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[RP] Dissipe l'ombre, ma Lumière.

Gabriele.
La Mort.

On l'attend sous une forme très simple. Le cœur s'arrête de battre, la vie quitte le corps, physiquement. Le cerveau ne fonctionne plus assez pour permettre d'envoyer les informations aux autres organes. Le système s'éteint, irrémédiablement, sans qu'on puisse le redémarrer. Le condamné peut voir cela comme une malédiction, geignant sur une vie bien trop courte, trop belle pour s'arrêter déjà ; ou y voir une délivrance, la fin d'une trop longue agonie. Cependant, il y a bien pire que la vie ou la mort. Tout n'est pas toujours tout noir ou tout blanc, on l'apprend à ses dépends.
Il y a le Purgatoire. Cet entre-deux. Pas tout à fait mort, mais plus exactement vivant. Quelque chose d'indescriptible, une errance que l'on s'impose sans vraiment savoir pourquoi. Parce que quelque chose qui rendait la vie incroyablement puissante et indispensable...ce quelque chose a disparu, laissant un grand vide, une impression d'inutilité.
L'incompréhension.
Je déteste ne pas comprendre. Je déteste ne plus l'avoir auprès de moi alors que je la vois partout. Je déteste ce simulacre d'existence sans qu'elle ne soit à mes côtés. Trop de morts. Trop d'incompréhensions. Le monde qui ne tourne plus rond.

Le temps efface, paraît-il, les pires souffrances. Celui qui a inventé cette maxime n'a jamais dû souffrir vraiment. Un abruti. Chaque jour, chaque heure, chaque seconde...Tout est prétexte à se souvenir. Amères évocations du passé que j'étouffe sous les drogues les plus diverses, m'isolant hors du monde. Plus de six mois durant, je n'ai cherché à rencontrer personne. J'ai pris un malin plaisir à envoyer sur les roses toutes les possibles interactions sociales se présentant à moi.
Pourtant, dans cette taverne de Limoges, j'ai laissé les choses se faire. Pire, je les ai provoqué. Si je n'avais pas cherché à obtenir la confiance de cette femme si atypique, par les moyens les plus inattendus, à aucun moment nous ne nous serions rapprochés. Je ne sais pas expliquer ce qui m'y a poussé, une curiosité exacerbée par les origines incertaines de l'Abyssinienne ou bien la crainte qu'elle a pu éprouver à mon égard et dont je voulais connaître la cause. Ou quelque chose d'autre. Après tout, pourquoi toujours chercher une explications ? Les faits sont là. Le deuxième jour, elle me faisait confiance. Le lendemain, elle me rejoignait pour notre voyage, et nous commencions à imaginer ce que je m'étais interdit des mois durant, persuadé que mon épouse, ma raison de vivre, me reviendrait.
Peut-être cette femme curieuse tant dans la façon dont je la percevais que dans son caractère, pourrait être un remède. Je n'ai jamais aimé les plans sur la comète, mais tout semble couler auprès d'elle, et sans chercher à m'attacher, je le fais bien malgré moi.

De découverte en découverte. A la manière de Shéhérazade, elle sait me tenir en haleine et jouer sur ma curiosité pour que chaque soir je lui demande la suite de ce conte commencé la veille. Aucun risque que je me lasse finalement et ne décide de la mettre à mort. Sa vie elle-même est un conte qu'elle me révèle au compte-goutte au fil des jours.
L'arrivée à Bordeaux. Le voyage semble s'être déroulé en un clin d'oeil, le temps défilant à une vitesse déroutante lorsque je me trouve avec elle. Pour un peu, nous nous serions retrouvés dans son pays sans que je ne remarque rien. La journée se déroule d'une manière surprenante, entre attaque d'une suicidaire en manque de sang, et malédiction balancée dans le vide. La soirée promet d'être bien plus reposante – ou pas. Je lui ai promis un bain, ainsi qu'un lit digne de ce nom, et j'ai tenu ma promesse. La plus belle chambre de l'auberge. On ne refuse rien à un Corleone qui paye bien. Je l'y ai mené après notre repas, la laissant découvrir le luxe que peut offrir l'argent dans ce Royaume, à l'instar du sien. L'eau est fumante dans le baquet rempli pour nous, et je me tourne vers elle avec un sourire, une fois la porte verrouillée pour qu'aucun trouble ne vienne interrompre la quiétude de l'instant.


« - Tu voulais un bain... »

Je m'approche d'elle, un air mutin sur le visage, et pose les mains à sa taille. J'ai déjà eu l'opportunité de découvrir son corps. De me rendre compte que ses origines ne la rendaient pas différente des autres femmes, hormis la couleur de la peau. Ce dernier point, en particulier, la rendait autrement plus attirante que les européennes que j'ai amplement eu l'occasion de côtoyer. Cette fois, je veux que ce soit différent. Sans bien savoir pourquoi. Je la veux mienne, je la veux femme, et je prends pourtant tout mon temps.
Lentement, je m'applique à la libérer des vêtements superflus, m'attardant sur la peau d'ébène, la goûtant de mes baisers avant de remonter à son oreille pour murmurer
« Votre désir est exaucé, ma Reine. » d'un souffle qui se transforme bien vite en caresse annonciatrice des délices à venir. Je la laisse, splendide ingénue, vierge de tout ce qui peut m'empêcher de l'admirer dans sa plus sauvage nature. Elle est belle, la Louve rouge, au même titre que l'encre qui palpite en haut de sa cuisse, et le désir étreint à présent mon être tout entier quand mon regard est le seul traître de cette attirance que je tais encore pour le moment, afin de ne pas la brusquer. Elle est seule maître de nos destins à présent. Je la laisse décider de la suite des opérations. Prendra-t-elle la main, découvrant elle-même les mystères de mon corps, ou me laissera-t-elle me découvrir à ses yeux ? Les mises sont ouvertes, faites vos jeux. Rien ne va plus.

Enfin, si. Tout va.

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Pour toute réclamation, merci de vous adresser à LJD Tigist
Tigist
La capuche est superflue à ses côtés, et alors qu'ils déambulent dans les rues de Bordeaux en quête d'une table où manger, peu lui chaut les regards qui glissent sur elle. A ses côtés, elle est insubmersible. Quand enfin, ils regagnent l'auberge où le Corleone a loué une chambre, la tête fine se dresse quand elle traverse la salle, fidèle à son ascendance.

L'ambre accroche le lit, ce lit que Gabriele lui a promis. Pour une nuit, pour le sommeil. Pour une vie, pour les contes et l'éveil. Loin des fastes de l'Abyssinie, elle s'est habituée à la rudesse de sa condition d'exilée et le Corleone rend cela plus vivable, les mains voudraient courir à la surface de l'onde brûlante du bain, elle voudrait s'y perdre.
Seule ? Non pas seule.

Quand ses mains sont sur elle et s'affairent à la rendre au Très-Haut sous sa condition la plus humble, elle songe. A la solitude qui était la sienne avant de le rencontrer, à ces nuits à l'étage du Blaireau en compagnie certaines fois d'un Johannes conciliant. Tigist dévisage cet homme en face d'elle, ce visage d'une beauté si irréelle qu'elle l'avait terrifiée de prime abord, convaincue de voir là une tentation du démon. Cet homme qui avait repoussé plus loin encore ses peurs en la forçant à les affronter, Gabriele n'avait pas craint la lame contre sa gorge, patiemment, il avait attendu que la terreur relâche son étreinte sur elle. Sous ses lèvres, le jeune corps se fait obéissant, la main se glisse dans son dos en quête d'un support, et l'évidence la frappe derechef comme chaque fois qu'il pose la main sur elle. Cette bouche sur sa peau est un baume, un scel de sa tendresse. Il la marque, et chaque jour qui point, voit grandir un attachement que ni l'un, ni l'autre n'ont cherché. Avant lui, elle avait renié jusqu'à ses origines, jusqu'à sa condition humaine.

