Elias, incarné par Eliance
La convalescence d'Elias s'acheva un samedi ensoleillé, et alors qu'un moine refermait derrière lui la lourde porte du monastère, il ne sut que faire.
La grippe alexandrine, comme l'avait appelé Aiguemarine, avait affaibli le jeune tailleur plus que de raison, attribuons cela à une santé délicate.
Lui fréquentait le soleil parisien, plus faiblard, et ou les hautes maisons nobles de la capitale couvraient d'ombre les pavés mal agencés et glissants qu'il pouvait arpenter. Ainsi, la poussière du Sud, la chaleur, le glaçaient et le brûlaient à la fois, et il n'arrivait ainsi jamais à définir si il faisait doux, ou bien trop chaud. Non, il n'était pas un dur à cuire, de ceux qui pouvaient uvrer sous le soleil toute la journée, ou dans le froid de l'hiver. Mais il faisait avec, et son talent n'était pas là.
Il se renseigna, à la Teste, sur ce qui s'était déroulé pendant son absence, et non, l'aubergiste n'avait pas vu passer sa compagne, une rousse aux cheveux courts qui ne s'assumait pas. Peut-être était-ce Cyrielle qui l'avait prévenu, ou bien les signaux en taverne qu'il avait manqué, mais il pressentait que l'absence d'Eliance n'était pas uniquement due aux armées de Labrit.
Et les talents d'Elias ne concernaient pas vraiment les relations amoureuses.
Après avoir payé la future nuitée et retrouvé ses affaires, il prit de quoi écrire, à la roussi-blonde de Labrit. L'incertitude, le doute, quant à quoi dire et faire, bloquèrent son inspiration, pour lui qui n'était déjà pas doué dans cet exercice de style... Il s'appliqua, pour que son écriture soit lisible.
Citation:Eliance,
Je n'ai pas eu de nouvelles de toi depuis plusieurs semaines. Je suis navré de ne pas avoir pu t'en donner, entre la maladie dont j'ai souffert, et ma convalescence dans un monastère.
J'envoie cette lettre à Labrit, sans savoir si tu es toujours là-bas, ce que tu fais. Si je dois te rejoindre ou non.
Elias
Le pigeon fut envoyé, et à y repenser, il trouva sa littérature vraiment nulle. Mais on ne rattrapait pas les mots lancés au vent.
Eliance Les dents s'acharnent consciencieusement à râcler la chair d'une figue écartelée. Aucune parcelle n'est ignorée. Lorsque tout jus, graines et chaire sont extirpés, la peau épaisse s'en va rejoindre le petit tas qui s'amoncelle aux pieds d'une roussi-blonde et de l'arbre géniteur de fruits sucrés.
Pas de falaise, pas d'Elias, pas de 22, pas de Teigne. Alors Eliance s'occupe l'esprit comme elle peut. Et ce jour-là, son dévolu s'est jeté sur un figuier, en bordure d'un champ de blé. À l'ombre de la frondaison, elle s'empiffre pour oublier. Pour ne plus penser. Tous les jours, elle va voir Lucie chez la vieille. Mais il est trop tôt, encore. Tous les jours, elle attend que Mike et Atro se décrochent d'un mur ou d'un tronc pour sourire un peu. Tous les jours, elle regarde les heures s'égrainer, l'esprit engourdi par le dernier événement en date, l'abandon d'Elias.
Il n'y a pas eu de réel abandon, dans les faits. Mais Eliance en est persuadée. Plus de nouvelles d'Elias, plus d'Elias à ses côtés, ça veut dire pour elle qu'il ne reviendra pas. Jamais. Qu'il est parti ailleurs. Avec une autre, peut-être. Elle évite d'y penser. Sans falaise, elle ne peut pas y penser. Elle a mis deux jours à arrêter de pleurer la dernière fois qu'elle y a penser. Depuis, elle s'occupe.
Le jus sucré des fruits lui tâche les doigts, le menton. En séchant, il se met à coller. Mais ça n'arrête pas la frénésie ménudiérienne. Elle mangera des figues jusqu'à en être malade. Jusqu'à souffrir de quelque part pour oublier le reste. Alors elle se gouinfre, encore. Et quand un volatile non identifié se pose à ses côtés, elle le chasse d'abord d'un revers de main, ne voyant dans le tas de plumes qu'un voleur de fruits, d'oubli. Mais la bestiole s'acharne et revient. Une fois. Deux fois. Trois fois.
