Alors que les invités commençaient à arriver, Paimbohé, dont la préoccupation première était l'estomac, se dit :
Oh mais va falloir nourrir tout ce monde !
Sandino, mon Pral, je pars à la pêche ! C'est pas avec six truites qu'on va rassasier ce monde !Il déchargea la barque de sa charrette et la poussa à l'eau. Avant d'embarquer, il prit bien soin d'y charger lignes, hameçons, appâts et subsistance.
Une barque sur la mer ? N'est-ce pas un peu risqué ? Non point ! Quand on a traverser, pour la première fois, la Méditerranée, sans trop de connaissances en navigation, on n'a plus peur de rien !
Et puis, la mer était idéale en ce jour, pas de grosses vagues et le vent était quasiment nul. Le gros bonhomme tira sur les avirons pour s'éloigner de la côte.
Quand celle ci ne fut plus qu'une petite ligne verdoyante, Paimbohé se mit en pêche. La barque se faisait ballottée gentiment par les vagues.
Les lignes de fond, appâtées avec des morceaux de fromage, il les remonterait en dernier, les autres,
Il suffirait de surveiller la tension du fil.
Si çà tire, c'est qu'il y a quelque chose au bout !Outre quelques rascasses suicidaires et nombre de bars dépressionnaires, il remonta en quelques heures, des algues, un vieille botte occupées par des crevettes, un bouteille cachetée avec un message indiquant:
« Je suis ici ! Venez me chercher !
Signé Robinson Crusohé »
Ohé ? Ohé ? C'est peut-être un cousin ! Crusohé, Paimbohé, çà fini pareil !
Bah, il peut bien attendre encore un peu, j'ai autre chose à faire !Il rejeta les algues, et la bouteille mais garda la vieille botte qui servirait de vivier pour les crevettes.
C'est alors qu'il aperçut une nef battant pavillon génois qui voguait vers lui.
Alors, il fit des grands signes de la main pour en saluer l'équipage. La politesse çà ne coûte rien, même en mer.
Sans doute que le capitaine crut que Paimbohé était en difficulté sur son frêle esquif, il fit un détour pour venir aux cotés de la barque.
Sans doute, également qu'il s'aperçut qu'il n'en était rien alors, il lança quelques mots en italien à l'attention du pêcheur.
Gnagnagnagnagna
Ça, Paimbohé ne comprit pas
Gnagnafan culo !L'italien et Paimbohé, çà faisait deux mais avec un peu de réflexion il traduisit comme tel :
Fan, çà doit vouloir dire vent.
Culo : en terme marin Culer, çà veut dire reculer.
Doit vouloir dire qu'il a vent arrière !
Alors le gros bonhomme lui répondit, les deux mains en porte-voix :
Oui ! Moi aussi ! De dépit, le capitaine génois hocha la tête. Il fit lancer une échelle de corde par dessus bord et invita le pêcheur à monter.
Quand on est invité quelque part, on ne vient pas les mains vides. Paimbohé pris soin de remplir sa besace et grimpa sur le bateau.
Un fois sur le pont, il sortit une bouteille de Châteauneuf-du-Pape glanée sur la route, fit sauté le bouchon de cire et la tendit au capitaine, il en fit de même pour l'équipage et ne s'oublia pas.
Sasto, santat, santé, prosit.... En toute langue, çà se souhaite et çà se comprend.
Officier et matelots qui n'avaient bu que de l'eau depuis de nombreux jours, eurent la tête qui tourne.
Sur le pont, ils se mirent à
chanterPaimbohé, en retour, leur conta les aventures du curé de Camaret. Les italiens rigolèrent bien quand la belle demanda à Jean Marie d'aller cuire des nouilles.
A force de grands gestes, Paimbohé comprit que le navire s'en venait d'Espagne faisait route vers la botte italique. Aussi, quand on l'invita à visiter les cales et qu'il vit la cargaison de chorizo, il négocia l'achat d'une caisse de celui ci.
L'affaire entendue, il fut temps pour lui de regagner sa barque.
Arrivederci ! A la revoyure ! Bons vents
.Le bateau italien reprit sa route en louvoyant quant à Paimbohé, il remonta ses lignes de fond sur lesquelles il trouva une multitude de calamars.
C'est avec une belle fortune de mer qu'il rejoignit la côte à la nuit tombante.
Olà tout le monde ! Un coup de main pour décharger !_________________