Kismet disent les ottomans.

« Gabriele.. »

Ton Destin.
Avant lui, tu craignais, Tigist. D'où te vient cette sérénité sur ta face quand il est là ? Tu veux le protéger, tu voudrais te faire vraiment reine pour faire refluer les peines et les deuils qui hantent son cœur, alors que tu n'es capable que de survivre. Avant lui.

A sa cuisse, la louve rouge se meut au rythme d'un muscle qui tressaute sous le coup de l'impatience. Elle était le gelada de son père, elle fuyait devant les autres. Gabriele la veut louve, la veut reine. L'italien lui a demandé quelques heures auparavant si sa nudité l'effrayait, l'instant n'est plus à la réflexion, il est aux certitudes. Elle relève la tête, et cette beauté lui enserre le cœur. Fréquentant des mercenaires ayant l'âge de son père et autant de marques du temps que de la guerre, comment s'étonner encore que la jeunesse et la beauté arrogante du Tatoué l'atteignent de plein fouet, elle la trop sombre pour être belle dans cette partie du monde.

Elève assidue, avec lenteur, elle le débarrasse de tout ce qui pourrait être entre lui et elle, et quand enfin, ils sont comme au jour de la Création, comme le Très-Haut les a voulus, en dépit de la boule dans sa gorge, l'abyssinienne baisse les yeux pour prendre la mesure de son amant. Sur son corps à elle, les marques des bêtes et des hommes ont laissé des stries grisâtres sur la peau d'ébène, sur le corps de l'italien, les cicatrices s'étalent à l'encre noire. Un pas en arrière, deux pas en arrière, elle s'écarte à regrets et pourtant, sur la table de la chambre, il y a une cruche et une timbale qu'elle remplit avec des gestes rendus lents par l'appréhension.

Comme avant, la noire amante du roi de Jerusalem, tu portes ce verre à tes lèvres à dessein, Tigist. Et si tes yeux brillent d'un feu nouveau, c'est parce qu'il a su trouver la clé de ton royaume des ténèbres, et comme Salomon avant lui, sa concupiscence n'a pas eu à forcer pour conquérir ce que tu lui offres, reine de Saba.

A Damas, elle a été volontairement tenue à l'écart des harems, et pourtant, elle a vu les femmes là-bas, elle a vu la sensualité dans leurs gestes, la lascivité dans leurs attitudes. En cet instant, et pour le plaisir d'un Corleone, l'abyssinienne voudrait être une odalisque. En silence, elle pose la timbale, détache le lien qui finit la natte, et des doigts, démêle la chevelure dense. Plantée là, devant le baquet, la vierge sauvage hésite. Elle sait bien sûr ce qui va advenir, du moins, croit le savoir. Son corps a brûlé d'un feu nouveau pour lui, et ce sont les braises de ce feu, tapies dans le creux de son ventre qui se rallument à cet instant.

La main s'élève vers lui, et c'est déjà un aveu. Ces doigts sombres qui se tendent avec l'avidité de la jeunesse, cette poitrine qui s'élève sous le coup de l'émotion la plus ancienne.


« Dissipe l'ombre, Berhân.(*)»


(*) Lumière en amharique.
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♫ I'm waitin..♪
Gabriele.
Et elle prend la main. Pari gagné.

Sous mon regard à la fois protecteur et impatient, la Louve prend ses aises et des allures de meneuse. C'est une danse sensuelle qui se déroule devant moi et la voilà qui devient Reine de Saba, sur des notes orientales qui sonnent à mes oreilles comme un air de renaissance. Je la laisse me déshabiller, juste retour de l'effeuillage pratiqué sur elle quelques minutes auparavant, et découvrir par elle-même les merveilles que peuvent receler le corps d'un homme fait, taillé à l'image des Dieux grecs d'antan. Si les cicatrices qu'elle porte sont visiblement le résultat d'un combat enragé pour sa vie, je n'ai pas les mêmes prétentions. Mis à part les tatouages et la mèche blanche qui trahit le coup reçu à la tête lors de l'attaque tourangelle, la peau halée est vierge de toute cicatrice, hormis celle de la cuisse qui m'aura laissé un boitement presque imperceptible, mais assez présent pour me rappeler que j'ai une vengeance à obtenir, un jour ou l'autre. Apollon des temps modernes, David de ceux à venir, je la laisse prendre conscience. Si elle veut parcourir le monde dans l'espoir de découvrir des hommes à ma mesure, je sais déjà que la quête est vaine. Le Très-Haut – ou qu'importe le nom que l'on peut donner à ce Dieu – ne peut pas avoir fait deux fois la même merveille. Même mon frère jumeau ne pouvait pas se vanter de la même attraction que celle que j'exerce sur chaque femme croisant mon regard.

Tigist le réaliserait aussi, tôt ou tard.

Mon regard incandescent la suit lorsqu'elle recule, s'éloignant de moi en provoquant des frissons dont elle doit être loin d'imaginer être l'instigatrice. Le désir est bien présent, orgueilleux, fièrement dressé vers les cieux éthérés. Tel le Salomon des contes qu'elle m'a longuement décrit lors de nos soirées, j'observe cette Reine d'Abyssinie boire l'eau si précieuse, valant secret aveu de sa reddition. Elle se livre corps et âme, et m'offre cette candide innocence que je n'ai jamais réclamé tout en l'espérant silencieusement.
Ce soir, je me sens prêt. J'ai enfermé mes deuils et mes souffrances dans un coffre inviolable, juste pour cette soirée. Juste pour sentir une fois encore la vie circuler dans mes veines qui n'ont connues qu'amertume et regrets ces derniers mois, assaisonnés de quelques drogues pour revoir en songes ce que j'ai perdu. Plus de rêves, juste l'ici et maintenant à ressentir pleinement.

A moi d'oublier mon serment, puisqu'elle a étanché sa soif.

C'est l'ordre des choses. Je m'approche d'elle et scelle nos corps d'une étreinte peau contre peau, détonnant contraste de nos origines ethniques si éloignées et pourtant si proches en cet instant. Mes doigts clairs se glissent dans les siens, s'entrelaçant alors que nos lèvres se retrouvent à nouveau.
Le Destin.
Si mes croyances en une entité supérieure sont toutes relatives, je sais néanmoins que le Destin jusqu'alors, à travers toutes nos vies, m'a toujours uni à celle que j'appelle à juste titre « Eterna », car elle est celle que j'ai toujours voulu retrouver. Parce qu'à la vie, à la mort, était notre credo, la seule vérité à laquelle nous pouvions nous accrocher. Cette fois-ci, Il me l'a enlevée, et a décidé de me laisser seul. Du moins était-ce ce que je croyais dur comme fer. Pourquoi a-t-il décidé de mettre sur ma route cette étrangère venue de contrées aussi lointaines qu'énigmatiques et de faire en sorte que je m'attache à elle, que j'ai envie d'en découvrir plus encore ?
Lorsque mon plus grand désir était de fuir la réalité pour retrouver ma femme dans une vie parallèle et complètement inventée, je me surprends aujourd'hui à m'accrocher à ce présent.