Elle finit par jeter son regard sur la chose, pour remarquer qu'il porte un message. Il n'est pas simple voleur de victuailles. La figue entamée est lâchée, l'oiseau attrapé, le papier déroulé puis lu. Les cils se baissent et se relèvent plusieurs fois sur les prunelles ménudiériennes, avant que la Ratiboisée ne comprenne que l'auteur de la lettre n'est personne d'autre qu'Elias. Il lui faut encore un bout de temps à lire et relire le tout pour réaliser qu'il ne l'a peut-être pas abandonnée. Qu'il a été malade. Encore.
Et soudain, une main sort de la bourse posée à terre une mine de plomb, le papier est retourné et l'écriture s'entreprend rapidement au verso. Si les mots russes ont été tracés avec soin, ceux d'Eliance sont comme jetés sur la feuille, maladroitement, comme par un étrange besoin vital. Et peu importe pour Eliance que la lettre d'Elias soit vide de presque tout, elle y voit une pensée vers elle. Une pensée inespérée à son stade de désespoir avancé.
Citation:
Elias,
Je suis à Labrit. J'y suis encore.
J'ai cru que tu étais parti. J'ai cru que tu m'avais oublié. J'ai cru que je te reverrai plus.
Tu m'as pas oublié, en vrai ? Tu étais juste malade ?
Je déteste ces moines. Ils auraient dû m'écrire. J'aurais dû savoir. Je serais venue à toi.
Tu viens ? Tu me rejoins ? Tu veux ? Tu m'as pas oublié ?
Tu me manques...
Eliance
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Elias_romanov Deux volontés s'alliaient pour qu'il aille à Labrit. La sienne propre, pour rejoindre Eliance, et celle du Clan, pour réunir ses membres et aviser de la suite des choses. Ainsi, ce fut alors que son sac était presque prêt, à la Teste, qu'il reçut la réponse d'Eliance.
Il s'interrogea tout d'abord sur ce qui avait conduit la journaliste à avoir des idées aussi alambiquées sur ce qui s'était passé. Même si il était avare de mots doux, il lui semblait bien lui avoir fait comprendre qu'il ne la quitterait pas ainsi. Il secoua la tête, un peu dépité, et prit son sac sur l'épaule, non sans faire porter un message à sa soeur sur le fait qu'il quittait la Guyenne, pour la Gascogne.
Ce fut au cours d'une halte pour échapper au soleil de plomb qu'Elias prit le temps de répondre à la jeune femme. Il constata qu'il posait tout autant de questions qu'elle, finalement. Ces interrogations sur les doutes qui les assaillaient tous les deux, alors que plusieurs jours de voyage les séparaient encore.
Citation:Eliance,
Pourquoi serais-je parti ? Pourquoi t'aurais-je quitté pour une autre ?
As-tu si peu confiance en moi, depuis le temps ?
Je n'ai rien dit aux moines, tu voulais rester à Labrit après tout dans ta dernière lettre. J'ai pensé que tu t'amusais plus là-bas avec Atropine, Mike et 22, qu'à faire le chemin pour veiller un malade.
Je suis en route pour Labrit, et tu me manques aussi.
Elias
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Eliance Même si la lettre d'Elias est venue interrompre un enfournement indigeste de figues, elle n'est pas arrivée à temps. Et la nuit suivante passée par la roussi-blonde a été agitée, bileusement parlant. Trop de sucre, trop de ces fruits, trop d'incertitudes. Eliance a peu dormi. Elle est surtout restée assise sagement devant une bassine en étain, position rassurante pour qui sent la régurgitation imminente. Et puis, comme il semble que l'aube chasse les maux, elle a enfin pu remonter sur sa paillasse pour y fermer les yeux et y prendre quelque repos, éteignant ainsi ses pensées troublées.
Tap tap tap
Les paupières s'ouvrent difficilement. Le soleil est haut. La clarté éblouie les pupilles marron. Eliance se tourne, sur sa paillasse, montrant dos et fesses à la porte, avec le petit grognement d'insatisfaction d'un ourson qu'on réveille trop tôt de son hibernation.
Tap tap tap
Les coups insistent. Ils résonnent dans la caboche de la jeune femme. Elle aurait trop bu la veille, que ce ne serait pas pire. Merci les figues.
