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[RP] Hostel de Chaalis

June
Alors qu'il mâchonnait de façon pas du tout gracieuse son bout de poularde, elle fit une remarque sur ses cicatrices. Jetant un œil discret sur lesdites marques, il se fit la réflexion qu'il n'y avait jamais fait attention avant ; les arabesques que cela dessinait sur elle faisait que c'était presque une oeuvre d'art, c'était presque "joli". Mais ça restait des cicatrices. Il choisit de ne pas poser de question. Peut-être que cela viendrait un jour, ou peut-être pas. Elle n'avait, elle non plus, pas posé de question sur l'énorme cicatrice qu'il avait à l'épaule, où avaient été dessinées deux lettres, RR ou RF - la cicatrice devenant de plus en plus illisible au fil des années -, le dessinateur s'étant feint pour cela d'un marquage au fer rouge tout à fait original. C'est ça d'être un opposant politique.

Elle le regarda tout à coup d'un air étrange. Comme si elle préparait un sale coup. Il s'apprêtait d'ailleurs à lui demander si elle préparait un sale coup quand elle balança que pour le dessert, il y avait de l'abricot. Il la regarda, l'air surpris.


"Ouais, mais euh... Je crois que c'est pas la saison, ils vont être dégueulasses vos abricots."

Et de partager une expérience personnelle.

"Moi, une fois, j'en avait acheté, ils venaient du sud de l'Espagne. Venus par charrette et tout le tintouin. Ben je les ai payés hyper cher et en plus, ils étaient vraiment pas bons. Enfin moi, je vous dis ça... Vaudrait mieux les sucrer et en faire de la confiture, quoi."

Il ne suivit pas vraiment la suite de la conversation - le moment où elle disait qu'elle avait honte - car il repensait à ces abricots que l'autre arnaqueur lui avait vendus. C'est vrai qu'ils étaient dégueulasses.
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Rosalinde
Mais ! Mais !

Facepalm.


- Mais qu'il est con !

Ô joie, elle se paya son second fou rire de la journée, mais cette fois c'était pour se foutre de sa tronche, et c'était assez libérateur. Pis encore : Hilare, elle bascula sur le dos, et continua un long moment à se gondoler sans pouvoir lui expliquer le pourquoi du comment. Quand enfin les spasmes de son diaphragme se calmèrent, elle put reprendre doucement son souffle, et se retourner vers lui, après avoir constaté qu'elle avait renversé la moitié de son verre par terre.

- Pas "des" abricots. Ni de compote, de confiture ou Dieu sait quoi.

Et puisque parfois un geste vaut mille paroles, elle désigna de l'index le fruit en question, espérant qu'enfin il comprenne où elle voulait en venir. Cela dit, il valait mieux ne pas le vexer trop vite, la Wolback décida donc de passer outre cet incident et d'arracher un autre morceau de caille, qu'elle dévora avec appétit avant de se lécher consciencieusement les doigts.

- Mais oubliez. La blague n'était pas drôle, et vous l'avez faite tomber à l'eau comme il faut.

Ce qui ne l'empêcha pas de sourire en coin. Parce que finalement, ce n'était pas si grave, elle avait plein d'autres idées.
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June
Il la regarda, interdit. Ah. Apparemment, c'était pas des fruits qu'elle causait. Norf, elle se payait sa tronche, maintenant ! Il soupira et se maudit de parfois parler plus vite que de réfléchir ; cela lui servirait de bonne leçon. Il fut un temps, il aurait mal pris de se faire moquer de lui et se serait mis à bouder. Mais aujourd'hui, après des décennies de bouderie, il avait changé son fusil d'épaule et préférait prendre sur lui afin d'aller de l'avant. Mais quand même, elle s'était moquée de lui. Il croisa les bras et gromella.

"N'empêche que les abricots en cette saison c'est quand même pas..."

Il ne put finir sa phrase car elle lui montrait soudainement "l'abricot" en question. Avec un doigt. Un doigt. Ses bras se décroisèrent, et il riva ses yeux sur la vision du mont de Vénus présenté là, l'air presque hagard. Grands dieux. Bien sûr qu'il allait lui bouffer, son abricot. Il lui boufferait tous les fruits qu'elle veut, d'ailleurs. Oubliée, la moquerie, il posa son verre d'une façon mécanique et se rapprocha d'elle à quatre pattes, en contournant le plat de volaille. Voilà qu'elle mangeait son morceau de viande de façon presque sauvage, en arrachant la chair de l'os en un coup. Lui-même avait encore plein de sauce sur les lèvres. Il s'approcha et vint se mettre au-dessus d'elle, l'allongeant sur les draps par la même occasion. A quatre pattes au-dessus d'elle, il vint lui titiller les mamelles de quelques baisers, avant de descendre en déposer quelques-uns sur son ventre, puis sur ses hanches, et il attaqua la partie la plus intéressante, en incorporant la langue dans le spectacle.