Qu'importe le bain, je ne veux plus attendre. Sans rompre le baiser, je l'attire sur cette couche confortable qui sera l'unique témoin de l'événement à venir. Tout en l'y allongeant, je m'écarte pour mieux l'admirer, cette beauté exilée, avant d'entamer de délicieuses approches, du bout des doigts et des lèvres qui, semblables à la légèreté de la plume, effleurent la peau pour y dessiner arabesques et chemin du désir, menant irrémédiablement vers la Source de toute vie. Je me montre particulièrement attentionné envers elle qui n'a jamais connu que les prémices de l'amour charnel, ceux que j'ai bien voulu lui montrer jusque là, afin de ne pas la brusquer ou lui faire garder un mauvais souvenir de ce cadeau qu'elle me fait et que je ne veux pas lui faire regretter.
Les préliminaires sont lancés. De mes lèvres, je la prépare à m'accueillir, comme l'on répète avant le soir de la grande première. Chef d'orchestre perfectionniste et minutieux, je ne veux qu'aucune fausse note ne vienne se glisser dans la gamme. Tout doit être parfait. Je rythme mes assauts au son de ses supplications, nous accordons nos violons avant la grande symphonie. Puis finalement, elle est prête. Je le sais. J'en ai la certitude. Alors, m'allongeant au-dessus d'elle, liant nos peaux une fois encore, c'est d'un regard rassurant que je lance la mesure en unissant nos bassins dans une explosion des sens. La première note. Compositeur et interprète principal dans ce tourbillon de la vie.

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Tigist
Oublié le bain.

Cette main qu'il saisit dans la sienne, ces doigts qui s'enlacent, ce sont l'obscurité et la clarté qui s'embrassent. Ne voit-il pas l'évidence dans chacun des gestes ? Mais elle ne prendra pas le temps de lui dire, car déjà le Tatoué mène la charge avec une douceur irrésistible, et elle qui n'a jamais dansé, se retrouve prise dans un pas de deux qui la conduit jusqu'à ce lit tant espéré.

Là, couchée sous lui, elle ose un regard derrière le rideau des cils. De la courbe des cils à la ligne de la machoîre, chaque détail vient se graver dans la mémoire, cet homme est beau comme un dieu. Son homme. Etonnant quand on considère que l'abyssinienne avait envisagé d'être faite femme un jour par le Colosse en le faisant boire, plutôt que de rester vierge toute sa vie. L'image des deux hommes se superposent dans son esprit, un bref instant, et son cœur se retrouve pris dans un étau désagréable que Gabriele chasse de la caresse d'un doigt.
Fillette curieuse, elle avait assisté certaines fois aux leçons de ses frères, l'art de l'écriture avait eu sa préférence. Et là, de la pulpe du doigt, de la pointe de la langue, le Corleone lui écrit le plus doux des contes : Celui de deux amants qui se découvrent, celui d'une fille qui devient femme, d'une princesse qui devient reine.

Ô divin brasier qui s'empare de son corps quand ses lèvres l'embrassent, l'embrasent. Il vient cueillir au creux d'elle le plaisir sous sa forme la plus pure. Les ongles s'enfoncent dans la paille de la couche à travers les draps, et la tête se tourne sur le côté puis de l'autre, dépassée par ces secrets que son corps lui révèle sous le talent de l'italien. Elle s'attend à la splendide apothéose de la dernière fois, elle s'attend à cet éclat dans son corps, et il palpite ce corps, il attend quelque chose qu'elle ne connaît pas mais espère secrétement, il appelle et il sait.

Sereine, l'ambre vient capter l'émeraude quand le Tatoué prend sa place, prend ses aises en elle. Sereine mais un temps seulement, un pincement dans son ventre lui arrache un gémissement et une grimace, un pincement qui lui vaudra de s'enfoncer un peu plus dans la couche comme pour fuir.
L'abyssinienne jette un regard inquiet à son amant, et déjà la passion reprend ses droits, la douleur reflue lentement à chaque va-et-vient pour céder le pas au plaisir. Les mains qui jusque là, s'étaient accrochés à leur couche nuptiale, s'arriment aux épaules mâles.
Tigist n'est déjà plus tant innocente que cela, son corps ne l'est pas, son corps sait ce qu'on attend de lui, et mû par une force plus grande que lui, il répond aux assauts de l'italien, il s'accorde et le souffle haletant, elle pourrait s'émerveiller tant son corps lui va si bien. Tête renversée en arrière, elle aspire l'air et se moque bien de savoir si les gens autour, ont conscience de ce qui se passe dans cette chambre d'auberge, elle vit le plus grand des bonheurs.

Entre ses bras, elle est femme, entre ses cuisses, elle est pleine de lui. Alors qu'elle s'attend au même plaisir que le soir dernier quand il l'avait touchée, il y a au fond d'elle ce feu qui la dévore, qu'il fait naître à chaque coup de reins, et le jeune corps n'est plus qu'un arc qui se tend encore et encore jusqu'à la rupture, foudroyée par la décharge de plaisir. Des lèvres, un cri qui s'échappe et qu'elle étouffe dans le creux de son cou.
Ca vit, ça se resserre à l'intérieur d'elle, et c'est à peine si elle a conscience que Gabriele se retrouve pris dans les affres de la jouissance à son tour. Elle est subjuguée, c'est une offrande merveilleuse. Pourtant, ce membre qui palpite à l'intérieur d'elle la tire de sa transe et enfin, l'Abyssinienne voit son amant pour ce qu'il est vraiment.

Comment était-ce Tigist ? Parfait ? Tu l'as déjà dit. Divin ? C'est lui qui l'est. Délicieux ? Comme le goût de toi sur ses lèvres, sur sa langue. Tu avais promis de trouver le mot, mais voilà, c'est plus fort que toi, c'est plus fort que tout. C'est ..

La tête se repose sur l'oreiller, quelques mèches collées sur le front moite de sueur, et sur ce visage qui avait l'innocence des êtres primitifs, il y a une sagesse qui se dessine quand le sourire s'étire, la sagesse d'une femme qui sait à présent. Son envie de le sentir encore en elle, le dispute avec le petit pincement qui revient la rappeler à l'ordre, et elle remue un peu sous lui, légère grimace aux lèvres.

L'air de curiosité quand enfin, il se sera écarté et qu'entre ses cuisses, se mêleront, symbole fort s'il en est, le sang de son pucelage et la preuve de sa jouissance. Pas d'inquiétude sur sa face, rien que la sérénité et la béatitude, rien qu'une sensation délicieuse : l'après. Son corps la tiraille un peu, mais voilà, son esprit lui est embrumé encore, et elle renverse la tête en arrière, appuyée sur un coude, la poitrine se soulève encore un peu de ce traitement érotique.

Ce mot, Tigist, vient-il ? C'est ..


« Tu m'étais destiné. »

Pas de serment, pas pour la vie, pour cette nuit. La veille de son départ de Limoges, elle avait vu en songe l'antique reine de Saba, et désir adolescent ou prémonition de ceux de sa race, la noire amante du roi d'Israel lui avait confiée les bribes de son destin. Cet homme superbe qui venait de lui donner le plus grand des plaisirs, cet homme-là avait été mis sur sa route par la volonté de Dieu.
C'est cela son mot, ce n'est pas parfait ou divin, c'est inévitable. Et vivre sans cela, n'aurait pas été vivre tout à fait.