- Assez !
Tap tap tap
Les pieds se jettent sur le plancher, hissant le corps vacillant qui se doit de réagir pour éviter toute chute malvenue. Sans réfléchir à passer une frusque sur sa chemise blanche, lil droit à moitié ouvert, le gauche pleinement clos, la porte est entrebâillée et le seul nez pointe par l'embrasement.
- hmmm...
- Une lett'e, pou' vous.
- hmmm...
Le pli est saisi rapidement et la porte claquée au nez de l'aubergiste. La roussi-blonde ne tarde pas à se laisser tomber une nouvelle fois sur sa paillasse, le pli en main. Elle reste un moment immobile, les yeux parfaitement clos, avant de réagir qu'elle se doit de le lire, ce pli qui la réveille. Alors, dans ce qui semble être un ultime effort, elle ouvre les yeux et brandit le papier au dessus d'elle, pour entamer de le déplier et de le lire. Quand les prunelles constatent un « Elias » au bas de la page, le corps ménudiérien se redresse d'un bond, comme soudainement pris de vivacité. Comme si la roussi-blonde ne pouvait pas lire une lettre d'Elias ainsi affalée. Comme si elle se devait d'être présentable, ou du moins pas avachie, pour lire ses lettres.
Ainsi assise, elle dévore les quelques mots des yeux. Des questions. Un reproche. Des doutes. Un mot doux. Un seul. Un suffisant. Les lèvres pâles tentent de se sourire à elles-même. Et le corps s'affale de nouveau en arrière, sur la paillasse, mais cette fois avec la lettre serrée contre son ventre. Plus tard, quand elle aura récupéré un peu de force, quand la nausée sera totalement partie, elle se lèvera pour écrire.
Citation:
Elias,
Je ne sais pas pourquoi tu serais parti. 22 a dit... des choses. Moches. Je crois que j'ai fini par y croire.
Et puis Diego m'a bien abandonné. Je me suis dit que tu as peut-être eu ce genre de révélation. Je ne sais pas.
Je ne doute pas de toi. Pardon, Elias. Crois pas ça. Je crois que c'est plus compliqué.
Ici, je ne m'amuse pas. Même si Atro est là.
Je me fais harceler par un gamin blond. Et Lucie dort encore.
Et t'es pas là.
Viens vite. Mais sois prudent.
Encore pardon...
Eliance
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Elias_romanov La première partie du voyage s'était déroulée sans encombre, aucune armée n'était en vue dans la cité gasconne de Mimizan. Elias trouva une auberge pas trop miteuse pour son porte-monnaie et après s'être restauré, lavé et reposé, la missive lui parvint.
Les doigts fins déplièrent le vélin, parcourant l'écriture de plomb de la journaliste. Ainsi, le fameux 22 tentait de mettre du grabuge dans le couple étrange qu'il formait avec Eliance. Il faudrait voir à mettre les choses au point. Ou demander à Mike d'aller lui casser la gueule en duel. Mais surtout, il lisait le doute dans les lettres dessinées. Le doute, toujours et encore, comme un boulet qu'elle trainait à son pied.
Citation:Eliance,
Tu ne devrais pas croire ce que te dit 22. Il te connait depuis peu, et moi encore moins.
Mais toi et moi, notre histoire a commencé il y a bien longtemps. Dans un temps plus lointain qu'une maisonnette de Belley, ou un gâteau dévoré à Paris.
J'aimerais te rassurer mieux que cela, mais tu es encore loin.
Je suis arrivé à Mimizan sans encombre. Je crois que je commence à détester l'océan. Ou peut-être est-ce le sud. Demain je serai à Labrit, alors sois encore un peu patiente. J'espère qu'il n'y a pas de falaise là-bas.
Elias
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Elias_romanov Quelques heures plus tard, alors que l'heure du départ approchait, Elias décida de briefer le couple infernal, au cas ou.
Il préférait être prudent, en cet instant. La missive partit pour Mike, qu'il savait prompt à prendre les précautions d'usage.
Citation:Blondin,
J'espère que tu te remets de tes blessures, et qu'elles ne t'empêchent pas la découverte des murs de Labrit. Je devrais être là demain, mais j'ai un souci avec 22, ou le gars avec le nom bizarre. Je crois qu'il cherche à tourner la tête d'Eliance. Une chopine pour toi si tu gardes un oeil sur elle.