Oublier la blague, hein ? C'était surtout ce qu'il allait lui faire qu'elle n'allait pas oublier.

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Rosalinde
Voilà. Enfin les deux neurones du Sidjéno se connectaient. Cet abricot là, oui. Et avant même qu'elle eut le temps de terminer sa bouchée, il la retournait comme une crêpe et mettait sa menace de tout à l'heure à exécution. Ce qui ne fut pas sans la faire râler (pour la forme du moins).

- Gros dégueulasse, vous avez la bouche pleine de sauce !

Mais elle rit encore, elle riait beaucoup ce jour, car finalement elle s'en fichait pas mal d'être couverte de gras, de jus de viande et d'épices. Et d'accompagner la descente d'une main simplement glissée dans ses cheveux, les yeux fermés, alors qu'à nouveau une douce chaleur l'envahissait.

Et elle ne la quitta pas, jusqu'à ce qu'elle émerge quelques minutes plus tard, jambes enroulées autour du cou de June, ongles enfoncés dans le matelas, verre de vin gisant désormais en entier sur le dallage de pierre. Elle releva doucement sa tête encore bourdonnante, sourire aux lèvres, et s'asseyant en douceur, elle vint cueillir son menton pour l'embrasser.

Un regard vers la fenêtre, le jour déclinait lentement. D'ici trente minutes, ils n'y verraient plus rien. Cathau passerait sans doute d'ici quelques minutes pour allumer les chandeliers. D'ici là, elle décida de se tenir tranquille. A vrai dire, une envie en avait remplacé une autre, et reprenant la petite voix qu'elle avait quand elle devait demander quelque chose d'important, elle lui posa la question qui lui brûlait les lèvres :


- Vous pourriez me serrer contre vous ?

Parce que oui, elle savait aussi être mignonne, des fois.
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June
Femme qui rit... Complètement dans ton plumard. Eh ouais mon pote. Il y revenait mais il prenait du plaisir à donner du plaisir. Le rêve, quoi. La rouquine semblait beaucoup apprécier le châtiment qu'il lui avait réservé, tandis que le grand blond y mettait toute sa vigueur. Il goûtait à un plat pas si nouveau que cela, mais dont le goût, mi-fruit de mer mi-poulet, était tout à fait moderne. Dès qu'il eut fini, elle le remercia d'un baiser - il espéra qu'elle aimerait le goût, elle aussi - et elle regarda vers la fenêtre la nuit qui tombait doucement. Son regard changea, et lorsqu'elle le regarda de nouveau, ses yeux reflétaient autre chose que l'envie de tout à l'heure, celle de se vautrer dans les draps pour s'y unir charnellement. La demande le surprend ; il pensait qu'elle ne voudrait que manger et baiser, mais non. Alors comme ça, elle aussi, elle s'attachait ? Il sourit doucement, attendri par la demande.

"Venez là."

A genoux devant elle, il tendit son dos et ses bras et les passa derrière les épaules de sa partenaire, la rapprochant de lui et la serrant dans ses bras nus. Corps contre corps. Après tout, un peu de tendresse, ça ne pourrait pas faire de mal.
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Rosalinde
Elle, s'attacher ? Non, c'est pas le genre de la maison... S'attacher trop vite... Et s'aliéner les pires boulets du royaume de France ; les salauds, les infidèles, les violents qui l'avaient abandonnée ou qu'elle avait fini par quitter après s'être presque complètement auto-détruite. Éternelle poissarde de la vie sentimentale, elle s'était promis de ne plus succomber, mais d'épouser quelqu'un qui saurait la canaliser et qui lui apporterait bien-être et sécurité.