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♫ I'm waitin..♪
Gabriele.
Elle est infiniment belle. Elle est mienne. Cette Reine de Saba, allongée sous mon corps ô combien vigoureux. Je la sens qui se détend une fois les douleurs de l'hymen rompu passées, victime désignée d'une victoire programmée, après l'assaut primitif envers cette rivière que je remonte à contre-courant. C'est génétique. L''homme sait comment faire pour donner du plaisir à une femme, la femme sait réagir lorsqu'un homme s'immisce en elle pour la faire sienne. La Nature dans son état le plus brut.
Elle est femme. Non pas parce que j'ai déchiré à l'instant la dernière chose qui, physiquement, l'empêchait de l'être tout à fait, mais par tout ce qu'elle est, intrinsèquement, pour toute la sagesse qui transparaît dans ses paroles et dans son regard ambré qui m'hypnotisent bien souvent. L'évidence est là. Kismet disent les ottomans. Pourtant je m'entête à ne pas y voir là l'oeuvre de Dieu, alors qu'au fil des mois et des épreuves, j'ai fini par ne plus croire qu'en moi-même et au savoir acquis à force de lectures diverses. Aucune divinité ne s'amuserait à reprendre tous les cadeaux offerts.

Je connais les douleurs de la première fois. Je me suis renseigné sur celles-ci au fil de mes expériences. J'ai appris à les dompter pour les maîtriser et les faire s'évanouir le plus rapidement possible. Alors à son regard inquiet, je réponds par un sourire tendre et encourageant, sans cesser ce mécanisme d'allers et venues au sein du bas-ventre accueillant, s'ouvrant chaque fois un peu plus à moi. Je fais preuve d'une douceur rare chez moi, ma préférence allant généralement aux ébats bestiaux et intenses. Mais l'intensité est là. Dans nos regards, dans nos corps soudés l'un à l'autre qui s'apprivoisent pour se devenir indispensables. Sur nos lèvres qui se rencontrent, serpentines se caressant, mutines, sensuelles au possible.
Une harmonie totale. C'est cette note, parfaite, que cherchent les plus grands compositeurs du monde. Cette clé de voûte qui permet à l'ensemble de tenir. Grandiose architecture semblable à ce que le Divin a créé de plus beau. Rapprochons-nous donc des Cieux. Un peu plus près encore. Allons narguer ce Très-Haut qui ne peut se vanter d'avoir goûté ce que nous dégustons à présent. L'immatériel n'a pas que des avantages.

La mélodie s'emballe, le rythme change. Je profite des ondulations orientales pour m'ancrer plus profondément dans cet Eden qu'aucun n'a jusque là honoré. Plus vite, plus fort. Et au souffle saccadé de la Reine se mêle ma respiration courte et haletante. Crescendo. La hanche de l'Abyssinienne est torturée par mes doigts envieux lorsque je sonne la charge de l'assaut final.
Son être vibre intensément. Je sais qu'il est temps. Elle rend les armes dans une apothéose éclatante, palpitant autour de moi, se contractant tant et si bien qu'elle finit par m'emmener avec elle jusqu'au septième ciel, libérant l'offrande fertile dans la matrice secouée de spasmes tout en unissant ma voix à la sienne, nous laissant abasourdis, hagards, mais heureux. La tempête apaisée. Du moins, pour le moment. Pour quelques heures seulement.
Fauchés dans notre folle chevauchée, je finis par m'écarter d'elle, constatant la preuve de la défloraison farouchement entremêlée à notre jouissance commune. Et je réalise. J'ai rencontré une jeune fille, fragile et frêle, apeurée par le monde qui l'entoure. Je l'ai apprivoisé et rendu spéciale à mes yeux. La voici aujourd'hui femme fière et forte, louve au milieu des agneaux, Reine d'Abyssinie et d'ailleurs.


« - Kismet... »

Je l'aide à se redresser, délaissant les draps souillés pour la mener au baquet où l'eau, loin d'être aussi chaude que lors de notre arrivée, m'aidera à la laver du sang de sa pureté envolée et de la semence par trop abondante pour être entièrement contenue par le corps en proie à la force de gravité. Me voici serviteur, dévoué à sa toilette.

« - Voici mon conte, achevé pour le moment...à toi de me donner la suite du tien. »
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Tigist
Elle serait bien restée là, alanguie sur la couche, la tête alourdie de tout le bonheur qu'il a fait naître en elle. Les paupières lourdes, l'abyssinienne écoute son amant, un sourire fin aux lèvres. Déjà, il l'aide à se relever, et sous elle, les jambes sont faibles quand il la conduit au baquet qu'elle enjambe en se tenant à lui.
Du bout des doigts, elle vient cueillir le laiteux de sa semence et l'incarnat de son innocence sur sa cuisse, la considérant un instant avant de battre l'eau de la main souillée. Et dans ce bain, le plaisir d'être servie le dispute à la gêne que ce soit un homme si beau qui le fasse.

Et quoi Tigist ? Cela te cause-t-il tant de peine de n'être plus si pure ? Pas le moins du monde. A l'autre bout du royaume, certaines en sont à se demander si elles peuvent céder un baiser quand toi, tu cèdes ta virginité.

Ces mains qui lui ont causé si grande jouissance en sont à nettoyer de ce corps les reliquats de leurs ébats. A la requête, elle esquisse un sourire, et elle qui jusque là était face à lui pour le laisser officier, se retrouve appuyée contre lui dans ce bain qui tiédit de les avoir trop attendus.
Ils ne sont plus à Bordeaux, déjà. Ils sont en Perse, ils sont dans la chambre de Schahriar et l'éthiopienne se fait reine aux mille et une nuits.


«  Ton conte, Berhân, donc. Pendant que le marchand et le vieillard qui conduisait la biche s’entretenaient, il arriva un autre vieillard, suivi de deux chiens noirs qui les salua et leur demanda ce qu'ils faisaient ici. Le vieillard qui conduisait la biche lui apprit l’aventure du marchand et du génie, ce qui s’était passé entre eux, et le serment du marchand. Il ajouta que ce jour était celui de la parole donnée, et qu’il était résolu de demeurer là pour voir ce qui en arriverait, commence-t-elle, tandis que les doigts tracent dans l'eau des arabesques obscures qui agitent l'onde. « Le second vieillard, trouvant aussi la chose digne de sa curiosité, prit la même résolution. Il s’assit auprès des autres ; et à peine se fut-il mêlé à leur conversation, qu’il survint un troisième vieillard, qui, s’adressant aux deux premiers, leur demanda pourquoi le marchand qui était avec eux paraissait si triste. On lui en dit le sujet, qui lui parut si extraordinaire, qu’il souhaita aussi d’être témoin de ce qui se passerait entre le génie et le marchand. »

Un sourire aux lèvres alors que le charme s'opère de nouveau, la conteuse se tourne pour faire face son public et les mains s'élèvent mimant un nuage épais.

« Ils aperçurent bientôt dans la campagne une vapeur épaisse, comme un tourbillon de poussière élevé par le vent ; cette vapeur s’avança jusqu’à eux, et, se dissipant tout à coup, leur laissa voir le génie, qui, sans les saluer, s’approcha du marchand le sabre à la main, et le prenant par le bras, disant cela elle saisit le bras de son amant et d'une voix qu'elle veut grave et terrifiante. « Lève-toi, lui dit-il, que je te tue, comme tu as tué mon fils. » Le marchand et les trois vieillards, effrayés, se mirent à pleurer et à remplir l’air de cris.. »

Là, elle s'arrête, pas parce que le jour se lève comme l'aurait fait Shéhérazade, mais parce que sur la peau d'ébène se dresse des petits picots.

