Rosalinde
Baignée, parfumée, coiffée avec une négligence étudiée et portant pour seul et unique vêtement une chemise de soie dont la finesse ne cachait pas grand chose, la dame de Foulletorte était occupée à se polir les ongles tout en s'abreuvant par intermittence à un gobelet de chablis (après tout, il n'y avait qu'une lettre de différence avec Chaalis !). Elle ne se pressait pas, on l'a dit, et pourtant elle devait recevoir une visite incessamment sous peu. Qu'à cela ne tienne, il attendrait dans l'antichambre, ou ne patienterait pas du tout.
C'est qu'elle était d'humeur à tester son nouveau soupirant, à croire que ses manières d'enragée coquette n'avaient point disparu, même après cette si longue période de veuvage et de célibat. Chassez le naturel... Elle soupira. Il était en retard. Elle n'aimait pas ça, les gens en retard. Ça lui laissait le temps de penser à beaucoup de choses, dont moult étaient désagréables : La tapisserie un peu défraîchie qu'il faudrait changer, sa gueule défraîchie qu'elle ne pourrait hélas pas changer, Les onguents à la rose qui étaient souverains contre les rides naissantes, Foulletorte et les récoltes de cette année, la somme plus que satisfaisante qui était entrée dans ses caisses grâce à la vente de ses roses, les fesses roses de Léonard quand il était bébé, le fait qu'elle n'ait plus de nouvelles de son fils. Re-soupir. Et elle se rendit compte qu'elle se rongeait les ongles, ce qui l'énerva encore plus.
Du coup, elle se fit amener un autre verre de Chabis. Et des tartines au brie. Et tant pis si l'accord met-vin n'est pas respecté. Et tant pis aussi si elle avait une haleine parfumée au lait cru ensuite. De toute façon, il n'habitait pas en Normandie le Sidjéno ? Il devait avoir l'habitude !
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C'est qu'elle était d'humeur à tester son nouveau soupirant, à croire que ses manières d'enragée coquette n'avaient point disparu, même après cette si longue période de veuvage et de célibat. Chassez le naturel... Elle soupira. Il était en retard. Elle n'aimait pas ça, les gens en retard. Ça lui laissait le temps de penser à beaucoup de choses, dont moult étaient désagréables : La tapisserie un peu défraîchie qu'il faudrait changer, sa gueule défraîchie qu'elle ne pourrait hélas pas changer, Les onguents à la rose qui étaient souverains contre les rides naissantes, Foulletorte et les récoltes de cette année, la somme plus que satisfaisante qui était entrée dans ses caisses grâce à la vente de ses roses, les fesses roses de Léonard quand il était bébé, le fait qu'elle n'ait plus de nouvelles de son fils. Re-soupir. Et elle se rendit compte qu'elle se rongeait les ongles, ce qui l'énerva encore plus.
Du coup, elle se fit amener un autre verre de Chabis. Et des tartines au brie. Et tant pis si l'accord met-vin n'est pas respecté. Et tant pis aussi si elle avait une haleine parfumée au lait cru ensuite. De toute façon, il n'habitait pas en Normandie le Sidjéno ? Il devait avoir l'habitude !
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