Mais là, elle n'y pensait pas. Elle ne pensait à rien, d'ailleurs. Un câlin ça ne fait de mal à personne, si ? Sans compter Lexhor, cela devait faire des années qu'un homme ne l'avait pas simplement prise dans ses bras, alors elle en profita pour redécouvrir des sensations oubliées, la tête appuyée contre son épaule et calquant sa respiration sur la sienne. Et le silence, si on omettait les bruits lointains des domestiques qui s'affairaient dans les autres pièces de la maison. Pourquoi le rompre ? Elle ne trouvait que des phrases creuses à dire, et décida de s'en abstenir.

Pour un temps du moins.

Car ils ne pourraient rester éternellement ainsi, alors elle finit par relever la tête vers lui.


- Désolée. Un instant de faiblesse.

Elle sourit, et pour bien montrer qu'elle était revenue à son état initial, lui pinça la fesse, juste au moment où Cathau toqua à la porte.
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June
Lui, au contraire de ce qu'on pouvait penser, était un grand sentimental. Mais il évitait de le montrer ; il gardait ça pour lui. Lui aussi s'était trop attaché par le passé. Parfois, pas assez. Ainsi va la vie, et ce n'était pas à son âge qu'il allait mourir d'un chagrin d'amour. Lui, les épousailles, ce n'était même plus la peine d'y penser. C'étaient les lapins de trois semaines qui se mariaient, pas les gars virils et expérimentés comme lui ! Alors ça ne lui venait même pas en tête, tout simplement. Même dans ce genre de moments où il se sentait bien avec une femme.

Elle resta quelques instants dans ses bras, pas assez selon lui. Croyait-elle que c'était un instant de faiblesse ? Il obtempéra en la laissant s'échapper de ses bras, quand la borgnesse frappa pour amener les chandelles.


"Ah bien tiens !" Lui cria-t-il de l'autre côté de la porte. "Venez nous éclairer de vos lumières !"

Il sourit, amusé.

"Ah, et ouvrez l'oeil, et le bon ! Car il fait un peu sombre, par ci-bas..."

Il rit, ravi de pouvoir se moquer de la désagréable servante. Et, tandis qu'elle rentrait en maugréant pour donner un peu de lumière à la pièce, June posa de nouveau ses yeux bleus sur Rosalinde et lui sourit. Il tendit la main vers elle, dans l'espoir qu'elle la prenne. Il se sentait bien, un peu fatigué mais bien.

"Puis-je me joindre à vous pour la nuit ? J'ai une très forte envie de dormir nu contre une belle femme, et vous faites parfaitement l'affaire."

Un sourire charmeur.
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Rosalinde
Elle dut s'empêcher de rire en entendant June maltraiter ainsi la pauvre Cathau, qui ne pouvait pas répliquer quand chose sans risquer de se prendre une volée de bois vert le lendemain. Pas qu'elle soit mécontente que sa maîtresse sorte enfin un peu de son célibat, mais enfin elle aurait pu trouver autre chose à ramener que cette espèce de grande perche blonde qui se déshabillait dans l'entrée comme s'il se croyait dans le hall d'une étuve. Et en plus, il faisait des blagues de merde.

Mais vaille que vaille la servante alluma les chandelles, et quitta la pièce sans un mot, après une petite courbette et avoir entendu non sans satisfaction la rousse répondre à son amant :


- Soit, mais si vous ronflez, je vous fais jeter dehors !

La main tendue fut acceptée et serrée dans la sienne, tandis que Rosa fuyait un peu son regard. Oui, elle considérait cette étreinte comme un aveu de faiblesse de sa part, une petite craquelure dans sa coquille. C'était stupide, après tout, elle ne savait rien ou presque de lui. Donc ce n'était qu'un simple besoin de tendresse. Oui, on dira ça comme ça. Un malentendu qu'il faudrait dissiper au plus vite. En s'envoyant une nouvelle fois en l'air, par exemple.

Sans crier gare, elle tira sur le bras de June, l'attirant contre elle et puis profita de son déséquilibre pour le repousser et le faire chuter sur le matelas.


- Et puis ce n'est pas gratuit.

Sourire malicieux, tandis qu'elle s'allongeait tranquillement sur lui, lui tenant un poignet dans chaque main.
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June
Blagues de merde, blagues de merde... Comme s'il était tout seul à en faire ! Cathau ne répondit pas, même si elle devait sûrement réprimer une très grande envie de lui répondre en l'insultant ou en lui lançant une chandelle dans la tronche. Lui sourit, amusé. Il n'avait pas du tout pour habitude de maltraiter les petites gens, surtout ceux qui le servaient, mais celle-là avait tellement maté son zboube quand il était arrivé qu'il ne pouvait pas rester indifférent. Elle partit en claquant légèrement la porte, et les deux amants purent retourner à leur soubresauts.