« L'eau est froide. »

Tant pis si Gabriele crie au scandale parce qu'une fois encore, elle s'est arrêtée en plein milieu du conte, l'abyssinienne se redresse dans le baquet, impudique avant de l'enjamber pour se saisir d'un drap et se sécher sommairement. Sans précipitation, elle regagne la couche prenant soin d'éviter de se coucher sur la tâche humide. Alanguie, odalisque d'ébène, si elle offre un spectacle charmant pour l'homme qui partage ses nuits, il n'en demeure pas moins que c'est lui qui est dévoré du regard par l'adolescente qui ne s'en cache même pas.
Le Corleone a conscience de ses charmes, et le regard d'ambre qui détaille chaque pouce de son corps sculptural ne saurait ternir la grande estime qu'il a de lui-même quand il sort à son tour de l'eau. De la pointe de l'index, elle l'enjoint à la rejoindre, et sur cette couche souillée dont ils font si peu de cas, les mains se joignent, la jeune femme vient poser sa tête sur le torse du Tatoué.


« As-tu déjà traversé un désert ? Il me semble que les derniers mois n'ont été qu'un désert de terreurs, et tu es arrivé, porteur de l'eau précieuse. Le calme après la tempête.. »

Et pourtant, qui entrerait dans la chambre à ce moment-là, croirait à une tempête de stupre qui a déferlé sur la couche. La crinière sombre éparpillée lui fait une couronne, et la main libre glisse sur le ventre plat du Corleone. C'est un autre conte qu'elle lui cède d'une voix sourde aux accents de la terrifiante Abyssinie de son père.

« Ababa a fait tuer deux de mes frères le jour où j'ai quitté Debra-Berhân, souffle-t-elle, deux frères dont elle ne parle jamais, pas parce qu'ils sont issus d'une autre femme que sa mère ou la mère de Meseleh qui l'a éduquée, deux frères qui sont morts et qu'elle n'a pas assez aimé, qu'elle a bien souvent chahuté, qui ont été délaissés quand Amama est entrée dans la vie de Zara Yakob. Et moi, je croyais que c'était lui qui avait demandé à ces hommes de m'enlever. »

Combien de nuits as-tu passé Tigist à rêver que d'horribles mains d'hommes t'attrapaient pour te jeter à fond de cale à peine nubile ? Jusqu'à l'arrivée d'Eikorc et sa force brute. Et de nouveau l'abandon, la solitude. Les hommes se sont mêlés aux loups dans tes cauchemars, mais les hurlements dans le noir étaient les mêmes.
Tu voudrais lui raconter comment il t'a sauvée de la terreur, mais les mots te manquent. Tu voudrais lui expliquer le calvaire d'une esclave sur la route des marchands, la mer et ses tourments. Les maladies et les morts à Damas, et le syrien.. Les mots restent bloqués dans ta gorge, vous êtes nus et pourtant, il y a encore un palier à franchir pour l'intimité la plus complète.
Tu lui cèderais ton âme et ton avenir pour la certitude qu'il chassera tes démons. Tu lui cèderais ta vie et ton corps pourvu qu'il taise les angoisses et dissipe les ténèbres.
C'est le Destin qui te l'a offert. Mais c'est toi qui l'a choisi.

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♫ I'm waitin..♪
Gabriele.
Face à elle, j'entre à mon tour dans l'eau dont la chaleur est d'ores et déjà discutable, la faute à notre introduction aux plaisirs de la chair qui aura sans doute trop traînée en longueur. Qu'importe, ce bain-ci ne serait dédié qu'au nettoyage des corps et pas à la détente initialement prévue. Nous aurons choisi une autre méthode pour cette dernière, toute aussi efficace cela dit.
Du plat de la main, j'efface les traces qui ornent la peau sombre, autant de témoignages de l'hymen que je me suis approprié uniquement afin de le rompre. Douce perspective que j'ai, me semble-t-il, accomplie avec brio. On ne change pas un homme talentueux. Je m'envoie des fleurs, conscient de mes propres charmes et des miracles que je suis capable d'accomplir, ouvrant des portes jamais entrevues jusqu'alors, et que bien peu doivent être en mesure de franchir. Maître dans ma catégorie, je peux rivaliser avec les plus grands séducteurs du monde. D'où pensiez-vous qu'est né le mythe de Don Juan ? Ils sont tous bien pâles à côté de moi.
Promis, je vais travailler sur la modestie. Avouez que nettoyer mon œuvre n'aide pas.

Finalement, nous nous installons, elle contre moi. Place au conte, l'une de ces mille et une nuits que chaque soir elle me dévoile. Cette histoire particulièrement a su éveiller ma curiosité. Perplexe, je suivais depuis plusieurs jours déjà l'histoire de ce génie dont le fils a été tué par un marchand. Le marchand devait payer de sa vie, jusque là tout m'avait semblé logique. Si l'assassin de mon enfant m'était livré, celui-ci subirait mille tourments avant de pouvoir aspirer à la paix du repos éternel. Le sentiment de pitié m'est complètement étranger. Imaginez ma réaction lorsque j'apprends que le génie a laissé à cet homme le droit de mettre ses affaires en ordre avant de revenir affronter sa mort. Je suis outré. Tant de miséricorde de la part d'un génie m'accable. Le reste du monde est-il donc faible à ce point ?
J'attendais la chute avec impatience, conscient que l'Abyssinienne devait sûrement trouver ce petit jeu fort à son goût, faisant volontairement traîner le cours du conte pour garder mon attention à son plus haut niveau. Peu importe, tant que l'on en arrivait finalement à la punition du marchand. Les vieillards ne seraient que des témoins de plus à ce qui devait advenir. Le meurtrier d'un enfant ne peut pas décemment s'en sortir vivant. Du moins en suis-je persuadé.

Me voici subjugué par la mise en scène de mon amante, les oreilles et les yeux grands ouverts pour suivre le déroulement de l'exécution, alors que le génie rejoint le petit groupe, éveillant ainsi leurs lamentations. Qu'il en finisse, qu'il tue l'homme qui lui a pris son héritier. Je l'attends, le coup final qui sonnera le glas de la vengeance, affamé de sang et amer de ne pas avoir pu venger la mort des miens. Mais la Noire en a décidé autrement, à nouveau, elle me coupe dans mon élan, ne réussissant qu'à me tirer un
« - Tigist ..??! » résonnant comme une supplication pour avoir la suite de l'histoire. Elle joue avec moi, la garce, et je crois que j'aime ça. J'en suis même certain.
Je l'observe, cette Nuit inconsciente de la lumière qu'elle peut elle-même cacher, sortant sans pudeur de l'eau devenue effectivement bien trop froide pour pouvoir continuer à barboter, exhibant les charmes dont elle n'a même pas conscience, se pensant monstre lorsqu'elle n'est autre qu'une Aphrodite aux accents d'Orient. Mon regard sans vergogne détaille chaque partie d'elle, glissant sur les cicatrices en les voyant à peine, celles-ci ne parvenant aucunement à entacher la beauté d'ébène que je m'empresse de rejoindre sur notre couche pour la couver de mes bras, lui offrant le confort de mon torse lorsque je me fais silence pour pouvoir l'écouter.


