Wallerand
Vous êtes sûre que vous voulez marquer ça ? Il ny aura pas que des nobles
Je sais bien, mais cest la manière respectueuse.
Bon Va pour cette formule-là alors.
Ou alors essayons autre chose. Je vais trouver... Je l'ai sur le bout de la plume.
Ca faisait un temps infini, du moins Wallerand en avait-il limpression, quils étaient attablés chez Adalarde, côte à côte, devant un feuillet, une plume et un encrier, une chope de bière chacun à portée de main. A vrai dire, le Prévôt navait guère de difficultés à écrire courriers de recrutement, laissez-passer et autres dossiers de plainte, quand il ne sagissait pas de textes législatifs, mais il se trouvait en difficulté quand il sagissait de rédiger une invitation, exercice quil navait guère pratiqué au cours de sa vie. Avait-il seulement eu des choses à célébrer au cours de sa vie ? Le cursus de son frère, mais alors cétait Père qui sen était chargé. Le moment où il avait été présenté officiellement comme lhéritier de laffaire Mais Père avait également tout organisé, avec Mère. Et en dehors de ça Il y avait eu les fêtes, certes, mais au final, cétaient les liesses populaires plus que des célébrations privées quil avait connues. Alors cette invitation, même si elle traduisait un événement des plus heureux, était une sorte de grande première pour le Beauharnais, qui se trouvait bien plus désemparé que sa maîtresse. Et lil goguenard et la gouaille rieuse de laubergiste étaient là pour le lui rappeler à chaque instant, car elle tournait autour du couple dans un amusement évident aux tergiversations que lun induisait et que lautre tentait de réduire. Elle intervint finalement :
Zavez pas fini de chipoter, les zamoureux ? Tavais moins dsoucis lautre jour, lWallchiant, pour répondre à la Castelc
Jétais en rogne. Je suis rapide quand je suis en rogne.
Et flûte. Dune, Adalarde avait lâché le morceau, malgré linjonction de la fermer au sujet du vif échange épistolaire qui avait eu lieu quelques jours plus tôt, et un regard noir accueillit cette joyeuse indiscrétion. De deux, il avait admis avoir écrit. Youhou. Ca, cest du talent ! Evidemment, Bella avait levé le nez, comme piquée par une guêpe, et ce dès la première syllabe dun certain nom. Et aussitôt, la jeune femme lança :
Attendez Vous avez écrit à Sashah ?
Et zut. Raté. Il navait pas coupé Adalarde assez vite Ca sentait le grand moment de solitude, à très court terme. Il avait évidemment gardé pour lui la correspondance récente quil avait échangée avec Sashah, dabord parce quil y avait réglé ses comptes, ensuite parce que certaines insinuations sur ce qui pouvait se raconter auraient, à tous les coups, atteint Bella. Et ça, ce nétait pas la peine. Pas pour ça. Et même si les méchantes langues se feraient un plaisir de baver abondamment sur le sujet, il ne tenait pas du tout à lui infliger ça, surtout de la plume de son ancienne compagne. Mais maintenant, latmosphère salourdissait, et à coup sûr il aurait à rendre des comptes. Quitte à le faire, il préférait avoir tous les atouts dans sa manche et toutes les armes à disposition, même s'il ne devait en faire qu'un usage modéré. Aussi, sétant levé, conclut-il, laissant leur dû sur la table :
Adalarde, ta marmite nous attend chez moi. Merci pour la bière. Venez, ma Dame.
Mais...
Je suis sûr que vous avez un creux. Venez.
Bella ouvrait déjà la bouche pour protester, mais son amant avait déjà posé la main sur son coude et la guidait fermement vers la porte. La jeune femme aurait pu le bousculer, crier, EXiger des EXplications, immédiatement, mais son rang le lui interdisait. Soit. Devant Adalarde, elle serait assez en confiance pour le questionner, mais Adalarde était une commère et il n'avait pas besoin que toute la Gascogne soit au courant. Alors, la comtesse se retint d'EXploser. Quelque part, elle était piquée au vif de savoir qu'il avait entretenu une correspondances avec son ex même si la l'EXacte réalité des échanges était tout autre ! - et de l'apprendre par une tierce personne. De qui se moquait-il ? Pourquoi écrivait-il à celle qui lui avait fait tant de mal ? Dans la rue, la jeune femme qui arborait déjà la mine du "fais gaffe à ce que tu vas dire parce que le retour de bâton va arriver plus vite que tu ne le croyais" ne se laisserait pas aller. Le sport commencerait réellement une fois dans l'appartement de la rue des Pendus. Et Wallerand s'y préparait alors qu'ils parcouraient d'un pas rapide les rues montoises. La mine pincée, le regard noir, la démarche raide, elle n'avait aucun mal à suivre le pas du Beauharnais, pressée d'avoir le fin mot de l'histoire. Et évidemment, ça lui avait paru des heures pour arriver jusqu'à l'appartement du jeune homme, qu'ils montent les escaliers, qu'il leur ouvre la porte, puis la referme, dans un bruit mat. Se tournant vivement vers lui, le fixant dans les yeux, la blondissime réitéra sa question. Son ton montait dans les aigus, au fur et à mesure de sa tirade, alors que sa fureur augmentait.
Alors comme ça... vous entretenez une correspondance avec Elle ? Malgré tout ce qui s'est passé ? Et dans mon dos, qui plus est !