"Promis, je ne ronfle pas. Il est par contre tout à fait possible que je vous chuchote à l'oreille mais, je le jure, ce ne sera que pour vous susurrer des coquineries."

Il lui sourit. Elle prit sa main, et le sourire du blond s'amplifia. Elle le reprit contre lui, un tout petit instant. Puis, ce fut à son tour de se faire allonger comme une crêpe sur le lit de Rosalinde, qui l'enfourcha et s'allongea sur lui directement. Séduit par l'idée, d'autant que le matos qui servait à l'activité en question s'était doucement réveillé, il posa ses mains sur les hanches de la rousse.

"Bonjour Madame. Voulez-vous bien me soutirer tout ce que je puis vous offrir afin de payer ma future dette ? Mon corps, mon âme, tout ce que vous voudrez."

Il rit. Et en la regardant dans les yeux :

"J'ai une folle envie de vous. Et vous ?"
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Rosalinde
- Bonjour monsieur. Je prends tout.

Elle rit, mais il ne pensait sans doute pas si bien dire. Après tout, quelques allumés n'allaient-ils pas raconter par tout que les rousses étaient des sorcières ?

- Pour chaque âme dévorée, une tache de rousseur gagnée !

Et pour tout dire, elle ne se fatigua même pas à répondre à sa dernière question, du moins pas verbalement ; à la place elle se fendit d'un long et langoureux baiser (comme dans les sims ouais !), tandis qu'elle lovait son corps contre le sien et lui rendait l'usage de ses mains, pour mieux utiliser les siennes à parcourir son corps (effleurer cent fois son visage (haha)).

Bien sûr qu'elle avait envie de lui. Et s'il en faut au lecteur une preuve ultime, qu'il sache qu'il ne fallut que quelques minutes à notre amazone pour se mettre en selle, et se lancer dans une nouvelle chevauchée endiablée.

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June
La nuit passe...

Le grand blond ouvre doucement les yeux, réveillé par le rayon de soleil matinal. Il se découvre blotti contre la rousse, le visage enfoui dans son cou, le bras passé autour d'elle. Elle semble dormir encore, alors il se dégage le plus délicatement possible et sort du lit, en quête d'un petit déjeuner qui pourrait contenter son estomac qui déjà gargouille. Il ouvre la porte doucement et hèle en chuchotant une servante qui, pour son grand malheur - à elle -, passait par là, et lui demande d'apporter le petit déjeuner. Il referme la porte avec le doute qu'elle ait compris ; les domestiques dans cette maison ne semblaient pas bien futés, et il se demanda s'il verrait son petit déjeuner un jour.

Peut-être, dans un des meubles de la pièce, y avait-il de quoi se sustenter ? Il ouvrit doucement l'une des malles, sans un bruit, jetant de temps en temps un coup d’œil à l'endormie pour voir si elle l'était toujours. Rien. Cette autre malle, peut-être ? Ou celle-ci ? Non plus. Aucun des coffres ne révélait une quelconque nourriture, même pas un petit paquet d'amandes. Il avise ensuite la table, qui possédait un tiroir légèrement entrouvert. Curieux, il l'ouvrit doucement et y prit un carnet qui lui sauta aux yeux plus que tout ce qu'il avait pu voir auparavant dans sa recherche. L'ouvrant à la première page, il vit quelques phrases qui y étaient notées. L'une d'elles s'offrit à son regard, comme si elle voulait se révéler à lui.


"On tient les Hommes dès lors que l'on sait ce qu'ils veulent, ce qui fait leur fierté, et ce qui les humilie. Après, il suffit d'actionner les leviers."

Il leva un regard attristé du carnet, regarda autour de lui. Était-ce ainsi qu'elle le voyait ? Un homme à tenir par le levier ? Était-il simplement un nom de plus sur une liste ? Le douzième, le treizième, déjà... Ou était-ce pour se venger d'un certain Judas, qu'ils connaissaient tous les deux et qui était l'amant de la rouquine avant lui, pour le faire le jalouser ? Il fronça les sourcils, l'air accablé.

En tout cas, il l'avait lue un peu trop fort.