« - J'ai traversé bien des déserts. Le même que le tien a rythmé mon quotidien ces derniers mois. La douleur du deuil et de l'absence, la drogue qui fait perdre toute notion de réalité et qui pourtant nous y ramène sans cesse. Les déserts sont nombreux, Tigist, ils sont autant d'obstacles sur la route que nous devons parcourir. Mais il faut voir le bon côté des choses...Il y a toujours au moins une oasis dans un désert. »

Les confidences continuent d'affluer. Les épreuves vécues par l'amante sont nombreuses, et j'en ai conscience. Je sais qu'elle a vécu l'esclavage, qu'elle a été chassée par sa propre famille, son fou de père pensant à un complot. L'homme, le sultan, je m'imagine le tuer chaque fois que je vois cette souffrance sur le visage de la Noire qui, malgré la distance, vit encore dans la peur des représailles. J'ai imaginé autant de plans que Shéhérazade n'a raconté de contes pour sauver sa vie. Seulement les miens impliquent empoisonnements et meurtres de sang froid. Que ne ferais-je pas pour que l'angoisse quitte les yeux ambrés de cette beauté d'ébène. Même décimer un Royaume entier est à ma portée pour ces beaux yeux couleur d'été.
Que dire pour répondre à ses craintes et aux souvenirs atroces qui ont rythmés son passé ?
« - Plus personne ne t'enlèvera, Tigist. Je suis là pour te protéger. Tout ceci appartient au passé...Ton présent est bien plus lumineux. » Et me voilà à ponctuer ma phrase de baisers endiablés. Ou comment dire, en d'autres termes, que je suis bel et bien présent avec toi, belle Nuit, pour toi. Assez de mots, je t'attire au-dessus de moi pour te faire découvrir une autre facette de l'amour charnel. Car elles sont innombrables et qu'il nous faudra au moins toute une vie pour les expérimenter dans leur ensemble. Soyons raisonnables, néanmoins, pour cette fois, et laissons l'exotisme pour les prochaines, toi qui découvre tout juste ce vaste monde. Je la guide, au rythme de nos soupirs renaissants, et souligne mon désir d'une phrase non-équivoque, agrémentée d'un regard brûlant.

« - Il me semble que tu te dis bonne cavalière...Montre-moi. »
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Pour toute réclamation, merci de vous adresser à LJD Tigist
Tigist
[Même chambre, 597 jours soit 1 an, 7 mois et 19 jours plus tard.]


Pas mille et une nuits, même pas six cents.
Mais chacune d'elle aussi intense que la précédente, pas nécessairement parce que leurs étreintes sont passionnées, certaines fois la nuit était le domaine des pleurs ou des rancoeurs. Mais aucune d'elles n'a été le théâtre de la monotonie.
L'Abyssinienne avait, un temps, arrêté les contes. La faute à la vie, à la mort, et aux troubles qui avaient secoué leur vie à tous les deux. Les troubles se sont tassés, et elle les a repris plus vivement qu'auparavant, les enchaînant même parfois par deux ou trois, mangeant les nuits, volant à la lune quelques minutes d'éternité supplémentaire.

Dans un coin de la chambre, un lit de fortune miniature est monté dans lequel dort du sommeil du juste un nourrisson d'un an. Au sol, il y a des éclaboussures d'eau tout autour du baquet qui traîne dans la pièce, elles mènent jusqu'à la couche parentale aux draps chiffonnés.
Une jambe repliée sur les jambes masculines, Tigist rêvasse, profitant des instants de repos qui lui sont accordés. Du bout des doigts, l'éthiopienne dessine la carte de leurs étoiles sur le torse musclé de l'italien.
L'ambre accroche chaque détail de la chambre, cherchant ce qui a changé depuis leur dernier passage dans cette chambre, profitant qu'un rai de lumière force le passage dans la pièce. Ils n'ont pas attendu la nuit cette fois-ci.
Leur ordinaire dans l'extraordinaire de leur vie : La passion, le bain et un conte. Dans l'ordre ou le désordre. Pour cause, quel désordre dans la chambre.

Place au conte.


« Te souviens-tu Berhân du calife Haroun Alraschid dont je te parlais hier, il y avait à Bagdad un pauvre porteur qui se nommait Hindbad. Un jour qu’il faisait une chaleur excessive, il portait une charge très-pesante d’une extrémité de la ville à une autre. Comme il était fort fatigué du chemin qu’il avait déjà fait et qu’il lui en restait encore beaucoup à faire, il arriva dans une rue où régnait un doux zéphyr et dont le pavé était arrosé d’eau de rose. Ne pouvant désirer un lieu plus favorable pour se reposer et reprendre de nouvelles forces, il posa sa charge à terre et s’assit dessus auprès d’une grande maison, racontant cela, elle s'étire pour se redresser et s'adosser au mur contre le lit. Il se sut bientôt très-bon gré de s’être arrêté en cet endroit, car son odorat fut agréablement frappé d’un parfum exquis de bois d’aloès et de pastilles qui sortait par les fenêtres de cet hôtel, et qui, se mêlant avec l’odeur de l’eau de rose, achevait d’embaumer l’air. »

Et Dieu seul sait combien il est aisé pour un médecin amateur de botanique de s'imaginer la scène, de ressentir les odeurs dont elle parle. Comme ils se sont bien trouvés tous les deux..
Du coin de l'oeil, elle surveille que l'auditoire suive bien le déroulement de l'histoire.

« Il entendit alors en dedans un concert de divers instruments, accompagnés du ramage harmonieux d’un grand nombre de rossignols et d’autres oiseaux particuliers au climat de Bagdad, elle marque un temps d'arrêt et se met à siffler un air approchant. Cette gracieuse mélodie et la fumée de plusieurs sortes de viandes qui se faisaient sentir, lui firent juger qu’il y avait là quelque festin, et qu’on s’y réjouissait. Il voulut savoir qui demeurait en cette maison, qu’il ne connaissait pas bien, parce qu’il n’avait pas eu occasion de passer souvent par cette rue. »

Dans le petit lit, ça s'agite légèrement, rien d'étonnant à cela, aller comprendre comment l'enfant fait pour s'endormir quand ses parents s'adonnent à leur activité préférée. Et nouveauté du moment, le nourrisson de se dresser sur ses jambes pour observer le duo, alors avec un sourire, elle reprend de plus belle, tant pour l'époux que pour le fils.

« Pour satisfaire sa curiosité, il s’approcha de quelques domestiques, qu’il vit à la porte, magnifiquement habillés, et demanda à l’un d’entre eux comment s’appelait le maître de cet hôtel. « Hé quoi ! lui répondit le domestique, vous demeurez à Bagdad, et vous ignorez que c’est ici la demeure du seigneur Sindbad le marin, de ce fameux voyageur qui a parcouru toutes les mers que le soleil éclaire ? » Le porteur, qui avait entendu parler des richesses de Sindbad, ne put s’empêcher de porter envie à un homme dont la condition lui paraissait aussi heureuse qu’il trouvait la sienne déplorable. L’esprit aigri par ses réflexions, il leva les yeux au ciel, et dit assez haut pour être entendu : « Puissant créateur de toutes choses, considérez la différence qu’il y a entre Sindbad et moi : je souffre tous les jours mille fatigues et mille maux, et j’ai bien de la peine à me nourrir, moi et ma famille de mauvais pain d’orge, pendant que l’heureux Sindbad dépense avec profusion d’immenses richesses et mène une vie pleine de délices. Qu’a-t-il fait pour obtenir de vous une destinée si agréable ? Qu’ai-je fait pour en mériter une si rigoureuse ? » En achevant ces paroles, il frappa du pied contre terre comme un homme entièrement possédé de sa douleur et de son désespoir. Elle frappe du plat de la main, pour appuyer les propos de l'homme jaloux. Il était encore occupé de ses tristes pensées, lorsqu’il vit sortir de l’hôtel un valet qui vint à lui et qui, le prenant par le bras, lui dit : « Venez, suivez-moi ; le seigneur Sindbad, mon maître, veut vous parler. »

Elle aurait pu continuer ainsi longtemps, conteuse émérite si Menelik n'avait manifesté son éveil plus vigoureusement. Alors l'Abyssinienne se lève et rejoint le petit lit, se saisit de la progéniture et le ramène dans le lit à leurs côtés.
Heureuse, elle l'a dit. De le savoir libéré de ses penchants dangereux, de les savoir réunis.

