils volèrent une charrette à une femme sans défense quelques jours plus tôt? Jenifael, et Deos seul savait à quel point Jurgen pouvait la détester, à quel point il ne la supportait pas, avait su les tirer de l'horreur, pourtant elle aussi mutilée. Peut-être ainsi mériterait-elle son salut auprès du germain. Lui qui souhaitait sa mort avec ardeur depuis maintenant trop longtemps.
Valdenaire ne fut pas retrouvé cette nuit là. Jurgen en aurait été profondément chagriné s'il en avait été capable.
Lors de son coma, Jurgen n'éprouvait donc rien. Le cerveau s'alimentait avec rudesse en oxygène au détriment des membres. Le cur tout juste pourvoyait à ses besoins. Rapidement, la peau en contact avec la couche se fit moite et rouge. Il fallait souvent s'occuper de lui: Le tourner plusieurs fois par jours en restant prudent pour éviter la putréfaction des chaires. L'abdomen béant, lui, pourtant recouvert de linges propres suintait en abondance et rougeoyait comme une braise. Les veines autour de la plaie étaient devenues écarlates. Au bout de deux jours, elles le rongeaient et créaient des chemins à travers sa peau. Le sang avait empoisonné les organes vitaux. Rarement Jurgen n'eut aussi peu fière allure. Même la gorge tranchée il avait semblé être capable de garder une certaine dignité. Mais sur cette couche, le marin n'était plus que l'ombre de lui même. La peau était plus blême de jours en jours et les veines plus apparentes. On le nourrissait de force de gruau mais il peinait à avaler quoique ce soit, amorphe.
Et puis un jour, le pouls s'était emballé, l'afflux sanguin n'était plus suffisant. Un enfant de six ans aurait lui même compris que la respiration ne suffisait plus à alimenter ce grand corps. En quelques jours, sa température corporelle avait augmenté de façon non négligeable et son corps expulsait plus d'eau que nécessaire, et bien plus qu'on ne lui en faisait ingérer.
On dit souvent que l'on revoit sa vie les quelques secondes qui précèdent la mort. Et Jurgen en fut témoin. Il vit tout d'abord sa mère. Une beauté froide au premier abord, mais dont la chaleur du sourire aurait pu servir de foyer à un feu. Il l'avait toujours aimée, cette mère. Toujours elle avait su le protéger. Ou presque. Vinrent ensuite les visages de ses grands parents. Il n'étaient pas très vieux. Il n'avait jamais su si ceux-ci avaient succombé, à Danzig. Mais ensuite, tout s'était enchaîné bien plus rapidement: La corde, Corbeau et son air de bourreau, le pont et ses hommes, le Portugal et les côtes orientales. Le naufrage, puis La France et Limoges, sa femme.. beaucoup de moment avec sa femme. Un affreux, mais de nombreux bons instants. Le délice des sens qu'elle lui avait fait découvrir, et la peine qu'il endurait loin d'elle. Puis son fils, dont il perçu principalement la rousseur. Même La Noix eu sa place dans cette revue. Parce que s'il n'osait le dire, il aimait aussi sa fille. Les flots de sentiments multiples et divers l'envahirent. C'en fut trop.
Et le corps du germain ne s'anima plus. L'air ne parvint plus aux poumons. Le cur ne pompait plus de sang. Les muscles déjà relâchés n'eurent rien à faire. Mais la différence était flagrante. Lorsque l'on regarde un homme qui était quelques secondes auparavant encore en vie, on devine avec effroi dans l'instant que quelque chose l'a quitté.
- Valar morghulis.
- Oui, tous les hommes doivent mourir. Mais nous ne sommes pas des hommes.
EDIT: réalisé selon les événements IG.
Toute personne concernée de près ou de loin peut librement participer, naturellement.
_________________