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Rosalinde
Douce douce nuit. Un sommeil réparateur après toutes les folies qu'ils avaient pu faire de leurs corps, et si cela n'avait tenu qu'à elle Rosa aurait pu dormir jusqu'à midi. Mais June s'était levé, et cette perte soudaine de chaleur humaine avait perturbé les songes de notre rousse, qui en fut quitte pour se retrouver dans un espèce de demi-sommeil, pas encore bien éveillée mais pas endormie non plus. Se fiant à son ouïe, elle le devina filer à la porte et héler un domestique. Que comptait-il faire au juste ? Se faire apporter ses affaires et se barrer en douce ? L'idée la contraria et acheva de la sortir de son sommeil.

Pourtant elle ne bougea pas. Parce qu'elle avait la flemme, et parce qu'il y avait des chances qu'elle se trompe et qu'il ait demandé autre chose, et dans ce cas là elle voulait savoir quoi avant de monter sur ses grand chevaux si besoin était. Mais voilà qu'il revenait vers l'intérieur de la pièce, et... Elle ne savait pas bien ce qu'il faisait. C'est qu'elle entendait vaguement des choses remuer. Et puis un grincement, qui lui fit ouvrir les yeux.

Ah oui. Donc il fouillait dans ses tiroirs. Et lisait ses carnets, sans qu'il lui effleure cinq secondes l'esprit qu'ils pourraient éventuellement contenir quelque chose de très personnel. Et à voix haute en plus !

Bien bien bien.


- Les leçons du prince de Clichy sont enrichissantes, ne trouvez-vous pas ?

La voix était calme, presque badine, mais qu'il ne s'y trompe pas. Elle était en colère. Se redressant, elle tira le drap et s'en couvrit, avant de lui lancer :

- Peut-on savoir quelle excellente excuse vous avez pour fouiller ainsi dans les affaires d'une dame ?

Aucune. Il n'avait aucune excuse.
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June
Un mouvement dans le lit le fit tourner la tête. Il soupira en croisant les yeux pleins de colère de la rouquine qui s'était redressée et couverte d'un drap. Ca y est, ça allait être le bordel. A peine réunis, dès qu'ils ne s'envoyaient pas en l'air, il fallait qu'ils s'engueulent. Effectivement, elle l'avait vu fouiller, sans savoir pourquoi. Mais l'explication allait être difficile, et il tenta quand même, l'air tout à fait sérieux.

"Ca va, ça va, ne faites pas cette tête-là... J'ai demandé un petit déjeuner à votre servante, mais je crois qu'elle ne parle même pas la langue... Du coup, comme ça fait un quart d'heure que j'ai l'estomac qui me tape sur le système, j'ai pas voulu vous réveiller et j'ai cherché si vous aviez pas un paquet de biscuits planqué quelque part, parce que ça m'embêtait de me rhabiller et de me casser pour aller m'acheter une miche, vous auriez cru que j'étais un goujat qui passe la nuit et qui se barre au petit matin sans dire rien ni merde, et puis je ne suis pas comme ça, et j'aime pas passer pour ce que je ne peux pas me permettre de passer, voilà. Alors oui, ce tiroir-là était ouvert, j'ai regardé dedans, le carnet, là, il était ouvert dedans, à cette page-là, et comme j'ai toujours l’œil attiré par l'écriture mais que je commence à avoir la vue qui baisse, je l'ai pris pour regarder de plus près. Voilà, vous allez pas en faire une maladie."

Il referma le carnet et le reposa dans le tiroir.

"En plus, votre phrase, là... Prince de Clichy ou pas, vous l'avez notée. C'est comme ça que vous voyez les hommes ? Comme un animal entièrement manipulable ? Je ne trouve pas franchement ça "enrichissant"."

Il était vexé. Vexé de penser qu'elle pouvait entièrement le manipuler et bien se ficher de lui. Imaginez, là c'était super, et s'il se repointe un soir et qu'elle en avait trouvé un autre ? Ou qu'elle le repoussait parce que c'est bon, elle avait obtenu ce qu'elle voulait ? Il était loin du genre "vierge effarouchée", mais quand même, c'était blessant à penser. Froissé de savoir qu'il ne pouvait être qu'un homme parmi d'autres, il croisa les bras et soutint son regard, mutin.

"En plus, j'ai toujours faim."
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Rosalinde
Un paquet de biscuits ? Elle se demandait s'il ne serait pas un peu en train de se foutre de sa tronche.