Ce qui a changé dans cette chambre ? Ce n'est pas comme avant, c'est mieux qu'avant. Car ils sont tout aussi jeunes, beaux qu'alors, mais plus aimants, plus libres qu'auparavant.

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♫ I'm waitin..♪
Gabriele.
    597 jours, soit 1 an, 7 mois, et 19 jours plus tard


Tout autant de nuits. Pourtant, je ne me suis jamais lassé de cette présence au goût d'ailleurs. Tigist devenue Corleone par la force du destin, pour ponctuer nos amours et nos déchirements de cette phrase : « Pour le meilleur, et pour le pire ».
Pour le meilleur, nous nous sommes unis dans une église que j'ai même fait l'effort de ne pas crâmer tout de suite. Pour le meilleur, l'amour, la force, la tendresse et cet enfant qui fait notre fierté à tous les deux. Cet enfant qui a été conçu ici-même, dans cette chambre d'auberge qui a connu notre première fois. Ce fils métis qui a fait ses premiers pas dans le monde quelques heures plus tôt.
Kismet.
Pour le pire, nous avons subi les tempêtes propres à chaque couple – que soit foudroyé celui qui dirait le contraire -. Nous nous sommes blessés, de ces blessures à vif qui ne se referment jamais vraiment. Nous avons crié, hurlé, pleuré. Nous avons eu l'impression de mourir de douleur. Déchirés, nous n'avons dû notre Salut qu'à l'intervention d'un père tombé au bon moment.

Sur le fil, il me semble parfois être le funambule qui menace à chaque instant de perdre l'équilibre, tout en le retrouvant toutefois, in extremis.

Multitudes de nuits, et autant de vies.
Naissances et morts sont venues rythmer nos paysages. Jamais trop longtemps un long fleuve tranquille, c'est qu'il ne faudrait pas trop s'habituer au bonheur. Trop d'amertume, trop de ressentiments, et ce nouveau départ qui contrebalance tout.
Bordeaux comme première destination, comme une évidence. Un groupe restreint, mais qui permet de se sentir en vie. Vraiment en vie. Et les désirs qui reviennent. Les envies de meurtres, de carnages amenés avec subtilés, le vol. Le sadisme n'est jamais bien loin, malgré les apparences trompeuses.
Mais avec cette femme, le centre de tout, impossible de penser à ces loisirs-ci. Les seuls qui importent sont ceux qui, charnels, nous rapprochent au plus près l'un de l'autre, pour brûler d'un feu commun.

L'arrivée à Bordeaux signifie pour moi l'envie de vivre à nouveau l'insouciance dont nous nous abreuvions, 597 jours plus tôt. Je l'ai exigé : un bain, un conte, et ma femme. Je ne lui ai pas laissé le choix, pour autant, il ne me semble pas qu'elle ait été contre.
Ce bain a été une bénédiction. Quelques gouttes d'eau de rose ont suffi à me ramener aux rêves d'Orient.
Cheveux détachés, muscles entièrement détendus après avoir honoré cette femme bien loin de l'enfant qu'elle était, je me laisse aller à vivre l'instant. Un bras autour d'elle, allanguie contre moi avec une indécence toute assumée, je parcours du bout des doigts les courbes qui l'affirment épanouie, qui l'annoncent mère. Et quelle mère. Louve pour ses enfants, je me l'imagine parfois égorgeant le malheureux qui s'approcherait trop d'eux. Quelle excitation cette idée peut avoir le don de me causer.

Les contes qui ponctuent parfois nos nuits me captivent toujours autant. Attentif, je me nourris des mots aux tonalités étrangères qui s'échappent de ses lèvres. Sindbad le marin. Les hommes, de tout temps, ont convoité les richesses des autres. N'est-ce pas là, la cause de tous les maux de l'univers ? Des guerres et des meurtres ? Chaque acte de cruauté, de revendication, est né en premier lieu d'une convoitise, si infime soit-elle.
Mais le fil de mes pensées est interrompu, en même temps que le conte, alors que l'enfant manifeste le désir de nous rejoindre. Cet enfant ne dort décidément jamais bien longtemps. Tristesse. Je viens de voir s'envoler la deuxième manche, que je pensais lancer, à la fin de ce conte. Il faut absolument que j'apprenne à ce bambin la notion de patience. « Laisse papà et mamma terminer leur petite affaire avant de réclamer notre présence, petit monstre ! », telles auraient pu être mes paroles ; mais elles m'auraient sans doute valu un regard noir de la Noire.
Peu vindicatif envers ma Merveille, je pose ma main sur lui avant de reporter mon attention sur sa Mère.


«  - Le porteur aurait très bien pu régler son problème en volant Sindbad. En tuant ceux qui se trouvent sur son passage, le marin compris. Cela aurait été bien plus simple. Ils cherchent toujours à faire compliqué. »

Bah quoi, logique, non ? On est Corleone ou on ne l'est pas.
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Pour toute réclamation, merci de vous adresser à LJD Tigist
Tigist
[♫ Master Chef de la zikmu tahvu ♪]

Avisant la main du chérubin à la peau d'or qui s'approche d'une des tresses, l'éthiopienne rabaisse la petite main pour l'accrocher sur le chiffon puant qui était autrefois une chemise de Gabriele, et que le petit ne veut plus lâcher au désarroi de ses parents.
On en est là du bonheur. A mi-chemin entre l'attention portée à un tyran miniature qui s'attache à défaire chacune des coiffures de sa mère et les remarques pragmatiques d'un mercenaire qui ne comprend pas le principe d'un conte.
On est bien, n'est-ce pas Tigist ?

Un sourire étincelant à son époux alors qu'elle secoue la tête, amusée.


« Et alors l'histoire serait déjà terminée. Laisse-moi finir, tu dérespectes tout à fait la mémoire de Sindbad, et Menelik veut son histoire aussi. »

Museau dressé de la progéniture qui plutôt que de comprendre, n'a entendu que son prénom et sourit à l'abyssinienne avant que de se lover contre elle.
Il n'en faut pas plus à Tigist pour raconter alors comment le porteur s'était retrouvé dans une grande salle de réception où un vénérable vieil homme siégeait entouré de tous, et comme celui-ci l'avait si bien accueilli en lui faisant servir comme à un frère les mets sur la table.
Des mains, elle enjolive, elle grossit le trait, les tables débordent de victuailles.