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Je sais bien, mais cest la manière respectueuse.
Bon Va pour cette formule-là alors.
Ou alors essayons autre chose. Je vais trouver... Je l'ai sur le bout de la plume.
Ca faisait un temps infini, du moins Wallerand en avait-il limpression, quils étaient attablés chez Adalarde, côte à côte, devant un feuillet, une plume et un encrier, une chope de bière chacun à portée de main. A vrai dire, le Prévôt navait guère de difficultés à écrire courriers de recrutement, laissez-passer et autres dossiers de plainte, quand il ne sagissait pas de textes législatifs, mais il se trouvait en difficulté quand il sagissait de rédiger une invitation, exercice quil navait guère pratiqué au cours de sa vie. Avait-il seulement eu des choses à célébrer au cours de sa vie ? Le cursus de son frère, mais alors cétait Père qui sen était chargé. Le moment où il avait été présenté officiellement comme lhéritier de laffaire Mais Père avait également tout organisé, avec Mère. Et en dehors de ça Il y avait eu les fêtes, certes, mais au final, cétaient les liesses populaires plus que des célébrations privées quil avait connues. Alors cette invitation, même si elle traduisait un événement des plus heureux, était une sorte de grande première pour le Beauharnais, qui se trouvait bien plus désemparé que sa maîtresse. Et lil goguenard et la gouaille rieuse de laubergiste étaient là pour le lui rappeler à chaque instant, car elle tournait autour du couple dans un amusement évident aux tergiversations que lun induisait et que lautre tentait de réduire. Elle intervint finalement :
Zavez pas fini de chipoter, les zamoureux ? Tavais moins dsoucis lautre jour, lWallchiant, pour répondre à la Castelc
Jétais en rogne. Je suis rapide quand je suis en rogne.
Et flûte. Dune, Adalarde avait lâché le morceau, malgré linjonction de la fermer au sujet du vif échange épistolaire qui avait eu lieu quelques jours plus tôt, et un regard noir accueillit cette joyeuse indiscrétion. De deux, il avait admis avoir écrit. Youhou. Ca, cest du talent ! Evidemment, Bella avait levé le nez, comme piquée par une guêpe, et ce dès la première syllabe dun certain nom. Et aussitôt, la jeune femme lança :
Attendez Vous avez écrit à Sashah ?
Et zut. Raté. Il navait pas coupé Adalarde assez vite Ca sentait le grand moment de solitude, à très court terme. Il avait évidemment gardé pour lui la correspondance récente quil avait échangée avec Sashah, dabord parce quil y avait réglé ses comptes, ensuite parce que certaines insinuations sur ce qui pouvait se raconter auraient, à tous les coups, atteint Bella. Et ça, ce nétait pas la peine. Pas pour ça. Et même si les méchantes langues se feraient un plaisir de baver abondamment sur le sujet, il ne tenait pas du tout à lui infliger ça, surtout de la plume de son ancienne compagne. Mais maintenant, latmosphère salourdissait, et à coup sûr il aurait à rendre des comptes. Quitte à le faire, il préférait avoir tous les atouts dans sa manche et toutes les armes à disposition, même s'il ne devait en faire qu'un usage modéré. Aussi, sétant levé, conclut-il, laissant leur dû sur la table :
Adalarde, ta marmite nous attend chez moi. Merci pour la bière. Venez, ma Dame.
Mais...
Je suis sûr que vous avez un creux. Venez.
Bella ouvrait déjà la bouche pour protester, mais son amant avait déjà posé la main sur son coude et la guidait fermement vers la porte. La jeune femme aurait pu le bousculer, crier, EXiger des EXplications, immédiatement, mais son rang le lui interdisait. Soit. Devant Adalarde, elle serait assez en confiance pour le questionner, mais Adalarde était une commère et il n'avait pas besoin que toute la Gascogne soit au courant. Alors, la comtesse se retint d'EXploser. Quelque part, elle était piquée au vif de savoir qu'il avait entretenu une correspondances avec son ex même si la l'EXacte réalité des échanges était tout autre ! - et de l'apprendre par une tierce personne. De qui se moquait-il ? Pourquoi écrivait-il à celle qui lui avait fait tant de mal ? Dans la rue, la jeune femme qui arborait déjà la mine du "fais gaffe à ce que tu vas dire parce que le retour de bâton va arriver plus vite que tu ne le croyais" ne se laisserait pas aller. Le sport commencerait réellement une fois dans l'appartement de la rue des Pendus. Et Wallerand s'y préparait alors qu'ils parcouraient d'un pas rapide les rues montoises. La mine pincée, le regard noir, la démarche raide, elle n'avait aucun mal à suivre le pas du Beauharnais, pressée d'avoir le fin mot de l'histoire. Et évidemment, ça lui avait paru des heures pour arriver jusqu'à l'appartement du jeune homme, qu'ils montent les escaliers, qu'il leur ouvre la porte, puis la referme, dans un bruit mat. Se tournant vivement vers lui, le fixant dans les yeux, la blondissime réitéra sa question. Son ton montait dans les aigus, au fur et à mesure de sa tirade, alors que sa fureur augmentait.
Alors comme ça... vous entretenez une correspondance avec Elle ? Malgré tout ce qui s'est passé ? Et dans mon dos, qui plus est !
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