- Et donc, vous vous êtes figuré que vous pourriez trouver à manger au milieu de mes vêtements ?

Cela dit, elle ne trouvait guère d'explication plus plausible au fait qu'il ait fouillé ses malles, et fut donc à moitié forcée de le croire. Par contre, cela n'excusait en rien la lecture du carnet ; et si au lieu des maximes machiavéliques de Sancte s'y étaient trouvé ses pensées les plus intimes, ou ses secrets ?

- Oui, je l'ai notée. Ne vous en déplaise.

Elle se leva, se drapa dans sa toge de fortune, et franchit les quelques mètres qui le séparaient de lui pour lui ôter le carnet des mains, mais il le remit à sa place avant qu'elle n'ait le temps de s'exécuter. Fut un temps, elle ne répugnait en rien à manipuler les hommes de son entourage, quand bien même cela finissait toujours par se retourner contre elle. Maintenant ? Après avoir été le jouet d'infidèles, elle songeait à revoir sa copie, dans le cas où par pur hasard elle finirait par avoir à nouveau l'ascendant sur un homme.

Mais qu'importaient les préceptes plus ou moins censés et les conseils plus ou moins avisés de Clichy. La fonction première de ce carnet était de lui rappeler ses conversations avec le prince, qui avaient été des exutoires face à sa peur de ne plus plaire, et de finir seule.


- Vous ne comprenez pas.

Se retranchant dans la colère, elle referma le tiroir d'un claquement sec. S'ouvrir à lui de ses angoisses ? Certainement pas. A mille lieues d'imaginer les propres frustrations de June, elle se trouvait blessée qu'il eut pu trahir la confiance qu'elle avait porté en lui, qu'il ait touché du doigt l'abîme de fragilité qu'elle cachait à grands coups de fanfaronnades et taquineries.

Elle retourna s'asseoir sur le bord du lit, et ajouta, tout en contemplant ses pieds :


- Il y a des dragées dans la boîte bleue.
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June
Bien sûr que les femmes cachaient de la bouffe dans leurs affaires. Toutes les femmes, d'ailleurs ; il le savait par expérience. La plupart d'ailleurs prenaient des boîtes de biscuits ou de fruits secs, mais il en avait déjà vu qui avaient un saucisson sous l'oreiller et qui se réveillaient la nuit pour s'en couper une tranchette ou deux. Alors oui, contrairement à ce qu'elle pouvait croire, il avait un espoir bien fondé de pouvoir espérer se sustenter en fouillant entre les bas et les culottes. Elle semblait le croire, ou du moins elle s'y efforçait ; mais le voir lire son carnet semblait la mettre vraiment de travers. Son ton avait changé, et il sentait qu'il allait bientôt se faire mettre dehors à grands coups de pompe dans le cul. Il espérait simplement avoir le temps de s'habiller avant de sortir en pleine rue.

Elle se leva, habillée de son drap - qui, au passage, devait avoir une odeur de sueur et de foutre absolument caractéristique - et se dirigea vers lui pour lui piquer le carnet, mais il le referma et le remit dans le tiroir, devançant l'action de la rousse. Ainsi, il ne comprend pas, hein ? Bien sûr que si. Mais le temps n'est pas aux confidences, pas encore ; il faudra bien plus que des soirées passées à s'étreindre pour déclencher une discussion aussi intime entre les deux protagonistes. Elle fit finir la discussion par une fermeture sèche du tiroir où se trouvait le carnet et retourna s'asseoir sur le lit, l'air à la fois abattu et en colère. Et il y avait des dragées. Dans la boîte bleue. Il détestait les dragées.

Il se mordit la lèvre. S'il avait été vexé à la seconde précédente, le voilà bien embêté de la voir ainsi. Il se dirigea vers elle, s'arrêta juste devant et mit un genou à terre pour se mettre à sa hauteur - et aussi éviter qu'elle cause à son zboube, on sait jamais ce que peut faire une femme énervée, parfois -. Sa main prit la sienne, doucement.


"Excusez-moi, je ne voulais vraiment pas vous froisser. Je ne peux pas blairer ça, les dragées, mais si ça vous fait plaisir je veux bien en manger quand même."

Il déposa un baiser sur la main blanche de la rouquine, et leva vers elle des yeux bleus plein d'espoir qu'elle le pardonne d'une part, mais aussi qu'elle envisage une réconciliation sur l'oreiller. Après tout, il était aussi là pour ça.
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