« Et le pauvre porteur ne sut quoi répondre quand l'ancien marin devenu un homme riche lui demanda de lui répéter ce qu'il avait dit plutôt dans la rue. Il fallut bien pourtant qu'il s'y plie, et à quoi Sindbad prit à parti toute la compagnie présente avec eux, pour leur tenir à peu près ces mots "Vous vous imaginez sans doute que j’ai acquis sans peine et sans travail toutes les commodités et le repos dont vous voyez que je jouis. Désabusez-vous : je ne suis parvenu à un état si heureux qu’après avoir souffert durant plusieurs années tous les travaux du corps et d’esprit que l’imagination peut concevoir. Oui, mes seigneurs, ajouta-t-il en s’adressant à toute la compagnie, je puis vous assurer que ces travaux sont si extraordinaires, qu’ils sont capables d’ôter aux hommes les plus avides de richesses, l’envie fatale de traverser les mers pour en acquérir. Vous n’avez peut-être entendu parler que confusément de mes étranges aventures et des dangers que j’ai courus sur mer dans les sept voyages que j’ai faits, et, puisque l’occasion s’en présente, je vais vous en faire un rapport fidèle ; je crois que vous ne serez pas fâchés de l’entendre. »

Un conte dans un conte, les prémices de l'inception par Tigist, et déjà contre son sein, le nourrisson est reparti au pays des songes. Alors, elle se lève précautionneusement, aidée en cela par les années de cavale sur les routes, par la discrétion qui va de paire avec leur condition, et le repose sur la petite couche.
Un instant, elle considère cette extension d'eux-même, ce nez fin mais si petit, ce teint mordoré à mi-chemin entre le teint halé de l'italien, et le sien si sombre. Les doigts fins glissent dans les boucles crépues mais plus claires que les siennes. Et chaque soir, elle repousse les angoisses concernant le lourd fardeau qui repose sur les épaules de cet enfant, et si, et si.. Un soupir qui chasse toutes les terreurs, et déjà la voilà qui fait demi-tour pour rejoindre la couche parentale devant laquelle, elle s'arrête, admirant l'homme nu qui lui fait face.

Tu n'es plus si farouche Tigist, comment t'a-t-il appelé ? Sa sauvage douce. De petit être terrifié, tu es devenue une femme pleine d'assurance, et tu lui dois moitié plus de tout ce que tu aurais pu obtenir au fil des années par tes propres moyens.

Aimant le sourire sur les lèvres, mais taquin aussi, quand les genoux se posent sur le drap et qu'avec lenteur, à la manière d'un félin, l'abyssinienne rejoint son homme pour s'installer à califourchon sur lui sans autre forme de procès.


« Je suis sûre que Shahryar n'aurait jamais coupé la parole de la sorte à Shéhérazade, tu fais un roi très irrespectueux. »

Disant cela, les mains s'égarent sur le torse, sur les hanches, les cuisses, et au passage, les ongles accrochent la peau doucement, comme un rappel. Sauvage et peu disposée à ce qu'on lui cache le plaisir de conter sans être interrompue.
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♫ I'm waitin..♪
Gabriele.
Je ne suis pas un homme qui aime tourner autour du pot. Mon métier, et l'expérience que j'en ai tiré, me force à chercher la solution la plus efficace, à aller au plus rapide pour éviter les ennuis. Car, c'est bien connu, un mercenaire qui traîne trop sur la scène de son méfait risque fort de passer un mauvais quart d'heure. Sans être d'un naturel trouillard, je préfère éviter ce genre de contre-temps, fâcheux lorsque des plans sont en marche.
Alors un conte, forcément...Si j'aime à prendre mon temps avec la sublime Noire à mes côtés, les histoires font toujours naître en moi une multitude de questionnements et de réflexions concernant la marche à suivre, la meilleure stratégie à adopter. Je ne sais pas, et ne saurai sans doute jamais, ne pas réfléchir. Accepter les situations comme elles viennent, sans me torturer le cerveau avec.
Impossible. Ce ne serait pas digne de moi.
Étrange paradoxe ?(On vous l'avait pourtant dit, que cet homme est une plaie.)

Je me suis arrangé pour éviter de lui dire que la mémoire de Sindbad le marin est bien le dernier de mes soucis, n'ayant aucune envie de créer un conflit que je pourrais regretter par la suite. Puisque je me tue à vous dire que je veux jouer cette deuxième manche avec mon épouse, ce n'est quand même pas pour me retrouver seul dans cet immense lit, bien que la perspective de ne pas avoir de pieds froids collés contre ma peau la nuit ne soit pas des plus dérangeante - c'est une blague, j'aime tes petits pieds froids.
Soyons réalistes, sans cette femme, je ne serais pas grand chose. Heureusement qu'elle est là pour me supporter, et me sortir du trou quand je m'y engouffre les deux pieds joints. Vraiment. Vous a-t-on dit que derrière chaque grand homme se trouve une femme ? Ça n'a jamais été si vrai que dans mon cas. Sans cette femme, le monde entier serait sans dessus dessous - surtout sans dessous, d'ailleurs.
Mon monde, en particulier.
Alors je la chéris, comme on chérit ses trésors les plus précieux, les plus fragiles. Car, ne nous voilons pas la face, nous sommes sans cesse en équilibre sur un fil tendu, à voguer entre amour et lassitude. Bien sûr, je suis conscient de mes excès, je suis conscient d'être insupportable. Mais n'est ce pas ce qu'implique l'amour ? Nous faisons avec, toujours proches du point de non-retour, mais sans toutefois le franchir.

Que disait-on, déjà ? Ah, oui, l'histoire. Tellement occupé à l'admirer, à la détailler sous toutes les coutures, comme si c'était la dernière fois, j'avais très légèrement décroché.
...Sans peine et sans travail...
Ah oui ! Nous en étions là du récit.
Ainsi donc, ce marin a subi mille tourments pour en arriver à un état de richesse. Dommage qu'il n'ait pas vécu à notre époque. Je l'aurais embarqué avec moi pour lui montrer qu'il est possible de se remplir les poches sans fournir de grands efforts. Mais, encore une fois, le marin a voulu prendre des chemins de traverse.
A nouveau, la Noire s'interrompt, avant que je n'ai eu le temps de le faire cette fois. Le regard suit le sien pour se poser sur le petit être endormi, puis sur l'épouse qui va le ramener dans son lit. L'envie de me frotter les mains est forte. Nous allons ENFIN pouvoir reprendre où nous étions arrêté.


« - Tu as raison. Je mérite vraiment d'être puni pour t'avoir interrompu, Reine de mon cœur. Punis donc ton cher mari en conséquences. »

Roi très irrespectueux, je me livre au châtiment céleste de l'autorité suprême. Je me laisse grimper dessus, caresser, griffer, et autant de punitions pouvant passer dans l'esprit inventif de mon épouse. Mais rapidement, je reprends le dessus, dans une nouvelle danse endiablée, où le sombre se mêle à la lumière, où toutes les ombres sont dissipées.
L'honorant comme il se doit, nous finissons l'un et l'autre peu ou prou dans la même position qu'initialement. Corps emmêlés, regards baladeurs, tout autant que les mains d'ailleurs. Reprenant mon souffle, je dessine son corps de mes mains, effleurant certaines courbes, en empoignant d'autres.
Je m'arrête sur la poitrine, corne d'abondance des désirs, mes mains venant englober les deux monts comme une carapace.


« - J'aime ton corps. Il a changé depuis le premier jour, mais je l'aime. J'aime tes hanches qui se sont élargies, j'aime ton ventre, j'aime ta poitrine, surtout depuis quelques jours, je trouve qu'elle a... »

What ? Wait. Je détaille le corps de ma magnifique femme, le transposant avec la même image mentale, trois semaines plus tôt.
Et là. C'est le drame. Dans mon esprit dérangé, tous les liens se font, mécaniquement, sans même que j'ai la moindre influence sur le processus.


« - Attends...Tu...Tu n'as pas saigné depuis quand..? No. Ce n'est pas possible...Pas encore...»

Non. Non. NON. Pas possible. J'ai pourtant pris toutes les précautions, non ? Pas encore. Je ne pourrais pas affronter ça. Pas encore.

Comme si on pouvait affronter la nature.
Elle est enceinte. Encore.
Et l'enfant va mourir. Encore.
C'est sûr, c'est obligé.
Je me redresse de la couche conjugale, pour me rhabiller sans dire un mot, essayant d'absorber la nouvelle, bien difficilement. La solution ?


« - Il faut qu'on aille boire. Beaucoup. Vite. »
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