Atro peut faire pareil aussi, ça serait pas du luxe.
Elias
Le pigeon partirait pour Labrit, lui aussi._________________
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Eliance Les figues ou les élections. Incontestablement, Eliance préfère les premières. Même si elles lui font tourner la bile par le trop plein de sucre qu'elles contiennent, quand elle les avale en masse, la Ratiboisée se sait débarrassée une bonne fois pour toute une fois l'assimilation passée. La fin du phénomène est moins facilement identifiable quant aux élections qui ont la digestion bien plus lente, sans parler de l'ardue préparation en marmite d'avant et des relans possible longtemps après coup, qui peuvent prendre par surprise. Et si l'haleine ménudiérienne refoule encore des fruits de la veille, ce sont bien les élections qui ont accaparé la journée de la roussi-blonde. Elles auront au moins eu le mérite d'éviter tout égarement intempestif qui pointe chez elle ces derniers temps.
Quand l'aubergiste frappe une nouvelle fois à l'huis, il n'attend pas d'apercevoir le nez endormi et ronchon d'Eliance. Il invite rapidement la lettre à s'immiscer dans la chambre en la glissant sous la porte et déguerpit sans demander son reste. Et ce papier, une fois déplié et lu, vient égayer la journée désastreusement entamée. Les prunelles marron brillent d'une lueur différente devant les mots russes inscrits et un sourire que rien n'empêchera point aux coins des lèvres ménudiériennes. Une petite phrase est à l'origine du changement. Quelques mots seulement chassent inconstestablement les doutes restant.
Citation:Elias,
Savoir que tu es ici demain me réjouit comme tu n'imagines sans doute pas.
Il n'y a pas de falaise, à Labrit. Ne t'inquiète pas.
Même si j'avoue en avoir cherché, ou un quelconque rocher plus haut que les autres. Mais rien.
Je crois que j'aime pas particulièrement l'océan non plus. Ou alors est-ce la Guyenne. Et la Gascogne, tant qu'on y est.
Elias, je me souviens pourquoi tu es toi pour moi. Je me souviens et mes doutes s'envolent.
J'ai plus peur que tu reviennes pas. J'ai plus peur de mes idées idiotes.
Tes mots sont bien plus efficaces que la plus haute des falaises.
Je t'attends. De pied ferme.
Merci, d'être toi.
Eliance
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Mike91 [Un ou deux jours avant]
♪♫ La reyne sest fait butée et jen nai rien à carrer ! ♪♫
Cest devenu une habitude, Mike chantonne quand il pisse. Et en ce moment il pisse pas mal, pourtant il ne boit plus en taverne, nan, Monsieur a officiellement arrêté de boire pour avoir les idées claires, seulement maintenant il boit en cachette, et vu les litres anormalement déversés par sa virilité
il boit beaucoup.
♪♫Son fils voulait la baiser, mais cest Namay qui la niq
♫ Hey quest-ce que tu regardes toi ? Oui Mike communique aussi en étant bourré, alors nan il ne parle pas tout seul mais au petit piaf qui vient de se poser sur le muret sur lequel notre chère et tendre pisse. Alors non sans vouloir asperger loiseau de son jet alcoolisé, il réfute lidée en constant aisément que la pression sarrête faute durine. Lobjet est secoué pour en évacuer les dernières gouttes. Vas-y profites, ten verras pas deux comme celle-là Certaines aiment les dernières gouttes mais ses braies non, alors il évacue le tout avant de ranger le matos à sa place. Quest-ce que tu as à la patte le voyeur ? A ce moment il remarque le message, le prend et le lit en finissant par un rire
un rire dont seul les alcoolique ont. Ahhhhhh mon petit Elias ! Là oui
je confirme
il parle seul
Citation: Ltailleur !
Ten fais pas va ! Cest ce qui arrive avec les femmes désirées
les prétendants affluent surtout lorsque le mari se fait dorer le fion au soleil. Eliance a du faire part de sa solitude, du coup le type rebondit la dessus, et joue les protecteurs. Jen ai baisé plus dune comme ça.
Alors ramène toi
elle a besoin de toi.
Mike
PS : Jai arrêté de boire
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Forcé à mettre cette ban...mais merci quand même JD Eliance